Un héritage empoisonné

Bonjour toi 😉

La fin est proche et j’avoue avoir un peu de mal à quitter mes héros 😏

Chapitre 33

Frédéric Marteau invita sa passagère à descendre de la voiture. Elle hésita, mais voyant qu’il ne l’obligeait en rien, elle le suivit.

Elle n’était jamais rentrée chez lui. Elle fut surprise par l’ambiance chaleureuse qui se dégageait. Elle n’aurait jamais imaginé que son ami de faculté pouvait avoir aussi bon goût pour la décoration. Un grand canapé d’angle dans les tons taupe, moelleux à souhait occupait la pièce principale. Lorsque son mari et ses collègues avaient perquisitionné, ils n’avaient rien raconté et elle avait pensé que Marteau avait une maison banale et froide. Ce n’était pas le cas.

C’est dans la cuisine américaine des plus fonctionnelles qui lui servit un café. Il la regarda droit dans les yeux et commença son récit :

— Tout d’abord, il faut que tu saches que jamais je n’ai voulu te faire de mal, ni à toi ni à ton mari.

Elle haussa les sourcils, mais ne l’interrompit pas. Il continua donc d’une voix monocorde.

— J’ai toujours été fasciné par le clonage, je ne t’apprends rien. Alors, j’ai tenté une expérience. Veux-tu me suivre dans mon sous-sol ? N’aie crainte, je ne te ferai pas de mal et si tu as peur quand tu seras en bas, tu pourras repartir, je ne te retiendrai pas.

Curieuse au fond d’elle-même, elle lui emboita le pas après avoir avalé son café. Elle s’immobilisa sur la dernière marche et contempla avec stupéfaction ce qui s’offrait à elle.

Le sous-sol avait tout d’un centre de recherches avec ordinateur de la dernière génération. Elle se crut dans un film de Marvel avec les super-héros. Elle s’approcha de la vitrine où un homme la regardait. Marteau la laissa faire sans un geste pour la retenir.

Elle se planta devant celui qui ressemblait trait pour trait à son mari. Daniel Faventiny était face à elle, habillé de vêtements qu’il avait l’habitude de porter.

— Je n’ai plus réussi à le maîtriser, murmura Frédéric Marteau. Voilà pourquoi, il reste maintenant enfermé dans cette armoire. Tu vois, j’ai toujours la clé sur moi, il ne pourra plus faire de mal à personne.

— Tu veux dire que c’est lui qui a tué ces hommes, a blessé Daniel, l’a kidnappé et lui a fait perdre la mémoire ?

— Oui, je te le jure. Faventiny et ses collègues pensent que c’est moi avec un masque sur la tête qui ressemble à ton mari, mais c’est faux. C’est lorsque ma compagne a été attaquée que j’ai réalisé que ce clone s’était échappé. Je ne l’avais jamais enfermé parce que je n’avais pas imaginé qu’il pouvait prendre vie tout seul.

— Peux-tu m’expliquer pourquoi tu lui as donné le visage du commandant ?

Frédéric Marteau se mit à marcher de long en large, se gratta la tête, soupira, et commença à transpirer. Puis il lâcha :

— Je voulais juste quelques minutes, quelques heures, être à sa place. Je tenais les rênes, il ne pouvait faire que ce que je lui disais. Mais… la machine a été plus forte que moi et j’ai été dépassé.

— Je ne comprends toujours pas pourquoi tu n’as pas fait ton propre clone.

Il s’agaça.

— Avec mon visage ? Réfléchis un peu. Autant faire un beau clone, tu ne crois pas ?

— En fait, tu as créé celui de mon mari.

— Si tu veux, mais…

Il la regarda.

— Je suis désolé.

— C’est donc ce truc qui m’a embrassée ? Qui me surveillait dans la maison ? Qui m’a enfermée ? Pourquoi n’as-tu rien fait à ce moment là quand tu as compris ce qui se passait ?

Il haussa les épaules et avoua :

— Je voulais m’amuser un peu et… d’accord, ton mari m’agace. Je suis jaloux.

— Jaloux ? De quoi ? Je ne comprends pas.

— Il a tout ce que je n’ai pas. Il est beau, il est commandant…

Elle l’interrompit.

— Tu es un chirurgien plasticien renommé, tu n’as rien à lui envier côté professionnel.

Elle réalisa alors ce qu’il n’osait pas dire.

— Tu es amoureux de moi ? Fred ? Réponds-moi !

Il baissa la tête et murmura :

— C’est arrivé sans que je m’en rende compte, mais je t’assure que tout ça n’était pas prémédité.

— Tu vas tout raconter à la police.

— Laisse-moi encore quelques jours, mon projet est pratiquement terminé et je vais changer son visage. Ce ne sera plus le commandant, mais moi. J’ai d’ailleurs le moule de mon visage. Je t’en prie, deux jours, pas plus. Je pourrai présenter ce clone et montrer le fruit de mes recherches.

— Tu es fou Fred, jamais ça ne marchera. Il y a eu des morts, tu as usurpé le nom de mon mari, tu as volé son visage, j’ai bien vu la minuscule cicatrice.

— Un travail minutieux de grande beauté, tu ne peux pas le nier.

Elle regarda son ami. Il lui faisait pitié. Sa conscience professionnelle lui dictait de tout raconter et de l’arrêter, mais son air de chien battu la fit hésiter.

— Deux jours ? Tu me le promets ?

Il acquiesça.

La voiture de police stoppa brutalement devant la maison du chirurgien. Faventiny et ses deux collègues se ruèrent sur la porte qu’ils faillirent défoncer lorsque Juliette Tomys les interpella.

— Il n’est pas là, le toubib.

Les trois hommes cessèrent leur vacarme.

— Vous êtes certaine ?

— Vous voyez bien qu’il n’y a pas son véhicule. Il est à l’hôpital comme tous les jours.

Elle s’approcha d’eux et la mine curieuse les interrogea :

— Alors ce masque ?

Ils ne répondirent pas et remontèrent dans la voiture. Daniel cliqua sur le numéro de sa femme et à sa grande surprise, elle décrocha aussitôt.

— Un problème Daniel ?

Interloqué, il hésita, mais Coralie continua :

— J’étais avec Marteau. Il m’avait demandé de le rejoindre au café près de l’hôpital, c’est pour ça que tu appelles non ? Tu es rassuré, tout va bien, il voulait juste me parler de sa compagne. Il ne comprend pas pourquoi, il y avait un policier devant sa porte, il souhaitait que j’intervienne pour qu’il puisse la voir, il semblerait que ce soit impossible.

Quelque chose clochait, il le sentait. Ses collègues et lui ne les avaient pas aperçus dans le café. Coralie lui mentirait-elle ?

— Où es-tu ?

— Au l’institut médico-légal, où veux-tu que je sois ? Pourquoi m’appelais-tu ?

— Pour rien, à tout à l’heure.

Il raccrocha, perplexe.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

Un héritage empoisonné

Bonjour toi 😉

Pour mes lecteurs assidus, je partage un nouveau chapitre. J’ai bien compris ton impatience 😂.

Chapitre 32

Faventiny fit signe à ses collègues de l’emporter. Esteban s’en chargea avec répugnance. Hugo resta avec son supérieur. Celui-ci s’assit à son bureau et prit la parole.

— Madame Tomys, je vais vous demander d’être très prudente et de ne parler de rien à qui que ce soit. J’espère que votre amie fera de même.

— Elle va s’occuper d’un autre service. Je lui ai raconté l’histoire.

Les deux policiers soupirèrent. Quelles bavardes ces femmes. Elles ne se rendaient pas compte qu’elles avaient affaire à un grand malade qui n’avait pas hésité à tuer dès qu’il se sentait en danger.

— Ne craignez rien, reprit Juliette Tomys, comprenant qu’elle les avait inquiétés. Mon amie est tenue au secret professionnel, rien ne dit qu’il s’agit du docteur Marteau qui a fait ce visage, même si tout prouve le contraire.

Les deux hommes ne répondirent pas. Ils la remercièrent et l’invitèrent à rentrer chez elle. Daniel lui suggéra alors :

— Peut-être pourriez-vous prendre quelques jours de vacances ?

— En voilà une idée !

Esteban entra en trombe dans le bureau.

— Commandant, Frédéric Marteau est à l’accueil. Il souhaite vous parler.

Hugo entraina aussitôt Juliette Tomys pour la faire sortir par-derrière. Il était temps, Marteau poussait la porte sans y être invité devant l’air stupéfait des policiers.

— Commandant, je n’apprécie pas vos manières. Vous auriez pu me prévenir que ma compagne n’était pas morte !

— Qui ? Quelle compagne ?

Le chirurgien souffla.

— C’est vrai, vous êtes amnésique ! Il y a quelqu’un qui pourrait me renseigner ?

Hugo rétorqua froidement :

— Croyez-vous que nous appréciions vos manières ? Vous entrez ici comme dans un moulin, on ne vous a jamais appris à frapper ?

— Excusez-moi, mais je ne comprends pas pourquoi un de vos collègues fait le planton devant la chambre de ma compagne.

— Ne faites pas l’imbécile, vous savez bien qu’elle a été agressée ! répondit Hugo.

— Et vous n’avez toujours pas trouvé qui est l’assassin ?

— Je vous rappelle que votre amie n’est pas morte.

— C’est ce que j’avais cru comprendre, mais je me suis trompé.

Hugo et Faventiny se regardèrent. Comment pouvait-il le savoir ?

Soudain Daniel se prit la tête dans les mains.

— Vous ne vous sentez pas bien commandant ? s’affola Hugo.

— Un souvenir… idiot… Jokari.

Marteau sursauta et Faventiny s’en aperçut, mais ne fit aucune réflexion. Le chirurgien se reprit aussitôt.

— Un souvenir d’enfance sans doute. C’est un jeu.

— Non… ce n’est pas un jeu. Joseph, Karl, Richard, Jokari.

Il se tourna vers Hugo.

— Ça te dit quelque chose ?

— Joseph ? Vous avez eu un homme balancé dans votre mare. Il s’appelait Joseph. Karl et Richard ne sont pas ceux qui discutaient avec vous docteur ?

Faventiny se retourna vers le chirurgien.

— De quoi parlez-vous ? Je ne connais pas ces noms.

Hugo tapota sur l’ordinateur et tourna l’écran vers lui. Les clichés des deux hommes apparurent.

— Je ne vois pas.

— Pourtant, vous conversiez avec eux, il y a plus d’une semaine. Le commandant était séquestré à ce moment-là.

Hugo montra la preuve de ce qu’il avançait.

— Depuis quand me surveillez-vous ? s’insurgea le médecin.

— Depuis que votre compagne a été assassinée. Je vous rappelle quand même qu’on l’a trouvée chez vous, morte.

— D’ailleurs où en êtes-vous ?

— Répondez à ma question. Vous connaissez ces deux hommes ?

Faventiny n’avait toujours pas dit un mot et laissait son collègue mener l’interrogatoire. Le chirurgien se pencha et examina la photo.

— Peut-être des anciens patients !

— Je ne pense pas. Ils sont tous deux des repris de justice.

— Et alors ? Ils n’ont pas droit aux soins ?

— Je doute qu’ils aient les moyens de payer mes interventions, ironisa Hugo.

Faventiny ne disait toujours rien. Frédéric Marteau se leva.

— J’étais venu chercher des renseignements et finalement, je me retrouve à devoir me justifier. Puis-je m’en aller ?

— Restez à notre disposition, nous allons certainement avoir des questions à vous poser, répondit Hugo.

Seuls, les deux hommes se regardèrent.

— Il était donc en relation avec mon double pour avoir entendu que sa femme était morte.

— Tu avais encore ton alliance ce jour-là.

— Il a dû lui faire mon visage.

Esteban revenait et leur annonça qu’ils auraient les résultats d’ici 24 heures.

— Ils ne peuvent pas faire plus vite ?

— Je leur ai demandé.

Fréderic Marteau sortit du commissariat perturbé. Rien ne se déroulait comme il voulait et surtout, il sentait bien qu’il perdait pied. Ses fichus médicaments diminuaient ses facultés de réflexion et de concentration. Il remarqua dans le bar d’en face, deux femmes attablées autour d’un café. Il reconnut sa voisine et l’agent de service qui avait nettoyé son bureau. Il soupira. Il allait, une fois de plus, devoir faire place nette. Il les surveilla de loin. Juliette Tomys reprit sa voiture alors que Corinne Vitrail enfourchait son scooter et se dirigeait vers son lieu de travail.

Le portable de Marteau vibra dans sa poche. Lorsqu’il découvrit qui l’appelait, il décrocha aussitôt et ne laissa pas parler son interlocutrice.

— Coralie ? J’ai besoin de ton aide. Peux-tu me rejoindre au café près de l’hôpital, celui qui est dans la petite rue ?

Il coupa la conversation avant qu’elle ne réponde. Il espéra qu’elle pourrait venir le retrouver. Lorsqu’il rangea son téléphone, les deux femmes avaient disparu.

Perplexe, Coralie regarda son portable.

— Un problème ? demanda Sophia.

— Je vais m’absenter un moment, si mon mari ou un de ses collègues m’appellent, tu leur dis que je suis au café près de l’hôpital.

— Tu vas voir le toubib ? Ce n’est pas une bonne idée d’y aller seule.

— Vous vous trompez sur son compte.

Elle enfilait déjà son manteau.

Vincenzo tenta de lui barrer le passage, mais elle le repoussa gentiment.

— Je n’en ai pas pour longtemps, ne craigniez rien.

Elle n’était pas encore dans sa voiture que Sophia appelait le commissariat.

Frédéric Marteau guettait Coralie. Dès qu’il l’aperçut, il courut vers elle, l’attrapa par le bras et l’entraina vers son véhicule. Elle tenta de se rebiffer, mais il la tenait fermement.

— Mais lâche-moi, qu’est-ce qu’il te prend ?

Il ne lui répondit que lorsqu’elle fut assise. Il démarra et dit :

— Je t’assure que je ne voulais pas lui faire de mal.

Coralie le regardait qui fixait la route. Elle se rendit compte qu’il la conduisait hors de la ville.

— Où m’emmènes-tu ?

— Chez moi.

— Pourquoi ?

— Je vais tout te raconter, mais promets-moi de ne pas me juger.

Inquiète, elle se demanda alors si ses collègues n’avaient pas eu raison en lui intimant de faire attention à cet ami qu’elle ne reconnaissait pas.

Dès que Faventiny et ses deux acolytes parvinrent au café, ils comprirent rapidement que Coralie et le médecin n’y étaient pas. Daniel tapa le poing sur le capot du véhicule de police.

— Où l’a-t-il emmenée ?

— Chez lui, hasarda Esteban.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

Un héritage empoisonné

Bonjour toi 😉

😱🧐🤔 tout est dit 😂

Chapitre 31

Le téléphone de Coralie sonna. Elle ne reconnut pas le numéro. Elle décrocha. C’était une femme à l’appareil. Elle ne comprit pas immédiatement ce qu’elle lui disait, elle semblait paniquée et ses propos étaient incohérents.

— S’il vous plait, aidez-moi… Il m’a vue… Je suis en danger… Votre mari… il veut le tuer. Vous devez me croire.

— Allo ? Qui est à l’appareil ?

— Cécilia Joly.

— Qui vous a vue ? De qui parlez-vous ?

— Il va venir me chercher, on va l’écouter, il est médecin. Je vous en prie, aidez-moi.

— J’arrive et je préviens la police.

Coralie raccrocha et appela aussitôt Esteban ou Hugo. Ce fut le deuxième qui répondit. Hugo lui intima fermement de rester là où elle était. Accompagné d’Esteban, il partit à la clinique où se reposait la compagne de Frédéric Marteau.

Choquée, Coralie retrouva Sophia et Vincenzo.

— Pauvre femme, j’espère qu’il ne lui arrivera rien, s’exclama Sophia.

— De qui parlait-elle ? demanda Coralie.

Ils dirent en même temps :

— De ton copain le chirurgien.

Coralie réfuta leur réponse.

— Impossible, Fred n’est pas un meurtrier.

Ses deux collègues haussèrent les épaules et ne firent aucune objection.

— Tu vas raconter ça au commandant ?

— À quoi ça sert Sophia, il ne se souvient de rien. Il ne sait pas même qui elle est.

La jeune femme et Vincenzo se concertèrent du regard. Coralie les examina se donner des coups de coude comme s’ils avaient envie de lui dire quelque chose.

— Cessez de tergiverser, s’agaça leur supérieure, parlez-moi.

Vincenzo se lança.

— Ne te fâche pas, mais Sophia et moi, nous croyons que le commandant n’a pas perdu la mémoire.

Coralie haussa les sourcils.

— Ce serait bien en effet, malheureusement, ce n’est pas le cas.

Elle leur tourna le dos pour rejoindre son bureau et se planter devant son ordinateur.

— Pourquoi nous fuis-tu, Coralie ? Tu ne nous fais pas confiance ?

Le téléphone sonna au bon moment. Ses collègues l’abandonnèrent à regret.

Esteban et Hugo arrivèrent rapidement à la clinique. Ils trouvèrent Cécilia Joly, en proie à une crise d’angoisse. Elle fut pourtant soulagée de les voir. Aussitôt, elle montra son sac. Hugo lui apporta. Elle le saisit et chercha à l’intérieur. Elle tendit un carnet rouge à Hugo. Il eut juste le temps de le mettre dans sa poche que la porte s’ouvrait à la volée.

— Cécilia ?

La jeune femme sursauta. Les policiers regardèrent le chirurgien sans faire un geste.

— Bonjour messieurs.

Il était accompagné d’une infirmière.

— Je ne voulais pas le croire quand on m’a dit que tu étais ici ma chérie !

— Je ne suis plus ta chérie. Je sais ce que tu m’as fait.

Il se tourna vers l’infirmière. Elle lui tendit une seringue.

— Si vous pouviez sortir messieurs.

Hugo et Esteban refusèrent de bouger.

— Nous venions chercher madame Joly, nous avons un mandat d’amener. Le procureur Claude Darcin désirait l’interroger et comme nous avons appris qu’elle était apte à nous parler et pouvait à répondre à nos questions, nous l’emmenions à son bureau. Pouvez- vous nous suivre, madame.

— Montrez-moi votre papier ? Je doute que ma patiente soit capable de faire quoi que ce soit, n’est-ce pas Cécilia ?

Il la tenait fermement par le bras et la fixait. Elle se mit à trembler et à balbutier qu’elle était d’accord pour partir avec les policiers.

— Tu n’es pas en état ma chérie.

Il se tourna vers Hugo et Esteban.

— Vous reviendrez, messieurs, ma compagne est avant tout une malade et elle doit se reposer.

Il fit signe à l’infirmière pour qu’elle l’aide à se recoucher dans son lit. Les deux hommes n’insistèrent pas. Esteban intercepta le regard affolé de Cécilia Joly qui l’enjoignait de ne pas la laisser.

Une fois dans le couloir, Hugo appela le procureur pour l’informer de la situation. Il décida qu’un policier serait de garde devant la porte et qu’elle ne pourrait pas sortir sans autorisation. Elle était un témoin.

Dans leur voiture, Hugo et Esteban n’étaient pas tranquilles. Le regard affolé de Cécilia Joly leur avait fait comprendre qu’elle avait peur de son compagnon.

— Partons d’ici, nous découvrirons ce qu’il y a dans le carnet au commissariat.

Juliette Tomys avait gardé ce que lui avait apporté son amie et l’avait mis dans un sac plastique. Elle décida de le porter à la police. Cette histoire allait trop loin, elle ne voulait pas avoir d’ennuis.

Elle avait mal dormi surtout que son chien ne cessait de grogner comme s’il sentait un danger rôder autour de sa maîtresse.

Elle se leva tôt, avala un café et sortit sa voiture. Son sac en plastique était au fond de sa besace. Elle n’était pas rassurée, surtout qu’elle voyait son voisin faire de même. Elle monta dans son véhicule sans le regarder et démarra en vitesse.

À l’accueil du commissariat, elle demanda à parler au commandant Faventiny. À sa grande surprise, il vint en personne, accompagné de ses deux acolytes.

— Vous avez retrouvé votre mémoire ?

Il se tourna vers Hugo, interrogatif. Celui-ci répondit à sa place.

— Non, il ne se souvient pas de vous, madame Tomys. Suivez-nous, vous avez quelque chose de plus à apporter à l’enquête ?

Une fois dans le bureau, elle saisit son sac et balança la poche plastique. Esteban l’ouvrit et recula d’un pas, écœuré.

— C’est pas beau à voir, je sais !

Hugo s’approcha à son tour. Il faillit vomir. Quand vint le tour de Daniel, Esteban le retint par le bras.

— Attendez commandant, vous allez être surpris !

Il se pencha et saisit ce qu’il restait de son visage. Il le souleva, le regarda sans aucune émotion.

— Il ressemble bien à celui qui m’avait séquestré. Où l’avez-vous trouvé ?

— C’est une amie qui fait le ménage à l’hôpital qui me l’a rapporté. Il était sous le bureau du chirurgien Frédéric Marteau.

Daniel Faventiny resta de marbre. Ses collègues admiraient sa maîtrise. Hugo était encore pâle à faire peur. Le commandant reprenait.

— Je n’ai pas retrouvé la mémoire. Rappelez-moi qui vous êtes ?

— Juliette Tomys, la voisine de Marteau. Je vous avais dit qu’un homme qui vous ressemblait était venu le soir du meurtre de sa compagne, enfin sa sœur jumelle. J’ai même cru que c’était vous, mais vous étiez plus grand.

Daniel hocha la tête.

— Quand ma copine m’a ramené ça, j’ai pensé que ça vous intéresserait. Mais si vous ne vous souvenez de rien, pfff !

Elle haussa les épaules et se laissa tomber sur une chaise.

— Je ne vous dis pas comme j’ai mal dormi. Mon chien n’arrêtait pas de grogner. J’avais la frousse comme si ce masque me mettait en danger.

— Nous allons l’analyser. Les traces d’ADN doivent être dessus. Nous allons enfin savoir qui voulait tant me ressembler.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

Un héritage empoisonné

Bonjour toi 😉

Même si c’est la journée mondiale du sommeil 🥱😴, je ne vais pas m’endormir sur mes lauriers. La fin du thriller approche, je partage donc un nouveau chapitre. Non, non, on ne se recouche pas 😂

Chapitre 30

Daniel Faventiny accompagné de son malinois partit en promenade. L’animal l’entraîna à plusieurs kilomètres de chez lui. Le commandant avait emporté un sac à dos et avait prévenu qu’il sortait prendre l’air. Même s’ils étaient inquiets, ses parents ne firent aucune remarque. Daniel leur avait montré qu’il avait son portable. Il était donc joignable à tout moment.

Le colonel le regarda disparaître au bout de l’allée. Sa femme posa son menton sur son épaule et soupira.

— Tu sais ce que je crois Anne-Marie ? murmura Gérard Faventiny, c’est que notre fils a parfaitement recouvré la mémoire voire même qu’il ne l’a jamais perdue.

Son épouse se recula pour mieux le contempler.

— Il ne nous mettrait jamais dans le doute comme ça !

— Pour les besoins de l’enquête, si évidemment. J’aurais fait la même chose. Tu n’as pas remarqué comment il regarde Coralie ? Et surtout comment, elle, elle vit cette amnésie ? Elle ne semble pas inquiète du tout, pas malheureuse. Elle ne cherche pas à stimuler sa mémoire parce qu’elle sait que c’est inutile. Sois rassurée, ma chérie, ton fils a toute sa tête.

Anne-Marie soupira et se blottit à nouveau dans les bras de son mari.

— Je suis déçue qu’il ne nous fasse pas confiance.

— Ce n’est pas une question de confiance, c’est de la prudence tout simplement.

— Si tu es sûr de ça, alors tant mieux.

— Cette affaire doit être résolue, Anne-Marie.

Juliette Tomys buvait le café tranquillement, postée à son carreau. Elle regardait son voisin qui montait dans sa voiture comme chaque jour. Il partait à l’hôpital. Soudain, elle aperçut son amie Corinne Vitrail qui s’arrêtait devant chez elle. Lorsqu’elle descendit de son scooter, le médecin baissa la glace. Juliette entrebâilla sa fenêtre pour écouter. Corinne enlevait son casque quand elle se rendit compte que Frédéric Marteau la fixait. Surprise de le trouver là, elle s’approcha du véhicule.

— Bonjour Docteur. Vous habitez ici ?

— Il paraît. Et vous ?

Le ton froid et coupant employé la stoppa net dans son élan d’expliquer qui elle venait voir.

— Pas du tout, je fais d’autres ménages pour arrondir mes fins de mois. J’ai garé mon engin sur le trottoir, mais je crois que je me suis trompée d’adresse.

Elle fit mine de chercher sur son téléphone, remit son casque et enfourcha son scooter.

— C’est bien ce que je pensais ! Désolée, je suis déjà en retard. À bientôt docteur, bonne journée.

Elle démarra alors que Frédéric Marteau remontait sa glace, et s’en allait. Elle fit le tour du pâté de maisons, vérifia qu’il avait bien disparu et revint chez Juliette Tomys. Celle-ci vint à sa rencontre, ouvrit le portail et l’invita à mettre son scooter dans son garage.

— Il n’avait pas l’air de bon poil. Je pensais qu’il était déjà parti. C’est la première fois que je le croise ici.

Corinne entra à la suite de Juliette et posa son sac sur la table.

— Tu désires un café ?

Juliette lui en versait une tasse.

— Oui je veux bien. Quand tu me racontais tes histoires avec ta copine qui s’est fait assassiner, je ne voulais pas le croire qu’il pouvait être aussi bizarre. Mais comme je l’ai vu ce matin, je comprends mieux. Ce n’est pas le même homme.

— Qu’est-ce qui t’amène ? Tu ne viens jamais si tôt d’habitude, c’est pour ça d’ailleurs que tu l’as croisé.

— Il faut que je te parle d’un truc et tu me diras si ça a un lien avec ce que tu me racontais.

Frédéric Marteau entra dans son bureau après avoir salué ses collègues et sa secrétaire. Il avait mal dormi. Lorsqu’il était rentré chez lui la veille, il n’avait eu de cesse de penser qu’il avait oublié quelque chose d’important. Ses absences lui reprenaient. Le stress et l’alcool ne faisaient pas bon ménage avec son traitement et il avait forcé la dose de neuroleptiques pour pouvoir être au top avec Faventiny. Évidemment, il avait droit aux effets secondaires, surtout qu’il avait bu pour oublier sa défaite. Il devait avoir une sale tête parce que ses collègues l’avaient regardé bizarrement.

Il jeta un œil sur son agenda et laissa échapper un soupir de soulagement. Il avait devant lui une heure avant son premier rendez-vous.

Il se planta devant le miroir et tenta de se remémorer la scène d’hier. Il se revoyait arracher son visage. Il s’était déchiqueté. Qu’en avait-il fait ? Il vérifia sa poubelle et ne trouva rien. Il se baissa pour inspecter sous son bureau.

— Bordel ! la femme de ménage est passée.

Il repensa alors à Corinne devant chez sa voisine. Elle lui avait raconté une histoire à dormir debout, il en était certain. Une simple coïncidence ? Il n’y croyait pas. Il ne l’avait jamais vu dans son quartier. Elle avait paru surprise de le voir là et ne pas savoir qu’il y habitait. Ce soir, il irait questionner Juliette Tomys. Elle pourrait peut-être le renseigner, elle qui était toujours au courant de tout. Après tout, elle s’était peut-être vraiment trompée d’adresse.

Daniel reconnut immédiatement la maison où il avait été séquestré la première fois. Son chien à ses pieds, lui léchait les mains.

— Tu m’avais suivi jusqu’ici ?

Le regarde empli d’amour ne le lâchait pas. Daniel s’accroupit pour le caresser. Il entendit alors une voiture stopper devant la bâtisse. Il se baissa davantage pour ne pas être aperçu. Deux hommes qu’il connaissaient bien descendirent du véhicule : Karl et Richard.

Ils entrèrent dans la maison. Daniel hésita. Il remarqua un voisin sans doute, qui venait dans sa direction. Il allait emprunter le même sentier que lui certainement. Daniel fit mine de refaire son lacet et se leva quand il arriva face à lui. Hubert ne broncha pas. Ils se firent un signe de tête. L’inconnu chaussé de bottines de randonnées et d’un bâton de marche le dépassa lorsque Daniel l’interpella.

— Excusez-moi monsieur ?

Il s’arrêta et se tourna vers lui. Il mit sa main à son chapeau pour le saluer. Daniel reprit :

— J’ai certainement dû me tromper. Cette maison est bien à vendre ? Je ne la pensais pas si éloignée de tout.

L’homme répondit :

— Ce serait bien si elle changeait de propriétaire, le médecin qui l’occupe est spécial comme les personnes qui viennent chez lui. C’est pas que je veux faire ma mauvaise langue, il peut recevoir n’importe qui vu qu’il est docteur. À mon avis, c’est des zinzins de la tête ! Alors, si la baraque est à vendre, je serais bien content et croyez-moi, il n’ y aura pas que moi. Le quartier est sympa et la boulangerie n’est pas loin.

Heureux de bavarder, Daniel ne parvenait pas à en placer une. Il réussit quand même à l’interroger de nouveau.

— Vous connaissez peut-être le nom du propriétaire ?

— Pour sûr ! C’est le chirurgien de la plastique, Marteau qu’il s’appelle. Je ne lui ferais pas confiance avec un nom pareil, enfin moi ce que j’en dis, mais je bavarde, je bavarde, je n’arriverais jamais à faire mon nombre de pas. Bien le bonjour, monsieur, et bonne chance pour votre recherche.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

Un héritage empoisonné

Bonjour toi 😉

Quelle est cette étrange chose ramenée de dessous le bureau…

Chapitre 29

Est-il vraiment amnésique ?

Il tournait en rond comme un lion dans sa cage. Il l’avait eu en face de lui ; son plan machiavélique devait fonctionner et voilà qu’il avait tout oublié. Tout ça pour rien ?

Il pouvait le remplacer comme il voulait, ce con s’en ficherait bien maintenant. Il n’avait même pas réagi quand il lui avait raconté que Marteau avait été l’amant de sa femme. Il n’avait pas tiqué lorsqu’il lui avait désigné Sophia Clarky comme étant sa femme. Karl le surveillait pendant ses examens médicaux et il avait bien fait son rapport, Faventiny n’avait reconnu ni Coralie ni son collègue.

Il était pourtant certain qu’il n’avait pas abusé des médocs, mais Faventiny les avait mal supportés. Comment savoir quand il allait retrouver la mémoire ? L’histoire devenait trop dangereuse pour lui. Ce qui, au départ, n’était qu’un jeu, devenait un fiasco. Il désirait se rendre compte s’il était possible de changer de visage, une expérience oui c’est ça, une expérience, c’est toujours ce qu’il pourrait raconter s’il était démasqué ce qui en soi était parfaitement improbable.

Et Coralie ? Finalement, Joseph avait raison. Il poursuivait une chimère. Jamais, elle ne tomberait amoureuse de lui, même avec la tête de son mari. Quel imbécile !

Il se regarda dans la glace. Il avait vraiment bien travaillé, chaque trait représentait le commandant. Il s’approcha un peu plus et toucha son visage sur le miroir. Il en fit le contour.

— Je suis beau Faventiny ! Je te ressemble ! Mais je ne suis pas toi, même si j’y ai cru. J’aurais tant souhaité qu’on m’aime ! Ce n’était qu’un rêve ! j’espérais réussir cette opération, je ne te voulais pas de mal Daniel, juste être toi quelques instants, quelques heures, quelques semaines, quelques mois. Rien ne devait se dérouler comme ça. Je vous offrais à tous les deux cette maison pour vous espionner et imaginer être toi. Quand vous étiez absents, je comptais passer de pièce en pièce et faire comme si… Mais je me suis pris au jeu et j’ai tout foutu en l’air. D’abord, ce cadavre dérobé était une très mauvaise idée. Puis te kidnapper pour te parler face à face. Je voulais jouer, devenir toi, et j’y ai cru. Coralie ne m’avait pas reconnu et j’ai pu lui voler un baiser. J’en ressens encore le goût sur mes lèvres. Mais tout a foiré parce que tu as pris ce chien qui lui, n’a pas été berné. Il m’a complètement déstabilisé. J’en ai toujours eu peur depuis que j’ai eu une jambe déchiquetée. Joseph que je connaissais depuis mon adolescence m’avait prévenu. On s’est engueulé plusieurs fois et finalement j’ai été obligé de le supprimer. Pauvre gosse qui n’a plus son père. Quel abruti ! Je ne suis pas un assassin. D’accord, les personnes trop curieuses, je les élimine, elles sont gênantes et je n’aime pas ceux qui m’embarrassent. Je ne fais rien de mal, je détruis ce qui n’a plus lieu d’être.

Il colla sa joue sur le miroir glacé et laissa ses larmes couler. Il commença à se cogner le front de plus en plus fort. Il se mit à saigner. Il se regarda et arracha son visage qui partit en lambeaux. Des années de travail pour rien ! Sa plus belle réussite au panier.

— Adieu Faventiny ! Tu as gagné, j’abandonne.

Il ouvrit son tiroir et contempla le pistolet qui y sommeillait à côté d’une alliance. Celle de Faventiny. Une fabrication d’exception quand il y repensait. Il le referma. Il lui avait dérobé pendant qu’il dormait. Il savait qu’il la gardait dans sa poche. Cet imbécile ne risquait pas de s’en apercevoir.

Quelqu’un frappa. Il se regarda une dernière fois dans le miroir, poussa du pied sous son bureau les restes du visage du commandant et cria :

— Entrez !

Une jeune femme passa la tête à la porte. Surprise, elle demanda :

— Vous allez bien docteur ? Votre premier rendez-vous est arrivé, je vous laisse son dossier.

Seuls Esteban, Hugo et Coralie savaient que Daniel jouait la comédie. Il n’avait pas voulu mettre dans la confidence ses parents. Il connaissait trop sa mère qui ne pourrait s’empêcher de le serrer trop dans ses bras ou de faire une gaffe. Quant à son père, il préférait le tenir à l’écart.

La vie était difficile. Le Commandant sans cesse sur le qui-vive gérait la situation assez bien. Ce qui n’était pas le cas du colonel et de sa femme. Il ne pouvait pas retourner travailler. Il ne pouvait pas embrasser sa femme. Il ne dormait pas avec elle, il craignait d’être surveillé. Il avait parfaitement reconnu Karl à l’hôpital. Aussi, ses collègues bossaient en sous-marin au bureau. Faventiny passait beaucoup de temps avec son chien pendant que Coralie était à l’institut médico-légal.

Hugo et Esteban n’avaient pas parlé du carnet à leur supérieur. Ils venaient d’apprendre que Cécilia Joly allait beaucoup mieux et qu’elle pourrait bientôt partir en maison de convalescence. Ils se rendirent à la clinique où elle était installée.

Elle les reçut assise dans son lit.

— Le commandant Faventiny ne vous a pas accompagné ? s’enquit-elle aussitôt.

— Il a un problème de santé et se repose, répondit Hugo.

Elle fronça les sourcils.

— J’ai entendu les infirmières qui discutaient entre elles. Saviez-vous que le docteur Marteau faisait aussi des visites ici ? Heureusement qu’il n’a pas découvert que j’étais là.

Les deux policiers se concertèrent du regard.

— Il pense que vous êtes morte. Vous sortez bientôt, vous ne risquez plus rien.

— Je voulais parler à votre commandant. Serait-il possible qu’il vienne me voir ?

— Si Frédéric Marteau se déplace ici, ce n’est pas souhaitable. Nous avons une question à vous poser. Votre voisine nous a dit que vous possédiez un carnet et…

Cécilia Joly s’agita dans son lit.

— Elle est trop bavarde.

— Au contraire, elle nous est d’un grand secours. Vous êtes protégée et…

— Bien sûr que non, je ne le suis pas, puisque que mon ex vient ici. Depuis que je l’ai appris, je ne dors plus. Je sais qui est le double de votre commandant.

Une infirmière entra à ce moment les invitant à sortir. Hugo et Esteban voulurent attendre dans le couloir, mais elle leur fit comprendre qu’ils devraient revenir plus tard. Exaspérés, ils s’inclinèrent.

— Je peux nettoyer votre bureau, docteur ?

La femme de service avec son chariot l’interrogeait du regard.

— Faites… Corinne, lisant son prénom sur le badge accroché à sa blouse, je rentre chez moi.

Il saisit son ordinateur, salua l’équipe de nuit dans la salle de repos en leur souhaitant bon courage.

Comme d’habitude, elle épousseta les surfaces, vida la poubelle et armée de son balai à plat, commença à laver le sol en faisant des huit. Lorsqu’elle passa sous le bureau, elle ramena une étrange chose.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

Un héritage empoisonné

Bonjour toi 😉

Faventiny a perdu la mémoire ! il ne manquait plus que ça !

Chapitre 28

Hubert, le malinois, grimpa à toute vitesse l’escalier et se planta devant la porte du bureau. Il gémit, se mit debout, et comme personne ne lui répondait, il aboya de plus en plus fort, grattant de toutes ses forces contre le battant.

Coralie appela son chien. Il descendit à toute allure et remonta aussitôt tout en se retournant, pour l’inviter à la suivre.

Le colonel Gérard Faventiny se pointa en bas des marches.

— Qu’est-ce qu’il a ?

— On dirait qu’il veut me montrer quelque chose.

— Suivons-le alors.

Il lui emboita le pas. Le chien, heureux qu’ils aient enfin compris, les emmena devant le bureau au 2e étage et recommença son manège.

Coralie lui ouvrit la porte. Il y entra en trombe et gratta le fond de la bibliothèque.

— Ton maître est derrière ?

Elle appela son mari de plus en plus fort.

— Mais qu’est-ce que tu fais Coralie ?

— Il y a une autre pièce, mais je ne sais pas comment y aller, Hubert doit sentir Daniel.

— Mais qu’est-ce que tu racontes ?

Coralie saisit son téléphone et appela Esteban. Elle lui expliqua la situation, puis dit à son beau-père après avoir raccroché :

— J’y suis entrée avec le double de Daniel croyant que c’était lui. Il doit avoir une télécommande, j’ai eu beau chercher ici dans les étagères, je n’ai pas pu retrouver le mécanisme.

— Laisse-moi faire.

Gérard se colla contre les étagères, passa ses mains doucement et soudain le mur bascula.

Le chien le bouscula et entra dans la pièce.

— Vous êtes merveilleux Gérard.

Ils le suivirent ensemble et ne virent personne. Hubert gémissait et posait son museau sur le fauteuil face au bureau.

— Il était là, j’en suis certaine, regardez son chien.

Le colonel chercha un indice qui pourrait l’aiguiller, mais ne trouva rien. Ils entendirent une cavalcade dans l’escalier et les deux collègues de Daniel apparurent dans l’encadrement de la porte.

— Vous avez réussi à l’ouvrir ?

— C’est mon beau-père ! Voyez Hubert, Daniel devait être ici, j’en suis sûre.

— C’est une histoire de fous. Si près de nous et nous n’avons rien remarqué.

Coralie s’approcha de la fenêtre.

— S’il était là, il a dû forcément nous laisser quelque chose. Cherche mon chien.

Hubert posa son museau sur le bureau. Un verre le narguait.

— N’y touchez pas, dit Esteban, faisons-le analyser, nous saurons si le commandant était ici.

— Faventiny ? Réveillez-vous !

Daniel ouvrit les yeux d’un coup. Il se trouvait face à Frédéric Marteau. Seul.

— Je vais prévenir Coralie, elle doit être morte d’inquiétude. Quelqu’un m’a appelé et m’a demandé de venir vous chercher dans une voiture. J’ai cru à une blague, mais quand la personne m’a dit de ne pas alerter la police, je n’ai pas réfléchi plus loin.

Le commandant ne répondit pas, l’esprit encore embrumé.

— Je vais vous examiner avant de prévenir votre femme. Si je devais vous garder ici, je ne voudrais pas lui faire de fausse joie.

— Qui êtes-vous ?

Le chirurgien surpris, l’interrogea.

— Frédéric Marteau.

Daniel se leva brusquement et se pencha vers lui, attrapant le col de sa blouse blanche.

— L’autre taré m’a appris que vous aviez été l’amant de ma femme. C’est vrai ?

— Qui ? Mais de quoi parlez-vous ?

— J’ai perdu la mémoire, mais je me souviens de ce que mon double m’a raconté. D’ailleurs où est-il ?

— Mais qui ? Je ne comprends rien à ce que vous dites. Vous êtes amnésique ? Depuis quand ?

— En voilà une bonne question ! Je viens de vous informer que j’ai perdu la mémoire et triple buse, vous me demandez depuis quand ? Vous avez fait l’école du rire ou celle de la médecine ?

Marteau ne releva pas l’allusion et lui apprit qu’il s’appelait Daniel Faventiny et qu’il était commandant à la brigade criminelle.

— Coralie est votre femme. Nous étions effectivement amis de fac, mais nous n’avons jamais été amants. Vous avez vu ma tête ?

Daniel ne répondit pas. Il reprit :

— Vous étiez donc avec votre double ? C’est lui qui vous avait séquestré ?

— Séquestré ?

— Oui, vous avez été enlevé. Votre famille et vos collègues vous cherchent partout. Ils vont être heureux de vous retrouver. Je vais quand même vous faire passer un scanner et j’appelle votre femme.

L’infirmier qui emmenait Daniel était Karl, l’un deux sbires qu’il avait rencontrés. Alors qu’il poussait le fauteuil roulant dans le couloir, ils se trouvèrent nez à nez avec Esteban et Coralie.

— Daniel ?

— Commandant ? Comment vous sentez-vous ?

Esteban regarda mieux le soignant. Il était certain de l’avoir déjà vu. Il leur demandait d’ailleurs de les laisser avancer. Ils se reculèrent.

Frédéric Marteau ouvrit la porte de son bureau à ce moment.

— Ne t’inquiète pas Coralie, ton mari va passer un scanner. J’aurais les résultats rapidement et si tout va bien, il repartira avec vous.

— Vous pouvez m’expliquer qui est le type avec le commandant ?

Esteban venait de se souvenir que l’homme était un repris de justice qu’il avait vu en compagnie du chirurgien et qu’il avait pris en photo.

— Un infirmier sans doute. Pourquoi ?

Esteban ne répondit pas et Coralie en profita pour interroger son ancien copain de fac.

— Raconte-moi ! Comment est-il arrivé ici.

Marteau répéta ce qu’il avait appris au commandant.

— Il a perdu la mémoire, c’est pour ça qu’il passe cet examen. Apparemment, il était avec son double. Il ne vous reste plus qu’à attendre.

Daniel revint une heure plus tard avec les résultats qu’il tendit au chirurgien.

— Tout m’a l’air parfait. Je vous laisse rentrer chez vous, mais vous devrez vous faire suivre. Je vous donne l’adresse d’un confrère.

Coralie saisit la main de son mari. Il la retira. Marteau qui avait vu le geste, tenta de réconforter son amie.

— Il ne se souvient pas de toi.

Daniel prit la parole.

— L’autre débile m’a montré une femme qui était la mienne quand j’étais dans le bureau. Ce n’était pas vous. En fait, vous pouvez me raconter n’importe quoi.

— Quel bureau ? demanda Coralie.

— Il paraît que c’est chez moi.

— Hubert l’avait bien senti. Tu étais là.

— Qui est Hubert ?

— Ton chien !

— Alors comme ça vous êtes ma femme ? Bella !

Coralie le regarda. Leurs yeux se trouvèrent et ne se lâchèrent pas pendant deux secondes. Il baissa la tête le premier.

— Je ne vous retiens pas plus longtemps.

Daniel suivit sa femme et son collègue. Ils montèrent dans la voiture. Le portable de Coralie était resté sur le siège passager. Il s’en empara et écrivit :

Il veut jouer ? On va jouer ! et je vais gagner !

Le message lu par Coralie et Esteban, il l’effaça.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

Un héritage empoisonné

Bonjour toi 😉

Hum ! ça se complique sérieusement…

Chapitre 27

La brave femme les regardait vaguement inquiète, puis elle leur sourit.

— Ne vous faites pas de souci, je sais me défendre. Martine m’a raconté que tout grand chirurgien qu’il est, il a une peur bleue des chiens. Alors…

Elle siffla et un doberman accourut et se coucha à ses pieds.

— J’ai suivi une formation pour l’éduquer. Il m’obéit au doigt et à l’œil et croyez-moi, personne ne me fera de mal. Et si je ne peux plus lui donner d’ordre parce que je suis blessée ou autre, il connait ce qu’il doit faire. Il file à la police. Personne ne sait que j’ai un chien. J’ai un grand jardin, il s’y ébat tant qu’il peut et n’aboie jamais.

Elle lui fit signe et il rentra immédiatement chez elle.

Stupéfaits, Hugo et Esteban regardèrent l’animal s’enfuir sans se retourner. Hugo reprit la parole.

— Ce carnet, l’avez-vous ?

— Hélas non ! Martine le gardait toujours avec elle. Elle ne voulait pas qu’il tombe entre les pattes du docteur.

— Vous nous avez été d’un grand secours, madame Tomys, merci beaucoup.

— Si je me souviens d’autre chose, je vous appellerai.

Ils la saluèrent et rentrèrent au commissariat.

— Il faut à tout prix mettre la main sur ce fichu carnet.

— Esteban, je ne vois qu’une solution. Nous devons rencontrer Cécilia Joly. Son sac devait être avec elle quand elle a été agressée. Elle l’avait peut-être glissé à l’intérieur.

Daniel Faventiny entendit le déclic. Il referma rapidement l’ordinateur et se planta devant la fenêtre.

Le mur bougea et une porte s’ouvrit. Son double apparut devant lui. Faventiny ne broncha pas.

— Bonjour Commandant. Je vois que vous avez compris que vous étiez revenu chez vous.

Il ne répondit pas.

— Vous êtes fâché ? Pourtant je vous ai apporté votre petit déjeuner préféré que j’ai préparé dans votre cuisine. Votre femme est partie, je peux en profiter.

Daniel tourna vers lui un visage indéchiffrable. Les mains derrière le dos, il contemplait son double sans qu’aucun muscle trahisse ce qu’il ressentait.

— Peut-être avez-vous regardé l’ordinateur que je vous ai mis à disposition ? Vous comprenez donc maintenant pourquoi tout ce qui se passait chez vous, j’étais au parfum ? Je vous l’ai déjà dit, je connais cette maison comme ma poche.

Toujours pas de réponse. Faventiny s’était retourné vers le jardin. Son double s’approcha de lui et posa sa main sur son épaule.

— À quoi jouez-vous ? Vous savez pourtant que je suis plus fort que vous, je…

Faventiny l’interrompit sans le regarder.

— Je ne comprends pas qui vous êtes et ce que je fais ici. Je ne me rappelle même plus quel est mon nom. Tout ce que vous venez de me raconter est du charabia pour moi.

— Allons commandant, ne jouez pas à ça avec moi, vous savez bien que…

Daniel se tourna vers lui et l’attrapa brusquement par les épaules.

— Je vous dis que je ne me rappelle pas qui je suis et ce que je fais là. Pourquoi me donnez-vous ce titre ? Je ne connais pas mon nom.

Surpris, son double saisit son portable et le mit en mode selfie. Les deux visages identiques apparurent à l’écran.

— Vous êtes mon frère jumeau ? Pourquoi me vouvoyez-vous alors ?

Daniel se prit la tête dans les mains et gémit.

— Je me suis réveillé ici, mais je ne sais même pas où je suis. J’ai effectivement tenté de regarder l’appareil qui est sur le bureau dans l’espoir d’y découvrir quelque chose qui me renseignerait, mais je n’y ai vu que des pièces inconnues. Vous dites que c’est ma maison ? Pourquoi suis-je enfermé ? Et qui êtes-vous pour me ressembler autant ? Vous avez aussi parlé de ma femme, je suis marié ? Avec qui ? Elle doit se faire du souci si j’ai été enlevé.

— C’est bien tenté Faventiny, mais je ne vous crois pas une seconde.

— C’est donc mon nom ?

Son double hésita. Aurait-il eu la main lourde sur les médicaments qu’il lui administrait depuis quelques jours ? Si le commandant était réellement amnésique, l’histoire devenait véritablement amusante, mais compliquait sérieusement ses plans. Il changea de tactique pour le sonder.

— Oui, vous êtes Daniel Faventiny commandant à la brigade criminelle et vous êtes marié à Coralie Apalberto depuis peu. Elle est médecin légiste.

— Moi, un flic !

Faventiny haussa les épaules et ajouta :

— Pourquoi pas ? Mais vous pouvez me raconter n’importe quoi, je n’ai aucune preuve. Qu’est-ce que je fais ici ? Vous êtes un ancien détenu que j’ai coffré et vous vous vengez c’est ça ? Et pourquoi me ressemblez-vous autant ? C’est flippant. On est de la même famille ?

À nouveau, il regarda par la fenêtre. Le silence s’installa. Son double s’approcha de lui et fixa le jardin comme lui. Soudain, une voiture arriva.

— Tenez voilà votre femme.

L’inconnu à l’affut d’une réaction de Faventiny en fut pour ses frais. Aucun signe de reconnaissance n’apparut sur son visage. Sophia Clarky descendit du véhicule.

Faventiny dit sans aucune émotion.

— Jolie ! mais elle n’éveille rien en moi.

Son double ne répondit pas et continua de regarder le commandant. Coralie, à son tour, en sortit. Un autre véhicule suivait, le colonel et sa femme en descendirent. Il sembla à Daniel que sa mère avait pris dix ans d’un coup, mais aucun muscle de son visage ne bougea, même lorsqu’il reconnut Coralie.

— Eux ? Qui sont-ils ?

Il désignait ses parents du menton.

— Je ne sais pas.

— Vous allez me dire pourquoi je suis ici ?

— Je vais d’abord vous emmener à l’hôpital pour vous faire examiner. Je connais quelqu’un, vous aussi d’ailleurs. Il s’agit de Frédéric Marteau, un chirurgien plasticien.

Daniel éclata de rire.

— Vous vous fichez de moi ? Avec un nom pareil, chirurgien ? Complètement marteau le type !

Son double serra les poings et ne douta plus une seconde que Faventiny avait certainement perdu la mémoire. Il assena le coup final pour être sûr de ne pas se tromper.

— Il était l’ancien amant de votre femme. Ils sont amis aujourd’hui. Ils ont fait leurs études ensemble.

Il ne réagit pas.

— Vous ne vous rappelez vraiment pas ?

— Pourquoi j’inventerais ?

— Vous n’avez pas l’air de quelqu’un d’amnésique.

— Ah ? comment devrais-je être ?

— Stressé, Angoissé. Quand je suis entré, vous n’avez pas semblé surpris.

— Je suis assommé parce que j’ai mal à la tête, j’ai des vertiges, je ne comprends rien et vous me demandez d’être surpris ? C’est trop pour moi.

Il se laissa tomber sur le fauteuil.

— Écoutez, vous aurez toutes les réponses à vos questions bientôt, en attendant, vous devez vous reposer, peut-être que la mémoire vous reviendra. Je vous offre à boire ?

Faventiny se leva et saisit le verre qu’il lui tendait et l’avala d’un trait. L’inconnu le retint quand il chancela.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À suivre…

Un héritage empoisonné

Bonjour toi 😉

Où se trouve Daniel Faventiny ? De quel carnet s’agit-il ? Que de questions encore sans réponse 😁…

Chapitre 26

Hugo Cortilla et Esteban Blaviso contemplaient avec stupeur les deux visages affichés. Les deux hommes qu’ils avaient surpris en grande conversation avec Frédéric Marteau avaient tous deux fait de la prison.

— Convoquons-les ! dit aussitôt Esteban

— Sous quel prétexte ?

Hugo regarda son collègue.

— Nous n’avons aucun motif pour les faire venir ici et comment leur expliquer que nous les avons pris en photo ?

Le colonel Faventiny qui entrait dans leur bureau entendit la dernière phrase.

— Il y a des moments où il faut tricher avec les règles. Inventer un banal contrôle de police par exemple. Je ne vais pas vous apprendre votre boulot, les gars !

Les deux hommes contemplèrent le père de leur commandant.

— Nous allons tout reprendre depuis le début, proposa Hugo. Il y a certainement un détail qui nous a échappé.

— On ne peut pas dire mieux, grommela le colonel. Mais vous allez encore perdre du temps. À la base, pourquoi mon fils et ma belle-fille ont-ils hérité de cette maison ? Il faut chercher de ce côté. Ensuite, pourquoi la copine de Marteau a-t-elle été assassinée ? En fait, vous n’avez rien fait. Vous ne savez rien. Vous êtes des triples buses.

Le colonel Faventiny était très en colère. Hugo, vexé, se tut. Esteban, lui, se rebiffa aussitôt.

— Vous êtes dur Colonel ! Le commandant on l’aime bien, on a toujours fait ce qu’il nous disait et…

— C’est justement ça le problème l’ami, il n’est plus là, il a besoin de votre aide, alors bougez-vous. Je ne le répéterai pas deux fois.

Il sortit en claquant la porte.

— Il a raison Esteban ! Il faut qu’on se bouge le cul !

Daniel se leva d’un bond et faillit se casser la figure. Debout trop vite, un vertige le saisit. Il posa ses mains sur le bord du bureau près de la fenêtre et regarda dehors. Il n’en crut pas ses yeux, il était chez lui, dans la fameuse pièce dont il ne connaissait pas le mécanisme pour y entrer.

Il n’entendait rien. Sa femme devait être partie. Son regard accrocha un ordinateur portable installé sur le bureau. Il l’ouvrit aussitôt. L’écran s’alluma sur toutes les pièces de la maison. Daniel comprit qu’il y avait des caméras partout chez lui.

Féru d’informatique il tenta tous les programmes pour se connecter à son bureau et prévenir ses collègues. Verrouillé, il ne put rien en tirer. Il s’attaqua tout de même au système. Il devait réussir à établir une liaison avec le commissariat. Il soupira. La tâche promettait d’être ardue.

Esteban et Hugo se retrouvèrent devant la propriété de Marteau. Ils sonnèrent chez la voisine. Elle ne tarda pas à leur ouvrir. Ils avaient enregistré son nom sur la boîte aux lettres.

— Police ! Bonjour madame. Vous êtes Juliette Tomys ?

Ils montrèrent leurs cartes en se présentant.

— Oui c’est bien moi.

— Nous aimerions vous poser encore quelques questions.

— Je vous reconnais. Mais je vous ai déjà tout dit.

— Vous saviez que la compagne de votre voisin avait une sœur jumelle ?

Surprise, elle ouvrit la bouche et la referma aussitôt.

— Heu… non !

— Vous êtes certaine ?

— C’est-à-dire… Martine ne me l’a jamais affirmé, mais je la trouvais bizarre parfois, comme si elle avait oublié des choses. Évidemment, si elles venaient chacune à leur tour ici… Je me suis bien fait avoir. Laquelle était donc la compagne du docteur ?

— Cécilia Joly.

— Elle s’appelait ainsi ? J’ai toujours dit Martine.

Esteban reprit la parole en sortant son carnet.

— Vous m’aviez raconté la dernière fois que l’homme qui ressemblait au commandant était plus petit et que comme tous les soirs, il passait sous le panier de basket. Vous pensiez à votre voisin ?

— Le docteur Marteau passe en effet en dessous sans le toucher, mais je n’ai pas dit que c’était lui le soir du meurtre. L’inconnu que j’ai vu ressemblait à votre commandant, mais comme je vous l’ai fait remarquer, il était plus petit. 

— C’était la première fois que vous aperceviez cet homme chez le chirurgien ?

— Non !

Les deux policiers se concertèrent du regard.

— Il discutait avec Marteau ?

— Je ne les ai jamais vus ensemble.

— Votre amie parlait avec lui ?

— Je ne sais pas. Quand il venait, il n’y avait personne dans la maison. Martine ou l’autre, je ne sais plus, ne vivait pas avec lui. Le docteur n’est pas quelqu’un de facile.

— Qu’est-ce qui vous fait dire ça madame ? demanda Hugo.

— Quand ils recevaient ses amis, il montait le ton.

— Ses amis ?

— Oui, trois hommes. Un d’ailleurs, était plus proche du docteur, ils devaient se connaître depuis longtemps. Une fois, dans le jardin… Oui, nos jardins ne sont séparés que par une haie et parfois, j’entends quand j’ai la fenêtre ouverte, ils se disputaient. L’ami le prévenait qu’il devait penser à autre chose, que c’était du passé. Le médecin n’était pas d’accord et lui disait de se mêler de ses affaires.

Hugo saisit son portable et afficha les photos de Joseph, Karl et Richard, les trois hommes qui tournaient autour du chirurgien. Il le tendit à Juliette Tomys.

— Oui, c’est ça. Celui-là, en montrant Joseph, est celui dont je vous parlais. Il était souvent avec le docteur. Mais j’y pense, reprit Juliette, pourquoi ne pas lui demander à la jumelle de Martine ? Elle sait peut-être quelque chose, elles devaient être proches les sœurs non ?

Les policiers ne répondirent pas, ne voulant pas dévoiler qu’elle avait été attaquée.

— Pourvu qu’il ne lui arrive rien, dit encore la voisine décidément très bavarde. Il était au courant que sa compagne ce n’était pas toujours la même ? Parce que s’il s’en était rendu compte, elle passerait un sale quart d’heure. Ce n’est pas un tendre, vous savez !

— Autre chose madame, votre amie ne vous aurait pas parlé d’une maison que le docteur aurait eue avant d’habiter ici ?

— Vous pensez à celle où tous les voisins disparaissaient mystérieusement ?

Esteban et Hugo ne bronchèrent pas. Juliette Tomys était une mine de renseignements à elle toute seule. Ils n’osèrent pas l’interrompre quand elle enchaina.

— C’est Martine qui me l’a raconté. Figurez-vous que le docteur parle en dormant. Évidemment, elle ne lui en jamais fait la remarque. Elle a d’abord cru que c’était des rêves, au début ça la faisait rire. Au fur et à mesure, ils devinrent habituels, et elle se réveillait parce qu’il parlait fort. Alors, elle a tout noté.

— Pardon ? réagirent en même temps les deux policiers.

— Ben oui, pour ne rien oublier. Elle écrivait tout ce qu’il racontait. Elle pensait que peut-être un jour, elle pourrait s’en servir.

— Dans quel but ? demanda Hugo.

— S’il la faisait chanter. Quand je vous disais que ce n’était pas un gentil !

— Madame Tomys, votre voisin savait-il que sa compagne venait vous parler régulièrement ?

— Pourquoi, vous croyez que je suis aussi en danger ?

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

Un héritage empoisonné

Bonjour toi 😉

Faventiny est-il toujours porté disparu ? Son chien Hubert l’a-t-il retrouvé ? Voici le chapitre 25, il te donnera quelques indices 😁.

Chapitre 25

Esteban et Hugo faisaient une patrouille de routine. Ce n’est pas parce que le Commandant Faventiny avait disparu que toutes les affaires en cours s’arrêtaient. Bien sûr qu’ils auraient préféré s’occuper de retrouver leur supérieur, mais malheureusement ils n’avaient pas leur mot à dire.

Soudain, Esteban qui parcourait du regard les trottoirs s’écria :

— Arrête-toi Hugo ! Ce n’est pas Hubert là-bas !

Il mit aussitôt les warnings et ils sortirent de la voiture en courant. Esteban eut peine à reconnaître l’animal. Pourtant, dès que le chien l’aperçut, il s’avança doucement vers lui. Il était à bout de forces. Esteban l’attrapa par son collier et le caressa.

— Que t’est-il arrivé ? Tu es dans un sale état et tu dois avoir faim.

Hugo ouvrit la porte arrière de la voiture et aida Hubert à grimper dedans. Il se coucha et ferma les yeux.

— On l’amène voir Coralie et on avise après !

— Oui, il est épuisé.

L’arrivée du Malinois à l’institut médico-légal fit sensation. Esteban le portait dans ses bras. Dès qu’il aperçut sa maîtresse, il dressa les oreilles.

Elle lui mit aussitôt un bol d’eau à disposition.

— On a bien de la viande fraîche ici, mais je doute que ça te plaise ! dit Vincenzo.

— Quel nul ! répliqua Sophia. Il faut aller acheter des croquettes. J’y vais si tu veux Coralie.

Elle n’attendit pas la réponse et partit en courant.

— Où l’avez-vous aperçu ? demanda Coralie, le museau du chien posé sur ses genoux.

— Près de l’hôpital.

— Que faisait-il là-bas ?

— Patientons ! Il va reprendre ses forces, et là nous verrons bien.

Daniel Faventiny, enfermé depuis une semaine, commençait à trouver le temps long. Pourtant, il n’avait pas à se plaindre. Il avait de la nourriture à satiété, sa blessure à l’épaule avait été soignée d’une main de maître, mais il ne se souvenait de rien. Il soupçonnait ses ravisseurs de le droguer.

La pièce où il était séquestré était agréable. Il y avait une fenêtre qui donnait sur un parc magnifique et une salle de bains était attenante.

Sa mémoire était défaillante et il perdait la notion du temps. Il n’avait pas l’heure. Son portable avait disparu. Il tentait de se repérer à la lumière du jour. Mais il avait la fâcheuse impression de dormir beaucoup et alors qu’il se croyait le matin quand il ouvrait les yeux, il voyait peu à peu la nuit envahir sa chambre. Il ne parlait à personne. Ses plateaux étaient apportés pendant qu’il sommeillait et des vêtements propres l’attendaient toujours posés au même endroit, sur une chaise près de la porte.

Il avait trouvé dans la salle de bains son eau de toilette et des serviettes comme chez lui.

Son gel douche et son shampoing étaient les mêmes également.

Celui qui l’avait enfermé le connaissait parfaitement. La nourriture variée était celle qu’il aimait avec ses plats préférés et les tenues ressemblaient beaucoup à celles qu’il portait. Daniel était de plus en plus troublé et il tentait de passer le plus longtemps possible sous le jet froid pour se rafraichir les idées.

Ce matin-là, il décida de rester scotché à la fenêtre. Peut-être apercevrait-il quelque chose qui le mettrait sur la voie de l’endroit où il se cachait. Il vit la voiture. Un homme montait dedans. Il ne réussit pas à voir de qui il s’agissait. Il allait quitter son poste d’observation quand il le reconnut. Son chien ! Hubert l’avait trouvé. Il eut les larmes aux yeux lorsqu’il se rendit compte qu’il avait perdu de sa superbe et qu’il suivait le véhicule avec difficulté. Pauvre bête !

Coralie occupée n’avait pu prendre soin d’Hubert. De plus, un animal n’était pas admis dans les locaux. Sophia accompagnée d’Hugo étaient partis chez elle. Tous deux avaient tenté de lui redonner fière allure. Ils l’avaient douché et avaient ri ensemble. Il n’avait pas apprécié et s’ébrouait sans cesse. Il avait repris du poil de la bête grâce à la rasade de croquettes dispensée par Sophia.

Maintenant qu’il était redevenu à peu près normal, Hubert grattait sans cesse à la porte. Il voulait sortit et gémissait.

— Je suis certain qu’il va nous emmener voir son maître, dit Hugo.  

— Qu’est-ce qu’on fait alors ?

— Je vais le ramener au commissariat. Le procureur est dans les locaux. Il dira ce qu’il faut faire. Je n’ai pas de formation avec les chiens. S’il m’échappait, j’aurais l’air malin, déjà que je n’ai pas de laisse !

— Appelez-le, le Proc !

Mais son portable sonna. C’était Esteban qui venait aux nouvelles.

La conversation terminée, Hugo confirma qu’il allait ramener Hubert au commissariat.

C’était sans compter sur l’esprit vif du chien qui dès qu’il comprit qu’il allait partir, leur échappa une fois la porte ouverte.

Sophia et Hugo tentèrent de le rappeler, mais c’était peine perdue. Hugo entraina sa compagne vers son véhicule, ils sautèrent dans la voiture et suivirent Hubert comme il pouvait. L’animal était intelligent. Il ralentit sa course. La langue pendante, il les attendit devant l’hôpital.

Hugo bipa Esteban. Le commandant Faventiny serait-il hospitalisé ? Blessé ? Quand Coralie apprit la nouvelle, elle joignit son ami Frédéric Marteau. Peut-être saurait-il quelque chose ? Elle fut déçue, son mari n’était pas inscrit sur les registres.

Elle refit le numéro de ses collègues. Esteban l’avait au téléphone quand il l’interrompit.

— Votre ami s’en va et… Mais…

— Quoi ? Que se passe-t-il ?

Coralie s’impatientait. Sa frustration augmenta d’un cran quand Esteban lui raccrocha au nez après lui avoir dit qu’il la rappellerait.

— Regarde le chien !

— Et le chirurgien ! il cherche quelqu’un !

— Heureusement pour nous, il ne peut pas nous voir et Hubert s’est planqué dès qu’il l’a aperçu.

— Il a sorti son portable !

Stupéfaits, les deux policiers regardèrent les deux hommes s’approcher de Marteau. Hugo s’empressa de les prendre en photo. Leurs visages étaient bien visibles. Peut-être étaient-ils fichés ?

— Je te parie qu’ils cherchent le chien !

— Où est-il d’ailleurs ?

Hugo entendit alors un bruit suspect contre la portière. C’était Hubert qui avait fait le tour sans se faire voir. Il lui ouvrit.

Esteban en profita pour rappeler Coralie.

— Avez-vous parlé d’Hubert à votre ami ?

— Évidemment, pourquoi ?

— Alors, je crois qu’il est impliqué dans l’enlèvement du Commandant.

Quand Faventiny père apprit l’affaire, il entra dans une rage folle devant la lenteur de réaction des policiers.

— Mais qu’attendez-vous pour intervenir !

Le Procureur dut faire preuve de prudence pour canaliser la fougue du colonel qui entendait bien retrouver son fils dès le soir même.

— Je vous en prie, nous ne savons pas si c’est bien lui qui cache Daniel.

— Je suis certain que le chien le sait, lui !

— Nous n’avons rien pour arrêter Marteau ! Avec un bon avocat, il sera dehors immédiatement.

Daniel Faventiny luttait pour ne pas s’endormir. En vain !

Quand il rouvrit les yeux, il ne reconnut pas la pièce où il s’était couché.

À suivre

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

Un héritage empoisonné

Bonjour toi 😉

Où a donc disparu le chien de Faventiny ? 🧐

Chapitre 24

— Une semaine que mon fils a disparu et vous n’avez pas la moindre piste ?

Le colonel Gérard Faventiny marchait de long en large dans le bureau du Procureur.

—  Enfin, Monsieur le Procureur, ce n’est pas sérieux ?

—  Les fouilles dans la maison n’ont rien donné. Nous n’avons pas retrouvé le chien. Aucun indice.

—  Avez-vous inspecté du côté du Docteur Marteau ? Je ne le sens pas cet homme  !

— Les collègues de Daniel avaient trouvé un article le concernant, mais ce qui aurait pu nous intéresser à disparu.

—  Vous êtes en train de me dire que celui que nous recherchons a toujours une avance sur vous ? Ne me faites pas rire, ce n’est pas la première fois que vous devez avoir affaire à ce genre de situation. Des tordus, il en existe depuis la nuit des temps. Reprenons cette enquête depuis le début voulez-vous ? Cette maison d’où vient-elle ? Personne de notre famille ni de celle de ma belle-fille ne s’est manifesté, cet héritage est le départ de tout.

Le Procureur n’aimait pas recevoir des ordres, mais le Colonel à la retraite, réputé pour sa pugnacité et son œil de lynx avait raison, il dut l’admettre. Cette affaire n’avait pas été menée comme il fallait.

—  Convoquez-moi les deux acolytes de mon fils.

—  Enfin Colonel, puis-je me permettre de vous rappeler que vous êtes à la retraite et que…

— Il s’agit de mon fils là ! s’emporta Faventiny père. Je me fous de la hiérarchie, de l’administration, de ma retraite, je vais régler cette enquête et coffrer cet individu qui se fait passer pour Daniel que vous le vouliez ou non ? Compris ? Appelez le Directeur général et exposez-lui la situation, je suis certain qu’il acceptera que je travaille avec vous.

Hugo Cortilla et Esteban Blaviso, quoiqu’en pense le colonel Faventiny, n’avaient pas chômé. Ils étaient retournés à l’hôpital pour interroger Cécilia Joly. Elle avait repris connaissance, mais malheureusement, sa mémoire était parfois défaillante. Elle parlait souvent du Docteur Marteau qu’elle appelait Frédéric. Selon elle, c’était un bon médecin et ses patients l’appréciaient. Esteban avait tenté de la faire parler du jour où elle avait été attaquée, elle fermait alors les yeux et se taisait. Un nom pourtant revenait régulièrement, Merci.

Les deux policiers avaient tout d’abord pensé que la victime les remerciait de leur aide. Mais remis dans son contexte, Hugo avait penché davantage pour un nom. Ils avaient épluché son emploi du temps et avaient noté qu’elle était suivie par un psychiatre. Quand ils découvrirent son nom, Antoine MERCY, ils décidèrent d’aller lui rendre une petite visite. Ils eurent la mauvaise surprise d’apprendre qu’il était en congé.

— Tu ne trouves pas aberrant que tous les indices, les uns après les autres, disparaissent ? Nous n’avons rien à nous mettre sous la dent, gémit Esteban.

— Tentons de refaire une enquête de voisinage autour de la maison. Il y a bien quelqu’un qui va se souvenir de quelque chose.

— Allons-y, mais je n’y crois plus.

— Esteban, ce métier m’a appris qu’il ne fallait jamais lâcher. Il y a toujours une explication, ou un tout petit quelque chose que nous n’avons pas vu.

Dès la disparition du Commandant, Coralie avait choisi de dormir dans son bureau à l’institut médico-légal. Sophia lui proposa aussitôt de l’accueillir chez elle.

Mais, une fois la maison fouillée entièrement et n’ayant révélé rien de suspect, Coralie voulut y retourner. Il fut décidé avec l’accord du Procureur que Coralie ainsi que les collègues de Daniel s’y installent. La bâtisse était assez grande pour recevoir toute l’équipe. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle vit débarquer ses beaux-parents. Le colonel retraité comptait bien mener à bien cette affaire et mettre un point d’honneur à retrouver son fils rapidement. Anne-Marie suivait également. Coralie se sentit aussitôt épaulée et rassurée. Elle se faisait beaucoup de souci pour son mari. Elle ne connaissait pas l’étendue de sa blessure. Quand elle était couchée, elle se rappelait encore qu’elle avait failli soigner l’autre. Heureusement que le malinois avait bien fait son boulot. Elle aurait tant aimé le retrouver ce chien. Elle était certaine qu’il cherchait son maître et qu’il allait lui ramener.

Hubert faisait attention de ne pas se faire prendre. Il se méfiait de l’être humain comme de la peste. Il ne faisait confiance qu’à Daniel. L’autre qui se faisait passer pour lui, il allait lui régler son compte dès qu’il le pourrait. Il avait suivi la voiture, son flair ne l’avait pas trompé. Il était bien arrivé où se trouvait son véritable maître. Il l’avait vu être descendu du véhicule. Il ne s’était pas montré, il avait bien compris que l’autre ne l’aimait pas. Depuis plusieurs jours, il montait la garde. Son pelage devenait gris et sale, sa fourrure commençait à le démanger, il avait déniché de quoi boire. Pour la nourriture, il s’était débrouillé comme il avait pu. Il pensait à son maître. Malheureusement, il sentait que ses forces déclinaient s’il ne mangeait pas. Il allait falloir qu’il retrouve sa maîtresse. Ensuite, il ramènerait l’homme qui l’avait éduqué, ici.

Soudain, il dressa l’oreille, l’autre sortait. Il l’avait senti, mais… il ne le reconnut pas. Il avait changé de visage, pourtant c’était son odeur, il en était certain. Il s’ébroua. Il fallait qu’il le suive. À contrecœur, il abandonna l’endroit où vivait son maître.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…