C’est chez Carnets paresseux ici que ça se passe .
Le thème : Mélanger des légumes et des jours de la semaine. Placer au moins ces 4 mots nuage, tapage, dindon, bouillon. Bien sûr, tu en mets d’autres, sinon ton histoire va être un peu courte 😂.
Voilà donc mon histoire 😉 sur une illustration de Gallica/Bnf .
Les votes sont clos, l’agenda ironique migre ailleurs et je ne sais pas encore ce qu’il mijote et qui le mijote, mais quelle surprise de découvrir que mon texte arrive en 2ème place ex-aequo avec Carnets paresseux et Photonanie .
Fiou ! Que d’engoûments ! Les résultats du vote pour les contributions à l’A.I. de janvier 2023 se tiennent dans un mouchoir de poche, compris entre 15 et 22 mentions. En tout : 16 textes commis par 15 auteur.e.s; c’est atelier se porte comme un châle, en cette saison hivernale 😁 .
Seule en tête (22) : L’Adrienne, avec F comme Frutti (153 mots). Avec 22 mentions pour 22 participations au vote, il s’agit là d’une indéniable unanimité ! Bravo et merci pour elle.
Voici le thème hébergé chez Tiniak, où tout est super bien expliqué. Je te mets dessous un petit résumé.
Pour thème censé inspirer vos nouvelles, poèmes, pamphlets et autres scribouilles, je vous propose donc celui-ci : “Frutti di mare”.Avec, autant que possible, tout ou partie de cette liste de mots, un rien maraboutée (3 mots minimum) : Tutti frutti, frutti di mare, marée [montante ou descendante*], dentier de, [d’eux ou de*] crabe, crabouille, ouille la la ! [là, je dis*] amen, aménité, ite missa est.
Voici ma participation 😂
As-tu déjà vu danser un crabe sur Tutti Frutti d’Elvis Presley ? Moi Aglaé, la pieuvre aux 8 bras, si !
Lui, c’est Sébastopol, le crabe aux pinces de travers.
Je suis moche et je m’en fous.
Il est amoureux de moi et je suis sa passion tout autant que sa musique. Il n’a pas compris que lorsque je m’approche de lui c’est pour le dévorer. Il pense toujours que c’est pour l’embrasser le con !
Je me planque derrière les rochers et quand c’est la marée descendante, je sors de ma cachette. Figure-toi que j’ai le mal de mer, ça la fout mal pour une pieuvre, mais que veux-tu on ne choisit pas !
Qu’est-ce qu’il m’agace à se déhancher sur Elvis ! Je ne peux m’empêcher de sourire ! Ouais, c’est encore plus moche une pieuvre qui rigole ! j’en perds mon dentier. Me voilà bien, je pars à sa recherche.
Mais qu’est ce … Sébastopol me le ramène, accroché à ses pinces. Imagine le tableau !
Du coup, ce n’est pas encore aujourd’hui qu’il fera mon déjeuner, il m’a ramené mon dentier ! Circulez y a rien à voir, ite missa est ! J’aime bien me prendre pour le curé parfois et lui il ne sera pas encore aujourd’hui ma curée !
Je te mets la musique du moment ainsi nous sommes connectés 🎶
C’est le jour de l’atelier d’écriture chez Marie ici et voici la consigne à laquelle je me suis attelée 😊 : Je vous invite à écrire un texte avec 5 mots commençants par “par” et les mots suivants : allié, hémisphère, impact, taxi, héliotrope, chance, envol, affirmatif, créole.
le parapluie rouge à pois blancs
Il était une fois un parapluie, rouge à pois blancs (pas noirs, parce qu’on aurait pu le prendre pour une coccinelle) qui s’ennuyait, accroché au paravent de la chambre de Lou parce qu’il faisait toujours soleil comme on dit dans le midi.
– Ne te plains pas se lamenta le parasol, je sors tous les jours et regarde mes couleurs, elles sont toutes passées à force de rester pendant des heures en plein cagnard.
Décidément, la vie était mal faite. Entre l’un qui ne pouvait pas respirer le bon air et l’autre qui était souvent en promenade.
Le parapluie se tortilla dans tous les sens et finit par tomber au sol. Il se redressa et s’ébroua. Il avança en clopinant vers la fenêtre et constata que le ciel était plus nuageux que d’habitude.
– Tu sais quoi ? Cache-toi, aujourd’hui c’est moi qui te remplace. Pour une fois, nous serons alliés au lieu d’être rival.
– Affirmatif, répondit en riant son acolyte et il rampa jusque sous l’armoire où il se glissa.
Lou entra en trombe dans sa chambre. Elle avait appelé un taxi, pas question d’être en retard. Elle saisit sa liste de courses et murmura :
– D’abord la parapharmacie, j’ai besoin de crème solaire.
Un tantinet maniaque, elle ramassa le parapluie sur lequel, elle avait failli marcher. Elle voulut le raccrocher à sa place, mais il se contorsionna et gémit :
– J’ai envie de sortir moi aussi. S’il te plait, fais-moi prendre l’air !
Cartésienne au possible, Lou se massa le front. La musique du voisin vint alors parasiter ses idées. Elle devait être fatiguée ou c’était encore un tour de son cerveau. Quel hémisphère déjà la guidait en premier ? Son prof lui avait dit, mais elle n’avait pas écouté. Pas de chance !
Elle chercha son parasol. Le pauvre, avec l’impact des rayons du soleil dardé sur lui, il avait perdu sa belle couleur rouge.
– Il est sous ton lit, il m’a laissé sa place pour aujourd’hui. Te souviens-tu de Mary Poppins ? Je te propose de prendre ton envol avec moi. Ouvre la fenêtre, accroche-toi à mon manche, n’aie pas peur il est solide, et je t’emmène avec moi. Nous passerons dans le jardin au-dessus des massifs que tu aimes, comme celui des héliotropes et des roses.
– Et ma parapharmacie ?
Lou secoua la tête. Elle parlait à son parapluie.
– Je t’y déposerai, je serai discret. Il y a le parc derrière, tu pourras arriver délicatement sur le banc et t’y asseoir comme si de rien n’était.
Comme si un parapluie avec une nana accrochée à son manche pouvait faire discret ! pourtant, elle répondit :
– Après tout pourquoi pas ?
Un regard dans le miroir, un coup de peigne pour discipliner sa chevelure, un trait de khôl, un soupçon de rose à lèvres et ses créoles aux oreilles pour accentuer son côté fille des îles et elle empoigna son parapluie rouge et blancs.
– Ouvre la fenêtre, je ne sais pas le faire.
– Mais oui bien sûr, j’oubliais tu n’es qu’un parapluie.
Pourtant, elle s’exécuta. Au pire, elle se réveillerait dans son lit et elle penserait que c’était un drôle de rêve, au mieux… Elle n’en crut pas ses yeux quand ses pieds décolèrent.
L’atelier d’écriture chez Marie ici est relancé et j’avoue qu’il n’est pas facile ce nouveau défi. En voici l’intitulé : je vous invite à écrire de la poésie en prose (Ce genre se caractérise par sa brièveté, une apparente simplicité mais une densité bien réelle, une unité thématique, un jeu sur les images et une recherche de musicalité), sur le thème de l’odorat. Pas facile n’est-il pas vrai ?
Voici revenu l’atelier d’écriture de Marie ici et la consigne était celle-ci : Je vous propose d’écrire un texte à partir de la phrase d’introduction suivante: “On ne lui connaissait pas de nom mais dans le village les rumeurs allaient bon train…”
Voici mon texte 👇
Ambre
Phil se souvenait encore de la gamine qui s’était plantée devant lui un matin.
— Comment tu t’appelles ?
— J’sais pas !
Une larme coulait et comme Phil était passionné par les pierres, il choisit de l’appeler Ambre, peut-être aussi parce que ses yeux noyés avaient cette couleur.
Elle tenait serré contre elle un doudou en forme de cœur rouge.
— Tu viens d’où ?
— J’sais pas.
Phil décida de la prendre sous son aile, il était certain que Marius accepterait de l’héberger.
Quand on est gosse, on croit que tout est possible. Lorsqu’il vit la tête de son père à la vue de la petite accrochée à sa main, il sentit que ça n’allait pas marcher comme sur des roulettes, mais il lui fit confiance et il eut raison.
Papa Marius accueillit sa protégée comme si elle était sa fille. Il était comme ça Marius, il faisait fi de toutes les lois. Il s’en moquait même. Cette gamine avait besoin d’aide, il lui en apporterait.
Il évalua son âge en un clin d’œil et appela Joséphine. Elle débarqua avec des coupons de tissus et des vêtements qui pourraient faire l’affaire, le temps qu’elle lui couse les siens.
Aux habitants du village, il clama que son fils l’avait trouvée et qu’il n’allait pas la laisser sans manger et toute nue. Il fit passer son ami médecin qui l’ausculta sous toutes les coutures. La gamine allait bien à part cette amnésie qui la privait de ses souvenirs. Marius n’écouta que son cœur et accepta le prénom d’Ambre choisi par Phil.
L’instit était un copain d’enfance, il prit la petite nouvelle dans l’unique classe qui faisait tous les niveaux. Phil lui fit une place à côté de lui et lui prêta ses crayons, en attendant qu’elle ait sa trousse bien à elle.
C’était un tout petit village, alors comme on ne connaissait pas le nom de la gamine, les rumeurs allaient bon train, on parlait d’un abandon comme on abandonnait un chien à une affaire sordide dont elle avait été témoin.
Comment Marius fit-il pour que Ambre ne soit jamais ennuyée, c’est un grand mystère. Elle alla au collège puis au lycée et désormais, elle portait le nom de Marius.
Elle fit des études d’infirmière alors que Phil voulait être médecin, là aussi, comment Marius eut droit aux bourses pour les deux gamins, mystère.
Une fois son diplôme en poche, elle s’installa là où elle avait été trouvée en tant que libérale et Phil ouvrit un cabinet médical à côté de l’école.
Aujourd’hui le village s’est agrandi et à part Marius et son ami l’instituteur, peu d’habitants se souviennent qu’elle n’avait pas de nom et que les rumeurs sur son compte allaient bon train.
D’ailleurs, il n’y a pas de plaque pour annoncer qu’une infirmière est au village, pas la peine, le bouche à oreilles fonctionne très bien pour dire que si t’as besoin de soins, il y a Ambre qui fait ça très bien.
Le nouvel atelier d’écriture chez Marie ici proposait ceci : je vous invite à écrire un texte à partir de cette photo – Crédit Olivier Reynes.
Voici donc ma participation 👇
Il n’a même pas pris la peine de passer un short et est entré dans l’eau.
— Et tu crois qu’avec ton parapluie tu pourras empêcher quelque chose ?
La voix vient d’en haut et elle semble narquoise.
— Si je ne fais rien qui va le faire ? Toi peut-être ?
— Moi ? Ne penses-tu pas qu’il faudrait plutôt te poser la question à toi ? Quant à savoir qui va le faire si tu ne fais rien, très bonne question.
— D’ailleurs c’est quoi ce nuage ? Il ne me dit rien qui vaille.
— Normal, à force de me faire du mal, voilà le résultat, je me révolte. En tout cas, je vois que tu es bien seul avec ton parapluie. Un bon point pour toi, tu n’as pas hésité à entrer dans l’eau rapidement.
— J’ai froid.
— Arrête de te plaindre. Tu ne veux pas que je te chauffe l’eau aussi ? Vous me chauffez bien assez comme ça avec vos conneries.
— Je n’ai rien fait.
— C’est bien ça le problème.
— Tu exagères, chacun fait des efforts.
— Pas suffisants.
— Tu en as de bonnes toi, tu crois que c’est facile ? Et ce n’est pas forcément de notre faute.
— Ben voyons, c’est la faute à pas de chance ? Si tout le monde s’y mettait… Une goutte qui tombe l’une après l’autre emplit le récipient. C’est pareil pour faire avancer les choses.
— Pourquoi c’est moi que tu engueules ?
— Parce que c’est toi qui es venu le premier.
— Si j’avais su, je n’aurais rien fait. C’est injuste.
— Réfléchis… n’est-ce pas ce qu’il se passe tous les jours ? Tu tentes un effort et tu te fais remballer… du coup tu ne fais plus rien. Ne lâche rien si j’ai un conseil à te donner. Si tu attends après les autres, je me révolterai encore davantage.
— Ben voyons, des conseils, des ordres, c’est toujours comme ça maintenant.
— Et les choses changent ?
— Heu… non.
— Tiens bien ton parapluie alors… j’espère qu’il est solide.
Chez Marie ici Les consignes étaient les suivantes, commencer un texte avec cette phrase : “Oui puisque ce soir on en parle, puisque ce soir tu me le demandes sans détour, je serais même prêt à aller jusque là, à faire ça pour toi, tu as l’air de tellement y tenir, ça à l’air si important pour toi, alors si ça peut te faire plaisir pas d’état d’âme, je te suivrai, je ferai ce que tu me diras.”
Voici ma participation complètement décalée 👇 😊
L’attraction
— Oui puisque ce soir on en parle, puisque ce soir tu me le demandes sans détour, je serais même prêt à aller jusque-là, à faire ça pour toi, tu as l’air de tellement y tenir, ça à l’air si important pour toi, alors si ça peut te faire plaisir pas d’état d’âme, je te suivrai, je ferai ce que tu me diras.
— Sérieux ? Tu ferais ça pour moi ?
Jules a les yeux qui brillent et le sourire jusqu’en haut des oreilles. Du coup, Tom se demande s’il n’a pas été trop loin. Il tente de se reprendre, mais Jules ne le laisse pas parler et lui saisit la main.
— Attends, où m’emmènes-tu ?
Jules attrape son foulard rouge qu’il arbore fièrement quand il joue au cow-boy et le noue sur les yeux de son père.
— Ah ! tu as promis, ne te défile pas. Tu as toujours dit qu’une promesse devait être tenue.
— Ah bon j’ai dit ça moi ?
Tom commence à flipper sérieusement. C’est mercredi et c’est lui qui est chargé de la garde de son fils. Une semaine sur deux, il a décidé de prendre ce jour de repos pour lui. Infirmière libérale, Juliette ne peut pas souvent se libérer.
Justement, elle se gare devant la maison entre deux patients. Jules met un doigt sur sa bouche. Elle ne dit rien et sourit.
— Ton fils m’emmène je ne sais pas où.
— Notre fils, rectifia -t-elle en riant.
Il bougonna et se laissa entrainer. Lorsqu’il entendit la musique et qu’il sentit l’odeur de barbe à papa lui chatouiller les narines, son cœur s’emballa. Il voulut arracher le foulard et prendre ses jambes à son cou, mais Jules lui tenait fermement la main et prenait son rôle très au sérieux de guide.
Tom ne vit pas les sourires goguenards des passants, il tentait de se calmer. Il avait une peur effroyable des fêtes foraines et des manèges. Juliette n’avait pas le temps de s’occuper de son petit garçon, Jules n’avait donc trouvé que ce moyen pour pouvoir monter dans un grand manège. Il n’avait le droit que s’il était accompagné d’un adulte. Il en avait tellement rêvé.
Il avait pris de l’argent dans sa tirelire, il ne ferait qu’un tour, c’était déjà bien. Toujours les yeux bandés, Tom comprit qu’il s’approchait de l’attraction dont lui parlait sans cesse son gamin. Il n’avait jamais voulu la voir. Il ne savait donc pas qu’il allait s’envoler dans les airs, tourner à l’endroit et à l’envers.
Pourvu qu’il ne s’évanouisse pas ou au pire vomisse. Il ne souhaitait pas être la risée du village et faire honte à Jules. Il serra les dents et suivit le mouvement.
Jules le fit assoir et prit place près de lui. Tom entendit le coup de sifflet, signe du départ, le manège se mit en branle. Jules enleva le foulard. Tom se trouvait dans le camion pompier d’un petit manège et Jules souriait.
— T’as vraiment cru que j’allais t’embarquer sur ce machin-là ?
Il désigna l’attraction qui venait de démarrer.
— Mais Jules, tu pouvais monter seul ici. Il suffisait juste de me demander de t’accompagner.
— Tu n’aimes pas les fêtes foraines. Mais je suis content, tu m’as suivi.
Le tour se termina sans que Jules pense à attraper la queue de Mickey.
Ils descendirent ensemble. Tom s’approcha du grand manège. Il prit son fils par la main, le passa sous la toise afin de vérifier qu’il avait la bonne taille et acheta deux tickets.
Bravement, Jules s’assit à côté de son père. Il regarda plusieurs fois que la ceinture de sécurité était bien attachée à lui comme à son papa. Tous deux n’en menaient pas large quand la machine se mit en route.
Mais que dire du sourire qu’ils affichaient quand ils descendirent tous deux, le cœur en déroute, les cheveux en désordre, leurs doigts emmêlés.
— C’était trop bien ! Merci.
Jules se serra contre Tom qui referma les bras sur lui. D’accord, il avait cru sa dernière arrivée, il avait fermé les yeux et serré les dents, mais les cris de joie de son fils avaient réussi à lui faire oublier sa peur. Pourtant, in petto, il se promit de ne plus jamais se laisser embarquer de cette façon.
Ici chez Marie la consigne était celle-ci : écrire un texte à partir de la citation suivante “pour bien écrire, il faut savoir vivre et revivre ses souvenirs” Alain Mabanckou.
Voici donc ma participation :
Je t’écris cette lettre
Cher ami,
Je ne sais plus trop comment t’appeler, ça fait si longtemps que je n’ai plus de tes nouvelles. J’envoie cette lettre, un peu comme une bouteille à la mer. J’ai gardé ton ancienne adresse, j’espère que tu y habites encore.
Te souviens-tu de nos fous rires dans ta rue qui descendait à pic vers l’océan ? J’ai bien failli m’étaler des dizaines de fois, mais tu as toujours réussi à me rattraper par la main. Le croirais-tu si je te disais que je le faisais exprès pour sentir tes doigts entrelacer les miens ?
Que deviens-tu ? Tu as disparu, comme ça, du jour au lendemain et je n’ai plus jamais eu de contact avec toi. Pourquoi ?
Te souviens-tu des danses sur la plage avec les copains ? Tu chantais en t’accompagnant à la guitare autour d’un feu que nous allumions tard le soir pour ne déranger personne et surtout pas les gendarmes.
Dix ans sans nouvelles, c’est long ! J’ai bien tenté de soudoyer tes anciens amis, mais personne ne savait rien. Est-ce parce que tu l’avais voulu ainsi ? En tout cas, ils ont respecté à la lettre tes consignes, pas un mot sur ton départ. Ils font tous leur vie, ailleurs.
Figure-toi que je suis tombée sur un roman à la librairie et j’ai tout de suite pensé à toi quand j’ai vu la couverture. Le titre Revivre ses souvenirs m’a immédiatement interpellée.
Tu sais que j’ai un cahier empli des idées que tu me chuchotais à l’oreille quand tu étais en pleine phase de reconstruire le monde. Tu me disais souvent que ton rêve était de devenir écrivain et que pour y parvenir, il fallait revivre ses souvenirs pour que l’écriture soit belle.
J’ai acheté ce bouquin. J’ai cherché s’il y avait une présentation de l’auteur, j’aurais peut-être eu la chance que ça soit toi, mais rien ! C’est bien ma veine, il souhaite rester anonyme.
Je l’ai lu. Si ce n’est pas toi qui as écrit ces mots, ça y ressemble drôlement. Même si les noms ne sont pas les nôtres, j’ai l’impression de nous reconnaitre. Tout y est, les parfums d’été, les révisions du bac, les soirées d’anniversaire, les feux de camp avec la guitare et une danseuse qui me ressemble furieusement.
J’espère que ma lettre te trouvera et que mes mots te rappelleront nos souvenirs et surtout nos projets, tous, t’en rappelles — tu ?
À bientôt de tes nouvelles… peut-être qu’en écrivant à ta maison d’édition, j’aurai plus de chance ? Je ne lâche rien, je respire sans toi et je revis tous les jours nos souvenirs en les racontant sur un cahier d’écolier, mais j’aimerais pouvoir aller de l’avant et ne plus regarder en arrière. Si cette lettre n’a pas de réponse, je fermerai mon cahier et inscrirai le mot FIN.
J’ai découvert l’atelier de Ghislaine ici et je relève le défi parce que j’aime les défis, l’écriture et partager les blogs que je visite.
La consigne choisie était de placer ces mots : Clamer – Nuit – Ennemis – Gare – Mémoire – Bougies – Années – Vaciller.
Une Bonne nouvelle
Elle se rappelait avec nostalgie ces années où il l’abandonnait chaque dimanche soir. Il ne l’abandonnait pas, il partait seulement travailler. Elle grelottait de froid, la neige tombait et la nuit les enveloppait sur ce quai de gare. Le train et la solitude étaient ses pires ennemis. Elle craignait toujours de vaciller quand il lâchait sa main.
Rien que le bruit de cette énorme machine qui s’arrêtait dans un crissement de ferrailles, lui écorchait les oreilles. Et que dire du redémarrage dès que le coup de sifflet retentissait, il lui arrachait le cœur. Elle ne s’y ferait jamais.
Clamer à tout vent sa détresse lorsqu’elle rentrait seule dans leur maison, sa mémoire lui en restituait tous les détails. Le chien qui venait lui lécher les mains puis le chat se frottant contre ses jambes.
À chaque fois, elle se pelotonnait sur le canapé puis la vie reprenait son cours.
Mais aujourd’hui, il revenait avec une merveilleuse nouvelle. Il ne partirait plus aussi loin, une promotion lui était offerte. Elle pourrait même l’accompagner. De nouveaux projets se profilaient.
Finis les quais de gare et les séparations qu’elle ne supportait plus. C’était la fête ce soir. Elle sortit la nappe des grandes occasions, les assiettes avec un joli fil doré qu’ils aimaient tous les deux puis elle alluma les bougies.