C’est chez Toutlopera que ça se passe ou de l’autre côté du miroir avec quelques contraintes : une pincée de coriandre et de poudre de perlimpinpin. Ah oui, si je pouvais ajouter un oxymore ce serait sympa 😉.
Voici donc mon texte pour cet agenda ironique du mois de juin.
Je te mets la musique du moment ainsi nous sommes connectés 🎶
C’est le jour de l’atelier d’écriture chez Marie ici et voici la consigne à laquelle je me suis attelée 😊 : Je vous invite à écrire un texte avec 5 mots commençants par “par” et les mots suivants : allié, hémisphère, impact, taxi, héliotrope, chance, envol, affirmatif, créole.
le parapluie rouge à pois blancs
Il était une fois un parapluie, rouge à pois blancs (pas noirs, parce qu’on aurait pu le prendre pour une coccinelle) qui s’ennuyait, accroché au paravent de la chambre de Lou parce qu’il faisait toujours soleil comme on dit dans le midi.
– Ne te plains pas se lamenta le parasol, je sors tous les jours et regarde mes couleurs, elles sont toutes passées à force de rester pendant des heures en plein cagnard.
Décidément, la vie était mal faite. Entre l’un qui ne pouvait pas respirer le bon air et l’autre qui était souvent en promenade.
Le parapluie se tortilla dans tous les sens et finit par tomber au sol. Il se redressa et s’ébroua. Il avança en clopinant vers la fenêtre et constata que le ciel était plus nuageux que d’habitude.
– Tu sais quoi ? Cache-toi, aujourd’hui c’est moi qui te remplace. Pour une fois, nous serons alliés au lieu d’être rival.
– Affirmatif, répondit en riant son acolyte et il rampa jusque sous l’armoire où il se glissa.
Lou entra en trombe dans sa chambre. Elle avait appelé un taxi, pas question d’être en retard. Elle saisit sa liste de courses et murmura :
– D’abord la parapharmacie, j’ai besoin de crème solaire.
Un tantinet maniaque, elle ramassa le parapluie sur lequel, elle avait failli marcher. Elle voulut le raccrocher à sa place, mais il se contorsionna et gémit :
– J’ai envie de sortir moi aussi. S’il te plait, fais-moi prendre l’air !
Cartésienne au possible, Lou se massa le front. La musique du voisin vint alors parasiter ses idées. Elle devait être fatiguée ou c’était encore un tour de son cerveau. Quel hémisphère déjà la guidait en premier ? Son prof lui avait dit, mais elle n’avait pas écouté. Pas de chance !
Elle chercha son parasol. Le pauvre, avec l’impact des rayons du soleil dardé sur lui, il avait perdu sa belle couleur rouge.
– Il est sous ton lit, il m’a laissé sa place pour aujourd’hui. Te souviens-tu de Mary Poppins ? Je te propose de prendre ton envol avec moi. Ouvre la fenêtre, accroche-toi à mon manche, n’aie pas peur il est solide, et je t’emmène avec moi. Nous passerons dans le jardin au-dessus des massifs que tu aimes, comme celui des héliotropes et des roses.
– Et ma parapharmacie ?
Lou secoua la tête. Elle parlait à son parapluie.
– Je t’y déposerai, je serai discret. Il y a le parc derrière, tu pourras arriver délicatement sur le banc et t’y asseoir comme si de rien n’était.
Comme si un parapluie avec une nana accrochée à son manche pouvait faire discret ! pourtant, elle répondit :
– Après tout pourquoi pas ?
Un regard dans le miroir, un coup de peigne pour discipliner sa chevelure, un trait de khôl, un soupçon de rose à lèvres et ses créoles aux oreilles pour accentuer son côté fille des îles et elle empoigna son parapluie rouge et blancs.
– Ouvre la fenêtre, je ne sais pas le faire.
– Mais oui bien sûr, j’oubliais tu n’es qu’un parapluie.
Pourtant, elle s’exécuta. Au pire, elle se réveillerait dans son lit et elle penserait que c’était un drôle de rêve, au mieux… Elle n’en crut pas ses yeux quand ses pieds décolèrent.
Voici revenu l’atelier d’écriture de Marie ici et la consigne était celle-ci : Je vous propose d’écrire un texte à partir de la phrase d’introduction suivante: “On ne lui connaissait pas de nom mais dans le village les rumeurs allaient bon train…”
Voici mon texte 👇
Ambre
Phil se souvenait encore de la gamine qui s’était plantée devant lui un matin.
— Comment tu t’appelles ?
— J’sais pas !
Une larme coulait et comme Phil était passionné par les pierres, il choisit de l’appeler Ambre, peut-être aussi parce que ses yeux noyés avaient cette couleur.
Elle tenait serré contre elle un doudou en forme de cœur rouge.
— Tu viens d’où ?
— J’sais pas.
Phil décida de la prendre sous son aile, il était certain que Marius accepterait de l’héberger.
Quand on est gosse, on croit que tout est possible. Lorsqu’il vit la tête de son père à la vue de la petite accrochée à sa main, il sentit que ça n’allait pas marcher comme sur des roulettes, mais il lui fit confiance et il eut raison.
Papa Marius accueillit sa protégée comme si elle était sa fille. Il était comme ça Marius, il faisait fi de toutes les lois. Il s’en moquait même. Cette gamine avait besoin d’aide, il lui en apporterait.
Il évalua son âge en un clin d’œil et appela Joséphine. Elle débarqua avec des coupons de tissus et des vêtements qui pourraient faire l’affaire, le temps qu’elle lui couse les siens.
Aux habitants du village, il clama que son fils l’avait trouvée et qu’il n’allait pas la laisser sans manger et toute nue. Il fit passer son ami médecin qui l’ausculta sous toutes les coutures. La gamine allait bien à part cette amnésie qui la privait de ses souvenirs. Marius n’écouta que son cœur et accepta le prénom d’Ambre choisi par Phil.
L’instit était un copain d’enfance, il prit la petite nouvelle dans l’unique classe qui faisait tous les niveaux. Phil lui fit une place à côté de lui et lui prêta ses crayons, en attendant qu’elle ait sa trousse bien à elle.
C’était un tout petit village, alors comme on ne connaissait pas le nom de la gamine, les rumeurs allaient bon train, on parlait d’un abandon comme on abandonnait un chien à une affaire sordide dont elle avait été témoin.
Comment Marius fit-il pour que Ambre ne soit jamais ennuyée, c’est un grand mystère. Elle alla au collège puis au lycée et désormais, elle portait le nom de Marius.
Elle fit des études d’infirmière alors que Phil voulait être médecin, là aussi, comment Marius eut droit aux bourses pour les deux gamins, mystère.
Une fois son diplôme en poche, elle s’installa là où elle avait été trouvée en tant que libérale et Phil ouvrit un cabinet médical à côté de l’école.
Aujourd’hui le village s’est agrandi et à part Marius et son ami l’instituteur, peu d’habitants se souviennent qu’elle n’avait pas de nom et que les rumeurs sur son compte allaient bon train.
D’ailleurs, il n’y a pas de plaque pour annoncer qu’une infirmière est au village, pas la peine, le bouche à oreilles fonctionne très bien pour dire que si t’as besoin de soins, il y a Ambre qui fait ça très bien.
C’est chez Toutloperaoupresque ici que l’agenda ironique de juillet se passe. Voici les consignes :
« Je vous propose d’écrire un texte en sept parties, dont chacune devra commencer par une note de musique, dans l’ordre composé par Guido d’Arezzo en 1050.
Si ça peut vous aider, voici le texte latin écrit par Guido pour nous permettre de retenir le nom des notes :
« UT queant laxis / Pour que puissent « REsonare fibris / résonner des cordes « MIra gestorum / détendues de nos lèvres « FAmili tuorum, / les merveilles de tes actions, « SOLve polluti / ôte le péché, « LAbii reatum, / de ton impur serviteur, « Sancte Iohannes. / ô Saint Jean.
Donc, si vous voulez remplacer le DO par un UT, vous avez toute liberté de le faire. Comme petite contrainte supplémentaire, je vous demanderai d’employer quelques termes musicaux simples, tels que silence, soupir, croche ou ouverture et portée.
Il n’y a pas d’autre contrainte, sinon celle de nous surprendre et de nous faire sourire. Votre texte pourra être un poème, une nouvelle, une recette de cuisine… Ce que vous aurez envie d’écrire, en bref. »
Chez Marie ici Les consignes étaient les suivantes, commencer un texte avec cette phrase : “Oui puisque ce soir on en parle, puisque ce soir tu me le demandes sans détour, je serais même prêt à aller jusque là, à faire ça pour toi, tu as l’air de tellement y tenir, ça à l’air si important pour toi, alors si ça peut te faire plaisir pas d’état d’âme, je te suivrai, je ferai ce que tu me diras.”
Voici ma participation complètement décalée 👇 😊
L’attraction
— Oui puisque ce soir on en parle, puisque ce soir tu me le demandes sans détour, je serais même prêt à aller jusque-là, à faire ça pour toi, tu as l’air de tellement y tenir, ça à l’air si important pour toi, alors si ça peut te faire plaisir pas d’état d’âme, je te suivrai, je ferai ce que tu me diras.
— Sérieux ? Tu ferais ça pour moi ?
Jules a les yeux qui brillent et le sourire jusqu’en haut des oreilles. Du coup, Tom se demande s’il n’a pas été trop loin. Il tente de se reprendre, mais Jules ne le laisse pas parler et lui saisit la main.
— Attends, où m’emmènes-tu ?
Jules attrape son foulard rouge qu’il arbore fièrement quand il joue au cow-boy et le noue sur les yeux de son père.
— Ah ! tu as promis, ne te défile pas. Tu as toujours dit qu’une promesse devait être tenue.
— Ah bon j’ai dit ça moi ?
Tom commence à flipper sérieusement. C’est mercredi et c’est lui qui est chargé de la garde de son fils. Une semaine sur deux, il a décidé de prendre ce jour de repos pour lui. Infirmière libérale, Juliette ne peut pas souvent se libérer.
Justement, elle se gare devant la maison entre deux patients. Jules met un doigt sur sa bouche. Elle ne dit rien et sourit.
— Ton fils m’emmène je ne sais pas où.
— Notre fils, rectifia -t-elle en riant.
Il bougonna et se laissa entrainer. Lorsqu’il entendit la musique et qu’il sentit l’odeur de barbe à papa lui chatouiller les narines, son cœur s’emballa. Il voulut arracher le foulard et prendre ses jambes à son cou, mais Jules lui tenait fermement la main et prenait son rôle très au sérieux de guide.
Tom ne vit pas les sourires goguenards des passants, il tentait de se calmer. Il avait une peur effroyable des fêtes foraines et des manèges. Juliette n’avait pas le temps de s’occuper de son petit garçon, Jules n’avait donc trouvé que ce moyen pour pouvoir monter dans un grand manège. Il n’avait le droit que s’il était accompagné d’un adulte. Il en avait tellement rêvé.
Il avait pris de l’argent dans sa tirelire, il ne ferait qu’un tour, c’était déjà bien. Toujours les yeux bandés, Tom comprit qu’il s’approchait de l’attraction dont lui parlait sans cesse son gamin. Il n’avait jamais voulu la voir. Il ne savait donc pas qu’il allait s’envoler dans les airs, tourner à l’endroit et à l’envers.
Pourvu qu’il ne s’évanouisse pas ou au pire vomisse. Il ne souhaitait pas être la risée du village et faire honte à Jules. Il serra les dents et suivit le mouvement.
Jules le fit assoir et prit place près de lui. Tom entendit le coup de sifflet, signe du départ, le manège se mit en branle. Jules enleva le foulard. Tom se trouvait dans le camion pompier d’un petit manège et Jules souriait.
— T’as vraiment cru que j’allais t’embarquer sur ce machin-là ?
Il désigna l’attraction qui venait de démarrer.
— Mais Jules, tu pouvais monter seul ici. Il suffisait juste de me demander de t’accompagner.
— Tu n’aimes pas les fêtes foraines. Mais je suis content, tu m’as suivi.
Le tour se termina sans que Jules pense à attraper la queue de Mickey.
Ils descendirent ensemble. Tom s’approcha du grand manège. Il prit son fils par la main, le passa sous la toise afin de vérifier qu’il avait la bonne taille et acheta deux tickets.
Bravement, Jules s’assit à côté de son père. Il regarda plusieurs fois que la ceinture de sécurité était bien attachée à lui comme à son papa. Tous deux n’en menaient pas large quand la machine se mit en route.
Mais que dire du sourire qu’ils affichaient quand ils descendirent tous deux, le cœur en déroute, les cheveux en désordre, leurs doigts emmêlés.
— C’était trop bien ! Merci.
Jules se serra contre Tom qui referma les bras sur lui. D’accord, il avait cru sa dernière arrivée, il avait fermé les yeux et serré les dents, mais les cris de joie de son fils avaient réussi à lui faire oublier sa peur. Pourtant, in petto, il se promit de ne plus jamais se laisser embarquer de cette façon.
L’agenda ironique de juin 2022 se déroule chez le retour du Flying Bumici avec ces consignes : C’est à mon tour de vous accueillir ce mois-ci dans ce merveilleux rendez-vous littéraire et amical. Comme juin inaugure notre été, nous qui habitons l’hémisphère nord, quoi de mieux pour sujet qu’un des petits bonheurs par excellence de la belle saison et j’ai nommé le pique-nique. Ce sera le thème pour juin. Mais, pas de pique-nique sans les enquiquineuses comme les fourmis et autres insectes piqueurs ou suceurs, cette fois-ci ce seront des mots bien singuliers qui devront coûte que coûte s’inviter au pique-nique : flavescent, amphigourique, sycophante et nidoreux. Sans toutefois gâcher le pique-nique quand même. Et tant qu’aller pique-niquer en région, pourquoi ne pas y ajouter aussi un régionalisme ou deux ?
Voici donc ma participation 👇
Un pique-nique bruyant
C’était le pique-nique habituel organisé par le village. La bande de copains qui se connaissait depuis des années se retrouva une fois de plus à étaler la nappe rouge à petits carreaux.
Les jambons tournaient au barbecue et les femmes de l’association du Comité des Fêtes, préparaient les assiettes de hors-d’œuvre, la célèbre assiette gersoise.
Au fil du temps des trois garçons et des deux filles des années lycée, s’étaient ajoutés les compagnes et maris. Corentin était seul, il venait de se séparer de Sylvie. Elle n’avait jamais été tout à fait appréciée de l’équipe d’amis. Snob, une vraie pouf comme l’appelait Virginie, elle était loin d’avoir fait l’unanimité.
Alors que chacun s’activait à vider les paniers des couverts et des verres, Corinne s’approcha de Virginie pour lui glisser à l’oreille qu’elle était bien contente que la Pouf ne soit pas là.
— Avec ses cheveux flavescents, elle me faisait pitié.
— Je t’ai entendu, grogna Corentin. Avec tes mots à l’emporte-pièce auquel on comprend rien, tu ne vas pas recommencer. Étaler ton savoir, ça tu sais faire. On le sait que t’es prof !
— Et bé, ça commence bien, remarqua Philippe avec son accent du Midi bien prononcé. Qué passa ?
— Oh ça va, j’ai juste dit qu’avec ses cheveux blonds à la Maryline, elle faisait tache !
— Tu t’es tachée ? demanda l’amoureux de Corinne, Roméo, qui avait l’art de tout comprendre de travers. Il entendait une vache braire dans une étable, mais il ne savait pas laquelle, se moquaient ses copains.
Corinne haussa les épaules et continua d’installer les couverts sur la nappe.
Une musique d’ambiance offerte par un orchestre du coin jouait en sourdine. Le parfum des jambons qui braisaient attisaient l’appétit et les organisateurs commencèrent à rameuter la foule pour l’apéro.
Chacun retrouvait un ami, un voisin et le ton monta d’un cran. C’était bon enfant. Soudain, le bruit d’un tracteur résonna et effarés les gens aperçurent le Léonce qui faisait vrombir son engin.
— Il ne va pas faire ça ?
— Bien sûr que si, répondit Roméo. Il n’est pas content que le pique-nique se fasse à côté de de chez lui, le gonze n’a qu’à venir, mais il est bien trop près de ses sous.
— Tu parles, pour douze euros, il peut bien se fendre d’un billet, rétorqua Philippe le compagnon de Virginie.
— Boudu, s’écria Roméo, il va épandre son fumier.
Le président du comité des fêtes tenta une approche en faisant de grands signes à l’agriculteur. Celui-ci vint vers lui juché sur son tracteur qu’il n’arrêta pas. Il leur montra qu’il n’entendait rien.
— Quel Pègue (idiot) pesta Greg.
— Arrête ton moteur, cria le responsable de l’organisation, tu vois bien qu’on va déjeuner.
Léonce gesticulait et beuglait également. Personne ne comprenait son langage amphigourique d’où il ressortait qu’il devait absolument faire son travail avant la pluie.
— Quelle cagade !
Personne ne parvint à stopper ce mauvais coucheur et bientôt un parfum nidoreux envahit l’atmosphère, déclenchant le fou rire de Léonce qui s’évertuait à passer près de l’emplacement dédié au pique-nique.
— Tu l’avais pas prévenu ?
— Complètement barjo le mec !
— Il joue au sycophante, c’est sûr !
— C’est quoi ?
— On n’a plus qu’à remballer !
— Et les jambons ?
— Moi j’ai faim !
Chacun y allait de son petit mot alors que l’orchestre jouait l’Hymne de nos campagnes de Tryo.
Y a pas à dire, dans le Sud-ouest on sait s’amuser, pensait Corentin.
Il regardait avec ironie tout ce monde qui finalement trinquait en riant en levant bien haut le verre à chaque fois que le Léonce passait devant eux.
La bande de copains se regroupa autour de l’assiette gersoise composée de magret séché et de gésiers confits sur un lit de salade. Puis vint le tour de découper les jambons accompagnés de flageolets. Les verres se succédant au rythme du passage du tracteur, les voix s’envolaient, le ton montait, les rires fusaient. Suivant comment le couteau coupait, certain avait une tranche épaisse alors qu’autres voyaient le journal à travers. Les flageolets étaient servis à la louche et noyaient la viande.
— À nous !
L’orchestre entonna allez viens boire un p’tit coup à la maison et tout le monde se mit à danser au bruit de l’accordéon et du ronflons de Léonce.
Joli cru ce pique-nique ! Les habitants de la commune s’en souviendraient.
Ici chez Marie la consigne était celle-ci : écrire un texte à partir de la citation suivante “pour bien écrire, il faut savoir vivre et revivre ses souvenirs” Alain Mabanckou.
Voici donc ma participation :
Je t’écris cette lettre
Cher ami,
Je ne sais plus trop comment t’appeler, ça fait si longtemps que je n’ai plus de tes nouvelles. J’envoie cette lettre, un peu comme une bouteille à la mer. J’ai gardé ton ancienne adresse, j’espère que tu y habites encore.
Te souviens-tu de nos fous rires dans ta rue qui descendait à pic vers l’océan ? J’ai bien failli m’étaler des dizaines de fois, mais tu as toujours réussi à me rattraper par la main. Le croirais-tu si je te disais que je le faisais exprès pour sentir tes doigts entrelacer les miens ?
Que deviens-tu ? Tu as disparu, comme ça, du jour au lendemain et je n’ai plus jamais eu de contact avec toi. Pourquoi ?
Te souviens-tu des danses sur la plage avec les copains ? Tu chantais en t’accompagnant à la guitare autour d’un feu que nous allumions tard le soir pour ne déranger personne et surtout pas les gendarmes.
Dix ans sans nouvelles, c’est long ! J’ai bien tenté de soudoyer tes anciens amis, mais personne ne savait rien. Est-ce parce que tu l’avais voulu ainsi ? En tout cas, ils ont respecté à la lettre tes consignes, pas un mot sur ton départ. Ils font tous leur vie, ailleurs.
Figure-toi que je suis tombée sur un roman à la librairie et j’ai tout de suite pensé à toi quand j’ai vu la couverture. Le titre Revivre ses souvenirs m’a immédiatement interpellée.
Tu sais que j’ai un cahier empli des idées que tu me chuchotais à l’oreille quand tu étais en pleine phase de reconstruire le monde. Tu me disais souvent que ton rêve était de devenir écrivain et que pour y parvenir, il fallait revivre ses souvenirs pour que l’écriture soit belle.
J’ai acheté ce bouquin. J’ai cherché s’il y avait une présentation de l’auteur, j’aurais peut-être eu la chance que ça soit toi, mais rien ! C’est bien ma veine, il souhaite rester anonyme.
Je l’ai lu. Si ce n’est pas toi qui as écrit ces mots, ça y ressemble drôlement. Même si les noms ne sont pas les nôtres, j’ai l’impression de nous reconnaitre. Tout y est, les parfums d’été, les révisions du bac, les soirées d’anniversaire, les feux de camp avec la guitare et une danseuse qui me ressemble furieusement.
J’espère que ma lettre te trouvera et que mes mots te rappelleront nos souvenirs et surtout nos projets, tous, t’en rappelles — tu ?
À bientôt de tes nouvelles… peut-être qu’en écrivant à ta maison d’édition, j’aurai plus de chance ? Je ne lâche rien, je respire sans toi et je revis tous les jours nos souvenirs en les racontant sur un cahier d’écolier, mais j’aimerais pouvoir aller de l’avant et ne plus regarder en arrière. Si cette lettre n’a pas de réponse, je fermerai mon cahier et inscrirai le mot FIN.
J’ai découvert l’atelier de Ghislaine ici et je relève le défi parce que j’aime les défis, l’écriture et partager les blogs que je visite.
La consigne choisie était de placer ces mots : Clamer – Nuit – Ennemis – Gare – Mémoire – Bougies – Années – Vaciller.
Une Bonne nouvelle
Elle se rappelait avec nostalgie ces années où il l’abandonnait chaque dimanche soir. Il ne l’abandonnait pas, il partait seulement travailler. Elle grelottait de froid, la neige tombait et la nuit les enveloppait sur ce quai de gare. Le train et la solitude étaient ses pires ennemis. Elle craignait toujours de vaciller quand il lâchait sa main.
Rien que le bruit de cette énorme machine qui s’arrêtait dans un crissement de ferrailles, lui écorchait les oreilles. Et que dire du redémarrage dès que le coup de sifflet retentissait, il lui arrachait le cœur. Elle ne s’y ferait jamais.
Clamer à tout vent sa détresse lorsqu’elle rentrait seule dans leur maison, sa mémoire lui en restituait tous les détails. Le chien qui venait lui lécher les mains puis le chat se frottant contre ses jambes.
À chaque fois, elle se pelotonnait sur le canapé puis la vie reprenait son cours.
Mais aujourd’hui, il revenait avec une merveilleuse nouvelle. Il ne partirait plus aussi loin, une promotion lui était offerte. Elle pourrait même l’accompagner. De nouveaux projets se profilaient.
Finis les quais de gare et les séparations qu’elle ne supportait plus. C’était la fête ce soir. Elle sortit la nappe des grandes occasions, les assiettes avec un joli fil doré qu’ils aimaient tous les deux puis elle alluma les bougies.
Chez Marie ici la consigne de la semaine pour l’atelier d’écriture était la suivante : je vous invite à écrire un texte ou un poème à partir des données suivantes : Anciennement gardien de la paix, Marion Blédine a lancé un atelier de réparation et d’entretien de radiocassettes au rez-de-chaussée de son ancien bureau. Elle nous raconte sa reconversion.
Voici ma participation 👇
Je me demande encore ce qui m’est passé par la tête. Moi, Marion Blédine, anciennement gardien de la paix, reconvertie en réparateur de radiocassette.
C’est sûr que je ne vais pas crouler sous les demandes, vu qu’il n’y a pratiquement plus de radiocassettes. Tu en as encore un toi ? Avoue ! Tu préfères écouter ta musique sur une plateforme en ligne. En plus, tu as tous les nouveaux succès qui sortent illico.
Mais que veux-tu, lorsque j’étais gamine, j’écoutais Sheila et Ringo sur mon vieux machin à cassettes. Même qu’oublié dans la voiture, sur la plage arrière, il avait fondu. Oui madame ! Dans le sud, ça rigole pas, quand le soleil brille. ! Faut dire, que je viens du nord, avant que ça fonde chez moi, tu peux attendre que les poules aient des dents.
Bref, alors que je faisais du rangement dans ma vieille maison, oui ça m’arrive, je suis tombée sur mes reliques de cassette. Mais comment les écouter vu que les radiocassettes n’existent plus ? C’est pourquoi j’ai fouillé dans mon grenier et je l’ai retrouvé. Noir et presque flambant neuf, doubles cassettes s’il vous plait ! (Je ne sais toujours pas pourquoi d’ailleurs, vu que tu ne peux qu’en écouter une à la fois).
Qu’est-ce que j’ai fait à ton avis ? J’ai glissé Sheila dans la machine. J’avais presque la larme à l’œil à l’idée de me replonger dans mes souvenirs. Ouais ! question souvenir, rien, nada. Un ronronnement parce que le son était à fond, vu que j’étais certaine que ça allait marcher, et rien d’autre. L’école était bien finie pour Sheila et pour moi aussi. Quant à l’heure de la sortie, elle avait sonné pour moi. Gardien de la paix, ras-le-bol, j’avais trouvé ce que j’allais faire à la place.
C’est bien beau tout ça, mais quand on n’y connait rien, comment veux-tu promettre des monts et merveilles à tes clients ? Et bien on se forme ma p’tite dame, voilà tout. Il devait bien y avoir un bouquin qui existait sur les réparateurs de radiocassette pour les nuls vu que pour les nuls, il existe plein de trucs.
J’ai décidé de m’installer dans mon ancien bureau, en bas, comme ça, si des personnes à mobilité réduite avaient envie de venir faire réparer leur bazar, pas besoin de chercher un ascenseur et puis ma porte à carreaux est ouverte, facile de passer la tête.
— C’est toi le réparateur de radiocassette ?
Je sursaute, prise en flagrant délit de rêvasserie (ça ne m’arrivait jamais quand j’étais gardien de la paix) et me trouve face à un ado à l’allure dégingandée (mon ancien métier prend le dessus, je le toise et me dit que je ne l’ai jamais vu trainer dans le quartier).
Il pose sur mon bureau le même radiocassette que le mien. J’y crois pas. Un double, tout pareil !
— J’suis trop content, il n’y en a pas beaucoup des gens comme toi qui réparent ces appareils. Je pourrai l’avoir pour quand ? Regarde, quand on met les cassettes, tout s’embobine de travers. Tu pourras la récupérer ma cassette ? Au fait, j’te tutoie c’est grave ? Mais t’étais pas gardien de la paix avant ?
Je souris à ce grand garçon, bien sympathique.
— En fait, je n’y connais pas grand-chose. Tu es mon premier client. Regarde, j’ai un bouquin. Je pense que je vais m’en sortir.
— Si t’as besoin d’aide, j’ai un pote qui tâte un peu dans les réparations en tout genre. Si tu veux je l’appelle.
Il n’attend pas ma réponse et même pas dix minutes plus tard, un autre grand dadais fait irruption chez moi.
— J’y crois pas, tu fais dans le business maintenant ? Tape-là, on va s’aider, tu vas voir. T’es plus dans la police hein ?
C’est un exercice difficile auquel je me suis frottée pour l’atelier d’écriture de Marie ici. La consigne était celle-ci :
Pour la semaine prochaine, je vous invite cette fois à la poésie en partant du poème “mon rêve familier” de Paul Verlaine et en changeant à votre guise les morceaux de phrases en gras (d’après une proposition de Josée):
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime, Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon cœur transparent Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l’ignore. Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore, Comme ceux des aimés que la vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L’inflexion des voix chères qui se sont tues.
Voici donc ma participation, que Verlaine me pardonne 😏 je ne possède pas sa poésie. Toutefois, j’ai relevé le challenge.