Bonjour toi 😉
Journée des enfants, je te laisse avec mes petits héros Héloïse et Stefano. Parfois au détour d’une phrase, la vérité sort de la bouche des enfants 😉😊.

C’était le grand jour, Papa Joe construisait la cabane de Stefano et Héloïse.
Les gamins s’étaient levés de bonne heure, pas de grasse matinée alors que c’était mercredi. Le petit déjeuner avait été avalé à une vitesse grand V. Charlie n’eut même pas de réflexions à faire, les mains étaient lavées, les bouches essuyées, les bols portés sur le lave-vaisselle et la table débarrassée. Joe fit un clin d’œil amusé à sa moitié d’un air de dire que si c’était tous les jours comme ça, ce serait merveilleux.
— Nous sommes prêts.
Héloïse en salopette, casquette sur la tête l’attendait de pied ferme avec un papier à la main. Elle lui tendit et du haut de ses six ans, elle interrogea Joe sérieusement :
— Tu vas suivre mon plan hein ? Je t’ai tout écrit là.
Elle indiqua sur sa feuille les différents dessins. Joe saisit ce qui ressemblait à un plan. Effectivement, une cabane était bien représentée. Il fronça les sourcils.
— Il n’était pas question qu’elle soit installée en haut d’un arbre.
Charlie s’approcha et posa son menton sur l’épaule du grand gaillard. Elle bouscula son chapeau pour mieux voir. Joe avait tout l’air d’un cow-boy même le matin de bonne heure.
Elle murmura :
— Ce serait dangereux non ?
Héloïse montra l’escalier.
— Ah parce qu’en plus, il faut faire des marches ? demanda Joe.
— Comment veux-tu qu’on y monte sinon ?
Les yeux grands ouverts de la gamine le fixaient. Il se sentit idiot d’avoir posé la question.
Stefano regarda son père en haussant les épaules d’un air de dire qu’il n’y était pour rien.
Charlie interrogea la fillette :
— Sur quel arbre avez-vous imaginé cette cabane ?
Les enfants se tournèrent l’un vers l’autre. Ils avaient de ces questions les adultes. N’empêche qu’ils n’y avaient pas réfléchi.
— Ok, j’apporte tout le matériel et on voit ensemble ce qu’on peut faire, proposa Joe qui n’avait quand même pas que ça à faire.
Charlie leur emboita le pas. Elle devait y mettre son grain de sel. C’était elle qui s’était occupée de l’achat du bois malgré les dires de son homme qui ne cessait de répéter qu’elle ne trouverait pas ce qu’il fallait. Pourtant, il la laissa faire. Charlie était la reine du bricolage, il avait déjà remarqué qu’elle avait des doigts de fée et que tout ce qu’elle touchait s’arrangeait sur l’heure.
Les enfants aidèrent Joe à porter les planches sur la remorque du tracteur. Il y déposa son énorme boîte à outils. Héloïse adorait la regarder. Elle lui faisait penser au grand sac de Mary Poppins en moins joli. Joe en sortait tout un tas d’objets qui servait tous à quelque chose. Quand il fouillait à l’intérieur, ça faisait un drôle de bruit et il n’en fallait pas plus pour que la petite fille s’imagine une histoire. Elle se demanda si Dame Tournevis et Seigneur Marteau étaient réveillés.
Ils grimpèrent à côté du siège, Charlie marchait à côté d’eux, accompagnée du chien Texas qui gambadait autour d’elle.
Héloïse désigna le platane qui trônait au milieu du pré peu éloigné de la maison.
— Là, papa Joe, la cabane sera bien.
Il fronça les sourcils. Il n’avait pas pensé à cet arbre, il le regarda mieux en s’approchant. Il n’avait jamais remarqué ses branches qui s’élançaient vers le ciel de cette façon.
— Tu vois, tu fais une échelle et hop !
Il grommela :
— Y a qu’à évidemment. Avec ton crayon, c’est toujours facile.
Mais, il arrêta son tracteur et descendit en sifflotant. Héloïse et Stefano sautèrent de l’engin très excités.
Heureusement que Charlie était avec eux, le travail avançait vite et la cabane prenait forme. Joe ne comprenait pas tout et surtout pas comment les enfants avaient de telles facilités pour emboiter les planches les unes aux autres. Charlie lui dit que le vendeur lui avait vanté ce matériau et qu’il était fait exprès pour le montage rapide de ce genre de construction.
Depuis que Charlie était entrée dans sa vie, Joe s’interrogeait tous les jours sur les dons qu’elle développait. Certes, elle était douée mais quand même ! Cartésien comme il l’était, des choses incompréhensibles pour lui le titillaient souvent, mais devant le sourire angélique de Charlie et son regard limpide, il baissait les armes et abandonnait la partie qu’il savait perdue d’avance.
La cabane était terminée… dans l’arbre. Joe n’en revenait pas. Charlie avait insisté pour la monter et la consolider au milieu du platane qui semblait s’écarter au fur et à mesure que l’habitation des enfants s’installait. Ne restait que l’échelle de corde à accrocher.
— Ah et il ne faudra pas oublier les poubelles pour le tri, dit Héloïse d’une voix ferme. Le Maître à l’école nous a bien expliqué.
— Ben voyons, et je vais les trouver où ? grogna Joe.
— Ne fais pas ton hérisson, répondit calmement Charlie. Regarde, j’avais prévu.
Elle montra les boites avec des couvercles de différentes couleurs. Elle désigna, la jaune pour le plastique, la verte pour les ordures, la bleue pour le carton, et le composteur pour les épluchures.
— Mais ?
Joe souleva son chapeau pour se gratter la tête et demanda :
— Parce que tu crois que les enfants vont manger ici et avoir besoin de toutes ces poubelles.
— C’est pour faire comme une vraie maison, lui répondit avec aplomb Héloïse.
— CQFD, ajouta Stefano.
— Merci Papa Joe.
Héloïse planta deux grosses bises sonores sur ses joues puis elle tapa des mains.
Elle regarda Joe accrocher l’échelle de corde, puis elle le vit retourner à son tracteur. Curieuse, elle le suivit.
— Oh, une balançoire !
Elle ne put réprimer sa joie et se mit à tourner comme une toupie, les bras écartés, pendant que Joe installait à une autre branche la balançoire. Il vérifia la solidité et invita les enfants à l’essayer. Stefano s’y assit le premier et s’élança. Héloïse en admiration le regardait, ébahie.
— Tu me pousseras au début, je ne sais pas trop faire encore.
Joe entoura les épaules de Charlie et tous deux contemplèrent les gamins dont les joues rouges et les yeux brillants exprimaient leur bonheur.
C’est alors qu’ils entendirent le camion poubelle s’arrêter devant la maison. Héloïse le regarda et dit :
— Bientôt, ils ne vont plus avoir de travail, on leur fait tout le boulot.
Et Joe ajouta in petto et en plus on paie plus cher ! Charlie lui fila un coup de coude pour le faire taire. Il sourit mais il n’en pensait pas moins.
© Isabelle-Marie d’Angèle (avril 2023).
