J’aime un voyou au grand coeur

Bonjour toi 😉

Chapitre 15

L’adresse indiquée nous amena à une maison délabrée. Elle devait pourtant être habitée, il y avait des rideaux, certes un peu fanés, aux fenêtres.

Théo frappa et une femme vint rapidement nous ouvrir. Elle était jeune et jolie. Comment pouvait-elle loger dans un endroit aussi triste ?

— Commandante Angèle Merlin et voici le capitaine Théo Kawas. Pouvons-nous entrer ?

À ce moment précis, une cavalcade retentit et un homme s’enfuit en courant par la porte de derrière. Aussitôt Kawas le poursuivit. J’entendis un bruit de moto pétarader et je vis mon collègue revenir vers nous.

La jeune femme nous invita à entrer.

— Il ne faut pas lui en vouloir, depuis qu’il a été pris en flagrant délit de vol à l’étalage, Timothée a peur des Fl… de vous, se reprit-elle en rougissant. C’est mon copain. Nous vivons ensemble depuis quelque temps. Je sais qu’il n’a pas eu beaucoup de chance dans sa vie, mais je vous assure qu’il a changé.

Je me rendis compte qu’elle était enceinte. Elle avait suivi mon regard.

— Ça fait 4 mois. C’est un petit garçon.

Théo et moi nous nous regardâmes. Je posai quand même la question qui me taraudait.

— Votre compagnon fait-il de l’escalade ?

— Oui, il en est fou. Il s’entraine avec François Destrée.

— Il n’a pas eu d’accident récemment ?

— Non pourquoi ? Je vous offre quelque chose à boire ? J’ai du café tout chaud.

Elle était adorable et un coup d’œil dans la pièce me rassura. C’était impeccable. L’extérieur ne payait pas de mine, mais l’intérieur semblait confortable. Elle dut lire dans mes pensées parce qu’elle me dit :

— Nous versons un tout petit loyer. Quand nous aurons plus d’argent, nous essayerons de la retaper. Je travaille, vous savez. Timothée, pas encore, parce qu’on ne lui fait pas confiance, mais ça va venir, j’en suis certaine.

Un nouveau bruit de moto se fit entendre. Timothée revenait. Il descendit de son engin et nous rejoignit tout penaud.

— Désolé ! Je ne sais pas pourquoi vous êtes là, mais j’ai eu la frousse et j’ai décampé. Je me suis arrêté un peu plus loin et je me suis dit que j’étais un taré de faire ça, je n’ai rien à me reprocher. Alors, j’ai fait demi-tour. Vous vouliez me parler ?

Il n’était pas celui qui m’avait apostrophée au commissariat près de ma moto.

— Connaissiez-vous Philippe Peton ?

— Bien sûr ! Nous étions en foyer ensemble avec Joseph Gardon. Les trois mousquetaires qu’on nous appelait.

Il ne semblait pas être au courant de la mort de son ami. Quand il l’apprit, il pâlit, mais ne dit rien.

— Où étiez-vous ce matin vers 6 heures. 

— Ici, je dormais avec Lisa. Je me suis levé vers 7 heures et demie, je suis allé acheter des croissants et nous avons pris le petit déjeuner. La boulangère pourra vous le confirmer.

— Je vous donne le ticket de caisse si vous voulez, dit Lisa.

Ce qu’elle fit rapidement et expliqua :

— Je tiens les comptes vous savez, mais le week-end, nous nous faisons ce petit plaisir.

— Auriez-vous une idée de qui aurait pu faire ça ?

— Je sais qu’il avait cambriolé le directeur de banque et que celui-ci l’avait reconnu. Mais, je ne le vois pas le tuer. Il est gentil François. Il m’a promis de me trouver du boulot.

— Comment le savez-vous ?

— C’est Joseph qui me l’a appris. Ils étaient ensemble.

Lisa s’en mêla :

— Je t’ai déjà dit de ne plus le fréquenter, il n’est pas sympa, et surtout quand il est avec l’autre là… Moïse, je ne connais pas son nom. Heureusement qu’il ne sait pas que nous habitons ici, il me fait peur.

— Avez-vous une photo de cet individu ?

Ils firent non de la tête ensemble. Pourtant Lisa, donna un coup de coude à son compagnon et remarqua :

— Mais tu as son numéro, il t’a appelé l’autre jour.

Timothée chercha sur son portable.

— Je pense que c’est celui-ci. Vous avez de la chance, je n’ai pas beaucoup d’amis.

— Pour quelle raison vous avait-il contacté ?

— C’était pour Joseph, il est dingue de moto. Il me demandait où j’avais acheté la mienne. Je lui ai dit que je l’avais eue chez le mécanicien où Joseph va trainer tout le temps et ça l’a rendu fou.

Théo et moi nous regardâmes. À nouveau Lisa donna un coup de coude à son compagnon, Thimothée ajouta :

— J’ai cru comprendre qu’ils avaient besoin de ça pour…

Il hésita.

— En fait, je n’en suis pas certain et je ne voudrais pas qu’il nous arrive des histoires. Moïse, c’est un fou. Il ne recule devant rien. Lisa peur de lui et elle a raison. Il ne doit pas savoir que nous habitons ici. Je devais lui prêter ma moto et…

Lisa sursauta et l’apostropha :

— Tu ne m’en avais pas parlé, tu l’as revu ?

Penaud, Timothée expliqua qu’il s’était croisé en ville.

— Si ça se trouve, il te surveille. Je ne veux plus rester ici.

Lisa paniquait et Timothée ne savait plus quoi faire. J’entendis alors une voiture. Je leur intimais de se taire et d’aller se cacher. Je saisis mon arme et mon collègue fit de même.

Un homme arrivait et je reconnus celui qui m’avait apostrophée devant le commissariat. Il était aussi celui que j’avais croisé dans les bois. Il s’approchait de la porte. Je fis signe à Théo de sortir, il n’était pas connu de lui. Il rangea son pistolet et lui fit face. Surpris parce qu’il s’attendait sans doute à voir Timothée, il recula.

— Je peux vous aider ? demanda Kawas.

Ces mots avaient à peine franchi ses lèvres que le garçon prenait ses jambes à son cou. C’était sans compter sur la réaction du capitaine qui le rattrapa en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. L’homme se trouva ceinturé en quelques secondes.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle.

À très vite…

J’aime un voyou au grand coeur

Bonjour toi 😉

Je n’oublie les fans de mon policier et je partage aujourd’hui le chapitre 14.

Chapitre 14

Je prévenais aussitôt mon équipe pour qu’elle lance un avis de recherche. Une patrouille tournant dans le secteur ne fut pas longue à l’appréhender.

J’attendais donc qu’il arrive au commissariat, j’étais prête pour l’interroger. Seulement, il n’arriva jamais.

— Que s’est-il passé ?

Je n’étais pas à prendre avec des pincettes, je ne comprenais pas comment une telle chose avait pu se produire. Le trajet n’était pas long.

Le discours que me fit le gendarme, je n’en fus même pas surprise. Un camion en panne en travers de la route, un homme qui descend pour s’excuser, un autre qui arrive par derrière qui ouvre la portière, arme à la main, les oblige à ne pas bouger. Le suspect part avec eux. Fin de l’histoire.

— Et vous ne les avez pas reconnus ?

— Ils étaient cagoulés.

— Évidemment.

— Une plaque d’immatriculation ? Quelque chose ?

J’étais furieuse. Encore un coup de Destrio ? Mais pourquoi ?

L’un des gendarmes avait relevé le numéro du camion. Après enquête, je compris que le chauffeur n’y était pour rien. Il était véritablement tombé en panne. Par contre, remonté à l’intérieur, il avait eu le temps de voir par le rétroviseur la voiture qui repartait avec notre suspect. Malheureusement, c’était un véhicule banal comme on en trouve partout, de couleur blanche.

Joseph Gardon avait disparu. Très en colère, j’appelais la banque de Paco et demandais à lui parler. Il n’était plus dans l’établissement.

Je tapais son numéro de portable et tombai directement sur sa messagerie. C’est mon capitaine qui fit les frais de ma rage quand il entra dans mon bureau.

— Désolée Théo !

Je lui racontai en quelques mots. J’avais surréagi et ça ne me ressemblait pas. Il y avait certainement une explication à l’absence de Paco. Il n’était pas sur écoute, il n’était pas surveillé, il pouvait aller où bon lui semblait, c’était samedi, il était libre.

Il me restait la piste de l’autre copain de Philippe Peton. Grâce aux coordonnées données par Simone, je pus avoir rapidement le directeur de l’établissement où les garçons avaient été placés. Par téléphone, il ne voulut pas me renseigner. Il pouvait me recevoir si je le désirais.

Théo était en interrogatoire, je laissai un message à l’accueil et enfourchai ma moto.

Claude Dubois, une cinquantaine d’années me serra la main chaleureusement.

— J’ai appris par la presse le décès de Philippe Peton. Quelle sale histoire ! J’ai cru comprendre que vous vouliez connaitre les noms des hommes qui l’accompagnaient souvent.

Il montra une photo où ils posaient ensemble dans un groupe.

— Voici Philippe, Joseph Gardon et Timothée Dario. Philippe était le seul à avoir été placé. Les deux autres, c’était très compliqué.

— Vous les voyez toujours ? demandais-je.

— Non. Vous savez, ils sont adultes depuis longtemps, répondit-il en souriant. D’ailleurs, ces photos datent un peu, mais Joseph n’a pas beaucoup changé. Il est fou de motos, vous pourrez sans doute le rencontrer à l’atelier du mécanicien. Quant à Timothée…

Le directeur se tut. Il parut ému. Je l’invitai à continuer.

— Tim s’était pris de passion pour l’escalade.

— Était ?

— Une mauvaise chute. Il est en fauteuil roulant.

Stupéfaite, je regardai mieux la photo. Timothée semblait être l’un des deux hommes croisés dans les bois.

— Il y a longtemps ?

— Je ne sais plus trop, quelques mois certainement. Il voulait ressembler… je ne sais pas si vous le connaissez, le directeur de la banque, François Destrée. Ils avaient sympathisé, ils faisaient partie du même club. J’avais pensé que cet homme pourrait peut-être l’aider et je lui avais demandé s’il pouvait lui trouver un boulot. Timothée n’était pas un mauvais bougre, il aimait les chiffres, j’avais rencontré monsieur Destrée dans ce but. Je sais qu’ils s’étaient parlé, je n’ai plus eu de nouvelles. Timothée n’est plus revenu ici et monsieur Destrée n’a sans doute pas donné suite. J’ai beaucoup de travail, j’essaie de faire au mieux, mais Timothée étant majeur, il ne voulait plus avoir affaire au centre.

— Avez-vous une adresse où je peux le joindre ?

— Pas une fixe non, il allait parfois chez Simon et Henri l’ancienne famille de Philippe.

— Il avait d’autres amis ?

— Tentez de parler avec Joseph, lui, il n’était jamais seul, un homme était souvent avec lui, mais je ne le connais pas.

— Puis-je prendre la photo ?

— Bien sûr !

Je le remerciai et retournai au commissariat. Je demandai à mes gars de vérifier si ce Timothée était dans nos fichiers. Il l’était pour des vols à l’arraché, rien de bien grave et il y avait même une adresse.

Théo qui avait terminé son interrogatoire vint avec moi, c’est lui qui conduisait.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

J’aime un voyou au grand cœur

Bonjour toi 😉

Prête pour le chapitre 13 ?

Chapitre 13

— Monsieur Destrée est en réunion. Je peux prendre un message ?

— Dites-lui que c’est la police !

Mon capitaine n’était pas de bon poil et je dus le retenir par le bras alors qu’il allait entrer de force dans le bureau de François.

La jeune femme à l’accueil n’en menait pas large, mais elle n’y était pour rien. Je la rassurai d’un sourire et lui demandai de prévenir son directeur que nous devions l’interroger rapidement.

Elle n’eut pas à le faire, la porte s’ouvrit face à deux hommes, l’un d’eux était Diego Destrio. Il me fit un signe de tête et passa devant nous sans rien dire, suivi de son acolyte.

Nous entrâmes dans le bureau. Paco ne nous laissa pas parler.

— Bonjour Commandant, Capitaine, si vous venez pour la mort de Philippe Peton, comme vous avez pu le constater, mon père sort d’ici. Nous n’y sommes pour rien ni l’un ni l’autre.

Il se planta devant sa fenêtre et se tut. Il nous tournait le dos, je ne pouvais donc pas voir son visage. Mon collègue qui n’était pas d’une nature patiente lui demanda de nous regarder, il voulait lui poser quelques questions. François s’assit et nous invita à prendre place face à lui.

Théo l’interrogea :

— Les nouvelles se propagent à vitesse grand V ici ! Connaissiez-vous cet homme ?

Paco soupira et plantant ses yeux dans les miens, répondit :

— Je vais nous faire gagner du temps. Oui, c’est même lui qui m’avait cambriolé et tabassé, je l’avais reconnu à son tatouage. J’avais promis à ses parents d’accueil de ne rien dire. Laissez tranquilles ces braves gens, ils n’ont rien à voir dans toute cette histoire. Je vous le répète, je n’y suis pour rien.

— Pouvez-vous me donner votre emploi du temps depuis hier soir, monsieur Destrée ?

— Seul, mon chien pourra vous confirmer que j’étais chez moi jusqu’à 20 heures. Ensuite, mon collaborateur Jordan Calamine m’a téléphoné, mais j’imagine que vous allez dire qu’avec mon portable, je peux répondre de n’importe où, n’est-ce pas ? Vous n’aurez pas cette joie, parce que Jordan préfère toujours m’appeler sur mon fixe. Je suis allé le rejoindre à la salle de sports. Je suis allé m’entrainer jusqu’à 23 heures, Jordan était avec moi. Nous sommes repartis ensemble, mais il est rentré chez lui et moi chez moi. Si vous voulez vérifier mon alarme, elle pourra vous indiquer l’heure exacte à laquelle je l’ai désactivée. J’ai pris une douche et me suis couché. Je suis arrivé ici vers 8 heures 30, ma secrétaire pourra vous le confirmer, elle était déjà là. Je vous signale aussi que la banque est ouverte le samedi matin, une fois tous les quinze jours, vous avez eu de la chance de me trouver.

— Vous récitez votre emploi du temps comme si vous saviez que vous alliez être interrogé, nota mon capitaine.

Je souris intérieurement et les souvenirs affluèrent :

— Tu m’étonneras toujours toi avec ta mémoire, comment tu peux te rappeler les voitures qui sont passées devant chez toi ?

 — Pas difficile, il n’en passe pas non plus des masses, mais depuis tout petit, j’aime bien me répéter comme dans un film, tout ce que j’ai fait ou vu dans la journée.

— Tu te souviens de ce que tu as fait, il y a une semaine ? J’y crois pas.

Paco m’avait tout raconté comme aujourd’hui, avec une voix de robot, sans bafouiller et sans se tromper. Je me souviens pourtant lui avait fait remarquer qu’il pouvait me dire n’importe quoi, je ne pourrai pas vérifier. Alors, pour me prouver qu’il n’avait pas menti, il sortit un cahier, je vois encore sa couverture, c’était un paysage africain avec un éléphant qui levait sa trompe. Une bulle au-dessus de lui disait : je te mets au défi d’avoir une meilleure mémoire que moi. Tout y était noté. Je serais curieuse aujourd’hui de savoir si François avait toujours cette manie.

Je rencontrai son regard. Il ouvrit un tiroir et prit un ordinateur portable. 

— Vous aurez mon emploi du temps depuis des mois là-dessus.

Le cahier avec le pachyderme avec disparu pour faire place à la nouvelle technologie. François n’avait donc pas changé. Il avait gardé cette manie de tout noter.

Sans mot dire, Théo le saisit.

— Vous le récupérez rapidement, monsieur Destrée. Merci pour votre collaboration.

Nous nous levâmes de concert et François reprit sa place devant sa fenêtre. Au moment où j’enfourchai ma moto, je remarquai que Diego Destrio était garé non loin de là et qu’il me regardait. Il me fit un signe et son chauffeur démarra, il passa près de moi au ralenti puis accéléra.

Arrivée au commissariat, j’avais déjà le premier rapport de Luc Grégoras. Je reconnaissais que c’était un bon légiste, rapide et efficace. Il confirmait l’heure de la mort de Philippe Peton, tôt dans la matinée, ainsi qu’une bagarre. L’homme s’était défendu, à en croire les coups sur les mains. Il était possible qu’il ait trébuché et qu’il soit mal tombé.

Théo avait cherché dans les comptes-rendus du cambriolage de François s’il y avait d’autres empreintes connues et moi, je me plongeai dans les photos. Je me souvenais parfaitement du visage du copain de Peton. Il n’était malheureusement dans nos fichiers, je décidai de repartir chez la famille qui accueillait la victime. Simone avait peut-être son nom.

Cette fois-ci, je n’y allais pas en moto. Je ne voulais pas que les voisins soient au courant de ma visite. J’empruntai donc une voiture banalisée.

Simone m’ouvrit la porte et j’entrai. Elle avait les yeux rouges, signe qu’elle avait dû pleurer.

Elle m’invita à m’asseoir autour de la table du salon et prit place en face de moi. Son compagnon nous rejoignit aussitôt. Je ne tergiversai pas longtemps pour poser la question qui me brulait les lèvres et je ne souhaitais pas qu’il se tracassent inutilement.

— Vous m’avez parlé ce matin d’un copain qui accompagnait Philippe, connaissez-vous son nom ?

— Il l’appelait Joseph, répondit son mari.

— T’es sûr Henri ? C’était peut-être l’autre et pas celui qui était venu ici.

Elle ajouta en se tournant vers moi.

— Philippe avait deux amis avec qui il avait sympathisé en foyer. Philippe était le seul à avoir été placé en famille d’accueil, pas eux, ça se passait toujours mal. Vous pourriez peut-être connaitre leur nom avec le directeur qui s’occupait d’eux. Je vous donne l’adresse.

Je comprenais bien que le couple voulait vraiment m’aider et ne pas avoir maille avec la police. Je pris donc le papier où elle avait noté les coordonnées.

Son mari, Henri, n’en démordait pas, c’était Joseph qui était venu chez eux.

— Vous connaissez son nom de famille ?

— Non, mais le réparateur de motos oui. C’était un fou de ces engins, mais il n’avait pas les moyens de s’en offrir, s’il avait pu en voler une, il ne se serait pas gêné. Il était tout le temps fourré chez le mécanicien, dans l’espoir qu’il lui trouve une bécane pour presque rien.

C’était certainement lui que j’avais vu tourner auprès de la mienne au commissariat. Je les remerciai pour leur aide et quittai leur maison.

Je me garai devant le hangar où différentes motos s’alignaient. Au moment, où j’ouvrai la portière, un homme sortait en courant et le patron de l’entreprise l’invectivait furieusement :

— Ne remets plus jamais les pieds ici Gardon, sinon je te signale à la police.

Il m’aperçut et me prit à partie.

— Désolé, mais il ne cesse de tourner autour de mon matériel. Vous désiriez quelque chose ?

— Vous avez de la chance, je suis Angèle Merlin, commandante de police. Un problème ?

— Je ne veux pas lui faire de tort, mais ce Joseph Gardon vient tous les jours me demander si je n’ai pas une moto à lui donner, comme si je pouvais me permettre de donner ! Et puis, j’ai entendu ce matin que Philippe Peton était mort. Ils étaient tout le temps ensemble. Je ne veux pas être mêlé à leurs histoires. Imaginez qu’il prenne une bécane pour s’échapper d’ici ?

À suivre …

© Isabelle -Marie d’Angèle

À très vite…

J’aime un voyou au grand coeur

Bonjour toi 😉

Que dirais-tu si je te partageai le chapitre 12 ?

Chapitre 12

Deux semaines s’étaient passées. Je continuais à courir avec Tuck, c’était un vrai plaisir. J’en profitais pour discuter avec Paco autour d’un verre quand je ramenais son chien. Un jour, j’eus la surprise qu’il m’accompagne. Il avait récupéré toute son agilité et je réussis à caler mes foulées sur les siennes. Le chien nous suivait et respectait alors les consignes de son maître à la lettre. En riant, j’avais bien essayé de lui parler, mais l’animal me snoba complètement.

Luc Grégoras, notre médecin légiste, avait compris qu’il devait faire profil bas et me laisser tranquille. Lors d’une intervention, il avait bien tenté une discussion, mais je l’avais arrêté d’un geste. Je n’étais pas fière d’être devenue la commandante qui lui donnait l’ordre de me foutre la paix.

Je me rendais compte au fil des jours que la solitude me convenait tout à fait. Je n’étais pas faite pour la vie de couple. Pistole était le seul qui trouvait grâce à mes yeux. Enfin, presque… J’avouais que j’appréciais de plus en plus la compagnie de mon ami d’enfance, mais il ne tentait plus rien. J’étais bien un peu frustrée, mais finalement c’était mieux ainsi. Nos relations restaient celles de l’amitié.

J’étais d’astreinte ce samedi-là, je n’étais pas allée courir avec Paco et j’enfourchai ma moto quand mon portable bipa. C’était Théo, mon capitaine, qui me prévenait qu’un corps venait d’être découvert dans un champ. C’était un chasseur qui avait donné l’alerte.

Je notai l’adresse et je filai le retrouver.

Le médecin légiste était arrivé et il auscultait la victime. Je saluai mes deux collègues et me penchai sur le corps. Je reculai aussitôt d’un pas. Je reconnus l’un des hommes qui m’avait accosté devant le commissariat, celui-là même que j’avais croisé lors de la première promenade avec Paco dans les bois.

— Tu le connais ? demanda le capitaine qui avait noté mon mouvement.

— Oui, je n’ai pas son nom, mais c’est celui qui en voulait à ma moto. Tu te souviens ?

Je ne souhaitais pas lui cacher quoi que ce soit aussi j’ajoutai que je l’avais déjà vu dans la forêt en compagnie de Paco.

Le légiste me fit un rapide rapport sans me regarder. La mort remontait à quelques heures. La victime était tombée sur une pierre et le coup avait été fatal. Restait à prouver si l’homme était tombé seul ou s’il y avait eu bagarre. Des examens plus approfondis m’en apprendraient davantage rapidement.

Je me baissai sur le corps et palpai ses poches à la recherche de papiers qui révéleraient son identité. Je ne trouvai rien.

— Tu as interrogé le chasseur ?

— Oui, rien de spécial. Si tu veux lui parler, il est là-bas, avec son chien.

L’homme me fit signe. Nous nous connaissions bien, il n’habitait pas loin de chez moi et c’est dans sa poubelle que j’avais ramassé Pistole.

— Comment allez-vous Joseph ?

Il me sourit. Il était gentil avec sa barbe blanche et ses cheveux en bataille. Il avait ôté sa casquette pour me saluer.

— Bah, pas terrible. C’est jamais arrivé par chez nous un truc pareil. Pauvre homme ! qui c’est qui pouvait bien lui en vouloir. Je l’avais déjà vu trainer dans le coin avec un autre bonhomme, mais il n’avait pas l’air méchant. Il est mort comment ?

— Joseph, je ne peux rien vous dire, vous le savez bien. Vous apprendrez tout ça dans les journaux comme d’habitude.

— C’est mon chien qui l’a reniflé. Il s’est assis à côté et m’a attendu. Brave bête va ! 

— Je vous recontacterais si nous avions d’autres questions, ne vous inquiétez pas, vous pouvez continuer votre promenade.

— Bah, j’ai plus envie maintenant, ça m’a retourné cette découverte. Quand ma femme va savoir ça !

Il me salua et s’en alla accompagné de son chien gambadant autour de lui. Je ne me faisais aucune illusion, dans peu de temps, tout le village serait au courant.

— J’ai l’identité de notre victime, Angèle. Il s’agit de Philippe Peton. Il est connu dans nos services pour ses vols à l’arraché. J’ai également son adresse.

— Il est marié ? Des enfants ?

— Apparemment, il vit encore chez ses parents.

— On y va.

Je donnai mes ordres pour qu’on rapatrie le corps à l’institut médico-légal dès que toutes les recherches d’empreintes auraient été faites.

Je partis en moto alors que Théo me suivait en voiture.

La maison où habitait la victime était dans un cul-de-sac. Un véhicule était garé devant le portail. J’attendis mon collègue pour sonner. Aussitôt une femme d’un certain âge nous ouvrit, le sourire aux lèvres, mais dès qu’elle aperçut nos insignes, elle se signa.

— C’est Philippe, il a encore fait des siennes. Mon mari va être en colère. Nous sommes famille d’accueil et ce gamin, enfin même si ça en est plus un, ne nous apporte que des ennuis.

C’est le capitaine qui lui annonça la nouvelle. Elle se signa à nouveau.

— Pauvre gosse ! il fallait bien que ça arrive, avec toutes les mauvaises fréquentations qu’il avait. Vous savez, dans le quartier, à cause de lui, nous étions mal vus. D’ailleurs, regardez en face le rideau qui bouge. La voisine a bien repéré que vous étiez de la police. Entrez donc ! je vous offre un café ?

La brave femme me faisait de la peine. Pourtant, je déclinai.

— Peut-on visiter sa chambre ? demandais-je en souriant.

— Bien sûr, même s’il ne dormait plus ici depuis quelque temps.

— Quand l’avez vu pour la dernière fois ? l’interrogea le capitaine Kawas.

Elle réfléchit puis elle nous répondit que ça devait bien faire une bonne quinzaine de jours. Il avait débarqué chez eux avec un copain, très énervé, il avait pris quelques affaires, depuis elle n’avait plus de nouvelles.

— Vous a-t-il dit quelque chose ? Pourquoi était-il de mauvaise humeur ? demanda encore Théo.

Je voyais bien qu’elle hésitait à parler, elle ne voulait pas accabler son protégé. Je la rassurai.

— Racontez-nous la vérité madame, tous les détails comptent pour…

Un homme, son mari sans doute, déboula devant nous, affolé.

— C’est le Philippe, il a été assassiné. Je parie que c’est à cause de la baston de la dernière fois.

C’est alors qu’il nous identifia.

— Ah ben, vous n’avez pas trainé pour débarquer chez nous. On n’y est pour rien nous ! Je t’avais prévenu Simone, cet homme il fallait qu’il déguerpisse de la maison depuis longtemps. Il avait passé l’âge d’être en famille d’accueil.

Théo et moi, nous nous présentâmes. Il nous serra la main et nous affirma que lui et son épouse feraient tout pour nous aider. Ils ne voulaient pas d’ennuis.

— Vous parliez d’une baston tout à l’heure, vous pourriez nous en dire plus ?

— C’était, il y a quinze jours, je m’en souviens, il y avait un article dans le journal. J’espère que ce n’était pas lui qui avait tabassé le pauvre directeur de banque. En tous les cas, les dates correspondent, hein, Simone ?

Elle hocha la tête, complètement perdue, puis elle avoua.

— Je l’aime bien François Destrée, il nous a toujours bien conseillé pour notre argent. Alors quand j’ai su qu’il avait été cambriolé et hospitalisé, je suis allée prendre de ses nouvelles et je lui ai demandé s’il avait reconnu ses agresseurs.

Son mari l’apostropha :

— Je n’étais pas au courant. Tu m’en fais des cachotteries, dis-donc ! C’est vrai que lorsqu’il s’agit de Philippe, tu perds la tête. Alors, il t’a répondu quoi le directeur ?

— Ils étaient masqués, murmura-t-elle, mais…

Le cœur en déroute, j’attendais la suite. Je ne voulais pas croire que c’était François l’auteur de ce crime, mais son père si, il était tout à fait capable d’avoir commandité la sale besogne.

Elle reprit en se tordant les mains :

— Il a promis qu’il ne le dénoncerait pas. Il avait reconnu Philippe à son tatouage sur son bras.

Kawas me fixa du regard alors que je lui affirmai que j’allai rencontrer monsieur Destrée afin d’avoir plus d’explications.

— Vous ne pensez quand même pas que c’est lui qui l’a tué ? demanda la brave femme. Il est gentil cet homme.

— Ouais, bougonna son mari, c’est vrai qu’il nous a bien aidés, mais on ne connait jamais les gens, Simone. C’est malin, maintenant, on pourrait croire qu’on est complices.

Elle ouvrit de grands yeux et se mit à pleurer. Je les rassurai, nous reviendrons vers eux au fur et à mesure de l’enquête.

Alors que je mettais mon casque, Théo s’approcha de moi et dit :

— Si ce n’est pas ton pote, c’est son père, ça ne fait aucun doute, mais il va falloir le prouver et ça, ce n’est pas gagné.

— Allons interroger François Destrée et tu m’accompagnes, ainsi tu verras que je ne lui passe aucune faveur. Il va devoir s’expliquer. J’espère que la Banque n’est pas fermée le samedi.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

J’aime un voyou au grand cœur

Bonjour toi 😉

On reprend les bonnes habitudes et je retrouve mes personnages et le chapitre 11.

Tu te rappelles quand même que mes personnages étaient partis se promener dans d’autres cahiers… voir ici.

J’ai réintégré mon cahier et je reprends le fil de mon enquête, un peu nostalgique de ma rencontre avec Marie-Sophie. Peut-être qu’un jour, elle viendra me rendre visite…

Je retrouvai mon portable et compris que mon capitaine était en panique à en croire les messages de plus en plus affolés laissés sur ma messagerie. Je l’appelai et le rassurai immédiatement. Une urgence familiale lui assenais-je, sans lui laisser le temps de me poser de questions. Je suis son supérieur, il ne me demandera rien, même si nous sommes quand même assez proches. Quand j’aurai le temps, je lui raconterai ce qui m’était arrivé, mais je doutai qu’il me comprenne et je pensai même qu’il doutera de ma santé mentale.

Je me souvenais de mon rendez-vous avec Destrio et la fuite du capitaine…

Chapitre 11

Je refis le chemin en sens inverse. Je saluai au passage les collègues à l’accueil et m’enfermai dans mon bureau. Il en avait de bonnes Diego Destrio. Les conneries de son fils quand il était gamin ce n’était rien à côté de ce qu’il allait manigancer aujourd’hui. Je ne pouvais pas rester cloitrée ici, je consultai rapidement mes mails, rien d’urgent, mes hommes savaient gérer de toute façon. Je devais rencontrer Paco.

Je fus interceptée par le procureur qui me cueillit devant ma moto. Les nouvelles allaient très vite dans cette petite ville.

— Alors comme ça on déjeune avec Diego Destrio ? Vous partiez en mission pour lui ?

— Bonjour monsieur.

Je tentai de gagner du temps, mais c’était mal le connaitre.

— Qu’est-ce qu’il voulait ?

— Que je coffre le plus rapidement possible les personnes qui ont attaqué son fils.

Dire la vérité allait le calmer.

— Le banquier est son fils ? Si je m’attendais à ça.

Le procureur n’en revenait pas.

— Je parie qu’il vous a menacée. Si c’est le cas, n’hésitez pas à le mettre en garde à vue.

— Et pour quelles raisons ? Et puis non, il ne m’a pas menacée. Il a réagi simplement comme un père qui a eu peur pour son fils unique.

— J’imagine qu’il vous a donné un délai. Je connais l’énergumène.

— On peut dire ça comme ça. Justement, je partais à l’hôpital retrouver monsieur Destrée pour prendre sa déposition.

— Faites donc commandant. J’ai confiance en vous, depuis le temps que vous et vos collègues souhaitez mettre la main sur ce bandit, si vous trouvez n’importe quoi qui peut le faire tomber, vous avez carte blanche !

Il me salua d’un signe de tête et s’engouffra dans le commissariat. Le mot confiance résonnait bizarrement dans mon esprit.

François alias Paco était furieux. Il venait d’avoir son père au téléphone. Comment avait-il pu rencontrer Angèle ? De quoi se mêlait-il ? Il ne pouvait pas lui en vouloir. De loin, il l’avait toujours protégé même s’il menait ses affaires en solitaire. Paco était certain qu’il gardait un œil sur lui et qu’au moindre problème, il interviendrait et c’était ce qu’il avait fait avec le commandant Merlin.

Il devait sortir de cet hôpital et reprendre le cours normal de sa vie. Ce n’est pas un groupe de petits malfrats qui allait lui faire peur. Ils ne le connaissaient pas et surtout, il ne savait pas qui était son père. Dans le cas contraire, ils abandonneraient l’affaire.

Il repoussa ses draps et se leva. Certes, ses blessures le faisaient un peu souffrir et ses côtes cassées n’arrangeaient rien, mais il tenait debout.

L’infirmière entra alors qu’il terminait de s’habiller.

— Vous nous quittez ? J’apportais justement vos papiers. Vous êtes bien pressé. Quelqu’un vient vous chercher ?

— Je vais me débrouiller, ne vous inquiétez pas.

— Passez à l’accueil pour signer votre sortie.

Elle se heurta au commandant Merlin. Elle dit alors :

— Si vous repartez en moto, faites attention ! Bonne journée.

Angèle contempla son ami d’enfance qui était prêt à s’en aller.

— Tu me ramènes chez moi, je prendrai la voiture pour aller récupérer mon chien.

Ce n’était pas une demande, mais un ordre.

— Bonjour François.

Il grommela et l’entraina vers l’accueil. Angèle qui n’avait pas l’habitude qu’on lui parle ainsi se dégagea de son étreinte et l’apostropha :

— Je ne savais pas que tu sortais aujourd’hui. Au fait, j’ai eu la visite de ton père.

— Il m’a averti et je n’y suis pour rien. Angèle, si tu veux bien, tu me ramènes.

— Je suis à moto.

— Alors ? Tu ne me crois pas capable de grimper derrière toi ?

Elle haussa les épaules. Il remplit les papiers et la suivit. Elle tendit un casque. Il monta derrière elle, s’agrippa à sa taille non sans ébaucher un sourire qu’elle ne vit pas.

À peine arrivé devant chez lui, il l’enleva et la remercia.

— Je vais chercher Tuck.

Sans un regard, il prit son véhicule et disparut. Il était en colère. Il ne voulait pas mettre en danger Angèle. Son père l’avait prévenu, il ne tolérerait pas qu’elle lui fasse faux bond. Elle devait le protéger. Il tapa sur son volant, il n’était plus un gamin, il savait ce qu’il avait à faire. D’abord récupérer son chien, ensuite il aviserait.

Tuck allait bien et dès qu’il vit son maître, il se dressa dans sa cage. Le vétérinaire le délivra rapidement et il se jeta sur Paco qui faillit tomber et porta une main à ses côtes. Il rit.

— Doucement, mon beau.

L’animal le lécha avec bonheur puis il se coucha à ses pieds. Après avoir écouté les conseils préconisés, il sortit. Le berger australien grimpa dans la voiture dès qu’il put. Une fois arrivé chez lui, François fit entrer Tuck puis il appela son collaborateur Jordan.

Qu’est-ce qu’il pouvait l’agacer Paco. Furieuse, je suis repartie au commissariat et j’ai claqué la porte de mon bureau un peu fort.

Personne n’est venu me déranger, les collègues ont dû penser qu’il fallait attendre que la tempête passe. Je rallumais mon ordinateur et consultais les nouvelles.

Soudain, je poussai un juron et lus l’article qui datait de quelques semaines. La police ne s’était même pas rendu compte qu’un braquage avait eu lieu lors du transport de fonds. En fait, l’argent n’était jamais arrivé. Personne n’avait vu qui conduisait le fourgon, tout s’était déroulé normalement. C’est l’entreprise lésée qui les avait prévenus.

En lisant la presse, un article attira mon attention. Une association qui s’occupait des sans-abris avait été créditée par un donateur anonyme. Impossible de remonter à la source.

Je soupirai. J’étais certaine qu’il s’agissait de Paco, mais comment le prouver ? Pas de numéros de billets, juste un virement dont personne n’était parvenu à trouver d’où il venait. En parcourant les articles, je compris que tous les moyens avaient été mis pour hacker ce compte, mais le meilleur des hackeurs avait fait chou blanc.

Je me laissai aller sur mon fauteuil et posai mes pieds sur le bureau. S’il s’agissait de Paco, il était très fort.

J’appelai Kawas. Il entra sans frapper et s’assit face à moi. Je tournai l’écran vers lui. Il lut l’article et haussa les épaules.

— Vous étiez en formation quand c’est arrivé, ça a dû vous échapper.

— Non, je n’ai juste pas fait le rapprochement avec l’archer qui ouvrait les coffres.

— Ce n’est pas nous qui avions l’enquête. Et puis, il n’y a pas eu mort d’hommes. L’association est ravie et a pu garder l’argent, rien ne prouvait qu’il avait été dérobé.

— Nous devons ouvrir l’œil si d’autres évènements de cette sorte arrivent.

— Les transferts de fonds, il y en a tous les jours et jusqu’à présent, il ne s’est rien passé d’anormal.

— Y a-t-il eu des vols identiques ailleurs que par chez nous ?

— Pas que je sache.

— C’est donc une nouvelle façon de procéder. J’ai l’impression que ce Robin des Bois moderne prend l’argent pour le redistribuer.

— Il ne le fait pas avec celui des supermarchés, juste les banques. Vous avez entendu parler de la vente des tableaux du château de la ville d’à côté ?

— Arrête de me vouvoyer Kawas, tu m’agaces. Si tu as quelque chose à me reprocher, parles, vides ton sac une bonne fois pour toutes.

— Que voulait Destrio ?

— Que je protège son fils et que je coffre ceux qui l’ont tabassé, c’est ce que j’ai dit tout à l’heure au Proc. Rien de bien original, tu ferais pareil, si ton enfant s’était fait attaquer chez lui.

— Rien d’autre ? Tu me le promets ?

— Putain Théo, tu me connais quand même ! que veux-tu qu’il me demande ? Personne n’a jamais réussi à coincer Destrio, il ne va pas commencer aujourd’hui à faire des conneries.

— Pour ses gosses, on baisse la garde.

— Alors là, ça m’étonnerait, mais j’y avais pensé. Dans notre métier, nous en voyons des choses pas jolies, et des personnes à qui on donnerait le bon Dieu sans confession qui vrillent. On ouvre l’œil et on veille au grain. Au fait, François Destrée est sorti de l’hôpital. J’étais passé prendre de ses nouvelles tout à l’heure, c’est moi qui l’ai ramené. Il n’était pas de bon poil et était en colère que son père soit venu nous parler. Voilà, tu sais tout !

Je regardai dans les yeux mon capitaine, mais au fond de moi, je n’étais pas fière. Théo se leva, le sourire revenu. J’avais réussi à lui redonner confiance en moi, mais jusqu’à quand ?

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

J’aime un voyou au grand coeur

Bonjour toi 😉

C’est parti pour le chapitre 10 🙂.

Chapitre 10

Je n’avais rien raconté à Kawas, j’avais éludé les questions, lui rappelant que j’étais son commandant, qu’il devait me faire confiance. Je l’avais vexé, il s’était muré dans un silence hostile et devant le commissariat, il n’attendit pas que la voiture soit arrêtée, il en sortit en claquant la porte.

Je devais faire face. J’avais une équipe à diriger, je ne pouvais pas faire n’importe quoi. J’aimais mon métier et Ô grand jamais, je ne trahirai ce pour quoi j’avais signé.

Je détachai mes cheveux, posai mes pieds sur le bureau et laissa tomber ma tête en arrière. Je regardai le plafond tentant de faire le vide dans mon esprit quand la ligne du téléphone m’avertit que j’avais un appel extérieur.

Surprise parce que c’était le travail du collègue de l’entrée de me passer les appels, je répondis.

— Commandant Merlin, j’écoute.

— Rendez-vous à 12 heures à votre brasserie habituelle.

Je n’eus pas le temps de réagir que l’inconnu avait raccroché. J’avais entendu une voix d’homme, c’est tout. Je pensais qu’en plein midi, je ne risquais pas grand-chose, mais j’hésitai à prévenir Kawas. Pourtant, mon intuition me conseillait de le faire. Après tout, on ne m’avait pas dit de venir seule.

Théo Kawas entra dans le bureau, le regard noir.

— Vous m’avez fait appeler Commandant ?

Je souris pour calmer le jeu.

— D’accord, tu es en colère et je le comprends. C’est pourquoi je fais appel à ton avis.

Je lui relatai le coup de fil. Il fronça les sourcils, mais ne dit rien.

— Je vais y aller, mais tu vas te planquer dans la brasserie. Tu pourras surveiller la personne qui va me parler et voir si elle est connue de nos services. Au moindre problème, tu interviendras. En plein midi, je ne risque pas grand-chose.

Il hocha la tête et sortit du bureau sans un mot. Je l’avais vraiment vexé. J’appelai ensuite les urgences, déclinai mon identité et demandai des nouvelles de Paco. Elles étaient rassurantes et l’on m’informa qu’il pourrait rentrer chez lui en fin de journée. Je cherchai le numéro de la clinique vétérinaire, et là aussi, Tuck allait bien. La balle lui avait effleuré la patte, son maître pourrait venir le récupérer dès que ce sera possible.

La matinée passa vite à signer des papiers et régler des affaires courantes. Kawas me rejoignit à midi moins cinq. Sans un mot, nous quittâmes le commissariat à pied pour trouver la brasserie située au coin de la rue.

Le capitaine marchait devant et ne s’occupait pas de moi, il s’installa au bar le premier. Il était connu, je vis le patron le saluer et lui désigner l’ardoise. Je l’entendis commander le plat du jour alors que j’entrais à mon tour. Je choisis une table d’où je pouvais regarder les allées venues des passants.

Je reconnus immédiatement l’homme qui s’assit face à moi. Kawas l’avait repéré également, il me fixa aussitôt attendant un signe de ma part. Je baissai les yeux. Il n’intervint pas.

— Diego Destrio.

— Lui-même et enchanté de faire enfin votre connaissance.

Ce bandit hors-norme n’avait jamais été pris. Comme tous les collègues à qui ils avaient eu à faire, je n’avais pas réussi à le coffrer. Il était de toutes les histoires de vols, arnaques, j’en étais certaine, mais il était très doué. Un genre de Gentleman cambrioleur, ma foi ! Et soudain, je réalisai.

— Vous connaissez François ? C’est pour ça que vous m’avez fait venir ?

Diego Destrio affichait une soixantaine bien conservée. Habillé d’un costume de lin noir, il faisait classe avec son borsalino vissé sur ses cheveux attachés en catogan.

— Est-ce que je peux vous faire confiance ? Paco est sûr de vous, mais pas moi.

Il s’adossa à sa chaise et sourit.

— Appelez donc votre collègue, qu’il se joigne à nous. Il m’a reconnu de toute façon, ne le laissez pas mijoter seul au bar.

— Qu’attendez-vous de moi, Destrio ? Ne me racontez pas que Paco fait alliance avec vous ?

— Faire alliance avec moi ? Paco est mon fils. Comprenez alors que je sois inquiet.

J’en restai coite. Je le vis comme dans un brouillard faire signe à Kawas. Le capitaine saisit une chaise et s’assit à côté de moi. Destrio lui tendit la main. Si un jour j’avais pu imaginer qu’il serrerait la main du voyou qu’il cherchait à coffrer depuis des années !

Destrio reprit :

— Comme je le disais à votre Commandant, Paco est mon fils. Je ne veux pas qu’il lui arrive quoique ce soit, sinon… vous me connaissez, je me vengerai et là…

Il laissa sa phrase en suspens, balaya la salle de la brasserie du regard et continua :

— Vous savez très bien que jamais le sang n’a coulé dans mes affaires et…

Kawas l’interrompit en tapant du poing sur la table. Le bruit fit se retourner quelques clients et le patron, surpris, faillit lâcher ses verres. Destrio, d’un geste de la main, signifia que ce n’était rien.

— Bon Dieu Destrio, je pourrais vous coffrer pour ce que vous venez d’avouer.

— Avouer quoi mon ami ? Qu’il n’y a jamais eu de meurtres dans mes affaires ? Fort heureusement ! mais, s’il arrive quelque chose à mon fils, je ne garantirais plus rien. Est-ce clair ?

Il leva la main.

— C’est moi qui vous invite. Faites donc apporter le plat de mon ami à cette table.

Kawas bouscula sa chaise en affirmant qu’il n’avait plus faim, mais Destrio lui attrapa le bras.

— Ne me mettez pas en colère, j’ai horreur de ça, rasseyez-vous et agissez comme votre commandant, elle reste digne et prête à m’écouter. Prenez-en de la graine, Capitaine.

— C’est ton père ? Il me fout la trouille.

Paco éclata de rire. Je découvrais son père qui sortait de la voiture et semblait de fort méchante humeur. Le grand-père de Paco l’attrapait par les épaules et le forçait à rentrer.

— Qu’est-ce qu’il a ton père ?

— C’est surement son travail.

— Il fait quoi ?

— Alors là j’en sais rien. Dans les affaires qu’il me dit ! en tout cas, il gagne bien sa vie, ça, c’est sûr.

— Et ta mère ?

— Elle est morte. Un accident !

— Désolée. T’es malheureux ?

— Je ne l’ai pas beaucoup connue. J’étais bébé. Papa raconte souvent qu’il a fait payer ceux qui s’en sont pris à elle.

— Commandant Merlin ?

Je sursautai. Destrio me regardait. Il avait toujours le même regard que lorsque j’étais gamine. Je me souvenais qu’il me faisait peur parce que ses yeux bleus avaient le don de vous transpercer, ce n’est pas qu’ils n’étaient pas beaux, mais leur couleur vous mettait mal à l’aise. Ceux de Paco étaient bruns.

— Désolée, vous disiez ?

— Je compte sur vous pour coffrer ceux qui s’en sont pris à mon fils.

Les plats arrivaient. Je n’avais pas réagi lorsque Destrio avait commandé pour moi. Le confit de canard me rappela la cuisine que faisait le grand-père de Paco. Il pensait la même chose que moi, car il en fit la remarque.

— Vous pourriez m’en dire un peu plus ?

Le goût de la volaille me fit retrouver la parole. Destrio posa ses couverts et me fixa. Kawas repoussa son assiette.

— Une bande voyous l’a tabassé, je veux savoir qui et pourquoi.

Le capitaine leva les yeux au ciel et gronda :

— Ne me faites pas croire que vous n’êtes au courant de rien. Votre fils est certainement celui qui vide les coffres et distribue l’argent à ceux qui en ont besoin. Un Robin des bois des temps modernes.

Destrio ne releva pas.

— Vous commandant, quelle est votre opinion ? Mon fils un voyou ?

Son regard m’indiquait clairement de me taire. Heureusement, le serveur vint nous débarrasser et nous proposer un dessert.

— Un café suffira, répondit Kawas.

— 3 cafés et l’addition. C’est pour moi !

Kawas se rebiffa et sortit sa carte, mais Destrio posa sa main sur la sienne.

— Ne refusez pas, c’est cadeau.

Le capitaine repoussa brutalement sa chaise et quitta le bar. Destrio haussa les épaules et indiqua au patron de n’apporter que 2 cafés. Puis il saisit ma main et m’attira vers lui.

— Angèle, je compte sur vous. Mon fils est tout ce qu’il me reste. Je refuse qu’il lui arrive quoique ce soit. D’ailleurs, je lui avais dit de ne pas se rapprocher de vous, mais il n’en a fait qu’à sa tête. J’imagine que vous avez compris que son poste de directeur de banque n’est qu’une couverture. Dans nos affaires, il faut garder l’esprit clair et ne pas s’abandonner aux sentiments. J’en ai fait les frais, il y a longtemps, je me suis promis que ça ne se reproduirait jamais. Dois-je encore répéter ?

— Qu’attendez-vous de moi ?

— Que vous coffriez les énergumènes qui s’en sont pris à mon fils et qu’ensuite vous le laissiez mener ses histoires à sa guise. Il se pourrait qu’il ait besoin de vos services et dans ce cas-là, vous fermerez les yeux.

Je ne pouvais pas accepter et je le lui répétai.

— Angèle, vous êtes commandant, c’est vous qui gérez votre commissariat.

— Comme vous le dites si bien, j’ai une équipe qui me fait confiance. Le capitaine Kawas ne me laissera jamais cacher des preuves. J’ai aussi une hiérarchie et des comptes à lui rendre.

— Je le sais comme je me souviens que gamine, vous couvriez régulièrement les bêtises de Paco.

Les cafés arrivèrent. Il l’avala d’un trait et paya l’addition. Il se leva, posa sa main sur mon épaule.

— J’espère ne pas avoir à vous revoir même si c’était un plaisir.

Il disparut me laissant seule avec ma tasse.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

J’aime un voyou au grand coeur

Bonjour toi 😉

Chapitre 9



Il m’embrassait, je répondais à son baiser. Je me délectais de son parfum. Je passais ma main dans son dos et caressais son tatouage. J’adorais ses muscles. Il fourrageait dans mes cheveux, me léchait le creux de l’oreille. Sa langue était râpeuse et…

Je me réveillais en sursaut. Pistole ronronnait à qui mieux mieux dans mon cou. Putain, mais qu’est-ce que c’est que ce rêve, plutôt un cauchemar. Je repoussai gentiment mon chat qui sauta du lit et s’enfuit en miaulant vers la cuisine.

Je me levai et repensai aussitôt à la soirée de la veille. François n’était pas resté bien longtemps. Il m’avait promis que dès qu’il saurait qu’un nouveau braquage se préparait, il me préviendrait. C’était le deal que nous avions passé pour que j’accepte de ne pas le dénoncer. Il était parti frôlant une fois de plus mes lèvres.

Je ne savais pas encore comme j’allais me sortir de ce guêpier. J’étais certaine que le capitaine Kawas fleurerait rapidement l’entourloupe. Je pouvais lui faire confiance, mais jusqu’à quel point ?

Dans la cuisine, je préparai mon café. Vivre seule avait du bon, je n’avais de compte à rendre à personne. Je pris une douche et m’habillais avec mon sempiternel Jeans et une chemise propre.

J’allumai l’ordinateur et ma tasse d’espresso à la main, je m’asseyais au bar. Mon portable vibra, c’était Paco. J’avais du mal à l’appeler François, ça l’avait fait rire.

— Bien dormi ?

Je trouvai sa voix sexy dès le matin et je rougis en repensant à mon rêve.

— Hum !

— Je te dérange ?

— J’allais partir.

— Je voulais juste te dire que j’avais aimé le baiser sur ta bouche. Tu crois que nous pourrions avoir une histoire tous les deux ?

La surprise me cloua le bec. Je me revis gamine juchée en haut de l’arbre où nous étions cachés par les feuilles.

— Un jour on se mariera, disait Paco. Je te le promets.

— Mais ça va pas dans ta tête ? Comment tu peux savoir ?

— Tu verras que c’est vrai, je ne raconte jamais de mensonges.

— Je n’habite pas à côté, tu feras comment ?

— Je te retrouverai, foi de Paco.

Le portable à la main, j’écoutais ce qu’il me disait.

— Quand tu es entrée la première fois dans mon bureau, je t’ai immédiatement reconnue, mais j’ai fait semblant. Je ne t’ai jamais oubliée Angèle. Je vais t’avouer quelque chose… tu m’écoutes ?

Je répondis d’une petite voix oui. Je n’étais plus le commandant Merlin qui dirigeait une équipe d’hommes, j’étais la petite fille qui regardait avec admiration ce garçon qui me faisait passer de merveilleuses vacances dans les arbres.

Il reprenait :

— Quand j’ai su que tu étais commandant ici, j’ai tout fait pour avoir ma mutation dans la même ville que toi.

Stupéfaite, je haussai les sourcils et remarquai qu’il en avait mis du temps.

— Les mutations ne se font pas du jour au lendemain. D’autant plus que pour attirer ton attention, il fallait bien que je trouve une solution.

— Tu es en train de me dire que tes vols ne servent qu’à me faire intervenir ?

J’étais furieuse, mais il réfuta aussitôt cette accusation.

— Bien sûr que non, mais ça m’a aidé.

— Paco, ça ne va pas le faire entre nous. Je suis flic, t’as oublié ? 

Je raccrochai le cœur en déroute, avalai mon café et attrapai blouson et arme et sortis en claquant la porte.

J’éteignis ma moto et allais enlever mon casque lorsque deux hommes surgirent devant moi. Casquettes vissées sur la tête, lunettes sur le nez, je les scannai rapidement de mon regard de lynx.

— Vous êtes la copine de Destrée ? demanda l’un d’eux.

Surprise, je ne répondis pas immédiatement. Le second m’attrapa le bras tandis que son acolyte me murmurait à l’oreille :

— Laissez tomber, sinon votre ami aura de sérieux problèmes.

J’aperçus Joe le collègue de garde, qui s’approchait.

— Un problème commandant ?

— Ah parce qu’en plus t’es flic ? ajouta-t-il très bas.

Il me lâcha, releva la tête et répondit.

— Du tout, nous regardions sa bécane.

J’enlevai mon casque et fis signe à Joe de laisser tomber et le suivis sans me retourner. Mais il me semblait avoir reconnu l’un deux.

— Vous êtes sûre commandant ? Celui qui vous parlait, je l’ai déjà vu.

— Il a dû repérer ma moto.

Joe n’était pas convaincu. Théo Kawas qui était arrivé tôt me salua et Joe lui raconta ce qui venait de se passer.

— En tout cas, commandant, je serais vous, je ne la laisserais pas trainer devant le commissariat, même avec son antivol. Je vous apporte votre café.

Le capitaine m’accompagna dans mon bureau. J’attachai mes cheveux et lui demandai les nouvelles.

— Toujours les mêmes jeunes qui s’amusent avec leur mobylette sur la route, un braquage de voiture et un SDF complètement saoul qu’on a dû emmener à l’hôpital.

— Tu racontes ? Un problème avec ta moto ?

Je me levai pour fermer la porte.

— C’est si grave que ça ?

Mon portable vibra. Un SMS apparut.

Je suis désolé de t’avoir embarqué dans cette histoire. Fais ce que tu as à faire. Paco.

Je tentais de l’appeler. Il ne répondit pas.

— Viens Théo, il y a un problème chez François.

Il ne posa pas de question et me suivit en courant. Il prit le volant et nous partîmes en flèche chez mon ami d’enfance. Théo stoppa devant la porte ouverte. Je sautai au bas du véhicule, mon arme à la main.

Dans l’entrée, Tuck était allongé, il avait dû recevoir une balle, le sang coulait d’une blessure à la patte. Il gémissait.

— Où est ton maître ?

Théo l’avait trouvé. Il était roulé en boule dans son salon, roué de coups, mais vivant. Sa première question fut pour son chien et il voulut se lever pour aller le rassurer.

— Je vais l’emmener chez un vétérinaire et toi à l’hôpital. Tu nous raconteras tout ensuite.

— Tu es en danger Angèle.

Le capitaine Kawas l’entendit et m’interrogea du regard. Il demanda :

— C’est en rapport avec les hommes de ce matin ? Qu’est-ce qu’il se passe commandant ?

Les secours arrivèrent rapidement. Tuck et son maître furent embarqués, le premier pour la clinique vétérinaire, le second pour les urgences.

Une fois dans la voiture qui nous ramenait au commissariat, mon collègue se mit en colère.

— Tu vas me parler Angèle ? Qu’est-ce qu’il y a avec ce Paco de pacotille ?

Je regardais mon complice depuis des années. Jamais, il ne s’était mis dans cet état.

— Vous y allez fort Capitaine !

Je tentais de sourire, mais il ne s’en laissa pas conter.

— Ah tu veux du vous ! D’accord, alors Commandant, vous me décevez beaucoup.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

J’aime un voyou au grand cœur

Bonjour toi 😉

Voici le chapitre 8. Il va te falloir un peu de patience pour connaitre la suite, je suis à flux tendu comme qui dirait l’autre 😂.

Chapitre 8



J’étais à peine descendue de ma moto que Luc Grégoras se garait devant chez moi. Je le regardais venir vers moi, tout sourire, un carton de la pâtisserie qu’il affectionnait à la main. Le médecin légiste, vêtu d’une veste, d’une chemise noire et d’un jeans, n’avait pas la même allure que lorsqu’il était affublé de sa combinaison blanche. Il était bel homme et sa joie de me voir ne faisait aucun doute. Il était amoureux, ça crevait les yeux.

Il déposa la gourmandise sur ma table de la terrasse et me prit dans ses bras.

— Déjà debout ? Tu es allée te promener en moto ?

Et le voilà avec ses questions. Il était bien gentil Luc, mais il m’embarrassait. Il attendait ma réponse. J’éludai en l’entrainant dans la maison. Pistole arrivait tout heureux de me retrouver, mais lorsqu’il aperçut Luc, il s’arcbouta et fit demi-tour. Mon chat n’aimait pas le légiste, allez savoir pourquoi.

— Tu ne regardes pas ce que j’ai apporté de la pâtisserie ?

Déçu, Luc enlevait son blouson et l’accrochait au porte-manteau.

— Tu as laissé la boîte dehors !

Il alla la rechercher alors que moi, j’appelais Kawas. C’était lui qui m’avait envoyé le message tout à l’heure. J’en profitais pour lui donner le numéro de la plaque d’immatriculation que j’avais gardé en mémoire.

Luc qui revenait m’apostropha alors que je raccrochais.

— Tu es en repos si je ne me trompe ?

— Écoute Luc, il y a encore eu un vol ce matin, je vais aller au commissariat. J’ai des choses à vérifier. Je suis désolée.

Mais il me retint par le bras.

— Angèle, je pensais que nous pourrions passer une journée tranquille tous les deux.

Je ne le laissai pas finir, me dégageai rapidement et l’invitai à repartir. Je n’avais pas envie de le retrouver chez moi à patienter. Nous n’étions pas un couple.

Je récupérai mon arme enfermée dans la bibliothèque et l’attendis pour qu’il sorte avec moi lui signifiant que je ne voulais pas qu’il reste à la maison.

Il haussa les sourcils, mais ne dit rien. Il reprit son blouson et se dirigea vers sa voiture sans me regarder.

Théo avait trouvé à qui appartenait le véhicule quand je le rejoignis dans mon bureau. Je m’attelais aussi au fichier des personnes susceptibles de correspondre à celles que j’avais aperçues. Évidemment, les deux hommes entrevus le matin dans la forêt n’en faisaient pas partie.

Je racontai tout au capitaine.

— Je suis certaine que Destrée sait quelque chose, mais il n’est pas mêlé à l’histoire. Peut-être du chantage ?

— J’ai la vidéo du braquage.

Je me penchai sur l’écran.

— C’est un copycat. On veut faire porter le chapeau à ce Robin des Bois. Quelqu’un se sert de lui pour faire ces vols. Je parie que c’est pour ça qu’il a dû grimper à son mur d’escalade et avoir son accident. Blessé, il ne pourrait rien faire.

— Un peu léger ton histoire.

— Je vais retourner chez Destrée.

— Je t’accompagne.

— Ce n’est pas officiel.

— Tu n’es pas de garde, je te rappelle, moi si. C’est moi qui mènerai l’interrogatoire et nous visionnerons l’enregistrement.

S’il fut surpris de voir débarquer la voiture de police, François n’en montra rien. Il avait troqué son jogging contre un pantalon noir et un tee-shirt blanc. Tuck ravi de me retrouver posa ses pattes sur mes épaules. Il fallut que son maître le rappelle à l’ordre sèchement pour qu’il m’abandonne tout penaud, la queue basse. Le capitaine Kawas le salua, lui expliqua le but de notre visite et lança l’enregistrement.

Je me tenais en retrait afin de capter la réaction de mon ami d’enfance. À la vue de la vidéo, je repérai aussitôt son sourire et sa réponse claqua :

— Des amateurs !

— Tu les connais ?

Je le regardai dans les yeux. Le capitaine s’en mêla :

— Si vous savez quelque chose, il est de votre devoir de nous le dire.

— Ces personnes ne sont pas des férus d’escalade ni d’arcs. Ils ont tenté de ressembler à ce voleur, c’est tout.

— Lequel ? demanda Kawas.

— Celui de la banque.

— Pourquoi pensez-vous que ce n’est pas le même ? insista mon collègue.

François se mit à rire.

— Vous êtes venu faire une enquête en fait ! Vous avez une commission rogatoire ?

Il se tourna vers moi.

— Angèle ? Je suis suspecté de quelque chose ? Si c’est le cas, j’ai besoin d’un avocat ?

Je calmai le jeu aussitôt.

— Mais non François, tes réponses nous ont surpris. Tu es tellement sûr de toi.

Je tentai de l’alerter, mais mon collègue fut plus rapide que moi. Il s’approcha de Destrée.

— Écoutez-moi, je ne veux pas que le commandant, sous prétexte que vous êtes son ami d’enfance soit dans une situation très inconfortable. Alors, si vous savez quelque chose dites-le.

— C’est simple, j’ai lu la vidéo du premier vol à la banque et ce n’est pas comparable, vous aviez affaire à un archer professionnel. Pas ici. Vous n’avez qu’à regarder la position de l’arme et la manière dont il tire les flèches. En plus, c’est un montage, c’est impossible qu’il ait réussi à atteindre sa cible.

— Vous pensez à un client en particulier ?

Je sentis l’hésitation imperceptible de François et je souris intérieurement quand il répondit :

— Non, je ne vois pas.

Kawas le remercia et lui rappela que s’il se souvenait de quelque chose, il pouvait passer au commissariat.

Je suivis mon collègue quand François m’attrapa par la main.

— Puis-je venir chez toi, ce soir ?

Je hochais la tête. Comme nous avions échangé nos numéros le matin même, j’en profitais, pour lui envoyer mon adresse.

Il était 19 heures quand je vis s’arrêter sa voiture devant chez moi. Il apportait une bouteille de vin blanc.

Je lui ouvris la porte et Pistole se faufila entre nos jambes. Il se mit à miauler et à ronronner contre celles de François. Surprise par cet accueil, je ne réalisai pas tout de suite que mon ami l’avait pris dans ses bras, le caressait puis l’installait sur son épaule. Pistole frottait sa tête contre la sienne. On pourrait penser qu’ils se connaissaient depuis toujours.

— Alors comme ça, tu es Pistole !

Il entra chez moi et pourquoi ai-je eu l’impression immédiate qu’il était à sa place. Il posa la bouteille sur la table basse du salon et se tourna vers moi.

— Merci pour ce matin, tu n’as rien dit.

Il me caressa la joue.

— Angèle, je ne veux pas que tu aies des soucis à cause de moi, je vais te raconter la vérité. Tu agiras en conséquence. Mais auparavant, j’ai une chose à faire.

Il s’approcha et ses yeux me sondèrent, sa main sur ma nuque m’attira lentement vers lui. Il ne sentit aucune résistance de ma part alors il posa délicatement ses lèvres sur les miennes. C’était doux comme une caresse. Ses yeux n’avaient pas quitté les miens. Quand il se recula, immédiatement un manque m’envahit.

— C’est moi le Robin des Bois dont tout le monde parle. Mais je ne suis pas un voleur. Je ne veux que la justice, moi. Les deux hommes que tu as vus ce matin, c’est eux qui me font chanter. Ils ont compris que c’était moi l’auteur des braquages, mais eux, ils veulent garder l’argent. Si je n’avais pas été blessé, c’est moi qui aurais commis ce vol et l’aurait redistribué. Je n’agis jamais au hasard, mais eux ne pensent qu’à l’argent et je dois les prévenir à chaque fois que je prépare un holdup. Je n’étais pas d’accord tu penses bien, alors ils m’ont obligé à grimper et ont agi à ma place. Je savais que j’allais tomber mais je savais aussi comment ne pas trop me faire mal.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À suivre…

J’aime un voyou au grand cœur

Bonjour toi 😉

Je te propose de découvrir le chapitre 7. J’ai écrit le chapitre 10, tu vois je n’ai pas beaucoup d’avance 😏😁.

Chapitre 7

Je saisis le parapheur et lus rapidement la note avant d’apposer mes initiales.

— Figurez-vous que votre chef et moi, nous nous connaissons depuis longtemps, mais nous n’avions pas fait le rapprochement. Moi si, mais pas Angèle, raconta François.

Kawas se tourna vers moi, interrogatif. Je n’avais qu’une envie, envoyer au diable ce François Destrée.

Je maugréai en lui rendant le courrier :

— Je ne l’avais pas revu depuis plus de vingt ans, normal que je ne le reconnaisse pas.

Mais François n’en resta pas là.

— Je sais qu’elle s’entraine régulièrement et qu’elle est fan de tree climbing, j’ai pensé qu’elle pouvait s’occuper de mon chien qui va manquer d’exercice.

Je repoussai brutalement mon fauteuil à roulettes qui alla s’écraser contre le mur et lui indiquai la porte.

Kawas demanda :

— C’est quoi le tree climbing ?

— Traduisez qu’elle grimpe aux arbres ! Elle adorait ça quand elle avait neuf ans, apparemment, elle n’a pas oublié.

Il se leva alors que je l’invitai à sortir de mon bureau avant que je l’engueule sans façon.

Tuck en passant près de moi, me lécha la main ce qui eut le don de faire dire à Paco.

— Tu vois, il t’a adoptée. Je t’emmènerai dans les bois que nous connaissons bien.

Il salua le capitaine et sans attendre ma réponse, il s’en alla suivi de son chien. Je claquai la porte, déclenchant le fou rire de mon collègue.

— Raconte !

J’eus l’envie de lui dire d’aller se faire foutre. N’avait-il pas du travail en retard ? Je savais qu’il avait horreur de l’administratif, mais je m’assis face à lui et lui débitai, sans m’étaler, mes vacances avec cet homme.

— Tu l’appelais Paco ?

— Ouais et franchement, je trouve que ça lui allait mieux que ce François Destrée pompeux. Si ça me permet d’en apprendre davantage sur lui, je vais en profiter.

Théo Kawas appuya ses coudes sur mon bureau et me fixa droit dans les yeux.

— Que feras-tu au cas où tu comprends qu’il est ce Robin des Bois moderne ?

— Je le coffrerai, évidemment !

Je n’avais pas baissé mon regard, ma voix n’avait pas tremblé. Théo se redressa et m’avertit :

— J’espère bien. Tu as gagné la confiance de tes hommes ici, tu ne vas pas tout foutre en l’air pour des souvenirs d’enfance.

Il se leva et la main sur la poignée de porte, il se retourna et lança :

— Comment a-t-il su pour ton entrainement dans les arbres ? Je n’étais même pas au courant.

— Sans doute a-t-il lu l’article dans le journal.

— Fais gaffe, Angèle, s’il fait des recherches sur toi c’est qu’il a une idée derrière la tête.

Le bruit de ma moto avait alerté le chien qui aboyait derrière la porte-fenêtre. Tuck, debout sur ses pattes arrière, me regardait en grattant nerveusement la vitre. Soudain, il quitta son poste et François m’accueillit devant l’entrée en jogging noir. Tuck, à ses pieds ne bougeait plus.

— Je savais bien que tu viendrais.

Je n’avais même pas hésité. L’envie de courir avec un chien m’avait toujours tenté. Malheureusement avec Pistole, impossible d’avoir les deux animaux. Il était bien trop exclusif. Ce chat, je devrais plutôt dire ce bébé, je l’avais récupéré dans une poubelle. Ses miaulements m’avaient alertée alors que je passais devant. Depuis son sauvetage, il me vouait un amour inconditionnel.

J’enlevai mon casque et ma chevelure s’écroula. Je l’attachai aussitôt avec le chouchou qui ne quittait jamais mon poignet.

— Je te préférai quand ils étaient détachés, dit François en s’approchant.

Sans façon, il posa sa main sur mon épaule et m’embrassa sur les deux joues. Je captai immédiatement son parfum d’Eau Sauvage de Dior et les souvenirs affluèrent.

Ce matin-là, Paco avait renversé le flacon de son grand-père. Quand nous nous étions retrouvés, je m’étais moquée de lui, parce qu’il sentait la cocotte comme je disais. Furieux, il était reparti et j’avais dû courir après pour m’excuser.

— Salut François !

Tuck s’approcha et me lécha les mains.

— Si Pistole savait ça, il me ferait la gueule toute la journée.

François haussa les sourcils. Je le taquinai :

— Tu n’as pas fait de recherches sur Pistole ? Il est mon chat persan.

Il ne répondit pas et m’entraîna à l’intérieur.

— Où puis-je me changer ?

Il m’indiqua la salle de bains. En bon flic que je suis, je ne pus m’empêcher de balayer du regard la pièce qui ne m’apprit rien, si ce n’était que le propriétaire aimait l’ordre et la propreté. Tout était nickel chez lui.

Une fois prête, François m’entraîna dans la forêt proche de chez lui. Tuck connaissait les lieux, il gambadait devant nous. Soudain, il stoppa et aboya furieusement. Deux hommes s’approchèrent accompagnés de l’animal, ils saluèrent mon ami. Je ressentis aussitôt son raidissement.

— Salut Destrée. J’avais bien reconnu ton chien. Bonjour Madame.

Ils ne s’arrêtèrent pas et poursuivirent leur chemin. François n’avait pas répondu à leur bonjour, il tenait Tuck par son collier qui grognait sourdement.

Mon instinct de flic me dictait de l’interroger, mais tel que je le connaissais, il éluderait mes questions. Je gardai le sourire et préférai ne faire aucune réflexion.

Grâce à ma mémoire visuelle, je saurai les reconnaitre. D’autant plus, que j’avais repéré un véhicule garé dans une allée, machinalement sa plaque d’immatriculation s’était enregistrée dans ma tête.

François parla à l’oreille de son chien. Celui-ci s’approcha de moi et s’assit.

— Tu n’as plus qu’à lui donner l’ordre de te suivre. Il t’écoutera, courra avec toi et s’adaptera à ton rythme. Si tu veux, pour démarrer, tu prends ce chemin, je t’attendrai à la sortie de l’autre côté. Il y a un petit parcours de santé, j’y serai.

Je commençai mon jogging et j’eus l’agréable surprise de sentir Tuck sur mes talons. J’accélérai l’allure et le chien fit de même. Finalement, il se mit à côté de moi. La sensation d’avoir l’animal à mon écoute était grisante. Il y a quelques années, j’aurais pu suivre une formation dans la police et avoir un Berger allemand, je n’avais pas voulu de peur de trop m’y attacher et qu’il lui arrive un accident. Aujourd’hui, quand je vois Tuck m’accompagner, je le regrettais, c’était un régal.

Nous retrouvâmes François comme il l’avait dit. Tuck se coucha aux pieds de son maître. C’est alors que mon portable professionnel bipa. Je n’étais pas de garde, mais je devais toujours être joignable. Légèrement essoufflée, je pris l’appel et fronçai aussitôt les sourcils. J’observai François qui caressait son chien. Je le voyais grimacer quand il se penchait vers lui, ses côtes cassées devaient le faire souffrir.

Lorsque je raccrochai, il m’interrogea du regard.

— Un problème ?

— À toi de me le dire.

Je le contemplai les bras croisés.

— Un nouveau braquage vient d’avoir lieu à la banque. Promets-moi que tu n’as pas prémédité ça pendant que je courrais avec toi ?

Je compris immédiatement qu’il n’était pas au courant. Il n’avait jamais su mentir quand il était gamin et sa colère, certes fugace, qui était passée dans ses yeux, m’apprit aussi qu’il avait prévu que ce genre de choses arriverait.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

J’aime un voyou au grand coeur

Bonjour toi 😉

Il semble que ces nouveaux héros te plaisent 😊, tu m’en vois ravie 😊et en même temps, tu me mets la pression 😏,parce que je t’ai prévenu, je ne sais pas du tout où mes personnages vont m’embarquer 🙈 (tu remarques l’émoji ? j’avance les yeux fermés 🤣)et j’espère que ça va tenir la route, je fais confiance à ma plume 🤪.

Voici donc le chapitre 6 👇

Chapitre 6



Kawas m’attendait dans mon bureau et il capta aussitôt ma mauvaise humeur. Il me tendit un café et me demanda :

—  Comment va Destrée ?

—  Deux côtes cassées.

Je m’assis et posai mes jambes sur le bureau. Théo prit place en face de moi et contempla mes santiags.

Je sirotai le breuvage noir les yeux dans le vague. Je réfléchissais à Paco. Comment diable allais-je me sortir de ce guêpier. Il avait raison finalement après tout, si je ne savais rien.

—  À quoi penses-tu ?

Je sursautai ce qui fit rire le capitaine. Je repris mon sang-froid. Hors de question que mon collègue se doute de quelque chose.

—  Qu’il faudrait mettre un agent devant sa porte. Imagine que le meurtrier veuille recommencer ?

Il me fixa et me demanda mi-figue mi-raisin :

—  Tu y crois vraiment ?

J’enlevai mes pieds du bureau, jetai le gobelet en plastique dans la poubelle et répondis sèchement :

—  Je ne peux pas faire comme s’il ne s’était rien passé.

—  Nous sommes en sous-effectif, dois-je te le rappeler ?

—  Il ne va pas rester longtemps hospitalisé.

—  Et ? Tu vas le faire suivre ?

—  Bon Kawas qu’est-ce que tu essaies de me dire ? Tu m’énerves !

—  Tu sais parfaitement que c’est un coup monté cette histoire, Destrée avait certainement en face de lui celui qui voulait qu’il se casse la figure. C’était un règlement de comptes pour ses vols, point !

Il fit le tour de mon bureau et se planta devant moi.

—  Et tu l’as compris immédiatement. Tu n’as plus qu’à coffrer Destrée maintenant et l’affaire est terminée. Mais… tu ne veux pas, parce qu’il te plait bien ce Robin des Bois moderne. Je me trompe ?

Je fulminai et refusai la vérité.

—  Mais qu’est-ce que tu racontes ? Tu fais bien vite le raccourci parce qu’il tire à l’arc et qu’il est un champion d’escalade et…

—  Et qu’il est un grand défenseur des bois et des forêts. Je te fais marcher Angèle et tu cours ce matin. Je te connais, si tu savais quelque chose, tu ferais le nécessaire. Tu es bien trop droite dans tes bottes ! Alors que faisons-nous commandant ?

François Destrée quitta l’hôpital rapidement et rentra chez lui. Jordan était venu le chercher.

—  Ne t’inquiète pas pour moi, dit-il à son collègue, ce n’est pas ces deux côtes cassées qui vont m’obliger à me terrer à la maison. J’ai des réunions et des rendez-vous.

—  Tu vas te tenir tranquille maintenant ?

—  Jusqu’à nouvel ordre, je te le promets.

Jordan le salua et le laissa seul.

François alluma son ordinateur et fit une recherche sur Merlin. Elle était fan de moto, ça, il le savait. Elle n’avait que de bons états de service, il s’en doutait. Il fouilla un peu plus dans sa vie. Apparemment, elle n’avait pas d’homme et même si ce n’était pas ce qu’il cherchait en premier lieu, il était content. Il fit défiler les informations et trouva enfin ce qu’il voulait et ça, elle s’était bien cachée de lui en parler.

Il se laissa aller contre le dossier de son fauteuil ce qui lui arracha une grimace de douleur. Aussitôt Tuck, son berger australien d’une trentaine de kilos, vint poser son museau sur ses cuisses.

— Tout doux mon beau ! Je ne suis pas près de galoper avec toi et ça va te manquer ! Mais je sais qui pourrait s’occuper de toi en attendant que je puisse le faire.

Tuck le regardait de ses yeux bleus. Âgé d’un an, François l’avait dressé comme il le souhaitait et n’avait jamais cédé à la facilité. Ils couraient ensemble dans les bois, l’animal patientait au pied des arbres quand il grimpait. Il lui arrivait même de tenir la corde. Très affectueux et intelligent, il avait vite compris que son maître était un grand sportif et un amoureux de la nature. En général, Jordan était avec eux et il surveillait Tuck afin qu’il ne mette pas en danger François. Quand celui-ci descendait en rappel et qu’il atterrissait à ses pieds, ses léchouilles étaient une vraie partie de plaisir pour tous les deux.

— On va se balader ? J’ai quelqu’un à te présenter ?

Aussitôt Tuck partit en courant chercher sa laisse. Toujours pendue au même endroit, il savait la trouver. Il sauta pour la décrocher et la rapporta fièrement à son maître.

Un braquage dans une pharmacie, c’était tout ce que j’avais à me mettre sous la dent. Alors, quand je vis apparaître dans le hall de mon commissariat, mon ami d’enfance, je m’avançai vers lui heureuse de pouvoir me changer les idées. Un superbe berger australien tricolore l’accompagnait. Je caressai le chien qui me regardait avec ses yeux bleus magnifiques.

— Je te présente Tuck.

Je ne pus m’empêcher de penser à Frère Tuck dans Robin des Bois. Décidément, Paco alias François Destrée avait beaucoup d’humour.

Kawas nous aperçut et vint le saluer. Il en profita pour lui demander si ses côtes ne le faisaient pas trop souffrir.

— J’avoue que tenir la laisse de mon chien n’est pas une mince affaire, mais Tuck a compris.

— Tuck ?

Le capitaine éclata de rire.

— Où avez-vous trouvé un nom pareil ?

Apparemment mon collègue n’avait pas fait le rapprochement avec Robin des Bois et c’était tant mieux.

J’entrainai mon ami dans mon bureau avec Tuck et je l’apostrophai.

— Tu ne peux pas débarquer ici comme ça ! Je n’ai pas envie que mon équipe sache que nous nous connaissons ?

— Pourquoi ?

J’avais oublié que Paco avait horreur de la dissimulation.  

— Je ne vois pas où est le problème. Tu as honte de dire que gamins, nous avons passé des vacances ensemble ? Il y a prescription non ? Le fait d’être flic t’empêche d’avoir une vie privée ?

Avec vingt-cinq ans de plus, il était resté le même. Il ne transigeait sur rien. Il ne me laissa pas répondre et attaqua bille en tête.

— J’ai besoin de toi Angèle. Je ne vais pas pouvoir faire courir mon chien pendant quelque temps. Peux-tu t’en occuper ?

Il s’était assis face à mon bureau sans que je l’y invite. Son animal s’était couché à ses pieds.

Je baissai les stores, signe que je ne voulais pas être dérangée. Kawas allait me poser des questions, je n’avais pas l’habitude d’agir ainsi. Depuis que Paco était revenu dans ma vie, je faisais tout de travers.

Je pris le temps de faire le tour de mon bureau pour m’asseoir en face de lui. Il se mit à rire.

— Ce n’est pas la peine de t’agiter comme ça, Angèle, je sais parfaitement que ma venue te dérange. Tu t’en moques de tes collègues et tu es leur commandant, ils n’ont rien à dire.

Je sentis la moutarde me monter au nez. Comme lorsque nous étions gamins, il avait le don de me faire sortir de mes gonds. Il reprit :

— Je ne te demande pas grand-chose, juste de courir avec lui une heure par jour. Ce sera ton entrainement quotidien, voilà tout. Tu dois bien garder la forme ?

Il me regardait droit dans les yeux.

— Tu crois que je n’ai que ça à faire ?

— Le week-end approche, tu travailles ?

Je faillis répondre que ça ne le concernait pas quand Kawas frappa à ma porte. Il entra sans attendre.

— Désolée de vous déranger commandant, j’ai besoin d’une signature.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…