Un héritage empoisonné

Bonjour toi 😉

Pour mes lecteurs assidus, je partage un nouveau chapitre. J’ai bien compris ton impatience 😂.

Chapitre 32

Faventiny fit signe à ses collègues de l’emporter. Esteban s’en chargea avec répugnance. Hugo resta avec son supérieur. Celui-ci s’assit à son bureau et prit la parole.

— Madame Tomys, je vais vous demander d’être très prudente et de ne parler de rien à qui que ce soit. J’espère que votre amie fera de même.

— Elle va s’occuper d’un autre service. Je lui ai raconté l’histoire.

Les deux policiers soupirèrent. Quelles bavardes ces femmes. Elles ne se rendaient pas compte qu’elles avaient affaire à un grand malade qui n’avait pas hésité à tuer dès qu’il se sentait en danger.

— Ne craignez rien, reprit Juliette Tomys, comprenant qu’elle les avait inquiétés. Mon amie est tenue au secret professionnel, rien ne dit qu’il s’agit du docteur Marteau qui a fait ce visage, même si tout prouve le contraire.

Les deux hommes ne répondirent pas. Ils la remercièrent et l’invitèrent à rentrer chez elle. Daniel lui suggéra alors :

— Peut-être pourriez-vous prendre quelques jours de vacances ?

— En voilà une idée !

Esteban entra en trombe dans le bureau.

— Commandant, Frédéric Marteau est à l’accueil. Il souhaite vous parler.

Hugo entraina aussitôt Juliette Tomys pour la faire sortir par-derrière. Il était temps, Marteau poussait la porte sans y être invité devant l’air stupéfait des policiers.

— Commandant, je n’apprécie pas vos manières. Vous auriez pu me prévenir que ma compagne n’était pas morte !

— Qui ? Quelle compagne ?

Le chirurgien souffla.

— C’est vrai, vous êtes amnésique ! Il y a quelqu’un qui pourrait me renseigner ?

Hugo rétorqua froidement :

— Croyez-vous que nous appréciions vos manières ? Vous entrez ici comme dans un moulin, on ne vous a jamais appris à frapper ?

— Excusez-moi, mais je ne comprends pas pourquoi un de vos collègues fait le planton devant la chambre de ma compagne.

— Ne faites pas l’imbécile, vous savez bien qu’elle a été agressée ! répondit Hugo.

— Et vous n’avez toujours pas trouvé qui est l’assassin ?

— Je vous rappelle que votre amie n’est pas morte.

— C’est ce que j’avais cru comprendre, mais je me suis trompé.

Hugo et Faventiny se regardèrent. Comment pouvait-il le savoir ?

Soudain Daniel se prit la tête dans les mains.

— Vous ne vous sentez pas bien commandant ? s’affola Hugo.

— Un souvenir… idiot… Jokari.

Marteau sursauta et Faventiny s’en aperçut, mais ne fit aucune réflexion. Le chirurgien se reprit aussitôt.

— Un souvenir d’enfance sans doute. C’est un jeu.

— Non… ce n’est pas un jeu. Joseph, Karl, Richard, Jokari.

Il se tourna vers Hugo.

— Ça te dit quelque chose ?

— Joseph ? Vous avez eu un homme balancé dans votre mare. Il s’appelait Joseph. Karl et Richard ne sont pas ceux qui discutaient avec vous docteur ?

Faventiny se retourna vers le chirurgien.

— De quoi parlez-vous ? Je ne connais pas ces noms.

Hugo tapota sur l’ordinateur et tourna l’écran vers lui. Les clichés des deux hommes apparurent.

— Je ne vois pas.

— Pourtant, vous conversiez avec eux, il y a plus d’une semaine. Le commandant était séquestré à ce moment-là.

Hugo montra la preuve de ce qu’il avançait.

— Depuis quand me surveillez-vous ? s’insurgea le médecin.

— Depuis que votre compagne a été assassinée. Je vous rappelle quand même qu’on l’a trouvée chez vous, morte.

— D’ailleurs où en êtes-vous ?

— Répondez à ma question. Vous connaissez ces deux hommes ?

Faventiny n’avait toujours pas dit un mot et laissait son collègue mener l’interrogatoire. Le chirurgien se pencha et examina la photo.

— Peut-être des anciens patients !

— Je ne pense pas. Ils sont tous deux des repris de justice.

— Et alors ? Ils n’ont pas droit aux soins ?

— Je doute qu’ils aient les moyens de payer mes interventions, ironisa Hugo.

Faventiny ne disait toujours rien. Frédéric Marteau se leva.

— J’étais venu chercher des renseignements et finalement, je me retrouve à devoir me justifier. Puis-je m’en aller ?

— Restez à notre disposition, nous allons certainement avoir des questions à vous poser, répondit Hugo.

Seuls, les deux hommes se regardèrent.

— Il était donc en relation avec mon double pour avoir entendu que sa femme était morte.

— Tu avais encore ton alliance ce jour-là.

— Il a dû lui faire mon visage.

Esteban revenait et leur annonça qu’ils auraient les résultats d’ici 24 heures.

— Ils ne peuvent pas faire plus vite ?

— Je leur ai demandé.

Fréderic Marteau sortit du commissariat perturbé. Rien ne se déroulait comme il voulait et surtout, il sentait bien qu’il perdait pied. Ses fichus médicaments diminuaient ses facultés de réflexion et de concentration. Il remarqua dans le bar d’en face, deux femmes attablées autour d’un café. Il reconnut sa voisine et l’agent de service qui avait nettoyé son bureau. Il soupira. Il allait, une fois de plus, devoir faire place nette. Il les surveilla de loin. Juliette Tomys reprit sa voiture alors que Corinne Vitrail enfourchait son scooter et se dirigeait vers son lieu de travail.

Le portable de Marteau vibra dans sa poche. Lorsqu’il découvrit qui l’appelait, il décrocha aussitôt et ne laissa pas parler son interlocutrice.

— Coralie ? J’ai besoin de ton aide. Peux-tu me rejoindre au café près de l’hôpital, celui qui est dans la petite rue ?

Il coupa la conversation avant qu’elle ne réponde. Il espéra qu’elle pourrait venir le retrouver. Lorsqu’il rangea son téléphone, les deux femmes avaient disparu.

Perplexe, Coralie regarda son portable.

— Un problème ? demanda Sophia.

— Je vais m’absenter un moment, si mon mari ou un de ses collègues m’appellent, tu leur dis que je suis au café près de l’hôpital.

— Tu vas voir le toubib ? Ce n’est pas une bonne idée d’y aller seule.

— Vous vous trompez sur son compte.

Elle enfilait déjà son manteau.

Vincenzo tenta de lui barrer le passage, mais elle le repoussa gentiment.

— Je n’en ai pas pour longtemps, ne craigniez rien.

Elle n’était pas encore dans sa voiture que Sophia appelait le commissariat.

Frédéric Marteau guettait Coralie. Dès qu’il l’aperçut, il courut vers elle, l’attrapa par le bras et l’entraina vers son véhicule. Elle tenta de se rebiffer, mais il la tenait fermement.

— Mais lâche-moi, qu’est-ce qu’il te prend ?

Il ne lui répondit que lorsqu’elle fut assise. Il démarra et dit :

— Je t’assure que je ne voulais pas lui faire de mal.

Coralie le regardait qui fixait la route. Elle se rendit compte qu’il la conduisait hors de la ville.

— Où m’emmènes-tu ?

— Chez moi.

— Pourquoi ?

— Je vais tout te raconter, mais promets-moi de ne pas me juger.

Inquiète, elle se demanda alors si ses collègues n’avaient pas eu raison en lui intimant de faire attention à cet ami qu’elle ne reconnaissait pas.

Dès que Faventiny et ses deux acolytes parvinrent au café, ils comprirent rapidement que Coralie et le médecin n’y étaient pas. Daniel tapa le poing sur le capot du véhicule de police.

— Où l’a-t-il emmenée ?

— Chez lui, hasarda Esteban.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…