J’ai découvert l’atelier de Ghislaine ici et je relève le défi parce que j’aime les défis, l’écriture et partager les blogs que je visite.
La consigne choisie était de placer ces mots : Clamer – Nuit – Ennemis – Gare – Mémoire – Bougies – Années – Vaciller.
Une Bonne nouvelle
Elle se rappelait avec nostalgie ces années où il l’abandonnait chaque dimanche soir. Il ne l’abandonnait pas, il partait seulement travailler. Elle grelottait de froid, la neige tombait et la nuit les enveloppait sur ce quai de gare. Le train et la solitude étaient ses pires ennemis. Elle craignait toujours de vaciller quand il lâchait sa main.
Rien que le bruit de cette énorme machine qui s’arrêtait dans un crissement de ferrailles, lui écorchait les oreilles. Et que dire du redémarrage dès que le coup de sifflet retentissait, il lui arrachait le cœur. Elle ne s’y ferait jamais.
Clamer à tout vent sa détresse lorsqu’elle rentrait seule dans leur maison, sa mémoire lui en restituait tous les détails. Le chien qui venait lui lécher les mains puis le chat se frottant contre ses jambes.
À chaque fois, elle se pelotonnait sur le canapé puis la vie reprenait son cours.
Mais aujourd’hui, il revenait avec une merveilleuse nouvelle. Il ne partirait plus aussi loin, une promotion lui était offerte. Elle pourrait même l’accompagner. De nouveaux projets se profilaient.
Finis les quais de gare et les séparations qu’elle ne supportait plus. C’était la fête ce soir. Elle sortit la nappe des grandes occasions, les assiettes avec un joli fil doré qu’ils aimaient tous les deux puis elle alluma les bougies.
Chez Marie ici la consigne de la semaine pour l’atelier d’écriture était la suivante : je vous invite à écrire un texte ou un poème à partir des données suivantes : Anciennement gardien de la paix, Marion Blédine a lancé un atelier de réparation et d’entretien de radiocassettes au rez-de-chaussée de son ancien bureau. Elle nous raconte sa reconversion.
Voici ma participation 👇
Je me demande encore ce qui m’est passé par la tête. Moi, Marion Blédine, anciennement gardien de la paix, reconvertie en réparateur de radiocassette.
C’est sûr que je ne vais pas crouler sous les demandes, vu qu’il n’y a pratiquement plus de radiocassettes. Tu en as encore un toi ? Avoue ! Tu préfères écouter ta musique sur une plateforme en ligne. En plus, tu as tous les nouveaux succès qui sortent illico.
Mais que veux-tu, lorsque j’étais gamine, j’écoutais Sheila et Ringo sur mon vieux machin à cassettes. Même qu’oublié dans la voiture, sur la plage arrière, il avait fondu. Oui madame ! Dans le sud, ça rigole pas, quand le soleil brille. ! Faut dire, que je viens du nord, avant que ça fonde chez moi, tu peux attendre que les poules aient des dents.
Bref, alors que je faisais du rangement dans ma vieille maison, oui ça m’arrive, je suis tombée sur mes reliques de cassette. Mais comment les écouter vu que les radiocassettes n’existent plus ? C’est pourquoi j’ai fouillé dans mon grenier et je l’ai retrouvé. Noir et presque flambant neuf, doubles cassettes s’il vous plait ! (Je ne sais toujours pas pourquoi d’ailleurs, vu que tu ne peux qu’en écouter une à la fois).
Qu’est-ce que j’ai fait à ton avis ? J’ai glissé Sheila dans la machine. J’avais presque la larme à l’œil à l’idée de me replonger dans mes souvenirs. Ouais ! question souvenir, rien, nada. Un ronronnement parce que le son était à fond, vu que j’étais certaine que ça allait marcher, et rien d’autre. L’école était bien finie pour Sheila et pour moi aussi. Quant à l’heure de la sortie, elle avait sonné pour moi. Gardien de la paix, ras-le-bol, j’avais trouvé ce que j’allais faire à la place.
C’est bien beau tout ça, mais quand on n’y connait rien, comment veux-tu promettre des monts et merveilles à tes clients ? Et bien on se forme ma p’tite dame, voilà tout. Il devait bien y avoir un bouquin qui existait sur les réparateurs de radiocassette pour les nuls vu que pour les nuls, il existe plein de trucs.
J’ai décidé de m’installer dans mon ancien bureau, en bas, comme ça, si des personnes à mobilité réduite avaient envie de venir faire réparer leur bazar, pas besoin de chercher un ascenseur et puis ma porte à carreaux est ouverte, facile de passer la tête.
— C’est toi le réparateur de radiocassette ?
Je sursaute, prise en flagrant délit de rêvasserie (ça ne m’arrivait jamais quand j’étais gardien de la paix) et me trouve face à un ado à l’allure dégingandée (mon ancien métier prend le dessus, je le toise et me dit que je ne l’ai jamais vu trainer dans le quartier).
Il pose sur mon bureau le même radiocassette que le mien. J’y crois pas. Un double, tout pareil !
— J’suis trop content, il n’y en a pas beaucoup des gens comme toi qui réparent ces appareils. Je pourrai l’avoir pour quand ? Regarde, quand on met les cassettes, tout s’embobine de travers. Tu pourras la récupérer ma cassette ? Au fait, j’te tutoie c’est grave ? Mais t’étais pas gardien de la paix avant ?
Je souris à ce grand garçon, bien sympathique.
— En fait, je n’y connais pas grand-chose. Tu es mon premier client. Regarde, j’ai un bouquin. Je pense que je vais m’en sortir.
— Si t’as besoin d’aide, j’ai un pote qui tâte un peu dans les réparations en tout genre. Si tu veux je l’appelle.
Il n’attend pas ma réponse et même pas dix minutes plus tard, un autre grand dadais fait irruption chez moi.
— J’y crois pas, tu fais dans le business maintenant ? Tape-là, on va s’aider, tu vas voir. T’es plus dans la police hein ?
C’est un exercice difficile auquel je me suis frottée pour l’atelier d’écriture de Marie ici. La consigne était celle-ci :
Pour la semaine prochaine, je vous invite cette fois à la poésie en partant du poème “mon rêve familier” de Paul Verlaine et en changeant à votre guise les morceaux de phrases en gras (d’après une proposition de Josée):
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime, Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon cœur transparent Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l’ignore. Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore, Comme ceux des aimés que la vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L’inflexion des voix chères qui se sont tues.
Voici donc ma participation, que Verlaine me pardonne 😏 je ne possède pas sa poésie. Toutefois, j’ai relevé le challenge.
Ici chez Marie, à partir de l’image ci-dessous, la consigne était simple, écrire sur ce qu’elle nous inspirait. Dans ce genre d’exercice, je suis toujours surprise par l’imagination de chaque participant, aucun texte ne se ressemble et c’est ce que j’aime dans l’atelier d’écriture. Voici donc ma participation 👇.
Toutou a besoin d’exercice et il n’a pas attendu Arthur. De toute façon, il sait bien qu’ils se retrouveront. Il galope la truffe en l’air, au sol, il dresse l’oreille, il écoute. La vie de chien quoi !
Soudain, au détour d’un grand champ, il stoppe son vagabondage. Qu’est-ce que c’est que ce truc ? Quelle drôle de maison ! Elle ressemble étrangement à l’appareil qu’Arthur porte autour du cou perpétuellement. Il se met à aboyer. Cete chose lui fait peur.
Toutou se tait et prend la pause. Il se rappelle que son maître adore le photographier Peut-être que c’est pareil ici ?
Rien ne se passe. Il se tourne, inquiet. Arthur n’est toujours pas là. Toutou s’approche plus près. Est-ce que ce gros rond qui ressemble à une fenêtre en est une ? Il colle son museau et tente de regarder à l’intérieur. Il fait trop sombre, il ne voit pas grand-chose. Il se met debout. Il a dû appuyer sur quelque chose, ça bouge et ça rentre. Il manque de tomber et se rappelle que ce truc fait ça aussi avec Arthur. Il a même entendu dire que c’était pour zoomer.
Il recule et se rend compte que cette drôle de maison a une cheminée qui fume. Incroyable ! Il surveille toujours si Arthur n’arrive pas. Il aimerait bien lui montrer sa découverte.
Le voilà ! Toutou part à sa rencontre en aboyant et tente avec de multiples mimiques de lui expliquer qu’il a trouvé une chose formidable.
— Oh un appareil photo géant !
Toutou comprend que son maître est ravi. Arthur est curieux, il cherche la porte et n’en trouve pas, mais il aperçoit un balcon. Il crie :
— Ohé, il y a quelqu’un ?
L’objectif s’avance. Toutou se couche aux pieds de son maître, mort de trouille. Arthur s’approche et voit avec surprise le boitier s’ouvrir.
Ici il était demandé ceci votre personnage se promène, croise une boite à livres, en choisit un et en l’ouvrant lit la phrase suivante « Je n’attendais que vous, rendez-vous demain même heure, même endroit ». A vous d’imaginer la suite…
Voici ma participation 👇
Comme tous les jours, Timothée sortait accompagné de son chien et de sa canne. Le premier tirait pour le faire avancer plus vite et la seconde l’aidait justement à marcher plus vite.
Comme tous les jours, il passait devant la cabine téléphonique rouge qui, parait-il, renfermait des livres. Il ne comprenait pas pourquoi, elle s’appelait pompeusement boîte à livres, alors qu’elle n’était qu’une cabine téléphonique point barre.
Et puis d’abord, à quoi ça servait ces livres ? D’accord, il était assez grognon ce matin Timothée. La faute à sa cafetière tombée en rade qui n’avait pas pu lui servir son café. Il était sorti de chez lui sans rien dans le ventre. Il avait décidé d’aller le prendre au bar. Tiens, justement à côté de cette satanée boite à livres. Ah, mais non, son chien avait choisi de s’y arrêter devant. Non, il ne levait pas la patte, il était trop bien éduqué, mais il poussait la porte de son museau, curieux. Timothée se trouva face à une rangée de livres. Ce n’était pas son truc la lecture, mais il était maniaque et un livre tombé au sol, ouvert, l’agaça. Il le ramassa et machinalement lut les premières phrases Je n’attendais que vous, rendez-vous demain, même heure, même endroit.
Sans s’en rendre compte, il consulta sa montre : 9 heures. Puis, il haussa les épaules, pensa à Patrick Bruel et à sa place des grands hommes et rangea le bouquin.
Son animal le tirait vers l’extérieur, il partit prendre son café.
Le lendemain matin, Timothée, regarda la pendule : 8 heures 45. Toujours la machine en panne. Il chercha la laisse de son chien, sa canne et sortit, se traitant de vieux sot.
8 heures 50. Il n’avançait pas vite le bonhomme. 8 heures 55. Il voyait la cabine rouge qui le narguait, son cœur s’accéléra.
Il ne vit pas la trottinette électrique qui arrivait face à lui, occupé à surveiller la cabine. L’animal prit peur et se mit à courir, Timothée, déséquilibré lâcha la laisse, sa canne le fit trébucher, il s’étala de tout son long sur le trottoir.
— Monsieur ? Répondez-moi, serrez ma main si vous m’entendez.
Timothée ouvrit les yeux.
— C’est vous mon rendez-vous ? demanda-t-il d’une voix chevrotante.
La dame au chignon gris saisit son portable et composa le 15. Il n’allait pas bien ce pauvre homme. Elle le voyait tous les jours passer devant la cabine rouge. Hier, elle avait perdu son livre. Elle venait de le retrouver. Il était 9 heures.
Ici les consignes étaient simples : je vous invite à écrire un texte qui inclura toutes les phrases suivantes: “en dépoussiérant son grenier” – “la table en bois nappée aux couleurs de l’Italie” – “la boite de nuit puait le whisky rance” – “il s’en est fallu de peu pour qu’il perde l’équilibre” et “la porte s’est ouverte sur sa tête cramoisie”.
Voici mon texte 👇
Alice avait décidé de faire un grand nettoyage de printemps.
— Génial ! s’écria Gaspard.
Gaspard, c’était son gamin. Les vacances étant arrivées, il passait son temps dans la bâtisse de campagne avec sa maman. Son père malchanceux était resté en ville pour travailler. Il les rejoindrait pour le week-end.
— Et si on allait au grenier ?
Ça, c’était l’idée lumineuse de Gaspard qui rêvait de fureter là-haut dans les cartons.
Cette maison appartenait à la grand-mère d’Alice, elle n’avait jamais mis les pieds dans les combles.
— On y va ?
Après quelques hésitations, elle le suivit. Elle avait son portable dans sa poche, on ne sait jamais, si elle devait appeler les secours.
Elle poussa la porte. Celle-ci grinça et arracha quelques toiles d’araignées.
Quel fatras ! alors que son fils ne craignait rien et furetait partout, elle, elle avançait précautionneusement.
Quand elle raconterait ça sur son journal, elle pourrait toujours commencer par Un jour, en dépoussiérant le grenier.
— Maman, viens voir !
Qu’est-ce qu’elle était jolie cette table.
— Trop beaux les dessins !
Alice se revit, toute petite, assise sur les genoux de sa grand-mère. C’était son grand-père qui avait poli et peint le bois. Italien de naissance, il avait retracé de mémoire, son village. Alice se souvenait que son aïeule l’appelait la table en bois nappée aux couleurs de l’Italie. Elle suivit du bout des doigts le tracé des rues. Ici, c’était la fontaine, là l’escalier en pierres qui menait à la mer, là encore, sa propre maison avec le linge accroché aux fenêtres. Un véritable artiste cet homme !
— C’est vrai ? C’est ton grand-père qui a dessiné tout ça !
Gaspar n’en revenait pas, lui qui avait deux mains gauches comme répétait sa maîtresse.
— Il me parlait aussi d’une boîte de nuit… elle puait le whisky rance, c’était son souvenir. Il n’avait pas réussi à la retranscrire. De toute façon, le parfum n’aurait pas pu être dessiné, comme il disait.
Gaspard grimpa sur la table.
— Regarde, je marche dans le village de Grand-Papy.
Alors je l’imaginais se promener là-bas avec lui. Arrivé au bout , il s’en est fallu de peu pour qu’il perde l’équilibre ce qui le fit éclater de rire.
— Allez descends, je croyais que nous devions ranger le grenier. Pour l’instant, nous n’avons pas fait grand-chose.
Il sauta au bas de la table et se mit à courir partout. Tous ces cartons donnaient le vertige à Alice, mais son fils n’hésitait pas les ouvrir. Lorsqu’il découvrit les vieux vêtements, il s’en empara.
Soudain, la sonnette de la porte d’entrée retentit. À regret, Alice quitta le grenier et commença à descendre. C’était sans compter sans la vitesse de son gamin qui passa devant elle, habillé de tissus multicolores, ressemblant furieusement à ceux de la Commedia Del Arte.
C’est alors que la porte s’est ouverte sur sa tête cramoisie.
Ici voici les consignes de la semaine pour ce nouvel atelier d’écriture : rendez-vous au pays des odeurs du jardin. Invitez tous vos sens et faites nous découvrir cette ou ces odeurs qui vous subjuguent, vous entêtent ou celles que vous fuyez !
Voici donc ma participation 👇
Tôt le matin, alors que le soleil est à peine levé et que les oiseaux s’en donnent à cœur joie dans les arbres, elle sort sur la terrasse, son café chaud dans son bol rouge.
Le parfum du breuvage se mêle à celui de la rosée et des fleurs qui s’éveillent doucement. Les mains autour de son mug pour se les réchauffer, elle parcourt les allées de son jardin.
Ici, c’est une rose qui étale sa corolle pourpre et dégage sa fragrance subtile, là c’est l’œillet qui exhale sa senteur poivrée.
Le nez levé, comme une biche qui hume l’air, elle retrouve l’odeur du café torréfié, celle de son enfance, quand elle courait dans le parc. C’est particulier, mais elle l’aime parce qu’elle revoit les hauts marronniers qui se balançaient au gré du vent, parsemant à ses pieds leurs grandes feuilles.
En passant, elle balaye de sa main libre, la lavande, la voilà plongée dans d’autres souvenirs. C’est la Provence qui se rappelle à elle.
Elle touche la sauge rouge puis la menthe, le thym et le romarin, elle sourit. Toutes ces odeurs se mêlent à celle de son café. Un joli bouquet garni.
Il est temps de rentrer et le parfum de pain grillé la cueille sur le pas de la porte. Le petit-déjeuner est prêt.
Ici avec cette image, il fallait écrire un texte sous deux angles différents à partir de la photo suivante : une partie sous l’angle de la nature et l’autre sous l’angle des pinces à linge !
Voici donc ma participation :
— Non, mais dites donc, vous ne pouvez pas vous tenir ? Regardez-moi ce bazar ? Pas une pince à linge dans le même sens !
— Moi j’aime bien avoir la tête en bas, glousse la première.
— Et moi, les pieds en l’air, la taquine la seconde.
Le vent s’engouffra dans les feuilles de l’arbre qui abritait la corde. Celles-ci se secouèrent faisant tomber une pluie de pétales de fleurs sur le sol.
— Heureusement que notre patronne a ramassé son linge, il serait beau à l’heure qu’il est, murmura une pince sans rire (😏).
— J’adore quand Éole vient me caresser le bois.
— Toi, la poussa sa jumelle, on le sait que tu en pinces (😉) pour lui.
À nouveau l’arbre se secoua et le vent vint secouer la corde qui se balança à qui mieux mieux.
Le ciel bleu invitait à la promenade. Il faisait beau et la température printanière mettait de la musique dans les cœurs et aussi sur la corde à linge à en écouter le babillement des petits morceaux de bois. Elles tentaient désespérément de former une portée musicale.
Une branche basse de l’arbre s’entortilla autour de la corde et la lâcha d’un coup.
Les pinces s’envolèrent et retombèrent légèrement secouées, toujours cramponnées à leur corde.
— Encore crièrent-elles en chœur, ravies de ce nouveau jeu.
Malheureusement, elles aperçurent la patronne avec son panier. Fini de rigoler, elles devaient faire leur travail et pincer ces jolis draps pour qu’ils ne s’envolent pas. Même si parfois, elles leur faisaient mal, ils ne s’en plaignaient pas. Ils avaient bien trop peur de s’envoler au loin.
Le vent gonfla comme une voile le linge qui s’étalait peu à peu, multicolore. Il détourna pourtant son souffle afin que les pétales ne viennent pas s’écraser dessus. Une palombe cachée à l’intérieur de l’arbre tentait de se faire toute petite. Elle couvait depuis quelques jours et n’avait pas l’intention de perdre sa production.
Ici chez Marie nouvelle proposition d’écriture. Je dois commencer mon texte par J’étais pigiste dans un journal raté qui nourrissait la cervelle de…
Voici donc ma participation 👇
J’étais pigiste dans un journal raté qui nourrissait la cervelle de..
Je mâchonnais mon crayon. Tu parles d’un sujet ! D’abord je n’ai pas envie d’être pigiste dans un journal raté. Si par hasard, je le devenais, ce ne serait certainement pas pour un journal raté. Et voilà ! Tu fais encore ta bêcheuse ! J’entends déjà les ricanements de ma meilleure amie.
N’empêche qu’elle me fait rire cette phrase. Je regarde les copines qui sont à fond sur leur copie et je pense que si le journal est raté, la cervelle de ceux qui le lisent ne doit pas valoir tripette.
J’avais lu un truc qui racontait l’invasion d’insectes qui se nourrissaient de papier. Voilà, j’ai trouvé le début : j’étais pigiste dans un journal raté qui nourrissait la cervelle des poux des livres.
Je les imaginais bien se régaler de toutes ces mauvaises nouvelles. Exit les virus, avalée la guerre, digérée la hausse du gasoil, disparu le chômage. Malheureusement, ils ne verront pas la différence avec les articles vantant la générosité des restaus du cœur, de la croix rouge. Ils ne participeront pas à la fête des voisins, de la musique et n’y comprendront rien à la hausse du SMIC.
C’est bien beau tout ça, mais je ne vais jamais remplir une copie double avec mes grignoteurs de bouquins.
Plus sérieusement… Et si je rajoutais un mot comme : lorsque j’étais…
— Vous risquez le hors sujet mademoiselle !
Je sursautais. Le prof me regardait au-dessus de ses lunettes.
— Ça ne se verra même pas.
— Que lisez-vous ici ?
Il me montrait la phrase qui me narguait depuis un bon quart d’heure.
— J’ai compris.
Il continua son chemin, les mains croisées dans le dos.
Je repris mon stylo et la mort dans l’âme écrivis :
J’étais pigiste dans un journal raté qui nourrissait la cervelle de mon grand-père. Il le savait bien qu’il ne valait rien ce journal mais comme j’y travaillais, il faisait semblant de trouver les articles formidables. Il attendait chaque semaine que je lui raconte en avant-première ce que j’allais proposer au rédacteur en chef et vérifiais ensuite sur le papier si tous les mots avaient bien été transcrits.
Ici un atelier d’écriture est proposé avec la photo ci-dessous et la citation à inclure dans le texte Le début de l’absence est comme la fin de la vie. Voici ma participation :
Lisa détestait l’anglais, mais elle aimait bien son prof. Il avait un accent qui la faisait fondre. Et ses yeux ! D’un bleu lagon à tomber ! Il était américain, elle en était sûre. Un jour il l’emmènerait avec lui, elle en était persuadée. Elle fixait par la fenêtre le mur d’en face ou les mots French Kiss s’étalaient en rouge et blanc.
— Ferme la bouche ! Tu ressembles à une carpe.
Mariette, sa meilleure amie lui filait un coup de coude.
— Tu vas nous faire repérer.
Lisa sourit. Elle ne demandait que ça de se faire repérer par Dylan. Dylan et Lisa, ça sonnait bien.
— Je tenais à vous prévenir que la semaine prochaine, vous aurez un remplaçant.
— Quoi ?
Lisa se leva d’un bond à la surprise générale. Mariette la tira en arrière pour qu’elle se rassoie. Son professeur haussa les sourcils.
— Je n’avais pas réalisé que vous étiez aussi assidue en anglais ? Je pensais même au vu de vos notes que nous n’en aviez rien à faire. Mais rassurez-vous, ajouta-t-il devant la mine renfrognée de la collégienne, mon collègue est très compétent.
Lisa baissa la tête et ne répondit pas. La sonnerie retentit et la classe se vida rapidement. Mariette tenta d’emmener son amie, mais celle-ci lui fit signe de partir sans elle. Elle traina pour ranger ses affaires et s’approcha de son professeur.
— Vous rentrez dans votre pays ?
Il leva la tête et contempla la jeune fille.
— Je prends quelques jours pour retrouver ma femme qui va accoucher.
Devant la mine déconfite de son élève, il précisa :
— C’est ringard je sais, mais elle me manque et comme disait le dramaturge espagnol Félix Lope De Vega, Le début de l’absence est comme la fin de la vie. Sans elle, je suis complètement à l’ouest. C’est comme ça que vous dites n’est-ce pas ?
Il boucla son cartable et l’invita à sortir. Elle osa le retenir par la manche et débita d’une traite :
— Moi, ce sera la fin de ma vie quand vous serez parti.