Héloïse et Stefano

Bonjour toi 😉

Comme c’est le jour des enfants, je continue l’histoire d’Héloïse et Stefano dont tu peux retrouver les précédents épisodes ici.

Straurius sonda le cœur de la grenouille. Celle-ci promit ! Elle ajouta pourtant, et seul le sorcier pouvait l’entendre :

— Je peux faire en sorte qu’il ne tombe pas sous mon charme, je ne ferai rien dans ce sens, mais je suis une sorcière et je ne peux pas empêcher mes pouvoirs d’agir.

Straurius la connaissait bien, il savait qu’il jouait un jeu dangereux. Charlie ne lui pardonnerait jamais si Joe souhaitait suivre la grenouille métamorphosée en Nymphaïa, sorcière des rivières.

Certes, il avait le pouvoir de lui supprimer ce don, mais il ne voulait pas rompre sa promesse. Nymphaïa avait été punie, et le deal était qu’elle redevienne comme avant si un mortel l’embrassait. Il n’avait jamais imaginé que ce serait l’homme de Charlie.

L’idée que Shearah alias Charlie revienne dans son monde pour chercher Joe l’effleura et le fit sourire. Après tout pourquoi pas ? Ce serait amusant et ça permettrait à Héloïse de continuer son enseignement sa mère à ses côtés.

Straurius prit sa décision, ce serait ainsi. Jo pouvait embrasser le batracien.  

— Tu es formidable papa Joe, je suis fière de toi.

Stefano n’était pas aussi enthousiaste. Joe s’approcha de la grenouille que tenait toujours Straurius et alors qu’il allait poser ses lèvres sur la bouche de l’animal, un cri retentit :

— Non !

Charlie debout à la porte de la grange contemplait la scène avec stupeur.

Straurius soupira. Il en avait assez. Il avait autre chose à faire que de régler ces histoires de mortels, c’était toujours pareil avec eux, il y avait souvent quelque chose qui clochait.

Il lâcha Gertrude qui s’écroula sur le sol et gronda.

— Pourquoi non ? N’as-tu pas confiance en ton mortel ?

— Ce n’est pas en lui que je n’ai pas confiance, mais en elle.

Elle désignait Gertrude, vexée de s’être ainsi retrouvée affalée par terre comme une crêpe. Héloïse intervint alors :

— Mais pourquoi ? Papa Joe est gentil de faire ça, la sorcière des rivières pourra redevenir comme avant et tout sera fini.

Elle attrapa l’animal et le tendit à Joe qui sans réfléchir et parce que lui aussi avait envie d’en terminer avec cette histoire à dormir debout, embrassa rapidement la bête. Rien ne se passa !

— T’es sûre qu’il ne fallait pas dire un truc, une incantation, c’est pas comme ça qu’on fait, maman ? Et toi, la sorcière des rivières ?

La gamine s’énervait et les larmes n’étaient pas loin. Déçue, elle lâcha Gertrude qui s’écroula au sol et… le miracle eut lieu. Des milliers de gouttelettes de rosée scintillantes tombèrent du ciel et enveloppèrent Gertrude qui peu à peu retrouva sa forme humaine.

Aussitôt, Straurius l’enveloppa dans un halo de lumière et ils disparurent tous les deux. Jo statufié regardait l’endroit où était apparue Nymphaïa, Stefano écarquillait les yeux émerveillés, mais Héloïse anéantie par ce qui venait de se passer, s’écroula en larmes.

— Je veux partir avec eux, je n’ai même pas eu le temps de voir comme elle était belle. Maman, fais quelque chose, je veux y aller.

Charlie allait poser sa main sur la tête de sa fille, mais celle-ci se rebella :

— Ah non, tu ne vas pas encore me faire tout oublier. J’ai compris ton truc maintenant. Je veux aller là-bas.

© Isabelle-Marie d’Angèle (mai 2024)

À très vite…

Héloïse et Stefano

Bonjour toi 😉

C’est fou comme mon imagination s’est mise en route dès que j’ai commencé à retrouver mes personnages. Me voilà partie dans le monde imaginaire de la grenouille…

Héloïse n’en croyait pas ses oreilles. Charlie lui avait raconté une drôle d’histoire. Elle se demandait même si elle n’avait pas rêvé.

La grenouille serait une sorcière des rivières ! Il n’en fallait pas plus pour que la petite fille s’imagine dans l’eau entourée de batraciens.

Gertrude s’appellerait Nymphaïa et serait étourdie, distraite et ferait pas mal de bêtises, ce qui plaisait bien à Héloïse.

Le problème était que Nymphaïa avait la responsabilité de respecter la pureté de l’eau et à cause de sa distraction, elle oublia la poudre de sorcière qui devait traiter les rivières. Celles-ci empoisonnèrent peu à peu les poissons et les plantes aquatiques.

Fort heureusement, Straurius, alerté par les foisonnements des mauvaises herbes, des plaintes des fées et lutins et le manque de floraison comprit rapidement la faute commise.

Il réussit à rétablir l’ordre de la nature ce qui prit un certain temps et occasionna des retards et engendra une baisse de moral générale dans le petit monde.

En punition, il obligea Nymphaïa à plonger dans l’eau croupie. Pour se faire pardonner de cette négligence qui avait rendu furieux le roi des océans, il autorisa celui-ci à la baptiser de ce prénom de Gertrude et la transformer en grenouille.

Straurius, pour ne pas la punir à tout jamais, l’informa qu’elle retrouverait sa forme normale à condition qu’elle embrasse un humain, ce qui n’était pas chose aisée.

Grâce à Arthus qui avait pitié d’elle, elle eut la chance d’aller dans l’autre monde, mais le chat n’avait jamais pensé qu’elle voudrait embrasser Joe.

Charlie, persuadée que Straurius avait imaginé ce plan dans le but qu’elle revienne pour toujours dans son monde était très en colère. Voilà pourquoi, elle avait tout raconté à sa fille, afin de briser la promesse faite au grand sorcier.

Sans faire de bruit, alors que la lune n’en était qu’à son premier quartier, Héloïse sortit de la maison. Elle avait bien fait attention que la porte ne grince pas. Elle se dirigea vers la grange. Les chèvres levèrent la tête et les deux vaches couchées cessèrent de mâchonner, surprises de voir quelqu’un débouler chez elle à cette heure de la nuit.

Héloïse appela doucement la grenouille, mais celle-ci n’apparut pas.

— Ce n’est pas la peine de te cacher, dit plus fort Héloïse. Maman m’a dit qui tu es et je suis certaine que tu m’entends de là où tu es.

— Ne fais pas autant de bruit, tu fais peur à tout le monde.

Gertrude arriva en sautant devant la gamine en pyjama.

— Alors comme ça, tu sais qui je suis. Génial, tu vas pouvoir m’aider.

— C’est vrai que tu ne fais que des bêtises ?

Héloïse se laissa tomber près de la grenouille.

— Moi, aussi, je suis distraite et étourdie. Heureusement que maman n’est pas autant méchante que ton sorcier. Tu sais, je l’ai déjà vu. Il est beau.

— Hum ! comment vas-tu m’aider ?

— Je vais parler de toi à Stefano, je suis certaine qu’il voudra.

Gertrude sauta sur une botte de paille et toisa la gamine.

— C’est ton frère ?

— Presque, si tu l’embrasses, ça va le faire ?

— Moi, je préférerai ton père.

— Papa Joe n’est pas mon père.

— Pourquoi tu l’appelles papa alors ?

— Parce que Joe tout court, ça faisait drôle. C’est presque mon papa.

— Vous êtes bien compliqué vous les humains.

— Tu ne crois pas que tu l’es aussi ? Quelle idée d’être en grenouille alors que tu es une sorcière des rivières ! Je serai à ta place, je ne la ramènerai pas. Donc, tu es d’accord ?

— Va pour le gamin en espérant que ça marche !

— Comment ça tu veux que j’embrasse la grenouille ? Ça ne va pas dans ta tête ?

Le lendemain matin, sur le chemin de l’école, Stefano n’en croyait pas ses oreilles.

© Isabelle-Marie d’Angèle (avril 2024).

À très vite…

Héloïse et Stefano

Bonjour toi 😉

Les épisodes précédents sont ici

— Non mais j’te jure, tu ne pouvais pas faire attention !

Arthus perché sur le rebord de la fenêtre fixait Gertrude.

— C’est qu’elle est très forte la petite sorcière, grommela de sa voix rocailleuse la grenouille. Et puis, je ne suis plus toute jeune et je n’avais pas mes lunettes, je ne l’ai pas aperçue tout de suite. Elle m’a surprise.

Le chat se fendait la poire en deux.

— Des lunettes ? Tu m’en diras tant ! tu es une sorcière toi aussi, tu es donc immortelle et le temps n’a pas de prise sur toi. Dis plutôt que tu es restée sous le charme de Joe.

La grenouille ne répondit pas et s’en alla clopin-clopant près du nénuphar qui était sa maison.

Arthus la rejoignit sur la rive et entreprit de faire sa toilette. Ils étaient tous deux dans l’autre monde et le chat qui avait suivi toute la scène depuis en haut, commençait à se demander s’il n’avait pas fait le mauvais choix.

— Ce n’est pas de ma faute si Straurius m’a jeté ce sort. Je suis condamnée à être cet animal jusqu’à ce…

— Un humain t’embrasse et évidemment tu as pensé à Joe. Quel crétin je suis ! Mais je n’avais que toi sous la main et j’imaginais que tu étais assez petite pour ne pas te faire remarquer. Je n’allais quand même pas envoyer Auguste.

Tous deux ricanèrent. Le dénommé Auguste était un âne, mais comme tous ceux de son espèce, il n’en faisait qu’à sa tête.

Héloïse tournait autour de Charlie qui faisait celle qui n’entendait rien.

— Puisque je te dis que j’ai vu une grenouille et qu’elle discutait avec papa Joe.

Charlie soupira. Elle ne devait absolument pas entrer dans le jeu de sa fille et surtout il fallait qu’elle oublie cette histoire idiote.

— Tu sais bien Héloïse que ces animaux ne parlent pas, à part leurs coassements ridicules qui me font peur.

— Je sais que tu en peur maman, mais je te promets que c’est la vérité. Peut-être que c’est une princesse qui attend le baiser d’un prince charmant pour redevenir une humaine.

Charlie qui dessinait stoppa son geste. Impossible ! il ne pouvait pas avoir fait ça ! Aussitôt, elle ferma son esprit, il ne devait pas savoir.

— Alors, tu me crois ?

Héloïse ne lâchait pas prise. Charlie capitula et demanda à aller voir cette petite bête.

— Elle a disparu, je n’arrive pas à la retrouver. Elle était dans la grange avec les chèvres, Papa Joe ne l’a pas revue.

— Lui a-t-il parlé ?

— Je crois que oui.

Charlie sourit à sa fille et abandonna ses dessins.

— Viens donc me montrer cette grenouille.

Gertrude quitta son nénuphar d’un bond.

— Alerte, Shearah m’a reconnue.

Arthus continua sa toilette comme si de rien n’était.

© Isabelle-Marie d’Angèle (mars 2024).

À très vite…

Héloïse et Stefano

Bonjour toi 😉

Jour des enfants, que se passe-t-il chez Héloïse et Stefano ? Ici tu retrouveras les épisodes précédents 😊.

Héloïse et Stefano partaient toujours tous les deux à l’école et ils revenaient ensemble. Alors que la petite fille ne cessait de bavarder, Stefano répondait par monosyllabe. Depuis qu’il avait découvert qui était vraiment Charlie et Héloïse et qu’en plus, il devait tenir sa langue, c’était compliqué pour le gamin de rester naturel en présence d’elles deux. Aussi, de peur de se laisser emporter par les questions, il parlait peu.

— Tu es fâché après moi ?

Héloïse s’était arrêtée au milieu du chemin et les poings sur les hanches, elle regardait le garçon.

Aussitôt, il répondit :

— Pourquoi tu dis ça ? Je réfléchissais aux devoirs que je vais avoir à faire, c’est tout.

Elle se contenta de la réponse et se remit en route. Ils étaient arrivés, l’une rejoignit sa maman et l’autre son père qui s’occupait de ses chèvres. Le chevreau né il y quelques jours se portait bien.

Alors que Joe embrassait son fils et demandait si tout s’était bien passé à l’école, une voix rocailleuse les surprit.

— Quand même, j’arrive à vous trouver tous les deux.

Ils se retournèrent en même temps, mais ne virent personne.

Un éclat de rire résonna dans la grange.

— Je suis à vos pieds et toute petite.

Sur le sol, une grenouille les contemplait de ses yeux globuleux.

— Je m’appelle Gertrude et je viens de la part d’Arthus.

Jo sourit. Charlie avait une peur bleue de ces batraciens, elle ne s’en approcherait pas.

— Ohé, où êtes-vous ?

Héloïse déboula en courant et stoppa net devant Stefano et Joe.

— Vous parliez avec qui ? J’ai entendu une drôle de voix.

Joe haussa les épaules.

— Peut-être le chevreau qui bêlait pour appeler sa mère

Aussitôt, un cri rauque retentit.

— Il est trop mignon.

Héloïse s’approcha de l’endroit où se tenait l’animal qui cherchait à téter.

Joe baissa les yeux et rencontra ceux de la grenouille qui à sa grande surprise lui fit un clin d’œil. Stefano faillit éclater de rire.

C’était sans compter sur les pouvoirs d’Héloïse qui même si elle était encore jeune, avait ressenti une présence magique.

— Où te caches-tu ? Je sais que tu es là. Qui es-tu ?

Gertrude disparut. Joe et Stefano regardèrent Héloïse fouiller partout.

— Je suis sûre qu’il y avait un animal que vous ne voulez pas me montrer.

Elle allait taper du pied quand un chat gris se faufila entre ses jambes.

— Mais d’où viens-tu toi ?

Il ronronna contre elle. Elle allait le prendre dans ses bras, mais il ne se laissa pas faire et s’enfuit.

— Encore le chat du voisin sans doute, ronchonna Joe. Il se cache souvent ici.

Héloïse courut après lui.

Les deux complices se regardèrent.

— Ouf, on a eu chaud, dit Stefano.

— Oui, heureusement que j’ai plus d’un tour dans mon sac.

Gertrude était réapparue.

— Ah ! je savais bien !

Ils n’avaient pas vu revenir Héloïse qui contemplait la grenouille.

— C’est toi qui parles avec cette voix bizarre ? Tu es trop mignonne. De quel monde viens-tu ? Es-tu un prince charmant ou une princesse ?

Elle voulut attraper Gertrude, mais celle-ci disparut à nouveau.

— Maman maman, il y a une grenouille qui parle !

Elle partit en courant.

— Et ben ça commence bien ! murmura Stefano.

© Isabelle-Marie d’Angèle (février 2024).

À très vite…

Héloïse et Stefano

Bonjour toi 😉

C’était la pleine Lune et comme elle l’avait promis, Charlie alias la sorcière Shearah, repartait dans son monde. D’ordinaire tout se passait bien. Elle faisait en sorte que les enfants et Joe soient allés se coucher.

Ce soir-là, les deux garçons participaient à un concours de belote. Joe avait initié son fils à ce jeu de cartes et le gamin aimait profiter de son père. Aussi, dès qu’au village cett manifestation avait lieu, ils y allaient. Charlie n’avait pu les empêcher de partir et du coup, elle n’avait pu les endormir pour qu’elle puisse s’envoler sans éveiller leurs soupçons.

Rien ne se passait comme prévu, Héloïse avait mal au ventre et ne voulait pas aller se coucher. Elle ronchonnait quand Joe et Stefano sortaient tous les deux, elle était un peu jalouse de la complicité entre le père et le fils. Depuis quelque temps, elle avait l’impression d’être mise à l’écart des jeux avec Stefano. Elle avait bien tenté d’en parler à sa mère, mais celle-ci lui avait répliqué qu’elle se faisait des idées, qu’elle n’avait rien remarqué d’anormal. Ce qui était faux. Charlie sentait bien que quelque chose clochait.

Charlie savait que si elle ne respectait pas sa promesse, elle pourrait provoquer la colère de Straurius. Aussi, elle ferma les yeux et l’invoqua. Elle espérait qu’il l’entendrait.

— Qu’est-ce que tu fais maman ?

Charlie sursauta. Héloïse s’était glissée près d’elle et la regardait. Elle n’eut pas le temps de fermebloquer son esprit et Straurius s’imposa à elle lui intimant de le rejoindre. Rapidement, elle répondit qu’elle ne pouvait pas laisser sa fille. Elle espérait qu’il comprendrait.  

— Rien, je me reposais un peu les yeux, répondit-elle à sa fille.

— Tu étais toute drôle !

Charlie ne releva pas. Un vent s’était levé.

— C’est quoi ce bruit ?

Charlie réalisa immédiatement que Straurius n’était pas content qu’elle rompe son serment. La voix de stentor du sorcier résonna dans son esprit :

— Une promesse doit être respectée, tu connais les règles. Ta fille dormira jusqu’à ce que tu reviennes.

Charlie n’eut pas le temps de réagir qu’Héloïse s’envolait pour s’installer dans son lit. La jeune femme ne put que revêtir sa tenue d’apparat et disparaitre.

**********

— Tu as vu ? s’exclama Stefano.

Le père et le fils avaient prétexté un concours de belotte, mais il n’en était rien. Cela faisait plusieurs jours que tous deux surveillaient Charlie et Héloïse et ils n’avaient rien remarqué d’anormal jusqu’à ce soir.

Joe entra en trombe dans la chambre d’Héloïse. Celle-ci dormait paisiblement. Il n’osa pas la réveiller, il retrouva Stefano qui l’attendait dans la cuisine.

— Je t’avais dit que c’était une sorcière !

Joe se gratta la tête, il ne croyait pas en ces choses-là. Pourtant, ce qu’il venait de voir dépassait l’entendement.

— Tu penses que ça a un rapport avec la pleine lune ?

Stefano était planté devant la fenêtre et contemplait l’astre qui s’étalait dans un ciel bien dégagé. Son père faillit éclater de rire. Un coup d’œil jeté à son fils le retint.

— Demain, nous irons tous les deux à la bibliothèque et chercherons un bouquin sur les sorcières et leurs rituels.

— Je ne te dis pas la tête que va faire la dame à l’accueil, tu n’y mets jamais les pieds et en plus quand tu t’y pointes c’est pour parler de sorcière. Elle va se moquer de nous. Je vais retrouver le livre d’Héloïse et…

— Ce n’est pas la peine !

Ils sursautèrent tous les deux. Un chat noir les regardait. D’où arrivait-il ? Est-ce lui qu’ils avaient entendu ?

— Je vais tout vous expliquer puisque vous êtes bien curieux !

Il leva sa patte et en un éclair, Joe et Stefano virent défiler le monde de Charlie, qui elle était réellement, ce qui s’était passé il y a quelques mois, la promesse faite à Straurius, la formation d’Héloïse qui était elle aussi une sorcière.

— Si je suis ici, c’est parce que la prêtresse Isaulya me l’a permis. Vous devez toutefois prêter serment sur ce livre, jamais vous ne devrez révéler ce que vous avez appris. Isaulya a pensé que tous deux en étaient capables.

— Si elle est sorcière, elle le comprendra immédiatement, murmura Joe qui sentait le mal de tête le gagner.

— Héloïse pareil ! renchérit Stefano.

— Fermez votre esprit, répliqua Arthus.

Il réalisa aussitôt que ça ne voulait rien dire pour les deux mortels à voir leurs sourcils se froncer.

— D’accord d’accord, je vous aiderai. Je vais vous envoyer un ami à moi, vous le découvrirez bien assez tôt, qui saura vous guider.

— Charlie le connait et Héloïse ? demanda le garçon.

Stefano et Joe jurèrent que le chat riait.

— Faites-moi confiance.

Il leva sa patte vers eux et disparut.

© Isabelle-Marie d’Angèle (janvier 2024).

À très vite…

Héloïse et Stefano

Bonjour toi 😉

Petit rappel ici de ce qui s’était passé avec Héloïse. Joe, Stefano et Héloïse ne doivent plus se souvenir de ce qui est arrivé dans le monde des sorciers. Mais, est-ce que tout va se passer comme il se doit ?

Stefano, les mains dans les poches, regardait son père. Il ne savait comment lui parler. Joe était occupé à mettre bas une chèvre. D’habitude, il aimait assister à une naissance, mais aujourd’hui, il n’avait envie de rien.

Joe attrapa le chevreau. Tout s’était bien passé et déjà la mère léchait son petit. Il était toujours ému devant ce tableau. Il leva les yeux et aperçut son fils. Il se dirigea vers lui en se nettoyant les mains.

— Alors fiston, approche-toi. Tu le baptises ?

Stefano haussa les épaules et laissa échapper un pfft comme s’il était blasé. Surpris, Joe lui attrapa le menton et le releva vers lui. Il découvrit un regard voilé. Son fils avait de la peine et ne voulait pas le montrer, la preuve en était qu’il se frottait les yeux d’un geste rageur.

Joe fit comme s’il n’avait rien vu et le prit par le cou pour l’entrainer vers le chevreau. Celui-ci tirait déjà sur les tétines de sa mère ce qui arracha un sourire au gamin.

— Tu peux le caresser ? Biquette se laissera faire, elle te connait, elle n’est pas sauvage.

Stefano tendit la main. Le poil était dur et dru au contraire de la fourrure du terre-neuve. L’animal abandonna les tétines pour regarder, surpris, qui le touchait. Il s’approcha de Stefano, posa ses pattes sur lui et le fixa dans les yeux. Stefano éclata de rire. Le bruit lui fit peur, il sauta de côté et retrouva sa mère.

— Tu appelles toutes les chèvres Biquette, remarqua Stefano. Comment peuvent-elles savoir de qui tu parles ?

Joe sourit.

— Pas faux. Je n’ai pas un troupeau non plus, elles ne sont que trois. Aurais-tu une idée pour les baptiser ?

— Elles sont trop vieilles.

— Pas tant que ça. Trouve un nom pour le bébé alors.

— Pas envie. De toute façon, si Héloïse s’en mêle il ne sera pas à moi.

Joe ne fit aucune remarque. Depuis quelque temps, il sentait bien que quelque chose avait changé avec les enfants. Même Charlie n’était plus tout à fait la même, il ne savait pas comment le définir. Parfois, un malaise s’installait entre eux, qu’elle tentait de dissiper rapidement, mais il n’était pas dupe, quelque chose clochait.

Il avait remarqué qu’Héloïse avait beaucoup grandi, trop vite à son goût, alors que Stefano son aîné de deux ans, était dans la courbe normale des gamins de son âge. Il en avait parlé discrètement à Charlie, elle avait répondu qu’effectivement Héloïse était en avance, mais rien d’alarmant. Il n’avait pas insisté.

— Le revoilà lui !

Joe suivit le regard de son fils. Un Milan noir volait dans le ciel. Rien de surprenant, il y en avait souvent dans la région.

— Je suis sûr qu’il va se poser.

Stupéfait, Joe regarda mieux l’oiseau qui se déplaçait assez haut en tournoyant. Il criait comme le font ces oiseaux.

— Qu’est-ce que tu racontes, je n’ai jamais vu ça.

— C’est que tu n’as pas fait attention. Il se pose souvent quand Héloïse n’est pas loin, comme s’il était apprivoisé.

— Impossible Stefano, sourit Joe. Le milan est sauvage, il ne s’approche pas des hommes.

— Si tu le dis ! souffla-t-il.

Il se détourna brusquement. Les chèvres avaient perdu tout intérêt à ses yeux. Il bougonna :

— De toute façon, tu ne veux jamais me croire.

Joe se leva à son tour et saisit son fils par les épaules.

— Tu sais bien que c’est faux. Je t’écoute toujours.

— Oui, mais tu ne me crois pas.

— Comment peux-tu en être aussi certain puisque tu ne me dis rien ?

— J’ai la preuve de ce que je raconte. Je les ai pris en photo avec ton téléphone et ne me gronde pas, tu l’avais laissé sur la table de la cuisine. T’as qu’à regarder.

Joe n’était pas souvent sur son portable. Il l’avait dans la poche de son jeans, mais il pouvait effectivement lui arriver de l’oublier.

Il s’en saisit et l’ouvrit. Il parcourut la galerie, mais ne vit rien. Il tendit l’appareil à son fils.

— J’en étais sûr ! Héloïse a dû me voir et elle a fait un tour de magie comme elle sait le faire et la photo a disparu.

— Mais comment tu peux raconter des trucs aussi incongrus enfin !

Stefano tapa du pied et ses yeux se remplirent de larmes.

— Je le savais que tu ne me croirais pas, c’est toujours pareil. Je suis tout seul, toi tu ne vois rien ou tu ne veux rien voir, en fait tu t’en fous.

Joe ne pouvait supporter de voir son fils sangloter ainsi, il le serra contre lui.

— Écoute-moi Stefano, nous allons enquêter ensemble.

— Sérieux ?

Stefano essuya ses larmes, plein d’espoir.

— Tope là !

Ils se tapèrent dans la main et Stefano se jeta dans ses bras.

© Isabelle-Marie d’Angèle (janvier 2024).

À très vite…

Elsbeth Isobel et Héloïse

Bonjour toi 😉

Voici la fin de l’histoire. Décembre avance à grands pas et je me devais d’être prête pour te préparer comme l’an dernier, mon calendrier de l’Avent dès le 1er décembre.

Arthus se hérissa et doubla de volume puis il sauta au sol pour aller se planquer sous un meuble. Le regard de Charlie étincela et un écran de glace se matérialisa autour d’elle. Stupéfait, Joe voulut s’en approcher, d’un geste, elle le statufia.

Arthus se coucha et posa ses pattes sur les oreilles.

Je vis le grand sorcier tendre les bras vers ciel et lever la tête et j’eus peur. La colère de Straurius était légendaire et je craignais pour Stefano et Héloïse, mais stupéfaite, je découvris mon père baisser les bras et un sourire se dessiner sur ses lèvres.

Je compris à son visage qu’il parlait avec quelqu’un, mais je ne pouvais pas entendre ses paroles.

— Enfin, tu acceptes de discuter, Shearah !

Charlie usait de tout son pouvoir pour forcer le sorcier à l’écouter. Elle réussit à franchir toutes les barrières de son esprit pour lui parler.

— Straurius, je t’en prie, tu ne peux pas me séparer de ma fille.

— Il n’en a jamais été question, Shearah, pour qui me prends-tu ?

Interdite, elle faillit perdre sa concentration. Elle l’entendit rire.

— Allons, allons, ne te donne pas autant de mal, si tu es parvenue à m’atteindre, c’est que j’étais d’accord. Te rappelles-tu notre connexion hors norme ? Tu es une très grande sorcière Shearah, c’est pour cette raison que je t’en ai autant voulu. Héloïse a les mêmes dons que toi, peut-être davantage, c’est une nouvelle génération qui arrive !

Voici ce que je te propose : Viens la rechercher, pas besoin de Senu pour la ramener, elle et son petit compagnon. Il aurait suffi que tu me fasses confiance et me le demandes, j’aurais accepté. Crois-tu que je sois devenu un monstre ?

— Me laisseras-tu repartir ?

— À une condition, Shearah.

— Laquelle ?

— Ne sois donc pas si inquiète ! Tu devais bien te douter qu’il y aurait un prix à payer, celui-ci ne sera pas difficile. À chaque pleine lune, tu devras quitter ton monde pour passer quelque temps dans le nôtre. J’espère que tu n’as pas oublié que tu es la fée des oiseaux ? Je ne peux pas pallier ton absence. J’ai fait ce que j’ai pu ainsi que mon adjoint Harow et…

Il s’interrompit et respira plus vite. Il venait de l’entendre rire. Qu’il lui avait manqué ce son cristallin qu’elle seule possédait. Il reprit :

— Pourquoi ris-tu ?

— Harow ? Ton adjoint ? Est-il toujours aussi étourdi ?

Straurius riait. Je n’arrivais pas à en détacher mes yeux. Il avait constamment un air impassible et grave avec nous. Qui donc avait un tel pouvoir ?

— Ta tante.

Je n’avais pas vu ma mère se matérialiser.

— Ma sœur a toujours eu une grande complicité avec son beau-frère. Elle seule parvenait à lui faire perdre cet air, d’ailleurs, elle s’en moquait ouvertement.

Je me demandai quel lien pouvait-il y avoir entre mon père et elle et pourquoi, s’ils étaient si complices, avait-il choisi sa sœur.

Je n’avais pas verrouillé mon esprit et je vis Isaulya sourire.

— Il n’a jamais été amoureux d’elle, c’est un beau roman d’amité entre eux. Il m’a préférée parce qu’il m’aimait tout simplement.

— Tu n’as jamais été jalouse d’elle ?

Elle arqua ses sourcils impeccablement dessinés.

— Quel horrible mot, Elsbeth Isobel ! Dois-je te rappeler que ce sentiment est banni de notre monde ? J’aime ma sœur et j’ai respecté son choix. J’espère qu’elle va accepter ce que va lui demander ton père.

Surprise, je compris qu’elle savait ce qu’ils se racontaient. Une fois de plus, elle répondit à ma place. Décidément, je devrai faire d’énormes progrès pour interdire l’intrusion dans mon esprit.

— Je les connais tous les deux et ils étaient très forts à ce jeu. Je me doutais bien qu’elle allait lui parler par ce biais.

— Tu n’as pas répondu à ma question ? Acceptes-tu ma demande ?

— Il semble que je n’ai pas le choix pour revoir ma fille.

— Shearah, suis-je donc si horrible ? C’est l’autre monde qui t’a rendue si négative ?

— C’est d’accord, je reviendrai à chaque pleine lune et assisterai à la grande célébration parce que j’imagine qu’elle existe toujours.

— Tu seras alors une sorcière chez les humains, je te l’accorde, mais jamais tu ne devras le révéler. Tu pourras continuer à pratiquer à chaque nouvelle lune et à chaque pleine lune, je t’attendrai. Concernant l’éducation d’Héloïse, je compte sur toi pour en faire une sorcière digne de ce nom. Nous patienterons jusuq’à ses 10 ans pour que tu l’emmènes avec toi. D’ici là, tu ne lui parles de rien et je souhaite qu’elle oublie tout ce qui s’est passé ces jours-ci. De même pour ton compagnon, fais le nécessaire pour qu’il ne sache plus qui tu es. Tu reprends ta vie normalement avant notre venue. Ah ! j’oubliais… concernant ce livre… je te laisse libre de ton choix pour le petit Enzo… Je sais que tu es une grande sorcière pleine de bon sens et de ressources. Autre chose, en tant que dame des oiseaux, tu aurais pu faire confiance à Senu.

Elle l’entendit rire. Elle crut que c’était terminé, mais il reprit :

— Je t’attends, viens donc chercher ta fille

Il ferma son esprit. Elle ne put lire à quel point il était heureux et le sentiment étrange qui l’habitait.

Arthus sortit de sa cachette et sauta sur son épaule. Dès lors, elle sut qu’il l’accompagnerait. L’écran de glace se brisa. Elle embrassa Joe longuement et tendrement. Il ne la vit pas disparaitre. Pour lui, c’était une journée comme les autres. Il rejoignit son tracteur et reprit ses activités comme si de rien n’était.

Heureusement que Stefano s’était effondré épuisé sur le lit, il ne vit pas apparaitre Shearah que lui appelait Charlie. Qu’elle était jolie avec cette robe de sorcière !

Je regardai ma mère lui tendre les bras et essuyer furtivement une perle de diamant. Héloïse ébahie de découvrir sa maman ainsi était subjuguée par sa beauté.

Je me tournai vers mon père.

Pas un muscle de son visage ne bougeait. Shearah s’inclina devant lui. Il restait le grand sorcier de notre monde, elle lui devait le respect.

Arthus sauta dans mes bras et se mit à ronronner de contentement. Machinalement, je le caressai.

Il devait être sacrément chamboulé Straurius pour laisser ainsi ouvert son esprit. Je captai aussitôt sa joie de retrouver Shearah… je sentis aussi leurs battements de cœur à l’unisson… ça ne dura qu’un instant, l’esprit se ferma à double tour. Je compris que c’était un secret et qu’il ne devrait jamais être dévoilé.

Shearah saisit sa fille, Stefano tombant de sommeil ne sut pas ce qu’il lui arrivait.

Straurius posa la main sur l’épaule de Shearah, leurs yeux se soudèrent, puis il murmura : va et n’oublie pas ta promesse. Nous t’attendrons.

Isaulya se joignit à son mari et Shearah disparut emmenant avec elle les enfants.

Je sentis la détresse de mon père, elle ne dura qu’un instant, mais assez pour que je la ressente. Il saisit les doigts de ma mère et les baisa.

FIN

© Isabelle-Marie d’Angèle (novembre 2023).

À très vite…

Elsbeth Isobel et Héloïse

Bonjour toi 😉

Je suivais avec appréhension l’arrivée de Senu. Arthus avait eu une merveilleuse idée. Il est vrai qu’il était ami avec l’aigle. Celui-ci ne pouvait rien lui refuser. Ce qui m’étonnait c’est que Straurius ne se soit aperçu de rien. Bizarre ! Rien ne lui échappait d’ordinaire.

Senu avait dit la vérité, les jours et les semaines s’étaient écoulés ici et Héloïse avait commencé son apprentissage de petite sorcière sous l’œil attentif de ma mère, sa tante. Une chose m’inquiétait pourtant, Héloïse n’avait plus dit un mot depuis son arrivée. Elle avait pleuré longtemps puis ses larmes s’étaient taries et elle était restée muette. Isaulya, toute grande prêtresse qu’elle était avait été très surprise de la résistance que lui présentait sa nièce, mais elle n’avait rien raconté à Straurius. Celui-ci suivait son éducation et j’étais certaine qu’il savait ce qu’on tentait de lui cacher, mais il se taisait.

À mon tour, j’avais fermé mon esprit à ma mère. Elle ignorait donc que Senu était en route. J’avais beaucoup progressé dans mes dons et je m’apercevais qu’Héloïse était plus forte que moi. À son âge, je n’aurais jamais pu dissimuler quoique ce soit à mes parents. Elle y réussissait à merveille.

Arthus et Charlie suivaient de la même façon le chemin de Senu. La sorcière Shearah avait réussi à fléchir Arthus. Joe devait savoir où était son fils, il était insoutenable à Charlie de le voir bloqué dans son espace-temps.

— Il ne souffre pas et ne se rend compte de rien, affirmait le chat.

Mais Charlie ne voulait plus rien lui cacher. Arthus avait dodeliné de la tête et avait cédé. Lui seul avait le pouvoir de casser l’envoutement, c’est ce qu’il fit.

Faire comprendre à Joe ce qui se passait ne fut pas une mince affaire. Lui qui ne croyait pas aux sorcières ni au surnaturel, fut obligé de se rendre à l’évidence en découvrant dans la boule de cristal de Charlie, son gamin sur le dos d’un aigle. Stefano ne semblait pas souffrir et son regard émerveillé devant les paysages de l’autre monde le rassurait un peu.

Ce qu’Arthus avait omis d’avouer à Joe c’est que Charlie était une très grande sorcière. Il lui suffit d’ouvrir à nouveau son esprit et elle retrouva rapidement l’incantation qui rendit muette sa fille. Elle réussissait ainsi à communiquer avec elle, faisant très attention à ce que Straurius ne se rende compte de rien. Lorsqu’elle était dans son monde, elle s’amusait souvent à le berner. Elle avait toujours admiré son beau-frère et c’était réciproque. Il n’y avait jamais eu d’équivoque entre eux, il était l’homme de sa sœur, mais leur complicité était connue de tous, ce qui expliquait sa colère quand elle avait choisi de partir. C’était lui qui l’avait instruit et donné de précieux conseils, Isaulya n’en avait jamais pris ombrage.

Charlie ferma les yeux et avertit Héloïse que Stefano était proche pour la ramener. Comme elle était muette, ce serait facile pour le petit garçon de ne pas lâcher un mot. Elle lui inculqua aussi comment faire pour parler à l’esprit de Stefano. Restait à savoir comment il réagirait. Elle ne pouvait malheureusement pas le prévenir. Senu pourrait s’en rendre compte et Charlie ne le connaissait pas assez pour lui faire confiance.

Senu était là, il s’arrêta sur le balcon de ma chambre. Je ne pouvais m’empêcher de l’admirer. Stefano posa les pieds au sol. J’ouvris la porte-fenêtre.

— C’est bien ce que je pensais !

Straurius, les bras croisés nous contemplaient.

À suivre …

© Isabelle-Marie d’Angèle (novembre 2023).

À très vite…

Elsbeth Isobel et Héloïse

Bonjour toi 😉

Le mois d’octobre est terminé mais pas l’histoire de mes sorcières 😁.

Elsbeth Isobel contemplait avec tristesse sa petite compagne affalée sur le lit qui pleurait à chaudes larmes. Elle ne cessait de répéter :

— Je veux maman. Où est ma maman ?

Toute sorcière qu’elle était Elsbeth Isobel ne savait que faire. Elle ne pouvait adoucir sa peine sans risquer de déclencher la colère de son père, Straurius. S’il ne tenait qu’à elle, elle la renverrait illico dans son monde, mais c’était impossible, ses pouvoirs seraient immédiatement contrecarrés par le sorcier.

Arthus qui était resté là-bas ne pouvait lui être d’aucun secours, lui qui avait toujours de bonnes idées aurait certainement pu la conseiller.

Mais soudain, la lumière se fit.

Elle fit apparaitre le livre qu’Héloïse lisait chez elle et dont son chat lui avait parlé.

— Pourquoi compliqué ? Un chat qui parle, dans mon monde, ça n’existe pas. Vous pouvez donc faire des choses bien plus complexes que nous envoyer près d’Héloïse non ? Je répète alors ma question : qu’attendez-vous pour nous envoyer là-bas ?

— Expliquez-lui, répondit nonchalamment Arthus, en regardant Charlie sans cesser de se lécher.

— Moi seule peux y retourner, toi et ton fils n’y avez pas votre place, vous êtes humains.

— Pourtant, Samy dans le livre y est bien allée, l’interrompit Stefano.

— C’est une histoire, ce n’est pas la réalité.

Joe haussa le ton :

— Parce qu’avoir une femme sorcière et un chat qui parle c’est la réalité peut-être ?

Arthus cessa sa toilette et les fixa de ses yeux verts, leur intimant de se taire. Assis bien droit sur la table de la cuisine, il semblait écouter. Soudain, il sauta sur le sol et sortit. Stupéfaits, Joe, Stefano et Charlie le suivirent. Le chat, le nez en l’air contemplait le ciel.

Stefano s’écria :

— Regarde papa, un aigle ! Il est magnifique !

Un superbe oiseau tournoyait très haut au-dessus d’eux en poussant son cri. Lentement, il amorça sa descente.

Stefano ne pouvait en détacher ses yeux et quand celui-ci se posa près de lui pour l’inviter à grimper sur son dos, il n’hésita pas une seconde.

—  Attends … Je m’appelle Senu, je vais t’emmener retrouver Héloïse et si tu me promets de garder le silence tout le long du voyage, tu pourras la ramener avec toi. Mais, souviens-toi, tu ne dois pas ouvrir la bouche, quoique tu vois. Notre monde est magnifique et tu vas découvrir le pays des fées, des lutins, des sorciers et une nature inconnue pour toi. Es-tu capable de respecter à la lettre ce que je te demande ? Pas un mot, pas un rire, pas même un oh ou ah de bonheur. Tu as juste le droit de respirer et de t’agripper à mon cou. Moi seul t’indiquerais les endroits que tu pourras admirer et surtout… quand tu apercevras Héloïse, n’oublie pas : tais-toi. Tu ne dois pas lui répondre, même pas lui demander de grimper avec toi. Seule, elle doit le comprendre. Chez nous, le temps n’est pas le même. Pour toi, il n’y a que quelques heures qu’elle est partie, pour elle, ça fait des semaines. Elle te semblera différente, mais dès qu’elle sera sur mon dos, elle redeviendra celle que tu connais. Tu es le seul qui puisse l’obliger à revenir ici, et crois-moi, la tâche ne sera pas facile, car notre monde est bien plus gai que le tien. N’oublie pas, pas un mot et tu n’as pas d’autre chance de te rattraper si tu échoues. Si tu acceptes, dès que tu seras sur mon dos, tu ne parleras plus. Tu n’auras ni faim ni soif ni froid ni chaud. Tu n’auras besoin de rien. Tu pourras à nouveau me parler quand je serai revenu ici au même endroit avec vous deux et que je me serai posé. Alors es-tu d’accord ?

Stefano regarda son père. Senu ajouta :

— Il ne me voit pas, seuls Arthus et Shearah ont suivi mes paroles et savent que je suis là.

Stefano sentit les larmes monter, il osa demander d’une voix tremblante :

— Papa va être malheureux, il ne va pas comprendre. Qui va lui expliquer ?

— Il ne saura pas que tu as disparu. Pour lui, le temps s’est arrêté. Alors ?

— Le voyage va durer longtemps ?

— Je te le répète, les heures, les minutes et les secondes n’existent pas chez nous, nous suivons le rythme des saisons.

Stefano prit une grande inspiration. Il regarda une dernière fois son père.

— Je peux l’embrasser ?

— C’est comme si c’était fait.

Stefano soupira, essuya d’un revers de main ses larmes et grimpa sur l’aigle. Celui-ci tourna la tête vers lui :

— Accroche-toi à mon cou et à partir de maintenant, plus un mot.

Arthus et Charlie les regardèrent disparaitre au loin. Seule, Charlie entendit le chat :

— C’était l’unique chance et Stefano est capable de réussir. Aie confiance en lui.

À suivre …

© Isabelle-Marie d’Angèle (novembre 2023).

À très vite…

Elsbeth Isobel et Héloïse

Bonjour toi 😉

Joe et Stefano se regardèrent abasourdis.

— Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Où est Héloïse ? demanda Joe, la voix tremblante.

Charlie était écroulée au sol. Il ne l’avait jamais vue ainsi. Il s’approcha d’elle et voulut la prendre dans ses bras. Elle le repoussa brutalement.

Surpris, il se tourna vers son garçon qui pleurait sans bruit recroquevillé dans un coin de la cuisine, le terre-neuve à ses pieds. Il s’accroupit près de son fils qui lui murmura à l’oreille :

— Ils l’ont emmenée dans leur monde. C’est un grand sorcier.

Puis, il cria sur Charlie :

— Dis-lui toi, c’est de ta faute avec ton livre. Je le savais que tu n’étais pas comme tout le monde, et Héloïse aussi. Montre le livre à papa.

Charlie se releva, les joues marbrées par les larmes. Elle jeta le livre sur la table. Joe le saisit et le parcourut rapidement. Effectivement, il crut reconnaitre les personnages qui étaient là, il y a quelques instants chez lui. Il se gratta la tête, il ne pouvait pas avaler ça. Pourtant, Héloïse avait bel et bien disparu. Il n’hésita pas une seconde et de sa voix grave, il demanda à Charlie :

— Comment fait-on pour aller là-bas ? Tu me raconteras tout plus tard Charlie, pour l’instant l’urgence c’est Héloïse.

Comme elle aimait cet homme ! comment lui dire qu’elle ne pouvait plus y retourner.

— Je vais vous aider !

Ils firent volte-face d’un bloc. Texas gronda, mais ne bougea pas. Arthus grimpa sur la table et s’y assit. Tout en se passant la patte par-dessus l’oreille, il continua :

— Ne me regardez pas comme ça ! Vous avez tous compris que des trucs bizarres arrivent aujourd’hui. Alors, oui je parle et je suis Arthus. Charlie est la sorcière Shearah et la sœur de la mère d’Elsbeth Isobel. Tout comme Héloïse, elle voulut connaître votre monde et elle tomba amoureuse. C’est une histoire toute simple, mais une sorcière ne peut pas rester dans le monde des humains. Par amour, elle choisit de rester ici, mais elle aurait pu revenir grâce à Isaulya. L’homme qu’elle aimait n’était malheureusement pas le gentil qu’il paraissait, mais il était trop tard. Shearah était enceinte, la colère de Straurius quand il l’apprit, fit qu’elle soit radiée à jamais. Grâce à Isaulya, sa sœur garda quelques pouvoirs qui lui permettaient de vivre heureuse ici. C’est aussi grâce à elle qu’elle fit votre rencontre. Ce que Isaulya ne savait pas c’est qu’Héloïse avait développé les dons de sa mère. Straurius refuse qu’une sorcière soit chez les humains, c’est pourquoi il a emmené votre fille. Il espère ainsi que vous reviendrez à la raison et nous rejoindrez. Il s’en est toujours voulu de vous avoir radié, vous êtes un cas unique.

Arthus se tut et continua de faire sa toilette comme tout chat qui se respecte.

La voix de Joe le fit sursauter :

— Et donc ? Qu’attendez-vous pour nous envoyer là-bas ?

Arthus se gratta l’oreille.

— En fait, c’est compliqué.

À suivre …

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2023).

À très vite…