Héloïse et Stefano

Bonjour toi 😉

C’était le moment du petit déjeuner. Alors que Stefano et Héloïse picoraient dans leur assiette, Joe annonça :

— Je me suis arrangé avec Mathurin, nous partons quelques jours en camping-car.

Les enfants levèrent le nez en même temps.

— Vrai ? demanda Stefano les yeux brillants.

— On emmène Texas ? Héloïse caressait la tête du terre-neuve qui entendant son nom dressait les oreilles.

— Bien sûr, c’est vacances pour tous les quatre et lui.

— Je prépare les sacs, dit Charlie.

Branle-bas de combat, les gamins débarrassèrent la table, mais Joe les stoppa dans leur élan.

— Auparavant, je mets les choses au clair.

Tous trois le regardèrent.

— Je ne veux plus entendre parler de magie, de sorcier ou de fée qui se transforme en grenouille. Nous reprenons le cours de notre vie normale, je pense que nous en avons tous besoin. Est-ce bien compris ?

Stefano fit un grand oui de la tête. Joe fixa Charlie et Héloïse. La jeune femme vint entrelacer ses doigts aux siens.

— Promis !

Héloïse fit de même et lui murmura à l’oreille.

— J’aime bien quand on part en vacances, c’est magique aussi.

— Alors, c’est entendu.

Il ne fallut pas longtemps pour que les sacs soient prêts. Charlie décida qu’ils achèteraient le pain en route, elle ajouta deux paquets de pâtes, des œufs et du jambon, quelques fruits et yaourts et ils grimpèrent dans le camping-car. Le terre-neuve attaché se coucha aux pieds des enfants.

Joe savait parfaitement où ils s’arrêteraient. Il avait choisi un bord de lac. Les gamins ravis enfilèrent rapidement leur maillot de bain et le chien n’hésita pas à se jeter à l’eau. Joe lui lançait un bâton que l’animal partait chercher avec d’énormes éclaboussements. Quand il sortait pour le ramener à son maître, il ne manquait jamais de s’ébrouer ce qui déclenchait de grands éclats de rire chez les enfants.

Seule, Charlie peinait à se mettre à l’unisson. Elle n’avait pas osé dire que la pleine lune approchait, qu’elle devrait une fois de plus s’absenter et emmener avec elle sa fille. Elle tentait d’occulter cette part de magie de sa tête et parfois elle songeait même à renier ce don qui faisait d’elle la sorcière des oiseaux. D’ailleurs, Joe ne semblait pas avoir vu que depuis leur arrivée, les chants et les sifflements s’étaient intensifiés. Dès qu’elle levait les yeux, elle apercevait des vols très haut dans le ciel. La nature elle-même s’émerveillait de la venue de cette sorcière, mais elle était la seule à remarquer que les pâquerettes s’épanouissaient à son approche et que l’herbe frissonnait sous ses pas.

Elle se secoua et tenta une fois de plus de chasser ces pensées parasitaires.

— Regarde ce poisson !

Stefano appelait son père.

— Tu as pris ta canne à pêche ? C’est quoi, tu as vu sa couleur ?

Texas le terre-neuve sortit de l’eau et après s’être ébroué, se coucha dans le pré, le museau entre les pattes.

Surpris, Joe le taquina :

— Eh ben mon gros, déjà fatigué ?

Puis il se tourna vers son fils pour regarder le poisson.

Héloïse écarquilla les yeux et seule Charlie l’entendit :

— On dirait une sirène !

Elle n’eut pas le temps de réagir qu’un chant s’éleva, puis un cri venu du ciel lui parvint aux oreilles. Elle leva la tête et aperçut un aigle qui fonçait vers eux et tout s’enchaina à une vitesse fulgurante.

Le chien se mit à aboyer furieusement et courut vers son maitre. Joe écoutait la musique et marchait dans l’eau. Texas le suivit et l’attrapa par la chemise pour le retenir. Héloïse cria, Stefano sauta à son tour dans le lac. L’aigle plongea, Joe avait de l’eau jusqu’aux épaules et continuait d’avancer. Charlie leva les bras vers le ciel et une nuée d’oiseaux apparut, leur chant et sifflement couvrirent celui de la sirène, Joe qui avait maintenant de l’eau jusqu’au cou allait couler quand il s’éleva soudain dans les airs, l’aigle étant passé sous lui. Il le déposa délicatement sur l’herbe et s’envola. Le chant se tut, on n’entendait plus que les gazouillements familiers. Stefano et Charlie vinrent près de lui, alors qu’Héloïse disait au revoir à Senu qu’elle avait reconnu. Texas lécha son maître et laissa tomber le bout de bois à ses pieds.

— Alors mon chien, tu n’es plus fatigué ?

Comme si de rien n’était, Joe lança le bâton côté opposé au lac.

— Finalement, si on changeait d’endroit ? dit Joe. Et quelqu’un peut-il m’expliquer pourquoi je suis trempé ?

— C’est la faute à Texas répondit aussitôt Héloïse, regarde Stefano aussi est mouillé.

— Venez vous sécher les enfants, dit alors Charlie.

Alors qu’elle se dirigeait vers le camping-car, elle aperçut une grenouille qui sautait difficilement. Dès qu’elle vit Charlie, elle voulut se cacher dans les herbes, mais elle peinait à se déplacer.

— Te voilà bien punie Nymphaïa ou devrais-je t’appeler Gertrude ?

Texas arriva au galop du museau poussa le batracien qui roula sur le côté. Il s’en désintéressa aussitôt.

— Tu as vu comme elle est moche la grenouille, remarqua Héloïse. Elle n’a pas de chance, elle a dû faire une sacrée bêtise pour être comme ça.

Seule dans le camping-car, à la recherche des serviettes, Charlie prit le temps d’ouvrir son esprit pour remercier Straurius. Elle sut qu’il l’avait entendu, au léger souffle de vent qui vint lui caresser le visage.

© Isabelle-Marie d’Angèle (juin 2024).

Bon anniversaire à Monsieur Chéri 💗

À très vite…

Elsbeth Isobel et Héloïse

Bonjour toi 😉

Je suivais avec appréhension l’arrivée de Senu. Arthus avait eu une merveilleuse idée. Il est vrai qu’il était ami avec l’aigle. Celui-ci ne pouvait rien lui refuser. Ce qui m’étonnait c’est que Straurius ne se soit aperçu de rien. Bizarre ! Rien ne lui échappait d’ordinaire.

Senu avait dit la vérité, les jours et les semaines s’étaient écoulés ici et Héloïse avait commencé son apprentissage de petite sorcière sous l’œil attentif de ma mère, sa tante. Une chose m’inquiétait pourtant, Héloïse n’avait plus dit un mot depuis son arrivée. Elle avait pleuré longtemps puis ses larmes s’étaient taries et elle était restée muette. Isaulya, toute grande prêtresse qu’elle était avait été très surprise de la résistance que lui présentait sa nièce, mais elle n’avait rien raconté à Straurius. Celui-ci suivait son éducation et j’étais certaine qu’il savait ce qu’on tentait de lui cacher, mais il se taisait.

À mon tour, j’avais fermé mon esprit à ma mère. Elle ignorait donc que Senu était en route. J’avais beaucoup progressé dans mes dons et je m’apercevais qu’Héloïse était plus forte que moi. À son âge, je n’aurais jamais pu dissimuler quoique ce soit à mes parents. Elle y réussissait à merveille.

Arthus et Charlie suivaient de la même façon le chemin de Senu. La sorcière Shearah avait réussi à fléchir Arthus. Joe devait savoir où était son fils, il était insoutenable à Charlie de le voir bloqué dans son espace-temps.

— Il ne souffre pas et ne se rend compte de rien, affirmait le chat.

Mais Charlie ne voulait plus rien lui cacher. Arthus avait dodeliné de la tête et avait cédé. Lui seul avait le pouvoir de casser l’envoutement, c’est ce qu’il fit.

Faire comprendre à Joe ce qui se passait ne fut pas une mince affaire. Lui qui ne croyait pas aux sorcières ni au surnaturel, fut obligé de se rendre à l’évidence en découvrant dans la boule de cristal de Charlie, son gamin sur le dos d’un aigle. Stefano ne semblait pas souffrir et son regard émerveillé devant les paysages de l’autre monde le rassurait un peu.

Ce qu’Arthus avait omis d’avouer à Joe c’est que Charlie était une très grande sorcière. Il lui suffit d’ouvrir à nouveau son esprit et elle retrouva rapidement l’incantation qui rendit muette sa fille. Elle réussissait ainsi à communiquer avec elle, faisant très attention à ce que Straurius ne se rende compte de rien. Lorsqu’elle était dans son monde, elle s’amusait souvent à le berner. Elle avait toujours admiré son beau-frère et c’était réciproque. Il n’y avait jamais eu d’équivoque entre eux, il était l’homme de sa sœur, mais leur complicité était connue de tous, ce qui expliquait sa colère quand elle avait choisi de partir. C’était lui qui l’avait instruit et donné de précieux conseils, Isaulya n’en avait jamais pris ombrage.

Charlie ferma les yeux et avertit Héloïse que Stefano était proche pour la ramener. Comme elle était muette, ce serait facile pour le petit garçon de ne pas lâcher un mot. Elle lui inculqua aussi comment faire pour parler à l’esprit de Stefano. Restait à savoir comment il réagirait. Elle ne pouvait malheureusement pas le prévenir. Senu pourrait s’en rendre compte et Charlie ne le connaissait pas assez pour lui faire confiance.

Senu était là, il s’arrêta sur le balcon de ma chambre. Je ne pouvais m’empêcher de l’admirer. Stefano posa les pieds au sol. J’ouvris la porte-fenêtre.

— C’est bien ce que je pensais !

Straurius, les bras croisés nous contemplaient.

À suivre …

© Isabelle-Marie d’Angèle (novembre 2023).

À très vite…

Souvenirs d’enfance

Bonjour toi 😉

J’ai trouvé ça ! C’est une idée de l’illustratrice Cécile Dormeau . Bien sûr, je ne dessine pas mais pourquoi pas me souvenir ?

J’ai donc repris mes souvenirs d’enfance du 1 octobre au 11 (aujourdhui).

1 – Les pains au chocolat (pas de chocolatines, j’habitais dans le nord 😁) les briochés !

2 – Ma chienne Blackie, une épagneule noire et feu, elle a vécu 14 ans. C’était mon toutou d’amour 💖, je lui faisais l’école, je la mettais dans mon landau. Elle se laissait faire sans broncher. Je lui mettais des foulards… un amour !

3 – La collection des Alice dans la bibliothèque verte après celle de la Comtesse de Ségur dans la bibliothèque rose.

4 – Ce n’était pas une peluche, c’était un vieux coco. Un poupon qui ne ressemblait à rien 😂. Ses cheveux étaient en brosse, son pantalon était à rayures rouge, c’est ce dont je me rappelle. Un tee-shirt blanc peut-être ?

5 – Grande fan de Sheila dont je copiais les coiffures. Je recopiais ses chorégraphies. Spacer avec son bâton, je n’ai jamais réussi 😂par contre, chanter et danser avec un micro, j’étais la reine. Joe Dassin, lui est indétrônable. C’était le groupe ABBA qui avait aussi ma préférence.

6 – Je n’en sais rien. Ah si peut-être que je dansais bien, ça compte ?

7 – Mon béguin pour les célébrités ? C’était le Bobby Ewing de Dallas 😁 et va savoir pourquoi, je crois me rappeler que j’aimais bien aussi le Gérard Rinaldi des Charlots. Ah oui, il y avait aussi, Mehdi dans le Jeune Fabre 😁😂. Purée, je me souviens, il était très beau avec Véronique Jannot.

8 – Je demandais souvent Est-ce que tu m’aimes ? Cette question tourne souvent dans ma tête encore aujourd’hui.

9 – Jalouse ? Je n’aime pas ce sentiment. Je ne sais pas si j’étais jalouse, je ne le crois pas. Me sentir différente et envier ceux qui étaient Normaux pour moi, est-ce de la jalousie ?

10 – Le beurre. Je ne l’aime toujours pas et je le sens à des kilomètres à la ronde 😂. J’ai fait mon voyage de noces en Normandie 😂. Je n’ai rien pu avaler.

11 – Mon premier jour d’école, où personne n’est venu me chercher. Maman n’avait pas pu et va savoir pourquoi, je suis restée toute seule en attendant qu’on vienne. Il n’y avait pas à l’époque, le CLAE et les agents de service. La cloche sonnait et tout le monde partait et personne ne se souciait si un enfant restait seul. C’est fou comme ça a changé ! Est-ce pour ça que je déteste rester seule ?

Et toi ? raconte-moi !

À très vite…

Bonne fête papa

Bonjour toi 😉

J’ai trouvé cette poésie qui m’a bien plu, je te la partage et je souhaite une très belle fête à tous les papas 💖.

Papa rapluie

Un papa rapluie
Qui me fait un abri
Quand j'ai peur de la nuit

Un papa ratonnerre
Je ne sais pas quoi faire
Quand il est en colère

Un papa rasol
Avec qui je m'envole
Quand il rigole

Un papa tout court
Que je fête en ce jour
Avec tout mon amour
À très vite…

La pomme d’Héloïse

Bonjour toi 😉

Comme c’est le jour des enfants, je retrouve avec plaisir Héloïse qui a une version de Blanche-Neige a te raconter.

Alors que Stefano bricolait avec son père, Héloïse était restée dans la cuisine avec sa maman. Les deux coudes sur la table, elle fixait une belle pomme rouge qui la narguait dans le compotier.

— Elle ressemble à la pomme de Blanche-Neige, murmura la petite fille.

Charlie qui préparait un gâteau demanda :

— Tu as faim ?

— Pas du tout, répondit Héloïse. Tu crois que la pomme était d’accord pour empoisonner Blanche-Neige ?

— Je ne pense pas qu’elle ait eu son mot à dire. Donne-la-moi, je vais la couper en morceaux et la glisser dans ma pâte.

— Mais non, tu vas lui faire mal.

Charlie sourit.

— Tu ne dis pas la même chose quand tu croques dedans à pleines dents.

Héloïse souffla.

— Oui, mais là, c’est pas pareil. Dis maman, imagine que la pomme dans le conte, ait refusé d’être empoisonnée, qu’est-ce qui ce serait passé ? La princesse ne se serait pas endormie et la sorcière n’aurait pas été contente.

— Certainement qu’elle aurait été en colère, peut-être que le sort de Blanche-Neige aurait été pire.

— Pire comment ? Elle aurait été morte vraiment ? Les nains auraient été très malheureux alors !

— Et le prince aussi, ajouta Charlie en faisant un clin d’œil à sa fille.

— Tu sais quoi, je vais écrire une histoire où la pomme raconte ce qui s’est vraiment passé. En fait, la sorcière voulait tuer Blanche-Neige, mais elle n’a pas réussi. Stefano m’a lu une version où un morceau de pomme était resté coincé dans sa bouche. Je suis sûre que la pomme l’avait fait exprès.

— Quelle serait donc ta version, je t’écoute ma puce.

Héloïse se sentit remplie de fierté, surtout quand Charlie abandonna son gâteau et vint s’assoir près d’elle.

— Alors voilà : quand la méchante sorcière commença sa recette pour fabriquer sa pomme, elle était dans une cave froide et laide. Elle mit à chauffer des potions dans un grand chaudron. Seulement, lorsque la pomme prit sa forme, elle devint aussi vivante, parce que la sorcière s’était trompée dans ses mélanges. Tu sais, elle était un peu vieille et elle n’y voyait plus très bien quand elle lisait son gros livre de magie.

Charlie sourit et encouragea sa petite fille à continuer. Elle était toujours ébahie et stupéfaite par l’imagination d’Héloïse.

— La pomme se trouvait bien jolie, toute rouge et brillante, mais elle ne se sentait pas bien. Elle avait mal au ventre, tu sais un peu comme moi quand j’ai mangé trop de bonbons, elle comprit que sa peau n’était pas normale et qu’à l’intérieur d’elle, il y avait quelque chose de méchant. Bien sûr, elle n’avait pas d’yeux, mais sa peau brillait tellement fort parce que la sorcière la frottait pour qu’elle soit belle, que son reflet s’imprima sur sa peau. Elle aperçut les gros yeux de la vieille femme et elle eut tellement peur qu’elle décida de lui faire une farce pour la punir. C’était une pomme chipie !

Charlie eut du mal à garder son sérieux, mais elle respecta Héloïse et la laissa continuer sans l’interrompre.

— Tu te souviens que la sorcière avait mis plusieurs pommes dans un panier. Celle qui devait être empoisonnée était au-dessus. Sauf qu’elle échangea sa place avec une autre et quand Blanche-Neige la choisit et qu’elle l’approcha de sa bouche, elle lut sur la peau de faire semblant de mourir. Comme Blanche-Neige était très intelligente, elle joua la comédie sans poser de questions. C’est pour ça qu’elle met sa main à son front et qu’elle dit qu’elle ne se sent pas bien. Quand la sorcière est partie, Blanche-Neige se relève et ramasse la pomme tombée au sol. Elle la remercie. C’est alors que la pomme se change en prince charmant.

Charlie applaudit, mais elle fut vite remise à sa place, l’histoire n’était pas finie.

— Attends, et la méchante alors ? Figure-toi qu’elle aussi avait faim et comme elle avait un panier rempli de pommes, elle choisit évidemment celle qui était empoisonnée. Elle mourut dans d’atroces souffrances.

Charlie éclata de rire.

— Tu en as du vocabulaire dis-donc ! Atroces souffrances, rien que ça !

— Mathurin le dit tout le temps quand il parle de sa belle-mère qui a d’atroces souffrances dans ses jambes. Comme elle se plaint tout le temps qu’il dit, elle doit avoir sacrément mal !

Charlie se leva pour terminer son gâteau, cachant un sourire. Effectivement, la belle-mère du voisin était réputée pour être hypocondriaque et elle répétait à tout va que personne ne comprenait ses atroces souffrances, Héloïse avait bien compris le terme et l’avait placé exactement où il fallait dans son histoire.

— Du coup, on prend quelle pomme pour la couper dans ton gâteau ? demanda Héloïse, la moche toute ridée là ?

Elles rirent toutes les deux, complices.

© Isabelle-Marie d’Angèle (juin 2023)

À très vite…

Stefano et Héloïse partent en week-end

Bonjour toi 😉

Héloïse et Stefano ne tenaient pas en place. Papa Joe était parti chercher le camping-car. Ils avaient vu les photos sur le catalogue, ils avaient compris qu’ils allaient dormir tous ensemble dans le camion comme l’appelait Héloïse.

Charlie avait eu beau répéter à sa fille que ça ne lui ressemblait pas du tout, Héloïse n’en démordait pas, c’était plus grand qu’une voiture, donc c’était un camion.

Grande première, ils partaient deux jours à la mer. Stefano avait préparé ses affaires, le minimum, un seau et une pelle rouge. Il connaissait la mer pour y être déjà allé avec sa maman.

Héloïse n’avait quant à elle jamais vu ni mer ni océan, ce qui expliquait son enthousiasme débordant.

Quand elle aperçut Papa Joe qui franchissait le portail, elle se mit à danser de joie. Qu’il était beau, ce camion blanc et jaune. Elle s’approcha une fois que Joe eut éteint le moteur.

Effectivement, ça ne ressemblait pas à un camion, c’était plus petit.

— Tu veux visiter ?

Elle grimpa la marche et découvrit l’intérieur. C’était comme une maison de poupée, mais plus grande.

— Tu vas réussir à passer ta tête ?

Héloïse s’inquiétait. Joe était grand, quand il serait dans ce qui ressemblait au salon, il prendrait toute la place.

Charlie et Stefano vinrent les rejoindre. Quand ils se trouvèrent tous les quatre dans l’habitacle, Héloïse battit des mains.

— C’est trop génial, on est tout serré les uns contre les autres. Et toi tu vas conduire là, et nous, on sera assis là ?

Elle montrait les sièges arrière. Elle n’en revenait pas. Stefano était tout aussi ébloui. Il n’en avait jamais vu de si près.

Charlie commença à amener la vaisselle qu’elle rangea dans les tiroirs et les placards.

— Il y a même la télé !

Stefano ouvrit de grands yeux. C’était trop génial.

— On pourra regarder pendant que tu conduis ?

— Non, vous serez attachés comme dans la voiture. Pas question que je sois distrait par vos cris et vos rires devant un dessin animé. Nous ferons comme d’habitude, vous jouerez avec Charlie à trouver des mots et puis, découvrir le paysage, c’est bien aussi, d’autant plus que nous n’avons pas mille kilomètres à faire.

— Ouais, mais toi tu joues et tu gagnes tout le temps, grogna Stefano.

Charlie ayant tout préparé ainsi que les sacs de voyage, Joe n’eut qu’à tout charger à l’arrière. Le terre-neuve sauta lui aussi dans le camping-car et les enfants éclatèrent de rire. Il prenait toute la place.

La maison était fermée, Mathurin, le voisin passerait voir si tout allait bien. Ils ne partaient que deux jours quand même !

Dès que l’immensité bleue apparut, Héloïse ne dit plus un mot. Alors qu’elle n’avait cessé de chanter et de poser tout un tas de questions sans attendre les réponses, elle se tut d’un coup. Joe se gara sur un parking d’où on pouvait voir la plage et les vagues. Héloïse regardait sans pouvoir détacher ses yeux de ce qu’elle découvrait. Stefano descendit et respira à pleins poumons l’air iodé. Il se rappelait et son cœur battait la chamade. Au contraire de la petite fille, il gardait pour lui tout ce bonheur. Héloïse était différente, il fallait qu’elle extériorise ce qu’elle ressentait.

Alors que Charlie lui tendait la main pour qu’elle rejoigne, Héloïse fronça les sourcils. Il y avait quelque chose qui clochait. Elle regarda mieux.

— Dis… pourquoi la mer, elle monte et elle descend ?

Stefano répondit fier de son savoir :

— C’est à cause de la lune, elle attire l’eau vers elle.

Héloïse se tourna vers lui et l’apostropha :

— Alors là, n’importe quoi ! Elle est où la lune ? Et comment elle ferait, hein, pour attirer l’eau, elle n’a pas de bras.

© Isabelle-Marie d’Angèle (juin 2023).

À très vite…

Héloïse et le petit chaperon rouge

Bonjour toi 😉

Rödluvan (little red riding hood), illustration by Sofia Gregersen Cardell

Le plaisir d’Héloïse était lorsqu’on lui racontait une histoire, c’était de tout changer et d’inventer autre chose.

Elle connaissait par cœur celle du Petit Chaperon rouge, mais Héloïse avait beaucoup d’imagination. Voici ce qu’elle lu à Stefano.

Il était une fois une petite fille qui aimait bien s’habiller en rouge. Sa maman lui avait cousu un manteau et un bonnet de cette couleur. Comme elle avait fait de la confiture, elle lui proposa d’en porter à sa grand-mère.

— Tu ne parleras pas à des inconnus, dit maman. Et passe à la boulangerie prendre une baguette, ça fera plaisir à Mamie.

Le petit chaperon rouge fit ce que sa maman lui dit. Mais, le pain frais lui faisait tellement envie que pendant le chemin, elle en grignota le crouton, puis un autre bout. Elle pensa qu’avec de la confiture ce serait encore meilleur, elle s’assit sur le bord du trottoir et ouvrit le pot. C’est alors que des petits oiseaux se groupèrent autour d’elle pour manger les miettes.

— Bon appétit petite fille, dit un monsieur qui s’arrêta devant elle.

Elle ne répondit pas parce que sa maman lui avait défendu de parler à des inconnus.

— Tu veux bien me faire goûter ta confiture ? C’est quel parfum ?

Le petit chaperon rouge tendit le bout de pain qu’elle allait mettre à la bouche. Stupéfaite, elle regarda l’homme se transformer en loup.

— Ah ben ça alors ! qu’est-ce qu’elle était bonne ta confiture, mais que vais-je devenir en loup moi !

— Tu es gentil ou méchant ? demanda-t-elle.

— Je n’en sais rien. Normalement, je suis gentil, mais là, mystère !

— Viens avec moi dans le bois, je vais te montrer la maison de ma grand-mère, tu verras bien si tu as envie de la manger ou pas.

— Je crois avoir lu cette histoire et ça finit mal, je ne veux pas perdre ma peau.

— C’est mon histoire, tu ne peux pas connaitre la fin, c’est moi qui décide.

— Tu sais, les animaux comme moi, les hommes ne les aiment pas trop. Et ta grand-mère va avoir peur de moi.

Le petit chaperon rouge enleva le foulard de la même couleur qu’elle avait autour du cou et entoura celui du loup.

— Avec ça, tu es comme un chien apprivoisé. Viens avec moi.

C’est alors qu’un garçon s’approcha d’eux.

— Tu n’aurais pas vu mon grand-père ? Il devait m’attendre ici pendant que j’achetais du pain. C’est la première fois que je fais les courses tout seul.

Le petit chaperon rouge se gratta la tête. Elle ne savait pas trop comment elle allait se sortir de ce guêpier.

— C’est moi ton grand-père, murmura le loup.

Le gamin se mit à pleurer et ses larmes faisaient de grosses billes qui coulaient sur la patte de l’animal. Il redevint alors normal.

Le petit chaperon rouge se leva puis essuya les miettes qui collaient à ses lèvres et elle se rendit compte qu’elle avait mangé tout le pain et la confiture.

Stefano éclata de rire :

— Sacrée gourmande, ça ne m’étonne pas de toi. Mais ça n’a plus rien à voir avec l’histoire.

— C’est grave ? Moi, j’aime pas trop quand les loups sont méchants et dévorent les mamies, et puis ils ont dit à la télé qu’il fallait tout changer les mots dans les livres. Alors voilà, c’est fait !

© Isabelle-Marie d’Angèle (mai 2023)

À très vite…

Stefano et son papa

Bonjour toi 😉

Je retrouve avec plaisir mes petits personnages et je te partage le bavardage de Stefano avec son papa.

Stefano aidait son papa à installer un récupérateur d’eau. Ils étaient seuls, les filles étaient parties faire du shopping comme disait Charlie. Celle-ci avait décidé de rhabiller sa fille, Héloïse ravie ne s’était pas fait prier. Charlie aurait bien voulu entrainer avec elles Stefano, car ce n’est pas Joe qui allait s’en charger, mais le gamin avait préféré rester bricoler avec son père.

— On ira tous les deux, hein papa, je préfère quand on est entre hommes pour m’habiller.

Joe qui tenait en équilibre sur son échelle, un tournevis dans la bouche, grommela un vague oui.

— Hein t’es d’accord ? Un jean et un sweat ça me suffit. Avec Charlie, il faut toujours trouver une chemise assortie, puis un tee-shirt et un autre pantalon, et j’en ai marre d’essayer.

Joe descendit et regarda son gamin.

— Il y a un problème avec Charlie ?

C’était bien la première fois que Stefano parlait ainsi de la jeune femme.

— Mais non !

Il connaissait bien son fils qui commençait à se dandiner d’un pied sur l’autre, les mains dans le dos.

— Tu es sûr ? Tu peux m’en parler, je sais garder un secret.

— Ouais mais t’es amoureux et quand on est amoureux on est neuneu.

Joe éclata de rire.

— Tu as l’air de bien t’y connaitre ma foi ! Alors comme ça, je suis neuneu et tu entends quoi par-là ?

Il ne répondit pas puis il fixa son père dans les yeux.

— Dis, tu vas te marier avec Charlie ? Je te préviens, je ne veux pas porter de costume ni de cravate.

Stupéfait, Joe s’assit à même le sol et invita le petit garçon à venir le rejoindre. Il passa un bras autour de ses épaules et le serra contre lui.

— Raconte-moi ce qui te tracasse et je te rassure tout de suite, il n’est pas question de mariage pour le moment. Charlie et moi n’avons jamais abordé le sujet.

— Oui mais tu sais bien qu’avec elle, d’un coup de baguette magique, elle nous retourne comme une crêpe.

— Pas contre notre volonté, jamais, tu le sais bien.

— C’est bien ce que je dis, tu vois rien, t’es amoureux.

— Tu trouves que j’ai changé ? Je ne suis plus le même avec toi ? Pas assez présent ? Tu penses que je la laisse trop s’occuper de toi ? Je n’en ai pourtant pas l’impression et Charlie ne se permet jamais de te faire de réflexions.

Stefano soupira. Joe se recula pour le regarder.

— De quoi as-tu peur ? L’histoire du costume n’est qu’un prétexte. Je n’oublierai jamais ta maman, je te l’ai déjà dit, et Charlie ne la remplacera pas. Alors de quoi as-tu peur ? Que je t’aime moins ?

Au soupir du petit garçon, il comprit qu’il avait touché un point sensible.

— Tu sais trésor, un cœur c’est grand comme ça, reprit Joe en étirant les bras, et le mien, tu as vu comme il peut être énorme. Alors, j’aime Charlie oui mais d’un amour différent de celui dont j’ai aimé ta maman, puis toi, je t’aime fort autrement, et puis j’aime aussi encore différemment Héloïse. Il y a de la place pour tout le monde dans mon cœur, mais tu sais… toi, tu auras toujours la première place.

Stefano se jeta dans les bras de son père.

— Tu promets ?

— Croix de bois croix de fer, si je mens je vais en enfer.

Stefano ajouta tout bas

— Pour le reste aussi tu promets ? Pas de costume hein, si jamais tu changeais d’avis pour le mariage.

Joe éclata de rire et embrassa tendrement son fils

— Alors, on la continue cette installation de récupérateur d’eau ?

© Isabelle-Marie d’Angèle (mai 2023)

À très vite…

Héloïse veut faire du vélo

Bonjour toi 😉

Mercredi, jour des enfants, c’est avec plaisir que je retrouve mes petits personnages Héloïse et Stefano.

Héloïse aimerait bien faire du vélo. Stefano voulait lui prêter le sien.

— Non, j’en veux pas, c’est un de garçon.

Stefano haussa les épaules, il ne voyait pas la différence.

– Il est bleu.

— Ne me dis pas que tu en veux un rose ?

Joe qui avait entendu la conversation intervint :

— Il y a longtemps que c’est fini cette histoire, du rose pour les filles et du bleu pour les garçons.

— C’est pas vrai. Mes copines, elles ont des vélos roses.

Papa Joe fronça les sourcils et Charlie qui passait par là éclata de rire.

— Héloïse, je t’ai bien vu jouer au foot pas plus tard qu’hier. C’est pourtant un jeu de garçons non ?

La petite fille ouvrit de grands yeux et brava sa mère.

— C’est pas pareil, il y a des équipes de filles dans le football.

— Et ? insista Papa Joe.

— Ben… je veux un vélo rose voilà.

Joe et Charlie rirent de concert. Stefano y ajouta son grain de sel.

— Dis plutôt que tu préfères avoir un vélo neuf à toi que d’avoir le mien trop petit pour moi.

Héloïse se dandina d’un pied sur l’autre. Elle était démasquée. Charlie lui proposa :

— Nous ne savions pas que tu avais envie de faire du vélo, tu n’en avais jamais parlé, ce qu’on peut faire c’est que tu essaies sur celui de Stefano et si ça te plait et que tu débrouilles, promis, tu pourrais choisir celui dont tu rêves.

— Le vélo de mon fils est en très bon état, ajouta Joe qui ne trouvait pas utile d’en acheter un nouveau qui dans un an serait devenu trop petit. Il préférait attendre, mais il se tut.

Héloïse accepta du bout des lèvres. Joe vérifia la selle et l’ajusta à la taille de la fillette. Elle n’était jamais montée sur une bicyclette aussi papa Joe remarqua :

— Je crois me rappeler où sont rangées les petites roues, ça serait plus facile pour commencer.

Héloïse n’était pas d’accord, elle voulait être une grande tout de suite. Pour montrer qu’elle savait faire et surtout qu’elle pourrait avoir rapidement un vélo bien à elle, elle grimpa sur l’engin. Charlie tenta de lui tenir la selle et d’avancer avec elle, de peur qu’elle tombât n’ayant peut-être pas encore l’équilibre, mais Héloïse donna un gros coup de pédale et la voilà partie.

Surpris, Stefano qui avait failli être renversé se recula en criant alors que Papa Joe et Charlie, ébahis, contemplèrent Héloïse, très fière d’elle qui s’échappait par le portail.

Surpris, Stefano qui avait failli être renversé se recula en criant alors que Papa Joe et Charlie, ébahis, contemplèrent Héloïse, très fière d’elle qui s’échappait par le portail.

Affolée, Charlie se mit à courir derrière elle. Il ne passait pas souvent des voitures sur ce chemin, mais il suffisait que Mathurin rentrât avec son tracteur et c’était l’accident, mais Héloïse revint toute guillerette. Elle posa pied à terre et afiirma à Stefano.

— Je ne l’ai même pas abimé, il roule super vite. Merci.

Elle se tourna vers Papa Joe et sa maman.

— Alors, on y va quand choisir mon vélo ?

Charlie fronça les sourcils, sa fille la regardait d’un air frondeur qui ne lui plut pas.

— On a le temps et tu serais gentille de nous parler sur un autre ton s’il te plait. Ce vélo, comme tu l’as dit toi-même, fonctionne très bien. Il peut faire l’affaire pour quelques jours, histoire de voir comment tu te comportes avec lui. D’ailleurs, ce serait bien que dès que serons tous disponibles, nous partions faire une promenade ensemble, ce serait l’occasion de t’inculquer quelques règles du Code de la route. Tu n’as pas été très prudente de sortit ainsi sans regarder.

Héloïse baissa la tête. Elle n’avouera pas qu’elle n’avait jamais fait de vélo de sa vie.

— Je te parle, Héloïse.

Papa Joe voudrait intervenir, ce n’était pas non plus une catastrophe, mais le ton qu’avait employé Charlie le stoppa dans son élan. C’était une histoire entre ses deux femmes et il sentait qu’il ne devait pas s’en mêler. Le regard de Charlie quand elle fixait sa gamine, il l’avait déjà vu, il le mettait toujours mal à l’aise comme si elle détenait un pouvoir particulier.

— Pardon maman.

Stefano se gratta la tête, il avait la même mimique que son père. Décidément, c’était à n’y rien comprendre avec les filles. Il était pourtant certain qu’Héloïse n’avait jamais fait de vélo.

Il en fut encore plus convaincu quand celle-ci passa devant lui et lui fit un clin d’œil.

© Isabelle-Marie d’Angèle (Mai 2023).

À très vite…

La cabane d’Héloïse et Stefano

Bonjour toi 😉

Journée des enfants, je te laisse avec mes petits héros Héloïse et Stefano. Parfois au détour d’une phrase, la vérité sort de la bouche des enfants 😉😊.

C’était le grand jour, Papa Joe construisait la cabane de Stefano et Héloïse.

Les gamins s’étaient levés de bonne heure, pas de grasse matinée alors que c’était mercredi. Le petit déjeuner avait été avalé à une vitesse grand V. Charlie n’eut même pas de réflexions à faire, les mains étaient lavées, les bouches essuyées, les bols portés sur le lave-vaisselle et la table débarrassée. Joe fit un clin d’œil amusé à sa moitié d’un air de dire que si c’était tous les jours comme ça, ce serait merveilleux.

— Nous sommes prêts.

Héloïse en salopette, casquette sur la tête l’attendait de pied ferme avec un papier à la main. Elle lui tendit et du haut de ses six ans, elle interrogea Joe sérieusement :

— Tu vas suivre mon plan hein ? Je t’ai tout écrit là.

Elle indiqua sur sa feuille les différents dessins. Joe saisit ce qui ressemblait à un plan. Effectivement, une cabane était bien représentée. Il fronça les sourcils.

— Il n’était pas question qu’elle soit installée en haut d’un arbre.

Charlie s’approcha et posa son menton sur l’épaule du grand gaillard. Elle bouscula son chapeau pour mieux voir. Joe avait tout l’air d’un cow-boy même le matin de bonne heure.

Elle murmura :

— Ce serait dangereux non ?

Héloïse montra l’escalier.

— Ah parce qu’en plus, il faut faire des marches ? demanda Joe.

— Comment veux-tu qu’on y monte sinon ?

Les yeux grands ouverts de la gamine le fixaient. Il se sentit idiot d’avoir posé la question.

Stefano regarda son père en haussant les épaules d’un air de dire qu’il n’y était pour rien.

Charlie interrogea la fillette :

— Sur quel arbre avez-vous imaginé cette cabane ?

Les enfants se tournèrent l’un vers l’autre. Ils avaient de ces questions les adultes. N’empêche qu’ils n’y avaient pas réfléchi.

— Ok, j’apporte tout le matériel et on voit ensemble ce qu’on peut faire, proposa Joe qui n’avait quand même pas que ça à faire.

Charlie leur emboita le pas. Elle devait y mettre son grain de sel. C’était elle qui s’était occupée de l’achat du bois malgré les dires de son homme qui ne cessait de répéter qu’elle ne trouverait pas ce qu’il fallait. Pourtant, il la laissa faire. Charlie était la reine du bricolage, il avait déjà remarqué qu’elle avait des doigts de fée et que tout ce qu’elle touchait s’arrangeait sur l’heure.

Les enfants aidèrent Joe à porter les planches sur la remorque du tracteur. Il y déposa son énorme boîte à outils. Héloïse adorait la regarder. Elle lui faisait penser au grand sac de Mary Poppins en moins joli. Joe en sortait tout un tas d’objets qui servait tous à quelque chose. Quand il fouillait à l’intérieur, ça faisait un drôle de bruit et il n’en fallait pas plus pour que la petite fille s’imagine une histoire. Elle se demanda si Dame Tournevis et Seigneur Marteau étaient réveillés.

Ils grimpèrent à côté du siège, Charlie marchait à côté d’eux, accompagnée du chien Texas qui gambadait autour d’elle.

Héloïse désigna le platane qui trônait au milieu du pré peu éloigné de la maison.

— Là, papa Joe, la cabane sera bien.

Il fronça les sourcils. Il n’avait pas pensé à cet arbre, il le regarda mieux en s’approchant. Il n’avait jamais remarqué ses branches qui s’élançaient vers le ciel de cette façon.

— Tu vois, tu fais une échelle et hop !

Il grommela :

— Y a qu’à évidemment. Avec ton crayon, c’est toujours facile.

Mais, il arrêta son tracteur et descendit en sifflotant. Héloïse et Stefano sautèrent de l’engin très excités.

Heureusement que Charlie était avec eux, le travail avançait vite et la cabane prenait forme. Joe ne comprenait pas tout et surtout pas comment les enfants avaient de telles facilités pour emboiter les planches les unes aux autres. Charlie lui dit que le vendeur lui avait vanté ce matériau et qu’il était fait exprès pour le montage rapide de ce genre de construction.

Depuis que Charlie était entrée dans sa vie, Joe s’interrogeait tous les jours sur les dons qu’elle développait. Certes, elle était douée mais quand même ! Cartésien comme il l’était, des choses incompréhensibles pour lui le titillaient souvent, mais devant le sourire angélique de Charlie et son regard limpide, il baissait les armes et abandonnait la partie qu’il savait perdue d’avance.

La cabane était terminée… dans l’arbre. Joe n’en revenait pas. Charlie avait insisté pour la monter et la consolider au milieu du platane qui semblait s’écarter au fur et à mesure que l’habitation des enfants s’installait. Ne restait que l’échelle de corde à accrocher.

— Ah et il ne faudra pas oublier les poubelles pour le tri, dit Héloïse d’une voix ferme. Le Maître à l’école nous a bien expliqué.

— Ben voyons, et je vais les trouver où ? grogna Joe.

— Ne fais pas ton hérisson, répondit calmement Charlie. Regarde, j’avais prévu.

Elle montra les boites avec des couvercles de différentes couleurs. Elle désigna, la jaune pour le plastique, la verte pour les ordures, la bleue pour le carton, et le composteur pour les épluchures.

— Mais ?

Joe souleva son chapeau pour se gratter la tête et demanda :

— Parce que tu crois que les enfants vont manger ici et avoir besoin de toutes ces poubelles.

— C’est pour faire comme une vraie maison, lui répondit avec aplomb Héloïse.

— CQFD, ajouta Stefano.

— Merci Papa Joe.

Héloïse planta deux grosses bises sonores sur ses joues puis elle tapa des mains.

Elle regarda Joe accrocher l’échelle de corde, puis elle le vit retourner à son tracteur. Curieuse, elle le suivit.

— Oh, une balançoire !

Elle ne put réprimer sa joie et se mit à tourner comme une toupie, les bras écartés, pendant que Joe installait à une autre branche la balançoire. Il vérifia la solidité et invita les enfants à l’essayer. Stefano s’y assit le premier et s’élança. Héloïse en admiration le regardait, ébahie.

— Tu me pousseras au début, je ne sais pas trop faire encore.

Joe entoura les épaules de Charlie et tous deux contemplèrent les gamins dont les joues rouges et les yeux brillants exprimaient leur bonheur.

C’est alors qu’ils entendirent le camion poubelle s’arrêter devant la maison. Héloïse le regarda et dit :

— Bientôt, ils ne vont plus avoir de travail, on leur fait tout le boulot.

Et Joe ajouta in petto et en plus on paie plus cher ! Charlie lui fila un coup de coude pour le faire taire. Il sourit mais il n’en pensait pas moins.

© Isabelle-Marie d’Angèle (avril 2023).

À très vite…