Bonjour toi 😉
Voici la fin de l’histoire. Décembre avance à grands pas et je me devais d’être prête pour te préparer comme l’an dernier, mon calendrier de l’Avent dès le 1er décembre.
Arthus se hérissa et doubla de volume puis il sauta au sol pour aller se planquer sous un meuble. Le regard de Charlie étincela et un écran de glace se matérialisa autour d’elle. Stupéfait, Joe voulut s’en approcher, d’un geste, elle le statufia.
Arthus se coucha et posa ses pattes sur les oreilles.
Je vis le grand sorcier tendre les bras vers ciel et lever la tête et j’eus peur. La colère de Straurius était légendaire et je craignais pour Stefano et Héloïse, mais stupéfaite, je découvris mon père baisser les bras et un sourire se dessiner sur ses lèvres.
Je compris à son visage qu’il parlait avec quelqu’un, mais je ne pouvais pas entendre ses paroles.
— Enfin, tu acceptes de discuter, Shearah !
Charlie usait de tout son pouvoir pour forcer le sorcier à l’écouter. Elle réussit à franchir toutes les barrières de son esprit pour lui parler.
— Straurius, je t’en prie, tu ne peux pas me séparer de ma fille.
— Il n’en a jamais été question, Shearah, pour qui me prends-tu ?
Interdite, elle faillit perdre sa concentration. Elle l’entendit rire.
— Allons, allons, ne te donne pas autant de mal, si tu es parvenue à m’atteindre, c’est que j’étais d’accord. Te rappelles-tu notre connexion hors norme ? Tu es une très grande sorcière Shearah, c’est pour cette raison que je t’en ai autant voulu. Héloïse a les mêmes dons que toi, peut-être davantage, c’est une nouvelle génération qui arrive !
Voici ce que je te propose : Viens la rechercher, pas besoin de Senu pour la ramener, elle et son petit compagnon. Il aurait suffi que tu me fasses confiance et me le demandes, j’aurais accepté. Crois-tu que je sois devenu un monstre ?
— Me laisseras-tu repartir ?
— À une condition, Shearah.
— Laquelle ?
— Ne sois donc pas si inquiète ! Tu devais bien te douter qu’il y aurait un prix à payer, celui-ci ne sera pas difficile. À chaque pleine lune, tu devras quitter ton monde pour passer quelque temps dans le nôtre. J’espère que tu n’as pas oublié que tu es la fée des oiseaux ? Je ne peux pas pallier ton absence. J’ai fait ce que j’ai pu ainsi que mon adjoint Harow et…
Il s’interrompit et respira plus vite. Il venait de l’entendre rire. Qu’il lui avait manqué ce son cristallin qu’elle seule possédait. Il reprit :
— Pourquoi ris-tu ?
— Harow ? Ton adjoint ? Est-il toujours aussi étourdi ?
Straurius riait. Je n’arrivais pas à en détacher mes yeux. Il avait constamment un air impassible et grave avec nous. Qui donc avait un tel pouvoir ?
— Ta tante.
Je n’avais pas vu ma mère se matérialiser.
— Ma sœur a toujours eu une grande complicité avec son beau-frère. Elle seule parvenait à lui faire perdre cet air, d’ailleurs, elle s’en moquait ouvertement.
Je me demandai quel lien pouvait-il y avoir entre mon père et elle et pourquoi, s’ils étaient si complices, avait-il choisi sa sœur.
Je n’avais pas verrouillé mon esprit et je vis Isaulya sourire.
— Il n’a jamais été amoureux d’elle, c’est un beau roman d’amité entre eux. Il m’a préférée parce qu’il m’aimait tout simplement.
— Tu n’as jamais été jalouse d’elle ?
Elle arqua ses sourcils impeccablement dessinés.
— Quel horrible mot, Elsbeth Isobel ! Dois-je te rappeler que ce sentiment est banni de notre monde ? J’aime ma sœur et j’ai respecté son choix. J’espère qu’elle va accepter ce que va lui demander ton père.
Surprise, je compris qu’elle savait ce qu’ils se racontaient. Une fois de plus, elle répondit à ma place. Décidément, je devrai faire d’énormes progrès pour interdire l’intrusion dans mon esprit.
— Je les connais tous les deux et ils étaient très forts à ce jeu. Je me doutais bien qu’elle allait lui parler par ce biais.
— Tu n’as pas répondu à ma question ? Acceptes-tu ma demande ?
— Il semble que je n’ai pas le choix pour revoir ma fille.
— Shearah, suis-je donc si horrible ? C’est l’autre monde qui t’a rendue si négative ?
— C’est d’accord, je reviendrai à chaque pleine lune et assisterai à la grande célébration parce que j’imagine qu’elle existe toujours.
— Tu seras alors une sorcière chez les humains, je te l’accorde, mais jamais tu ne devras le révéler. Tu pourras continuer à pratiquer à chaque nouvelle lune et à chaque pleine lune, je t’attendrai. Concernant l’éducation d’Héloïse, je compte sur toi pour en faire une sorcière digne de ce nom. Nous patienterons jusuq’à ses 10 ans pour que tu l’emmènes avec toi. D’ici là, tu ne lui parles de rien et je souhaite qu’elle oublie tout ce qui s’est passé ces jours-ci. De même pour ton compagnon, fais le nécessaire pour qu’il ne sache plus qui tu es. Tu reprends ta vie normalement avant notre venue. Ah ! j’oubliais… concernant ce livre… je te laisse libre de ton choix pour le petit Enzo… Je sais que tu es une grande sorcière pleine de bon sens et de ressources. Autre chose, en tant que dame des oiseaux, tu aurais pu faire confiance à Senu.
Elle l’entendit rire. Elle crut que c’était terminé, mais il reprit :
— Je t’attends, viens donc chercher ta fille
Il ferma son esprit. Elle ne put lire à quel point il était heureux et le sentiment étrange qui l’habitait.
Arthus sortit de sa cachette et sauta sur son épaule. Dès lors, elle sut qu’il l’accompagnerait. L’écran de glace se brisa. Elle embrassa Joe longuement et tendrement. Il ne la vit pas disparaitre. Pour lui, c’était une journée comme les autres. Il rejoignit son tracteur et reprit ses activités comme si de rien n’était.
Heureusement que Stefano s’était effondré épuisé sur le lit, il ne vit pas apparaitre Shearah que lui appelait Charlie. Qu’elle était jolie avec cette robe de sorcière !
Je regardai ma mère lui tendre les bras et essuyer furtivement une perle de diamant. Héloïse ébahie de découvrir sa maman ainsi était subjuguée par sa beauté.
Je me tournai vers mon père.
Pas un muscle de son visage ne bougeait. Shearah s’inclina devant lui. Il restait le grand sorcier de notre monde, elle lui devait le respect.
Arthus sauta dans mes bras et se mit à ronronner de contentement. Machinalement, je le caressai.
Il devait être sacrément chamboulé Straurius pour laisser ainsi ouvert son esprit. Je captai aussitôt sa joie de retrouver Shearah… je sentis aussi leurs battements de cœur à l’unisson… ça ne dura qu’un instant, l’esprit se ferma à double tour. Je compris que c’était un secret et qu’il ne devrait jamais être dévoilé.
Shearah saisit sa fille, Stefano tombant de sommeil ne sut pas ce qu’il lui arrivait.
Straurius posa la main sur l’épaule de Shearah, leurs yeux se soudèrent, puis il murmura : va et n’oublie pas ta promesse. Nous t’attendrons.
Isaulya se joignit à son mari et Shearah disparut emmenant avec elle les enfants.
Je sentis la détresse de mon père, elle ne dura qu’un instant, mais assez pour que je la ressente. Il saisit les doigts de ma mère et les baisa.
FIN
© Isabelle-Marie d’Angèle (novembre 2023).