Elsbeth Isobel, la petite sorcière

Bonjour toi 😉

Je te laisse à nouveau en compagnie de ma petite sorcière à qui il arrive de drôles d’aventures.

Je me fis toute petite devant Straurius. Il feuillettait un de mes grimoires. Je me demandai pourquoi vu qu’il savait déjà tout.

Je n’osai pas parler la première, hiérarchie oblige, j’attendis patiemment qu’il daigne m’adresser la parole.

Arthus s’installa sur mes grimoires et attendit lui aussi.

— Tu as passé une bonne nuit Isobel ?

Oh ! ça va mal quand Straurius m’appelait ainsi. Il faut dire qu’avec la grande sorcière Isaulya, ils n’avaient pas réussi à se mettre d’accord sur mon prénom. C’est pour ça que j’en avais deux. Elsbeth était celui choisi par la sorcière et Isobel par Straurius.

Ah, mais je ne vous avais pas dit… Straurius est mon père et évidemment sa compagne est Isaulya. Être la fille de deux grands sorciers, pas facile tous les jours.

— Ta mère est furieuse comme tu peux t’en douter. Tu as de la chance que ce soit moi qui m’occupe de toi.

Je ne sus pas quoi répondre parce que de toute façon, ça n’irait pas. J’avais foiré, c’est sûr !

— Je crois me rappeler que tu avais la permission de venir sur terre à une condition, t’en souviens-tu ?

Je murmurai d’une toute petite voix :

— Oui, je devais me comporter en mortelle.

— Tu ne devais pas utiliser tes pouvoirs.

— Je « n’ai rien fait de mal.

— Parce que je suis arrivé à temps, gronda Straurius. Tu auras donc la punition que tu mérites jusqu’à nouvel ordre.

— Je peux savoir laquelle ?

— Tu t’en rendras compte bien assez tôt. À toi de faire le nécessaire pour que tu puisses redevenir comme avant.

— Attends papa, je…

Il stoppa d’un geste ma question et disparut.

Arthus feula, il avait horreur des grandes envolées de Straurius, son poil se hérissait, ses oreilles se couchaient. Il faut dire qu’à chaque fois, mon père déclenchait un cataclysme quand il disparaissait d’un revers de cape.

Qu’avait-il bien pu me donner comme punition, je ne voyais rien de changé dans la maison. Je tentais de questionner Arthus.

— Tu en penses quoi, toi ?

De sa voix caverneuse, il ricana. Arthus avait donc gardé ses pouvoirs. Je m’attelais à croiser les doigts et à feuilleter mon grimoire sans le toucher. Je l’appelais pour qu’il vienne se poser sur mes genoux et il le fit aussitôt. J’avais aussi toutes mes facultés de sorcière.

Je me plantai devant le miroir et tentai de changer d’apparence. Je devins tour à tour, plus vieille, plus belle, plus laide. Je ne pus m’empêcher de rire en me voyant avec une verrue sur le nez face au miroir. Quel cliché ! Les sorcières de ce genre n’existaient plus.

— Elsbeth, tu es là ?

Samy avait osé revenir me voir. Elle n’avait vraiment peur de rien cette gamine. Vite, je reprenais mon apparence et j’allais à sa rencontre.

— Elsbeth ?

— Alors Samy ? Bien dormi ?

— Elsbeth, tu es là ?

Je vis avec stupeur Samy passer devant moi sans me voir et se mettre sur la pointe des pieds pour voir à travers les carreaux si elle m’apercevait à l’intérieur. Arthus sortit alors de la maison et à ma grande surprise, elle se pencha pour le caresser.

Le traître, lui, elle pouvait le voir, alors que moi j’étais devenue invisible aux yeux de mon amie.

— Tu es tout seul ? Où est ta maîtresse ?

Arthus se mit à ronronner en frottant son museau contre sa joue.

— Je suis bête, tu ne peux pas parler. Tant pis, je pars à l’école sans elle, je la retrouverai là-bas.

Elle posa mon chat au sol et s’en fut en sautillant.

Arthus sauta dans mes bras et me lécha le bout du nez. J’étais seule avec lui, j’avais certes encore tous mes pouvoirs, mais personne ne me voyait.

Je n’avais plus rien à faire ici autant rentrer dans mon monde. Je claquais des doigts et lançais mon incantation, mon chat sur mon épaule.

Rien ne se passa, Arthus miaula de détresse.

J’étais condamnée à rester ici, seule. Je filais dans ma chambre, m’assis sur mon lit, et saisis mes grimoires à la recherche d’une solution. Seulement, Straurius m’avait aussi enlevé la capacité de comprendre les incantations qui s’adressaient aux sorciers de plus de dix ans.

J’étais une petite sorcière, seule, avec les pouvoirs de mon âge. Terminés les passe-droits.

Je m’effondrai en larmes sur ma couette. Oui, même les sorcières pleuraient !

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022).

À suivre…

À très vite…