Bonjour toi 😉

Quelle est cette étrange chose ramenée de dessous le bureau…

Chapitre 29

Est-il vraiment amnésique ?

Il tournait en rond comme un lion dans sa cage. Il l’avait eu en face de lui ; son plan machiavélique devait fonctionner et voilà qu’il avait tout oublié. Tout ça pour rien ?

Il pouvait le remplacer comme il voulait, ce con s’en ficherait bien maintenant. Il n’avait même pas réagi quand il lui avait raconté que Marteau avait été l’amant de sa femme. Il n’avait pas tiqué lorsqu’il lui avait désigné Sophia Clarky comme étant sa femme. Karl le surveillait pendant ses examens médicaux et il avait bien fait son rapport, Faventiny n’avait reconnu ni Coralie ni son collègue.

Il était pourtant certain qu’il n’avait pas abusé des médocs, mais Faventiny les avait mal supportés. Comment savoir quand il allait retrouver la mémoire ? L’histoire devenait trop dangereuse pour lui. Ce qui, au départ, n’était qu’un jeu, devenait un fiasco. Il désirait se rendre compte s’il était possible de changer de visage, une expérience oui c’est ça, une expérience, c’est toujours ce qu’il pourrait raconter s’il était démasqué ce qui en soi était parfaitement improbable.

Et Coralie ? Finalement, Joseph avait raison. Il poursuivait une chimère. Jamais, elle ne tomberait amoureuse de lui, même avec la tête de son mari. Quel imbécile !

Il se regarda dans la glace. Il avait vraiment bien travaillé, chaque trait représentait le commandant. Il s’approcha un peu plus et toucha son visage sur le miroir. Il en fit le contour.

— Je suis beau Faventiny ! Je te ressemble ! Mais je ne suis pas toi, même si j’y ai cru. J’aurais tant souhaité qu’on m’aime ! Ce n’était qu’un rêve ! j’espérais réussir cette opération, je ne te voulais pas de mal Daniel, juste être toi quelques instants, quelques heures, quelques semaines, quelques mois. Rien ne devait se dérouler comme ça. Je vous offrais à tous les deux cette maison pour vous espionner et imaginer être toi. Quand vous étiez absents, je comptais passer de pièce en pièce et faire comme si… Mais je me suis pris au jeu et j’ai tout foutu en l’air. D’abord, ce cadavre dérobé était une très mauvaise idée. Puis te kidnapper pour te parler face à face. Je voulais jouer, devenir toi, et j’y ai cru. Coralie ne m’avait pas reconnu et j’ai pu lui voler un baiser. J’en ressens encore le goût sur mes lèvres. Mais tout a foiré parce que tu as pris ce chien qui lui, n’a pas été berné. Il m’a complètement déstabilisé. J’en ai toujours eu peur depuis que j’ai eu une jambe déchiquetée. Joseph que je connaissais depuis mon adolescence m’avait prévenu. On s’est engueulé plusieurs fois et finalement j’ai été obligé de le supprimer. Pauvre gosse qui n’a plus son père. Quel abruti ! Je ne suis pas un assassin. D’accord, les personnes trop curieuses, je les élimine, elles sont gênantes et je n’aime pas ceux qui m’embarrassent. Je ne fais rien de mal, je détruis ce qui n’a plus lieu d’être.

Il colla sa joue sur le miroir glacé et laissa ses larmes couler. Il commença à se cogner le front de plus en plus fort. Il se mit à saigner. Il se regarda et arracha son visage qui partit en lambeaux. Des années de travail pour rien ! Sa plus belle réussite au panier.

— Adieu Faventiny ! Tu as gagné, j’abandonne.

Il ouvrit son tiroir et contempla le pistolet qui y sommeillait à côté d’une alliance. Celle de Faventiny. Une fabrication d’exception quand il y repensait. Il le referma. Il lui avait dérobé pendant qu’il dormait. Il savait qu’il la gardait dans sa poche. Cet imbécile ne risquait pas de s’en apercevoir.

Quelqu’un frappa. Il se regarda une dernière fois dans le miroir, poussa du pied sous son bureau les restes du visage du commandant et cria :

— Entrez !

Une jeune femme passa la tête à la porte. Surprise, elle demanda :

— Vous allez bien docteur ? Votre premier rendez-vous est arrivé, je vous laisse son dossier.

Seuls Esteban, Hugo et Coralie savaient que Daniel jouait la comédie. Il n’avait pas voulu mettre dans la confidence ses parents. Il connaissait trop sa mère qui ne pourrait s’empêcher de le serrer trop dans ses bras ou de faire une gaffe. Quant à son père, il préférait le tenir à l’écart.

La vie était difficile. Le Commandant sans cesse sur le qui-vive gérait la situation assez bien. Ce qui n’était pas le cas du colonel et de sa femme. Il ne pouvait pas retourner travailler. Il ne pouvait pas embrasser sa femme. Il ne dormait pas avec elle, il craignait d’être surveillé. Il avait parfaitement reconnu Karl à l’hôpital. Aussi, ses collègues bossaient en sous-marin au bureau. Faventiny passait beaucoup de temps avec son chien pendant que Coralie était à l’institut médico-légal.

Hugo et Esteban n’avaient pas parlé du carnet à leur supérieur. Ils venaient d’apprendre que Cécilia Joly allait beaucoup mieux et qu’elle pourrait bientôt partir en maison de convalescence. Ils se rendirent à la clinique où elle était installée.

Elle les reçut assise dans son lit.

— Le commandant Faventiny ne vous a pas accompagné ? s’enquit-elle aussitôt.

— Il a un problème de santé et se repose, répondit Hugo.

Elle fronça les sourcils.

— J’ai entendu les infirmières qui discutaient entre elles. Saviez-vous que le docteur Marteau faisait aussi des visites ici ? Heureusement qu’il n’a pas découvert que j’étais là.

Les deux policiers se concertèrent du regard.

— Il pense que vous êtes morte. Vous sortez bientôt, vous ne risquez plus rien.

— Je voulais parler à votre commandant. Serait-il possible qu’il vienne me voir ?

— Si Frédéric Marteau se déplace ici, ce n’est pas souhaitable. Nous avons une question à vous poser. Votre voisine nous a dit que vous possédiez un carnet et…

Cécilia Joly s’agita dans son lit.

— Elle est trop bavarde.

— Au contraire, elle nous est d’un grand secours. Vous êtes protégée et…

— Bien sûr que non, je ne le suis pas, puisque que mon ex vient ici. Depuis que je l’ai appris, je ne dors plus. Je sais qui est le double de votre commandant.

Une infirmière entra à ce moment les invitant à sortir. Hugo et Esteban voulurent attendre dans le couloir, mais elle leur fit comprendre qu’ils devraient revenir plus tard. Exaspérés, ils s’inclinèrent.

— Je peux nettoyer votre bureau, docteur ?

La femme de service avec son chariot l’interrogeait du regard.

— Faites… Corinne, lisant son prénom sur le badge accroché à sa blouse, je rentre chez moi.

Il saisit son ordinateur, salua l’équipe de nuit dans la salle de repos en leur souhaitant bon courage.

Comme d’habitude, elle épousseta les surfaces, vida la poubelle et armée de son balai à plat, commença à laver le sol en faisant des huit. Lorsqu’elle passa sous le bureau, elle ramena une étrange chose.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

2 réflexions sur “Un héritage empoisonné

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