Un héritage empoisonné

Bonjour toi 😉

Quand je relis mes chapitres, je me demande bien comment ça va finir cette histoire, pas toi ? 🧐

Chapitre 11

Coralie était chez elle, seule. Le commandant l’avait prévenue qu’il rentrerait plus tôt que prévu, voire une heure ou deux. Quand elle entendit la voiture, elle fut agréablement surprise. Il avait fait vite.

Occupée dans le bureau, elle termina son rapport et se leva pour l’accueillir. Il était déjà dans la cuisine. Il tendit sa joue. Elle éclata de rire.

— Tu ne m’embrasses pas ?

— Où ai-je l’a tête ! Désolé, je n’ai pas encore déconnecté du travail.

— Je pensais que tu allais revenir plus tard, ce n’est pas ce que tu m’avais dit ?

Il ne répondit pas immédiatement. Il enleva son manteau et alla l’accrocher dans l’entrée.

— Tu ne le mets pas dans le placard ?

— C’est pareil non ?

— Tu as rangé ton arme ? Je ne sais pas, d’habitude, tu as tout un rituel pour la cacher . D’ailleurs, tu n’as jamais voulu que j’apprenne où elle est exactement.

— Je dois vraiment être fatigué, je l’ai oubliée. Je retourne la chercher.

— Tu vas bien mon cœur ?

Il ne répondit pas, reprit son manteau, claqua la porte, laissant sa femme stupéfaite. Son portable vibra à ce moment-là.

Le visage de Daniel s’afficha à l’écran. Elle décrocha.

— Chérie, tu étais au courant que ton pote le toubib n’était pas marié avec le cadavre que tu es en train d’examiner.

Coralie ne sut quoi dire. Elle regardait la voiture de son homme qui disparaissait au coin du chemin.

— Daniel ? C’est toi ?

— Qui veux-tu que ce soit ? Tu es encore au boulot ou tu es déjà rentrée ?

****

Mais quel con ! J’ai failli être démasqué. Je ne sais pas comment je vais rattraper le coup. Il y a vraiment un bug dans la matrice !

Me retrouver face à toi m’a fait perdre tous mes moyens. J’avais l’occasion d’en profiter et j’ai foiré. Je suis trop impatient !

Dans les locaux de la police, Daniel restait perplexe.

— Alors ? Elle savait ?

Hugo et Esteban le regardaient interrogatifs.

— Apparemment non ! Finalement, je ne suis pas certain qu’elle ait eu des nouvelles de cet homme. Vous avez fait des recherches sur le type qui me ressemble et qui est venu chez les Marteau ?

— Oui et on n’a rien trouvé.

— Comment ça ?

— À part la voisine qui en parle, personne d’autre ne l’a vu. Remarque que les maisons ne sont pas orientées de la même façon.

— Pas de caméra de surveillance ?

— Non, rien.

— Sur la défunte ?

— Elle a une sœur. Je l’ai convoquée pour demain. J’ai aussi enquêté à la salle de sports où elle se rendait.

— Et ?

— Fille sans problèmes. Effectivement, la voisine venait souvent avec elle. Par contre, elle restait toujours en manches longues.

— Pour cacher des traces de coup ?

— Le coach qui la suivait lui avait déjà demandé de se mettre à l’aise parce qu’elle se plaignait d’avoir chaud, mais elle affirmait qu’elle préférait se couvrir pour perdre plus de calories.

— Interrogez la voisine. Elle a peut-être remarqué quelque chose. Vu qu’elle est curieuse comme une fouine…

Coralie était montée dans sa voiture et filait au centre médico-légal. Il fallait qu’elle parle à ses amis et collègues. Sophia et Vincenzo surpris la virent débouler dans les locaux à toute allure et passablement perturbée.

— Un problème ?

Vincenzo la regardait tandis que Sophia se rapprochait d’elle. Coralie les interrogea tour à tour.

— Lorsque vous êtes venus à la crémaillère, j’ai entendu avant de rentrer dans la maison que tu faisais remarquer à Daniel qu’heureusement qu’il était parti quand vous étiez arrivés. Je n’ai pas fait attention sur le moment. Tu pensais à quoi ?

Sophia et Vincenzo se regardèrent. Il hésita avant de répondre. Il ne voulait pas trahir le Commandant, mais Sophia réagit aussitôt.

— Nous l’avons croisé sur le chemin.

Vincenzo biaisa.

— Enfin, nous avons cru le croiser. En fait, ce n’était pas lui.

Sophia surprise se tut et le laissa continuer.

— Comment ça, ce n’était pas lui ?

— Nous étions distraits et regardions la mare. Avec le soleil de face, nous avons pensé que c’était le Commandant, mais quand nous lui avons demandé, il nous a répondu que c’était sans doute une erreur. Il parait qu’il arrive souvent que des livreurs se trompent d’adresse.

— Vous ne me cachez rien ? Vous êtes certains ?

— Pourquoi cette question ?

Sophia mal à l’aise se tordait les mains. Elle n’aimait pas mentir, mais Coralie reprenait.

— Il s’est passé un truc bizarre ce matin. Daniel est rentré à la maison. Je ne le trouvais pas comme d’habitude. La preuve en est qu’il ne m’a pas embrassée et avait oublié son arme au travail. Il est donc reparti aussitôt la chercher.

— Ne t’inquiète pas, ça peut arriver.

— Jamais, il ne ferait ça. Bref, ça, c’est une chose. Sauf qu’alors que la voiture filait au bout de l’allée, il m’a appelée des locaux de la police pour me parler boulot. Il ne savait pas si j’étais rentrée, ou encore ici.

Daniel ferma la porte de son bureau et demanda la discrétion absolue à ses deux collègues.

— Je trouve bizarre qu’une voisine pense que j’étais sur les lieux du crime. Une personne qui me ressemble veut me faire porter le chapeau. N’oubliez pas le corps qui avait disparu et qui était chez moi. L’équipe n’a pas remarqué que ce n’était pas moi qui étais venu le chercher. Heureusement que ma signature est très difficile à imiter, sinon j’étais bon pour finir derrière les barreaux et prendre une enquête de la police des polices sur le dos. Nous avons affaire à un malade qui veut se faire passer pour moi. Nous devons le trouver rapidement et je compte sur vous.

D’autre part, Vincenzo Zacchetti, le collègue de Coralie m’a inquiété sérieusement. Je n’en ai pas parlé à ma femme. Elle leur avait donné les clés pour qu’ils viennent voir la déco pour choisir notre cadeau. Ils m’ont croisé sur le chemin et ont été surpris que je ne m’arrête pas pour les saluer. Ce n’était pas moi. Il a ensuite fait allusion à de la musique qui s’est tue quand ils sont entrés. Du jazz.

— C’est grave ce que tu racontes. Tu devrais mettre une équipe de surveillance autour de chez toi.

— Je ne veux pas inquiéter Coralie.

— Quand même ! Imagine qu’il se fasse passer pour toi et qu’elle ne se rende compte de rien ?

Daniel haussa les épaules.

— Il ne prendrait pas ce genre de risques !

— Tu sais des malades, nous en voyons tous les jours, ce n’est pas à toi qu’il faut apprendre ça !

— Je préfère ne rien dire pour l’instant. Ouvrez l’œil, et tenez-moi au courant.

— Tu as tort Daniel ! glissa Hugo. Fais attention ! S’il peut rentrer chez toi comme ça…

— Mais non, c’était sans doute un truc connecté.

— Tu ne disais pas qu’une porte claquait souvent ?

— On sait pourquoi ! on l’a trouvée, c’est celle d’en haut.

— Tu es certain ?

— Mais oui Hugo ! Arrête ta paranoïa.

À suivre

© Isabelle-Marie d’Angèle

A très vite…

Thriller : Un héritage empoisonné

Chapitre 8

Je souris tout seul dans ma pièce. Tu ne t’es rendu compte de rien. Je suis donc parfait tout comme ton homme. J’avais bien noté comment il était habillé. Je me suis coiffé de la même façon. Quant à sa voix, j’ai toujours eu ce don d’imitation. Tu en riais souvent, tu te souviens ? J’avais oublié de mettre sa montre, tu n’as rien vu. Pas très observatrice pour un médecin légiste ? Je te pardonne.

Je ne fais rien de mal. Je prends ce que je n’ai pas pu avoir et que je n’aurais jamais si je ne force pas le destin. Te rends-tu compte que tu m’as appelé chéri ? J’en ai encore le cœur tout chamboulé.

Tu es au courant qu’avec de l’argent, on peut tout faire. Et du fric, j’en ai ! L’héritage de mes parents, mon boulot qui me rapporte. Alors quand j’ai besoin d’un service, je sais où demander. En général, lorsque j’annonce la somme, j’ai ce que je veux. Des personnes sans scrupules qui ne posent pas de questions du moment qu’ils ont leur blé, il y en a partout.

J’ai toujours été fasciné par les clones. Peut-être en suis-je un ? Je ne le pense pas, mais j’ai tellement désiré ressembler à ton commandant que j’ai réussi. Si je te racontais, tu applaudirais, je suis un génie.

Évidemment, dans notre pays, tout ce que je voulais faire n’existait pas. Mais, comme je me prends un peu pour un Dieu tu as compris pas vrai ? J’y parviens de n’importe quelle manière. Quand mes patients découvrent les résultats, ils font tout pour amasser l’argent et tenter l’expérience.

Je répands le bien autour de moi, je rends heureux les gens, je redonne le sourire à ceux qui se trouvaient les pires défauts, n’est-ce pas merveilleux ?

Évidemment que j’ai testé mon idée sur moi, surtout quand j’ai vu le commandant Faventiny. Devenir comme lui, un bonheur. Pouvoir enfin te serrer dans mes bras, tu t’en rends compte ? Je ne te trompe pas, tu te crois avec lui. Tout le monde s’y retrouve. Il n’en saura jamais rien. De plus, tu ne crains pas grand-chose, je ne peux pas avoir d’enfants. Tu ne seras jamais enceinte de moi. J’ai tout prévu pour que tu ne sois pas malheureuse. Si, par hasard, tu attendais un bébé de lui, pas grave, je l’élèverais. Ne suis-je pas un peu lui ?

J’avoue que l’idée d’enlever le cadavre et de le ramener ici était un mauvais plan qui n’a servi qu’à me faire comprendre que j’étais le meilleur. J’ai compris que j’étais capable de le faire et que personne ne posait de questions. J’ai voulu tester mon visage sur ses collègues. Des gens qui le côtoient quotidiennement. J’ai berné tout son service. Un génie, je te dis !

Aujourd’hui, tu réalises les risques que j’ai pris avec le timing ? Ton commandant était à la cave. J’en ai profité pour arriver devant vous, raconter une histoire de clé que vous avez gobée et le tour était joué.

Je suis revenu ici sans que personne ne se rende compte de la supercherie.

J’adore faire des blagues et je suis très fort.

Maintenant, il est possible que ça agace ton homme avec tes questions, parce que ça va forcément coincer… il ne peut pas être à deux endroits en même temps. Vous allez sans doute vous disputer. Il va se croire fou. Toi, non, je ne le permettrai pas. Et qui sait, peut-être parviendrais-je à prendre sa place définitivement.

Un génie, je te dis !

J’oubliais ! Je suis très à l’aise dans votre maison. Elle m’a appartenu, mais vous pouvez chercher, vous ne découvrirez rien dans les papiers. Je vous l’ai donnée. Cadeau ! pour toi ! C’est pour ça que je la connais parfaitement. J’y ai vécu longtemps. Heureusement, il n’y a plus de voisins pour le raconter. C’est aussi pour cette raison que j’ai choisi de te l’offrir. Aucun risque qu’on te parle de moi.

Quand la police scientifique a débarqué ici, ce que j’ai pu rigoler ! ils ont tourné autour de chez moi sans me trouver.

Enfin, je n’habite pas tous les jours ici. Quand vous bossez, moi c’est pareil. Tu vois, je mène une vie tout à fait normale.

À suivre…

Thriller : Un héritage empoisonné

Chapitre 7

Je ne t’ai jamais voulu de mal Coralie, bien au contraire. D’ailleurs, je t’ai perdu de vue pendant un certain temps. Je ne t’ai jamais oubliée et j’ai toujours pensé que nous nous retrouverions un jour.

Pourquoi a-t-il fallu que tu tombes amoureuse de ce commandant ? J’ai bien compris que tu en pinçais pour lui dès que vous vous êtes rencontrés. Figure-toi que je n’étais pas loin, ce jour-là. Un pur hasard, je te le promets. Tu allais t’installer à une terrasse pour boire un café, tu étais avec tes collègues. D’ailleurs, Sophia Clarky a toujours été proche de toi pendant nos études.

Je disais donc, tu allais t’assoir à une terrasse, stupéfait, je t’avais reconnue et j’allais t’aborder quand il est arrivé. Je suis resté en retrait et je me suis rendu compte immédiatement de votre coup de foudre réciproque.

L’accident avec les tirs qui fusaient de partout, tu te rappelles ? Le commandant était sur les lieux. Il a fait évacuer tout le monde. J’ai été bousculé. J’ai tenté de te protéger, mais il l’a fait à ma place. Un mouvement de foule nous a séparés. Tu as disparu de mon champ de vision. J’ai eu le temps de capter l’instant où vos yeux se sont accrochés.

Du coup, j’ai fait des recherches sur lui. Je voulais être certain qu’il était bien pour toi et qu’il ne te ferait pas souffrir.

Rien à dire. Il est beau gosse et parfait. Aucune maîtresse, pas d’enfants, rien. À croire qu’il t’attendait tout comme toi.

Je ne lui ressemblerai jamais…

****

Finalement, Coralie et le commandant avaient décidé de la pendre quand même cette crémaillère. Ils n’avaient invité que leurs collègues respectifs comme prévu.

Hugo Cortilla avait un faible pour Sophia Clarky. Il espérait que pour une fois, elle le regarderait autrement que comme un flic. Il était plus âgé qu’elle, mais elle le faisait complètement craquer. Esteban se moquait de lui. Il y avait belle lurette qu’il lui aurait parlé s’il avait été à sa place.

— Voilà tes hommes Dany ! ils arrivent ensemble évidemment.

Faventiny sortit sur le perron pour les accueillir. Il siffla d’admiration devant la voiture d’Esteban.

Hugo s’extirpa du véhicule. La portière grinça quand il la referma.

— C’est une antique 2 CV ! Celle de James Bond quand même ! avec les impacts de balle !

— Sérieux ! elle est vraiment à toi ?

Daniel en faisait le tour en l’admirant

— Mais oui ! je suis fan de ces bagnoles.

— Ça coûte une blinde ces engins-là !

— Je n’en ai qu’une !

Hugo et le commandant rirent de bon cœur.

— Ah ! je comprends mieux pourquoi tu n’as jamais de pièces pour la machine à café !

— Oh ça va ! je vous rembourserai !

Celle des filles se pointait au bout du chemin. Esteban en profita pour se moquer à son tour de son coéquipier.

— Voilà ta dulcinée Hugo !

Faventiny surpris demanda :

— Tu en pinces pour la rouquine ? Je ne m’étais rendu compte de rien. Et ça marche ?

Hugo haussa les épaules.

Coralie descendait le perron afin d’accueillir ses collègues et amis.

— Le cliché ! une voiture avec l’impact des balles !

Vincenzo serrait les mains des policiers et embrassa Coralie.

— Elle est à qui ? demanda Sophia s’approchant à son tour des deux hommes.

— Pas à Hugo ! répondit Esteban.

La rouquine se tourna vers lui.

— Salut toi ! Je m’en doutais un peu ! un peu jeune pour toi non ?

Et vlan prends-toi toi ça dans les dents ! ça commençait mal ! Lui rappeler qu’il était plus vieux qu’elle n’arrangeait pas ses affaires. Mais le commandant passa les bras autour des épaules de son collègue et répliqua :

— Il a de la bouteille certes, mais c’est un gentil nounours.

Sophia se mit à rire.

— Je te taquinais !

Elle ouvrit le coffre de sa voiture et en sortit un cadeau volumineux. Coralie s’exclama :

— Vous êtes fous tous les deux ! Je vous avais dit que ce n’était pas la peine.

— Nous avons eu la chance de trouver exactement ce que nous voulions, dans les tons de ton entrée. Heureusement que tu nous as gentiment laissé les clés pour découvrir ta déco.

— D’ailleurs commandant, c’est de la veine que vous étiez partis quand nous sommes arrivés. Si vous aviez entendu du bruit, vous auriez pu nous tirer dessus.

— Allez ! rentrons ! il fait quand même meilleur à l’intérieur.

Coralie entraînait Sophia avec elle. Hugo et Esteban lui emboitèrent le pas.

Daniel retint par le bras Vincenzo.

— Que voulez-vous dire ?

— Ben oui, dans la semaine, Coralie nous a permis de venir voir votre baraque. Nous n’avions pas trouvé d’idée pour le cadeau. Nous vous avons croisé sur le chemin. Vous ne vous rappelez pas ? Vous aviez même oublié d’éteindre la musique, elle y était encore quand nous sommes entrés. Vous aimez le jazz vous ? Je n’aurais pas cru.

— Attendez… je ne comprends rien à ce que vous me racontez. Je ne vous ai pas vu cette semaine.

— D’accord, je ne dirais rien à votre femme si c’est ça qui vous tracasse !

Le commandant commençait sérieusement à s’énerver.

— Il n’est pas question de cacher quoique ce soit à Coralie. Je vous répète que je ne vous ai pas croisés et pour votre gouverne, sachez que je n’ai pas le temps d’écouter de la musique.

— Vous n’avez pas une enceinte ou un truc comme ça ?

— Vous me parlez chinois là ! qu’est-ce que j’en ai à foutre de ces trucs connectés. J’ai une tête à ça ?

— Il y avait une odeur de café dans la maison…

Coralie les appelait.

— Les garçons, vous arrivez ?

— Pas un mot à ma femme ! compris ?

Vincenzo lui fit un clin d’œil.

— Non, imbécile, ce n’est pas ce que vous croyez.

 J’adore jouer et prendre des risques. Je sens que je vais bien m’amuser. À moi de savoir saisir les bons moments…

Ils étaient installés dans le salon et Coralie déballait le cadeau offert par ses collègues. Elle dévoila un superbe miroir qui allait rapidement trouver sa place dans l’entrée comme prévu.

Sophia ne cessait de jacasser.

— Nous avons pensé que ça serait chouette quand vous arrivez de vous regarder immédiatement dans la glace.

— Surtout toi Daniel ! gloussa Coralie.

— Ah Commandant, vous êtes coquet ?

Esteban oscillait entre le tu et le vous et son chef lui en fit la remarque.

— Tu choisis une bonne fois pour toutes. Je t’ai déjà dit que tu pouvais me tutoyer. Je vais chercher les bouteilles. J’ai trouvé une superbe cave figurez-vous. Tu m’accompagnes Hugo ?

— Moi aussi, je viens.

Coralie resta avec Sophia et Vincenzo.

— Effectivement, les anciens propriétaires devaient apprécier le bon vin. Daniel s’est régalé à lire les étiquettes.

D’ailleurs il revenait déjà, seul.

— Tu as abandonné tes collègues ?

— J’y retourne. J’avais oublié la clé.

— Il en faut une pour ouvrir la cave ? demanda Sophia.

— Sais-tu où elle est chéri?

Coralie le regardait en souriant.

— Bien sûr ! dans le tiroir de la cuisine. J’y vais.

Pendant qu’il disparaissait, Coralie murmura.

— Il est beau quand même !

— Arrête ! Tu vas me faire envie.

— Tu devrais t’intéresser à Hugo, tu ne vois pas qu’il est amoureux de toi ?

Coralie taquinait son amie. Les trois hommes revenaient. Sophia remarqua.

— Vous avez fait vite commandant !

À suivre…

Thriller : Un héritage empoisonné

Chapitre 6

—  Vous n’avez toujours rien à m’apporter ? C’est quand même incroyable.

Le commandant Faventiny n’en dormait plus. Depuis que le corps disparu puis réapparu chez lui, ensuite réintégré à l’institut médico-légal, plus d’une semaine s’était écoulée et rien ! Nada comme se plaisait à le répéter Esteban Blaviso. Il avait eu beau se décarcasser pour trouver des informations, il n’avait rien eu à se mettre sous la dent. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé et lui qui se vantait d’être un fin limier, il restait bredouille.

— Ce n’est pas possible. Une maison ne peut pas disparaitre comme ça du cadastre.

— Réjouis-toi, répondit en haussant les épaules Hugo, tu ne paieras pas d’impôts et vue la surface, tu vas faire de rudes économies.

— C’est malin ! Tu penses bien que je vais faire la déclaration. Peut-être que ça soulèvera des questions.

— Que dit ta femme ?

— Coralie ? Figure-toi que ses collègues ont émis la même idée que vous. Un amoureux éconduit pourrait lui en vouloir.

— Et ?

— Rien non plus.

— Pas de petits copains ?

— Tu sais, elle a bûché dur pour arriver là où elle en est. Elle n’avait pas le temps de penser à autre chose.

— Ne me fais pas croire qu’elle est restée sans flirt avant de te rencontrer ?

Hugo et Esteban fixaient en riant leur supérieur.

— Pas mon problème. Ce qu’elle a vécu avant ne me regarde pas. On parle d’autre chose.

— Jaloux ?

— Stop ! vous n’avez rien à faire ?

Quand le commandant s’exprimait ainsi, il valait mieux faire profil bas. Ils rejoignirent leurs bureaux respectifs. 

****

Alors que le docteur Faventiny, armée de son scalpel ouvrait un nouveau cadavre, Sophia lui demanda si c’était toujours d’accord pour pendre la crémaillère.

— Évidemment ! lui répondit sa cheffe.

— Chouette ! Nous allons pouvoir découvrir la maison et y débusquer les fantômes.

Sophia fit les gros yeux à son collègue.

— Oh ça va ! Je ne peux pas rigoler ?

— Il n’y en a pas.

Coralie commença à enregistrer les informations que lui livrait son cadavre.

Sophia et Vincenzo se consultèrent à voix basse.

— Quel cadeau vas-tu apporter ?

— Je n’ai pas d’idée. Il faudrait déjà voir la maison avant pour la décoration.

— Tu as raison. Mais comment faire pour y être invités ? Le planning est assez rempli et je doute que le soir, Coralie ait encore envie de se farcir ses collègues autour d’un verre.

— Qu’est-ce que vous complotez derrière mon dos ? Vous croyez que je ne vous entends pas ?

— On se demandait si nous ne pourrions pas aller voir ta maison avant la crémaillère.

Coralie stoppa son enregistreur.

— Pour quelles raisons ?

— Curiosité et le vœu de vous faire plaisir à tous les deux.

— Ne vous cassez pas la tête avec un cadeau. Nous ne serons que nous et les collègues de Daniel de toute façon.

— Justement !

— OK, pendant que je termine allez-y faire un tour. Prenez les clés dans mon manteau.

— Merci chef !

****

Sophia et Vincenzo découvraient émerveillés le parc.

— Eh ben, tu parles d’un héritage !

— Regarde, il y a même une mare là-bas !

La bâtisse apparut dans toute sa splendeur au bout du chemin.

— Ce n’est pas le château de la belle au bois dormant, mais quand même, elle a un certain cachet, je le reconnais !

— Tu sais qu’elle n’est inscrite nulle part cette maison ? Le commandant ne comprend pas.

— Tiens, en parlant du loup. Le voilà !

La voiture de Faventiny passa à côté d’eux. Il leur fit un signe, mais ne s’arrêta pas.

Les deux collègues de Coralie surpris songèrent à la même chose.

— Il doit être pressé !

— Heureusement que nous ne sommes pas arrivés alors qu’il était encore chez lui, il aurait été capable de nous tirer dessus.

— N’exagère pas ! Il est assez maître de lui quand même !

— Tu te rends compte, continua Sophia, il aurait entendu le bruit de la clé dans la serrure, il aurait pensé à une nouvelle intrusion.

Ils stoppèrent devant le perron.

Quand ils entrèrent dans la maison, une odeur de café les surprit et une musique était en fond. Elle s’éteignit rapidement.

— Le commandant a dû s’en faire une tasse et oublier d’arrêter son enceinte.

— Regarde la déco ! La cuisine tout en chêne ! Elle n’a rien à voir avec leur appartement. Je croyais Coralie plus moderne.

— J’imagine que la bâtisse était comme ça. Ils n’ont pas encore eu le temps de s’installer vraiment.

— Si ! je reconnais leur meuble.

Sophia s’assit sur le canapé.

— Celui-là il date de nos études de médecine.

— Ne me dis pas que le docteur n’en a pas acheté d’autres ?

— Comme tu peux le voir. Elle est très attachée, tu sais.

— Le commandant aussi ?

— Il n’avait peut-être pas trop de trucs à lui.

— Bon alors, que va-t-on leur offrir ?

Ils se levèrent et commencèrent à passer dans toutes les pièces.

— N’empêche, je n’imaginais pas que le commandant aimait ce genre de musique, murmura Vincenzo.

— Tu es encore sur ça ? demanda en riant Sophia.

— Tu l’écoutes en Bluetooth toi ?

— Oui, avec mon téléphone. Pourquoi ?

— L’enceinte n’a jamais autant de portée. Si Faventiny avait oublié de l’éteindre, dès qu’il serait entré dans sa voiture, elle n’aurait plus capté.

— Il a peut-être un autre système, lui ou Coralie d’ailleurs.

— Et tu ne trouves pas bizarre qu’il ne se soit pas arrêté pour nous parler et nous demander ce que nous faisions là ?

— Peut-être que Coralie l’a prévenu.

— Tu as vraiment réponse à tout toi !

Ils étaient arrivés dans la salle de bains.

— Oh le jacuzzi ! Superbe ! J’en rêve !

Sophia le contemplait avec envie. Dans son petit appartement, jamais elle n’aurait la place pour en installer un.

— Et si nous leur achetions des rideaux ? J’adore coudre. Je choisis le tissu et je fais ça le soir. Tu es d’accord ?

Vincenzo haussa les épaules. De toute façon, il se doutait qu’il ne la ferait pas changer d’avis.

— Viens, nous allons prendre les mesures.

— De toutes les fenêtres ? Tu es folle ?

— Ouais, tu as sans doute raison.

Elle repartit en sens inverse.

— Je sais ce qu’il manque. Un miroir dans l’entrée. Regarde, il serait posé là, juste quand on arrive, on peut se mirer dedans.

— Tu n’as qu’à choisir un porte-manteau aussi tant que tu y es.

Ils sursautèrent tous les deux quand une porte claqua. Sophia devint toute pâle. Ils avaient oublié qu’il pouvait y avoir quelqu’un qui les surveillait dans la maison.

— Viens on s’en va.

Ils sortirent en vitesse et donnèrent un tour de clé derrière eux. Une fois dans la voiture, ils regardèrent les fenêtres. Rien ne bougeait.

— Que nous sommes bêtes !

Vincenzo se tapa le front.

— Rappelle-toi, le docteur Faventiny nous a dit que la police avait remarqué qu’une porte fermait mal en haut, ce qui expliquerait le bruit qu’ils entendaient parfois.

— Oui ça doit être ça ! Allez démarre. Coralie va se demander ce que nous fabriquons.

Tout en haut de la maison, à une fenêtre pratiquement invisible, quelqu’un les regardait en souriant.

À suivre …

Thriller : Un héritage empoisonné

Chapitre 5

Je suis certain que tu m’as oublié ! Pas moi !

Nous avons fait nos études ensemble et tu étais très douée. Te souviens-tu de nos parties de rigolade quand nous révisions nos partiels ? Lorsque je te faisais réciter tous ces noms barbares ? Combien de litres de café avons-nous bus ? Toi, tu adorais les bonbons. Pourtant, tu le savais que ce ne n’était pas top, ni pour les dents, ni pour le corps. Seulement, toi, tu me chantais « le morceau de sucre qui aide la médecine à couler » de Mary Poppins et tu en reprenais un autre. Cette chanson a fini par me sortir par les yeux et tout ce qui va avec.

Parlons-en de mes yeux. Avec mes lunettes de myope, tu disais que je ressemblais à Clark Kent dans Lois et Clark, sauf que je n’ai jamais eu son physique. Toi, tu n’y faisais pas attention parce que nous étions de véritables amis. Mais l’idée de changer en un super héros m’a bien plu. Encore fallait-il que j’y arrive.

Un accident domestique idiot et j’ai eu le visage ébouillanté. Hôpital des grands brûlés, plusieurs greffes et je suis devenu à peu près potable comme j’aime à le dire, mais rien à voir avec les beaux gosses que tu fréquentais en cours de médecine.

Pourquoi m’as-tu remarqué ? À cause de mon apparence ? Tu as toujours répété que c’était mon côté romantique qui t’avait interpellée, mais je ne t’ai jamais crue. J’ai opté plutôt pour de la pitié et j’exècre ce sentiment. Faire pitié ! quelle horreur !

J’étais souvent planqué au dernier rang à la fac, je n’avais personne à côté de moi, j’avais la tête penchée sur mes feuilles.

Il a fallu que tu passes tout près et que je fasse tomber tous mes cours pour que tu me remarques. Je ne l’avais pas fait exprès, je te le jure. Au moment où je me suis baissé pour tout ramasser, mes lunettes ont glissé et c’est toi qui me les as récupérées en me disant de faire attention de ne pas marcher dessus. Ta voix m’a immédiatement plu. Légèrement voilée, j’ai su à cet instant que je ne pourrais jamais l’oublier. Tes cheveux relevés étaient attachés à la va-vite avec un de tes crayons. En un quart de seconde, j’ai enregistré tout ça en rencontrant tes yeux, c’est fou quand j’y repense. Je me souviens même de ton parfum. Est-ce que tu portes toujours le même ?

Je me demande encore aujourd’hui ce que serait devenue ma vie si mes cours n’avaient pas valsé au sol. Tu as tout changé d’un coup et du jour au lendemain, le soleil est entré chez moi. Pourtant, je n’ai rien fait pour. Après avoir tout remis à la va-vite dans ma sacoche, je suis parti et je n’ai pas cherché à te retrouver. Bizarre tu ne crois pas ? C’est toi qui à la cafétéria as décidé de me parler à nouveau alors que je sirotais un café qui n’en portait que le nom dans un vulgaire verre en plastique.

— Il est dégueulasse ce truc non ? Viens, je vais t’en offrir un vrai.

Je n’ai pas compris ce qu’il m’arrivait. Je t’ai suivie et me suis retrouvé dans le bar face à la fac. Je n’y avais jamais mis les pieds. Trop de monde pour moi. Tes amis se sont poussés pour me faire de la place. J’étais très mal à l’aise surtout quand l’un d’eux a dit :

— Tu as encore joué au saint-bernard ?

Ils ont tous éclaté de rire, moi j’ai souri. Je ne pouvais pas faire autrement. Ils m’ont tendu la main, se sont présentés. Certains se sont levés pour que je puisse m’assoir. Tu t’es installée à côté de moi. Nous étions tellement proches que je sentais ta jambe contre la mienne. Tes potes se sont peu à peu habitués à moi et certains ont abandonné les réflexions douteuses.

Toujours est-il que nous sommes devenus de vrais amis. Nous avons passé les premières années difficiles, ensemble. Difficiles parce que nous devions réussir la première. La sélection se faisait toute seule. Ceux qui ne bûchaient pas, ils arrêtaient. Nous, nous voulions tous les deux le succès. Toi, tu savais à quoi tu te destinais, moi pas encore tout à fait. Ah nous en avons bavé ! surtout moi ! en plus de mon physique de Dr Jekyll je faisais tache dans la promo. Tes amis ne se sont pas tous accrochés. Moi, j’avais la chance d’avoir une excellente mémoire visuelle et olfactive. Je n’oubliais rien. Aussi bien les cours que tes tenues, ton sourire, ta manière de pencher la tête pour écrire, de sucer le bout de ton crayon quand tu réfléchissais, comment tu relevais tes cheveux pour en faire un chignon même avec rien, les mèches retombaient sur tes yeux et tu les remontais sans cesse. Je riais et te répétais de les couper. Tu me tapais sur le nez avec ton stylo.

Qu’est-ce que j’aimais bien quand tu prenais ma défense ! Des imbéciles se moquaient de toi parce que tu étais une jolie fille et ils se demandaient pourquoi tu étais avec un gars comme moi. Tu savais parfaitement les remettre à leur place. Il n’y avait pas d’équivoque entre nous. Tu n’étais pas amoureuse et moi non plus. Enfin c’est ce que je croyais et à force de le déclarer et de le répéter, j’ai imaginé que c’était vrai. De toute façon, je n’avais guère le temps de penser à ça, il fallait travailler les cours.

Les années ont passé et les autres se sont lassés et ont oublié que j’étais moche parce que j’étais gentil. Pour le coup, alors que j’avais le cœur empli de rage, je donnais le change avec mon sourire ravageur comme tu le disais si bien. Tu sais que j’ai fini par le croire ?

Jamais tu n’es tombée amoureuse. Aucun garçon ne t’a émue et tu ne t’es pas laissée distraire de ton objectif. J’étais ravi et c’est à ce moment que j’ai commencé à me poser des questions. N’étais-je pas en train de craquer pour toi ? Impossible ! Le problème c’est que j’étais certain qu’un jour, tu rencontrerais quelqu’un.

Quand tu as fait ton internat, j’ai tremblé. Tous ces toubibs qui allaient te trouver magnifique et attirante, j’en avais le ventre retourné. Mais imperturbable, tu as passé ta thèse sans jamais te laisser embobiner par tous ces mâles tous plus beaux les uns que les autres.

J’ai fait le mien, dans un service différent, mais dans le même hôpital que toi. Je te garantis que les infirmières ne me tournaient pas autour pour la bagatelle, plutôt pour m’encourager. Je n’ai jamais compris pourquoi tout le monde s’imaginait qu’avec une sale gueule on n’était pas intelligent.

Nous avons réussi nos examens et tu as décidé de bifurquer sur la médecine légale. Neuf ans d’études tu te rends compte ? Je n’ai pas eu l’envie de te suivre… triturer des corps morts, très peu pour moi. C’est là que nous nous sommes séparés… enfin, c’est ce que tu crois !

À suivre…

Thriller : Un héritage empoisonné

Chapitre 3

À l’institut médico-légal, c’était le branle-bas de combat. Un corps qui disparait est impensable et il fallait le retrouver vite. Le commandant Faventiny convoqué d’urgence dut s’expliquer. Daniel commençait sérieusement à s’énerver.

— Je vous répète que je n’y suis pour rien. Putain, regardez vos caméras de surveillance, vérifiez les signatures, faites votre boulot ! Je me mariais, vous étiez au courant non ! Les dates correspondent, c’est une farce !

— Une blague de très mauvais goût, commandant !

Le procureur de la République marchait de long en large dans son bureau.

— Pour l’instant, nous n’avons pas encore averti la famille. Nous avons la chance que le corps ne devait être rendu que dans une semaine, nous avons donc le temps de le retrouver, mais faites vite. Cessez de me parler aussi sur ce ton.

— Excusez-moi monsieur le procureur.

— Je préfère. Je vous retourne ce que vous venez de me dire, à savoir, faire votre boulot. Je sais bien que vous convoliez en justes noces avec le docteur Apalberto, mais trouvez qui vous veut du mal. Vous n’avez pas emprisonné un voyou qui aurait des envies de vous le faire payer d’une manière quelconque ?

— Vous rigolez monsieur le procureur ? Des malfaiteurs qui souhaitent me voir à leur place, j’en côtoie tous les jours.

— Donc, je ne vous retiens pas et faites vite.

Le commandant Faventiny sortit furieux du tribunal. Ses deux collègues l’attendaient dans la voiture.

— Alors ? demanda Hugo

— Les gars, il va falloir faire fissa pour savoir où se cache ce corps. D’ailleurs, qui est-il ? Trouvez-moi son nom, pourquoi il est mort, sa famille, tout le tintouin quoi ! C’est pour hier bien évidemment !

****

Coralie Faventiny avait dormi seule. Daniel n’était pas rentré. Retrouver ce corps était sa priorité. Elle-même se demandait encore comment il avait été possible qu’il disparaisse. Ce qui l’intriguait c’était pourquoi les collègues qui l’avaient laissé partir avaient reconnu son mari. Ils étaient formels, c’était bien lui qui était venu.

En vérifiant la date, c’était impossible, il était à la mairie en train de convoler avec elle. Les témoins pourraient le certifier, ainsi que l’adjoint d’état civil. Le registre avait bien été signé par lui. Ce qui était très ennuyeux c’est qu’au même moment, le même paraphe était apposé au bas d’un document demandant la sortie du corps de la morgue. 

Elle avait eu le papier en sa possession. Pas de doute, c’était bien l’écriture de son mari. Il avait une manière de signer très particulière et difficilement imitable. C’était une histoire de fous.

Elle descendit à la cuisine se faire un café et avaler un bout de pain avec de la confiture. Elle ne voulait pas partir l’estomac vide. Ouvrir des corps à longueur de journée demandait une certaine concentration.

Elle pensa qu’un chien serait le bienvenu. La maison et le parc étaient assez grands pour l’accueillir et surtout elle se sentirait moins seule et protégée.

Le terme protégé la fit sourire. Pourquoi aurait-elle besoin de l’être ?

Elle jeta un coup d’œil dans le jardin et remarqua aussitôt son mari dans l’allée. Surprise parce qu’il ne l’avait pas prévenue de son retour, elle voulut l’appeler quand une porte claqua à l’étage. Distraite par le bruit, elle pensa qu’elle avait encore oublié de fermer la fenêtre de la salle de bains, elle détourna la tête. Lorsqu’elle regarda à nouveau dans le parc, son mari avait disparu. Aucune trace de voiture ne laissait imaginer qu’il était là, il y a à peine quelques minutes.

Elle saisit son portable et l’appela.

****

— Je vous informe commandant, le corps est un homme blanc, de taille moyenne, et figurez-vous qu’il n’a pas de famille. Il ne risque pas d’être demandé.

— Mais le procureur a dit…

— Il s’est trompé. C’est un SDF trouvé sur la voie publique. Effectivement, il y a un avis de recherche, mais aucune personne ne l’a réclamé. C’est quand même triste ça, de mourir tout seul dans la rue.

— Hugo, ce n’est pas le sujet ! Je suis d’accord sur le principe, mais dans le cas présent, ça m’arrange. J’ai un peu plus de temps pour le retrouver.

— N’empêche le proc t’a mis la pression pour rien.

— Hugo, laisse tomber ! Plus vite, nous trouverons, plus vite je serais tranquille. Il y a quand même un taré qui se fait passer pour moi. Ce n’est pas rien. Imagine qu’il tue quelqu’un ? J’aurais l’air malin !

Il saisit son portable qui vibrait sur son bureau.

— Commandant Faventiny, j’écoute.

— Daniel ?

— Ah c’est vous docteur ! Désolé, je ne vais pas pouvoir encore rentrer. Pour le déjeuner, vous seriez d’accord juste pour un sandwich ?

Hugo et Esteban virent leur supérieur pâlir.

— Tu rigoles là ! Je n’ai pas bougé d’ici. Mon équipe pourra le certifier.

— Je te dis que tu étais dans le jardin, il n’y a pas cinq minutes.

— Coralie ! il y a un sérieux problème, tu t’en rends compte j’espère. Ou tu as des hallucinations, ou quelqu’un se balade chez nous.

— Oui, mais ce quelqu’un te ressemble terriblement.

— Ferme la maison et…

— Je pars travailler Daniel. Il n’est pas question que je reste ici. C’est certainement une blague de mauvais goût, certes, mais je ne vais pas me laisser effrayer de la sorte.

Le commandant jeta son portable sur le bureau.

— Je vais devoir mettre une équipe de surveillance chez moi. Il y a un type qui me ressemble étrangement qui rôde dans le parc. C’est une histoire de fous.

****

Coralie s’empressa de fermer toutes les issues avant de monter dans sa voiture. Alors qu’elle allait démarrer, elle remarqua une porte sous l’escalier de l’entrée. Tous deux ne l’avaient pas encore vue. Décidément, la maison était vraiment immense. Une cave peut-être ? La jeune femme descendit de son véhicule.

Quand elle poussa la vieille ouverture en bois moulu, elle fut saisie aussitôt par une odeur qu’elle reconnut immédiatement pour la côtoyer tous les jours.

Le corps disparu était là, sur le brancard.

Chapitre 4

Quel branle-bas de combat dans la maison. Les équipes de la scientifique étaient arrivées, des bandes rouges et blanches installées pour interdire l’endroit. Les recherches d’empreintes avaient commencé.

La police inspectait toutes les pièces. C’est elle qui découvrit les nouvelles. Un comble ! Coralie et Daniel ne s’étaient pas encore aperçus qu’il y avait un grenier superbement aménagé.

— Sérieux, vous n’êtes pas venus ici ?

Esteban n’en revenait pas.

— Elle est immense cette baraque. À votre place, j’en aurais fait le tour dès mon arrivée.

— Pas eu le temps, bougonne le commandant.

— Tu as vu que la porte n’arrête pas de se refermer ?

Daniel pensa que c’étaitt celle-là qui devait claquer.

— Imagine qu’elle soit entr’ouverte, un courant d’air et paf !

— Pourquoi veux-tu qu’elle soit entr’ouverte ? Je ne savais même pas que cette pièce était là. Au fait, as-tu fait les recherches que je t’ai demandées ?

— Oui chef ! Vous allez trouver ça bizarre ! Je n’ai rien dégoté, comme si cette maison n’avait jamais existé.

— Impossible ! Elle est forcément enregistrée ne serait-ce que pour les impôts locaux. Tu es allé au cadastre ?

— Oui, je ne suis pas idiot. Rien ! Enfin c’est-à-dire qu’il y a eu un problème il y a quelques années. Un incendie ! Des dossiers ont flambé. Évidemment, celui-là était dedans.

— Il doit bien y avoir des personnes encore vivantes qui ont rencontré les propriétaires ?

— Apparemment, non ! Mais, vous me connaissez Commandant, je vais chercher et je vais trouver.

— Tu me vouvoies maintenant ?

Daniel ne put s’empêcher de sourire. Quand Esteban lui disait vous c’est qu’il se sentait investi d’une mission importante et qu’il désirait ne pas décevoir son supérieur.

****

Vincenzo et Sophia contemplaient le corps revenu à l’institut médico-légal.

— La décomposition a bien commencé. Les jours où il est resté dans la cave n’ont rien arrangé.

Vincenzo avait enlevé le drap.

— En tout cas, il est intact. Le voleur ne voulait pas s’en servir pour un sacrifice.

— Arrête tes conneries, répondit Sophia. Tu ne vois pas que Coralie est bouleversée.

Se tournant vers sa supérieure, elle demanda.

— Où allez-vous vous installer en attendant ?

— J’ai cru comprendre que ça n’allait pas prendre des plombes. Les empreintes révèlent que le commandant n’y est pour rien, étant donné qu’aucune des siennes n’a été retrouvée. Ni sur le corps ni sur le brancard.

— Donc, on est d’accord que celui qui est venu le chercher n’était pas votre mari ?

— Mais tu es con ou quoi Vincenzo ?

 Sophia lui fila une claque sur la tête.

— Ne me dis pas que tu as cru qu’il était coupable ?

— Arrête de me frapper. Je parle tout haut pour clarifier mes pensées. Pourtant la signature ?

— À ce propos, répondit Coralie. Un graphologue l’a étudiée. Figurez-vous que le commandant a une manière bien à lui de parapher. Celui qui l’a imité, ne connaissait pas cette subtilité, il est donc démontré que ce n’est pas Daniel qui a signé. Le spécialiste a fait du bon boulot.

— Donc Faventiny n’y est pour rien.

— Il faudra te le répéter combien de fois Vincenzo ?

— Vous allez arrêter de vous disputer ?

Coralie avait frappé sur le bureau.

— En attendant, j’avoue ne pas être trop rassurée. N’oubliez pas que j’ai cru voir mon mari dans le parc alors qu’il était au travail avec ses collègues.

— Un jumeau ?

— Non, Daniel est fils unique.

— Il a peut-être le don d’être à plusieurs endroits en même temps ! murmura Vincenzo, mettant ses mains sur la tête en prévision de la réaction de Sophia qui le fusillait du regard.

Coralie se permit de sourire.

****

— Commandant, où allez-vous dormir ce soir ?

— Chez nous bien sûr !

— Ce n’est pas prudent Daniel !

Hugo fronçait les sourcils.

— Si quelqu’un t’en veut, tu n’es pas en sécurité ici.

— Peut-être, mais je suis au bon endroit pour le débusquer.

— Tu penses qu’il est là ?

— Les collègues n’ont rien trouvé qui prouvent qu’il y ait un clandestin chez nous.

— Ta femme va accepter ?

— Elle en a vu d’autres.

— Et si ce n’était pas toi qui étais visé ?

****

— Et si c’était à toi qu’on en voulait Coralie ?

— En voilà une drôle d’idée !

— Ce n’est pas anodin quand même de déplacer un corps, qu’il se retrouve chez vous ensuite.

— Je suis d’accord, mais je ne vois pas le rapport avec moi.

— Je ne sais pas ! Peut-être un amoureux éconduit ?

— Tu débloques mon pauvre Vincenzo ! réagit aussitôt Sophia.

— Au moins, je cherche et mon idée n’est pas idiote. Imagine un mec qui en pinçait pour Coralie et qui se rend compte qu’elle n’est plus accessible parce qu’elle s’est mariée ? Ça se tient ! Les problèmes ont commencé depuis ce jour-là.

— Tu as peut-être raison, répondit le médecin, mais je ne vois pas quel pourrait être l’homme amoureux de moi à ce point.

— Tu penses à quelqu’un dans les collègues, toi ?

Sophia se mit à rire.

— Comment dire… À part nos morts qui défilent devant nos yeux, qu’on déshabille et qu’on ouvre en deux… Ah, mais je sais, peut-être que tu ne l’as pas fait avec tendresse et diplomatie.

Vincenzo applaudit.

— Qui dit des bêtises maintenant ? Est-ce que je te frappe moi ?

Ils se tapèrent dans la main en riant. Coralie ne put s’empêcher de se joindre à eux.

****

Je vais les laisser tranquilles pendant quelque temps, histoire qu’il m’oublie. J’ai eu un plaisir fou à sentir ces flics déambuler dans toutes les pièces. Impossible de me trouver. Mais je vois tout, j’entends tout. Où et qui suis-je ? Pourquoi ? Bientôt vous saurez. Pour l’instant, je vais profiter de votre bonheur tout neuf et distiller par-ci et par-là des indices. J’adore jouer ! Qui va gagner ? Vous ? Moi ? J’ai horreur de perdre ! Je suis le meilleur !

À suivre…

Thriller : Un héritage empoisonné

Chapitre 2

— Alors cette maison docteur Apalberto ?

Sophia Clarky, une pétulante rousse à la peau très claire les cheveux coupés à la garçonne, l’apostrophait en lui tapant sur l’épaule. Petite et ronde, elle faisait partie de l’équipe de Coralie depuis le début, il y avait maintenant une dizaine d’années. Elle avait tout de suite compris qu’entre elle et le commandant Faventiny, il y avait anguille sous roche. Ces deux-là au premier regard s’étaient trouvés. Ils avaient mis du temps pour s’en rendre compte, mais aujourd’hui, le pas était franchi.

— Je suis mariée, tu sais !

— Oui, tu n’as pas gardé ton nom de jeune fille. Pourtant, au choix…

— Tu ne vas pas recommencer avec ça !

— D’accord docteur ! je me tais. Alors raconte, cette maison ? Elle est belle ?

— Les déménageurs ont bien fait leur boulot et rapidement en plus. Du coup, je retrouve mes marques. Mais j’avoue que les pièces font vides, nous n’avions pas beaucoup de meubles par rapport à la surface du château.

— Ah ! Tu l’appelles comme ça maintenant ?

— Franchement quand vous viendrez toi et Vincenzo à la crémaillère, vous vous en rendrez compte par vous-même. D’ailleurs, où est-il ton collègue ?

— À l’accueil, il nous arrive un nouveau corps à examiner. Il enregistre les papiers.

— Encore un ? Mais nous allons par ne plus avoir de place dans nos tiroirs !

Vincenzo Zachetti fit une entrée triomphale en poussant un chariot recouvert d’un drap blanc. Pour une fois, il évita de faire un dérapage avec son chargement. Il savait que ce n’était pas toujours apprécié par sa supérieure. Par respect pour les corps, affirmait-elle.

— Salut docteur !

Le bel italien, à la chevelure noir corbeau, ajusta ses lunettes.

— Tu as l’air en forme pour une jeune mariée !

Il la prit dans ses bras et lui plaqua deux bises sur les joues. Lui aussi avait rejoint Coralie en même temps que Sophia. Une équipe de choc, soudée, autant par le travail que par l’amitié, les rapprochait. Coralie se sentait bien entourée par eux deux, elle était leur supérieure, mais cela n’interférait jamais dans leur relation.

Elle enfila sa tenue de travail : blouse, gants, masques, visière, charlotte, et saisit son microphone. Elle s’approcha du brancard et souleva le drap.

Une jeune femme blonde la regardait. Coralie, lui ferma les yeux machinalement. Elle commença son inspection, froidement avec méthode.

****

— Alors commandant ?

L’équipe de Daniel Faventiny l’attendait dans son bureau, le sourire aux lèvres. Des ballons, des verres en plastique, une cafetière, des viennoiseries étaient disposés sur une table dressée à la va-vite.

Estéban Blaviso et Hugo Cortilla, ses deux acolytes, lui tapèrent en même temps sur l’épaule.

— Quelles nouvelles ? Le docteur est à la hauteur ?

— Arrête tes blagues Hugo !

Esteban lui fila une bourrade. Ils étaient bruns tous les deux, mais autant Hugo était grand et mince, autant Esteban était petit et râblé. Ils étaient tous deux lieutenants. Hugo pourrait prétendre à passer capitaine, mais trop flémard pour bûcher, il ne souhaitait pas tenter le concours. Son collègue, plus jeune et dernier arrivé dans la brigade était très attaché au commandant.

— Merci les gars, mais on a du taf ! Je veux bien du café, mais pour les gâteaux, ce sera pour tout à l’heure.

— Ta maison, elle est chouette ?

Esteban mordait dans un croissant tout en regardant son supérieur.

— Je peux te demander de vérifier quelque chose ? Mais tu fais ça discrètement. J’aimerais savoir qui étaient les anciens propriétaires. Tu peux me chercher ça ?

Le jeune homme hocha la tête.

— C’est comme si c’était fait.

Hugo était au téléphone.

— Une bagarre a mal tourné, il faut y aller, commandant.

La routine quoi !

****

— Tu as bien dit qu’il n’y allait plus avoir de place dans nos tiroirs ?

Vincenzo regardait surpris une des cellules réfrigérantes du laboratoire.

— Le corps 22 a disparu.

Coralie s’interrompit.

— Comment ça « disparu » ?

— Il n’est plus à sa place.

— Qui était le collègue qui m’a remplacée pendant mon absence ? Demande-lui !

Sophia s’approcha.

— Nous étions là tous les deux, nous n’étions pas au courant d’un départ prévu. La famille ne pouvait pas le récupérer tout de suite, l’enquête n’était pas bouclée.

— Vous êtes certains d’avoir été présents tous les jours ?

— Quand même, nous n’avons pas encore Alzheimer, ronchonna Vincenzo qui n’admettait pas que Coralie puisse le prendre en défaut. Si je dis que nous étions là, c’est que c’est vrai. Tu n’as qu’à vérifier le planning.

— Ne te fâche pas ! Je passe un coup de fil.

Quand Coralie raccrocha, ses collègues l’interrogèrent du regard.

— Alors ?

— Il parait que c’est le commandant Faventiny qui a donné l’ordre de venir le récupérer.

Tous trois se turent, stupéfaits.

— Je l’appelle.

****

Daniel était en voiture quand son portable sonna. Le visage de sa femme apparut sur l’écran. Esteban conduisait, il décrocha aussitôt.

— Je vous manque déjà, Coralie Faventiny ?

La voix du médecin légiste n’invitait pas à la rigolade. Il écouta ce qu’elle annonçait, fronça les sourcils et répondit.

— Je ne comprends rien à ce que vous racontez docteur.

Quand il s’agissait de travail, ils avaient décidé d’un commun accord de garder le vouvoiement et de respecter les distances.

— Je ne peux pas venir immédiatement, on se rappelle.

— Un problème ?

— Un corps à la morgue qui a disparu.

— Quoi ?

— Mais tu ne sais pas la dernière, il parait que c’est moi qui en ai donné l’ordre.

À suivre…

Thriller : Un héritage empoisonné

Résumé

Coralie et Daniel Faventiny sont jeunes mariés et ont hérité d’une superbe bâtisse qui ressemble à un château. Il est commandant à la brigade criminelle, elle est médecin légiste.

Ils ne sont pas arrivés depuis dix minutes que déjà, des petites choses les intriguent comme des sels de bain autour du jacuzzi, un lit fait avec leur parure de draps, et aussi une porte qui claque alors qu’elle est censée être inhabitée depuis longtemps.

Mais de qui vient cette maison et pourquoi l’ont-ils reçue en cadeau de mariage ?

Chapitre 1

La maison était superbe. Ils l’apercevaient à travers la brume matinale. Une mare au bout du parc accueillait un couple de canards. Il devait faire froid, car de légères vapeurs s’élevaient au-dessus de l’eau, mais ça n’avait pas l’air de déranger les volatiles.

Le chemin pour parvenir à la demeure était bordé de platanes. Ils étaient encore feuillus et leurs couleurs attestaient que la saison automnale était commencée. Il faudrait certainement arranger cette route remplie d’ornières. La voiture qui s’y aventurait cahotait à qui mieux mieux. Le couple riait. C’était normal qu’ils affichent leur bonne humeur, ils venaient d’hériter de cette bâtisse. Les clés serrées dans les mains de la jeune femme indiquaient qu’elle était bien à eux cette baraque. Ce terme ne correspondait pas vraiment, petit château serait plus approprié. Plusieurs toits se superposaient et une tourelle dominait le tout. Une envolée de marches conduisait jusqu’à l’entrée principale alors qu’une autre porte était en rez-de-chaussée.

Le couple était arrivé devant. L’homme coupa le moteur et regarda sa voisine.

— Bienvenue chez nous madame Faventiny.

Coralie et Daniel venaient de se marier. Ils n’avaient pas encore réalisé qu’ils avaient hérité de cette superbe demeure. Ils avaient trouvé dans l’urne déposée dans leur salle de réception, une enveloppe parmi d’autres, particulière. Elle recelait une clé, une adresse, et le titre de propriété.

Ils avaient longuement hésité avant de se décider à accepter ce cadeau. Pas de noms de notaire, pas de signature, rien qui leur permettait d’apprendre d’où venait cette surprise. Ils avaient l’un comme l’autre peu de famille et ce n’était pas un de leurs amis qui auraient pu leur offrir cette demeure.

Ils arrivaient donc, ce jour d’octobre, chez eux.

Ils sortirent en même temps de la voiture, curieux de découvrir comment était l’intérieur de la bâtisse.

— C’est immense pour nous deux, non ?

— Nous pourrons faire des tas d’enfants, répondit son mari en lui faisant un clin d’œil.

— Oui enfin pas tout de suite ! J’ai du boulot moi !

— Et pas moi peut-être ?

Ils rirent tous les deux. Elle était médecin légiste, lui, commandant à la brigade criminelle.

— On décharge nos valises ?

— Voyons d’abord l’intérieur !

Elle grimpa les marches. Arrivée devant l’entrée, elle leva les yeux. La tourelle lui donna le vertige. Elle enfila la clé dans le trou de la serrure, la porte s’ouvrit rapidement, sans grincement.

— Dis donc, même pas besoin d’huile !

Ils étaient à peine à l’intérieur qu’un bruit au loin dans la maison claqua.

— Tu as entendu ?

— Sans doute un courant d’air quand nous sommes entrés.

— Il faudra vérifier les ouvertures.

— Ah ! tu ne vas pas commencer Dany, ne joues pas au flic avec moi.

Il ne répondit pas et entraina sa compagne dans l’escalier qui menait à l’étage.

— Tu as remarqué ?

— Quoi encore ?

— Il ne fait pas froid !

Effectivement, pour une maison qui devait être fermée depuis longtemps, il n’y avait aucune trace d’humidité et d’air cru.

— Et ça ne sent pas le renfermé, répliqua Daniel.

— C’est génial ! Il n’y aura pas de gros travaux à faire.

— Si c’était le cas, nous pourrions toujours la revendre. S’il ne fait pas froid, il ne devait donc pas y avoir une fenêtre ouverte, remarqua Daniel.

— Il ne fait pas non plus, une température en dessous de zéro, Dany. Dis-moi ce qui te tracasse, tu ne l’aimes pas la maison ?

— Je suis très méfiant. Mais continuons de visiter.

Coralie partit devant et poussa les portes de l’étage une à une. Elle resta pantoise face à la salle de bains.

— Tu as vu Daniel ?

Comme il ne répondait pas, elle se regarda dans le miroir. Jolie brunette aux cheveux longs toujours attachés. Pourquoi avoir une telle masse lui répétait sa collègue si tu dois souvent les remonter. Personne ne pouvait comprendre. Sans sa tignasse, elle se sentait toute nue. Et puis Daniel l’aimait ainsi.

Un jacuzzi la narguait. Dernier modèle, s’il vous plait ! Ce qui l’intrigua encore plus c’est que différents sels de bains et de gels douche étaient disposés sur le rebord. Si son homme voyait ça, il allait de nouveau se poser des questions. C’était bizarre quand même !

Deux vasques faisaient face à la glace. Elle n’aperçut aucune serviette accrochée.

Elle ressortit de la pièce et poursuivit ses investigations, en ouvrant les portes les unes après les autres. Trois chambres de dimensions raisonnables se suivaient. Elle appela à nouveau son mari. Laquelle allaient-ils choisir ?

— Daniel ?

— Je suis en bas. Viens voir la cuisine.

Elle dévala l’escalier.

— Du chêne ! mazette !

— Pour le coup, ce n’est pas moderne.

— Tu aimes chérie ?

— Je ne vais pas faire la difficile et puis franchement, quand le camion va débarquer avec toutes nos affaires, la pièce prendra une tout autre allure.

— D’ailleurs, leur arrivée est pour quand ?

Coralie regarda sa montre.

— J’imagine qu’ils ne vont plus tarder.

— Viens, continuons notre visite. Quelle chambre préfères-tu ma puce ?

Ils repartirent à l’étage. C’était bizarre de découvrir une maison qui allait devenir la leur alors qu’ils ne l’avaient jamais vue. Par rapport à leur appartement, classe, d’accord, il n’y avait pas photo, ici il y avait de la place pour recevoir leurs amis.

— J’ai réfléchi que nous pourrions pendre la crémaillère prochainement non ?

Ils étaient sur le palier et poussèrent la première porte. Coralie stupéfaite contempla le lit.

— Tu as vu ? Il est fait ! Je suis certaine qu’il ne l’était pas quand je suis venue tout à l’heure.

— La personne est rudement rapide. Quand je pense à nos galères pour bien tirer la couette.

— Daniel, je ne plaisante pas. Il y a quelques instants, tu râlais parce que tu avais entendu une porte claquer, et là, tu n’es même pas étonné ? De toute façon, je ne dormirais pas dans ces draps. Imagine qu’ils soient sales ?

Elle s’approcha pour les sentir. Un subtil parfum d’adoucissant lui chatouilla les narines.

— C’est le même que le nôtre. Fleur de coton.

En se penchant sur le lit, elle reconnut sa parure.

— Mais regarde ! C’est celle que nous avions encore hier soir !

Daniel saisit son portable. Il allait appeler ses collègues quand un klaxon retentit. Coralie jeta un coup d’œil par la fenêtre, le camion de déménagement était devant la porte.

— Tu feras ça tout à l’heure, nos meubles sont arrivés.

À suivre