Elsbeth-Isobel

Bonjour toi 😉

Voici la suite de l’histoire de ma petite sorcière.

Isobel-Elsbeth n’en menait pas large lorsqu’elle parvint chez Straurius. Elle entrait rarement dans ses appartements.

Le bureau de mon père était sombre, même si la fenêtre ouverte sur le monde extérieur, d’où il pouvait tout voir à des lieux à la ronde, il restait inquétant. Lui-même avait revêtu son costume d’apparat et je ne pus m’empêcher de l’admirer.

J’avais dépêché Arthus mon fidèle compagnon à 4 pattes auprès de la grande prêtresse Isaulya. Il devait tout raconter sans rien omettre. Je pouvais lui faire confiance. J’espérais juste que ma mère n’était pas occupée ailleurs et qu’elle accepterait de l’écouter.

Quand mon père m’aperçut, il me tendit les bras. Les instants de tendresse étaient rares avec lui, il m’aimait et lorsque je sentais son cœur battre contre moi, j’étais au 7e ciel. Tout grand sorcier qu’il était, il avait un cœur lui aussi, j’étais bien placée pour le savoir.

J’avais bien pris garde de fermer mon esprit. Il se recula pour mieux me contempler et admirer ma tenue de future fée des eaux, je compris immédiatement qu’il me sondait et tendait de lire en moi.

Il me sourit et demanda :

— Qu’as-tu donc à me cacher que ton esprit est verrouillé à double tour ?

Comment ai-je pu imaginer une seconde que je pourrais le tromper ? J’allais répondre quand ma mère apparut, Arthus sur son épaule.

Elle me regarda avec fierté et je compris que mon chat avait bien rempli sa mission.

— Notre fille n’est-elle pas magnifique ?

Straurius lui saisit la main qu’il baisa tendrement.

— Tu as fait du beau travail et il ne saurait en être autrement.

J’aimais lorsqu’ils se tutoyaient. Je ne pouvais pas dire que ça les rendait plus humains, plus proches conviendrait mieux. Ils étaient tellement froids l’un envers l’autre quand Straurius présidait.

— Mais où est donc Héloïse ?

Il avait toujours le sourire et je m’en réjouis. C’est la grande prêtresse qui répondit et avec tout le respect qu’il lui devait, Straurius s’inclina.

— Elle était souffrante, Charlie, je veux dire Shearah se reprit ma mère viendra avec elle à la prochaine lune. Elle espère que tu comprendras.

Straurius se mit à marcher de long en large les mains derrière le dos en maugréant :

— Pourquoi ai-je l’impression que vous me cachez quelque chose ?

Il s’arrêta brutalement devant moi et posa sa main sur ma tête. Surprise, je n’eus pas le temps de verrouiller mon esprit, et je réalisais immédiatement qu’il avait tout compris. La fenêtre se ferma d’un coup sec.

— Comment avez-vous pu croire ne serait-ce une seule seconde que vous pourriez me tromper ? Vous me décevez Isaulya.

Les derniers mots s’adressaient à ma mère qui s’inclina devant lui.

— Shearah ne savait pas comment vous l’annoncer et…

Son poing s’abattit sur son bureau, son encrier se renversa sur son grimoire. D’un geste, il balaya la tache qui disparut, et le livre s’ouvrit à l’endroit que je redoutais tant.

— Approchez-vous et regardez… La grande sorcière Shearah n’a pas perdu de temps et surtout, elle n’a rien oublié.

Sa voix grondait, le vent s’était levé et les arbres se tordaient sous l’assaut de sa colère. Isaulya tenta de le calmer, mais d’un revers de cape, il disparut.

— Il va là-bas ? demandais-je d’une toute petite voix.

— Sans doute. Il perd tout contrôle quand il s’agit de ma sœur.

Une larme de diamant coula de sa paupière. Elle la cueillit sur sa joue. Subjuguée, je la vis l’embrasser et lui dire :

— Va et fais ce que tu dois faire.

La perle quitta sa main, s’éleva au-dessus du grimoire et se fondit dans la page ouverte… une femme s’y trouvait. Je n’aurais su dire son âge… elle n’en avait plus. Belle, elle l’était et serait condamnée à le rester à jamais. Elle avait failli, en trompant Straurius, son propre fils. Bannie pour l’éternité, elle devrait rester dans sa forêt et ne voir ni recevoir personne. Elle s’appelait Chalice. S’il était devenu le plus grand sorcier de tous les temps, il lui devait et pourtant, il n’avait pas hésité à la condamner quand il avait appris qu’elle avait accepté de perdre ses pouvoirs pour lui.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2024).

Elsbeth-Isobel

Bonjour toi 😉

C’est mercredi et pendant le mois d’octobre, tu retrouveras ma sorcière chaque semaine. Ici est le dernier épisode.

Héloïse était dans le jardin quand elle aperçut un chat noir qui venait vers elle. La queue bien droite, il avançait nonchalamment, ses yeux verts plissés. Elle tendit la main pour le caresser, ilse frotta contre ses jambes en ronronnant.

— Tu es toute seule ?

Héloïse tourna la tête et découvrit, posé sur une corolle de fleur, un papillon ou ce qu’elle crut en être un.

— C’est toi qui me parles ?

Héloïse se pencha sur l’insecte.

— Mais tu n’es pas un papillon, s’exclama-t-elle.

— Chut ! Tu vas me faire repérer. Prends le chat dans tes bras.

Celui-ci se laissa faire quand Héloïse se baissa pour l’attraper, elle se retrouva aussitôt ailleurs.

— Tu m’as flanqué une de ces frousses ! tu ne pouvais pas le dire que c’était toi Elsbeth ?

Celle-ci contemplait Héloïse. Elle avait bien grandi, il émanait d’elle un charme certain. C’était normal que Straurius souhaite qu’elle devienne une véritable sorcière. Il était temps qu’elle apprenne ce pour quoi elle était née.

— Il faut que tu viennes avec moi.

Seulement, si Héloïse abordait l’âge de l’adolescence plus tôt que chez les humains, elle avait aussi pris du caractère et les histoires de magie ne lui plaisaient plus autant que ça. Charlie avait fait du bon boulot, sa fille ses sentait très bien dans son monde et n’avait aucune envie d’en changer.

Elle venait d’avoir dix ans et l’amitié avec Stefano s’était intensifiée. Le garçon avait maintenant douze ans et ma foi, elle le trouvait très beau.

Elsbeth qui avait hérité des pouvoirs de ses parents découvrit tout ça en peu de temps, car elle lisait en Héloïse comme dans un grand livre ouvert.

Elsbeth-Isobel en fut très peinée et imaginait déjà la colère de son père. Une sorcière était une sorcière et ne devait jamais le renier. Charlie était vraiment un cas à part, mais comment avait-elle fait pour que sa fille oublie tout. Pourtant, à chaque pleine lune, la jeune femme passait de l’autre côté et accomplissait ses rituels. Elsbeth-Isobel n’y avait jamais vu Héloïse.

— Je le répète que tu dois venir avec moi. Tu as devant toi, la future fée des eaux, si tu découvrais mon costume, tu…

— Ça ne m’intéresse pas Elsbeth, tu peux retourner dans ton monde. Les histoires dans les livres, j’ai passé l’âge !

Si la petite sorcière s’était imaginé l’appâter, elle en fut pour ses frais. Héloïse s’en allait sans un regard en arrière. Arthus, car c’était lui le chat noir, commença à faire sa toilette et de sa voix rocailleuse dit :

— Nous n’avons plus qu’à repartir… je ne sens pas de bonnes ondes.

— Que fais-tu ici ?

Elle se doutait bien que Charlie l’avait repérée. Elle ouvrit son esprit pour que Shearah comprenne ce que Straurius voulait. Elle en avait assez de devoir toujours plaider sa cause. Après tout si Héloïse avait fait son choix, elle n’allait pas l’obliger.

— Héloïse n’a plus de pouvoir.

— Mais…

Elsbeth-Isobel n’en revenait pas, ce n’était pas possible et d’un coup, elle comprit. Shearah soupira.

— L’adolescence arrive tôt chez les petites sorcières…

— Mon père…

Elsbeth-Isobel s’interrompit. Shearah lui posa sa main sur son épaule.

— Tu seras une très jolie fée des eaux Elsbeth-Isobel.

— Mais… vous êtes une grande sorcière… et… avec tout le respect que je vous dois, vous pourriez faire quelque chose pour Héloïse, elle…

Elsbeth-Isobel ne comprenait pas. Jamais une telle chose ne s’était produite dans son monde.

— Ton père avait raison, Héloïse aurait dû aller beaucoup plus souvent le rencontrer et suivre les rituels.

Elsbeth-Isobel eut peur. Une sorcière qui perdait ses pouvoirs était bannie à jamais et… celle qui l’avait engendrée aussi.

— C’est pour ça que personne ne doit savoir. La nouvelle lune arrive bientôt. Je viendrais et j’irais parler à… qui tu sais.

— Vous connaissez les pouvoirs de mon père et…

— Oui, mais si tu fermes ton esprit, il ne verra rien. Je suis une grande sorcière, ne l’oublie jamais.

— Mais… bredouillait Elsbeth, la personne que vous allez voir, elle est bannie elle aussi et je ne sais pas si…

— Moi, je sais. Pars maintenant et ne t’inquiète pas, Straurius sait qu’Héloïse ne viendra pas avec toi.

— Vous bravez mon père ! Personne n’a jamais osé le faire.

Elsbeth ne savait plus si elle devait l’admirer ou lui en vouloir. Elle se rappela alors les liens qu’elle avait découverts entre Shearah et Straurius. Soudain, elle eut peur. Elle comprit ce qu’allait demander Shearah. Straurius acceptera-t-il ? Reniera-t-il ses croyances pour elle ?

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2024)

À très vite…

Héloïse et Stefano

Bonjour toi 😉

C’était le moment du petit déjeuner. Alors que Stefano et Héloïse picoraient dans leur assiette, Joe annonça :

— Je me suis arrangé avec Mathurin, nous partons quelques jours en camping-car.

Les enfants levèrent le nez en même temps.

— Vrai ? demanda Stefano les yeux brillants.

— On emmène Texas ? Héloïse caressait la tête du terre-neuve qui entendant son nom dressait les oreilles.

— Bien sûr, c’est vacances pour tous les quatre et lui.

— Je prépare les sacs, dit Charlie.

Branle-bas de combat, les gamins débarrassèrent la table, mais Joe les stoppa dans leur élan.

— Auparavant, je mets les choses au clair.

Tous trois le regardèrent.

— Je ne veux plus entendre parler de magie, de sorcier ou de fée qui se transforme en grenouille. Nous reprenons le cours de notre vie normale, je pense que nous en avons tous besoin. Est-ce bien compris ?

Stefano fit un grand oui de la tête. Joe fixa Charlie et Héloïse. La jeune femme vint entrelacer ses doigts aux siens.

— Promis !

Héloïse fit de même et lui murmura à l’oreille.

— J’aime bien quand on part en vacances, c’est magique aussi.

— Alors, c’est entendu.

Il ne fallut pas longtemps pour que les sacs soient prêts. Charlie décida qu’ils achèteraient le pain en route, elle ajouta deux paquets de pâtes, des œufs et du jambon, quelques fruits et yaourts et ils grimpèrent dans le camping-car. Le terre-neuve attaché se coucha aux pieds des enfants.

Joe savait parfaitement où ils s’arrêteraient. Il avait choisi un bord de lac. Les gamins ravis enfilèrent rapidement leur maillot de bain et le chien n’hésita pas à se jeter à l’eau. Joe lui lançait un bâton que l’animal partait chercher avec d’énormes éclaboussements. Quand il sortait pour le ramener à son maître, il ne manquait jamais de s’ébrouer ce qui déclenchait de grands éclats de rire chez les enfants.

Seule, Charlie peinait à se mettre à l’unisson. Elle n’avait pas osé dire que la pleine lune approchait, qu’elle devrait une fois de plus s’absenter et emmener avec elle sa fille. Elle tentait d’occulter cette part de magie de sa tête et parfois elle songeait même à renier ce don qui faisait d’elle la sorcière des oiseaux. D’ailleurs, Joe ne semblait pas avoir vu que depuis leur arrivée, les chants et les sifflements s’étaient intensifiés. Dès qu’elle levait les yeux, elle apercevait des vols très haut dans le ciel. La nature elle-même s’émerveillait de la venue de cette sorcière, mais elle était la seule à remarquer que les pâquerettes s’épanouissaient à son approche et que l’herbe frissonnait sous ses pas.

Elle se secoua et tenta une fois de plus de chasser ces pensées parasitaires.

— Regarde ce poisson !

Stefano appelait son père.

— Tu as pris ta canne à pêche ? C’est quoi, tu as vu sa couleur ?

Texas le terre-neuve sortit de l’eau et après s’être ébroué, se coucha dans le pré, le museau entre les pattes.

Surpris, Joe le taquina :

— Eh ben mon gros, déjà fatigué ?

Puis il se tourna vers son fils pour regarder le poisson.

Héloïse écarquilla les yeux et seule Charlie l’entendit :

— On dirait une sirène !

Elle n’eut pas le temps de réagir qu’un chant s’éleva, puis un cri venu du ciel lui parvint aux oreilles. Elle leva la tête et aperçut un aigle qui fonçait vers eux et tout s’enchaina à une vitesse fulgurante.

Le chien se mit à aboyer furieusement et courut vers son maitre. Joe écoutait la musique et marchait dans l’eau. Texas le suivit et l’attrapa par la chemise pour le retenir. Héloïse cria, Stefano sauta à son tour dans le lac. L’aigle plongea, Joe avait de l’eau jusqu’aux épaules et continuait d’avancer. Charlie leva les bras vers le ciel et une nuée d’oiseaux apparut, leur chant et sifflement couvrirent celui de la sirène, Joe qui avait maintenant de l’eau jusqu’au cou allait couler quand il s’éleva soudain dans les airs, l’aigle étant passé sous lui. Il le déposa délicatement sur l’herbe et s’envola. Le chant se tut, on n’entendait plus que les gazouillements familiers. Stefano et Charlie vinrent près de lui, alors qu’Héloïse disait au revoir à Senu qu’elle avait reconnu. Texas lécha son maître et laissa tomber le bout de bois à ses pieds.

— Alors mon chien, tu n’es plus fatigué ?

Comme si de rien n’était, Joe lança le bâton côté opposé au lac.

— Finalement, si on changeait d’endroit ? dit Joe. Et quelqu’un peut-il m’expliquer pourquoi je suis trempé ?

— C’est la faute à Texas répondit aussitôt Héloïse, regarde Stefano aussi est mouillé.

— Venez vous sécher les enfants, dit alors Charlie.

Alors qu’elle se dirigeait vers le camping-car, elle aperçut une grenouille qui sautait difficilement. Dès qu’elle vit Charlie, elle voulut se cacher dans les herbes, mais elle peinait à se déplacer.

— Te voilà bien punie Nymphaïa ou devrais-je t’appeler Gertrude ?

Texas arriva au galop du museau poussa le batracien qui roula sur le côté. Il s’en désintéressa aussitôt.

— Tu as vu comme elle est moche la grenouille, remarqua Héloïse. Elle n’a pas de chance, elle a dû faire une sacrée bêtise pour être comme ça.

Seule dans le camping-car, à la recherche des serviettes, Charlie prit le temps d’ouvrir son esprit pour remercier Straurius. Elle sut qu’il l’avait entendu, au léger souffle de vent qui vint lui caresser le visage.

© Isabelle-Marie d’Angèle (juin 2024).

Bon anniversaire à Monsieur Chéri 💗

À très vite…

Héloïse et Stefano

Bonjour toi 😉

Pour les épisodes précédents c’est ici

Pas facile de surveiller son père 24 h/24 h. Ce n’était pas encore les vacances, Stefano ne pouvait donc pas être avec lui tout le temps.

Quand il était avec lui, il ne lâchait pas et Joe commençait à trouver ça bizarre et pesant. Ce mercredi-là, il se mit presque en colère.

— Mais enfin, fils, qu’est-ce que tu as à me suivre partout comme ça ? Tu as quelque chose à me demander ?

Stefano ne savait pas quoi répondre ce qui eut le don d’agacer son père.

— Écoute, j’ai du travail, je dois encore aller faire une course à la coopérative, et…

— Je viens avec toi.

— Non, je n’en ai pas pour longtemps et…

— J’aime bien aller là-bas, ça sent bon le grain.

Joe soupira et accepta. Pendant le trajet, ils bavardèrent de tout et de rien. Stefano aimait bien être dans le 4×4 de son père. Il n’était pas de toute première jeunesse, mais il s’y sentait bien et avait l’impression de dominer la route.

La coopérative n’était pas loin. Stefano suivit son Joe dans les allées et le surveilla quand il salua les personnes qu’ils connaissaient. Le gamin ne trouva rien d’anormal à ce qu’il discute avec les caissières.

Ils reprenaient le chemin du retour lorsque Joe reçut un appel, il devait passer chez un copain pour récupérer un outil qu’il lui avait prêté.

— Tiens, la voisine fait du stop ?

Joséphine, la femme de Mathurin, était sur le bord de la route et lui faisait signe.

Joe s’arrêta et Stefano baissa sa vitre. Joe se pencha.

— Un problème avec ta voiture ?

— C’est idiot, je n’ai pas fait attention, je n’ai plus d’essence. Mathurin va se moquer de moi.

Joe sourit et répondit que ça pourrait aussi bien arriver à Charlie, elle ne vérifiait jamais le compteur.

— Je vais te remorquer, j’ai une corde dans le coffre.

Il descendit et trouva ce qu’il cherchait. Il attacha son 4×4 à la petite voiture de Joséphine et lui proposa de prendre le volant.

Stefano les rejoignit. Le portable de Joe sonna, c’était Mathurin.

— J’arrive !

Il se tourna vers Joséphine.

— C’est ton mari, je n’ai rien dit, mais je dois passer chez lui. Il a un problème avec sa clôture et son âne s’est sauvé, je vais l’aider.

— Ne t’inquiète pas, je lui raconterai tout.

— Roule doucement.

Joe s’installa au volant et ils arrivèrent rapidement chez Mathurin. Joséphine expliqua son erreur, son mari la taquina et il entraina Joe pour redresser les grillages.

— Je viens vous aider.

— D’accord, nous ne serons pas trop de trois.

Joe se tourna alors vers son fils :

— Préviens Charlie, je ne voudrais pas qu’elle s’inquiète.

Stefano acquiesça et prit le chemin de sa maison. C’est alors qu’il aperçut la Clio de Joséphine arriver. Elle s’arrêta près de lui.

— Tu es tout seul ?

Stefano ouvrit et referma la bouche. Comment était-ce possible ? Joséphine aidait son père pour la clôture et elle n’avait plus d’essence. Quelque chose clochait !

Il fit demi-tour et partit en courant retrouver Joe. Mathurin était seul dans le pré à redresser le grillage.

— Où est mon père ?

— Parti chez l’âne.

Il aperçut alors sa femme qui venait à sa rencontre. Il se gratta la tête. Il était pourtant certain qu’elle venait de partir avec Joe.

— Attends petit !

Trop tard, Stefano courait à perdre haleine dans le champ. Dans le ciel, un aigle poussa son cri. Stefano le vit et s’époumona pour que l’oiseau l’aperçoive.

— Mais qu’est-ce qu’il t’arrive fils ?

Son père était devant lui tenant l’âne par le licol.

— T’es tout seul ?

— Non, regarde qui j’ai trouvé ? C’est grâce à elle que j’ai récupéré l’âne.

Samy, parce que c’était bien elle, fit un clin d’œil à Stefano.

— Tu le savais qu’elle habitait de l’autre côté du pré ?

— Elle est où Joséphine ?

— Elle a eu la trouille d’un chat noir, elle a décampé à une allure.

Joe éclata de rire ;

— Quand je vais raconter ça à Mathurin.

Justement, il arrivait accompagné de Joséphine.

— Merci Joe !

Le fermier attrapa son âne et l’entraina avec lui. Joe s’approcha de sa voisine.

— Je ne savais pas que tu avais peur des chats noirs, tu es superstitieuse ?

Joséphine haussa les sourcils.

— Dans tous les cas, tu cours vite dis-donc !

Joe s’en alla en sifflotant.

Les deux gamins derrière eux se regardèrent en riant. Dans le ciel, l’aigle poussa son cri. Ils levèrent les yeux. L’oiseau fit un arc de cercle puis disparut.

Arthus contemplait Nymphaïa. Il était face à elle et avait doublé de volume. Il crachait et feulait.

La sorcière maugréa :

— Pas la peine de faire ton malin, j’ai compris la leçon !

Arthus de sa voix caverneuse dit :

— La prochaine fois, je préviens Straurius.

— Il n’y aura pas de prochaine fois.

— Je te connais trop bien, Nymphaïa, tu tenteras encore ta chance, mais cette fois-ci tu ne t’en sortiras pas.

Straurius soupira. Il aurait été si facile de retenir Arthus et d’envoyer Senu ailleurs…

© Isabelle-Marie d’Angèle (juin 2024)

À très vite

Mots d’enfants

Bonjour toi 😉

Dis maman, c’est vrai qu’un jour tu vas te transformer en mamie ?

Dis maman, quand tu étais petite, c’était qui ma maman ?

Maman, j’en crois pas mes lunettes !

Dis maman, est-ce que les écureuils mangent des pommes-noisettes ?
Ma grand-mère est mamiefique
Il fait trop chaud, tu peux mettre le froiffage ?

Maman, c’est le plus beau jour de mes rêves

Bon mercredi 💖

À très vite…

Héloïse et Stefano

Bonjour toi 😉

Tu trouveras toute l’histoire ici. N’hésite pas à aller tout découvrir 💗.

Samy se posta devant Stefano, les mains sur les hanches.

— Tu veux ma photo ? l’apostropha-t-elle.

Puis elle éclata de rire devant les yeux écarquillés de Stefano.

— Ne me demande pas pourquoi je suis là, je n’en sais rien. Je ne sais même pas où je suis en fait.

— Tu es dans le bouquin d’Héloïse, je n’y comprends rien, murmura Stefano, et puis j’en ai marre de toutes ces histoires, je veux que tout redevienne comme avant.

Il se laissa tomber sur l’herbe et fixa l’horizon sans plus s’occuper de Samy. Elle le rejoignit et le silence s’installa.

Un cri haut dans le ciel les fit lever les yeux en même temps. Un aigle royal tournoyait au-dessus d’eux. Stefano soupira alors que Samy disait :

— Voilà Senu.

— Évidemment, tu le connais, j’aurais dû m’en douter.

— Arrête de râler. Si on m’a envoyé ici, il y a certainement une raison et il faut trouver laquelle. Je peux peut-être t’aider.

Alors Stefano raconta tout et Samy fit de même.

— Tu vois, nous ne sommes pas du même monde qu’eux, mais nous faisons partie de l’histoire.

— Pourquoi mon père n’est plus comme avant ?

— Peut-être que la grenouille lui a jeté un sort ?

— Moi, je crois plutôt qu’il est tombé sous son charme. Elle était trop belle quand elle s’est transformée. La fée Nymphaïa, tu connais ?

Ils ne virent pas que l’aigle s’était bien rapproché. Il n’était plus qu’à quelques mètres d’eux.

— Non, je ne l’ai jamais vue. Elle n’était pas dans mon histoire.

— C’est une sorcière des rivières ou des eaux, je ne sais plus.

L’aigle se posa près d’eux et les fit sursauter. Samy se leva et prit Stefano par la main. Hypnotisé, il grimpa sur le dos de l’oiseau derrière la rouquine et enlaça sa taille. Senu s’envola. Stefano ferma les yeux.

La cascade coulait à flots et les fées virevoltaient autour d’elle. Nymphaïa était magnifique entourée de papillons.

Assise sur un rocher, elle profitait des gouttelettes pour se rafraichir. Une fée s’approcha d’elle et l’arrosa gentiment. Elles éclatèrent de rire et les sons cristallins se mêlèrent à la musique de l’eau.

— Comment était-ce dans l’autre monde ?

La curiosité de la fée fit sourire Nymphaïa. Elle savait que parmi ses comparses, certaines dont celle-ci, seraient ravies d’aller faire un tour de l’autre côté, mais elles craignaient la colère de Straurius et surtout la peur de ne plus pouvoir revenir, parce que même si elles mouraient d’envie d’aller voir ailleurs, elles savaient que l’autre monde ne serait jamais comme le leur, et elle ne le quitterait pour rien au monde.

— On raconte que tu as vu un bel homme et que tu aurais bien aimé le ramener. C’est vrai ? Qu’a-t-il de plus que nos lutins ou sorciers ?

Nymphaïa ne répondit pas immédiatement. Elle se souvenait de Joe. Qu’avait-il de plus ? Son sourire ? Sa voix ? Sa gentillesse ? Ici aussi, il y avait tout ça alors ? Peut-être et surtout le goût de l’interdit. Il était inaccessible, elle le savait bien. Il était l’homme de la grande sorcière Shearah. Pas touche ! Oui, mais, si elle repartait sous une autre apparence ?

— C’est une mauvaise idée, susurra sa comparse. Peut-être pourrais-je t’accompagner, ajouta-t-elle en minaudant ?

— Je dois réfléchir. En tout cas, ce sera amusant.

— Tu sais que tu ne pourras pas le ramener ici ?

Nymphaïa ferma les yeux et un sourire se dessina sur ses lèvres.

— Si, moi, je restais là-bas ? Shearah l’a bien fait, elle !

La petite fée battit des ailes, affolée.

— Tu ne peux pas faire ça. Qui s’occupera des rivières ? Tu en es la sorcière, Straurius t’a déjà punie parce que tu étais étourdie, alors imagine ce qu’il pourrait faire si tu disparaissais. De toute façon, il ne lui faudra pas longtemps pour se rendre compte de ce que tu mijotes.

— Oui, mais, si à ma place, Shearah revenait ? Sa sœur et lui seraient heureux, tu n’es pas d’accord ? Ne serait-ce pas une bonne idée ?

La petite fée s’envola en faisant non de la tête, en répétant qu’elle ne voulait plus rien savoir ni être mêlée à cette histoire.

Stefano sursauta. Il était complètement éveillé, Samy était allongée près de lui sur l’herbe. Elle se frotta les yeux à son tour.

— Tu as vu ? Elle va revenir et emmener mon papa. Il faut empêcher ça ! Tu vas m’aider ?

Elle lui tapa dans la main. Stefano n’était plus seul.

© Isabelle-Marie d’Angèle (juin 2024).

À très vite…

Bavardages de Millie et MaLou

Bonjour toi 😉

— Tu sais MaLou, au collège, on me dit que je suis une intello.

MaLou regarde Millie qui fronce les sourcils.

— Ah bon ? Pourquoi ?

— Parce que j’ai des lunettes.

Allons bon, encore ce cliché ? Il a la vie dure celui-là !

— Et que tu travailles bien peut-être ? ajoute MaLou malicieusement.

— Ouais !

Depuis quelque temps, Millie se ronge les ongles et sa maman a trouvé le vernis amer qui l’en empêche. Seulement, quand Millie mange des frites avec les doigts, ce n’est franchement pas bon 😁. Du coup, elle les pique avec sa fourchette. Évidemment, les réactions ont fusé.

— Et puis, il parait que je suis la fille du maire.

MaLou éclate de rire.

— D’où ça sort ça ?

Millie explique :

— Comme je prends ma fourchette pour manger les frites, c’est parce que je suis riche et donc la fille du maire.

MaLou est scotchée sur son fauteuil. Mais quelle idiotie encore ! Et Millie en rajoute une couche.

— C’est pour ça que j’ai de bonnes notes d’ailleurs, c’est parce que je suis bourgeoise, enfin riche quoi ! C’est comme ça qu’ils disent.

Malou n’en revient pas.

— Si je comprends bien les gamins qui ont de mauvaises notes, c’est parce qu’ils ne sont pas riches ?

— Ben oui !

Mais dans quel monde vit-on ?

— Et puis tu sais, reprend Millie, je suis invitée à l’anniversaire d’une copine, et le cadeau qu’elle m’a demandé, il coûte cher, entre 50 et 60 euros, tu te rends compte ? Maman n’a pas voulu l’acheter, elle dit que vraiment ma copine elle croit que je suis riche et que je peux faire des cadeaux comme ça.

MaLou ne sait pas quoi répondre, tellement elle est surprise. Qu’est-ce que c’est que ces clichés ? Parce qu’on a de bonnes notes, c’est qu’on est riche, et si on porte des lunettes, on est intello. Ma foi, nous sommes de sacrés intellos dans le monde 😂👓🕶, c’est peut-être pour ça qu’il y a de plus en plus de gens qui portent des lunettes 👓😎. Pour faire bien ?

— C’était pareil de ton temps MaLou ?

Le de ton temps la fait tiquer. Elle se souvient :

— C’était plutôt le temps des Boum, les anniversaires, je ne crois pas en avoir fait et je ne pense pas que c’était la mode.

— C’est quoi les Boum ?

MaLou éclate de rire parce que la tête de Millie est trop drôle avec ses sourcils froncés.

— C’était des petites fêtes pendant les vacances. On se retrouvait entre amis, on mettait de la musique et on dansait, mais j’étais plus âgée que toi, je devais bien avoir quinze-seize ans. Souvent, on apportait des gâteaux et des boissons chez la personne qui invitait. C’était des bons moments.

PaLou qui a entendu la conversation de loin ne peut s’empêcher d’ajouter :

— Tu sais Millie, à tes copines qui te traitent d’intello, tu peux toujours leur répondre que tu avais le choix entre être intello ou imbécile, tu as choisi intello.

(En écrivant ces mots, j’ai édulcoré les paroles de PaLou qui étaient beaucoup plus virulentes 😂).

À très vite…

Héloïse et Stefano

Bonjour toi 😉

— C’est vrai que tu es une sorcière ?

Louis, un gamin aux yeux bleus regardait Héloïse avec admiration. Celle-ci haussa les épaules et répondit :

— Tu sais bien que ça n’existe pas, et puis d’abord qui t’a raconté ça ?

— Personne.

Il se dandinait d’une jambe sur l’autre comme s’il avait envie de dire quelque chose, mais qu’il n’en avait pas le droit.

Il était copain avec Stefano, il connaissait bien Charlie et il avait entendu au village des gens qui racontaient qu’il s’en passait des trucs bizarres chez eux. D’ailleurs, il parait que depuis quelque temps, Joe, n’était plus pareil. Là, c’était la boulangère qui l’avait affirmé, et elle, elle était toujours au courant de tout et se trompait rarement. Alors Louis se posait beaucoup de questions. Il savait bien que ce n’était pas possible, pourtant, il était allé fureter dans les livres de la bibliothèque et il avait trouvé un bouquin sur les lutins, les gnomes et les fées qui habitaient dans le jardin et qu’on pouvait presque les rencontrer si on y faisait attention, le petit peuple, c’était ainsi qu’on l’appelait. Il était persuadé qu’Héloïse était une fée ou alors une gentille sorcière.

Il n’avait pas osé en parler à ses parents, il se serait moqué de lui, d’autant plus que sa maman était pas mal occupée en ce moment avec le nouveau bébé qui allait bientôt naître. D’ailleurs, elle venait voir Charlie pour se détendre. Son père n’était pas toujours content, il disait qu’il faisait plus confiance au médecin, mais comme il connaissait Joe depuis longtemps, il fermait les yeux. Louis avait remarqué que lorsqu’elle revenait de chez Charlie, elle était encore plus jolie. Il ne comprenait pas pourquoi, mais peut-être que finalement, c’était parce qu’elle était aussi une sorcière.

Louis, perdu dans ses pensées, ne se rendait pas compte qu’Héloïse le fixait. Depuis quelque temps, elle avait compris qu’elle pouvait lire dans les pensées, elle devait se concentrer et ça ne marchait pas toujours, mais aujourd’hui, elle découvrait toutes les idées qui s’agglutinaient dans le cerveau de Louis.

Elle entendit alors une petite voix qui lui chuchotait dans l’oreille qu’elle n’avait pas le droit de faire ça, ce n’était pas bien de violer comme ça l’intimité des personnes. Elle détestait cette voix, elle était certaine que c’était Elsbeth Isobel qui lui parlait de son monde, mais elle n’en était pas sûre. Héloïse en avait ras la casquette de ne pas pouvoir faire comme elle le souhaitait, mais en même temps, elle comprenait qu’elle ne devait pas dévoiler son secret ainsi que celui de sa mère, du coup, elle sourit à Louis et affirma.

— Tu sais, maman a des dons pour guérir les gens, ça existe ça, elle n’est pas la seule, mais ce n’est pas pour ça qu’elle est une sorcière. Les médecins aussi guérissent.

Louis se rassura, Héloïse continua :

— Peut-être que je serais comme elle un jour. En attendant, je suis comme toi et quand je n’ai pas envie d’aller à l’école, je suis obligée d’y aller tout pareil que toi.

Elle rit.

— Tu as déjà vu des lutins et des fées dans ton jardin ?

Louis ne lâchait pas l’affaire aussi facilement. Elle entra alors dans son jeu.

— Oui, mais pas pour de vrai, je les invente, je n’en ai jamais aperçu.

Elle comprit qu’elle l’avait déçu. Stefano les rejoignit.

— Et toi tu en as déjà vu des lutins ?

Stefano soupira.

— Non, jamais.

— De toute façon, même s’ils existaient, on ne les verrait pas, reprit Héloïse. Ils sont bien trop farceurs et n’aiment pas qu’on les dérange.

Intéressé, Louis la buvait des yeux.

— Sois gentil avec eux, ils te le rendront bien.

Et voilà c’était reparti, pensa Stefano, Héloïse et ses drôles d’idées. Il les abandonna et rentra chez lui. Rien n’était plus comme avant, il était triste. Son père était souvent dans la lune et ça ne lui ressemblait pas du tout. Charlie n’avait plus le même sourire et Héloïse racontait des histoires à dormir debout.

Il ne vit pas qu’une gamine rouquine légèrement plus âgée que lui venait à sa rencontre. Elle s’arrêta près de lui. Il n’en crut pas ses yeux quand il reconnut Samy, celle du bouquin d’Héloïse.

© Isabelle-Marie d’Angèle (mai 2024).

(Samy, tu peux retrouver son histoire ici où c’est tout le premier épisode, pour connaitre la suite, il faut remonter dans la catégorie Elsbeth Isobel).

À très vite…

Héloïse et Stefano

Bonjour toi 😉

Comme c’est le jour des enfants, je continue l’histoire d’Héloïse et Stefano dont tu peux retrouver les précédents épisodes ici.

Straurius sonda le cœur de la grenouille. Celle-ci promit ! Elle ajouta pourtant, et seul le sorcier pouvait l’entendre :

— Je peux faire en sorte qu’il ne tombe pas sous mon charme, je ne ferai rien dans ce sens, mais je suis une sorcière et je ne peux pas empêcher mes pouvoirs d’agir.

Straurius la connaissait bien, il savait qu’il jouait un jeu dangereux. Charlie ne lui pardonnerait jamais si Joe souhaitait suivre la grenouille métamorphosée en Nymphaïa, sorcière des rivières.

Certes, il avait le pouvoir de lui supprimer ce don, mais il ne voulait pas rompre sa promesse. Nymphaïa avait été punie, et le deal était qu’elle redevienne comme avant si un mortel l’embrassait. Il n’avait jamais imaginé que ce serait l’homme de Charlie.

L’idée que Shearah alias Charlie revienne dans son monde pour chercher Joe l’effleura et le fit sourire. Après tout pourquoi pas ? Ce serait amusant et ça permettrait à Héloïse de continuer son enseignement sa mère à ses côtés.

Straurius prit sa décision, ce serait ainsi. Jo pouvait embrasser le batracien.  

— Tu es formidable papa Joe, je suis fière de toi.

Stefano n’était pas aussi enthousiaste. Joe s’approcha de la grenouille que tenait toujours Straurius et alors qu’il allait poser ses lèvres sur la bouche de l’animal, un cri retentit :

— Non !

Charlie debout à la porte de la grange contemplait la scène avec stupeur.

Straurius soupira. Il en avait assez. Il avait autre chose à faire que de régler ces histoires de mortels, c’était toujours pareil avec eux, il y avait souvent quelque chose qui clochait.

Il lâcha Gertrude qui s’écroula sur le sol et gronda.

— Pourquoi non ? N’as-tu pas confiance en ton mortel ?

— Ce n’est pas en lui que je n’ai pas confiance, mais en elle.

Elle désignait Gertrude, vexée de s’être ainsi retrouvée affalée par terre comme une crêpe. Héloïse intervint alors :

— Mais pourquoi ? Papa Joe est gentil de faire ça, la sorcière des rivières pourra redevenir comme avant et tout sera fini.

Elle attrapa l’animal et le tendit à Joe qui sans réfléchir et parce que lui aussi avait envie d’en terminer avec cette histoire à dormir debout, embrassa rapidement la bête. Rien ne se passa !

— T’es sûre qu’il ne fallait pas dire un truc, une incantation, c’est pas comme ça qu’on fait, maman ? Et toi, la sorcière des rivières ?

La gamine s’énervait et les larmes n’étaient pas loin. Déçue, elle lâcha Gertrude qui s’écroula au sol et… le miracle eut lieu. Des milliers de gouttelettes de rosée scintillantes tombèrent du ciel et enveloppèrent Gertrude qui peu à peu retrouva sa forme humaine.

Aussitôt, Straurius l’enveloppa dans un halo de lumière et ils disparurent tous les deux. Jo statufié regardait l’endroit où était apparue Nymphaïa, Stefano écarquillait les yeux émerveillés, mais Héloïse anéantie par ce qui venait de se passer, s’écroula en larmes.

— Je veux partir avec eux, je n’ai même pas eu le temps de voir comme elle était belle. Maman, fais quelque chose, je veux y aller.

Charlie allait poser sa main sur la tête de sa fille, mais celle-ci se rebella :

— Ah non, tu ne vas pas encore me faire tout oublier. J’ai compris ton truc maintenant. Je veux aller là-bas.

© Isabelle-Marie d’Angèle (mai 2024)

À très vite…

Héloïse et Stefano

Bonjour toi 😉

Je te rappelle que les épisodes précédents se trouvent ici .

Héloïse n’en revenait pas, Stefano refusait d’embrasser la grenouille.

— Pourtant, ce n’est pas difficile, tu avances ta bouche comme ça et paf, c’est fini.

Héloïse mimait ça très bien et le gamin ne put s’empêcher de rire.

— Tu vois, c’est rigolo.

— Ce n’est pas toi qui vas avoir le truc tout froid et gluant sur les lèvres. T’as qu’à le faire toi !

— J’peux pas, j’suis une fille !

Héloïse tapait du pied.

— Tu ne comprends rien.

— Que se passe-t-il ici ?

Aucun des deux n’avait entendu Jo arriver.

— Elle veut que j’embrasse la grenouille.

Stefano soufflait comme un bœuf

— Je ne veux pas, c’est dégoutant.

— Oui, mais s’il ne le fait pas, elle ne redeviendra jamais sorcière des rivières.

Joe se gratta la tête.

**********

Dans l’autre monde, Straurius était furieux. Il ne souhaitait pas s’en prendre à Isaulya qu’il savait très attachée à sa sœur.

— Je vais encore devoir y aller. Ce monde ne me plait pas. Il n’y arrive que des misères, pas ici.

Isaulya soupira. Elle ne put s’empêcher de penser que Straurius aimerait retrouver Shearah. Elle avait pris soin de fermer son esprit afin que le sorcier ne comprenne pas sa peine et sa peur de le perdre. La jalousie n’avait pas de place dans leur monde, d’autant plus qu’elle connaissait suffisamment Straurius, jamais, il ne trahirait sa parole. Mais justement, sa sœur avait trahi la sienne et ça, elle savait qu’il aurait du mal à lui pardonner.

— Inutile de te déplacer, je suis là.

Shearah lui faisait face dans toute sa beauté. La grande prêtresse lui tendit les bras. Elles s’embrassèrent. Straurius ne fit pas un geste.

Elle s’inclina devant lui comme elle devait le faire et relevant le menton, elle le toisa :

— C’est tout ce que tu as trouvé pour me faire revenir ici ? Nous avions pourtant passé un pacte et je pensais que tu le respecterais. Tu as trahi ma confiance Straurius. Je ne comprends pas comment tu as pu te rabaisser à une telle chose, c’est digne de notre monde d’en bas pas du tien.

Il se redressa, piqué au vif, d’autant plus qu’il ne voyait pas de quoi elle parlait. Sa voix tonna :

— Comment oses-tu m’accuser ? Décidément, tu as oublié toutes les bonnes manières. Veux-tu t’expliquer ?

Elle ne lui avait jamais connu ce regard blessé. Se serait-elle trompée ?

Elle jeta un coup d’œil vers sa sœur qui semblait tout aussi surprise.

— Tu as bien envoyé Gertrude chez nous ?

Straurius haussa les sourcils et l’invita à continuer d’un geste.

— Tu n’es pas sans savoir qu’elle doit embrasser un humain pour retrouver sa véritable forme.

Elle sentit sa colère arriver avant qu’elle puisse terminer. Le vent se leva, les arbres se plièrent, elle entendit les cris des fées et des lutins qui occupés ne comprenaient pas d’où venait cette tempête. Isaulya tenta de calmer le sorcier, il l’arrêta d’un geste et sa voix tonna :

— Comment peux-tu imaginer une seconde que j’ai envoyé cette grenouille pour qu’elle te ravisse ton homme ? Comment as-tu pu concevoir que je monterai ce plan minable pour te ramener ici, parce que c’est ça que tu penses n’est-ce pas ?

Elle comprit son erreur à son regard. Elle l’avait blessé profondément, elle sentit sa peine.

— Je n’ai pas besoin de ce stratagème pour ça, l’aurais-tu oublié ? Si j’avais désiré que tu reviennes pour toujours, je n’ai qu’un geste à faire, ne le sais-tu pas ? Tu me déçois fortement Shearah. Tu n’es plus la sorcière que je connaissais, ton monde t’a changée et je n’aime pas du tout ce que tu es devenue.

Elle voulut l’interrompre, il ne lui en laissa pas le temps.

— Je vais régler cette affaire, et rapidement découvrir le coupable, crois-moi. Quant à toi, j’ai compris que tu avais trahi ta promesse. Ta fille sait qu’elle est une sorcière, elle devra donc revenir à chaque pleine lune pour suivre notre enseignement et si elle préfère rester ici, elle aura sa place. Elle est très forte, je veillerai à lui trouver le domaine qu’il lui convient. Quand elle aura 16 ans, elle choisira où elle veut vivre et tu n’auras rien à dire. Tu n’as rien respecté, Shearah, tant pis pour toi.

D’un revers de cape, il disparut.

**********

Gertrude se tenait aux pieds des enfants. Stefano la contemplait le cœur battant.

— Je ne suis pas si terrible, je te promets de ne pas tirer la langue, coassa la sorcière.

Dégouté, il s’essuya la bouche d’un revers de main. C’est alors que Straurius apparut.

Il attrapa aussitôt la grenouille et la souleva en l’air. Elle battit des pattes.

Il posa sa main sur la tête de Stefano, sourit à Héloïse qui le contemplait admirative, fixa un instant Joe avant de disparaitre, mais cela suffit pour que celui-ci intervienne et le retienne :

— Ne partez pas, ça peut peut-être s’arranger.

Straurius le regarda et le sonda. Cet homme était bon, dommage qu’il ne soit pas sorcier, il avait un cœur romanesque, il aurait pu accomplir de belles choses dans son monde.

Joe continua sur sa lancée, profitant du silence installé.

— Si cet… animal peut revenir un être humain, je veux bien l’embrasser. Je ne comprends pas bien vos histoires, mais je ne peux pas laisser cette… personne dans la peine.

Gertrude se sentit fondre de tendresse pour ce mortel qui n’avait rien demandé et se sacrifiait, enfin ce n’était pas un sacrifice parce que lorsqu’elle apparaitrait dans toute sa magnificence, il ne regretterait plus son choix. Elle suspendit son souffle, elle était toujours les pattes battant l’air, tenue par Straurius.

Héloïse tapa des mains et s’écria :

— Oh, papa Joe, tu es trop gentil.

Straurius hésita. Il regarda la grenouille, vit ses yeux globuleux le supplier. Il comprit que la punition avait assez duré, mais il restait un détail à régler.

© Isabelle-Marie d’Angèle (avril 2024).

À très vite…