Journal de Marie-Sophie

Bonjour toi 😉

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Marie-Sophie

Pourquoi était-ce toujours chez moi que les âmes blessées débarquaient ? J’allais partir quand François avait frappé à ma porte. Surprise, je l’accueillis avec le sourire.

— Si tu cherches Mélusine, elle n’est pas là.

— C’est à toi que je désirais parler.

Je regardais l’heure. C’était le jour de ma tournée et le temps que je rejoigne le Foodtruck, que je le remplisse des pains frais, j’allais être en retard.

— Tu es pressée ? Je t’embête ?

François était un type qui ne voulait jamais déranger et qui était toujours très discret. Il me fit de la peine, je l’invitai à entrer.

— Je préviens Archibald que je ne serai pas à l’heure et je suis à toi.

Heureusement qu’il était compréhensif Archi et que, par chance, Maddi était déjà arrivée. Elle allait commencer le chargement.

— Je te donne dix minutes et tu m’emmèneras, ça ira plus vite en voiture.

Il acquiesça et accepta le mug de café tout chaud. Il ne prit pas le temps de s’asseoir.

— Est-ce que Mélusine a rencontré quelqu’un ?

Stupéfaite par l’attaque, je rougis et bégayais un lamentable :

— Qu’est-ce que tu racontes ? En voilà une idée.

Je n’ai jamais su mentir et à la manière dont je me détournais rapidement, il comprit immédiatement.

— Je m’en doutais. Tu le connais ?

Ce n’était pas à moi de lui apprendre la vérité, je tentai de gagner du temps.

— Elle t’a dit quelque chose ?

— Donc c’est vrai, elle a quelqu’un.

Il posa sa tasse.

— Attends… elle t’aime François, ça, je le sais.

— Mais…

J’hésitais, puis je me jetais à l’eau et tant pis, si Mélusine m’engueulait. Elle n’avait qu’à lui parler.

— Tu connais le polyamour ?

Il murmura un ouais en soupirant.

— D’accord, j’ai compris. Elle en aime un autre tout comme moi.

Je respirai mieux. Il était un peu au courant.

— Je sentais bien qu’elle voulait m’avouer quelque chose. Tu es adepte de ça, toi ?

Je compris aussitôt tout le dédain dans le mot ça.

— Pas du tout. J’ai déjà du mal à rendre heureux un homme alors deux… je n’imagine même pas.

Je tentai de rire, mais sa réponse me cloua sur place.

— Pourquoi ne suis-je pas tombé amoureux de toi ? C’est vrai, tu es belle, tu es libre, tu es…

— Stop ! je ne suis pas libre, je vais me marier.

Il rit.

— C’était une boutade Marie-Sophie. Mais il n’empêche que tout aurait été plus simple.

— Ma vie amoureuse n’est pas non plus de tout repos, regarde ce qu’il s’est passé avec Morgan.

Le silence s’installa, mais je ne pouvais pas m’attarder plus longtemps.

— Tu m’emmènes ?

Je l’entrainai dehors. À peine assis au volant, il reprit :

— Que dois-je faire pour la garder ? Accepter de la partager ? Ce n’est pas du tout comme ça que j’envisageais ma vie avec elle.

Je ne sus quoi lui répondre. À sa place, je ne pourrais pas non plus partager Archibald. Lorsque nous arrivâmes à la boulangerie, Mélusine en sortait. Elle nous aperçut descendre tous les deux de la voiture. Elle s’avança vers nous tout sourire. Je pris les devants.

— François a débarqué à la maison pensant te trouver, comme je n’étais pas en avance, il m’a amené jusqu’ici.

Je me tournais vers lui et dis :

— Tu as de la chance, Mélusine va pouvoir repartir avec toi.

Je les abandonnais aussitôt, mais j’entendis Mélusine répondre :

— Je peux te présenter quelqu’un ?

Je jetais un coup d’œil en arrière et j’aperçus le toubib accompagné.

Je ne voulus pas en savoir davantage, j’entrais dans la boulangerie. Elle n’allait quand même pas les mettre face à face !

Curieuse comme je l’étais, je ne pus m’empêcher de les espionner par la vitre du laboratoire. Je vis les deux hommes se serrer la main et la jeune femme embrasser François.

— Qu’est-ce que tu regardes ?

Archibald passa son bras autour de mes épaules. Je me blottis contre lui. L’amour avec lui était beaucoup plus simple, mais je n’étais pas au bout de mes surprises.

— Elle va faire les présentations, elle n’a trouvé que ce stratagème pour expliquer à François ce qu’est le Polyamour.

— Tu étais au courant ? l’interrogeais-je surprise ?

— Elle vient de m’en parler et j’ai du coup rencontré Bastian et Cassandre sa compagne.

Je soupirais.

— Tu vas t’ennuyer avec moi finalement, je n’ai pas la fantaisie qu’à Mélusine.

Il éclata de rire.

— Le polyamour tu appelles ça de la fantaisie ? Alors, tu vois, je préfère ta fantaisie à toi. Te partager, ce n’est pas pour moi, j’en ai bien trop souffert quand tu étais avec Morgan.

Il retourna aussitôt à ses fours regrettant presque de s’être livré. Maddi nous rejoignit coupant court à la conversation.

C’est alors que j’aperçus Gabriel. Il salua Mélusine, serra la main de François et Bastian et sidérée, je le vis embrasser Cassandre. Je réalisais qu’ils devaient tous se connaitre, Mélusine ne m’avait-elle pas dit que Cassandre était au service des urgences ?

François était le seul dont le sourire n’atteignait pas ses yeux. J’eus mal pour lui.

Gabriel

Finalement la visite de la maison s’était bien passée. J’ai découvert que Cassandre était amusante et ne se prenait pas la tête. J’ai vite compris que je lui plaisais et qu’elle n’était pas contre que j’aille chez elle pour terminer l’après-midi. Je comptais retourner à l’hôpital, je me suis laissé tenter.

C’était sympa chez elle, mais je réalisais rapidement qu’elle ne vivait pas seule à regarder les photos d’elle en couple. Je connaissais son mec, c’était un gynéco. Nous nous étions déjà rencontrés. Elle me mit tout de suite à l’aise alors qu’elle me demandait ce que je désirais boire. Elle m’apprit qu’elle et Bastian son compagnon s’aimaient, mais chacun était libre de voir ailleurs. Elle m’expliqua ce qu’était le polyamour. Ma foi, pourquoi pas ! Celle qui occupait mes pensées n’en avait rien à faire alors pourquoi refuser ce que cette femme m’offrait.

Elle me tendit un verre de jus de fruits, je ne voulais pas boire, parce qu’on pouvait toujours m’appeler. C’était ça les urgences et j’en étais le chef.

C’était beau chez elle, tout blanc, du canapé aux murs en passant par les rideaux. Je n’ai pu m’empêcher de lui faire remarquer que ça ressemblait un peu à l’hôpital. Elle rit et s’assit sur un fauteuil en repliant ses jambes sous elle. Elle dégageait un charme fou et j’avoue qu’il n’en fallait pas plus pour que je me laisse séduire, ce qu’elle comprit très vite. Bastian étant de garde, nous étions seuls.

Je ne me sentis pas à l’aise quand je la retrouvais avec son compagnon face à la boulangerie. De plus, Mélusine était avec eux. Je captais un mouvement derrière la vitre de la boutique, Marie-Sophie sans doute. Je compris rapidement que Mélusine et Bastian avaient une histoire. Elle ne manquait pas d’air la mère de mon fils, parce que François, lui, ne semblait pas être dans le même délire. Je sentis la colère gronder en moi quand je repensais comment elle m’avait eu pour qu’elle tombe enceinte.

— Alors vieux, ça va ?

Bastian me regardait en souriant. Il était au courant.

— Ne sois pas gêné, Cassandre m’a parlé de toi dès que je suis rentré. Finalement, entre toubibs, ce n’est pas vraiment de la trahison.

Je n’en crus pas mes oreilles, Cassandre aurait tout raconté ? D’ici qu’il me demande comment je la trouvais et qu’il fasse des comparaisons ! le polyamour, décidément, très peu pour moi. Je croisais le regard de François. Ce n’était pas son truc non plus apparemment ! Nous voilà bien, nous pourrions créer un club !

J’entendis le bruit d’un moteur qui démarrait. Je me retournai et vis Marie-Sophie qui partait avec son Foodtruck. Mélusine lui fit signe quand elle passa devant nous. Bastian murmurera à sa compagne :

— C’est la copine du boulanger, elle me fait craquer à chaque fois, mais je crois te l’avoir déjà dit.

Cassandre sourit, mais je n’entendis pas sa réponse. Allons bon, Bastian, un coureur de jupons au service gynéco, ah bravo ! J’étais dégoûté.

© Isabelle-Marie d’Angèle (avril 2024).

À très vite…

Journal de Marie-Sophie

Bonjour toi 😉

Quel imbécile ! Pour le coup, j’avais tout fichu en l’air. Qu’avais-je donc dans la tête ?

Quand je suis arrivé à l’hôpital, j’étais d’une humeur massacrante. Chef de service des urgences, je devais récupérer rapidement. Mon équipe était bien suffisamment sur les dents, pas question d’en rajouter.

Je filai me changer dans les vestiaires et passai à mon bureau. La nuit avait été mouvementée comme d’habitude avec son lot d’accidents, de bagarres et d’urgences médicales.

J’allumai mon ordinateur et jetai un œil au post-it collé sur le clavier. Je soupirai.

Stupide ! Je l’avais été de bout en bout. J’avais repéré depuis quelques jours une jolie maison que je comptais acheter. Elle avait trois chambres. Enzo aurait eu la sienne et j’avais imaginé que Marie-Sophie nous rejoindrait.

Un coup discret à ma porte me fit lever les yeux, Cassandre l’infirmière en chef passa la tête.

— Il me semblait bien vous avoir vu arriver, docteur. Vous n’étiez pas de repos aujourd’hui ?

Elle me souriait et si je n’étais pas aussi amoureux de Marie-Sophie, j’aurais pu me laisser séduire pas cette jolie femme au regard bleu océan.

— Je n’ai pas encore trouvé de chez moi, j’avoue que le gîte où j’habite me déprime un peu. Je vais en profiter pour trier mes mails, mais n’hésitez pas à me biper si vous êtes en sous-effectif.

— Nous n’étions pas habitués à ça avec l’ancien chef, remarqua ma collègue.

Nous entendîmes en même temps une débandade dans les couloirs, signe qu’une ambulance arrivait et qu’il y devait y avoir eu un accident. Plusieurs sirènes retentirent. Je me levai et la suivant en courant, je lui dis :

— Je crois que j’ai bien fait finalement de venir, vous allez avoir besoin de moi.

J’avais passé ma blouse. Les infirmières se précipitaient, elles prirent quand même le temps de me saluer alors que Cassandre commençait à compter le nombre de lits qu’il y avait pour accueillir les patients.

Incroyable, j’avais une journée de libre. Pas de Foodtruck ni de boulangerie. Maddie était en place et Archibald souhaitait qu’elle fasse plus d’heures afin que je puisse faire autre chose, comme m’occuper de notre mariage par exemple.

Du coup, je lui avais proposé de voir avec lui sa comptabilité, mais il avait refusé en disant qu’il avait un professionnel qui faisait ça très bien. Je lui avais rappelé que je m’y connais un peu et qu’il pourrait ainsi faire des économies. Archibald avait été catégorique. Il n’avait pas de problème de trésorerie et il préférait faire travailler les personnes qui en avaient fait leur métier.

J’étais donc libre comme l’air. Pourquoi ai-je eu envie d’aller retrouver Gabriel pour avoir une explication avec lui ?

Mélusine était occupée ailleurs et Enzo était l’école. Je pris la voiture et la direction de l’hôpital.

C’était le bazar là-bas. Je m’en rendis vite compte en découvrant le balai des ambulances et des brancards.

De plus, le parking était plein. Je me garai dans une petite rue adjacente et sans réfléchir, composai le numéro de Gabriel.

Je sentis mon portable vibrer alors que je soufflais un peu. Un grave accident avait eu lieu dans la périphérie et c’était vers notre service que les pompiers et ambulanciers s’étaient dirigés. Heureusement, je ne comptais pas de décès et tout était sous contrôle.

Lorsque je découvris qui m’appelait, mon premier réflexe fut de lui parler. Mais une infirmière me tendait des papiers à signer et le répondeur s’enclencha.

Je rejoignis mon bureau tout en l’écoutant. Marie-Sophie était sur le parking. Pour ne pas changer d’avis, je textotai aussitôt que j’étais très occupé et que je n’avais pas de temps à lui consacrer et je rangeai mon portable. Je croisai Cassandre qui se dirigeait vers la machine à café.

— Je vous en offre un, même s’il n’est pas terrible ? J’ai cinq minutes.

J’acceptai sans hésiter et alors que j’attendais que le liquide emplisse le gobelet, je m’entendis lui demander si elle voulait venir avec moi visiter la maison que j’avais repérée.

— Où est-elle située ? m’interrogea-t-elle intéressée.

Je n’avais pas retenu l’adresse.

— S’il n’y a pas d’imprévu, je termine à 14 heures, je suis libre cet après-midi.

J’acquiesçai, jetai le verre en plastique dans la poubelle et repartis vers mon bureau. Je regrettai déjà ma demande complètement loufoque.

J’aurais dû me douter que Gabriel était occupé. J’allais repartir quand j’aperçus Mélusine qui sortait de l’établissement. Surprise et en même temps inquiète, je descendis de la voiture.

— Qu’est-ce que tu fais là Marie-Sophie, tu n’étais pas off aujourd’hui ?

Elle fronça les sourcils et me toisa :

— Ne me dis pas que tu étais venu voir Gabriel ?

— Et toi que fais-tu ici ? Tu es malade ?

À remarquer son sourire, ça ne devait pas être grave. J’avisai aussitôt le service dont elle sortait.

— Non, Marie-Sophie, je ne suis pas enceinte.

Elle n’ajouta rien de plus.

— Où es-tu garée ?

Elle fit un geste vague pour me désigner sa voiture. Je la connaissais bien. Elle me cachait quelque chose.

— OK, je vais tout te raconter, mais tu promets de ne pas me juger ?

Je me revis quand nous étions plus jeunes et je faillis dire croix de bois croix de fer, si je mens je vais en enfer. Je promis sans rien ajouter.

— J’ai rencontré quelqu’un.

Je tombais des nues. Je la croyais amoureuse de François. Je ne pipai mot. Elle s’installa à côté de moi dans la voiture.

— Il travaille ici dans le service maternité, il est gynéco.

Décidément, encore un toubib !

— Il s’appelle Bastian Ezkarai. Regarde.

Je ne pouvais plus l’arrêter. Elle me montra sa photo sur Instagram. Apparemment, il était fan des réseaux sociaux. Je l’avais déjà rencontré, il venait souvent acheter son pain à la boulangerie, mais… il n’était pas seul.

— Tu le vois depuis longtemps ?

— Quelques semaines maintenant. Sa femme aime mes créations.

Elle baissa les yeux. Je murmurai :

— Mélusine… il n’est pas libre.

— Je sais.

Je soupirai. Dans quel guêpier s’était-elle fourrée. Dans peu de temps, tout allait se propager dans le village.

— Il faut que je t’avoue un truc, MarieSophe.

Elle se tortillait les doigts, signe de sa part qu’elle ne savait pas comment me le dire. Je posai la main sur son épaule. Nous étions amies depuis longtemps, elle pouvait me faire confiance.

— Je ne suis pas comme toi, je ne peux pas être la femme d’un seul homme, je peux en aimer plusieurs à la fois. Tu connais le Polyamour ?

Je n’étais pas née de la dernière pluie et je n’étais même pas étonnée. Je savais depuis des années que Mélusine papillonnait. Combien de fois avec Archibald, nous l’avions traitée de cœur d’artichaut. Elle en avait laissé sur le bas-côté des transis d’amour pour elle. Comment avais-je pu imaginer qu’elle se caserait enfin avec François ? Le mariage, la vie à deux, ce n’était pas pour elle. Elle était fidèle à sa manière.

— Bastian et sa femme sont un couple très libre. Il me l’a clairement dit quand nous avons commencé à nous voir. Elle fait la même chose de son côté. Elle est infirmière en chef au service des urgences.

— Et François ?

— C’est là le problème. Il n’est pas du tout adepte du Polyamour. Je n’ai pas encore réussi à lui parler. Je ne veux pas le perdre parce que je l’aime aussi, mais je ne peux pas lui donner l’exclusivité.

Quel drôle de mot quand on parle d’amour !

© Isabelle-Marie d’Angèle (avril 2024)

À très vite…

Journal de Marie-Sophie

Bonjour toi 😉

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Je ne faisais pas la tête à Archibald, depuis le temps que je le connaissais, je crois que nous n’étions jamais restés fâchés. Oui, mais voilà, ça c’était avant. Lorsque nous étions amis, ce n’était pas du tout la même chose.

L’histoire avec Gabriel m’avait perturbée et comme me le répétait Mélusine, ça ne devrait pas. Archibald s’était expliqué, c’était au moment où je l’avais presque supplié de ne rien dire de nous deux. Il n’avait pas pris au sérieux Gabriel et l’avait incité à aller tenter sa chance sans réfléchir et il avait complètement oublié de m’en parler.

Comme le remarquait Mélusine à sa façon et elle ne mâchait pas ses mots :

— Gabriel est un con !

Puis elle en rajoutait :

— Il fallait vraiment qu’il soit aveugle pour ne pas comprendre que vous étiez amoureux, et ce depuis longtemps.

Ce à quoi je répondais :

— Toi aussi tu le croyais ?

— Mais évidemment Marie-Sophe. Archibald était malheureux comme la pierre quand tu étais avec Morgan, mais jamais il ne serait intervenu. Il t’aimait trop pour ça. Tu vois, il n’est pas comme Gabriel. C’est vraiment lorsque Morgan est revenu et qu’il a compris que vous n’aviez plus de sentiments l’un pour l’autre qu’il a accepté de te regarder différemment. Il se l’interdisait avant.

— Pourquoi je ne me suis rendu compte de rien ?

— Ce n’est pas à moi qu’il faut poser la question Marie-Sophe, toi seule es capable d’y répondre.

— Justement, peut-être que je ne suis pas assez amoureuse de lui !

Mélusine se mit en colère.

— Tu m’agaces et tu exagères. Quand vas-tu grandir ? Tu ne vas pas tout foutre en l’air pour une guéguerre entre mecs ?

Elle sortit en claquant la porte. Elle avait raison, j’en faisais tout un plat alors qu’il n’y avait pas matière d’en faire. Comme toujours dans cette situation, je cherchai pépé Charles.

Je regardai l’heure, il restait un peu de temps avant de partir faire ma tournée avec le food truck. J’y allais seule aujourd’hui, Mélusine avait du travail de couture et elle devait aussi s’occuper de ma robe. Elle avait des idées à me soumettre. Nous n’avions pas encore fixé de date.

Charles était attablé devant les informations matinales. Dès qu’il m’aperçut, il éteignit l’écran.

— Tu viens prendre un café avec moi ma petiote ? J’en ai du tout chaud.

Il ne me laissa pas répondre et me servit. J’avais toujours une tasse pour moi, il l’avait trouvée dans un vide-grenier avec mon prénom écrit dessus. Il ne pouvait pas passer à côté ne cessait-il de me répéter.

— Alors ce mariage, c’est pour quand ?

Je grommelai, les yeux sur mon café, que nous n’avions pas fixé de date.

— Ne tardez pas trop quand même, je ne suis plus tout jeune. On ne sait jamais ce que la vie nous réserve. J’ai dépassé la barre des 80 ne l’oublie pas.

Il m’attrapa le menton et le releva.

— Ne me raconte pas que tu es tourneboulée par ce qui s’est passé à la boulangerie ? Gabriel a entendu parler du pays, crois-moi ! Il n’était pas content. Ce n’est pas le premier qui est amoureux et que ce n’est pas payé en retour. Il s’en trouvera une autre, la belle affaire ! Il m’a même dit qu’il allait repartir, ce à quoi je lui ai répondu qu’aux urgences, il manquait du monde et que ce n’était vraiment pas le moment de tout plaquer pour une histoire de… rien du tout !

— Gabriel veut quitter son poste ? À cause de moi ? Alors qu’il vient d’arriver ?

— Ah ! ne va pas te mettre la rate au court-bouillon. J’aurai mieux fait de me taire. Bref, tua vais besoin de quelque chose ?

J’étais en colère, je ne savais plus où j’en étais, j’avais peur de perdre Archibald enfin surtout son amitié alors que nous étions beaucoup plus que ça aujourd’hui. Une fois de plus, j’avais envie de partir loin. Pépé Charles dut le comprendre parce qu’il posa sa main sur la mienne.

— La fuite n’a jamais rien apporté, tu emportes tout avec toi et quand tu reviens les problèmes sont toujours là. Fais face ma petiote, sonde ton cœur, écoute-toi et tu verras que tout ira bien.

Il se leva et ralluma la télé. La discussion était terminée. Il me fit un clin d’œil et ajouta :

— Tu ne devais pas faire ta tournée aujourd’hui ? Tu vas finir par être en retard et tes clients vont t’attendre.

J’avalais mon café. Il avait un goût amer.

Sur le chemin qui me menait à la boulangerie, j’aperçus Archibald qui venait à ma rencontre. Les battements de mon cœur s’accélérèrent et je compris enfin qu’il était l’homme de ma vie. Comment avais-je pu en douter ? Je n’avais jamais ressenti ça auparavant. Je le trouvai beau. Il avait le cœur sur la main et je savourai enfin la chance de l’avoir près de moi. Dès qu’il me vit, il sourit. J’imaginai sa fossette à droite qui me faisait craquer puis ses yeux plissés pour mieux me regarder. Je le connaissais par cœur, ça m’en donnait le vertige parfois. Saurait-il encore me surprendre ?

— Te voilà, je me demandais si tu ne t’étais pas rendormie. Je t’ai tout préparé, le food truck est prêt. Si tu veux, je peux même t’accompagner dans ta tournée, Maddie est là et c’est elle qui l’a proposé. Il parait que les clients qui ne peuvent se déplacer se plaignent de ne jamais me voir.

Il rit en disant ces mots puis il déposa un léger baiser sur mes lèvres. J’adorai son parfum de pain cuit qui le quittait rarement.

© Isabelle-Marie d’Angèle (mars 2024).

À très vite…

Journal de Marie-Sophie

Bonjour toi 😉

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Lorsque je repensais à la colère de Gabriel ce jour de janvier où il avait déboulé chez nous, j’en étais encore toute chamboulée. Tout d’abord, je n’avais pas compris comment il avait pu être au courant, le secret semblait être bien gardé. C’était sans compter sans Enzo qui avait la langue bien pendue et discutait souvent avec son père et racontait tout ce qui se passait à la maison.

Heureusement que Pépé Charles entendant les éclats de voix depuis chez lui était venu aux nouvelles. C’était lui qui avait calmé Gabriel en grondant comme un lion. Il lui avait intimé de se taire même s’il ne comprenait pas un traitre mot de ce qu’il disait. Notre vieil ami n’était au courant de rien et il ne savait pas de quel mariage Gabriel parlait. Quand il réalisa que c’était du nôtre, il comprit rapidement la situation et avait entrainé Gabriel chez lui. Celui-ci n’avait pas osé refuser, on ne refusait rien à un vieux monsieur pas vrai ? Charles m’avait fait un clin d’œil, mais j’avais compris qu’il avait été déçu de ne pas avoir été mis dans la confidence. D’ailleurs, une fois Gabriel parti, il était revenu dans ma cuisine et m’en avait fait la remarque.

— Tu ne me fais plus confiance ma petiote ? Je sais pourtant tenir ma langue.

Il s’était assis à ma table et m’avait invité à venir le rejoindre.

— Alors comme ça tu vas enfin te marier avec Archibald ? Je suis bien content. C’est qu’il t’aime depuis longtemps ce garçon.

Il se tut et reprit :

— Gabriel aussi et ce depuis qu’il habitait en face de chez toi. Pour une femme qui s’imagine que personne ne la remarque, tu as deux hommes qui ont le cœur qui bat pour toi.

Je m’assis à côté de lui et soupirai.

— Je croyais que c’était oublié tout ça. En plus, il a quand même eu un fils avec ma meilleure amie.

Il bougonna.

— Ouais… et toi tu as été amoureuse de Morgan et tu as même attendu un petit de lui.

Je repense à ce qui aurait pu être si je n’avais pas fait de fausse couche et si Morgan n’avait pas eu cet accident.

— Je sais ce que tu te dis, reprit Charles. Archibald ne t’aurait jamais avoué ses sentiments.

Il posa sa main sur la mienne.

Et tout s’enchaina, Saverio qui frappait à fenêtre en criant que je devais venir rapidement, il y avait un problème à la boulangerie.

Nous nous levâmes en vitesse, j’ouvrai la porte à la volée et tout en montant dans la voiture de Saverio, j’écoutais, horrifiée ce qu’il me racontait et là, la colère me submergea.

À peine arrivée sur la place, j’je sautai au bas du véhicule alors que Saverio n’était pas encore arrêté, je faillis m’étaler puis j’entrai en courant dans la boutique. Ce que je découvris dépassait l’entendement.

Gabriel, furieux tenait Archibald par le col de son tablier et répétait qu’il n’avait pas le droit de m’épouser. Le calme d’Archi me stupéfia. Il ne répondait pas et se laissait faire, mais dès qu’il m’aperçut, il voulut faire un geste et Gabriel pensant qu’il allait le frapper, lui envoya son poing dans la figure. Archibald s’écroula.

— Tu es complètement fou !

Je le bousculai pour m’occuper d’Archibald, qui sonné, peinait à se remettre debout. Il avait la lèvre fendue et saignait.

Dégrisé et son âme de médecin reprenant le dessus, il s’approcha et voulut regarder la plaie. Archibald détourna la tête et repoussa la main tendue.

Les clients présents dans la boulangerie discutaient entre eux, stupéfaits devant la scène à laquelle ils venaient d’assister. Ce n’était pas tous les jours qu’il y avait une bagarre dans le village. Les Basques ont le sang chaud certes, mais ils ne comprenaient pas ce qui avait provoqué la colère de cet homme qui était le père d’Enzo, filleul du boulanger. Une crise de jalousie ?

Archibald, royal, sourit à la cantonade.

— Rien de grave, vous n’avez pas aimé mon pain ? Je vous en offre un autre si vous le souhaitez. Vous avez le sang chaud ici !

Je ne reconnus pas sa voix. Ses yeux restaient froids, mais jamais il n’aurait avoué devant ses clients qu’il connaissait très bien Gabriel et que celui-ci était amoureux de moi. Il passa derrière le comptoir, refusa que je me penche sur sa plaie, et s’excusa pour le dérangement. Il annonça qu’il allait se laver les mains. Les Basques regardaient de travers Gabriel. Une femme s’avança vers lui et l’interrogea :

— Je vous reconnais, vous travaillez au service des urgences non ? Pour un médecin, je ne vous félicite pas !

Gabriel voulut s’en aller, mais les hommes présents dans la boulangerie firent bloc pour l’empêcher de sortir.

— Laissez-le passer !

Archibald était de retour et comme si de rien n’était, il demanda :

— À qui le tour ?

Les clients s’écartèrent, Gabriel sortit. Je voulus le suivre.

— N’y pense même pas, Marie-Sophie.

La voix d’Archibald resonna comme un coup de tonnerre. S’il y avait bien une chose dont j’avais horreur était qu’on me dise ce que je devais faire et Archibald le savait. Nous nous affrontâmes du regard. Saverio qui était face à moi, me retint par l’épaule et me murmura de laisser tomber. Je ne voulus pas me donner en spectacle, je passais dans l’arrière-boutique. Malheureusement pour moi, Gabriel avait eu la même idée. Il attendait devant la porte qui était ouverte. Personne ne pouvait le voir, mais il ne fallait pas qu’Archibald vienne.

J’étais furieuse, je l’entrainais à l’extérieur.

— Tu as complètement perdu la tête ? Tu as réfléchi à ta réputation ? Et Enzo ? C’est un petit village, il va vite être au courant, que vas-tu lui raconter pour expliquer que tu as frappé son parrain ?

— Je n’ai aucune excuse sauf d’être amoureux de toi. Quand je pense que j’en ai parlé à Archibald et que je lui ai même demandé si tu avais quelqu’un et qu’il m’a dit de tenter ma chance.

J’hallucinais. Gabriel comprit que je ne le croyais pas, il enfonça le clou, un sourire au coin des lèvres.

— Tu n’étais pas au courant ? Demande-le-lui, tu verras bien.

— Qu’est-ce qu’elle doit me demander ? Qu’est-ce que tu fiches encore ici ?

Nous n’avions pas entendu Archibald arriver. Sans réfléchir, j’attaquai bille en tête.

— Il parait que tu lui avais donné le feu vert pour tenter sa chance avec moi. C’est vrai ?

Gabriel affichait un sourire narquois et sûr de lui, il croisa les bras et dit :

— Alors ?

Le ridicule de la situation me sauta aux yeux. J’avais face à moi deux coqs en colère et l’idée que la poule c’était moi faillit me faire éclater de rire, mais au lieu de ça, j’aperçus Enzo qui déboulait dans la petite rue. Il pleurait et se jeta dans les bras de son parrain.

— C’est vrai que mon père t’a frappé ? C’est grave ? T’as mal ?

Il n’avait même pas remarqué que Gabriel était là. Les nouvelles allaient décidément très vite, à croire que comme il ne se passait pas grand-chose dans le village, une bagarre dans la boulangerie, c’était croustillant.

© Isabelle-Marie d’Angle (février 2024).

À très vite…

Journal de Marie-Sophie

Bonjour toi 😉.

Il est temps de retrouver mon héroïne pour l’année 2024. Si tu es un peu perdue, c’est ici que tu retrouveras le dernier épisode.

Une année de plus au compteur et quelle fin d’année !

Dès que Mélusine avait été mise dans la confidence qu’Archibald m’avait demandée en mariage, elle s’était immédiatement imaginée me faire elle-même ma robe. Je n’en étais pas encore là et j’avais eu toutes les peines du monde à lui expliquer qu’elle avait le temps. Mon amie est ainsi faite qu’elle avait compris, mais elle m’avait fait promettre de commencer à regarder des modèles. J’avais accepté en riant. Je désirais profiter de cette période avec Archibald et ne pas précipiter les choses, non pas que je n’étais pas sûre de moi, mais je ne souhaitais pas me lancer dans les préparatifs d’un grand mariage. Je n’avais plus de famille et Archibald avait éludé la question.

Je lui avais fait promettre également de ne pas en parler avec Enzo. Archibald et moi ne voulions pas que tout le village soit au courant en un rien de temps. Nous seuls déciderions de la date à laquelle nous divulguerons l’information.

Ce qui n’avait pas empêché Archibald de m’offrir la veille de Noël, une bague qu’il me passa cérémonieusement à l’annulaire de la main gauche. Je reconnus immédiatement le bijou et à voir le clin d’œil échangé entre mes deux amis, je compris le jeu auquel ils s’étaient adonnés. Enzo s’en était mêlé, mais il avait cru tout simplement à un cadeau du père Noël.

Nous avions bien travaillé également pendant les fêtes. Archibald était désormais bien accepté dans le village et le food truck, même les jours où il faisait très froid, avait bien fonctionné. Vu les températures très fraiches, j’avais apporté du café pour ceux qui souhaitaient se réchauffer. Les habitants qui préféraient le thé et avaient envie de rester discuter avaient fait chauffer l’eau chez eux et ramenaient leur bouilloire. L’ambiance était sympathique. Mélusine avait décoré le véhicule, un père Noël dansait régulièrement et grâce à une enceinte qui diffusait des chants de Noël, nous étions vraiment en fête.

Bonnet rouge et blanc sur la tête, elle et moi ressemblions à des lutins comme l’avaient remarqué gentiment nos clients. Elle nous avait confectionné des vestes rouges et vertes et j’avoue que nous avions du succès.

Enzo quant à lui était resté à la boulangerie. Affublé également d’un chapeau avec un long pompon qui lui battait le dos, d’une veste et pantalon de couleur identique aux nôtres, il était fier d’être derrière le comptoir avec son parrain et Maddie, la jeune femme à mi-temps qui nous aidait. Elle aussi avait eu droit à son bonnet rouge.

Pépé Charles allait bien, il vivait seul dans la maison au bout du jardin, mais Célestine qui avait préféré rester avec Morgan, venait lui rendre visite régulièrement. Ils avaient passé le réveillon de Noël avec nous. C’était Morgan qui avait cuisiné le chapon. Gabriel était de garde, il n’avait pas pu se joindre à nous. Ayant pris ses fonctions en tant que chef des urgences récemment, il avait été obligé d’être présent, d’autant plus qu’étant célibataire, il n’était pas prioritaire pour poser des congés. Pour fêter la nouvelle année, nous étions chez Saverio et je crois qu’il y avait également presque tout le village. Pas besoin de musique, les Basques savaient chanter et j’avoue avoir été très émue par leurs voix. C’est Archibald qui avait été très surpris quand le maire était venu le féliciter pour sa boulangerie, ses pains et son attachement à sa commune.

Me voici donc aujourd’hui devant la fenêtre. Il faisait froid, le ciel était gris. Le mug de café avait bien du mal à me réchauffer. Enzo avait intégré la maternelle. Grâce à François, il avait pu le faire en janvier. Mélusine ne voulait pas, mais son fils en avait envie, surtout que la fille de François y était depuis septembre et Enzo s’ennuyait sans sa copine de jeu. Gabriel qui avait également son mot à dire était d’accord, il arguait même qu’il aurait pu y rentrer dès trois ans, il en avait quatre, ce qui avait fait rugir Mélusine. Ces deux-là, il ne fallait pas grand-chose pour qu’ils se jettent des piques.

J’étais seule, Mélusine avait des clientes à rencontrer en revenant de l’école. Surprise, je vis Gabriel surgir dans le jardin. Il n’avait pas l’air content. Aussitôt, je pensai à un accident. J’ouvris la porte et me précipitai vers lui. L’un de mes proches était aux urgences et Gabriel venait en personne me prévenir, ça devait être grave.

Gabriel me saisit la main et plongea son regard dans le mien :

— Dis-moi que c’est une blague !

Je ne comprenais pas. Je m’étais trompée, personne n’allait mal et du coup, je souris, soulagée.

— C’est ça fous-toi de moi ! Tu ne vas pas épouser Archibald ? Vous êtes amis, ça ne marchera jamais.

Surprise par son ton et son air courroucé, je faillis éclater de rire.

© Isabelle-Marie d’Angèle (janvier 2024).

À très vite…

Journal de Marie-Sophie et Archibald

Bonjour toi 😉

Marie-Sophie

Nous préparons les décorations de Noël. J’avais soumis quelques idées à Archibald pour la boulangerie. Il était d’accord ce qui ne m’étonna guère, il nous faisait entièrement confiance à moi et à Mélusine. Mon amie était à fond dans la fabrication de guirlandes, de Père-Noël, de boules, et j’en passe.

Un soir, Archibald me trouva en train de chercher de nouvelles recettes de brioche pour les fêtes. J’étais tombée par hasard sur les coquilles du nord de la France.

— Tu n’as pas envie d’essayer ?

Il se gratta la tête et me sourit.

— Crois-tu vraiment que les Basques vont accepter ce genre de brioche ? Elles ne sont pas de la région et tu les connais, ils sont très attachés à leurs traditions.

— Tu ne fais pas de gâteau basque, ils ne te le reprochent pas.

— Je suis boulanger pas pâtissier.

Il se tut et le silence s’installa ce qui n’était pas dans ses habitudes. Il est vrai que depuis quelques jours, il semblait perturbé. Or, Archibald ne l’était jamais. Il traitait les problèmes un par un, l’un après l’autre sans se poser de questions. Je l’avais toujours admiré pour ça et envié. Aussi, de le sentir ainsi, m’inquiéta.

— Tu as un souci mon cœur ?

Je savais qu’il appréciait ce petit nom. Ses yeux plongèrent dans les miens.

— J’ai revu la femme de l’autre histoire.

Je ne compris pas immédiatement ce qu’il me racontait.

— La motarde ? Angèle Merlin ?

— Non, celle avec la gamine.

Il se leva, saisit sa tasse dans le placard. Il devait être sacrément perdu pour se faire une tisane, il n’en buvait jamais. Il prit un deuxième Mug et sans me consulter m’en prépara une également. Je ne savais pas quoi dire. C’est lui qui continua :

— Elle était seule.

— Et ?

— Rien ! Je suis incapable de me souvenir de ce qui est arrivé ensuite et ça m’agace. J’ai comme la mauvaise impression qu’on m’a effacé la mémoire de cet instant.

Je faillis éclater de rire, mais devant sa mine, je me tus.

— Est-ce qu’Enzo te parle encore de la gamine ?

C’est vrai qu’il n’y faisait plus allusion.

— Non, il a dû oublier.

— Enzo ? Oublier ?

Nous nous sourîmes.

— Tu es certain que tu n’as pas rêvé ?

Je le taquinai et il prit le parti de faire comme si. Il se pencha sur mes recettes de coquille.

— D’accord, je tente le coup, je vous fais goûter et je le propose ensuite dans la boulangerie. Je vais en parler à Saverio.

Il saisit ma main, la porta à ses lèvres.

— J’ai pensé à quelque chose Marie-Sophie. Tu travailles pratiquement à temps plein avec moi quand tu fais le food truck, je vais te déclarer.

Je ne voyais pas le rapport avec ce qu’il venait de me raconter, mais je ne fis aucune réflexion. Archibald savait gérer son entreprise bien mieux que moi.

— D’autant plus que tu es ma compagne… avant de devenir ma femme.

Il me regarda, il n’avait pas lâché ma main.

— Veux-tu m’épouser Marie-Sophie ?

Les larmes me montèrent aussitôt aux yeux. Il les essuya délicatement de ses doigts si doux.

— Je ne voulais pas te faire pleurer, murmura-t-il. Tu ne penses pas que c’est une bonne idée ? Je suis idiot ? J’aurais peut-être dû faire ça autrement ?

Je lui fermai la bouche d’un baiser. Je ne m’attendais pas du tout à cette demande. Pour moi, c’était tout simple, nous étions ensemble, le reste m’importait peu, mais ce n’était pas ce que désirait Archibald. Au moment où j’allais lui répondre, on frappa à la porte. En soupirant, Archibald alla ouvrir et se trouva nez à nez avec Gabriel.

Archibald

Il y avait longtemps que cette idée tournait dans ma tête et je souhaitais faire ça dans les règles. Noël approchait et je désirais que Marie-Sophie et moi officialisions notre couple pour cette fête. J’avais réussi à l’entrainer faire les boutiques et tomber par hasard sur une bijouterie. Je ne suis pas très doué pour les cachotteries, j’avais donc profité de l’aide à Mélusine. Elle nous y avait retrouvés toujours par hasard avec Enzo. Mon filleul était un chef pour déjouer toutes les situations qui pour moi semblaient compliquées. Curieux, il s’était penché sur les bagues et avait demandé à sa marraine laquelle elle aimait. Je n’aurais pas fait mieux. Mélusine m’avait fait un clin d’œil et je connaissais ainsi les goûts de ma chérie. Ce qui est bien avec elle, c’est qu’elle n’a pas posé de questions. Je devais avouer que Mélusine en avait rajouté des tonnes en montrant différents bijoux, donnant son avis, juste pour rigoler comme elle disait. Notre complicité étant ce qu’elle était, Marie-Sophie n’y avait vu que du feu.

C’était pour ça que ce soir, je lui posais la question qui me taraudait depuis des jours, en fait, depuis que nous étions ensemble. Je voulais régulariser la situation et la protéger en même temps. Je gagnais bien ma vie, elle travaillait pour moi, normal qu’elle touche un salaire, d’autant plus que j’avais de l’argent de côté, Marie-Sophie n’était pas au courant et de toute façon, ce genre de choses lui passait au-dessus de la tête.

Je ne pensai pas qu’elle allait pleurer et j’attendais sa réponse avec appréhension, car avec elle, je devais m’attendre à tout, quand on avait frappé à la porte et que je me trouvai face à Gabriel. Lui avait vraiment le don d’arriver toujours au mauvais moment. Tout sourire, il me serra la main et comme Marie-Sophie s’approchait, il l’embrassa et la serra un peu trop fort à mon goût contre lui.

Enzo qui avait reconnu la voix de son père déboula alors dans la cuisine telle une tornade et se jeta contre lui, puis Mélusine se joignit à nous.

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, je proposai une tournée de tisane, café ou chocolat. Gabriel éclata de rire :

— Tu n’as pas quelque chose de plus fort ?

— À quoi boirions-nous ? demanda Mélusine.

— À ma mutation définitive. Je reste à l’hôpital, j’ai accepté le poste vacant. Chef de service aux urgences.

Enzo qui ne comprenait pas tout se pendit à son cou :

— Tu vas rester ici pour toujours ? Je vais te voir souvent ? Tous les jours ?

Gabriel serra son fils dans ses bras ;

— Oui et je vais donc devoir me trouver une maison. Pas question que je reste locataire. Si vous avez des contacts, pensez à moi.

— Félicitations !

Marie-Sophie était ravie. Elle l’embrassa sur les deux joues. Mélusine fit de même. Gabriel me regarda et dit en riant :

— Pas d’alcool, je rigolai bien sûr. Un café si tu as.

Marie-Sophie s’empressa et tout en le préparant, elle me murmura à l’oreille :

— À ta question de tout à l’heure… c’est oui !

© Isabelle-Marie d’Angèle.

À très vite…

Journal de Marie-Sophie et Archibald

Bonjour toi 😉

Te souviens – tu ? Héloïse était apparue dans cette histoire ici. La Plume s’interrogeait.

Voilà Voilà, tu retrouveras Héloïse chez Marie-Sophie, grâce à la petite sorcière Elsbeth Isobel ici. La Plume va donc faire un mix avec les trois histoires, ceci pendant le mois d’octobre, parce que c’est le mois des sorcières 😂.

Voilà donc le journal de Marie-Sophie et d’Archibald.

Marie-Sophie

— Tu y crois toi aux anges gardiens ?

Lorsqu’Enzo m’avait posé cette question, j’allais partir à la boulangerie. J’étais déjà en retard, Archibald était venu me retrouver dans ma chambre et après je m’étais rendormie. C’était Mélusine qui avait frappé à ma porte en me demandant si tout allait bien. Quand elle était entrée, elle n’avait pu cacher son sourire narquois. Je lui avais balancé mon oreiller à la tête, elle l’avait esquivé en se sauvant dans le couloir.

Mon filleul tenait un bout de baguette tartiné de confiture dans sa main. Il en était barbouillé et sa mine me fit rire. Il était craquant ce petit bonhomme et parfois je regrettais le bébé que j’avais perdu.

— Tu sais comme Mimi Mathy dans Joséphine.

Enzo adorait cette série. Mélusine et lui la regardaient en replay.

— Tu crois que Héloïse, la petite fille qui vient d’une autre histoire en est un ?

Stupéfaite, je restai muette. Je n’aimais pas le laisser sans réponse à ses questions, mais j’étais vraiment en retard. Archibald allait s’inquiéter et surtout la boutique n’allait pas s’ouvrir toute seule.

— Écoute mon chéri, je n’ai malheureusement pas le temps de…

— Je pars avec toi, comme ça je verrai Parrain.

— Et comment reviendras-tu ? Où est maman ?

Mélusine s’encadra dans la porte. Elle avait dû entendre notre conversation.

— Je passerai le reprendre en allant porter mes livraisons. J’ai aussi tout le matériel d’Halloween pour décorer la boulangerie. Archibald est d’accord.

Je n’étais pas fan de cette fête païenne, mais nous avions fait un sondage dans le village et les gamins avaient tous répondu présents.

Du coup, Mélusine avait tout confectionné elle-même. Archibald avait imaginé un pain en forme de citrouille et lui avait mis deux yeux avec des noisettes. Nous avions été les premières à le goûter, c’était délicieux comme tout ce qu’il faisait. C’était une surprise, personne à part nous étions au courant.

Je partis donc avec Enzo qui gambadait autour de moi.

— Alors tu y crois ?

Il ne lâchait rien.

— Nous avons effectivement chacun un ange gardien.

— Moi aussi ! Vrai de vrai ? Comment il s’appelle ?

Je ne le savais pas, mais Enzo trouva vite la solution.

— C’est Héloïse. Pas grave si c’est une fille ?

Je lui suggérai de lui demander si elle était d’accord. Que n’avais-je pas dit là !

— Ah oui et comment je fais, moi, pour lui parler ? Je te rappelle qu’elle n’est pas dans notre histoire.

— C’est bientôt Halloween, peut-être que si elle est un peu sorcière tu…

— Une sorcière ne peut pas être un ange gardien, marraine, c’est pas possible.

— Les gentilles sorcières peut-être !

Je lui fis un clin d’œil. Il saisit ma main et levant sa tête vers moi, il dit :

— D’accord, on va faire comme si !

Intriguée, je lui demandais :

— Pourquoi voulais-tu qu’elle soit un ange gardien ?

— Pour que Célestine aille mieux et qu’elle se rappelle de pépé Charles. Tu ne vois pas comme il est malheureux depuis qu’elle ne veut plus habiter avec lui parce qu’elle dit qu’elle ne le connait pas ?

Je savais bien que l’histoire de Célestine perturbait Enzo. Depuis son malaise, la compagne de pépé Charles ne se rappelait plus de lui. Décidément, dans cette famille, les souvenirs disparaissaient souvent. Morgan accueillait donc sa maman chez lui depuis qu’elle était sortie de l’hôpital. Elle semblait aller bien, mais seul son fils avait grâce à ses yeux.

Pépé Charles, malheureux, avait vieilli d’un coup. Il marchait voûté, avait perdu son sourire et sa joie de vivre.

Archibald

Ah la voilà, ma petite chérie, accompagnée de notre filleul. Sacré bonhomme. Ces jours-ci, il ne cessait de me parler de cette Héloïse sortie de je ne sais quelle histoire. Il s’était mis dans la tête qu’elle pourrait être un ange gardien et n’en démordait pas. J’étais certain qu’il était encore sur ça avec Marie-Sophie.

Je n’y croyais pas du tout à cette gamine venue d’on ne se sait où.

Marie-Sophie vint m’embrasser, s’excusa pour le retard et s’empressa de se changer pour ouvrir la boutique.

J’emportais les corbeilles de pain tout chaud et commençais à les installer sur les étagères. Je ne me lassais pas de ce parfum. Enzo m’aidait en babillant. J’adorais ce gosse et je ne pouvais m’empêcher de penser qu’un jour peut-être, nous aurions Marie-Sophie et moi, un enfant à nous.

Marie-Sophie nous rejoignit et je lui fis remarquer qu’elle était belle. Elle rougit alors qu’Enzo éclatait de rire.

 — C’est vrai et Marraine que t’es belle et tu sens bon.

— Stop les garçons ! Allez, on ouvre et c’est parti pour une nouvelle journée.

Je les abandonnai et rejoignis mon laboratoire et surveillai la cuisson de mes baguettes. Et c’est alors que je la vis…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

Journal de Marie-Sophie et Archibald

Bonjour toi 😉

Marie-Sophie

Célestine est hospitalisée. Pépé Charles avait frappé à la fenêtre de la cuisine, complètement affolé. Elle avait fait un malaise alors qu’ils prenaient leur petit-déjeuner. J’étais en train de boire mon café. Aussitôt, j’avais appelé le Samu. Charles n’avait pas pensé à prévenir Morgan, c’est moi qui ai couru chez lui. Il était torse nu quand il était sorti dans le jardin dès qu’il m’avait aperçue. Je notais ça alors que ce n’était pas du tout le moment. Parfois, le cerveau est bizarre.

Charles est monté dans l’ambulance des pompiers. J’ai suivi avec ma voiture en compagnie de Morgan. Mélusine a prévenu Archibald.

Célestine était gardée en observation. Je regardais pépé Charles qui avait vieilli d’un coup. La peur de perdre sa compagne l’avait saisi.

Morgan restait avec sa maman tandis que je ramenai Charles. Gabriel qui était de garde lui avait conseillé de rentrer. C’était inutile d’attendre, il devait prendre soin de lui. Ils n’étaient plus tout jeunes et à leur âge, il valait mieux éviter les émotions fortes.

Sur le retour, il posa sa main sur ma jambe :

— Tu dois profiter de ton nouveau bonheur Marie-Sophie, d’un coup, il peut t’être enlevé.

Je ne comprenais pas ce qu’il voulait dire.

— Ne fais pas l’idiote, tu crois que je n’ai pas vu que tu es en couple avec Archibald ? Je me lève tôt tu sais, et ta chambre donne sur le jardin. Tu n’accroches pas tes volets, il te rejoint avant de partir. Es-tu heureuse ?

— Oui, répondis-je d’une petite voix.

— Alors tout va bien et profites-en avant qu’il ne se sauve, le bonheur c’est fragile, il faut en prendre soin.

Il se tut et ferma les yeux. J’ai cru qu’il s’était endormi, mais il dit :

— Il y a quelques jours qu’elle ne sentait pas bien, elle se disait fatiguée. Je n’aurais pas dû l’écouter et appeler Gabriel. Elle n’avait pas voulu. Elle est têtue comme une bourrique !

Mélusine m’attendait sur le pas de la porte. Enzo était avec elle. Je lui racontai ce que je savais. Pépé Charles est rentré chez lui, il paraissait exténué. J’ai tenté de l’accompagner, il a refusé.

— Petite, je dois m’habituer à rester seul. J’en aurai profité quelque temps.

— Mais qu’est-ce que tu me chantes là, Célestine va revenir, Gabriel ne semblait pas inquiet.

Il haussa les épaules et me renvoya chez moi.

J’interrogeai Mélusine.

— Si j’appelais Gabriel, il en sait peut-être davantage ?

Je n’eus pas besoin de le faire, mon portable vibra. C’était Morgan. Célestine, très confuse ne le reconnaissait pas. Elle allait devoir subir toute une batterie d’examens.

— Comment vais-je annoncer ça à Charles ?

Mélusine entoura mes épaules, Enzo se blottit contre moi et lâcha :

— Ne sois pas triste, marraine. Je suis sûr que ce n’est pas grave. Je n’aime pas quand tu n’as pas le sourire. C’est pour ça que parrain vient dans ta chambre le matin, pour te faire rire ?

Tu parles d’un secret bien gardé ! Mélusine pouffa.

— Ben quoi qu’est-ce que j’ai dit ? demanda Enzo.

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

Journal de Marie-Sophie et Archibald

Bonjour toi 😉

Marie-Sophie

L’été était passé à une allure grand V. Les deux mois avaient filé sans que je m’en rende compte. Les touristes avaient afflué et la boulangerie n’avait pas désempli. Archibald avait finalement recruté une jeune femme à mi-temps pour les jours où je partais avec le food truck. Elle s’appelait Maddi Artola et était une amie de François. Il nous l’avait chaudement recommandée et nous n’avons pas été déçus.

Je me regardai dans le miroir de la salle de bains. J’affichai un sourire béat qui ne me quittait pas. C’était arrivé comme ça, un soir…

Archibald et moi étions rentrés à pied comme d’habitude. Je lui racontais ma journée, il faisait de même. Soudain, j’entendis une cavalcade derrière moi. Instinctivement, je saisis la main d’Archibald, un troupeau de moutons dévalaient le sentier. La bergère et son chien suivaient. Elle nous salua en s’excusant de nous avoir fait peur, mais les clôtures du pré ayant été endommagées, elle ne pouvait y laisser ses animaux. C’était un voisin qui l’avait prévenue parce qu’une brebis, plus curieuse que les autres, s’était aventurée sur la route.

Le troupeau était passé, mais Archibald n’a pas lâché ma main et je n’avais rien fait pour lui reprendre. Je savais que nous pouvions emprunter un sentier pour gagner du temps. Nous ne le faisions jamais, parce que nous préférions rester sur le chemin habituel, mais ce soir-là, il s’y engouffra m’entrainant avec lui. Comme deux gamins, nous éclatâmes de rire en courant sur ce sentier dérangeant les petits animaux. Puis, il s’arrêta. Il saisit mon visage entre ses mains, plongea ses yeux dans les miens, cherchant peut-être une réponse à sa question. J’avais le cœur qui battait la chamade et je sentais le sien s’affoler également contre le mien. Il approcha sa bouche de la mienne. Je le connaissais par cœur, mais je n’avais jamais été aussi près de ses lèvres.

J’eus peur de ne pas aimer. Pas facile de passer du stade de meilleur ami à… amant.

Oui, ce soir-là, tout bascula et depuis, j’avais les étoiles plein les yeux. Pourtant, il m’avait fait jurer de ne rien raconter à personne, même pas à Mélusine. Il voulait que ça reste notre secret, pendant un certain temps. Je lui promis et je me rappelai encore son rire.

Il m’enleva les brindilles accrochées à mes cheveux, je me souviens de ses mains si caressantes. Jamais je n’aurai imaginé qu’il pouvait les avoir si douces. C’est alors que je regrettai tout ce temps perdu.

Quand nous sommes rentrés à la maison, il n’y avait personne. Mélusine était chez François. Notre secret ne fut pas éventé.

Et depuis, les jours passaient et nous agissions comme si de rien n’était. Archibald n’hésitait pas à venir me rejoindre dans ma chambre, je n’avais pas encore osé le retrouver. C’était facile pour lui, il se levait tôt, il suffisait qu’il décale son réveil et il s’arrêtait à ma porte.

— Je peux entrer ?

Je fis signe à Mélusine qui se planta devant moi.

— Dis-moi, c’est parce qu’il fait les viennoiseries qu’Archibald se lève aux aurores ? Je ne dormais pas, il faisait trop chaud. Il est descendu de bonne heure.

Je baissai la tête pour qu’elle ne voie pas mon sourire et fis celle qui n’avait rien entendu.

— Figure-toi qu’Enzo voulait lui demander quelque chose hier matin, et il n’était pas dans sa chambre.

— Enzo se lève si tôt ?

Je finissais de me coiffer et passais devant elle pour aller préparer le petit déjeuner.

Archibald arrivait et il déposa les viennoiseries toutes chaudes sur la table.

Archibald

Depuis que MarieSophe était devenue ma femme, même si nous ne sommes pas mariés, je la trouvais encore plus belle.

Ce matin-là, Mélusine me cueillit par surprise dans la cuisine.

— Salut toi ! tu te lèves bien tôt ! Je t’ai entendu.

— Il fait chaud, je ne dors pas bien ici, à la boulangerie il fait plus frais.

— Mais bien sûr, ricana-t-elle, avec tes fours allumés, tu m’en diras tant. Avoue plutôt que tu t’es trouvé une petite copine et que tu vas la retrouver.

Elle rit et se tourna vers Marie-Sophie. La chipie avait les yeux qui pétillaient.

— Tu ne sais rien toi ? lui demanda-t-elle.

Marie-Sophie haussa les épaules. Mélusine insista :

— On la connait ?

— Tu affabules, tu crois sincèrement que j’ai le temps pour ça ?

— C’est vrai que tu ne vois personne, à part nous, mais tu dois bien avoir envie parfois de…

— Je n’ai pas l’intention de venir dans vos lits les filles, je me débrouille.

J’éclatai de rire et enchainai :

— Voilà le petit déjeuner, donnez-moi votre avis.

Je quittai aussitôt la cuisine, regrettant de ne pas embrasser Marie-Sophie, mais c’est Pépé Charles qui me topa dès que je franchis le portail du jardin.

— Salut mon garçon !

Lui c’est l’inverse qu’il avait remarqué.

— Dis-moi, tu pars plus tard non, le matin ? Si tu dors davantage, tant mieux.

Pourquoi ai-je eu l’impression qu’il se moquait de moi ? Il me tapa sur l’épaule, me fit un clin d’œil et s’en alla en sifflotant.

Pas facile de cacher ma joie et mon bonheur. J’étais certain que tout le monde savait… je souhaitai vraiment garder notre secret. C’était tout neuf et je savourai ces moments volés.

Alors que j’arrivai à la boulangerie pas encore ouverte, j’aperçus Gabriel. Il me fit signe et me rejoignit.

— C’est toi que je voulais voir, dit-il en me serrant la main.

Je l’invitai à entrer dans mon laboratoire.

— Je me demande comment tu fais pour supporter cette chaleur.

— Question d’habitude.

Je revêtis ma tenue blanche attendant qu’il me parle.

— J’ai besoin de ton avis. Il y a un moment que Morgan est rentré et Marie-Sophie semble heureuse. Crois-tu qu’elle soit passée à autre chose et que je pourrai à nouveau tenter ma chance ?

Je pris le temps de répondre sentant une vague de jalousie m’envahir. Je ne connaissais pas ce sentiment et aussitôt je le détestai. La jalousie ? Pas pour moi, je me l’étais promis. J’en avais trop souffert gamin ! je l’interrogeai tout en sortant mes baguettes du four.

— Je pensai que tu avais lâché l’affaire ?

— Hum ! on voit bien que tu n’es pas amoureux toi ! si tu crois que c’est facile !

— Désolé, je ne me doutais pas que tu étais aussi mordu.

Je devais vraiment prendre sur moi pour lui répondre calmement.

— Alors ? Toi qui la connais bien, tu es son meilleur ami, tu dois bien savoir si elle a rencontré quelqu’un ?

J’hallucinai ! Je n’aurai jamais imaginé que Gabriel viendrait me parler de Marie-Sophie de cette façon. Nous n’étions plus des gamins et à l’écouter, j’avais l’impression de me trouver face à un ado.

Il dut s’en rendre compte à mon soupir et haussement de sourcils.

— D’accord, je suis complètement idiot.

— Tente ta chance, tu verras bien.

— Sérieux ? Tu penses que j’ai une chance ?

Je regrettai aussitôt ma réplique à découvrir son sourire béat et surtout d’avoir fait promettre à Marie-Sophie de garder le secret sur nous deux.

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

Cafouillis et Embrouillamini, ça continue

Bonjour toi 😉

Quand les personnages s’en prennent à La Plume…

— Comment ça la Commandante a disparu ?

Le procureur criait dans le téléphone et Kawas l’écoutait sans réagir. Angèle s’était bel et bien évaporée.

Le capitaine n’avait rien compris. Angèle était là avec lui et puis elle n’y était plus. Elle avait dû quitter le bureau pour aller chercher quelque chose ou répondre à un appel perso, il n’en savait rien.

Il avait pensé qu’elle reviendrait rapidement et pris par d’autres affaires, il n’avait pas fait attention. C’est quand un de ses collègues était venu pour une signature qu’il s’était rendu compte qu’elle n’avait pas reparu.

Aussitôt, il s’était rendu à la banque de François Destrée. Celui-ci l’avait reçu cordialement, mais il n’avait pas vu Angèle.

Kawas s’était agacé et lui avait demandé si son père n’était pas l’instigateur de cette disparition. Destrée l’avait immédiatement appelé gagné par la colère du capitaine. Mais, Destrio avait affirmé qu’il n’avait pas vu la Commandante, de plus, il était à des centaines de kilomètres de là.

Le policier était allé chez elle. Le chat Pistole miaulait derrière la porte-fenêtre. Sachant où trouver la clé, il s’était occupé de lui en lui donnant ses croquettes et de l’eau. Celui-ci s’était frotté contre ses jambes en ronronnant. Très inquiet, Théo s’interrogeait. Jamais sa supérieure ne serait partie abandonnant son animal.

De retour au commissariat, il convoqua toute la brigade et les avertit qu’Angèle avait disparu.

— Je ne peux pas rester ici indéfiniment, se lamentait Angèle. J’ai du travail, une enquête à résoudre. Mon équipe doit être aux quatre cents coups, je ne peux pas m’absenter ainsi sans raison. Ils vont tous penser qu’il m’est arrivé quelque chose de grave. Il n’y a pas moyen de faire quelque chose ?

Angèle marchait de long en large dans l’atelier d’Archibald. Celui-ci s’agaçait. Il prenait du retard sur ses fournées. De plus, c’était le jour où la clientèle était la plus importante avec le marché qui avait lieu sur la place.

La camionnette de Saverio s’arrêta devant la porte. Le basque salua haut et fort Archibald ce qui eut le don de faire sursauter Angèle.

Elle n’hésita pas une seconde. Si la Plume ne faisait rien pour la renvoyer dans son histoire c’est elle qui allait prendre le taureau par les cornes.

— Bonjour ! Angèle Merlin, commandante à la brigade de…

Elle marqua un temps d’arrêt, où était situé son commissariat ? Du plus loin qu’elle se souvenait, la ville n’avait pas été mentionnée. Vaguement, elle se rappelait que sa rencontre avec Paco s’était passée dans un coin de France, avec ça, elle était bien avancée.

Stop ! Ne la ramène pas trop Angèle Merlin, la Plume n’a pas mentionné le nom de la ville, elle a ses raisons. Non, mais je rêve, elle ne va pas la commander aussi. La Plume t’a créée Commandante de la police, pas de l’écriture.

— Ce serait quand même plus pratique pour retourner chez moi, commente Angèle.

Incroyable, le personnage prenait le dessus sur la Plume. Elle allait voir de quel bois elle se chauffait.

— Et si je décidai de te laisser là ? réagit la Plume.

— Mais tu parles ?

— Non, j’écris.

— C’est pareil. Pourquoi ne pourrais-je pas rentrer chez moi ? Tu as pensé à mon chat ?

— Et Paco ?

— Lui, il peut se débrouiller tout seul, pas Pistole.

— Il y a un truc que tu ne comprends pas, c’est moi qui décide de ce qui peut arriver à ton chat. D’ailleurs, je crois que je ne l’ai pas laissé mourir de faim, ton collègue est allé lui donner ses croquettes.

— Merci, mais je ne comprends pas pourquoi je reste coincée ici.

— J’ai perdu ton cahier. Ne fais pas cette tête, je vais le retrouver.

— Et comment as-tu fait pour écrire que mon collègue est allé sustenter mon chat ?

— J’ai écrit sur une feuille. Oh et ça suffit !

La Plume éteignit l’écran.

© Isabelle-Marie d’Angèle (juillet 2023)

À très vite…