Bonjour toi 😉

Quand je te disais que mes personnages m’embarquaient dans leurs péripéties, lis un peu ce qui arrive à Marie-Sophie 😉.

J’aurais dû lui parler… ce jour-là tout bascula…

J’étais à la boulangerie quand je vis débarquer Saverio. Il semblait très agité. Il me salua d’un signe de tête et passa dans le fournil. Comme il avait l’habitude de venir chercher ses commandes, je n’ai pas été surprise, mais mon portable bipa au même moment. C’était Gabriel. Inquiète, parce qu’il était tôt, j’ai pensé immédiatement à un accident, j’avais raison. Morgan était aux urgences.

Saverio revenait accompagné d’Archibald. Je lui tendis mon téléphone, incapable d’entendre ce que Gabriel allait me dire.

Saverio me prit dans ses bras. Il savait lui aussi. Morgan avait eu beaucoup de chance, sa camionnette était bonne pour la casse, mais lui il était indemne.

Saverio accepta de m’emmener immédiatement, Archibald appela Mélusine. Pépé Charles garderait Enzo. Célestine était déjà au chevet de son fils.

Alors que Saverio tentait de faire la conversation dans la voiture, je restai muette. Je posai ma main droite sur mon ventre comme pour protéger ce petit être qui grandissait en moi. Je n’arrêtais pas de penser que j’avais eu maintes occasions d’annoncer la nouvelle à Morgan, mais j’avais toujours reculé, prétextant que ce n’était jamais le bon moment. Tout à l’heure, je lui dirai, je me le suis promis, assise dans ce véhicule qui m’emmenait vers lui. Je réalisai alors que j’aimais Morgan, que sans lui, je n’étais pas grand-chose. Pourquoi fallait-il que je m’en rende compte aujourd’hui ?

Saverio se gara sur le parking et nous nous dirigeâmes vers les urgences. Gabriel m’y attendait. À croire qu’Archibald l’avait prévenu de mon arrivée, mais pas du tout, il avait été bipé parce qu’une ambulance déboulait sirène hurlante.

Gabriel eut juste le temps de me donner le numéro de la chambre où nous pouvions trouver Morgan. J’entendis qu’il murmurait vaguement quelque chose à Saverio, mais je fonçais sans l’attendre.

Sa maman était à son chevet. Elle se leva. Elle semblait sereine, je m’approchai de Morgan. Il me sourit.

— Tu es revenue ? Qui t’a prévenue ? Il y a longtemps pas vrai ? Il a fallu ce stupide accident pour que tu t’aperçoives que tu avais fait la plus belle erreur de ta vie ? Mais je te pardonne.

Je ne comprenais rien à ce qu’il racontait. Il saisit ma main et me tira vers lui. Célestine s’interposa et de sa voix douce me glissa :

— Ne fais pas attention, il est un peu confus. Les médecins m’avaient prévenue, mais je ne m’étais rendu compte de rien, ses propos étaient tout à fait normaux.

Saverio entra alors dans la chambre. Morgan se tourna vers lui et un nouveau sourire éclaira son visage.

— Saverio ! J’ai dû vous flanquer une sacrée trouille pour que tu te radines aussi vite. Regarde qui est là ? Je sais bien que tu ne l’aimais pas beaucoup, mais tu vois, elle est revenue. C’est toi qui l’as appelée ?

Saverio pâlit. Gabriel entra à son tour dans la chambre. Avec sa blouse blanche, il m’impressionna surtout dès qu’il prit sa voix de médecin pour demander à Morgan comment il allait et de lui décliner son nom et la date.

— Morgan Castille. Je crois que nous sommes en janvier.

— Peux-tu me dire qui sont ces personnes ?

Morgan s’exécuta de bonne grâce. Il nomma Saverio, Célestine sa maman, mais quand vint mon tour, mon cœur manqua un battement.

— Voici Marie, la femme de ma vie. Elle était partie, mais elle est revenue.

Gabriel le reprit gentiment :

— Marie-Sophie, tu veux dire, elle habite à côté de ta maison.

Sa voix fut sans appel et il retira sa main de la mienne.

— Je ne connais pas de Marie-Sophie. Toi, tu es Gabriel, je le sais, tu es le papa d’Enzo.

Patiemment, Gabriel continua :

— Exactement et comme tu le dis, Enzo vit avec Mélusine sa maman et Marie-Sophie que voilà. C’est avec elle que tu as fait ta vie.

Morgan me dévisagea et s’excusa :

— Je suis désolé…

Je m’approchais de lui et voulus lui reprendre sa main, comme nous avions l’habitude de le faire, de glisser mes doigts entre les siens. Il les cacha sous les draps et demanda à Saverio.

— Marie n’est donc pas revenue ?

Saverio répondit brutalement :

— Tu sais ce que je pensais d’elle. Elle n’était pas pour toi. C’est Marie-Sophie, ta femme.

— Non !

C’était sans appel et le cœur en lambeaux, je sortis en courant de la chambre. Gabriel me rattrapa dans le couloir et m’entraina à l’extérieur.

— C’est le choc qu’il a reçu sur la tête. Au scanner, il n’y a rien, mais il a certainement subi un traumatisme. Si tu avais vu la voiture, tu comprendrais qu’il a vraiment eu beaucoup de chance, il n’a aucune fracture. Sa mémoire lui fait un peu défaut, mais elle va revenir.

Je pleurai sans retenue dans ses bras, me moquant de ce que les infirmières pouvaient penser. Je hoquetai sur son épaule.

— Il ne savait pas encore pour ma grossesse.

— Tu pourras lui annoncer d’ici quelque temps, je te promets qu’il va se souvenir de toi.

— Je ne connaissais pas cette autre femme.

— Morgan a vécu avant toi, c’est normal qu’il ait déjà été amoureux. Je dois te laisser Marie-Sophie, j’appelle Archibald.

— Il ne pourra pas venir, il est occupé.

— Je n’en suis pas aussi certain que toi.

J’aperçus alors mon ami arriver en courant. Je lâchais Gabriel pour me jeter dans ses bras qui se refermèrent sur moi. En pleurant, je débitai que Morgan ne se souvenait pas de moi. Archi me caressa les cheveux et interrogea du regard Gabriel.

— Va le voir Archibald, peut-être que toi, il te reconnaitra et que tu seras le déclic.

Mon ami hocha la tête et nous suivîmes Gabriel. Il nous abandonna à l’accueil et nous repartîmes vers la chambre de Morgan. Dès qu’Archibald entra dans la pièce, le visage de Morgan s’éclaira.

— Ah ! te voilà, mon boulanger préféré. Tu as amené la baguette ?

J’attendis dans le couloir, effondrée.

Célestine et Saverio vinrent m’y rejoindre, ils m’annoncèrent que Morgan rentrerait chez lui rapidement. Ses examens étaient bons. Le neurologue n’avait rien détecté à part cette amnésie, qui ne concernait que moi apparemment. Morgan devrait rencontrer un psychiatre avant de sortir.

Archibald ne resta pas longtemps dans la chambre, il invita Célestine à y retourner et m’entraina ainsi que Saverio. Nous nous retrouvâmes au bar de celui-ci.

Tout le village était déjà au courant de l’accident de Morgan qui était connu comme le loup blanc. Chacun demandait des nouvelles, Saverio n’entrait pas dans les détails, il affirmait que son ami allait bien, qu’il avait eu beaucoup de chance et qu’ils le verraient rapidement. Il ne fit pas mention de son problème de mémoire, certain que c’était temporaire.

— Qui était cette Marie ?

Saverio soupira.

— Dis-moi la vérité, je ne suis pas idiote, Morgan ne vivait pas comme un moine avant de me rencontrer.

— Elle lui a fait beaucoup de mal, mais il n’a jamais voulu l’admettre qu’elle n’était pas pour lui. Quand elle est partie pour faire sa vie avec un touriste qui avait passé quelques semaines dans le département, un écrivain, il a mis des mois à encaisser la trahison. Un véritable coup de foudre, je dois le reconnaitre entre elle et cet homme. Le bouquin qu’il a publié sur la région a été un succès. Mais, il l’avait bel et bien oubliée, Marie-Sophie. Combien de fois est-il venu me dire ici au comptoir combien il était heureux avec toi. Tu es son rayon de soleil. Il ne rêve que d’une chose, c’est que tu deviennes sa femme et que vous ayez des enfants. C’est pour ça que je t’affirme qu’il va recouvrer la mémoire rapidement. Ce n’est pas possible autrement, il t’a dans la peau. La première fois qu’il t’a vue, il est aussitôt venu m’en parler et je le cite Tu sais Saverio, je crois que j’ai trouvé mon âme sœur.

Archibald posa sa main sur la mienne et la serra. Je levai alors la tête et affirmai :

— Je vais me battre, je vous garantis qu’il va se souvenir de moi.

© Isabelle-Marie d’Angèle (février 2023).

À très vite…

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