Résumé
Cléo Rose 25 ans. Réceptionniste d’hôtel dans une petite ville touristique. Fille de directeur et directrice d’école, elle n’a pas voulu suivre leur parcours et a passé un BTS Tourisme. Diplôme en poche, elle a trouvé ce poste dans cet hôtel 4 étoiles grâce à la notoriété de son père, fils et petit-fils d’une famille connue de la ville.
Arsène Maestro, 45 ans. Réalisateur très connu en quête de son héroïne pour son prochain film. Avec son meilleur ami et scénariste Claudio Copa, ils sillonnent les routes à la recherche du coup de cœur.
Par un pur hasard, Cléo va croiser sa route à cause ou grâce à une clé perdue. De quiproquos en situations inattendues, Cléo et Arsène vont dérouler tambour battant le film qui va changer leur vie.
Chapitre 1
— Vise un peu la rouquine ! Là !
Claudio Copa montra du doigt la jolie fille qui se mettait presque à quatre pattes dans le caniveau. Scénariste et meilleur ami d’Arsène Maestro, le réalisateur de renom, il sentait l’adrénaline courir dans ses veines. Depuis des semaines, ils cherchaient tous deux l’héroïne du nouveau film de Maestro.
— Arrête-toi je te dis !
— Je vais trouver une place de parking, ne t’énerve pas.
— Regarde ! Elle est trop marrante avec ses immenses lunettes qui lui tombent sur le bout du nez. Et ses cheveux ? Tu as vu ses boucles ?
— D’accord, Claudio, j’ai compris, tu as craqué pour cette nana. Qui te dit qu’elle a une belle voix ?
— Baisse ta vitre !
— Mais…
— Baisse ta vitre, je te dis !
La rouquine en question commençait à en avoir ras le bol de ce client à qui tout était permis parce qu’il avait la bourse bien remplie. Ses lunettes glissaient à cause de la chaleur. Ses cheveux qu’elle tentait vainement de jeter vers l’arrière n’en faisaient qu’à leur tête grâce au vent qui venait de se lever. Elle prit sa voix professionnelle, celle dont ses collègues disaient qu’elle faisait penser à celle des aéroports qui annonçaient les vols.
— Je vous assure que Noé n’a pas pu perdre vos clés, il est bien trop perfectionniste.
Pourtant, elle se pencha pour les chercher au sol. Elle sentit le regard des hommes dans son dos. Sa tenue de réceptionniste avec sa mini-jupe serrée et son chemisier ouvert n’était vraiment pas top pour se mettre à quatre pattes dans le caniveau.
Une fois s’être bien rincé l’œil du spectacle, le client mal luné tâta à nouveau ses poches et éclata de rire.
— Vous avez raison, les voilà !
Il les lui glissa sous le nez et lui tendit la main pour l’aider à se relever. Ce faisant, elle avisa une Audi noire, vitre baissée. Elle apostropha l’homme qui la fixait.
— Vous voulez une photo ?
Claudio éclata de rire alors que Arsène fronçait les sourcils.
— Je ne suis pas sûr que…
— Va te garer ! C’est elle je te dis !
Cléo Rose reprit son poste à la réception ainsi que son sourire figé. Encore une heure, elle aurait terminé sa journée. À elle, le maillot et la plage, puis elle retrouverait Sidonie qui tenait la buvette de la paillote.
Elle enregistra les fiches des nouveaux arrivants, donna des clés, remplit les registres, répondit au téléphone pour les demandes de réservations. Elle ne se rendit pas compte que deux hommes, assis dans les fauteuils de l’accueil, la contemplaient.
Arsène Maestro s’imprégnait des gestes de la jeune femme. Il filmait déjà ses cheveux roux emmêlés, captait sa bouche aux lèvres pleines, découvrait ses yeux verts et sa taille fine. Pas très grande, elle pourrait correspondre au rôle principal de son long métrage, une comédie relatant la vie d’une fille qui n’a pas sa langue dans sa poche. En costume, elle serait magnifique. En effet, Ludivine, jeune femme de bonne famille ne voulait pas suivre la voie toute tracée dictée par son père, un vieux grincheux.
— Alors ? Murmura Claudio, n’avais-je pas raison ?
— Allons lui parler, on verra bien.
Ils attendirent que le dernier client soit parti avec ses bagages pour l’approcher.
— Bonjour !
Claudio entama la conversation le premier. Elle leva la tête. Les deux hommes reçurent en plein cœur le regard vert de deux émeraudes.
— Vous vous êtes bien rincé l’œil ? Ça vous a plu ?
Elle les avait donc reconnus. Arsène sourit alors que son scénariste rougissait. Il prit les choses en main. C’était toujours la même chanson, Claudio faisait le malin, puis il restait pétrifié et ne savait plus quoi dire. Devant une belle femme, il perdait tous ses moyens.
Il se présenta.
— Arsène Maestro. Excusez mon ami, il est parfois un peu…
Il hésita.
— Lourd ?
— C’est le moins que l’on puisse dire.
Elle jeta discrètement un coup d’œil à la pendule. Plus que cinq minutes. Elle espérait que sa collègue n’allait pas être en retard. Avec un peu de chance, c’est elle qui pourrait s’occuper de ces deux pots de colle. Avec un soupir de soulagement, elle la vit arriver.
— Si vous voulez bien m’excuser, je vous abandonne avec Françoise.
Elle ne leur laissa pas placer un mot, salua celle qui la remplaçait, le sourire aux lèvres. Elle lui indiqua en un temps record les dernières nouvelles et quitta les deux hommes. Mais Arsène Maestro l’arrêta dans son élan.
— En fait, c’est vous que nous venions voir. Ça tombe très bien que vous ayez terminé votre journée, nous allons pouvoir discuter tranquillement.
Stupéfaite, elle planta ses yeux verts dans l’étonnante couleur de gris bleu de son interlocuteur et le toisa.
— Pour qui vous prenez-vous ? Vous savez des gens comme vous qui me draguez, j’en rencontre régulièrement. Désolée, j’ai déjà donné. Bonne continuation dans notre belle région, messieurs.
Elle les quitta alors que sa collègue dissimulait un sourire. Claudio Copa, qui avait retrouvé la parole lui demanda :
— Elle est toujours comme ça votre copine ?
Françoise qui aimait bien la compagnie masculine n’hésita pas ;
— Oui, elle a un fichu caractère, mais pas moi !
Elle accompagna sa réponse d’un clin d’œil qui ne laissait aucun doute sur ses intentions.
Arsène Maestro sourit.
— Désolé mademoiselle, mais vous ne correspondez pas tout à fait à l’idée que je me suis faite de mon personnage principal.
— Vous faites du cinéma ?
Très intéressée, Françoise en oubliait les autres clients qui commençaient à s’impatienter. Elle fut rappelée à l’ordre par son chef qui la surveillait depuis le départ de Cléo.
Les deux hommes la saluèrent et se mirent en quête de la rouquine.
— C’est malin ! Si elle est sortie par-derrière, nous l’avons perdue.
— Vous cherchez quelqu’un ?
Le responsable de la réception s’approchait des deux amis. Il avait reconnu le réalisateur.
— Monsieur Maestro, je suis ravi que vous vous installiez dans notre hôtel. Vous aviez réservé ? Si ce n’est pas le cas, je vais voir ce que je peux faire.
Les deux hommes se regardèrent et se comprirent. Ils allaient prendre une chambre. C’était le seul moyen pour retrouver la jeune fille.
La notoriété du réalisateur fit son œuvre. Ils se trouvèrent tous deux dans une magnifique suite de laquelle, ils apercevaient au loin sur l’océan.
— Vous avez des bagages ?
Arsène donna ses clés de voiture et indiqua où elle était garée. Le garçon d’étage lui affirma que le nécessaire allait être fait pour que son véhicule intègre le parking de l’hôtel.
Le réalisateur lui glissa un généreux pourboire et en profita pour l’interroger. — Vous parlez de Cléo ? Une rouquine à l’accueil, je ne vois qu’elle. Je sais où vous pouvez la trouver. Sur la plage, devant la paillote. Il n’y en a qu’une, vous ne pourrez pas la rater. Elle y retrouve toujours sa copine.
À suivre…