Bonjour toi 😉
Hum ! ça se complique sérieusement…

Chapitre 27
La brave femme les regardait vaguement inquiète, puis elle leur sourit.
— Ne vous faites pas de souci, je sais me défendre. Martine m’a raconté que tout grand chirurgien qu’il est, il a une peur bleue des chiens. Alors…
Elle siffla et un doberman accourut et se coucha à ses pieds.
— J’ai suivi une formation pour l’éduquer. Il m’obéit au doigt et à l’œil et croyez-moi, personne ne me fera de mal. Et si je ne peux plus lui donner d’ordre parce que je suis blessée ou autre, il connait ce qu’il doit faire. Il file à la police. Personne ne sait que j’ai un chien. J’ai un grand jardin, il s’y ébat tant qu’il peut et n’aboie jamais.
Elle lui fit signe et il rentra immédiatement chez elle.
Stupéfaits, Hugo et Esteban regardèrent l’animal s’enfuir sans se retourner. Hugo reprit la parole.
— Ce carnet, l’avez-vous ?
— Hélas non ! Martine le gardait toujours avec elle. Elle ne voulait pas qu’il tombe entre les pattes du docteur.
— Vous nous avez été d’un grand secours, madame Tomys, merci beaucoup.
— Si je me souviens d’autre chose, je vous appellerai.
Ils la saluèrent et rentrèrent au commissariat.
— Il faut à tout prix mettre la main sur ce fichu carnet.
— Esteban, je ne vois qu’une solution. Nous devons rencontrer Cécilia Joly. Son sac devait être avec elle quand elle a été agressée. Elle l’avait peut-être glissé à l’intérieur.
Daniel Faventiny entendit le déclic. Il referma rapidement l’ordinateur et se planta devant la fenêtre.
Le mur bougea et une porte s’ouvrit. Son double apparut devant lui. Faventiny ne broncha pas.
— Bonjour Commandant. Je vois que vous avez compris que vous étiez revenu chez vous.
Il ne répondit pas.
— Vous êtes fâché ? Pourtant je vous ai apporté votre petit déjeuner préféré que j’ai préparé dans votre cuisine. Votre femme est partie, je peux en profiter.
Daniel tourna vers lui un visage indéchiffrable. Les mains derrière le dos, il contemplait son double sans qu’aucun muscle trahisse ce qu’il ressentait.
— Peut-être avez-vous regardé l’ordinateur que je vous ai mis à disposition ? Vous comprenez donc maintenant pourquoi tout ce qui se passait chez vous, j’étais au parfum ? Je vous l’ai déjà dit, je connais cette maison comme ma poche.
Toujours pas de réponse. Faventiny s’était retourné vers le jardin. Son double s’approcha de lui et posa sa main sur son épaule.
— À quoi jouez-vous ? Vous savez pourtant que je suis plus fort que vous, je…
Faventiny l’interrompit sans le regarder.
— Je ne comprends pas qui vous êtes et ce que je fais ici. Je ne me rappelle même plus quel est mon nom. Tout ce que vous venez de me raconter est du charabia pour moi.
— Allons commandant, ne jouez pas à ça avec moi, vous savez bien que…
Daniel se tourna vers lui et l’attrapa brusquement par les épaules.
— Je vous dis que je ne me rappelle pas qui je suis et ce que je fais là. Pourquoi me donnez-vous ce titre ? Je ne connais pas mon nom.
Surpris, son double saisit son portable et le mit en mode selfie. Les deux visages identiques apparurent à l’écran.
— Vous êtes mon frère jumeau ? Pourquoi me vouvoyez-vous alors ?
Daniel se prit la tête dans les mains et gémit.
— Je me suis réveillé ici, mais je ne sais même pas où je suis. J’ai effectivement tenté de regarder l’appareil qui est sur le bureau dans l’espoir d’y découvrir quelque chose qui me renseignerait, mais je n’y ai vu que des pièces inconnues. Vous dites que c’est ma maison ? Pourquoi suis-je enfermé ? Et qui êtes-vous pour me ressembler autant ? Vous avez aussi parlé de ma femme, je suis marié ? Avec qui ? Elle doit se faire du souci si j’ai été enlevé.
— C’est bien tenté Faventiny, mais je ne vous crois pas une seconde.
— C’est donc mon nom ?
Son double hésita. Aurait-il eu la main lourde sur les médicaments qu’il lui administrait depuis quelques jours ? Si le commandant était réellement amnésique, l’histoire devenait véritablement amusante, mais compliquait sérieusement ses plans. Il changea de tactique pour le sonder.
— Oui, vous êtes Daniel Faventiny commandant à la brigade criminelle et vous êtes marié à Coralie Apalberto depuis peu. Elle est médecin légiste.
— Moi, un flic !
Faventiny haussa les épaules et ajouta :
— Pourquoi pas ? Mais vous pouvez me raconter n’importe quoi, je n’ai aucune preuve. Qu’est-ce que je fais ici ? Vous êtes un ancien détenu que j’ai coffré et vous vous vengez c’est ça ? Et pourquoi me ressemblez-vous autant ? C’est flippant. On est de la même famille ?
À nouveau, il regarda par la fenêtre. Le silence s’installa. Son double s’approcha de lui et fixa le jardin comme lui. Soudain, une voiture arriva.
— Tenez voilà votre femme.
L’inconnu à l’affut d’une réaction de Faventiny en fut pour ses frais. Aucun signe de reconnaissance n’apparut sur son visage. Sophia Clarky descendit du véhicule.
Faventiny dit sans aucune émotion.
— Jolie ! mais elle n’éveille rien en moi.
Son double ne répondit pas et continua de regarder le commandant. Coralie, à son tour, en sortit. Un autre véhicule suivait, le colonel et sa femme en descendirent. Il sembla à Daniel que sa mère avait pris dix ans d’un coup, mais aucun muscle de son visage ne bougea, même lorsqu’il reconnut Coralie.
— Eux ? Qui sont-ils ?
Il désignait ses parents du menton.
— Je ne sais pas.
— Vous allez me dire pourquoi je suis ici ?
— Je vais d’abord vous emmener à l’hôpital pour vous faire examiner. Je connais quelqu’un, vous aussi d’ailleurs. Il s’agit de Frédéric Marteau, un chirurgien plasticien.
Daniel éclata de rire.
— Vous vous fichez de moi ? Avec un nom pareil, chirurgien ? Complètement marteau le type !
Son double serra les poings et ne douta plus une seconde que Faventiny avait certainement perdu la mémoire. Il assena le coup final pour être sûr de ne pas se tromper.
— Il était l’ancien amant de votre femme. Ils sont amis aujourd’hui. Ils ont fait leurs études ensemble.
Il ne réagit pas.
— Vous ne vous rappelez vraiment pas ?
— Pourquoi j’inventerais ?
— Vous n’avez pas l’air de quelqu’un d’amnésique.
— Ah ? comment devrais-je être ?
— Stressé, Angoissé. Quand je suis entré, vous n’avez pas semblé surpris.
— Je suis assommé parce que j’ai mal à la tête, j’ai des vertiges, je ne comprends rien et vous me demandez d’être surpris ? C’est trop pour moi.
Il se laissa tomber sur le fauteuil.
— Écoutez, vous aurez toutes les réponses à vos questions bientôt, en attendant, vous devez vous reposer, peut-être que la mémoire vous reviendra. Je vous offre à boire ?
Faventiny se leva et saisit le verre qu’il lui tendait et l’avala d’un trait. L’inconnu le retint quand il chancela.
À suivre…
© Isabelle-Marie d’Angèle
