Bonjour toi 😉
Finalement, j’aime bien le concept d’avoir le point de vue de mes deux personnages au même moment. Je te laisse retrouver Marie-Sophie 😊.
Marie-Sophie
Avec les idées que j’ai en tête, difficile de rester naturelle avec Archibald. Heureusement, les journées sont bien remplies et je n’ai plus seize ans. Encore qu’à cet âge-là, je connaissais déjà Archibald. Maman me serinait que ce garçon l’agaçait. Elle ne voyait pas d’un bon œil ce type qui passait beaucoup de temps à la maison. Mélusine faisait aussi partie de ma vie, mais ma mère trouvait qu’elle était quelqu’un de bien. Archibald, lui, était le bad boy. Celui qui en vieillissant, alors qu’il passait ses examens de boulangerie, venait me faire tester toutes ces créations. Quand il avait ouvert son magasin, maman avait été obligée de remarquer qu’il n’était peut-être pas si infréquentable. Mais elle rabâchait qu’à cause de lui je ne trouverais jamais l’homme de ma vie. Était-ce lui, justement, l’homme de ma vie ?
Mélusine n’a pas dormi à la maison et lorsqu’elle débarque dans la cuisine, je ne peux m’empêcher de rire en la voyant arriver, les cheveux ébouriffés et les yeux cernés, mais elle m’attaque d’entrée :
— Ne t’imagine rien, Enzo a été malade toute la nuit.
Stupéfaite, je demande :
— Où étais-tu alors ? Tu n’as pas couché ici ?
Agacée, elle répond :
— Bien sûr que si, mais tu dormais quand je suis rentrée. J’ai appelé Gabriel et il est venu l’ausculter. Apparemment, c’est une gastro, il a encore dû manger n’importe quoi, gourmand comme il est. Bref, il a dormi avec moi, seulement, Enzo est très remuant la nuit, je n’ai pas beaucoup dormi et de plus, j’étais inquiète.
Je n’ai rien entendu. C’est vrai que j’ai un sommeil de plomb.
— Archibald n’était pas là ?
— Je n’en sais rien, je ne suis pas allée frapper à sa porte. Il était déjà tard et comme je sais qu’il se lève tôt, je n’allais pas le déranger. Tu me sers un café, j’en ai bien besoin. Du coup, je ne pourrai pas t’accompagner dans le food truck, je vais rester avec lui et travailler mes coutures ici. Tu pourras te débrouiller toute seule ?
— Bien sûr, les clients attendront un peu plus avant d’être servis, ils en profiteront pour parler entre eux.
Je n’en reviens pas, c’est Morgan. Mélusine qui l’a reconnu également, murmure :
— Je te laisse MarieSophe.
Il frappa à la porte et attendit que je lui ouvre. Il était là devant moi, je reconnus immédiatement le Morgan d’avant, celui qui m’avait accueilli pour la première fois dans sa chambre d’hôte. Apparemment, l’éloignement lui avait fait du bien. Il souriait et à nouveau, je retrouvai la manière qu’il avait de plisser les yeux quand il me regardait. Mon cœur s’accéléra. Il me tendit la main et m’attira vers lui. Contre lui, je respirai son parfum qui m’avait manqué, je devais l’avouer. C’est ainsi qu’Archibald nous trouva quand il arriva avec le pain frais et autre chose dans la main.
Archibald
Je ne voulais pas me lancer dans la fabrication des viennoiseries alors que je savais parfaitement les fabriquer. Après maintes et maintes fois refusé, j’avais tenté un essai et je voulus en faire la surprise à MarieSophe.
Bien mal m’en a pris, je la trouvai dans les bras de Morgan. Immédiatement, je m’imposai un sourire et ne laissai rien voir de ma déception.
— Morgan ? Quelle bonne surprise ?
Je les vois se détacher et aussitôt je captai le regard de Marie-Sophie. Je la connais suffisamment pour comprendre qu’elle est ravie de le retrouver, mais autre chose aussi est inscrit dans son regard.
Morgan me tendit la main. Quelque chose était changé chez lui et je ne parvenais pas à définir ce que c’était. Dans tous les cas, il semble apaisé et en pleine forme.
— Racontez-moi ! Je ne vous cache pas que Charles m’a mis au courant de tout ce que vous avez entrepris avec le food truck. Cybèle a eu une excellente idée de vous céder son affaire. Vous avez de ses nouvelles ?
Je racontai. Marie-Sophie en profita pour préparer du café. Elle sortit la tasse préférée de Morgan. Depuis le temps qu’il était parti, elle était pourtant restée à la même place.
— Je vais reprendre toutes mes activités et surtout si vous avez besoin de moi, n’hésitez pas. J’ai cru comprendre que mon miel plaisait beaucoup. Je vais retrouver mes ruches et mes chèvres. Vous allez rire, mais mes animaux m’ont fait la fête ce matin.
Je regardai son chien couché à ses pieds.
— Merci à vous tous, j’ai retrouvé ma maison comme si je ne l’avais jamais quitté. C’était une parenthèse que j’ai été obligé de faire.
Il contempla Marie-Sophie qui baissa les yeux.
— Je vous raconterai… ou pas.
Il a avalé son café et posé sa tasse, il nous attrapa tous les deux dans ses bras et nous murmura que nous lui avions manqué et que tout allait bien maintenant.
— Assez de mélancolie, ce n’est pas mon genre, affirma-t-il. Je vais faire un tour au village, saluer tout le monde. Tu viens, le chien ?
L’animal était déjà debout. Morgan nous salua d’un sourire puis s’en alla les mains dans les poches en sifflotant.
— Je suis seule pour le food truck ce matin, dit Marie-Sophie, comme si de rien n’était. Enzo a été malade cette nuit, Mélusine préfère le garder.
Je n’hésitai pas une seconde. Je rattrapai Morgan.
— Ça te dirait de tenir la boulangerie ce matin ? Tu verras tout le monde d’un coup.
Je lui expliquai pourquoi j’avais besoin de lui. Il eut un vrai sourire et me tapa sur l’épaule.
— Très bonne idée, comme ça vous serez tous les deux, ajouta-t-il d’un ton sibyllin.
© Isabelle-Marie d’Angèle