C’est les vacances

31 juillet. Chassé-croisé sur les routes des vacances.

Je me souviens…

Papa râlait parce que j’amenais toujours le truc qui n’entrait plus dans la voiture et sa phrase fétiche Je n’ai pas un J7, me revient en mémoire quand mon chéri me demande :

— C’est tout ? Il n’y a plus rien à prendre ?

Et c’est là que je me dis que peut-être, je pourrais encore aller chercher la paire de chaussures qui ira avec la robe, et un autre livre au cas où j’aurais tout terminé et que je n’aurais plus rien à lire, et l’écharpe ou le pull s’il fait froid… je ne pense pas à l’ordinateur qui pourrait me servir…

Devant le sourire goguenard de Chéri, je réponds.

— Non, il n’y a plus rien.

Il ne pousse pas le bouchon trop loin en ajoutant :

— Tu es sûre ?

Pour citer Michel Bussi, je dirais Le bonheur c’est simple. Il suffit d’y croire. Les vacances servent à ça. Le ciel sans nuages, la mer, le soleil. À faire le plein d’illusions pour le reste de l’année.

Papa disait lorsque la voiture démarrait et que nous quittions la maison :

— À partir de maintenant, ça décompte !

Que j’ai haï cette phrase.

William Shakespeare affirmait Si l’on passait l’année entière en vacances, s’amuser serait aussi épuisant que travailler.

Maman ajoutait :

— Il faut partir pour revenir.

Aujourd’hui, Être en vacances c’est n’avoir rien à faire et avoir toute la journée pour le faire. Rober Orben qui a dit ça ne pensait pas aux femmes qui ont toujours à s’occuper des enfants et à faire la cuisine… 😉.

La voiture est chargée et comme dans le jeu Tétris, tout s’imbrique, rien ne dépasse. On dirait que c’est fait pour ! Je suis admirative devant mon chéri qui classe ça d’une main de maître. Oui, c’est un classement, comme lorsqu’il range les courses sur le tapis roulant du supermarché et ensuite dans les sacs, puis dans le coffre, mais ça c’est une autre histoire.

Lorsque je regarde les véhicules qui nous croisent ou que nous doublons, je remarque des chargements qui brinquebalent, des vélos harnachés à la 6/4/2 comme dit mon chéri, des plaques d’immatriculation qui tiennent parce qu’elles veulent bien et qu’elles n’ont pas le choix.

Ils me font presque envie, parce que nous, ça ne se voit pas qu’on part en vacances.

Mais si… notre sourire béat en est la preuve puis l’odeur du café et des viennoiseries achetées avant de partir et qui seront dévorées au premier arrêt.

Et ça, c’est vraiment les vacances ! Il ne fait pas encore très chaud, la vapeur du café s’élève de la tasse, le croissant craque sous la dent.

Et je termine sur une citation de Georges Bernanos On peut faire très sérieusement ce qui nous amuse. Les enfants nous le prouvent tous les jours.

Je souffle sur mon café, ça fait des bulles, ça me chatouille le nez, je ris… J’ai dix ans, je sais que c’est pas vrai… mais j’ai dix ans quelque part…

© Isabelle-Marie d’Angèle

Romance : Cupidonetmoi.com

Chapitre 3

Le jour suivant, Léonie mit un point d’honneur à ouvrir son salon plus tôt que d’habitude. Elle en profita pour rechercher les grains de poussière. Les cheveux coupés avaient la fâcheuse habitude de se cacher partout. Un bip sur son portable la prévint qu’un message venait d’apparaitre.

Mariette arriva à ce moment-là et les deux amies s’embrassèrent.

— Tu es bien matinale, ma jolie !

Mariette enleva son manteau et l’accrocha dans la penderie réservée à cet effet.

— Je pensais ouvrir avant toi et te faire la surprise de t’apporter le croissant tout chaud de chez Chris et son fournil mais je vois que tu m’as devancée. Qu’est-ce que tu regardes ? demanda-t-elle, curieuse.

— Une pub que je viens de recevoir.

— Montre !

Elle se pencha sur l’écran de Léonie.

— Tu t’intéresses à l’agriculture maintenant ? Remarque, il est beau gosse le mec !

En effet, un homme habillé d’une combinaison verte à la fermeture éclair blanche posait à côté d’une énorme vache à la robe claire. Comme Léonie ne répondait toujours pas, Mariette lui mit la viennoiserie sous le nez.

— Je prépare le café ? On va le prendre en haut ! Je ferme la porte à clé, il reste un quart d’heure avant l’ouverture.

Elle regarda le planning et dit :

— Les deux premières clientes arrivent plus tard, nous avons le temps. Tu viens ?

Léonie sortit de sa léthargie et la suivit.

— Merci pour le croissant.

— Je t’ai connue plus bavarde !

Mariette ne s’offusqua pas davantage du silence de son amie et monta l’escalier qui menait à son appartement.

— C’est cette photo qui te turlupine ? demanda Mariette en disposant les mugs sur le comptoir de la cuisine américaine.

— Je ne comprends pas pourquoi elle est apparue sur mon écran. Je n’ai pas fait de recherches sur les vaches ou le lait.

— C’est juste un spam, reprit Mariette. Tu ne vas pas te mettre des nœuds au cerveau ! C’est le beau gosse qui te plait.

— Moi avec un agriculteur ?

— Qu’as-tu contre eux ?

— Rien de particulier, mais avant que je craque pour un homme qui garde des ruminants, les poules auront des dents.

— Joli ! tu vois es déjà dans l’ambiance petite maison dans la prairie, remarqua Mariette en riant.

Léonie se joignit à elle en croquant dans son croissant. Puis elle jeta un coup d’œil à la pendule murale et s’écria :

— Pour finir, nous allons être en retard ! Hop ! au boulot !

****

Cette fois-ci, Léandre Castillo n’avait pas loupé l’heure et ses vaches étaient sorties dans le pré. Son père l’invita à venir prendre le petit déjeuner chez lui. Sa mère, Josette, était à pied d’œuvre et un pot-au-feu mijotait déjà. La bonne odeur des légumes qui bouillonnaient le cueillit dès qu’il entra.

— Bonjour maman !

Elle tendit sa joue et sourit.

— Je me suis mise en avance. Pourrais-tu m’emmener en ville ? Ton père ne peut pas, il a besoin de la voiture. Je le soupçonne de le faire exprès d’ailleurs.

Francis Castillo s’attabla et maugréa :

— Je ne sais pas ce qu’elle a depuis ce matin. Elle a reçu un message sur son téléphone qui vante l’ouverture d’un nouveau magasin et elle a décidé d’aller en même temps se faire belle.

— Pourquoi la critiques-tu, papa ? Elle n’a pas beaucoup l’occasion de sortir. Pour une fois qu’elle en émet l’envie, laisse-la faire. Donne-moi ton heure et je t’y conduirais.

Léandre versait le café dans les bols. Il attrapa une tranche de pain et la tartina de confiture de prunes.

— La confiture c’est pour les filles, remarqua son père ! Prends du boudin !

Josette vint les rejoindre et glissa son portable vers Léandre.

— Regarde, tu pourrais peut-être trouver ton bonheur là !

Léandre se pencha sur la publicité et haussa les épaules.

— Une boutique de vêtements ! Tu rigoles ? Je ne te plais pas habillé comme ça ?

Il regarda mieux.

— Quelque chose t’intéresse ? demanda Francis en découpant un morceau de charcuterie.

Il ne répondit pas, hypnotisé par l’image face à lui. Il interrogea sa mère.

— Qu’est-ce que fait Rosalie sur ton portable ?

— Pardon ?

Josette ajusta ses lunettes.

— C’est une vache !

— Non ! c’est MA vache ! Peux-tu m’expliquer pourquoi elle est placardée sur la vitrine d’un coiffeur ?

Francis éclata de rire. Le couple se regarda. Ils sentaient la mauvaise humeur de leur fils grimper.

— Dans une demi-heure, ça te va Léandre ?

Comme il ne répondait pas, Josette répéta sa question.

— Tu m’écoutes ?

Elle avait posé sa main sur son bras. Il leva la tête et grommela :

— Je vais me changer et je vais la trouver cette boutique ! Encore un coup contre nous les agriculteurs !

Il les planta là. Francis murmura :

— Depuis quand s’habille-t-il autrement pour juste t’emmener en ville ?

Elle montra la photo à son mari.

— Tu la reconnais toi la Rosalie ? C’est sûr qu’il va être en colère si c’est elle !

****

Alice Colargol, assise face à son ordinateur, consultait ses fiches.

— Jonathan, il y a un problème.

La voix virtuelle répondit à sa place.

— Non, Alice, il n’y a pas de problème.

— Le couple que tu viens de réunir ne pourra jamais s’entendre, c’est insensé !

— Je suis programmée pour choisir les âmes sœurs. Je ne me trompe jamais.

— Tu peux laisser parler Jonathan s’il te plait ?

Alice s’énervait parce qu’elle avait l’impression de ne plus maitriser l’application depuis la coupure d’électricité de l’autre jour.

Jonathan tenta de la calmer.

— Pourquoi penses-tu que ce couple ne peut pas fonctionner ?

— Je ne me trompe jamais. Cupidoneetmoi.com est la meilleure application de rencontres. Je sais ce que je dis, je ne me trompe jamais. Vous allez me mettre en colère. Jonathan, fais quelque chose. J’ai chaud !

L’ordinateur se mit à clignoter. Alice regarda son informaticien.

— Tu comprends bien qu’elle n’est pas normale ? Elle répète sans arrêt les mêmes phrases.

Il entra de nouvelles données, mais rien n’y fit. Il regarda sa directrice et haussa les épaules.

— Laisse-la faire. Finalement, je suis content d’avoir réussi à créer une application qui devient indépendante.

— Mais enfin Jonathan, nous allons perdre toute crédibilité face à nos clients.

— Il n’y a pas mort d’homme non plus, Alice !

— Je ne suis pas programmée pour faire mourir les gens, reprit la voix, mais pour rassembler deux cœurs solitaires. Cupidonetmoi.com c’est l’amour assuré. C’est toi qui l’as dit !

Alice se laissa aller dans son fauteuil en soupirant tandis que Jonathan se frottait les mains. Il voyait déjà les gros titres des journaux Un jeune développeur crée une machine révolutionnaire. Il allait devenir riche, il le sentait.

La voix reprit, calmant aussitôt ses ardeurs.

— Je suis programmée pour faire le bonheur. Le malheur n’existe pas dans mon ADN. Je sais à quoi tu penses, oublie !

Jonathan comprit l’avertissement. L’ordinateur face à lui s’éteignit.

— Qu’est-ce qu’elle voulait dire encore ? gémit Alice.

— Rien, ne t’inquiète pas !

Alice saisit les deux fiches que l’imprimante avait sorties. Perplexe, elle contempla la vache qui la regardait d’un air bravache. Qu’est-ce que cet animal faisait dans la machine ?

À suivre…

Thriller : Un héritage empoisonné

Chapitre 3

À l’institut médico-légal, c’était le branle-bas de combat. Un corps qui disparait est impensable et il fallait le retrouver vite. Le commandant Faventiny convoqué d’urgence dut s’expliquer. Daniel commençait sérieusement à s’énerver.

— Je vous répète que je n’y suis pour rien. Putain, regardez vos caméras de surveillance, vérifiez les signatures, faites votre boulot ! Je me mariais, vous étiez au courant non ! Les dates correspondent, c’est une farce !

— Une blague de très mauvais goût, commandant !

Le procureur de la République marchait de long en large dans son bureau.

— Pour l’instant, nous n’avons pas encore averti la famille. Nous avons la chance que le corps ne devait être rendu que dans une semaine, nous avons donc le temps de le retrouver, mais faites vite. Cessez de me parler aussi sur ce ton.

— Excusez-moi monsieur le procureur.

— Je préfère. Je vous retourne ce que vous venez de me dire, à savoir, faire votre boulot. Je sais bien que vous convoliez en justes noces avec le docteur Apalberto, mais trouvez qui vous veut du mal. Vous n’avez pas emprisonné un voyou qui aurait des envies de vous le faire payer d’une manière quelconque ?

— Vous rigolez monsieur le procureur ? Des malfaiteurs qui souhaitent me voir à leur place, j’en côtoie tous les jours.

— Donc, je ne vous retiens pas et faites vite.

Le commandant Faventiny sortit furieux du tribunal. Ses deux collègues l’attendaient dans la voiture.

— Alors ? demanda Hugo

— Les gars, il va falloir faire fissa pour savoir où se cache ce corps. D’ailleurs, qui est-il ? Trouvez-moi son nom, pourquoi il est mort, sa famille, tout le tintouin quoi ! C’est pour hier bien évidemment !

****

Coralie Faventiny avait dormi seule. Daniel n’était pas rentré. Retrouver ce corps était sa priorité. Elle-même se demandait encore comment il avait été possible qu’il disparaisse. Ce qui l’intriguait c’était pourquoi les collègues qui l’avaient laissé partir avaient reconnu son mari. Ils étaient formels, c’était bien lui qui était venu.

En vérifiant la date, c’était impossible, il était à la mairie en train de convoler avec elle. Les témoins pourraient le certifier, ainsi que l’adjoint d’état civil. Le registre avait bien été signé par lui. Ce qui était très ennuyeux c’est qu’au même moment, le même paraphe était apposé au bas d’un document demandant la sortie du corps de la morgue. 

Elle avait eu le papier en sa possession. Pas de doute, c’était bien l’écriture de son mari. Il avait une manière de signer très particulière et difficilement imitable. C’était une histoire de fous.

Elle descendit à la cuisine se faire un café et avaler un bout de pain avec de la confiture. Elle ne voulait pas partir l’estomac vide. Ouvrir des corps à longueur de journée demandait une certaine concentration.

Elle pensa qu’un chien serait le bienvenu. La maison et le parc étaient assez grands pour l’accueillir et surtout elle se sentirait moins seule et protégée.

Le terme protégé la fit sourire. Pourquoi aurait-elle besoin de l’être ?

Elle jeta un coup d’œil dans le jardin et remarqua aussitôt son mari dans l’allée. Surprise parce qu’il ne l’avait pas prévenue de son retour, elle voulut l’appeler quand une porte claqua à l’étage. Distraite par le bruit, elle pensa qu’elle avait encore oublié de fermer la fenêtre de la salle de bains, elle détourna la tête. Lorsqu’elle regarda à nouveau dans le parc, son mari avait disparu. Aucune trace de voiture ne laissait imaginer qu’il était là, il y a à peine quelques minutes.

Elle saisit son portable et l’appela.

****

— Je vous informe commandant, le corps est un homme blanc, de taille moyenne, et figurez-vous qu’il n’a pas de famille. Il ne risque pas d’être demandé.

— Mais le procureur a dit…

— Il s’est trompé. C’est un SDF trouvé sur la voie publique. Effectivement, il y a un avis de recherche, mais aucune personne ne l’a réclamé. C’est quand même triste ça, de mourir tout seul dans la rue.

— Hugo, ce n’est pas le sujet ! Je suis d’accord sur le principe, mais dans le cas présent, ça m’arrange. J’ai un peu plus de temps pour le retrouver.

— N’empêche le proc t’a mis la pression pour rien.

— Hugo, laisse tomber ! Plus vite, nous trouverons, plus vite je serais tranquille. Il y a quand même un taré qui se fait passer pour moi. Ce n’est pas rien. Imagine qu’il tue quelqu’un ? J’aurais l’air malin !

Il saisit son portable qui vibrait sur son bureau.

— Commandant Faventiny, j’écoute.

— Daniel ?

— Ah c’est vous docteur ! Désolé, je ne vais pas pouvoir encore rentrer. Pour le déjeuner, vous seriez d’accord juste pour un sandwich ?

Hugo et Esteban virent leur supérieur pâlir.

— Tu rigoles là ! Je n’ai pas bougé d’ici. Mon équipe pourra le certifier.

— Je te dis que tu étais dans le jardin, il n’y a pas cinq minutes.

— Coralie ! il y a un sérieux problème, tu t’en rends compte j’espère. Ou tu as des hallucinations, ou quelqu’un se balade chez nous.

— Oui, mais ce quelqu’un te ressemble terriblement.

— Ferme la maison et…

— Je pars travailler Daniel. Il n’est pas question que je reste ici. C’est certainement une blague de mauvais goût, certes, mais je ne vais pas me laisser effrayer de la sorte.

Le commandant jeta son portable sur le bureau.

— Je vais devoir mettre une équipe de surveillance chez moi. Il y a un type qui me ressemble étrangement qui rôde dans le parc. C’est une histoire de fous.

****

Coralie s’empressa de fermer toutes les issues avant de monter dans sa voiture. Alors qu’elle allait démarrer, elle remarqua une porte sous l’escalier de l’entrée. Tous deux ne l’avaient pas encore vue. Décidément, la maison était vraiment immense. Une cave peut-être ? La jeune femme descendit de son véhicule.

Quand elle poussa la vieille ouverture en bois moulu, elle fut saisie aussitôt par une odeur qu’elle reconnut immédiatement pour la côtoyer tous les jours.

Le corps disparu était là, sur le brancard.

Chapitre 4

Quel branle-bas de combat dans la maison. Les équipes de la scientifique étaient arrivées, des bandes rouges et blanches installées pour interdire l’endroit. Les recherches d’empreintes avaient commencé.

La police inspectait toutes les pièces. C’est elle qui découvrit les nouvelles. Un comble ! Coralie et Daniel ne s’étaient pas encore aperçus qu’il y avait un grenier superbement aménagé.

— Sérieux, vous n’êtes pas venus ici ?

Esteban n’en revenait pas.

— Elle est immense cette baraque. À votre place, j’en aurais fait le tour dès mon arrivée.

— Pas eu le temps, bougonne le commandant.

— Tu as vu que la porte n’arrête pas de se refermer ?

Daniel pensa que c’étaitt celle-là qui devait claquer.

— Imagine qu’elle soit entr’ouverte, un courant d’air et paf !

— Pourquoi veux-tu qu’elle soit entr’ouverte ? Je ne savais même pas que cette pièce était là. Au fait, as-tu fait les recherches que je t’ai demandées ?

— Oui chef ! Vous allez trouver ça bizarre ! Je n’ai rien dégoté, comme si cette maison n’avait jamais existé.

— Impossible ! Elle est forcément enregistrée ne serait-ce que pour les impôts locaux. Tu es allé au cadastre ?

— Oui, je ne suis pas idiot. Rien ! Enfin c’est-à-dire qu’il y a eu un problème il y a quelques années. Un incendie ! Des dossiers ont flambé. Évidemment, celui-là était dedans.

— Il doit bien y avoir des personnes encore vivantes qui ont rencontré les propriétaires ?

— Apparemment, non ! Mais, vous me connaissez Commandant, je vais chercher et je vais trouver.

— Tu me vouvoies maintenant ?

Daniel ne put s’empêcher de sourire. Quand Esteban lui disait vous c’est qu’il se sentait investi d’une mission importante et qu’il désirait ne pas décevoir son supérieur.

****

Vincenzo et Sophia contemplaient le corps revenu à l’institut médico-légal.

— La décomposition a bien commencé. Les jours où il est resté dans la cave n’ont rien arrangé.

Vincenzo avait enlevé le drap.

— En tout cas, il est intact. Le voleur ne voulait pas s’en servir pour un sacrifice.

— Arrête tes conneries, répondit Sophia. Tu ne vois pas que Coralie est bouleversée.

Se tournant vers sa supérieure, elle demanda.

— Où allez-vous vous installer en attendant ?

— J’ai cru comprendre que ça n’allait pas prendre des plombes. Les empreintes révèlent que le commandant n’y est pour rien, étant donné qu’aucune des siennes n’a été retrouvée. Ni sur le corps ni sur le brancard.

— Donc, on est d’accord que celui qui est venu le chercher n’était pas votre mari ?

— Mais tu es con ou quoi Vincenzo ?

 Sophia lui fila une claque sur la tête.

— Ne me dis pas que tu as cru qu’il était coupable ?

— Arrête de me frapper. Je parle tout haut pour clarifier mes pensées. Pourtant la signature ?

— À ce propos, répondit Coralie. Un graphologue l’a étudiée. Figurez-vous que le commandant a une manière bien à lui de parapher. Celui qui l’a imité, ne connaissait pas cette subtilité, il est donc démontré que ce n’est pas Daniel qui a signé. Le spécialiste a fait du bon boulot.

— Donc Faventiny n’y est pour rien.

— Il faudra te le répéter combien de fois Vincenzo ?

— Vous allez arrêter de vous disputer ?

Coralie avait frappé sur le bureau.

— En attendant, j’avoue ne pas être trop rassurée. N’oubliez pas que j’ai cru voir mon mari dans le parc alors qu’il était au travail avec ses collègues.

— Un jumeau ?

— Non, Daniel est fils unique.

— Il a peut-être le don d’être à plusieurs endroits en même temps ! murmura Vincenzo, mettant ses mains sur la tête en prévision de la réaction de Sophia qui le fusillait du regard.

Coralie se permit de sourire.

****

— Commandant, où allez-vous dormir ce soir ?

— Chez nous bien sûr !

— Ce n’est pas prudent Daniel !

Hugo fronçait les sourcils.

— Si quelqu’un t’en veut, tu n’es pas en sécurité ici.

— Peut-être, mais je suis au bon endroit pour le débusquer.

— Tu penses qu’il est là ?

— Les collègues n’ont rien trouvé qui prouvent qu’il y ait un clandestin chez nous.

— Ta femme va accepter ?

— Elle en a vu d’autres.

— Et si ce n’était pas toi qui étais visé ?

****

— Et si c’était à toi qu’on en voulait Coralie ?

— En voilà une drôle d’idée !

— Ce n’est pas anodin quand même de déplacer un corps, qu’il se retrouve chez vous ensuite.

— Je suis d’accord, mais je ne vois pas le rapport avec moi.

— Je ne sais pas ! Peut-être un amoureux éconduit ?

— Tu débloques mon pauvre Vincenzo ! réagit aussitôt Sophia.

— Au moins, je cherche et mon idée n’est pas idiote. Imagine un mec qui en pinçait pour Coralie et qui se rend compte qu’elle n’est plus accessible parce qu’elle s’est mariée ? Ça se tient ! Les problèmes ont commencé depuis ce jour-là.

— Tu as peut-être raison, répondit le médecin, mais je ne vois pas quel pourrait être l’homme amoureux de moi à ce point.

— Tu penses à quelqu’un dans les collègues, toi ?

Sophia se mit à rire.

— Comment dire… À part nos morts qui défilent devant nos yeux, qu’on déshabille et qu’on ouvre en deux… Ah, mais je sais, peut-être que tu ne l’as pas fait avec tendresse et diplomatie.

Vincenzo applaudit.

— Qui dit des bêtises maintenant ? Est-ce que je te frappe moi ?

Ils se tapèrent dans la main en riant. Coralie ne put s’empêcher de se joindre à eux.

****

Je vais les laisser tranquilles pendant quelque temps, histoire qu’il m’oublie. J’ai eu un plaisir fou à sentir ces flics déambuler dans toutes les pièces. Impossible de me trouver. Mais je vois tout, j’entends tout. Où et qui suis-je ? Pourquoi ? Bientôt vous saurez. Pour l’instant, je vais profiter de votre bonheur tout neuf et distiller par-ci et par-là des indices. J’adore jouer ! Qui va gagner ? Vous ? Moi ? J’ai horreur de perdre ! Je suis le meilleur !

À suivre…