Un héritage empoisonné

Bonjour toi 😉

L’angoisse monte …

Chapitre 13

Le lendemain matin, alors que Coralie préparait le café, Daniel demanda sans la regarder.

— Elle est vraiment bien la pièce en haut du 2e étage !

Coralie versa le breuvage noir dans les tasses et répondit :

— Tu as éteint le radiateur ? Nous ne connaissons pas la facture d’électricité qui va nous tomber dessus. Cette maison est certainement un gouffre à chauffer.

Il accusa le coup, mais n’en montra rien. Il y avait bien un homme qui lui ressemblait, qui parlait avec sa femme se faisant passer pour lui, qui habitait avec eux et était à l’affût de leurs moindres gestes. Il avala son café rapidement prétextant des rendez-vous urgents et l’embrassa.

— Attends-moi, je pars en même temps que toi.

Elle mit les mugs dans l’évier, saisit son sac, ses clés de voiture et suivit son mari. Ils se firent un signe de la main au bout du chemin et filèrent chacun de leur côté.

— C’est une histoire de fous, Daniel !

Hugo Cortilla avait écouté avec attention le récit de son commandant.

— Nous avons donc deux affaires sur les bras. Le meurtre de la femme de Marteau et celui qui se fait passer pour moi.

— À ce propos, je vais recevoir sa sœur aujourd’hui, Cécilia Joly. La compagne du chirurgien s’appelait Martine Joly.

— Tu me tiens au courant Hugo. Esteban, nous allons repartir chez moi et nous allons trouver cette pièce. Coralie sait certainement comment y entrer, mais je ne me voyais pas décemment lui demander. Je pourrais ainsi démasquer plus facilement l’imposteur.

— C’est un jeu dangereux commandant. Imaginez qu’elle vous prenne vous, pour le méchant ! Elle n’a pas fait la différence hier soir. Il a donc votre voix, votre physique, il est habillé comme vous. Vous avez affaire à un solide adversaire. Pourquoi, vous ne voulez pas en parler au procureur ?

— Pour qu’il pense que je suis détraqué ?

— Peut-être que ça finira par arriver. Vous ne pourrez plus rien faire, une fois que vous serez derrière les barreaux. Il a quand même fait sortir un cadavre sous votre nom et toute votre équipe n’a rien remarqué. C’est juste votre signature qu’il ne maîtrise pas. 

— Allons chez moi, ouvrons l’œil et arrête de me vouvoyer.

Coralie se stationna à sa place habituelle. Avant de descendre, elle saisit son portable et composa un numéro.

— Docteur Marteau j’écoute !

— Frédéric ? C’est Coralie.

— Quelle bonne surprise ! Vous avez trouvé l’assassin de ma femme et c’est toi qui vas me l’annoncer ?

— Ce n’est pas pour ça que je t’appelle. Il faut que je te parle. Tu es libre pour déjeuner ?

— Aujourd’hui ?

Elle l’entendit remuer des papiers. Il devait certainement consulter son agenda.

— Je ne vais pas pouvoir, mais j’ai un peu de temps avant mes premiers rendez-vous de la matinée. Rejoins-moi au bar en face de l’hôpital.

— C’est d’accord, je te remercie.

Elle repéra son copain de fac rapidement. Il avait commandé un café et tenait sa tasse à la main quand elle parvint jusqu’à lui. Il se leva aussitôt pour la saluer. Ils s’embrassèrent comme au bon vieux temps.

— Comme toujours, un café à la main, tu n’as pas changé.

— Comme tu vois. Alors, raconte-moi ce qui te tracasse, je n’ai pas beaucoup de temps.

— Tu vas toujours à l’essentiel toi !

Elle leva le bras pour appeler le garçon.

— Un chocolat me fera du bien.

Le serveur prit sa commande.

— Fred, il y a un type qui se fait passer pour mon mari. Tu crois que c’est possible de faire un truc pareil ?

Il en lâcha sa tasse et le café se répandit sur la table. Aussitôt, le garçon vint nettoyer et en proposa un autre que Fred accepta.

— Qu’est-ce que tu sous-entends ?

— Je suis certaine que quelqu’un veut se faire passer pour lui. Il a son visage et souhaite lui ressembler. Je me souviens que tu avais la phobie de ça quand nous faisions nos études, que quelqu’un puisse voler l’identité d’une personne en prenant sa tête. Tu riais parce que tu pensais que personne ne t’aurait envié ton physique, mais tu soutenais que l’idée de cloner des humains de cette façon…

— Attends je t’arrête tout de suite. Le clonage, ce n’est pas la même chose. Tu parles juste de l’apparence si j’ai bien compris. Tu en as discuté avec ton flic ?

— Bien sûr que non, je ne veux pas l’inquiéter.

— Tu devrais, c’est grave.

— S’il sait que je suis venue te voir alors qu’il y a une enquête sur toi, il ne va pas apprécier. Je compte sur ta discrétion.

— D’ailleurs, où en est-on ?

— Je ne suis pas dans les confidences. Par contre… pourquoi as-tu fait croire que Martine était ta femme ?

— C’était plus facile que de dire ma compagne. De plus, personne ne m’a rien demandé.

— Fred, arrête tes sarcasmes. Tu as une enquête criminelle sur le dos, il va bien falloir qu’on trouve qui a tué ton amie.

— Justement… il paraît qu’un homme qui ressemble à ton mari est venu chez moi le soir du meurtre, murmura-t-il mi-figue mi-raisin.

Coralie, surprise ne répondit pas. Il ajouta :

— C’est la voisine qui me l’a dit.

— Tu comprends bien que Daniel est visé. Tu pourrais te renseigner parmi tes collègues ? Un inconnu aurait pu demander des choses bizarres comme refaire son visage et…

— J’en vois tous les jours des gens comme ça Coralie. En général, ils viennent avec une photo. Mais promis, je vais voir ça pour toi.

— Tiens-toi à carreau concernant l’enquête. Je sais bien que tu ne serais pas capable de faire de mal à une mouche, moi ! Peut-être as-tu des ennemis et que c’est à toi qu’on en voulait après tout ?

Stupéfait, il la contempla.

— Je n’avais même pas pensé à cette idée. Ton commandant serait d’accord avec cette hypothèse ?

— Nous ne parlons jamais boulot à la maison.

Elle se leva.

— Je m’en vais, tu as du travail et moi aussi. Merci de m’avoir écoutée. Je paie en sortant.

— Laisse, c’est pour moi.

Daniel Faventiny et Esteban Blaviso étaient désappointés. Ils avaient tout essayé pour trouver un éventuel bouton qui délivrerait un passage. Ils avaient fait chou blanc. Le commandant était furieux.

— Incroyable ! Où est donc planquée cette fichue fenêtre ?

— Je ne vois qu’une solution, demander à votre femme. Vous avez tort de vous taire. Cette histoire va tourner mal.

— Pour le choper ce tordu, je n’ai que cette solution.

— Désolé, je ne suis pas d’accord.

— Cherchons encore.

Son portable bipa.

— Oui Hugo !

Le silence s’installa au fur et à mesure que Faventiny écoutait son collègue. Esteban semblait lire sur le visage de Faventiny sa stupéfaction. Quand il rangea son téléphone, il donna un coup de poing sur le mur.

— Commandant ?

— Cécilia Joly est la jumelle de Martine, et c’est elle la véritable compagne de Marteau. Elles s’étaient échangées parce que Cécilia avait peur du toubib. Le problème c’est qu’elle ne veut pas parler et on n’a rien pour l’obliger à le faire, surtout si elle est en danger. Il ne faut surtout pas que le médecin l’apprenne.

— Il y a donc bien un souci avec lui.

— Pas que… Hugo en passant devant l’hôpital ce matin a aperçu Marteau qui sortait du bar d’en face. Ma femme était avec lui.

© Isabelle-Marie d’Angèle

À suivre…

À suivre…