Bonjour toi 😉
Voici la suite de l’histoire de ma petite sorcière.

Isobel-Elsbeth n’en menait pas large lorsqu’elle parvint chez Straurius. Elle entrait rarement dans ses appartements.
Le bureau de mon père était sombre, même si la fenêtre ouverte sur le monde extérieur, d’où il pouvait tout voir à des lieux à la ronde, il restait inquétant. Lui-même avait revêtu son costume d’apparat et je ne pus m’empêcher de l’admirer.
J’avais dépêché Arthus mon fidèle compagnon à 4 pattes auprès de la grande prêtresse Isaulya. Il devait tout raconter sans rien omettre. Je pouvais lui faire confiance. J’espérais juste que ma mère n’était pas occupée ailleurs et qu’elle accepterait de l’écouter.
Quand mon père m’aperçut, il me tendit les bras. Les instants de tendresse étaient rares avec lui, il m’aimait et lorsque je sentais son cœur battre contre moi, j’étais au 7e ciel. Tout grand sorcier qu’il était, il avait un cœur lui aussi, j’étais bien placée pour le savoir.
J’avais bien pris garde de fermer mon esprit. Il se recula pour mieux me contempler et admirer ma tenue de future fée des eaux, je compris immédiatement qu’il me sondait et tendait de lire en moi.
Il me sourit et demanda :
— Qu’as-tu donc à me cacher que ton esprit est verrouillé à double tour ?
Comment ai-je pu imaginer une seconde que je pourrais le tromper ? J’allais répondre quand ma mère apparut, Arthus sur son épaule.
Elle me regarda avec fierté et je compris que mon chat avait bien rempli sa mission.
— Notre fille n’est-elle pas magnifique ?
Straurius lui saisit la main qu’il baisa tendrement.
— Tu as fait du beau travail et il ne saurait en être autrement.
J’aimais lorsqu’ils se tutoyaient. Je ne pouvais pas dire que ça les rendait plus humains, plus proches conviendrait mieux. Ils étaient tellement froids l’un envers l’autre quand Straurius présidait.
— Mais où est donc Héloïse ?
Il avait toujours le sourire et je m’en réjouis. C’est la grande prêtresse qui répondit et avec tout le respect qu’il lui devait, Straurius s’inclina.
— Elle était souffrante, Charlie, je veux dire Shearah se reprit ma mère viendra avec elle à la prochaine lune. Elle espère que tu comprendras.
Straurius se mit à marcher de long en large les mains derrière le dos en maugréant :
— Pourquoi ai-je l’impression que vous me cachez quelque chose ?
Il s’arrêta brutalement devant moi et posa sa main sur ma tête. Surprise, je n’eus pas le temps de verrouiller mon esprit, et je réalisais immédiatement qu’il avait tout compris. La fenêtre se ferma d’un coup sec.
— Comment avez-vous pu croire ne serait-ce une seule seconde que vous pourriez me tromper ? Vous me décevez Isaulya.
Les derniers mots s’adressaient à ma mère qui s’inclina devant lui.
— Shearah ne savait pas comment vous l’annoncer et…
Son poing s’abattit sur son bureau, son encrier se renversa sur son grimoire. D’un geste, il balaya la tache qui disparut, et le livre s’ouvrit à l’endroit que je redoutais tant.
— Approchez-vous et regardez… La grande sorcière Shearah n’a pas perdu de temps et surtout, elle n’a rien oublié.
Sa voix grondait, le vent s’était levé et les arbres se tordaient sous l’assaut de sa colère. Isaulya tenta de le calmer, mais d’un revers de cape, il disparut.

— Il va là-bas ? demandais-je d’une toute petite voix.
— Sans doute. Il perd tout contrôle quand il s’agit de ma sœur.
Une larme de diamant coula de sa paupière. Elle la cueillit sur sa joue. Subjuguée, je la vis l’embrasser et lui dire :
— Va et fais ce que tu dois faire.
La perle quitta sa main, s’éleva au-dessus du grimoire et se fondit dans la page ouverte… une femme s’y trouvait. Je n’aurais su dire son âge… elle n’en avait plus. Belle, elle l’était et serait condamnée à le rester à jamais. Elle avait failli, en trompant Straurius, son propre fils. Bannie pour l’éternité, elle devrait rester dans sa forêt et ne voir ni recevoir personne. Elle s’appelait Chalice. S’il était devenu le plus grand sorcier de tous les temps, il lui devait et pourtant, il n’avait pas hésité à la condamner quand il avait appris qu’elle avait accepté de perdre ses pouvoirs pour lui.
À suivre…
© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2024).


































