Agenda ironique Juin 2022

Bonjour toi 😉

L’agenda ironique de juin 2022 se déroule chez le retour du Flying Bum ici avec ces consignes : C’est à mon tour de vous accueillir ce mois-ci dans ce merveilleux rendez-vous littéraire et amical. Comme juin inaugure notre été, nous qui habitons l’hémisphère nord, quoi de mieux pour sujet qu’un des petits bonheurs par excellence de la belle saison et j’ai nommé le pique-nique. Ce sera le thème pour juin. Mais, pas de pique-nique sans les enquiquineuses comme les fourmis et autres insectes piqueurs ou suceurs, cette fois-ci ce seront des mots bien singuliers qui devront coûte que coûte s’inviter au pique-nique : flavescent, amphigourique, sycophante et nidoreux. Sans toutefois gâcher le pique-nique quand même. Et tant qu’aller pique-niquer en région, pourquoi ne pas y ajouter aussi un régionalisme ou deux ?

Voici donc ma participation 👇

Un pique-nique bruyant

C’était le pique-nique habituel organisé par le village. La bande de copains qui se connaissait depuis des années se retrouva une fois de plus à étaler la nappe rouge à petits carreaux.

Les jambons tournaient au barbecue et les femmes de l’association du Comité des Fêtes, préparaient les assiettes de hors-d’œuvre, la célèbre assiette gersoise.

Au fil du temps des trois garçons et des deux filles des années lycée, s’étaient ajoutés les compagnes et maris. Corentin était seul, il venait de se séparer de Sylvie. Elle n’avait jamais été tout à fait appréciée de l’équipe d’amis. Snob, une vraie pouf comme l’appelait Virginie, elle était loin d’avoir fait l’unanimité.

Alors que chacun s’activait à vider les paniers des couverts et des verres, Corinne s’approcha de Virginie pour lui glisser à l’oreille qu’elle était bien contente que la Pouf ne soit pas là.

— Avec ses cheveux flavescents, elle me faisait pitié.

— Je t’ai entendu, grogna Corentin. Avec tes mots à l’emporte-pièce auquel on comprend rien, tu ne vas pas recommencer. Étaler ton savoir, ça tu sais faire. On le sait que t’es prof !

— Et bé, ça commence bien, remarqua Philippe avec son accent du Midi bien prononcé. Qué passa ?

— Oh ça va, j’ai juste dit qu’avec ses cheveux blonds à la Maryline, elle faisait tache !

— Tu t’es tachée ? demanda l’amoureux de Corinne, Roméo, qui avait l’art de tout comprendre de travers. Il entendait une vache braire dans une étable, mais il ne savait pas laquelle, se moquaient ses copains.

Corinne haussa les épaules et continua d’installer les couverts sur la nappe.

Une musique d’ambiance offerte par un orchestre du coin jouait en sourdine. Le parfum des jambons qui braisaient attisaient l’appétit et les organisateurs commencèrent à rameuter la foule pour l’apéro.

Chacun retrouvait un ami, un voisin et le ton monta d’un cran. C’était bon enfant. Soudain, le bruit d’un tracteur résonna et effarés les gens aperçurent le Léonce qui faisait vrombir son engin.

— Il ne va pas faire ça ?

— Bien sûr que si, répondit Roméo. Il n’est pas content que le pique-nique se fasse à côté de de chez lui, le gonze n’a qu’à venir, mais il est bien trop près de ses sous.

— Tu parles, pour douze euros, il peut bien se fendre d’un billet, rétorqua Philippe le compagnon de Virginie.

— Boudu, s’écria Roméo, il va épandre son fumier.

Le président du comité des fêtes tenta une approche en faisant de grands signes à l’agriculteur. Celui-ci vint vers lui juché sur son tracteur qu’il n’arrêta pas. Il leur montra qu’il n’entendait rien.

— Quel Pègue (idiot) pesta Greg.

— Arrête ton moteur, cria le responsable de l’organisation, tu vois bien qu’on va déjeuner.

Léonce gesticulait et beuglait également. Personne ne comprenait son langage amphigourique d’où il ressortait qu’il devait absolument faire son travail avant la pluie.

— Quelle cagade !

Personne ne parvint à stopper ce mauvais coucheur et bientôt un parfum nidoreux envahit l’atmosphère, déclenchant le fou rire de Léonce qui s’évertuait à passer près de l’emplacement dédié au pique-nique.

— Tu l’avais pas prévenu ?

— Complètement barjo le mec !

— Il joue au sycophante, c’est sûr !

— C’est quoi ?

— On n’a plus qu’à remballer !

— Et les jambons ?

— Moi j’ai faim !

Chacun y allait de son petit mot alors que l’orchestre jouait l’Hymne de nos campagnes de Tryo.

Y a pas à dire, dans le Sud-ouest on sait s’amuser, pensait Corentin.

Il regardait avec ironie tout ce monde qui finalement trinquait en riant en levant bien haut le verre à chaque fois que le Léonce passait devant eux.

La bande de copains se regroupa autour de l’assiette gersoise composée de magret séché et de gésiers confits sur un lit de salade. Puis vint le tour de découper les jambons accompagnés de flageolets. Les verres se succédant au rythme du passage du tracteur, les voix s’envolaient, le ton montait, les rires fusaient. Suivant comment le couteau coupait, certain avait une tranche épaisse alors qu’autres voyaient le journal à travers. Les flageolets étaient servis à la louche et noyaient la viande.

— À nous !

L’orchestre entonna allez viens boire un p’tit coup à la maison et tout le monde se mit à danser au bruit de l’accordéon et du ronflons de Léonce.

Joli cru ce pique-nique ! Les habitants de la commune s’en souviendraient.

À très vite…

J’aime un voyou au grand cœur

Bonjour toi 😉

Voici le chapitre 4 😊

Chapitre 4

— Moi j’serais flic !

— Toi ? Flic ? Une fille ? Moi je serai Robin des Bois.

Je me réveillais en sursaut. Pistole, mon chat persan, feula. Je l’avais dérangé dans son sommeil. Il s’approcha de moi et se mit à ronronner contre mon oreille.

Je le caressai machinalement. Pourquoi ce rêve ? Ces souvenirs remontaient à plusieurs années.

Je repoussai la couette.

— Désolée Pistole.

Je le saisis et le posai au sol. Vexé, il dressa sa queue et sans un regard en arrière se dirigea vers la cuisine où il savait trouver ses croquettes préférées.

Je me postai devant la fenêtre et contemplai mon jardin. Lorsque je m’étais m’installée ici, j’avais immédiatement eu le coup de cœur pour cette maison. Les volets étaient bleus d’origine, je les avais repeints en rouge rapidement, ma couleur de prédilection.

Je vivais seule avec Pistole. Luc Grégoras, le médecin légiste qui travaillait avec moi, venait parfois me rejoindre. Il souhaitait que nous habitions ensemble, mais je suis pour le chacun chez soi. Je n’avais pas envie que mon équipe sache qu’il en pinçait pour moi. Il m’arrivait de l’accueillir alors que je ne connais pas sa maison. Il a l’art de me surprendre en débarquant à l’improviste. Un jour, je l’ai remis vertement en place lors d’une intervention, ses œillades et sa main posée subrepticement sur la mienne m’ont fait sortir de mes gonds. Il s’était platement excusé devant les collègues goguenards. Je n’ai pas besoin de commérages dans les couloirs de mon commissariat.

Je sortais de la douche quand mon portable m’avertit d’un message. Je le consultai rapidement, la serviette nouée autour de moi. Théo Kawas m’écrivait que le Maire avait récupéré l’argent volé. Le commissaire avait décidé de ne pas donner suite.

Quelle poisse ! pourquoi personne ne cherchait à mettre la main sur ce Robin des Bois de pacotille. Mon rêve me revint aussitôt en mémoire.

Je m’habillai en vitesse, pris le temps de caresser Pistole qui me tourna le dos et s’enfuit. J’éclatai de rire en lançant à ce soir Pistole. Je vérifiais qu’il avait de quoi se nourrir pour la journée, saisis mon arme cachée dans un tiroir de la bibliothèque et quittai la maison.

******

François Destrée accueillit Antoine Carlin avec le sourire.

— Je suis ravi, monsieur le maire, que vous ayez récupéré votre argent. Souhaitez-vous encore nous donner toute votre confiance en nous le laissant dans nos coffres ?

Le directeur souriait en tendant la main à son client.

— Avez-vous testé toutes vos alarmes, monsieur Destrée ? Je n’ai pas envie que ça recommence d’ici quelques jours.

— J’imagine que vous avez porté plainte. La police va faire son travail.

Le maire secoua la tête.

— Je préfère que cette affaire ne s’ébruite pas. Il n’y aura pas d’enquête, vous ne serez pas ennuyé.

Destrée haussa les sourcils, surpris.

— Pourquoi donc ?

Puis, il se tapa la main contre le front et ajouta :

— Je comprends, vous ne souhaitez pas faire de vagues avant les prochaines élections.

Antoine éluda la question.

— Je compte sur votre discrétion, monsieur Destrée.

— Je vous rappelle que le commandant de police est déjà venu ici.

— Ne vous inquiétez pas pour ça, Angèle Merlin ne vous ennuiera plus. Bonne journée.

Destrée le raccompagna jusqu’à la porte de son bureau et avant qu’il s’en aille, il lui demanda :

— Où en est votre projet de construction de supermarché ?

— Il va prendre quelques mois de retard.

Alors que j’entrais dans la banque et regardais à la dérobée le directeur, je notais en un clin d’œil son jeans foncé, sa chemise blanche, sa cravate et sa veste noires. Je saluais le maire qui me glissa en passant qu’il avait vu le commissaire et qu’il n’y avait plus d’enquête. Il pouvait toujours courir le chef, je voulais tirer cette affaire au clair.

Destrée m’aperçut et croisa les bras devant son bureau, un sourire goguenard sur les lèvres. Ce type m’agaçait. Quelque chose chez lui m’intriguait et je découvrirai ce que c’était. Je m’avançai vers lui.

— Que me vaut l’honneur de votre visite commandant ?

Il m’invita à entrer et s’effaça pour me laisser passer.

— Antoine Carlin a récupéré son argent, j’imagine qu’il est venu vous avertir.

— Il m’a dit aussi que je ne devrais plus avoir droit à votre visite, qu’il avait fait le nécessaire auprès de votre commissaire. Alors que faites-vous dans mon établissement ? Auriez-vous un problème avec votre compte en banque ?

— Figurez-vous que je suis intriguée. Comme vous le savez, je suis flic. J’aime bien fouiller. J’ai trouvé qu’il y a quelques semaines, la même aventure est arrivée dans une autre commune et contrairement à ici, l’argent avait été distribué aux habitants qui en avaient besoin.

Je regardais Destrée prendre le temps de faire le tour de son bureau, d’appeler son assistante pour qu’elle nous apporte un café. Rien que cette démarche me fit bondir.

— Je n’aime pas le café. Inutile de déranger quelqu’un pour venir me servir. Vous n’êtes pas capable de le faire vous-même ?

Cet homme avait le don de me faire sortir de mes gonds. J’étais pourtant bien entrainée à garder mon sang-froid dans toutes circonstances, je me surpris moi-même en entendant ma voix.

Il éclata de rire.

— Vous me rappelez quelqu’un.

Il se leva et m’incita à le suivre. Je lui emboitai le pas sans réfléchir. Il passa dans le bureau voisin et parla à la jeune femme qui sourit.

— La commande est annulée, me dit-il. Je vous invite devant le distributeur de boissons. Vous pourrez choisir ce qui vous fait plaisir. Pardonnez-moi, c’est vrai que je ne vous avais pas demandé ce que vous aimiez.

Il posa sa main dans mon dos pour me guider. Je frémis aussitôt à ce contact.

Il glissa une pièce et choisit un café long. Il me regarda et m’en tendit une autre.

Je la saisis machinalement et appuyais sur la touche chocolat. Une fois nos gobelets remplis, il reprit la conversation où je l’avais laissée.

— Vous disiez donc qu’une histoire identique était arrivée ?

— Figurez-vous que vous habitiez aussi dans cette commune.

Il haussa les sourcils.

— Je ne comprends pas. Vous m’accusez de quelque chose ?

Immédiatement, je sus que je faisais fausse route. Je n’avais que des suppositions, quelle conne ! je biaisais :

— Je pensais que vous aviez peut-être entendu ce qui était arrivé. La presse avait été assez discrète sur le sujet.

Il secoua tête.

— Je ne lis pas beaucoup les journaux. Je suis assez occupé. Mon temps libre, je le passe sur mon mur d’escalade ou à faire du sport. Je marche aussi beaucoup dans la nature.

— Je comprends, pour ma part, je fais de la moto. J’imagine que vous allez me critiquer.

— Chacun ses passions.

Il jeta son gobelet dans la poubelle.

— Si vous n’avez pas d’autres questions, je vais devoir vous laisser. J’ai des rendez-vous.

Avant que j’ajoute un mot, il me salua et m’abandonna. Cet homme m’intriguait beaucoup et je ne savais pas pourquoi. À mon tour, je me débarrassais de la tasse en plastique et prenais le chemin de la sortie.

À suivre…😀

N’hésite pas à me dire en commentaires ce que tu penses de mes héros. Je prendrai en compte tes remarques, nous pourrions même discuter 😉.

À très vite…