Une clé pour son cœur

Bonjour toi 😏

Comme c’est lundi lecture, je te propose mon nouveau roman qui sortira le 27 avril. Voici le résumé et la couverture.

À 25 ans, Cléo habite toujours chez ses parents et se complait dans sa petite vie tranquille. Casanière, elle aime profiter des moments qu’elle passe auprès de ses proches. Un jour, alors qu’elle prend son poste de réceptionniste dans le petit hôtel touristique où elle travaille, elle se retrouve en pleine rue à chercher la clé perdue d’un client.

C’est alors que passe la voiture d’Arsène Maestro, réalisateur connu et médiatisé. En quête de l’héroïne pour son prochain film, il sillonne les routes et remarque cette rouquine qui dégage une fragilité qui le bouleverse et le séduit. Acceptera-t-il de s’embarquer avec elle dans une histoire aussi improbable qu’inattendue ?

De quiproquos en situations rocambolesques, Cléo et Arsène vont dérouler tambour battant le film qui va changer leur vie.

Une clé perdue peut-elle redistribuer les rôles ?

Alors qu’en penses-tu ?

N’oublie pas le 27 avril sur toutes les librairies en ligne 💖

À très vite …

Jeudi Poésie

Bonjour toi 😏

Je te partage un poème qui parle de mon nouveau roman qui sera publié le 27 avril. J’ai jeté ces mots sur le papier et voilà ce que ça donne 😊.

Pendant quarante-cinq jours
J’ai écrit, relu et corrigé
Une romance encore et toujours
Terminée et bientôt publiée.

Au départ, un titre 
C’est à cause de la clé.
Je suis mon propre arbitre,
J’ai préféré en changer. 

Bientôt, je vous le dévoilerai
Ainsi que la couverture,
Et vous l’admirerez,
Elle est simple sans fioritures. 

Le résumé a changé,
Mais l’histoire est la même, 
Elle est retravaillée
Vous retrouverez Cléo et Arsène.

Au fil des chapitres, 
Se dévoilent des secrets
C’est de la dynamite !
Ils doivent exploser. 

Retenez le vingt-sept avril,
Date à laquelle
Même en espadrille,
Arrive la bonne nouvelle.


Ce nouveau roman
Version numérique, il paraîtra.
Ce sera alors le moment 
De lui tendre les bras.

Viendra la version papier
C’est ça l’autoédition
Seule à tout gérer
Avec mes crayons. 

Le plaisir d’écrire 
Ne me quitte pas. 
Ça vous fait sourire ? 
Une nouvelle histoire déjà ? 

Vous la connaissez celle-là,
Je vous l’ai partagée.
Elle n’en est qu’à ses premiers pas
Mais elle m’a happée et me plait. 

© Isabelle-Marie d’Angèle-Avril 2022.


À très vite…

Roman en cours d’écriture

Bonjour toi 😊

Voilà pourquoi tu n’as plus la suite de « C’est à cause de la clé ». J’ai été retenue pour participer à la Finisher Race sur Fyctia. Quezaco ?

Pour faire simple, c’est terminer ton roman dans les dates exigées. Donc, j’ai encore jusqu’à fin janvier pour terminer C’est à cause de la clé 😊.

J’en suis à 73 781 mots 😏ce qui fait 423 712 caractères 🙂 et pour l’instant 59 chapitres. Mon objectif de la semaine étant de terminer mon premier jet, c’est à dire que je pourrais dire que j’ai réussi le challenge et j’obtiendrai le diplôme de la Finisher Race.

Couronne, Gagnant, Décerner, Concurrence

Mais le travail n’est pas fini pour autant, je dirais même qu’il ne fait que commencer. Bonjour la relecture, la correction, les chapitres rajoutés ou supprimés. Chasse à la faute d’orthographe, de grammaire, de concordance de temps, d’incohérence (un prénom qui a changé, un maillot de bain en plein hiver ou un bonnet et une écharpe en plein été) de chronologie, d’anachronisme. Retrouver un personnage oublié, résoudre une intrigue qui est passée aux oubliettes, faire le lien entre les scènes, exploiter les intrigues secondaires…Mais tout ça c’est après le 31 janvier… ouf !

illustrations, cliparts, dessins animés et icônes de épuisé femme d'affaires ou un employé de bureau assis à tableau - fatigué humour

Et ce n’est pas fini …

illustrations, cliparts, dessins animés et icônes de le pop art a surpris la femme. bulle. illustration vectorielle. panique. choqué. - fatigué humour

Bienvenue le Wordcamp spécial Finisher. Il pointera son nez pour que j’arrive au bout de l’aventure, le but suprême ...La Publication 😂.

Fille, Livre, L'École, En Train De Lire

Oui, enfin, avant d’en arriver là, il y en a encore du travail ! Mais n’est-ce pas une belle aventure ?

Je te raconterai dans un autre article, toutes mes galères et mes doutes, les challenges et les coachs d’écriture, la peur de ne pas y arriver, mes personnages qui n’en font qu’à leur tête, le plan qui ne ressemble plus à rien, les chapitres qui s’enchainent et m’entrainent tellement loin que je ne vois plus le bout de mon histoire. C’est bien beau la cohérence et la logique, mais faut l’écrire tout ça !

Qu’en penses-tu toi ? Raconte moi tout en commentaire.

world's best try-er
À très vite…

Feel Good : C’est à cause de la clé

Chapitre 9

Arsène Maestro avait mal dormi comme chaque fois qu’il commençait un tournage. Dès 6 heures du matin, il était sur le pied de guerre.

Claudio dégustait déjà un café quand il déboula dans la pièce qui servait de réfectoire. Il s’attabla près de lui.

— Tu as ta tête des mauvais jours. Arrête, tu vas nous porter la poisse. Bois ton café, avale un croissant et respire.

— C’est un sacré risque que je prends quand même ! Jamais, de toute ma carrière, je n’ai basé un film sur une actrice inconnue, si on peut l’appeler comme ça. Rien que le producteur me fout la frousse.

— Tu es en plein doute, c’est normal. Au pire, tu le produiras toi-même !

— Si ce client n’avait pas perdu ses clés, s’il n’y avait pas eu cette histoire de bijoux volés, je suis certain que Cléo n’aurait jamais accepté.

— C’est une sacrée coïncidence, j’avoue !

— C’est trop beau pour être vrai, je sens que je vais galérer !

Il regarda son ami.

— Promets-moi que tu n’y es pour rien !

Claudio s’étouffa avec son pain. Il toussa, cracha, pleura. Arsène lui tapa dans le dos, se traitant de con. Enfin, le scénariste, reprit son souffle, repoussa sa chaise bruyamment et froidement lui dit.

— Pour qui me prends-tu ? On se connait depuis longtemps, t’as oublié ?

Il le planta là sans se retourner. Il croisa Marjorie et l’a prévint sans s’arrêter.

— J’espère que tu as une bonne nouvelle, il est d’une humeur de chien !

Marjorie fit demi-tour, mais Maestro l’avait aperçue. Il vint la rejoindre. N’était pas actrice qui veut et dans ce rôle, Marjorie était minable. Le réalisateur se rendit compte immédiatement que quelque chose clochait. Il attaqua aussitôt.

— Un problème ?

Elle éluda et passa devant lui pour prendre un plateau. Elle espérait qu’il rebrousse son chemin, mais c’était mal le connaitre. Elle aperçut alors Ulysse, elle lui fit signe pour détourner son attention. Le styliste vint vers eux. Il les salua.

— Alors ? Prêts ? Je suis curieux de voir comment Cléo va se comporter. Je suis vraiment content pour elle.

Son sourire et sa bonne humeur eurent le don de détendre l’atmosphère. Marjorie l’invita à sa table. Maestro préféra les laisser seuls. La directrice de casting poussa un soupir de soulagement. Elle murmura.

— Ulysse, Cléo a perdu sa voix.

Il ne fut pas surpris à la grande stupéfaction de Marjorie. Il expliqua.

— C’est tout Cléo ! Mais ne vous inquiétez pas, elle aura sa belle voix voilée pour déclamer son texte. Rassurez-vous.

— Vous êtes sûr ?

— Certain ! Elle a un don. Mais chut ! ne le dites pas à Maestro. Lorsqu’il va l’entendre, il va être très surpris. Cléo a la faculté de changer de voix selon ce qu’elle ressent. Gamine, elle cartonnait quand elle jouait dans les pièces de théâtre.

— Ce n’est pas l’impression qu’elle m’a montrée ce matin. Elle était en panique totale !

— Cléo est toujours en panique. Elle n’a pas confiance en elle. C’est une sacrée opportunité que Maestro lui offre. Elle saura ce qu’elle vaut vraiment. Elle ne l’a pas encore compris et n’y croit pas de toute façon. Je vous assure que même si elle rafle un prix d’interprétation, elle pensera qu’il n’est pas pour elle. Elle est très agaçante et fatigante à toujours tout refuser. Où est-elle ? Elle ne devrait pas prendre son petit-déj ?

— Tonio démêle ses boucles. Il va falloir trouver une solution pour ça aussi, il n’a pas qu’elle à s’occuper.

Ulysse éclata de rire.

— Ne me racontez pas qu’elle est la seule dans ce cas-là ! Allons allons Marjorie, tout va bien se passer. Tenez, regardez, la voilà.

Il se leva pour l’accueillir. Tonio la suivait de prés. Il en profita pour plaquer deux bises sur les joues d’Ulysse.

— Dis-moi Tonio ? Tu as galéré pour coiffer l’héroïne du jour ?

— Pas plus que d’habitude chéri !

Ulysse entoura des bras son amie et lui chuchota à l’oreille.

— Alors cette voix te joue encore des tours ?

Elle acquiesça sans répondre. Il l’entraîna vers le buffet. Elle se servit un chocolat chaud. Perrette la cuisinière, lui donna du pain frais avec de la confiture, glissa aussi quelques amandes sur son plateau et un yaourt nature. Cléo remercia en souriant. Comment avait-elle sur ce qu’elle aimait ? Un coup d’œil vers Ulysse la renseigna. C’était lui ! Il se souvenait de tout. Elle mit sa main dans la sienne.

— Je suis heureuse que tu sois là.

Sa voix voilée l’attendrit.

— Pour le coup, elle est trop sexy, Maestro va craquer.

Elle ne répondit pas et s’installa à table. Tonio prit place en face d’elle, près d’Ulysse. Clémentine vint les rejoindre. Chrono en main, Cléo avait une petite demi-heure.

Elle n’en pouvait plus. Entre la robe, le maquillage, les retouches de coiffure, elle avait le cœur qui battait la chamade. Elle était enfin prête et attendait son tour. Elle regardait Arsène derrière sa caméra. Il avait noué négligemment autour du cou une écharpe noire, sa chemise blanche était largement ouverte. Très concentré, il la fixait et ne se laissait pas distraire. Un calme olympien régnait sur le plateau. Elle entendit le sacro-saint Silence on tourne et le clap exécuté par un machiniste. Elle savait que dans quelques minutes, ce serait pour elle. Ça ne dura pas longtemps, Arsène criait déjà Coupez. Claudio applaudit. À chaque fois, il était ému de voir son texte joué.

— C’est bon pour moi ! Prochaine scène !

Dans un ballet réglé comme du papier à musique, caméraman, scripte, se mirent en place pour le changement de décor. Claudio s’approcha de Cléo et lui donna quelques conseils pour la scène qu’elle allait tourner.

— Ne sois pas surprise par la caméra qui va te filmer de très près. Le spectateur doit te connaitre, t’aimer ou te détester. Reste naturelle, mais n’oublie pas que tu deviens Ludivine de Montgomery. Exit Cléo Rose. Pour cette scène, tu es face à ton père. Vous allez vous disputer. Alors, tu imagines. Tu te mets à la place de Ludivine, ce n’est pas Cléo qui parle.

Jean Reno s’approcha d’elle.

— On va s’engueuler ? Je sens que je vais adorer.

Il eut le don de la faire sourire.

— Allez, on y go !

Claudio pressa son épaule et lui fit un clin d’œil. Arsène leva les yeux et découvrit Cléo dans sa robe jaune et prune comme il l’avait souhaité. Son foulard dans les cheveux était noué comme il le voulait. Parfait. Il lui sourit.

— Prête ?

Elle connaissait son texte, savait où elle devait se mettre. Son père était face à elle. Elle le regarda. Les micros étaient au-dessus d’eux. Les voyants des caméras étaient rouges. Claudio croisa les bras et s’installa derrière Arsène. Il découvrirait les images en même temps que lui. Arsène leva la main, le machiniste arriva avec son clap qu’il mit devant les deux acteurs. Cléo sentit le trac monter et ses mains devenir moites. Son père de fiction lui sourit avant de prendre un air sévère comme le voulait la scène.

Silence on tourne ! Les voyants des caméras passèrent au vert.

Cléo ouvrit la bouche.

— Putain, c’est quoi cette voix ! Coupez !

À suivre …

Feel Good : C’est à cause de la clé

Chapitre 8  

Toujours aussi brun, les cheveux plus longs que dans son souvenir, elle retrouva sa fossette quand il souriait.

— Cléo ? C’est bien toi ?

Elle se jeta dans ses bras.

— Ulysse ? Mais qu’est-ce que tu fais là ?

— Maestro m’a appelé pour que je sois ton styliste. Figure-toi que ma boîte s’occupe des costumes d’époque, ça tombe bien.

Un peu plus âgé qu’elle, il assumait déjà quelques cheveux blancs et quelques rides au coin des yeux. Cléo n’en revenait pas de la chance qu’elle avait.

Marjorie, Tonio et Clémentine regardaient le couple. Voilà une belle équipe qui allait fonctionner, pensa la directrice de casting.

— Raconte ! Tu es marié ? Tu as des enfants ?

Il éclata de rire.

— Ton père m’aimerait encore moins Cléo. Je ne suis pas trop attirée par les femmes.

Tonio s’approcha du styliste, lui mit la main sur l’épaule et dit :

— Bienvenue dans le monde gay chéri !

— Sérieux ? reprit Cléo. Pourtant, je me rappelle qu’elles ne te laissaient pas indifférent.

Il éluda.

— Et toi ?

— Bof moi, rien de spécial. Un BTS tourisme en poche et un poste au Majistic. Rien d’original.

— Tu oublies le rôle dans le nouveau film de Maestro !

Elle avait une journée pour apprendre son texte. Elle tournait le lendemain et le trac la paralysait. Première scène ! ça commençait mal. Elle s’engueulait avec son père. Jamais, elle n’oserait élever la voix contre lui.

La veille au soir, elle avait rencontré toute l’équipe d’acteurs. Arsène l’avait présentée comme la petite nouvelle. Même si elle était la tête d’affiche, il n’avait pas pris de risques. Jean Reno jouait son père. Il avait été très gentil avec elle et l’avait félicitée avant de savoir si elle allait être à la hauteur.

— Ne jamais douter de soi, lui avait-il dit en mettant sa main sur son épaule.

Elle aurait dû immortaliser l’instant.

En regardant le script entier, elle comprit qu’elle avait peu de scène avec lui. Elle ne voyait que Ludivine s’étaler et c’était elle. À Partir de demain, elle deviendrait Ludivine de Montgomery. Elle réalisa rapidement que Jean Reno n’aurait son nom au générique que pour une brève apparition, il disparaissait dans un tragique accident de voiture.

Pierre Niney jouait son frère. Elle n’aurait pas à l’embrasser. C’est la première chose qu’elle avait vérifiée en feuilletant les pages. Elle n’aurait pas pu, impossible !

Elle entendait le brouhaha à l’extérieur et elle, elle était seule avec son texte. Elle se plongea dedans et marcha de long en large en répétant ses phrases. Elle se regarda dans le miroir pour voir la tête qu’elle avait en parlant. Elle fit des grimaces, se mit en colère. Elle se filma avec son téléphone en prenant la pause. Elle passa ses mains dans ses cheveux et chanta.

— Tu as toujours une très jolie voix !

Ulysse était appuyé contre la porte et l’écoutait depuis quelques minutes.

— Je t’ai apporté cette robe. Tonio va arriver pour te coiffer.

Elle saisit le costume.

— C’est vachement décolleté !

— Essaie avant de faire tes commentaires.

Tonio entra avec ses brosses et ses peignes.

— Alors, ma belle rouquine, comment vas-tu ? Et toi ? Ulysse le magnifique, sais-tu que pour toi je serais une jolie Pénélope ?

Il en profita pour battre des cils et minauder devant le styliste. Cléo éclata de rire.

— Ah ! je suis gâtée avec vous deux !

— Passe ta robe que je puisse la retoucher si besoin. Pendant un certain nombre de scènes, c’est celle-là que tu dois porter. Maestro y tient.

La robe jaune et prune s’étalait sur un fauteuil. Le coiffeur ajouta :

— Il souhaite aussi que tu gardes tes cheveux détachés, bouclés, avec un foulard.

— Avec un bandana quoi ! comme il m’a vue sur la plage.

— Tu lui as tapé dans l’œil comme ça !

— Heureusement que je n’étais pas à poil !

Elle saisit la robe et se cacha derrière un paravent. Les deux hommes éclatèrent de rire.

— Tu n’as vraiment pas changé, remarqua Ulysse.

— Tu n’aurais pas eu trop de travail Ulysse.

Tonio lui fit une chiquenaude sur la main.

— Alors cette robe ?

Elle apparut devant eux. Ils sifflèrent de concert d’admiration.

— Parfait ! Je te laisse la coiffer Tonio.

Arsène était sur le pied de guerre. Comme toujours, quand il commençait un film, il était tendu à l’extrême. Les décors étaient sublimes, le matériel était prêt, il s’installa derrière sa caméra. C’est là que Claudio le rejoignit. Tout semblait au point, mais il n’était jamais à l’abri du grain de sable qui vienne tout enrayer.

— Comment te sens-tu ?

— Angoissé ! As-tu vu Cléo ?

— Elle essaie sa robe avec Ulysse. Je l’ai trouvée timide et réservée hier soir et c’est normal.

— Sais-tu si elle a appris son texte ?

Claudio, surpris, contempla son ami.

— Depuis quand t’intéresses-tu à ça ? Ce n’est pas la première fois que tu lances un nouvel acteur ? Qu’est-ce qu’il t’arrive ?

— Mauvais pressentiment.

Il se leva.

— Je vais voir Marjorie.

Mais au lieu d’aller la retrouver, il changea d’avis et se dirigea vers la pièce allouée à Cléo. Ulysse en sortait. Arsène l’intercepta.

— Tout va bien ?

— Pas de problème, monsieur Maestro. Tonio est en train de coiffer Cléo. Elle en profite pour réciter son texte avec lui.

— Très bien, très bien.

Il fit demi-tour.

Cléo assista au repas avec l’équipe. Elle fit connaissance de la cuisinière qui lui glissa que si elle avait des envies particulières, elle devait lui faire savoir. Elle retrouva sa chambre rapidement pour continuer d’apprendre son rôle.

Elle s’y exerça jusqu’à une heure avancée de la nuit. Elle n’avait aucun problème de mémoire. Elle s’endormit ses feuilles à la main.

C’est Clémentine qui vint frapper à sa porte suivie de Tonio. Il était 7 h du matin.

— Debout Cléo ! Dans une heure et demie, tu dois être prête sur le tournage. Tu dois prendre un petit déjeuner. Impossible de travailler le ventre vide, crois-moi, ton cerveau a besoin de forces.

Cléo sursauta, repoussa la couette. La coiffeuse et le styliste entrèrent en trombe. Tonio s’exclama en contemplant les boucles emmêlées :

— My God !

Il mit ses mains sur ses hanches et fronça les sourcils.

— Debout ! Chérie, il y a du boulot. Tout le monde est déjà sur le pied de guerre. Enfile un truc, Maestro n’aime pas le retard.

Cléo ouvrit la bouche pour s’excuser :

— Je ne me suis… coassa Cléo.

Surprise, elle se tut et mit sa main devant la bouche. C’était quoi cette voix éraillée ? Ils s’exclamèrent en même temps ?

— Tu as pris froid ?

Elle remua la tête en signe de négation.

— Parle nom de Dieu ! cria Tonio.

— J’ai peur !

Clémentine saisit son portable et appela Marjorie. Elle déboula dans la minute qui suivit.

— C’est le trac ! Cléo, tu vas venir prendre un thé chaud avec du miel et…

— J’aime pas le miel.

— Si Maestro entend ça, il va nous faire un malaise, c’est sûr ! se lamenta Tonio. Un début de tournage qui commence comme ça, c’est la galère pour tout le film.

— Tais-toi, oiseau de mauvais augure, grogna Clémentine.

À suivre…

Feel Good : C’est à cause de la clé

Cadeau ! 2 chapitres aujourd’hui ! 😊

Chapitre 6

Cléo décida de retrouver Sidonie, mais elle vit qu’il y avait du monde et comprit que son amie ne serait pas disponible. Elle se sentit alors complètement abandonnée. Elle se dirigea à pas lents vers son coin fétiche, isolé, derrière des rochers, où les vagues lui léchaient les pieds. Le bruit de l’eau la calma rapidement. Elle contempla le va-et-vient de la mer et son regard se perdit au loin.

Elle sursauta quand elle comprit que quelqu’un s’asseyait à côté d’elle sur le sable.

— Moi aussi, quand j’ai besoin de réfléchir, je la cherche pour qu’elle me réconforte. Rien que de l’admirer, je suis apaisé.

Arsène Maestro se tut. Cléo ne dit rien. Elle sentit son parfum et sa présence la rassura. Pourquoi pensa-t-elle aussitôt qu’avec lui, elle ne risquait rien ?

— Vous allez salir votre costume !

Il haussa les épaules.

— C’est vrai que vous devez en avoir des placards entiers.

Il rit.

— Ce n’est pas faux !

Il ne la regardait toujours pas.

— Je parie que si je vous demande de venir vous baigner avec moi, vous allez me répondre que vous n’avez pas de maillot.

— Chiche !

Elle se leva, quitta ses sandales, enleva sa robe jaune citron et apparut dans son une pièce, noir. Elle ne l’attendit pas et courut dans la mer. Elle se mit à nager. Elle adorait ça depuis toute petite. Elle aurait aimé être une sirène. Évidemment, ça n’existait pas. Elle plongea et quand elle sortit la tête hors de l’eau, elle s’aperçut qu’il la rejoignait d’un crawl puissant et impeccable. Arrivé à sa hauteur, il demanda, les yeux plissés, gênés par les gouttelettes et le soleil :

— Alors ?

— Sérieux ? Vous avez abandonné votre costume sur le sable ?

— Surtout, ne le dites à personne. Les journalistes s’en donneraient à cœur joie.

— Motus et bouche cousue. On fait la course ? Vous voyez le rocher là-bas ? On y va, le premier arrivé de nous deux, grimpe dessus. D’accord ?

Elle n’attendit pas la réponse et s’élança. Il la suivit. Ils arrivèrent ensemble.

— Pour votre âge, vous vous débrouillez vachement bien !

Elle se hissa sur la pierre. Il la rejoignit aussitôt.

— Vous n’êtes même pas essoufflé, remarqua-t-elle admirative.

— Pour mener la vie que j’ai choisie, je dois m’entretenir. Je fais du sport tous les jours et j’avoue que la natation est mon hobby, je n’ai donc aucun mérite.

— Vous devez avoir souvent les caméras tournées vers vous, ça ne vous gêne pas ?

— C’est plutôt moi qui tourne la caméra, vous savez !

— Vous dites Silence on tourne ?

— Évidemment ! pour qu’il n’y ait plus de bruit. Sur un plateau, il y a toujours des bavardages intempestifs. J’avoue, je ne suis pas un tendre quand ça ne va pas comme je le souhaite. Mais en général, mes équipes ne me trouvent pas trop difficile à vivre. Vous pourrez demander à Brune, elle me connait bien.

— Déjà directrice de casting, elle doit être super douée ! j’imagine qu’elle a le même âge que moi ! J’ai vingt-cinq ans !

— Elle est dans le métier depuis toute petite. Elle n’a pas encore tous les diplômes, mais elle travaille en binôme avec ma collaboratrice qui, elle, s’occupe du recrutement depuis des années. Effectivement, elle a votre âge. C’est ma fille.

Stupéfaite, elle demanda, un brin agacée.

— Pourquoi ne pas me l’avoir dit plus tôt ?

— Quelle importance ?

— En fait, tout ça était un coup monté, j’avais raison.

Cléo se tordit les cheveux et les enroula sur la nuque. Elle saisit son élastique autour du poignet pour les attacher en un chignon lâche.

— Non, ce n’était pas prémédité du tout. Mais j’avoue que le coup de la blonde, c’est parce que nous avons jeté un œil sur les réseaux sociaux pour vous connaître un peu mieux.

Elle se braqua aussitôt et voulut se lever. Il la retint et la regarda dans les yeux. Le vert et le gris se rencontrèrent.

— Votre copine n’était au courant de rien.

— Ce n’est pas ma copine.

— Peu importe. Je vous dis la vérité. Il n’y avait rien de prémédité dans tout ça.

— Et le texte ? Ça ressemblait quand même beaucoup à ce que j’ai vécu, non ?

Il ne répondit pas.

— Alors ? C’est bien ce que je pensais.

— Vous vous trompez. Je devais être certain que vous étiez bien l’héroïne de mon film et pour cela, je devais voir comment vous réagissiez quand vous étiez émue, touchée, triste, en colère… J’ai été servi ! en quelques secondes, toute cette palette de sentiments a défilé sur votre visage. C’est Claudio qui a écrit le texte. Je ne suis pas un tricheur. Je ne veux pas vous faire de mal. Croyez-moi Cléo, vous avez un bel avenir devant vous ! Faites-moi confiance !

— Hum ! Confiance ? C’est un mot que je n’aime plus, murmura-t-elle de sa voix voilée.

Elle entoura de ses bras ses genoux et regarda au loin. Soudain, elle frissonna.

— Et si nous repartions, suggéra-t-il ? Je vous offre un chocolat chaud à l’arrivée.

Elle ne l’attendit pas et plongea.

Ils s’ébrouèrent ensemble sur la plage. Ils n’avaient pas de serviette. Elle rit.

— Alors monsieur le réalisateur ? Vous allez enfiler votre costume sur votre peau mouillée ?

Il ne répondit pas et passa sa chemise sur son torse nu, musclé. Il roula son pantalon et sa veste et la contempla. Elle le regardait bouche bée.

— Donc ? On le prend ce chocolat ? Fermez la bouche, vous allez gober une mouche !

Il partit devant. Elle mit sa robe sur son maillot et le suivit.

Vraiment étonnant ce type, pensa-t-elle !

Chapitre 7

Dans le train qui l’emmenait, Cléo laissait son esprit vagabonder. Le cœur en déroute, elle avait finalement accepté de tenir le rôle que lui proposait Maestro. Elle ne savait pas ce qui lui avait fait le plus de mal, le ouf échappé des lèvres de Martin ou l’impression que Sidonie soufflait elle-aussi, comme si, elle était de trop, toujours dans leurs pattes.

Quant à ses parents, elle les avait étudiés, surveillé leurs réactions, et à part le plaisir sincère dans les yeux de sa mère, elle avait compris qu’ils se réjouissaient pour elle. Son père avait même ajouté que son chef, quand il apprendrait qu’il avait affaire à la vedette du film du célèbre réalisateur, il ne jouerait plus au malin avec elle. Il lui avait répété qu’elle devait prendre confiance en elle, qu’elle reviendrait grandie de cette expérience. Elle en doutait, mais elle avait fait comme si !

En regardant défiler les paysages, elle pensait qu’elle n’en était pas encore là. Elle se demandait encore si elle ne descendrait pas au prochain arrêt pour aller se cacher. Mais où ? Elle était toute seule ? Pas de frère et sœur, plus d’amis. Elle soupira à nouveau.

Arsène lui avait donné le script. Elle l’avait dans son sac. Elle n’avait pas osé le lire. Deux jours plus tôt, Arsène, Claudio et Brune, l’avaient invitée à diner avec eux. Elle n’avait pas été très à l’aise. Elle se rappelait encore sa conversation avec Brune.

— Pourquoi, tu ne m’as pas dit que tu étais sa fille ?

Cléo l’avait attaquée de front. Elle agissait souvent ainsi quand elle se sentait humiliée et blessée avec agressivité.

— Tu ne me l’as pas demandé !

— Un peu facile non ? Surtout que tu m’as mis du monsieur Maestro plein la vue.

— C’est toujours comme ça dans le travail. Je ne veux pas qu’on croit que je suis arrivée là grâce à lui. Ce n’est pas simple d’être la Fille de.

Évidemment, elle n’avait pas pensé à cet aspect des choses. Elle les avait regardés et un sentiment étrange l’avait envahie qu’elle préférait ne pas analyser pour l’instant.

Elle saisit le script et le feuilleta. Subjuguée, elle comprit qu’elle allait jouer en costume. En quelques pages, elle prenait des années. L’idée de se voir avec quarante piges de plus la fit sourire. Elle allait interpréter Ludivine jeune et vieille. Finalement, pourquoi pas ! Qui allait endosser le rôle du personnage masculin ?

La gare de Bergerac se profila et elle descendit sur le quai. Brune l’attendait et lui fit signe. Cléo respira mieux. Elle ne serait pas seule pour faire son entrée dans ce monde inconnu.

— Tu as fait bon voyage ?

— Oui !

— Stressée ?

— Un peu !

Les réponses laconiques de Cléo agacèrent Brune.

— C’est quoi le problème ?

Cléo posa son sac et croisa les bras.

— Tu ne me parles pas comme ça.

— Tu as peur et c’est normal, mais tu verras tout se passera bien.

— Si tu le dis.

Elle reprit son bagage et suivit la jeune fille.

— L’endroit où l’on tourne est magique. Tu vas faire connaissance avec toute l’équipe : maquilleurs, styliste, coiffeur, cameramen, et les comédiens bien sûr. Mon père les a prévenus que tu étais toute nouvelle. Tu sais, il cocoone un peu tout son monde, mais il aime le travail bien fait. Je t’explique comment ça va se passer, tu vas avoir ton texte à apprendre et les scènes que tu devras tourner. Si tout va bien, dans un mois, tout est dans la boîte. Le film pourrait sortir pour les fêtes de fin d’année. Tu reprendras ta petite vie tranquille jusqu’à la promotion qui débutera quelques semaines avant. Mais ne t’inquiète pas, tu vas avoir ton planning et même… tiens-toi bien… une loge rien que pour toi, étant donné que tu es l’héroïne.

Clé sentit le mal de tête monter.

— Monsieur Maestro compte sur toi.

— Voilà que tu recommences, tu ne peux pas dire mon père ?

Cléo agacée, ferma les yeux. Elle aurait voulu être sur la plage et ne penser à rien. Pourquoi a-t-il fallu qu’il perde ces foutues clés ce client ! De plus, elle ne devait pas être présente ce jour-là, elle avait changé ses horaires avec Françoise. Si elle avait su ! ça tournait en boucle ! les clés, Noé, les bijoux volés.

— À quoi penses-tu ? J’espère que tu te rends compte de la chance que tu as. Des tas de filles de ton âge aimeraient être à ta place.

Cléo ne répondit pas. Elle commençait déjà à en avoir ras le bol aussi de Brune, un peu donneuse de leçons sur les bords.

Elles parvinrent devant une belle bâtisse située dans un grand parc arboré et fleuri. Brune, l’entraina voir son père. Arsène parlait avec un homme quand Cléo arriva à sa hauteur. Elle se sentit rougir et un filet de sueur froide coula le long de son dos. Pierre Niney en personne était face à elle. Il l’accueillit gentiment.

— Alors c’est toi la nouvelle recrue d’Arsène ?

Il la prit dans ses bras. Stupéfaite et complètement abasourdie, elle eut du mal à réaliser que c’était bien lui, récompensé par un césar pour son rôle d’Yves Saint Laurent quila serrait contre lui.

Elle plaqua un sourire sur ses lèvres et émit un bonjour du bout des lèvres. L’acteur se détourna d’elle et la laissa seule avec Maestro.

— Je ne me sens pas bien !

Le cœur en vrac, elle luttait pour retenir ses larmes. Trop de stress, elle ne gérait pas. Arsène la saisit rapidement par la main et l’emmena auprès de sa directrice de casting en titre, Marjorie, amie de longue date. Il lui murmura à l’oreille de s’occuper d’elle avec douceur et s’en fut retrouver son équipe. Il commençait à se demander s’il avait fait le bon choix. Il espérait sincèrement qu’il ne s’était pas trompé.

Marjorie, brune à lunettes, un peu ronde, débordante d’énergie, en jeans et basquets, la prit aussitôt sous son aile.

— Ne t’inquiète pas Cléo. C’est toujours comme ça la première fois. Tout va bien se passer. Je vais te présenter à ton coiffeur et ta maquilleuse, tout de suite, tu te sentiras mieux.

Un blond décoloré à la mèche rebelle apparut.

— Oh ma chérie, quelles jolies boucles ! j’en suis jaloux !

Il la prit dans ses bras et lui plaqua deux bises sur les joues. Très tactile, il lui tint les mains, la fit tourner sur elle-même.

— Tu es magnifique ! Je comprends le chef ! Tu es celle qu’il cherchait, tu vas cartonner ma bichette !

Marjorie lui murmura qu’il ne fallait pas qu’elle soit surprise. Tonio terminait toujours ses phrases avec un surnom affectueux.

— Tu n’as pas de souci à te faire, Tonio aime les hommes. Je te présente Clémentine, ta maquilleuse.

Elle lui fit penser immédiatement à Sidonie, elle était aussi grande qu’elle. Parsemée de taches de rousseur, elle mit à l’aise aussitôt Cléo en lui racontant qu’elle avait regardé le soleil à travers une passoire. Elle éclata de rire et Cléo ne put s’empêcher de faire de même.

La porte s’ouvrit à la volée. Un homme entra et Cléo resta pétrifiée. Elle avait devant elle son ami de toujours, Ulysse Dernhomes celui qu’elle n’avait plus le droit de voir parce que son père ne l’aimait pas à cause de ses arrière-grands-parents qui pendant la guerre les auraient soi-disant dénoncés.

À suivre…

Feel good : C’est à cause de la clé

Chapitre 5

Arsène et Claudio avaient fait appel à leur équipe pour que le matériel soit installé dans le jardin de Cléo. L’école n’étant pas encore terminée, ses parents travaillaient, elle était seule. Elle ne leur avait rien dit. Elle espérait qu’il ne reviendrait pas de la journée.

Elle consulta son texte. Quelques lignes à retenir ne lui faisaient pas peur. Claudio lui avait préparé en quelques minutes. Ce n’était pas ce qui était prévu, mais il voulait connaitre les réactions de la jeune femme devant les mots écrits. S’il ne s’était pas trompé, elle allait crever l’écran.

Pourquoi tu m’as fait ça ? Je te faisais confiance, tu étais ma meilleure amie ! Aller raconter des inepties sur moi, tu le savais que ce n’était pas vrai. En fait, tu es jalouse, tu l’as toujours été et moi je n’ai rien vu.

Un jour, je t’avais dit…

Alors que la caméra filmait, Cléo s’interrompit. Elle renifla. De sa voix cassée par l’émotion, elle cracha :

— En fait, vous êtes pareil ! Vous avez lu les réseaux sociaux et vous allez vous en servir…

Elle renifla de plus belle, s’essuya les yeux pour ne pas montrer ses larmes, se redressa et déversa sa tristesse pendant que la caméra tournait.

— Quelle conne ! Je suis vraiment trop poire, j’y ai cru. C’était un coup monté, j’en étais sûre et je suis tombée dans le panneau comme une gourde. De toute façon, personne ne m’aime et tout le monde se moque de moi. Avouez-le que vous saviez que Guilaine Latin était ma pire ennemie, et que vous avez fait exprès de me dire que vous alliez la choisir et moi…

Elle hoqueta, la voix voilée encore davantage.

— Je suis pathétique ! mon intuition ne me trompe jamais, j’ai cru que pour une fois… oh laissez tomber.

Elle se leva, bouscula Brune et Claudio et s’enfuit, en larmes et furieuse d’avoir craqué.

Arsène coupa la caméra et murmura :

— C’est bon pour moi ! Vas-y Brune, je te fais confiance. Mais surtout… ne la casse pas davantage.

Brune ne la trouva pas. L’équipe remballa le matériel sans un mot. L’émotion de la jeune femme les avait retournés.

— Tu vois ! dit Claudio doucement, je ne me suis pas trompé. Cette fille est superbe.

Arsène ne répondit pas. Brune revenait bredouille. Cléa avait disparu. C’est alors que Pierre et Margareth Rose apparurent. Aussitôt, Arsène prit les devants et expliqua pourquoi ils étaient là.

— Cléo a accepté de tourner pour vous ? demanda Margareth. Je suis ravie.

Arsène la contempla. Cléo lui ressemblait, elle avait hérité de la couleur flamme de sa mère. Mais, il décela une étincelle dans les yeux de celle-ci qu’il n’avait pas vue chez Cléo.

— Avec mon scénariste, que voici (il présenta Claudio), nous avons repéré votre fille devant l’hôtel où elle travaille. Je vous rassure, elle n’a pas accepté immédiatement. Il a fallu tout l’art de persuasion de Brune, pour qu’elle veuille bien nous amener chez vous.

Monsieur et Madame Rose serrèrent les mains des deux hommes. Brune restait discrète derrière son père. Margareth reprit.

— Ma fille est très…

— Vous avez bien eu raison de la secouer, l’interrompit son mari. Je serais très heureux qu’elle s’émancipe un peu et qu’elle ne tourne pas en rond ici avec ses amis. Elle a vingt-cinq ans, que diable !

— Où est-elle ?

— Justement…

Arsène se tut.

— Je parie qu’elle s’est enfuie ! ça ne m’étonne pas d’elle, remarqua Pierre. En tout cas, vous avez mon accord, même si vous n’en avez pas besoin. Je suis certain qu’elle vous a fait le coup du père très papa poule, super protecteur, et tout le tintouin.

Arsène hocha la tête, mais ne répondit pas. Il ne voulait pas trahir Cléo.

— Je vous laisse ma carte, je repars demain. J’aimerais vraiment qu’elle accepte de participer à cette aventure. N’hésitez pas à m’appeler à n’importe quelle heure. Si vous n’arrivez pas à me joindre, un message suffira.

Le matériel remballé, la pièce avait repris son allure normale. Chacun salua les propriétaires et quitta les lieux.

Cléo était partie retrouver Martin. Il tenait un magasin de vélos qu’il réparait et qu’il louait pendant la saison. Dès qu’il la vit, en larmes, il abandonna ce qu’il faisait pour la serrer dans ses bras. Ils se connaissaient depuis la primaire. Cléo n’avait plus guère de secrets pour lui et sa sœur. Elle ne pouvait se passer d’eux plus d’une journée. C’était bien ce qui inquiétait Martin qui ne savait pas encore comment il allait lui annoncer qu’il avait une petite amie avec qui il pensait fonder une famille. Elle s’appelait Lucie et rêvait de s’installer avec lui. La boutique de cycles fonctionnait bien, Lucie souhaitait en tenir la comptabilité. D’autre part, elle était propriétaire d’une chambre d’hôtes qu’elle proposait et qui marchait bien. Le jeune couple était prêt. Mais Martin, hésitait, parce qu’il ne voulait pas rendre malheureuse Cléo.

Pour l’heure, il tentait de suivre ce qu’elle racontait et qui l’avait mise dans cet état.

— Je ne comprends rien, Cléo.

— C’est à cause de Guilaine.

Il fronça les sourcils. 

— Qu’est-ce qu’elle t’a fait ? Tu ne penses pas que tu pourrais tourner la page ? C’était il y a dix ans.

— Oui, mais tu vois, elle a failli avoir le rôle.

— Il ne t’intéressait pas, tu l’as assez répété !

— Je ne voulais pas qu’elle l’obtienne.

— Tout va bien alors ! Donc pourquoi tu pleures ?

— Parce que je me suis fait avoir !

— Encore ? Tu n’es pas le centre du monde, tu sais ! Pour une fois, tu ne peux pas croire à ta chance à toi ? Imagine que ce qu’il t’arrive c’est vraiment pour toi ? Cesse de jouer à la persécutée.

— Je ne vois pas pourquoi quelque chose de bien m’arriverait ! J’ai la poisse tout le temps ! Regarde où j’en suis à cause de cette foutue clé !

— Putain, Cléo, tu es belle, intelligente. Tu es adorable, pourquoi penser que tu es nulle ? Tu te fais des nœuds au cerveau pour rien.

— J’ai bien foiré mon poste à l’hôtel !

— Tu sais ce que j’en dis moi ? Tu aurais pu te défendre, ouvrir ta gueule un peu ! Tu veux toujours aider tout le monde pour qu’on t’aime, mais ça ne marche pas comme ça ! Noé t’a remercié de lui avoir sauvé sa place ? Non. Il s’est excusé ? Non. Merde Cléo ! Je te rappelle que tu as vingt-cinq piges ! Vis ta vie !

Elle le regarda, surprise.

— Mais qu’est-ce que tu as ? Toi aussi tu vas me lâcher ?

— Et voilà que ça recommence ! Cléo, tu es fatigante.

— Tu m’as souvent dit que je pouvais débarquer à l’improviste, que tu serais toujours là pour moi.

Il soupira.

— Oui, Cléo, c’est vrai.

— Alors ? Tu es comme un grand frère pour moi.

Ils ne virent pas arriver Lucie. Quand Martin s’en aperçut, son regard s’attendrit aussitôt et Cléo tourna la tête.

— Bonjour !

Cléo toisa la nouvelle venue. Une brunette, cheveux courts, casquette vissée sur le crâne, allure sportive. Elle fixa à nouveau Martin. En un quart de seconde, elle comprit.

Elle fit demi-tour et disparut. La fuite, c’était vraiment tout ce qu’elle savait faire.

À suivre …

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Chapitre 4

Le lendemain matin, Pierre et Margareth Rose furent surpris de découvrir leur fille dans sa robe jaune citron en train de préparer le petit-déjeuner.

— Ton planning a changé ? demanda sa mère.

— Non, je suis en vacances.

Ses parents se regardèrent.

— J’ai fait une connerie, le chef de la réception, m’a mis au frais pendant trois semaines. Je ferais toute la saison sans congés, avec lui. Charmant ! Tout ça à cause de Noé.

Elle leur raconta en détail ce qu’il s’était passé.

— Surtout papa, tu ne t’en mêles pas ! Si j’avais su… fichue clé ! J’y suis pour rien en plus !

— Que vas-tu faire ? Partir un peu ?

— Je vais aider Sidonie à la Paillotte, gratis évidemment !

Son père grommela.

— Sidonie et Martin ! Les jumeaux ! S’il leur prenait l’envie de s’en aller, je me demande ce que tu deviendrais, ma chérie.

Cléo baissa les yeux. C’est tout à fait ce que lui avait dit la veille au soir Martin. Tous, commençaient à lui taper sur le haricot, à répéter qu’il fallait qu’elle s’envole. Nom d’une pipe, c’était sa vie, elle en faisait ce qu’elle voulait.

Quand Sidonie vit débarquer la jolie brune aux cheveux longs sur la plage, elle lui fit un signe de tête. Lorsqu’elle remarqua qu’elle parlait avec le réalisateur rencontré la veille, elle se posa des questions mais ils arrivèrent à son comptoir et elle leur fit son plus beau sourire.

— Je vous sers quelque chose ? Un café ? Un chocolat chaud ? Vous êtes bien matinal, monsieur Maestro.

— Je vous présente ma fille, Brune. Votre amie n’est pas là ?

— Elle travaille à cette heure-ci.

Arsène se fit discret. Il n’était pas censé savoir que Cléo était mise à pied. Le portable de Sidonie sonna. La musique de Jusqu’ici tout va bien de Gims retentit.

— Cléo ? Tu n’es pas au boulot ?

Brune et son père s’éloignèrent vers la plage.

— J’ai fait des recherches papa, comme tu me l’as demandé. J’ai peut-être trouvé un truc. J’attends de la rencontrer et je te donnerai mon avis.

Sidonie ne l’avait pas prévenue que Maestro était là. Aussi quand Cléo apparut devant elle, elle fronça les sourcils parce qu’elle aperçut Brune et Arsène.

— Encore vous ?

Sidonie haussa les épaules et affirma qu’ils venaient d’arriver. Elle ne présenta pas Brune. Celle-ci s’approcha d’elle et tendit la main.

— Bonjour, je suis la directrice de casting de Monsieur Maestro. Il m’a parlé de vous. Je suis heureuse de faire votre connaissance.

Sidonie ne fit aucune remarque. Cléo, prise par surprise, serra la main de la jeune femme qui devait avoir au moins le même âge qu’elle. Elle l’envia aussitôt, la trouva très jolie, et… très sympathique. Ses cheveux longs volants au vent, son sourire franc, ses yeux violets, tout en elle lui plut et lui inspira confiance. Pourtant, elle resta sur la défensive parce que le réalisateur était là. Elle sentit le coup fourré à plein nez. L’air de sainte nitouche de Sidonie ne lui disait rien qui vaille non plus.

Arsène comprit qu’une fois de plus sa fille avait fait mouche. Elle avait un don pour mettre à l’aise les gens dès leur première rencontre. Brune était inoubliable. Elle tenait ça de sa mère, disparue à sa naissance. L’accouchement avait mal tourné et Arsène s’était retrouvé veuf et seul à élever le nourrisson, il y avait vingt-cinq ans. Il n’avait que vingt ans, sa carrière était loin de celle qu’elle était aujourd’hui, mais il s’était accroché pour son Brune. Aidé par ses parents, il avait travaillé dur et il était fier de ce qu’il était devenu. Sa fille était la prunelle de ses yeux.

— Alors ? Intéressée ? Tu t’appelles Cléo c’est ça ? Moi, c’est Brune.

La rouquine ne répondit pas. Évidemment, elle avait un prénom top. Elle pensa in petto qu’heureusement qu’elle n’était pas blonde. Elle sourit à cette idée.

— Sais-tu que Cléo veut dire Gloire et célébrité ? Les Cléo sont débordantes d’énergie, tu vois c’est un signe.

Stupéfaite, Cléo réagit.

— Elle est bien bonne celle-là !

— Je parie que ça aurait tout changé pas vrai ?

Brune se tourna vers Sidonie.

— Tu nous sers un chocolat chaud ? Cléo ?

— Sido fait ça très bien. Sidonie est mon amie. Elle me connait mieux que personne.

— Enchantée Sidonie. Alors si vous êtes copines, tu vas pouvoir la décider à venir passer un bout d’essai. Tu sais ce que je peux te proposer ? Pourquoi pas le faire ici, dans ton univers ?

Arsène trouva l’idée excellente. La jeune femme serait certainement plus à l’aise. Mais Cléo ne fut pas de cet avis.

— Non, je ne suis pas une comédienne. Laisse tomber ! être regardée par le monde entier et me faire critiquer, non merci ! Et pour ta gouverne, je n’ai rien d’une célébrité.

— Je suis d’accord, répondit à sa grande surprise Brune. Ce n’est jamais agréable, mais tu sais, passer à côté d’une opportunité peut aussi amener les remarques de ton entourage, par exemple s’il pense que tu as raté quelque chose. Finalement, il vaut mieux se faire critiquer pour une bonne raison, tu ne crois pas ?

Cléo éclata de rire.

— Tu es forte toi ! Pour retourner la situation et mon cerveau par-dessus le marché, tu es la reine, mais ça ne marche pas. Je n’ai pas envie.

— Même pas pour gagner de l’argent ?

— Même pas !

— Alors je n’insiste pas. C’est dommage… on le boit ce chocolat chaud ?

Cléo trempa ses lèvres dans le breuvage mousseux et demanda à Sidonie si elle pouvait venir l’aider à la paillote sans rémunération évidemment. Brune ne fit aucune remarque, mais se tourna vers Arsène et Claudio et les interrogea :

— Vous apercevez la fille là-bas ? La blonde bouclée ?

Cléo, à la dérobée, suivit le doigt de Brune et se figea. Guilaine Latin. Sidonie fit de même et baissa la tête pour cacher son sourire. Bien joué, pensa-t-elle !

— Je l’ai repérée en arrivant. Nous pourrions peut-être aller la voir et lui proposer de faire un bout d’essai.

Brune se leva, remercia Sidonie pour le chocolat et tendit sa joue à Cléo.

— Désolée, je ne peux pas rester plus longtemps. Monsieur Maestro cherche depuis des semaines son héroïne, je vais tenter ma chance avec la blonde.

Cléo murmura, le nez dans son mug.

— Elle va dire oui, c’est sûr !

Brune se retourna vers elle.

— Tu la connais ?

— Ouais !

Cléo leva les yeux et regarda son amie.

— Hein, Sido qu’on la connait ?

Elle opina de la tête.

— Si tu veux une garce pour le rôle, tu as tapé dans le mille.

Arsène se toussota, salua Cléo et Sidonie.

— Brune ?

Cléo posa son mug.

— Attendez !

Brune et le réalisateur s’arrêtèrent. Sidonie retint son souffle.

— C’est quoi le texte ? Pour rigoler, j’essaye. Après tout, si vous cherchez le genre de la blondasse qui arrive, je peux peut-être tenter le coup.

Elle marchait en effet vers eux. Cléo frissonna, une sueur froide coulait sous ses bras. Arsène et Brune sourirent.

— Où vous sentez-vous le plus à l’aise ?

— Chez moi ! Venez !

Cléo ne perdit pas de temps, Guilaine Latin l’avait repérée, elle accélérait le pas. Brune et Arsène lui tournaient maintenant le dos. Cléo en profita pour les entrainer.

À suivre…

Feel good : C’est à cause de la clé

Chapitre 3

Allongée sur son lit, Cléo regardait le plafond. Elle n’avait pas du tout envie de quitter sa maison et de se lancer dans un projet aussi fou. Elle avait peur des caméras, de ce qu’on pourrait raconter sur elle. Elle était certaine que ses parents, s’ils apprenaient la nouvelle, seraient ravis. Depuis le temps que son père la tannait pour qu’elle prenne son envol. Lorsqu’elle avait trouvé ce poste à l’hôtel qui venait d’ouvrir, elle avait remercié le ciel de ne pas devoir partir. Elle était casanière Cléo, elle n’avait pas l’âme vagabonde. Les souvenirs revenaient à la surface. Elle soupira. Cette mauvaise copine qui lui avait fait tant de mal, elle ne pouvait pas l’oublier. Alors, se remettre au-devant de la scène, elle ne s’en sentait pas le courage. Elle avait quinze ans, comme disait son père, c’était du passé tout ça ! Pourtant, la blessure ne s’était jamais refermée.

Ses parents ne devaient pas apprendre que le réalisateur était en ville. Comment l’éviter le lendemain quand elle prendrait son poste ?

Arsène regardait par la fenêtre un verre à la main.

— Que penses-tu de cette fille ? Tu te rends compte qu’elle ne s’est pas présentée elle-même ? Je connais son prénom grâce à ce garçon d’étage. Cléo ? c’est original !

Claudio rejoignit son ami.

— J’ai eu une idée ! Si j’écrivais sur elle ? Je ne suis pas certain que ce soit son père le problème. Si c’était elle qui n’avait pas envie tout simplement ?

— Tu rigoles ? N’importe quelle femme à sa place aurait signé immédiatement.

— Pas son genre, crois-moi ! Tu devrais appeler ta fille. Comme directrice de casting, je suis sûr qu’elle penserait la même chose. Elle a le physique, mais pas le caractère.

— Je dois donc abandonner ?

— Ce n’est pas ce que je dis et ce n’est pas à moi de te donner des ordres, suis ton instinct.

— C’est toi qui l’as repérée. Moi, finalement, je suis d’accord avec toi, mais si c’est pour m’attirer des problèmes, j’hésite. Je ne fais pas dans le social, si elle ne veut pas, tant pis.

Surpris, Claudio fixa son ami dans les yeux.

— Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Ce n’est pas dans tes habitudes de changer d’avis aussi vite ?

— Je dois réfléchir. Je la regarderais travailler… de loin, sans qu’elle nous voie.

— Pas facile ! elle est à la réception, je te rappelle.

— On se débrouillera. Cherche un peu si elle a un profil Instagram. Je l’enverrai à Brune. Ma fille saura me dire si je fais fausse route. Depuis que Marjorie l’a prise sous son aile, elle fait des progrès à une vitesse grand V. Claudio posa son verre puis saisit son téléphone.

— J’irais bien piquer une tête dans la piscine. Pas toi ?

— Pourquoi pas ? Alors tu as trouvé ?

— Hey, attends ! je note le code du Wifi. Il n’y a pas le feu, si ?

— Depuis le temps que je cherche…

— Tu n’es plus à un jour près ! remarqua son ami.

— Le temps c’est de l’argent, tu le sais bien.

— Pas à moi Arsène, je te connais trop bien.

Une fois connecté, Claudio fit défiler les images.

— Tu as bien dit qu’elle s’appelait Cléo Rose ?

— Peut-être a-t-elle un surnom ?

Devant le silence de son ami, il s’approcha.

— Regarde et écoute !

Une vidéo se mit en route après les pubs habituelles.

La voix de Cléo emplit toute la suite. Les deux hommes se turent religieusement. Elle chantait l’hymne à l’amour d’Édith Piaf.

— Elle date de quand cette vidéo ?

— Dix ans !

— Et depuis ?

— Rien !

— Son compte Instagram ?

— Rien ! pas de Facebook, ni Tweeter, rien ! Le nom de sa famille est connu, comme elle nous l’a raconté. Mais rien sur elle. J’ai eu de la chance de découvrir cette pépite. Elle a été likée un nombre incalculable de fois, regarde ! Elle est toujours d’actualité et les commentaires sont bons. Je te l’avais dit qu’il y avait un truc pas clair chez cette fille.

— J’appelle Brune, ensuite je te rejoins à la piscine. Mais je te préviens Claudio, si je subodore une embrouille, je cherche quelqu’un d’autre.

Le scénariste acquiesça et ouvrit son sac de voyage pour prendre son maillot. 

Cléo, surprise de découvrir le numéro de son chef s’afficher sur son écran, sentit son cœur s’emballer. Elle décrocha les mains moites. L’appel ne dura que quelques secondes. Il voulait la voir immédiatement. Il savait qu’elle habitait à côté, il en profitait. Elle quitta sa tenue de plage pour un pantalon blanc avec un tee-shirt assorti à son bandanas vert qu’elle garda. Il était l’heure de diner, ses parents allaient se mettre à table quand elle passa devant eux. Son père hocha la tête.

— Je fais vite leur promit-elle, ne m’attendez pas.

— Oui, monsieur, j’ai abandonné mon poste quelques minutes. Le client avait perdu ses clés et…

— Vous ne devez jamais quitter la réception, mademoiselle Rose. Savez-vous ce qu’il s’est passé pendant que vous étiez à l’extérieur ?

— Non, monsieur !

Cléo sentait le rouge farder ses joues et la sueur froide couler le long de son dos.

— Quelqu’un est monté dans les étages après avoir subtilisé la clé d’une chambre d’un de nos clients. Il a pu entrer, fouiller, et s’emparer des bijoux de valeur.

— Je suis désolée. Mais…

Cléo n’osa pas dénoncer Noé qui aurait dû être son poste. Elle se mordit la langue jusqu’au sang pour ne rien dire. Il arrivait justement.

— Je vous prie de m’excuser monsieur. Mademoiselle Rose est venue parce que… J’ai dû aller aux toilettes, une envie…

Le chef de la réception l’interrompit.

— Vous savez, vous aussi, que vous ne devez pas quitter l’entrée. Je vais devoir prendre des sanctions. Vous, il désigna le portier, je veux bien passer sur votre négligence parce que vous faites partie de la maison depuis longtemps. Mais vous, mademoiselle Rose, vous avez intégré notre équipe grâce au relations de votre père dans la ville, mais je ne peux tolérer une telle erreur de votre part. Je vous demanderais donc de poser trois semaines de congés. Vous reviendrez pendant la pleine saison. Je veillerai personnellement à ce que vos plannings correspondent avec les miens. Je vous aurais à l’œil. Une autre bêtise de ce genre et c’est la porte. Vous pouvez disposer et profitez bien de vos vacances. Vous aurez besoin de toutes vos forces quand vous réintégrerez votre place.

Cléo pesta et ses deux émeraudes fusillèrent Noé. Il la regarda et s’excusa platement, il tourna les talons rapidement, bien content de s’en être sorti à bon compte. La saison estivale était particulièrement lourde à gérer et même s’il plaignait sa collègue, il ne se retourna pas. Elle le suivit, mais devant l’attitude de son chef qui la surveillait, elle stoppa nette sa course ! Elle quitta l’hôtel, furieuse, et heurta son ami Martin.

— Cléo ? Qu’est-ce que tu fais ici ?

Elle lui raconta tout.

— Mais c’est génial ! Tu vas pouvoir aller tourner ton bout d’essai !

Elle haussa les épaules.

— Tu peux toujours rêver.

Arsène Maestro rejoignit Claudio qui l’attendait au bar. Il avait tout entendu, immobile sur la dernière marche des escaliers qui menaient à sa chambre. Un sourire s’épanouit sur ses lèvres.

À suivre…

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Chapitre 2

Cléo s’était changée. La maison de ses parents chez qui elle habitait toujours était à deux rues de l’océan et l’Hôtel à cinq minutes. Elle enfila son maillot sous sa robe de plage à bretelles jaune citron, attacha ses boucles avec un bandana vert et saisit son sac en osier. Commençant à 6 heures et terminant à 15, elle avait toute l’après-midi devant elle.

En déambulant sur le trottoir, elle repensait aux deux hommes de l’hôtel. Celui aux cheveux grisonnants avec la barbe de trois jours avait un chic fou. L’autre qui était devenu rouge comme une tomate, elle en riait encore. Soudain, elle les aperçut qui se dirigeaient vers la plage. Elle n’en crut pas ses yeux quand elle se rendit compte qu’ils s’arrêtaient devant la paillote de Sidonie. Nom d’une pipe, le garçon d’étage pour un pourboire, ne pouvait pas tenir sa langue ! C’était pourtant inscrit dans le règlement Ne pas donner d’informations personnelles aux clients, elle se demandait parfois s’il avait appris à lire. Elle n’allait pas se laisser pourrir la vie par ces deux inconnus. Elle fonça vers eux et attaqua bille en tête.

— Allez-vous me ficher la paix ? Je ne sais pas encore qui vous a renseigné, mais je vais lui passer un sacré savon demain.

Claudio et Arsène se regardèrent.

— Tu vois, je te l’avais dit que c’était elle !

Surprise, elle ne répondit pas. Arsène tendit à nouveau sa main, et se présenta.

— Arsène Maestro.

Sidonie, la meilleure amie de Cléo intervint.

— Le célèbre réalisateur.

La rouquine ouvrit de grands yeux.

— C’est ça oui ! Je sais que nous sommes une station touristique renommée, mais quand même, ce n’est pas Saint-Tropez. Et puis, c’est qui la star dont tu parles ?

Elle ne faisait déjà plus attention à eux et s’approchait de Sidonie pour l’embrasser. Celle-ci était beaucoup plus grande que Cléo. Elle portait toujours des chaussures plates, complexée par sa taille. Elle se baissa pour tendre sa joue alors que Cléo se mettait sur la pointe des pieds. Elle lui glissa à l’oreille qu’il avait réalisé le film avec son acteur fétiche.

— Je le croyais… moins vieux.

Elle rougit, parce qu’il l’avait entendu.

— Ne vous fiez pas à ses cheveux, dit Claudio.

— Nous n’allons pas épiloguer sur ma coiffure. Savez-vous pourquoi je suis là mademoiselle ?

— Pour me draguer ?

Elle rit.

— Il veut te proposer un rôle, glissa son amie, les yeux brillants et heureuse pour elle.

Cléo ouvrit la bouche et la referma aussitôt. Elle fit le tour de la paillote, jeta des regards circonspects autour d’elle et dit.

— Ben voyons ! Où est la caméra cachée ? Vous filmez un truc pour un bêtisier ? Parce que si vous le souhaitez, je peux faire semblant de me casser la figure ? C’est quoi votre délire ?

— Sérieusement, mademoiselle, mon ami scénariste que voici, Claudio Copa, vous a repérée lorsque vous étiez occupée à chercher les clés de votre client.

— Oui, il m’a bien reluquée ! C’est mon cul ou mes fesses qui vous ont plu ? C’est pour un truc érotique ? Je vous le dis tout de suite, c’est non !

Sidonie pouffa.

— Je vous avais prévenus, elle est nature ma copine !

— Sérieusement, vous m’imaginez tourner un film de ce genre ?

Arsène regardait la jolie rouquine. Elle se troubla.

— Donc ? reprit-elle.

— Cela fait ses semaines que je cherche mon héroïne pour mon nouveau long métrage et je pense que je l’ai trouvée. Accepteriez-vous de venir passer une audition ?

— Parce que je dois vous croire ? Je dois en parler à mes parents.

Sidonie toussa.

— Vous êtes mineure ? s’enquit Arsène.

— Vous en doutiez ?

Il hésita. Elle s’en rendit compte.

— C’est ça, je suis vieille ! Finalement, j’avais raison de me moquer de vos cheveux blancs. Rassurez-vous j’ai un peu plus de dix-huit ans.

— Vous m’en voyez ravi. Vos parents n’ont donc rien à dire.

— Détrompez-vous ! Il faudra passer par la case PAPA pour qu’il accepte que je vous suive. Il voudra éplucher le contrat, le texte. Si ça se trouve, il assistera au tournage, vérifiera les scènes. Et si j’embrasse alors là, mon Dieu ! D’ailleurs, devrais-je embrasser en vrai ? Parce que moi, les bisous avec la langue c’est quand je suis amoureuse ! Pas vous ?

Sidonie n’en pouvait plus de rire derrière son comptoir. Cléo sortait le grand jeu. Ce n’était pas gagné pour le réalisateur.

Sidonie intervint.

— Il se passerait où votre film ?

— En Dordogne.

— C’est joli là-bas ! Cléo, tu en as de la chance.

— Je n’ai pas dit oui. Et quand le Père Rose saura ça !

— Rose ? Du nom de la place de la mairie ?

— Oui monsieur ! Il n’y a pas que vous qui êtes célèbre !

— C’est votre père ?

— Celui de la place ? Mon arrière-grand-père ! C’était un grand résistant. Mon grand-père aussi, il en fait de belles choses. Ils ont caché des enfants juifs chez eux, tout ça, tout ça. Papa est directeur d’école, comme ils l’étaient avant lui. Alors, je ne vous dis pas, ils sont connus ici. Faites un tour à la mairie, il y a de quoi vous instruire.

Devant la surprise des deux hommes, Cléo continua.

— Voilà pourquoi, mon père ne voudra pas que j’aille faire un travail d’artiste. Il n’aime pas ça papa. Il faut du vrai, pas de la bohème ! bon courage pour le décider.

— Dois-je vous rappeler que vous êtes majeure ?

— Je sais ! Mais c’est comme ça chez moi !

Un jeune homme qui ressemblait fortement à Sidonie s’approcha. Il prit dans ses bras Cléo qui lui désigna Arsène et Claudio.

— Tu les reconnais ? Lui est réalisateur, l’autre scénariste, et ils veulent que je tourne dans leur film. Tu le crois toi ? Je vous présente Martin, le jumeau de Sidonie. Nous sommes amis depuis l’école primaire.

Il serra la main des deux hommes. Aussi grand que sa sœur, il sembla fort sympathique à Arsène. C’est donc à lui qu’il demanda s’il pensait qu’il y aurait vraiment un problème avec le père de sa copine.

— Pierre et Margareth Rose sont très protecteurs avec leur fille. Vous devrez bien leur exposer votre projet.

— Ah ! Vous voyez !

Arsène et Claudio laissèrent leurs coordonnées et décidèrent de rentrer à l’hôtel.

— Nous avons pris une chambre. N’hésitez pas à m’appeler ou vos parents, dit le réalisateur. Je serais vraiment ravi que nous travaillions ensemble.

Les trois jeunes gens les regardèrent s’éloigner. Cléo gémit.

— Mon père ne voudra jamais.

— Ton père ou toi ? Quand est-ce que tu décideras par toi-même, Cléo ? C’est l’occasion là !

— Putain, si Noé n’avait pas perdu ses clés, je ne serais pas dans ce bazar.

— Il y a pire quand même ! remarqua Sidonie.

— Je n’ai aucune envie d’entrer dans ce monde.

Cléo regarda ses amis.

— Je suis bien ici, avec mon petit train-train ! et vous deux !

Elle les prit dans ses bras et gémit.

— Pourquoi est-il passé à ce moment-là ? À deux secondes près, il aurait vu Noé, c’était son boulot. Bon d’accord, si c’est une femme qu’il cherche, Noé n’aurait pas fait l’affaire et arrêtez de rire.

Elle saisit la carte laissée par Arsène Maestro, la froissa, la glissa dans son sac de plage.

— Tu m’offres un de tes cocktails maison Sido ?

À suivre…