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Je n’en reviens pas qu’il y ait la fibre dans ce coin perdu. Il semble que ça ne l’est pas tant que ça.

Installée face à mon écran, je triture mon téléphone. Charles me manque. Si je reste ici plus longtemps, que va-t-il penser ? Il est seul, d’autant plus en ce moment avec ce confinement. Il ne va plus pouvoir rencontrer sa Célestine. Mais je me rappelle qu’il m’avait dit qu’il faisait Skype avec elle. Mes amis aussi me manquent. Je ne peux pas leur reprocher de m’avoir ennuyée. C’est le silence radio. Je connais leur numéro par cœur, qui vais-je avoir en premier ? Mélusine sera sans doute plus disponible.

C’est le cœur battant que j’appuie sur la touche où la photo de mon amie est affichée. Elle répond à la première sonnerie

— Ah quand même !

J’en étais sûre, elle va m’enguirlander.

— Comment vas-tu MarieSophe ?

C’est mal connaître Mélusine et je ne peux plus l’arrêter.

— Archibald et moi, nous t’avons fichu la paix. Il a bien vu qu’il avait dérapé la dernière fois. Tu as bien eu raison de t’enfuir. Moi, par contre tu aurais pu me prévenir, j’aurais compris. Ne t’inquiète pas pour Charles, nous l’avons mis au parfum. Il t’embrasse d’ailleurs et il dit que tu prennes ton temps pour réfléchir. Alors comment vas-tu ?

Je souris. Je sais tout en quelques secondes. C’est tout Mélusine.

— Bien.

— Tu vas rentrer ?

— Justement…

— C’est vrai qu’avec le confinement, tu vas devoir faire attention. Tu es bien installée ? Tu es toute seule ? Tu t’es fait des amis ? Ne m’oublie pas quand même, sinon je vais être jalouse.

— Mon chef m’a demandé si je pouvais faire du télétravail.

— Mais c’est super ! Tu as de la connexion là où tu es ?

— Oui j’ai tout ce qu’il faut. Mais…

— Je sais, nous allons te manquer et Charles aussi. Mais…

Je sens une hésitation dans la voix de mon amie.

— Quoi ? Un problème avec Archi ?

— Non, il va bien. C’est un peu compliqué dans sa boulangerie, mais il gère. Par contre moi, je ne fais que du click and collect.

Mélusine a toujours su s’adapter à toutes les situations, elle s’entendrait bien avec Morgan. Bien qu’il soit éloigné de tout, il a un site et ses commandes y affluent dessus. Depuis le confinement, il a de plus en plus de paniers à préparer. Il les emmène au marché. Ses clients les récupèrent.

Un silence s’installe. Mélusine éclate de rire.

— Allez demande-moi ! je sais que tu en meurs d’envie.

— Je ne vois pas ce que tu veux dire !

— Ah bon ! Alors pour les nouvelles, je vais t’en apprendre une belle. Tu étais au courant que Gabriel avait une sœur ? Elle est venue habiter chez lui. Mais à ce que raconte Charles, ça ne se passe pas très bien. Elle a toujours peur que son gamin soit malade. Gabriel est souvent sur le pied de guerre. Entre son boulot d’urgentiste et sa frangine qui lui en fait voir de toutes les couleurs, il préfère rester à l’hôpital. Charles pense même qu’il y dort.

— C’est grave ?

— Son neveu ? Je ne crois pas, mais sa sœur le couve comme le lait sur le feu. Au moindre rhume, elle s’imagine qu’il a le virus. C’est pour ça qu’elle a débarqué chez son frère.

Je réalise que je suis heureuse d’apprendre que la femme aperçue chez Gabriel fait partie de sa famille.

— Alors, si je ne rentre pas tout de suite, vous n’allez pas m’en vouloir ? Vous garderez un œil sur Charles ?

— Célestine le fait très bien.

— Elle vient chez lui ?

— Ils détournent le confinement à leur manière. Il va chercher son pain en même temps qu’elle. Elle fait un bout de chemin avec lui. Il a compté qu’il n’y avait pas plus d’un kilomètre entre eux deux. Donc, il en profite pour promener son chien de son côté.

Je souris « Sacré Charles ».

— Je préviens Archibald, il sera content d’avoir de tes nouvelles. Au fait, si tu as de la connexion, nous pourrions nous faire des vidéos.

— C’est une bonne idée.

— Alors on fait comme ça. Je t’embrasse MarieSophe.

Mélusine a raccroché. Je ne sais pas pourquoi je me sens bien seule. J’ai comme la bizarre impression qu’elle ne m’a pas tout dit.

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