Bonjour toi 😉
Je t’emmène avec moi en compagnie de MaLou, Millie, Lou et Pilou.

MaLou a décidé d’embarquer Millie (9 ans), Pilou (8 ans) et Lou (4 ans) dans une promenade qu’elles n’ont jamais faite et aussitôt, elle est assaillie de questions auxquelles elle n’a pas le temps de répondre.
— C’est où ?
— C’est quoi ?
— C’est loin ?
— Il faut mettre les bottes ?
Dans tous les cas, elles sont déjà en train d’enlever les chaussons pour enfiler les baskets. Avec le scratch, Lou y arrive du premier coup, même si parfois, elle demande de l’aide en implorant :
— Tu serres bien le cratch !
Il fait encore beau, pas besoin de manteau et les voilà parties.
MaLou explique qu’elles vont aller sur l’allée du château. Les réactions sont différentes.
Millie s’empresse de rêvasser.

— Ce serait trop bien que tu habites là-bas (au château). Tu imagines ? Maman me laisserait au bout de l’allée et tu viendrais me chercher. PaLou aurait préparé une brioche et on pourrait goûter dans ton château. Ce serait trop bien.

Pilou n’a pas du tout la même attitude. Armée d’un bout de bois qui a office d’être un couteau magique, elle coupe à tour de bras tout ce qu’elle trouve sur son passage : fleurs sauvages, mauvaises herbes. Elle galope loin devant, on dirait un cabri, parle toute seule et s’invente des histoires. Elle ramasse tout ce qui l’intéresse, branchage, feuilles, qu’elle aimerait bien que je garde à la maison. Elle remplit ses poches de trésors. Elle revient de temps en temps vers moi pour me montrer comment son arme merveilleuse fonctionne.
— T’as vu MaLou comme il marche bien.
Je répète à tout va qu’elle pourrait rester avec nous, mais mes mots se perdent le long de l’allée, elle est déjà repartie.

— C’est encore loin ?
Lou la plus petite prend son temps et traine un peu la patte.
— J’ai mal aux jambes.
— Si tu veux, j’appelle PaLou. Il viendra te rechercher en voiture.
C’est immédiat, tout va bien et elle reprend sa route. Ô grand jamais, elle ne louperait l’allée du château. Heureusement pour moi, car je suis certaine que PaLou n’aurait pas sorti la voiture pour faire 1 km et encore je ne suis pas sûre qu’il y soit ce kilomètre.
La voilà enfin cette allée avec le château tout au bout. Il n’a rien de celui de la Belle au Bois dormant. Il est en travaux, il accueille l’été un food truck et la population du village pour regarder le cinéma en plein air, mais il a l’avantage d’avoir effectivement un très long chemin qui fait rêver et Millie ne s’en prive pas.
Sa main dans la mienne, elle imagine. Les chiens par-ci, les chevaux par-là, la grille qui s’ouvre à notre approche, moi, qui l’attend en haut du perron. Il ne manque que la calèche qui s’arrête devant moi (la voiture a disparu, finalement c’est mieux d’arriver comme ça).

Lou est devant nous et marche tranquillement, les mains dans les poches, le nez au vent. Parfois, elle se penche pour ramasser une fleur, un brin d’herbe, une chose qu’elle a trouvée belle et qu’elle m’offre avec son grand sourire charmeur.
— Tu le mettras dans l’eau à ta maison.

Pilou galope dans tous les sens, coupant par-ci, fauchant par-là avec son arme magique. Elle est la première à arriver devant la grille fermée avec des panneaux qui nous signalent qu’il y a des caméras et qu’il ne faut pas s’approcher.

Lou se colle aux barreaux et regarde la cour. Elle ne sait pas lire, elle s’en moque de ce qui est écrit. Pilou, la grande aventurière aurait bien envie d’entrer. Bien sûr que non, faisons demi-tour.

Elles sont ravies de la promenade. De hauts arbres se balancent au gré du vent et j’avoue que moi aussi, mon imagination s’envole et je suis prise en flagrant délit par Millie qui saisit ma main et demande :
— À quoi tu penses ? Tu vas écrire une histoire ?
— Quelle idée ! gloussais-je. Allez on repart les filles.

Et Pilou nous devance encore, Lou trainasse et s’arrête. Elle s’accroupit et contemple une fleur enfin à ce qui lui ressemble. Elle la regarde avec attention puis se relève. Millie tient toujours ma main.

© Isabelle-Marie d’Angèle (novembre 2022).
