Il était des fois

Bonjour toi 😉

Petit Paul comme tous les soirs demanda une histoire avant de s’endormir. C’est papa qui dut s’y coller aujourd’hui. Il saisit un illustré dans l’étagère.

— Non pas une histoire dans un livre. Invente.

Papa soupira. Il n’avait pas beaucoup d’imagination et surtout pas trop envie de se creuser la tête. De plus, une émission à la télévision l’intéressait et elle allait commencer. Il demanda plein d’espoir :

— Tu veux que j’appelle maman ?

Il était déjà debout, mais Petit Paul le rattrapa par la main.

— Non, toi !

Résigné, papa se lança. Quand Petit Paul avait une idée derrière la tête, inutile de tenter de le faire penser à autre chose.

— Il était une fois…

— Pourquoi une fois ? Tu ne peux pas changer, c’est toujours pareil que ça commence.

Le garçon bien assis dans son lit regarda plein d’espoir son père. Il avait tellement confiance en lui que celui-ci regretta d’avoir pu préférer le grand écran à son bonhomme de cinq ans. Il allait vraiment devoir faire un effort, car ce soir l’imagination lui faisait cruellement défaut.

— Alors ? insista le gamin.

— Il était… deux fois ?

— C’est nul papa. Commence par il était des fois que j’aimerais… avoir un chien. Tu vois, je t’aide.

— Ah d’accord, c’était donc ça ! Il était des fois un petit garçon qui n’arrêtait pas de répéter qu’il voulait un chien.

Papa sourit pensant que finalement le sujet de l’histoire était trouvé.

— Des fois que son papa changerait d’avis, continua Petit Paul plein d’espoir.

— Des fois que le petit garçon commençait sérieusement à énerver son papa.

— Des fois que le papa n’aurait pas bien entendu.

— Des fois que le petit garçon n’aurait pas compris que ce n’était pas possible.

— Des fois que le papa voudrait que le petit garçon ne soit pas malheureux, insista Petit Paul les larmes aux yeux.

— Des fois que le petit garçon jouerait bien la comédie avec ses yeux tout tristes.

— Mais je pleure vraiment…

— Des fois qu’il faudrait peut-être s’endormir.

— Des fois que tu ne m’aimes plus.

— Des fois que tu dis n’importe quoi.

— Non c’est pas vrai, sinon tu me l’achèterais le chien.

La patience de Papa avait quand même des limites.

— Petit Paul, ça suffit, tu te couches des fois que je me fâcherais pour de bon et que tu n’aurais jamais de toutou.

Le gamin releva la tête :

— T’as dit quoi ?

— Tu dors maintenant.

Papa l’embrassa et éteignit la lumière.

— Tu changeras peut-être d’avis hein papa, murmura Petit Paul, des fois que je serais vraiment sage et que je n’en parlerais plus jamais ? Et puis, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, même que c’est toi qui le dis.

© Isabelle-Marie d’Angèle (novembre 2022)

À très vite…