Héloïse et le rêve de Noël

Bonjour toi 😉

Noël approche à grands pas et te souviens-tu de l’histoire d’Héloïse et Stefano, tu peux la retrouver ici. Voici la fin 👇.

Charlie avait le don pour décorer la maison de papa Joe. Héloïse était en admiration. Tout ce que touchait sa maman se transformait en quelque chose de magnifique. Héloïse était certaine que jamais la maison de papa Joe n’avait été aussi belle.

Stefano approuvait et ses yeux brillaient. Il se rappelait vaguement que lorsque sa maman était encore là, son père allait chercher un sapin pour le garnir de boules multicolores. Mais aujourd’hui il était triste, petit à petit ses souvenirs s’estompaient et Charlie prenait toute la place.

Ils étaient bien allés tous les quatre choisir le bel arbre vert chez un l’horticulteur, ami d’enfance de Joe. Ils avaient eu du mal à se décider, mais ils étaient finalement tombés d’accord sur un sapin qui trônait dans la pièce à vivre, à savoir la grande cuisine avec son immense cheminée. Il y en avait bien une autre qui faisait office de salon, comme l’appelait pompeusement Joe, parce qu’elle avait un canapé où les chats aimaient s’y blottir et que la télé qu’ils allumaient rarement était installée, mais vu qu’ils y passaient peu de temps, l’arbre avait pris sa place là où Charlie faisait mijoter ses petits plats.

Héloïse avait ouvert la fenêtre de son calendrier de l’avent. Deux jours restaient avant Noël. La maison était prête, Charlie avait sorti la farine, les œufs et les emporte-pièces pour les biscuits. Héloïse s’accouda à la table et ferma les yeux. Deux jours avant de savoir si son rêve allait se réaliser.

— Tu es occupée Charlie ?

Une bourrasque s’engouffra dans la cuisine quand Papa Joe entra. Héloïse était en admiration devant lui. Il enleva son chapeau et secoua ses boucles emmêlées. Il s’approcha de la jeune femme, lui piqua un baiser sur la joue et ébouriffa au passage la tête de la petite fille.

— Je t’emmène.

Il siffla son chien pour qu’il rentre.

— Toi aussi Héloïse, tu me guideras dans mon choix. Stefano est déjà dans mon carrosse.

Charlie essuya ses mains au tablier qu’elle quitta rapidement et sans s’interroger davantage saisit son manteau et le suivit. Héloïse posa son bonnet à pompon de guingois sur sa tête et enfila à la hâte sa doudoune rouge.

— Tu sais où on va ? murmura la gamine à l’oreille de Stefano.

— Aucune idée.

Ce n’était pas souvent qu’ils allaient au village. Les deux enfants ébahis découvrirent alors le traineau du père Noël. Charlie descendit rapidement du 4×4 et se dirigea vers le bonhomme à la barbe blanche.

Héloïse le reconnut, c’était celui de son rêve. Son petit cœur s’accéléra surtout quand il la vit et lui fit un clin d’œil. Charlie leur fit signe.

Stupéfaits, Stefano, Héloïse et Joe furent invités à s’asseoir dans le traineau.

— Pourquoi il fait nuit ? murmura Stefano à l’oreille d’Héloïse.

Charlie qui avait entendu répondit aussitôt :

— N’est-ce pas mieux pour voyager dans le ciel ?

Le vieil homme s’installa à l’avant.

— Vous êtes bien au chaud ?

Les plaids rouge et blanc recouvraient les enfants. Joe enfonça son chapeau sur les oreilles et saisit la main de Charlie.

Comment était-ce possible ? Héloïse serrée contre Stefano ouvraient grandes ses mirettes. Ils voyageaient dans le ciel, à bord d’un traineau tiré par quatre rennes. Jamais, elle n’avait pensé que ça pouvait arriver. Elle pouvait presque toucher les étoiles.

Soudain il amorça une descente et se posa délicatement dans la neige. Entouré de sapins, c’était le calme absolu.

— Je m’occupe de mes bêtes, je reviens.

Le vieillard encore leste pour son âge, mais d’ailleurs quel âge avait-il ? Héloïse pensait qu’il était très très vieux, mais après tout, elle n’en savait rien.

Ils se retrouvèrent seuls, tous les quatre, autour d’un feu qui crépitait. Qui l’avait allumé ? Ils s’assirent près des flammes qui grimpaient haut dans le ciel noir. Joe avait d’assez grands bras pour serrer contre lui Charlie et les deux enfants. Il murmura :

— Vous ai-je déjà dit que je suis le plus heureux des hommes ?

Il regarda Stefano.

— Je t’aime tellement mon fils.

Il essuya une larme qui perlait au bord des cils de son gamin.

— C’est le froid, dit Stefano bravement.

Joe fit mine de le croire.

— Et toi mon petit lutin, dit-il en s’adressant à Héloïse, depuis que tu es entré dans ma vie, tu es un rayon de soleil au quotidien. J’ai quelque chose à te demander, mais avant il faut que j’aie l’accord de ta maman.

Il saisit la main de Charlie et plongea son regard dans celui de la jeune femme.

— Accepterais-tu de devenir ma femme ? Je sais bien que c’est désuet et je ne suis pas très fort pour les demandes en mariage, mais…

Charlie l’interrompit :

— Oui.

Le feu crépita et le vieillard en rouge réapparut.

— Ah je vois que vous vous êtes mis au chaud. Mes rennes sont prêts à repartir, vous aussi ?

— Héloïse ? Tu dors ?

Charlie regardait sa gamine accoudée toujours à la table.

— Je croyais que tu allais m’aider pour les biscuits, mais…

Héloïse se frotta les yeux. Elle avait encore rêvé. Elle soupira.

Une bourrasque s’engouffra dans la cuisine quand Papa Joe entra. Il avait un drôle d’air. Stefano était derrière lui.

La voix cassée il enleva son chapeau et déposa un petit cadeau sur la table. Devant la mine surprise de Charlie, il haussa les épaules et dit :

— Je n’ai pas la patience d’attendre Noël, depuis ce matin, je tourne en rond. J’ai fini par en discuter avec mon fils et nous sommes tombés d’accord, je… t’offre ta surprise aujourd’hui, comme ça tu l’auras pour… enfin… si tu veux bien…

Héloïse n’avait jamais vu Papa Joe comme ça, il se tordait les mains comme elle quand elle avait fait une bêtise et qu’elle ne savait pas comment l’avouer.

— Vas-y papa, fais pas ta mauviette.

Stefano poussait son père vers Charlie.

Joe tendit la petite boite enrubannée de rouge à la jeune femme. Elle s’essuya les mains, les joues rosies de plaisir.

— J’adore les surprises.

Délicatement, elle enleva le ruban et commença à déplier le papier. Héloïse admirait sa mère. Elle, elle déchirait toujours tout, trop impatiente. Maman, elle, prenait tout son temps et c’était à chaque fois pareil.

Charlie ouvrit le petit couvercle de la boîte. Un anneau apparut, tout simple. Héloïse se pencha et le découvrit en même temps. Elle se frotta les yeux et se pinça, histoire d’être certaine que ce n’était pas encore ce fichu rêve qui revenait.

Joe balbutiait :

— Ce n’est pas trop mon truc les demandes en mariage, mais…

— Bref, papa aimerait bien qu’on forme une vraie famille, l’interrompit Stefano qui avait honte de son père, lui toujours si sûr de lui. Moi, je suis d’accord, même si je n’oublierai jamais ma maman, mais je veux bien que tu deviennes un petit peu la mienne.

Charlie se jeta dans les bras de Papa Joe. Héloïse baissa la tête, c’est certain, elle allait se réveiller.

— Et toi mon petit lutin, j’aimerai savoir… Papa Joe saisit son visage et la regarda tendrement, si ta maman veut bien, accepterais-tu que je devienne ton papa même si…

Héloïse éclata en sanglots, se blottit contre lui et hoqueta :

— C’est le plus beau Noël de ma vie.

Charlie proposa alors d’aller fêter ça au village peut-être y aurait-il une surprise.

C’est en arrivant sur la place que les enfants émerveillés découvrirent le traineau du père Noël.

Héloïse s’échappa des mains de Charlie pour courir vers lui bousculant au passage les gamins qui souhaitaient lui parler. Elle se jeta dans les bras du bonhomme en rouge et lui murmura un merci tremblant dans les oreilles. Le vieux monsieur à la barbe blanche la regarda de ses yeux plissés, esquissa un sourire et la serra dans ses bras.

© Isabelle-Marie d’Angèle (décembre 2022).

À très vite…

Héloïse, Stefano, les lutins et le Père Noël

Bonjour toi 😉

Pourquoi ne pas terminer le mois de novembre avec une histoire d’Héloïse et Stefano. Je t’ai déjà parlé de ces personnages dont je n’ai rien publié ici 😁 mais ils existent bel et bien. Va donc voir ici

Comme c’est le jour des enfants et que demain c’est le 1er décembre et le début de mon calendrier pourquoi ne pas commencer avec le rêve d’Héloïse ?

Quand Héloïse ouvrit les yeux, elle fut surprise de se retrouver dans son lit. Elle se rappelait qu’elle avait eu froid parce qu’elle avait fait du chien de traineau.

Sérieux ? Il fallait qu’elle raconte ça à Stefano, même s’il se moquait d’elle, il l’écouterait sans broncher.

Elle enfila ses pantoufles, un pull au-dessus de son pyjama et descendit l’escalier. Personne ! Tant mieux ! Elle remonta dans sa chambre et s’habilla en vitesse : Tee-shirt rouge sweat assorti, jupe en jeans et leggins noirs.

Elle brossa ses cheveux parce que maman Charlie ne rigolait pas avec ça et repartit à la course.

— Combien de fois t’ai-je dit de ne pas courir  !

Papa Joe se servait un café dans la cuisine. Elle ne l’avait pas vu. Il s’approcha pour l’embrasser.

— Bien dormi ?

Elle répondit à son baiser et demanda aussitôt où était Stefano.

Papa Joe lui fit signe que son fils était attablé sous la véranda, plongé dans un bouquin.

Elle s’approcha de lui en faisant attention de ne pas le déranger, mais le petit garçon leva la tête et lui sourit.

— Enfin tu es debout ?

Elle murmura à son oreille :

— J’ai fait un rêve merveilleux. J’étais au pays du père Noël. Tu veux que je te raconte ?

Stefano lâcha son livre et écouta. Héloïse se cala contre lui et de sa voix cristalline commença :

J’avais des frissons alors je me suis réveillée pour me couvrir. En fait, j’étais dans une forêt et il y avait de la neige. Un petit bonhomme tout habillé en vert avec un bonnet à grelot rouge s’est approché de moi.

— Tu es venue pour l’embauche ? D’habitude il n’y a pas de fille, mais comme il manque du monde en ce moment, je ne pense pas que le patron fasse le difficile.

Je ne comprenais rien à ce qu’il me racontait et je ne savais pas de quoi il parlait. Il s’en rendit compte parce qu’il me trouva bien petite. Pourtant, il dit :

— Tu n’es pas un lutin toi !

Je n’osais pas répondre et me mis à trembler. Du coup, il tapa dans ses mains et un traîneau tiré par quatre grands chiens apparut. Le lutin me fit grimper dedans et m’emmitoufla dans la couverture qu’il y avait. Il enfonça un bonnet sur ma tête comme le sien et donna un ordre aux animaux.

Ils démarrèrent aussitôt et moi j’étais bien au chaud et je regardais le paysage magnifique. Ils se sont arrêtés devant une grande maison tout illuminée. Je te garantis qu’il y avait du bruit et du monde à l’intérieur. Je suis descendue et j’ai collé mon nez à la fenêtre. Imagine un peu ! Il y avait plein de lutins qui fabriquaient des cadeaux.

— Au lieu de faire ta curieuse, tu ferais mieux de rentrer avant de tomber malade. Je ne sais pas si tu as compris qu’il faisait -20° ici.

Il faisait rudement chaud dans la pièce et ça sentait trop bon, comme une odeur de bonbons et de chocolats. C’était magique !

— Surtout, ne fais pas de bruit, le patron dort encore. Il se repose.

J’ai failli rigoler parce que du bruit, il y en avait plein. Je crois que le lutin avait compris, il me dit à l’oreille.

— Si tu parles, le patron saura que tu n’es pas un lutin. Nous n’avons pas le même langage que toi.

— Mais je comprends ce que tu dis.

— Oui parce que je suis le chef et que mon rôle est de surveiller ce qu’il se passe à l’extérieur et je parle toutes les langues. Je t’ai entendue arriver. Suis-moi, regarde et ne touche à rien.

Tu ne peux pas savoir Stefano comme c’était beau de voir tous ces petits bonhommes se dépêchaient pour fabriquer et emballer tous les cadeaux qui allaient être distribués.

— Tu as vu le mien ? l’’interrompt son petit compagnon.

Héloïse ouvrit de grands yeux horrifiés et répondit très sérieusement.

— Mais je n’ai pas le droit de te le dire voyons ! Je continue.

Il y avait des poupées, des ours en peluche, des camions, des voitures, des jeux de société, des ordinateurs, des déguisements, des livres de coloriage, c’était magnifique.

J’ai même vu la fabrique de chocolats et de biscuits de Noël. Et c’est là que tout s’est gâté.

— Je parie que gourmande comme tu l’es, tu as voulu goûter.

Héloïse baissa les yeux et reprit son histoire.

Je n’avais même pas encore trempé un doigt dans le chocolat qu’une grosse voix a crié :

— Qui va là ? Qui es-tu ?

Et là, devine qui est arrivé devant moi ?

Stefano soupire :

— Le père Noël évidemment.

Il était un peu comme on le voit dans les livres ou dans les magasins, mais c’était pas pareil. J’ai compris tout de suite que c’était le vrai. Sa barbe est toute blanche et toute douce, il a des petites lunettes rondes sur le nez, tu sais comme celles que met Papa Joe quand il doit lire et qu’il dit qu’il voit sans, mais qu’il les met quand même. Il a des petits yeux qui sourient, il est vieux ça c’est sûr, mais il est tout gentil. Alors il m’a demandé qui j’étais. J’ai répondu que j’étais Héloïse. Il s’est mis à rire. Il n’avait pas l’air trop bien réveillé, il n’avait même pas de chaussures.

— Tu crois vraiment que je vais me rappeler de toi ?

Le lutin chef s’est alors approché de lui et lui a dit quelque chose à l’oreille et lui a tendu une liste.

— Ah je vois. C’est toi qui as demandé que Papa Joe devienne ton papa et que ta maman soit toujours heureuse avec lui.

— Sérieux ? Tu as demandé ça au père Noël ? Je pensais que tu voulais le poney qui vient de naître chez Mathurin.

— Je sais bien que c’est pas possible donc je veux ça.

— Et que t’a-t-il répondu ?

— Tu vois que tu y crois toi aussi ? Pourtant tu te moquais de moi…

— Continue ton histoire va !

Le père Noël m’a dit qu’il fallait que j’y pense très fort et que peut-être ça pourrait se réaliser, mais que ça ne dépendait pas tout de lui. Il a ajouté aussi que comme j’avais été sage…

Et je me suis réveillée.

© Isabelle-Marie d’Angèle (30 novembre 2022).

Alors la suite… évidemment, il faudra attendre Noël …😉

À très vite…

Elsbeth Isobel, la petite sorcière

Bonjour toi 😉

Voici la fin de l’histoire de ma petite sorcière. J’ai rempli mon challenge pour le mois d’octobre 😉.

Samy se réveilla dans son lit et la bonne odeur de pain grillé la titilla aussitôt. Maman devait lui préparer son petit-déjeuner.

Elle se leva, enfila ses claquettes et passa sa main dans ses cheveux emmêlés. Elle ouvrit la fenêtre et entendit un cri bizarre. Un aigle volait au-dessus du jardin, il était haut dans le ciel, mais elle reconnut le bruit, elle en avait déjà vu lors de promenades en montagne avec ses parents.

— Samy, tu descends ?

À regret, elle referma la vitre et rejoignit sa maman. Papa était parti, il travaillait tôt et à plusieurs kilomètres de leur domicile.

— Bien dormi ? demanda Maman en lui versant son chocolat chaud.

Samy ne répondit pas et laissa son esprit vagabonder. Quel joli rêve ! Elle parcourait un paysage féérique en compagnie d’un vautour.

Elle avala ses tartines beurrées en silence puis quitta la table pour aller se préparer.

Devant la glace de la salle de bains, elle coiffa ses boucles. Elle se sentait étrange. Elle saisit son sac d’école, embrassa sa maman et prit le chemin du collège.

Elle leva les yeux et aperçut encore l’aigle qui tournait au-dessus d’elle. Elle s’arrêta pour mieux le contempler.

— Salut Samy ! Qu’est-ce que tu regardes ?

Des copains et copines de sa classe la rejoignaient. Elle leur sourit et leur montra du doigt le bel oiseau.

— Heu… oui il y a des nuages qui font la course, et alors ?

Dans le ciel de Samy, il n’y en avait pas, les nuages s’étaient fait la malle ;

— Viens, on va être en retard.

Samy les suivit non sans jeter un dernier regard sur l’animal.

— Je peux m’asseoir à côté de toi ?

Samy haussa les sourcils, tout était bizarre ce matin.

— Mais oui pourquoi ?

— D’habitude, tu es toute seule.

De plus en plus étrange. Le prof de mathématiques entra dans la classe et Samy sentit la boule au ventre la gagner. Finalement, rien n’avait changé.

La journée se déroula normalement, mais quand elle reprit le chemin de sa maison, l’aigle était toujours dans le ciel.

Au lieu de tourner à droite, elle prit à gauche. C’était bizarre, d’habitude il lui semblait qu’il y avait une bâtisse là, au bout de l’impasse.

Samy s’assit sur le trottoir et ferma les yeux.

 Elsbeth Isobel sans sa chambre, ses parents Straurius et Isaulya et son chat Arthus défilèrent devant elle. Elle revit le voyage qu’elle avait fait dans l’autre monde, elle entendit les bruits des cascades et les rires des elfes, des fées, elle découvrit que son amie lui faisait signe et lui soufflait qu’elles se reverraient, elle lui murmurait également qu’elle ne devait pas être triste parce qu’elle veillerait sur elle à jamais.

Un battement d’ailes lui fit ouvrir les yeux. L’aigle aperçu depuis le matin dans le ciel s’était posé à quelques mètres d’elle et la fixait.

Stupéfaite, elle n’osa pas faire un geste de peur qu’il ne s’envole. Il s’approcha plus près. Il était immense. Elle caressa son plumage. Il se frotta contre elle, l’invitant à s’asseoir sur son dos. Elle n’en crut pas ses yeux quand il prit son envol avec elle accrochée à son cou.

— Samy ? Qu’est-ce que tu fais là toute seule ?

Sa maman ouvrit la portière de la voiture.

— Il me semblait bien t’avoir aperçue en passant devant la rue. Il y a eu un problème au collège ?

Samy grimpa dans le véhicule le sourire aux lèvres. Elle avait compris qu’elle pourrait retourner là-bas virtuellement, Elsbeth Isobel lui enverrait Senu, elle s’en souvenait maintenant.

Elle passa la tête par la vitre et dit au revoir à l’oiseau dans le ciel qui fila en flèche très haut jusqu’à disparaitre.

FIN

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022).

Elsbeth Isobel, la petite sorcière

Bonjour toi 😉

Ma petite sorcière a emmené Samy dans son monde…

Quel bel oiseau ! Samy en aigle royal était magnifique. J’enfourchai mon balai, Arthus grimpa devant moi. Je donnai le départ et nous primes notre envol ensemble.

Que dire sinon que je retrouvai avec joie mes paysages qui m’avaient manqué. Je ne m’en rendais pas compte, mais finalement, mon monde faisait partie de moi et je ne pouvais pas m’en passer très longtemps.

Nous défilâmes devant Dame Lune qui me fit un clin d’œil en me reconnaissant. Elle fut stupéfaite en voyant l’aigle me suivre de si près, mais elle se laissa contempler avec plaisir. Elle était un brin vaniteuse pour ne pas accepter qu’on la regarde.

Je piquai vers les cascades évitant d’éveiller tous les elfes et fées qui devaient sommeiller. Nous ne dérangeâmes personne, seuls les parfums environnants surpris par notre visite nous envoyèrent leur fragrance.

Nous nous posâmes sur un pont dont la lumière rosée m’avait toujours impressionnée. Je pensai y découvrir Harow, c’est là qu’il habitait.

Il devait dormir profondément, je ne l’aperçus point. Légèrement déçue parce que j’aurai voulu le présenter à Samy, nous reprîmes notre envol et… un cri me paralysa. Jamais, je n’aurai pu imaginer qu’un aigle puisse se promener lui aussi.

Samy fit du sur place en découvrant face à elle un superbe vautour de la même race qu’elle. Un mâle qui surprenant mon amie pour la première fois se mit à lui tourner autour et à lui faire sa cour. De parades en cris stridents, il était magnifique. Incroyable, il était tomber raide dingue de Samy. Quelle histoire !

Je riais intérieurement. Pauvre bête qui n’avait pas réalisé qu’elle avait en face d’elle, une mortelle et non pas un aigle royal comme elle le pressentait.

Évidemment, le caractère frondeur de Samy prit le dessus, elle se laissa planer à côté de son nouveau copain. Tous deux volaient très haut dans le ciel étoilé et la lune était le seul témoin de leur jeu. Ils passaient et repassaient devant elle en imprimant sur l’astre leur ombre.

Je les surveillai du coin de l’œil espérant que Samy n’avait pas oublié qu’elle devait être rentrée avant le lever du soleil, sinon elle resterait ici à tout jamais. Ce n’était jamais arrivé qu’un mortel vienne jusqu’ici, je ne savais pas du tout quel sort pouvait l’attendre.

Soudain, les deux aigles se posèrent. Commença alors une parade amoureuse du beau mâle. Je ne pouvais pas laisser faire ça, il serait bien trop malheureux quand il comprendrait qu’il s’était fait avoir.

— Samy ?

Je l’interpelai à voix basse. Pas question de réveiller tout le monde. Nous aurions l’air malins et je n’avais pas envie de subir la colère de mon père.

Mon ami faisait la sourde oreille. Je n’avais pas d’autre solution que de la transformer rapidement pour qu’elle rentre chez elle, mais j’aurais aimé pouvoir lui dire au revoir et ne pas la quitter aussi brusquement. C’était trop bête, je n’avais pas pensé à ça.

Enfin, elle cessa de faire sa belle et s’approcha de moi. Le mâle, surpris, resta loin de ma portée.

C’est alors que la prêtresse Isaulya m’apparut.

— Bon retour parmi nous Elsbeth.

Je m’inclinai devant elle. Elle avait beau être ma mère, ici, pas question de ne pas respecter les règles.

Elle me releva gentiment et me serra contre elle.

— Je vois que ton amie a fait connaissance avec Senu.

La sorcière tendit le bras et celui-ci vint se poser sur lui. Incroyable !

— Alors comment trouvez-vous notre monde Samy ?

Je me tournai vers mon amie et la découvris en chair et en os.

— Mais…

— Chut ! N’aie pas peur, ton amie pourra repartir dès que le soleil se lèvera… et mon cadeau pour toi, c’est qu’elle pourra également revenir quand elle le souhaitera. Senu ira la chercher.

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022).

À suivre…

À suivre…

Elsbeth Isobel, la petite sorcière

Bonjour toi 😉

L’histoire de ma petite sorcière continue et je prends un malin plaisir à écrire ses aventures.

— Ceci a assez duré !

Un grand vent bouscula les rideaux, Arthus mit sa patte sur ses yeux.

Allons bon, après mon père, ma mère, la prêtresse Isaulya ! Je découvris une Samy émerveillée devant la beauté de la sorcière.

— Je peux toucher ?

Sans attendre la réponse, Samy s’approcha d’elle et passa ses doigts dans la cascade de cheveux bouclés.

— Vous êtes trop… magnifique ! Elle en a de la chance Elsbeth Isobel !

— Apparemment pas tant que ça, sourit la sorcière.

Elle me tendit la main et Samy s’écria :

— Oh, je te vois, tout est redevenu normal !

— Cette plaisanterie devait cesser, reprit ma mère. De toute façon, je n’étais pas d’accord avec cette punition stupide qui ne pouvait t’attirer que des ennuis. La belle affaire si tu lui avais fait peur avec la panthère, elle ne lui aurait pas fait mal et il ne se serait souvenu de rien. Il faut toujours que ton père en fasse des caisses !

Elle me prit dans ses bras et m’ébouriffa les cheveux. Samy nous fixait avec envie.

— Vous vous ressemblez trop !

Je contemplai ma mère qui avait revêtu son chapeau noir assorti à sa robe de satin. C’est vrai qu’elle était belle. Elle reprit :

— Comme je ne peux pas annuler le sort que ton père t’a jeté, je peux toutefois le rendre plus supportable. Tu pourras étre désormais vue par ton amie et seulement par elle. Terminés ces bavardages par écrit. Non, mais à quelle ère vit-on ?

Isaulya soupira en se passant la main sur le front. Elle me regarda et d’un claquement de doigts, elle changea ma tenue.

— Et puis habille-toi plus correctement ma chérie !

Je me retrouvai d’un coup vêtue en sage petite écolière. Samy pouffa et ne put s’empêcher de remarquer que ça ne m’allait pas du tout.

— Ah ! vous trouvez ?

Stupéfaite d’être vouvoyée par Isaulya, elle rougit.

— Et comme ça ?

Elles rirent toutes les deux, complices. La plaisanterie commençait à m’agacer. Je me changeai toute seule et fis comprendre à ma mère qu’elle ne se mêle plus de rien. Arthus vint alors me rejoindre en miaulant.

— Nous sommes bien d’accord Elsbeth, tu ne t’égares pas trop dans tes délires. J’accepte que tu t’amuses un peu, mais qu’il n’y ait aucun dégât ? Tu m’as bien comprise ?

— Du coup pour la panthère, l’interrompit Samy qui ne perdait pas le nord, Elsbeth Isobel pourra me transformer ?

— Seulement la nuit de pleine lune, ce n’est pas négociable. De plus, vous ferez attention de ne pas vous faire piéger. Il deviendrait très compliqué de venir vous délivrer si vous étiez alors enfermée dans un zoo, voire au pire, euthanasiée.

La prêtresse rit en voyant la tête de mon amie.

— Je plaisante bien sûr, je vous surveillerai. Promettez-moi quand même de ne vous promener que la nuit.

Samy mit ses doigts en V sous ses yeux. À nouveau, la sorcière éclata de rire, et celui-ci, cristallin résonna dans toute la maison, faisant vibrer les vitres.

— Quel cliché ! Enfin, je vois que vous connaissez nos anciennes méthodes. Elle est amusante ta copine !

Ensuite, elle s’approcha de Samy et murmura :

— Vous n’aviez pas envie de découvrir notre monde ?

Extasiée, celle-ci joignit les mains en supplication.

— Vous allez m’emmener ?

— Pas du tout, je vais laisser le soin à Elsbeth de vous transformer en oiseau, celui qu’il vous plaira, ainsi Elsbeth pourra vous présenter notre domaine. C’est toujours plus beau vu d’en haut.

— Je ne sais pas si j’en aurai le pouvoir, glissais-je inquiète.

— Bien sûr que tu le peux, tu n’es pas ma fille pour rien. Je ne fais rien à moitié Elsbeth, si je peux adoucir la punition de ton père, je peux faire plus aussi. Ah ! j’oubliais… Ton chat a récupéré une voix normale.

Elle posa ses lèvres sur mon front, ébouriffa une dernière fois mes cheveux et disparut dans un revers de robe, nous laissant son parfum, en souvenir de son passage.

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022).

À suivre …

À très vite…

Elsbeth Isobel, la petite sorcière

Bonjour toi 😉

J’espère que je ne t’ennuie pas trop avec ma petite sorcière dont voici la suite 😉(c’est bientôt terminé, la fin du mois approche 😂).

Je repris donc ma place au collège normalement sans que personne ne s’aperçoive de ma présence sauf Samy évidemment.

J’étais comme un peu comme à la maison.

En cours de math, le professeur s’inquiéta de mon absence. Mon amie répondit que j’étais malade. Il ne fit aucune réflexion, mais à la fin du cours, il interpella Samy quand elle passa devant lui.

— J’imagine que c’est toi qui lui donnes tes cours ? demanda-t-il.

Surprise par question à laquelle elle ne s’attendait pas, elle hocha la tête.

— Sais-tu où elle habite ta copine ?

Samy hésita à dire la vérité et il le sentit.

— Je trouverai facilement son adresse, j’aimerais rencontrer ses parents.

— Ah oui !

Je vis Samy rougir. Il insista :

— Il y a un problème ?

— Non, monsieur.

Samy n’attendit pas davantage et sortit de la classe. Le professeur Grincheux comme nous l’appelions en catimini ne chercha pas à la retenir.

Elle chuchota :

— Tu crois qu’il va aller chez toi ?

Je ne pouvais pas lui répondre n’ayant rien sous la main pour écrire.

Les autres cours se passèrent sans incident, mais à la sortie du collège, je suivis des yeux Grincheux qui partait en même temps que nous. Soudain, je me statufiais sur place. Il était interpellé par un homme que je reconnus sans peine, Straurius. Quelle classe ! En costume cravate, les cheveux retenus par un catogan noir, il ne laissait personne indifférent à en croire les élèves qui le croisaient. La plupart se retournaient sur son passage. Je m’approchai doucement et je compris qu’il m’avait vue, son regard me sourit. C’était notre petit secret, ses yeux verts étincelaient furtivement. Il fallait avoir le pouvoir aguerri d’une sorcière pour s’en rendre compte. J’entendis sa belle voix grave :

— Je me présente, je suis le père d’Elsbeth Isobel. Elle a contracté un vilain virus qui l’oblige à garder la chambre.

Mon prof de math qui aurait peut-être préféré voir où j’habitais s’agaça de rencontrer mon parent. Il n’avait plus d’excuses pour jouer au curieux.

Grincheux prit Straurius de haut.

— Bonjour, monsieur, mais il ne fallait pas vous déplacer. Le carnet de correspondance aurait tout à fait suffi pour expliquer son absence. Un appel au secrétariat pour l’informer c’était bien aussi.

Il ne savait pas à qui il s’adressait le pauvre homme. Je sentis immédiatement que Straurius allait lui faire ravaler sa cravate.

— Je ne suis pas né de la dernière pluie, monsieur. J’ai cru comprendre que vous désiriez me rencontrer ? Voilà qui est fait. Il y a un problème avec ma fille ?

Straurius s’était rapproché de Grincheux. Il le toisait de toute sa hauteur et mon prof de math ne put que répondre qu’il me souhaitait un bon rétablissement. Ils se saluèrent et mon père reprit son chemin. Je sus qu’il s’était envolé à l’éclair fugace qui traversa le ciel.

Je regardais Grincheux qui ne cessait d’éternuer et de se gratter en attendant son bus. Straurius avait laissé une trace de son passage. J’étais à peu près certaine que demain il serait absent et aurait de la fièvre, peut-être même des boutons.

Je rentrais chez moi et retrouvais Arthus. Samy était là aussi et lui faisait la conversation. Elle sentit mon parfum aussitôt et m’apostropha :

— Avec qui parlait Grincheux ?

Je saisis une feuille et lui racontai ce qu’il venait d’arriver.

— Tu crois que tu pourrais me faire visiter ton monde ? J’aimerais bien voir comment c’est ? Je l’ai rêvé.

Arthus feula et gronda en me regardant.

Je répondis par écrit Je ne sais pas si j’ai l’autorisation d’emmener une mortelle chez nous. Si je n’étais pas punie, j’aurai tenté, mais là, tu comprends bien que je ne me risque plus à faire des bêtises.

— S’il te plait, si c’est comme dans mon rêve, c’est magnifique.

Elle me raconta alors les fleurs multicolores qui grimpaient le long des murs, les oiseaux qui volaient avec des sorcières assises sur leur dos.

Effectivement, c’était un peu ça là-bas, Samy n’avait pourtant vu que le côté paradisiaque. Les rivalités entre enchanteurs et les guéguerre étaient légendaires aussi chez nous et mon père avait fort à faire pour régenter tout ce monde.

— N’insiste pas Samy, tu ne pourrais peut-être plus revenir chez toi. Tu imagines la peine de ta maman ?

— Pas longtemps ! Allez !

Arthus se hérissa. Il sentait que j’avais bien envie de braver l’interdit. Encore fallait-il que j’ai ce pouvoir. Je pensai aussitôt que je devais toujours l’avoir sinon je ne pourrais jamais repartir.

— Je vais aller demander la permission et je reviens.

C’était le seul moyen de connaître si je pouvais voler d’un monde à l’autre. Je lançai donc mon incantation et… rien ne se passa.

Je paniquai aussitôt alors que mon chat venait se frotter contre mes jambes. Je suis sûre qu’il le savait, le bougre !

N’allais-je plus pouvoir retrouver mes parents ? Étais-je condamnée à rester ici ? Personne ne me voyait, je ne communiquais que par écrit et avec une seule personne, c’était l’enfer !

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022).

À suivre…

À très vite…

Elsbeth Isobel, la petite sorcière

Bonjour toi 😉

Prête pour la suite ?

Je n’allais pas rester enfermée toute la journée, je décidai d’aller au collège. Je pouvais arriver en retard, personne ne me verrait de toute façon.

Arthus miaula et sauta sur un de mes grimoires. Il s’installa sur la page de garde dédicacée par mon parrain. Je l’avais reçu à ma naissance par le sorcier Elldalf, un grand ami de mon père.

Je ne comprenais pas pourquoi Arthus s’allongeait de tout son long sur cette page. Je partis en claquant la porte.

J’avais consulté auparavant mon emploi du temps, je savais en quelle classe je devais me rendre. Je m’installai à côté de Samy, la place était libre. Cours de français, je notai tout et emmagasinai les informations que je connaissais déjà, mais autant continuer à m’instruire.

Samy avait dû attraper un virus, elle ne cessait pas de renifler. Les mortels sont souvent malades, dans mon monde, à part les mauvais sorts jetés entre nous, je ne savais pas ce que ça faisait d’éternuer et d’avoir le nez qui coule.

Le cours était terminé, je trainais pour ranger mes affaires quand Samy s’approcha de moi à me toucher et chuchota :

— Tu es là Elsbeth Isobel ?

Comment savait-elle que j’étais assise près d’elle ? Mystère !

— J’ai reconnu ton parfum. En plus de mes dons particuliers, j’ai aussi un odorat très développé.

Elle n’était donc pas malade, elle me reniflait tout simplement. Malheureusement, je ne pouvais pas lui répondre.

Elle rangea ses affaires et m’invita à la suivre tout en continuant de chuchoter.

— On va en cours d’histoire Géo et ensuite c’est la cantine. Si tu veux, je zappe et on se retrouve chez moi. Ma mère n’est pas là.

Je refusai qu’elle ne prenne pas son déjeuner, mais comment lui dire ? Samy, jamais à court d’idée ajouta :

— Éloigne-toi si tu n’es pas d’accord, je ne sentirai plus ton parfum et j’aurai compris. Je vais te poser les questions et tu me répondras de cette manière.

Sceptique et en même temps heureuse de pouvoir communiquer, je fis ce qu’elle me demandait, je reculai de quelques pas. Samy reprit :

— Okay ! je vais déjeuner. On se retrouvera  pour les cours et après, tu viendras chez moi. De toute façon, personne ne te voit, alors si ma mère est rentrée, ce n’est pas grave.

À la maison, Arthus m’attendait. Je me penchai sur mes grimoires tout en lui racontant ma matinée et l’idée géniale de mon amie. Il se frotta contre moi et de nouveau il s’enroula sur la page de garde du livre de mon parrain.

— Il te plait tant que ça ce grimoire ?

Je riais en le caressant.

— Si tu as quelque chose à me dire, parle !

Il fit non de la tête.

— Tu as perdu ce pouvoir ?

À nouveau, il tourna la tête dans tous les sens.

— Je dois trouver toute seule, c’est ça ?

Il me lécha le bout du nez.

Je haussai les sourcils. Arthus était un chat sorcier à la botte de mon père, je le savais, mais souvent il détournait les ordres à sa façon. Il s’était déjà fait punir sans gravité aussi je ne comprenais pas pourquoi, aujourd’hui, il respectait les consignes. Peut-être qu’il connaissait la teneur de la colère de Straurius et qu’il n’avait pas envie qu’il la mette à exécution.

Je lisais dans tous les sens la dédicace de mon parrain, rien d’exceptionnel.

À la grande sorcière que tu vas devenir…

Je feuilletai le grimoire, mais je ne trouvai rien qui puisse m’aider à sortir de mon guêpier. De toute façon, Straurius était bien trop fort pour qu’un petit don puisse annuler le sien.

Après les cours, je suivis donc Samy chez elle. Nous n’étions que toutes les deux, elle m’invita dans sa chambre. C’était assez rigolo, elle parlait toute seule. Quelqu’un nous aurait vues, il se serait demandé si nous avions toute notre tête.

Elle s’assit à son bureau et moi j’en profitai pour regarder la pièce où elle dormait. Une vraie fille, du rose partout. Je ne l’imaginais pas du tout comme ça, je la trouvai même plutôt garçon manqué. Des poupées Barby, des vêtements de toutes sortes. Je n’en revenais pas. Curieuse, j’aurais bien aimé en savoir davantage sur ses goûts qui ne correspondaient pas du tout à l’image qu’elle rendait au collège.

— Je parie que tu te demandes pourquoi cette chambre est comme ça ? C’est ma mère ! Je te jure que lorsque je serai plus grande, je change toute la déco. J’ai réussi quand même à ce qu’elle accepte que je mette des jeans, parce que regarde un peu dans mon armoire.

Elle se leva et ouvrit la penderie.

Je devais avoir les yeux exorbités. Des robes, des jupes et des petits pulls col Claudine étaient accrochés. Du bleu marine, du blanc, du rose, du jaune pâle.

Samy aujourd’hui était en pantalon déchiré avec un sweatshirt, une casquette de base-ball vissée sur la tête. Rien à voir avec ce qu’il y avait dans l’armoire.

— C’est la faute à ma sœur ça !

J’aurais bien aimé lui demander où elle était sa frangine. Frustrée, je me laissai tomber sur la chaise face à son bureau et saisis sans m’en rendre compte un stylo. Je griffonnai sur une feuille qui trainait là, et, stupéfaite, je regardai apparaître mes mots.

Samy les vit aussi et se mit à gambader dans sa chambre comme un pantin.

— C’est merveilleux, on va pouvoir communiquer et tu vas m’expliquer ce qui t’est arrivé.

Je me rappelai alors ce qu’avait voulu me faire comprendre mon chat. Mon parrain à ma naissance m’avait fait cadeau en plus du grimoire de ce don. Il m’avait expliqué que si un jour, j’étais en galère, je pourrai toujours me débrouiller de cette façon et comme un cadeau fait par un sorcier ne peut pas disparaitre, mon père n’avait pas pu l’annuler. Arthus le savait et désespérément, il avait tenté d’attirer mon attention.

En quelques mots, je racontai ma punition.

— Mais c’est encore mieux, tu vas pouvoir m’aider sans qu’on s’en aperçoive.

Je n’étais pas certaine de regagner mes galons en faisant ce qu’elle me demandait, à moi de faire les bons choix. En tout cas, je n’étais plus seule.

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022).

À suivre…

A très vite…

La cavale d’Alex

Bonjour toi 😉

Jour des enfants 💖

Alex venait d’emménager. Le camion était reparti et il regardait tous les cartons qui envahissaient le nouvel espace qu’il ne connaissait pas encore. Ses parents, pas trop disponibles, lui avaient fait comprendre gentiment qu’il devait les laisser tranquilles, alors il errait seul au hasard. Elles étaient vides et froides. Seuls les meubles bien connus déjà installés le rassuraient : ici, le bahut de la cuisine, là, la banquette du salon où il se nichait dans les bras de maman d’habitude.

Il grimpa l’escalier pour découvrir sa chambre. Son lit était arrivé et ses jouets aussi. Ses parents avaient recréé en premier son coin à lui pour qu’il ne se sente pas trop dépaysé, mais Alex avait le cœur gros, il était tout seul. Enfin, pas tout à fait, Zébra son doudou lui faisait de l’œil depuis la couette. Il le serra contre lui.

Soudain, une musique extérieure vint lui taquiner les oreilles. Il s’approcha de la fenêtre et s’y s’accouda. Il remarqua une énorme bâtisse style château comme dans ses livres de chevalier de l’autre côté de la haie. Elle l’appelait cette maison ! Curieux, il quitta sa chambre abandonnant Zébra, à cinq ans il était grand. Ils’aventura dans le jardin.

La haie était haute, aucun moyen de regarder au-dessus. Alors il se baissa. Ce n’était pas mieux.

Il avança à quatre pattes pour chercher un trou qui lui permettrait de voir ce qu’il se passait derrière. Il réussit à y enfourner la tête et se trouva nez à nez avec une truffe humide. Un coup de langue bleue lui balaya la figure. Alex se recula, surpris. Il aperçut alors deux pattes qui grattaient à toute vitesse. Un chemin se dessina. Le petit garçon le suivit et passa sous la haie. Il découvrit son nouvel ami qui remuait la queue de plaisir. Un superbe Chow-chow le regardait avec des yeux remplis d’amour. Alex enfouit ses mains dans la tête de lion toute douce. Il n’avait jamais vu un tel animal. Quand celui-ci se coucha à ses pieds, il n’hésita pas, il grimpa sur son dos. Comme s’il n’attendait que ça, le chien se leva calmement et tous deux, ils partirent à la découverte du jardin.

Fleurs à profusion multicolores, allées parsemées de jolis cailloux rosés, Alex se croyait le chef de ce royaume. Il regrettait son costume de chevalier, c’est sûr qu’avec son épée et son bouclier, il aurait été magnifique.

— Charlot ? Charlot ? 

Une petite voix inquiète appelait. Le chien dressa les oreilles et démarra brutalement. Alex se cramponna à la crinière pour ne pas tomber. Il faillit éclater de rire parce que ça devenait très excitant cette histoire, mais en même temps il avait la trouille.

S’ensuivit alors une course effrénée à travers les pelouses qui stoppa net aux pieds d’une brunette en larmes devant le perron de la grande bâtisse. Alex passa par-dessus la tête de l’animal et s’écrasa à plat ventre. Vexé et un peu étourdi par la chute il resta au sol.

— Tu t’es fait mal ?

Le chien, du museau, bousculait le gamin pour qu’il se relève. Alex se mit debout, regarda ses genoux écorchés et ravala ses larmes. Il n’allait pas pleurer devant une fille quand même !

— T’as mal ? La fillette désignait ses genoux.

— Non.

— Comment tu t’appelles ? Moi c’est Rose.

— Alex.

— Bonjour Alex.

Elle l’embrassa sur la joue.

— T’as plus mal ? Maman me fait toujours ça, elle dit que c’est un bisou magique.

Ils avaient les mêmes mamans, lui aussi y avait droit quand il avait du chagrin. Il regarda mieux la fillette : deux couettes avec des élastiques roses, des yeux bleus…

— J’ai quatre ans, et toi ?

Elle n’attendit pas la réponse et se blottit contre son chien.

— Tu as fait connaissance avec Charlot ? Il est beau hein ? Il n’est rien que pour moi, mais je veux bien le partager avec toi. T’habites où ? Moi, ça ne fait pas longtemps que je suis arrivée ici. Mon papa, il voyage beaucoup et ma maman est triste quand il n’est pas là, alors il lui a acheté une grande maison avec des fleurs pour qu’elle le soit moins.

Alex commençait à ressentir des picotements aux genoux. Il baissa la tête et vit le sang couler. Il eut du mal à retenir ses larmes.

— Pourquoi tu pleures ?

Rose de sa petite main les essuya.

— Viens, maman va te soigner.

Pris de panique à l’idée qu’on lui pschit un truc qui pique, Alex refusa.

— Non ça va, je vais repartir.

Aussitôt, Charlot qui avait compris la demande du gamin, s’allongea pour qu’Alex puisse grimper sur son dos, Rose fit de même et passa ses mains autour de la taille de son nouveau compagnon. Le Chow-chow se mit en route, au pas. Arrivé devant la haie, Charlot s’allongea à nouveau et les enfants purent descendre. Alex fit une dernière caresse à l’animal et regarda Rose :

— Je vais passer dessous, ma maison est de l’autre côté, je viens d’emménager.

— Je peux venir avec toi ?

— Et ton chien, tu vas le laisser tout seul ?

— Non, il me suit partout.

Alex hésita, ses parents ne voulaient pas d’animal chez eux, mais peut-être qu’ils seraient trop occupés pour s’en rendre compte.

— D’accord, tu me suis.

Il passa le premier et se retrouva dans son jardin qui lui parut bien petit. Rien n’avait changé à part papa qui lui faisait de grands signes et accourait vers lui la mine sévère.

— Où étais-tu passé Alex ? Combien de fois faudra-t-il te dire de nous avertir quand tu pars dans tes excursions bizarres.

— J’étais juste de l’autre côté. Je te présente Rose et son chien, Charlot.

Les bras croisés et le regard fixé sur lui, son père l’interrogea :

— Tu recommences Alex ?

Le petit garçon se retourna et ne vit personne. Il se baissa pour montrer le trou dans la haie, Charlot n’avait peut-être pas pu passer. Rien. Il contempla ses genoux et soupira.

— Pardon, papa, je ne le ferai plus.

La tête basse, il repartit vers la maison, grimpa l’escalier et s’enferma dans sa chambre. Zébra l’attendait sagement sur son lit. Il regarda par la fenêtre. Rose lui faisait signe et Charlot aboyait joyeusement en sautant autour d’elle. Il entendit son père crier :

— J’espère que ce chien ne va pas faire ce bruit toute la journée !

Charlot se tut aussitôt et Rose envoya un baiser du bout des doigts à Alex.

Mais ça, c’était de l’autre côté.

© Isabelle-Marie d’Angèle (septembre 2022)

À très vite…

Jeux d’écriture – Les fées et le printemps

Bonjour toi 😉

Ici chez Marie, un nouvel atelier d’écriture avec ces mots à placer dans l’ordre : euphorie, menthe, cassette, plan, hydratation, secours, reprographie, filtration, fontaine, nuage.

Voici donc ma participation :

C’était l’euphorie au pays des fées. Installées dans leur jardin, leur royaume invisible pour l’homme, l’une sur une corolle de fleurs, l’autre sur une branche de tilleul, elles humaient l’odeur de menthe qui se dégageait du massif.

Le printemps se profilait et il était l’heure de découvrir la cassette.

La reine, Titiana, de sa baguette, l’ouvrit. Comme chaque année, chacune savait qu’elles devraient suivre le plan bien établi depuis la nuit des temps.

Les plus curieuses Margot et Flora se penchèrent sur la feuille rose. Mélusine et Viviane pouffèrent comme d’habitude. Elles parièrent entre elles que la première chose qu’elles devraient surveiller et réguler était la bonne hydratation des graines, des fleurs, du terrain, blablabla.

Titiana les regarda et leur intima d’un coup de baguette sur leurs ailes de se tenir à carreau.

— Au secours, fit mine de crier Mélusine en se secouant.

Devant l’air offusqué de Titiana et le coup de coude de Viviane, elle se tint coite et baissa la tête. Ce n’était pas le moment de la ramener, elle pourrait être mise à pied et devoir rester enfermée dans son bocal. Elle se rappelait qu’elle n’était pas à prendre avec des pincettes quand il s’agissait du règlement.

Pour la première fois de l’histoire, une reprographie de la nature apparut.

— Il faut bien être à la page, remarqua la reine.

Toutes les fées battirent des ailes, joyeuses. Elles applaudirent devant ce qu’elles découvraient.

— Vous savez bien mes amies, que la nature n’en peut plus de tous ces déchets qui se déposent partout. Même l’eau en a perdu de sa pureté cristalline. Aussi, pour la première fois, nous allons devoir procéder à sa filtration.

Toutes soupirèrent. Elles le voyaient bien que personne ne faisait plus attention à Dame Nature. Celle-ci était d’ailleurs venue se plaindre à maintes reprises, notamment quand elle comprit que la fontaine de vie s’essoufflait. Elles avaient réussi à la remettre à peu près d’aplomb, mais elle restait fragile. Un rien pouvait la faire basculer…

Mais les fées étaient optimistes et travailleuses, elles veilleraient comme toujours. C’était le moment de recevoir de la main de la reine toute l’énergie suffisante pour tenir toute la saison avant l’approche de l’été. Elles baissèrent la tête et un nuage de poudre de fée s’abattit sur elles. Elles s’ébrouèrent en secouant leurs ailes, éclatèrent de rire et s’envolèrent chacune pour être à leur poste.

À très vite…