Agenda ironique – Mars 2024

Bonjour toi 😉

L’agenda ironique de ce mois se passe ici. Il est question de créatures fantastiques et des mots pas faciles à placer 🤭


Voici donc ma participation, même si je ne suis pas certaine que ma créature fantastique en soit vraiment une 😁.

Le loup-garou de Claire

La famille De Marmaille habitait le château depuis des millénaires. Il avait traversé les siècles sans perdre de sa superbe et les villageois se demandaient toujours comment c’était possible. Certes, ils étaient riches et leur fortune ne leur avait jamais fait défaut. Certains prétendaient qu’ils descendaient des Dieux, d’autres qu’ils avaient trouvé la poule aux œufs d’or, d’autres encore qu’ils étaient sorciers.

La dernière-née de la famille prénommée Claire se moquait pas mal des ragots. Elle appartenait à la bande de jeunes qui squattait l’une des caves du château. Ils y faisaient de la musique. Totalement insonorisée, personne n’entendait ce qu’ils produisaient et tout le monde s’en désintéressait.

C’est par un soir de pleine lune, alors que ses amis avaient rejoint leurs pénates, que Claire perçut un bruit bizarre, elle remontait l’escalier qui menait à la grande cuisine. Nullement craintive, elle haussa la voix et demanda qui était là. Seul un souffle parvint jusqu’à elle.

La cave étant faiblement éclairée par l’astre jaune  qui se reflétait dans la fenêtre, elle appuya sur l’interrupteur.

— En voilà un drôle de costume, qui es-tu ?

Mi-homme, mi-animal, elle pencha pour un loup. Il ne lui répondit pas, mais la regarda de ses beaux yeux bleus.

Elle s’approcha de lui, il se colla au mur en grognant.

— Ah d’accord, tu viens chez moi et je ne peux pas savoir pourquoi. Tu pourrais au moins me dire comment tu as fait ce costume, il est magnifique. Tu es du village ?

Elle se contenta d’un battement de cil . Alors, elle alla vers lui faisant fi de son recul, et le caressa.

— Incroyable, ta fourrure… on dirait de la vraie.

Délicatement, il l’enlaça de ses pattes avant. Surprise, elle se laissa faire. Il la souleva et s’enfuit avec elle. Comment disait son père déjà ? Ah oui, tu es frappée de calenture, ma pauvre petite. Ce fut ses dernières pensées.

Lorsqu’elle se réveilla le lendemain matin, elle se trouvait dans son lit. Elle crut qu’elle avait rêvé, mais elle vit rapidement qu’il n’en était rien. Un mot était laissé sur les draps. Calenture flottait encore dans ses oreilles, mais en cherchant sur Wikipédia, elle comprit que ça n’avait rien à voir, à part peut-être le délire d’avoir galopé avec un loup-garou !

Chaque nuit de pleine lune, je reviendrai…

Et c’est ainsi que depuis des années, Claire, chaque nuit de pleine lune, chevauchait les contrées avec son loup-garou. Il agissait sur elle comme un dictame et personne ne se doutait de rien. Les années glissaient sur elle sans que personne ne s’aperçoive qu’elles n’avaient aucun impact sur elle.

Elle regardait la vie s’écouler à travers un Phénakistiscope et ne s’aperçut pas que son père puis sa mère disparurent de la circulation. Elle trouvait juste le temps long entre les cycles de pleine lune qui à son grand regret ne revenait qu’une fois par mois. L’histoire ne dit pas ce qu’elle faisait quand elle n’était pas avec son loup-garou. Peut-être faisait-elle de la musique avec ses amis dans la cave ? Bien sûr que non, certains étaient devenus sourds, d’autres se déplaçaient avec une canne et ne pouvaient plus descendre les marches irrégulières.

Claire attendait patiemment que l’astre apparaisse dans le ciel. Le temps n’avait pas de prise sur elle, ne l’avais-je pas déjà dit ?

© Isabelle-Marie d’Angèle (mars 2024)

À très vite…

Va et Vient 11

Bonjour toi 😉

C’est nouveau et tu trouveras toutes les explications ci-dessous 👇.

Dans la lignée des célèbres Vases communicants, le jeu littéraire intitulé Va-et-vient consiste en un échange entre deux auteurs qui écrivent un texte, illustré ou non, sur le blog de l’autre. Il paraît tous les premiers vendredis du mois. Le thème de ce numéro 11 est Invalides

Cette la toute première fois que je participe et pour cet échange, j’ai le plaisir d’accueillir ici Marlen Sauvage qui publie ma contribution (Joseph le super héros) sur son blog ici (les ateliers du déluge).

Voici le texte de Marlen sur une illustration de © Rolf Dobberstein.

Un événement, une farce

À Paris, les dieux voyagent toujours incognito. L’esplanade des Invalides accueillera un phénomène suffisamment incroyable pour qu’on ait envie de l’expérimenter : les épreuves de tir à l’arc. Un honneur pour mon manager et Marcel Proust qui a vu l’univers des plus grands. Le quartier des Invalides, centre névralgique des chiffres et des résultats, impose sa grandeur auréolée d’une pointe de crème fraîche. Avec ses ministères, ses ambassades et son Ecole militaire, vous oublierez la situation inextricable, en arpentant ses grandes avenues et ses belles ruelles. C’est sans compter avec ses célèbres Mercédès, sur les vieux trottoirs, ou au cœur de somptueux hôtels particuliers, avec les animaux de laboratoire qui complètent ce tableau majestueux. Mais détrompez-vous, derrière ce mouvement, le quartier des Invalides révèle des fonctions chronographes. Exhiber la montre fantaisie sur une péniche avec vue sur l’histoire de Cartier, dîner dans un restaurant branché au son d’une cascade survoltée, ou encore savourer les choses à un niveau spirituel…

Dans le quartier des Invalides, l’intention et la conversation cohabitent en parfaite harmonie.

En 2024, l’extase virile, dans toute sa grandeur, s’invite à Paris. Au milieu d’édifices prestigieux, les dieux s’affronteront au tir à l’arc. Entre deux épreuves, partez à la découverte des Invalides, un quartier surprenant.

Les autres échanges se déroulent entre Marie-Christine Grimard ici et Dominique Autrou ici

Dominique Hasselmann (métronomiques) ici

Amélie Gressier ici.

Le prochain Va-et-vient (numéro 12) est prévu le vendredi 5 avril. Son thème : Complicités.

Bonne lecture 💖

À très vite…

Agenda ironique de Février – Les stories perdues de Louis et Marie

Bonjour toi 😉

C’est chez Photonanie que ça se passe ce mois-ci. En voici les consignes.

Photonanie souhaite que la forme du texte soit présentée en un acte ou plus d’une pièce de théâtre, qu’il y ait un zeugme et d’y glisser les mots suivants :

Je n’ai jamais écrit de pièce de théâtre, aussi je demande toute ton indulgence. Pour le coup, je suis sortie de ma zone de confort pour la présentation, mais je pense qu’on y retrouve tout de même ma plume quelque part 😏.

Voici donc le 1er acte de cette pièce.

Les stories perdues de Louis et Marie

Les 3 coups résonnent. Le rideau s’ouvre sous les applaudissements du public. Nous sommes en novembre 2023, quelque part là-haut dans un coin de paradis.

Un couple est en train de lire. Le décor, le ciel. Lui, debout sur un nuage gris, car il souffre de cathisophobie depuis qu’il s’est assis sur un cactus et en a gardé un souvenir piquant et très désagréable parcourt le journal. Elle, sur un autre en forme de canapé blanc fait défiler des articles sur son téléphone. Soudain, elle sursaute et laisse échapper un cri. Elle manque par là même chuter de plusieurs mètres. Lui, surpris, tourne la tête vers elle.

Elle : Sire, étiez-vous au courant que nous avions été tous deux guillotinés en 1793 ? Cela ferait exactement 400 ans.

Le Sire en question abandonne son journal qui s’envole et sa colère gronde à un point que son teint vire ponceau, lui si pâle de nature. Sa moitié retient un éclat rire tellement il est drôle.

Lui : Fichtre, ça fait un bail ! comment est-ce possible ? Moi, Louis XVI, le roi des Français, guillotiné ? La peine de mort n’est-elle pas abolie depuis longtemps ?

Elle : Vous dites n’importe quoi très cher, en 1789, rappelez-vous, la révolution, la prise de la Bastille… et blablabla. Vous radotez, permettez-moi de vous le faire remarquer.

Lui : Vous avez raison, ma reine, la situation était… délicate.

Elle : C’est le moins que l’on puisse dire, Sire.

Silence. Il la rejoint sur le canapé qui ploie sous son poids. Il manque de tomber, car il reste debout. Il reprend :

Lui : Cessez de m’appeler ainsi, vous savez bien que cela n’a plus lieu d’être.

Elle arque ses sourcils impeccablement dessinés et remarque :

Elle : Oui, nous sommes morts, mais j’aime vous donner ce titre. Vous êtes toujours mon roi préféré. Et puis vous êtes idiot de ne pas vous asseoir vous me donnez le vertige.

Il la contemple de toute sa hauteur et fredonne Vertige de l’amour.

Lui : Vous êtes quand même drôlement bien conservée et je vous aime comme au premier jour.

Elle : Il y a bien longtemps alors.

Elle rit.

Soudain, il quitte le nuage, il semble marcher ou voler c’est selon comme on l’imagine à grandes enjambées. Il soliloque.

Lui : Je n’étais pas un roi de médiocrité. Que sont devenus mes travaux de serrurerie ? vous rappelez-vous ma chère, comme j’étais fasciné par la mécanique, la chimie et…

Elle le stoppe d’un geste.

Elle : Grand Dieu oui.

Elle se passe la main sur le front. Elle a lâché son portable. Il le rattrape au vol, il pense à haute voix qu’il s’en est fallu de peu pour qu’il disparaisse dans les nuages plus bas. Pour le retrouver, il se voit déjà dans ce coton ouateux en train de fouiller. Elle fronce les sourcils et s’inquiète. Elle ne comprend rien à ce qu’il raconte, ne serait-ce pas les prémices de la sénilité ? Cela fait quand même 400 ans, ce n’est pas rien !

Lui : Quel beau travail de précision ? Vous dites qu’il est écrit là-dedans que nous avons été guillotinés ? Comment ce si petit appareil peut-il être au fait de cette situation ?

J’espère tout de même que la lame était désinfectée, imaginez que nous soyons contaminés ? Ce serait le bouquet. De plus d’être mort, nous serions malades. Quelle horreur ! Avec la médecine qui balbutiait et n’était pas au point pour trouver les causes et les aboutissements.

Elle : Vous avez encore raison.Quand je pense que je suis passée dessous sept mois après vous. Je n’avais pas dû aller chez le coiffeur. Cela aurait été dommage d’abimer le travail de ma camériste.

Un rire sardonique se fait entendre, les nuages virent au gris. Il souffle :

Lui : Allons bon, je sens que nous l’avons encore froissé. Il est pire que du papier, pour un rien, il se fripe.

Elle : Calmez-vous très cher, ce n’est pas bon pour votre cœur. Même si nous sommes déjà morts, faisons comme si…

Le rideau se baisse. Le public applaudit.

© Isabelle-Marie d’Angèle pour l’agenda ironique de Février 2024

N’hésite pas à aller découvrir les pièces de théâtres écrites par les agendaironistes ici.

À très vite…

Agenda Ironique – Votes

Bonjour toi 😉

N’hésite pas à aller lire toutes les participations à l’agenda ironique de janvier. C’est ici que ça se passe .

L’agenda ironique est ouvert à tous, n’hésite pas à participer si le cœur t’en dit pour celui de février (le sujet n’est pas encore tombé, vu qu’on ne sait pas encore chez qui ça va se passer 😂).

À très vite…

Agenda ironique – Janvier

Bonjour toi 😉

C’est chez Tiniak ici que ça se passe ce mois-ci. Les consignes ?

Voici donc ma participation 👇

Quel voisin !

Par la fenêtre ouverte,
Force est de constater
Que le voisin, l’oreille collée
À son bigophone, me rend verte.

Aucune discrétion chez lui,
De minuit à midi,
Il marche de long en large
Je sens pointer la rage.

Ne pourrait-il se taire ?
Ce drôle de mousquetaire.
Oh, je ne vous ai pas dit ?
Ce voisin joue la comédie.

Il se prend pour D’Artagnan
Sa flamberge battant son flanc.
Serait-il encore bon comédien,
Mais il n’en est rien.

J’entends souvent son jardin
Du soir au matin qui se plaint
Des coups d’épée sur ses marguerites
Qui tour à tour s’effritent.

Et je ne parle pas des pampres
Qui s’entourent autour de ses jambes
Pour éviter d’être fracassées
Et le retenir de les couper.

C’est pas Dieu possible
D’être aussi terrible.
Voilà que j’hallucine
Quelle drôle de trombine !

La chope à la main
Il fait le malin.
Je crie, Jean-Pierre
La mousse de ta bière
Couvre tes lèvres
Il rit et détale tel un lièvre.

Ce voisin je t’jure
Frise la caricature.
Il n’a rien d’un parangon
De modestie, ça non !

Devant sa Mégane
Il se pavane
Ce n’est qu’une Renault
Pauvre idiot !

Par la fenêtre ouverte
Force est de constater
Que le calme est revenu
Le voisin a disparu.




N'hésite pas à aller lire les textes des AgendistesIronistes 😂 ici .
À très vite…

Le calendrier de Juliette -Fin

Bonjour toi 😉🎄

Il y a quelque jours, j’ai publié les 8 premiers jours du calendrier de Juliette comme participation à l’agenda ironique de décembre ici . Je ne pouvais pas rester sur le 8 décembre quand même ! Voici donc la suite et fin de cette histoire.

Juliette sursauta, son grand-père lui touchait l’épaule. Les yeux embrumés, elle se rappela son rêve, il lui racontait ses Noëls à lui.

— Ce n’était pas un rêve Juliette…

Elle se redressa tout à fait.

— On continue alors. Je crois que tu t’étais arrêté au 8 décembre.

Elle s’assit en tailleur sur le tapis et écouta Grand-Pa qui replongea dans ses souvenirs.

— 9 décembre : Costume. C’était ma mère qui me l’avait confectionné. Qu’est-ce que j’étais fier, un costume rien que pour moi. Il était gris, et je crois même que mon père m’avait appris à faire un nœud de cravate.

— 10 décembre : Cire.

— C’est quoi ? l’interrompit Juliette.

Grand-Pa sourit.

— Figure-toi que les derniers jours d’école, nous devions faire briller nos bureaux dans la classe. Ils étaient en bois pas comme toi aujourd’hui, et il fallait les entretenir. Avec un chiffon, nous mettions ce produit, souvent de la cire d’abeille et…

— Je sais, je sais, l’interrompit à nouveau Juliette. C’est vrai que ça sent bon, Maman en met sur les meubles du salon et après ça brille.

— 11 décembre : Parfum.

— Encore ? souffla Juliette.

— Celui-là ce n’est pas pareil. Mon père avait offert un flacon à maman. Elle n’en mettait pas souvent pour l’économiser et le sortait pour les grandes occasions et Noël en était une. Quand elle venait m’embrasser, je le sentais et ce parfum-là, je ne l’ai jamais oublié.

— Grand-Ma aussi sent bon, c’est le même ?

Grand-Pa caressa les cheveux de sa petite-fille.

— Non, mais il est tout aussi agréable. Je peux continuer, si tu m’interromps chaque minute, jamais je n’arriverai au bout.

Juliette fit le geste de fermer sa bouche.

— 12 décembre — Neige. Je n’ai eu droit qu’à un seul Noël blanc. Elle ne tombe pas souvent par ici, mais je me rappelle comme si c’était hier du bonhomme de neige que j’avais fabriqué avec les voisins et de belles parties de boules de neige. Tes arrières-grands-parents avaient même participé et ils n’étaient pas les derniers à balancer des boules.

Juliette s’écria :

 — Sérieux ? Quand même, ils ne devaient pas être très jeunes pour jouer à ça.

Grand-Pa éclata de rire.

— Ils ont été jeunes aussi et n’ont pas toujours été des arrière-grands-parents.

La mimique de Juliette le renseigna aussitôt, elle n’y croyait pas du tout.

— 13 décembre — Chant. Mon préféré, Douce Nuit.

— Ah bon ? Pas Petit Papa Noël ?

Il éluda la question et continua.

— 14 décembre — Crèche. Ma mère y ajoutait chaque année un nouveau santon. Au fur et à mesure des années, la crèche prenait de plus en plus de place et s’étalait dans le salon. Nous faisions les marchés de Noël et nous trouvions toujours des personnages ou animaux qui manquaient.

Il attendit que Juliette fasse une réflexion, mais elle ne pipa mot. Pourtant, elle aurait pu lui rappeler qu’il l’avait déjà dit.

— Je sais ce que tu penses, mais ce n’est pas de la même crèche dont je te parle.

— Ouais ! accepté !

— 15 décembre — Pâté. Maman cuisinait à l’avance des terrines pour le réveillon et ça embaumait dans toute la maison. Ta grand-mère fait la même chose d’ailleurs.

Juliette fit oui de la tête.

— 16 décembre — Émile.

Grand-Pa se tut. Juliette attendit qu’il reprenne la parole. Il semblait triste tout à coup. Il sortit un grand mouchoir à carreaux de sa poche, Juliette se demandait toujours pourquoi il était si grand, il n’avait pourtant pas un si gros nez, il aurait bien pu convenir à celui de Pinocchio. Elle n’osa pas l’interroger.

— Émile était un garçon qui a passé quelques semaines chez nous avec sa famille. C’était pendant la guerre et mes parents les logeaient à la maison. Nous sommes devenus les meilleurs amis du monde. Un jour, il est reparti.

Grand-Pa soupira et reprit avec le sourire.

— 17 décembre — Machine à remonter le temps.

Juliette se leva d’un coup et le bombarda de questions :

— Comme dans Retour vers le futur ? Elle fonctionnait ? Tu as réussi à aller dans une autre époque ? C’était bien ? Raconte.

— Alors, non je n’ai pas réussi à aller dans une autre époque, juste dans l’atelier de mon père.

Déçue, Juliette se laissa tomber sur le tapis.

— Pfft, t’es pas drôle, à quoi ça sert alors ?

— Figure-toi que mon père était forgeron et j’aimais beaucoup bricoler dans son atelier. Je devais bien avoir 12 – 13 ans, j’étais curieux et je regardais ton arrière-grand-père avec envie. J’ai fait un plan de cette machine, j’ai récupéré des pièces et quand je rentrais de l’école, aussitôt je le retrouvais dans son atelier. Peu à peu, elle a pris forme. Mon père me regardait faire, me prêtait ses outils et j’ai aussi appris à souder. Mais… j’avais oublié une chose importante et il me l’a fait remarquer quand j’ai eu terminé. C’est bien beau de faire un plan, mais il faut toujours vérifier quelque chose… Comment sortir ma machine par le grand portail si elle ne peut pas passer ? Je n’avais rien mesuré et évidemment elle était bien trop large. Je compris alors les sourires goguenards des ouvriers qui travaillaient avec mon père. Celui-ci leur avait fait promettre de ne rien me dire, je devais comprendre tout seul. Ma machine a dû être démontée pour pouvoir sortir, mais j’étais tellement dégouté et vexé que je ne voulais plus parler à mon père.

— 18 décembre — Cirque ; Il y avait souvent un cirque de Noël qui s’installait sur la place. Mon père adorait la musique de la parade et de le voir si heureux me met encore aujourd’hui les larmes aux yeux quand j’entends cette musique.

— 19 décembre — Fiançailles. Là, on fait un grand saut dans le temps. C’est à Noël que je me suis fiancé avec ta grand-mère. Je me souviens encore du dessert, 2 colombes. J’étrennais un nouveau costume et ta grand-mère était habillée en couleur prune. C’est toujours ce qu’elle me dit, pas de violet chez elle.

— 20 décembre — Champagne. J’en ai bu pour la première fois, j’étais majeur, c’est-à-dire 21 ans. Pas d’alcool avant, mon père ne rigolait pas avec ça. D’ailleurs, je ne suis toujours pas un grand consommateur.

— Et tu aimes ? demanda Juliette.

— Bien sûr, mais pas souvent.

— 21 décembre — Marrons.

— Comme la dinde aux marrons ?

— Exactement.

— Je peux dire moi aussi ? 22 décembre — Bûche. Celle de Grand-Ma, au chocolat, elle est trop trop bonne.

Juliette continua sur sa lancée.

— 23 décembre — Père Noël. Je sais que je suis grande et que… bon… peut-être qu’il existe… peut-être pas… En plus, il y a des fois où il te ressemble beaucoup !

— 24 décembre — Réveillon.

Ils le dirent en même temps et Juliette se jeta dans les bras de son grand-père.

 © Isabelle-Marie d’Angèle (décembre 2023).

À très vite…

Agenda Ironique – Décembre

Bonjour toi 😉🎄

C’est chez La Licorne que ça se passe ce mois-ci.

Voici donc ma participation.

Le calendrier de Juliette

Juliette du haut de son mètre 40 fixait son grand-père.

Pourquoi tu dis que la mémoire est comme le dessus d’une cheminée, pleine de bibelots qu’il sied de ne pas casser, mais qu’on ne voit plus ?  Elle est trop belle et trop compliquée ta phrase, elle ne veut rien dire.

Grand-Pa sourit. Il aimait sortir ces citations devant sa petite-fille.

Alors qu’une clarté vespérale envahissait peu à peu la pièce, la gamine demanda

— Et si on jouait ? On pourrait faire un calendrier de l’avent avec des mots qui commencent par des objets de Noël qui te rappellent un souvenir. 24 mots à trouver, on devrait s’en sortir, surtout toi Grand-Pa, et ça fera travailler ta mémoire, et de surenchérir, en plus tu aimes les mots bizarres, alors ça sera du gâteau.

Grand-Pa se lança :

— 1erdécembre – Orange.

Juliette regarda son grand-père, attendrie. Il semblait se rappeler un beau souvenir, car un sourire fleurissait sur ses lèvres, mais elle pensa aussitôt qu’il ne s’était pas foulé. Orange, facile comme mot !

— C’était le cadeau que je recevais toujours à Noël. Toi, tu es gâtée avec des jouets ou des livres, moi c’était magique, cette orange. Elle était choisie parce qu’elle était la plus belle. Elle avait un goût sucré, tu ne peux même pas imaginer.

— 2 décembre — Guipure.

— C’est quoi ? demanda Juliette, curieuse.

Grand-Pa se leva et alla fouiller dans sa bibliothèque. Il sortit un album photos qu’il feuilleta.

— Voici ta grand-mère, elle était une dentellière renommée. Regarde un peu, c’est ça la guipure, une dentelle très ajourée.

— C’est elle qui faisait ça ? C’est magnifique. Tu crois qu’elle pourrait m’apprendre ?

Grand-Pa ne répondit pas et se replongea dans ses souvenirs.

— 3 décembre — Sapin. J’allais le couper avec ton arrière-grand-père dans la forêt. Quand nous le ramenions et l’installions dans la pièce, le parfum qu’il dégageait, je ne l’ai jamais oublié.

— 4 décembre — Bougies. Elles illuminaient la table décorée avec soin par ta grand-mère.

— 5 décembre — Crèche. Nous allions à la messe de minuit à pied. Il faisait froid, mais nous retrouvions en route les voisins qui s’y rendaient également. C’était l’occasion de bavarder et de donner des nouvelles de la famille.

— 6 décembre — Houx. Nous allions en ramasser un grand panier et nous en faisions des bouquets que nous placions autour des appliques murales.

— 7 décembre — Dinde. Elle était énorme et elle cuisait à la cheminée, accrochée à une ficelle. Je la surveillais tout comme ma mère qui l’arrosait régulièrement. Il n’était pas question qu’elle brûle.

— 8 décembre — Buissonnière. Le dernier jour avant les vacances de Noël, le maître disait que nous pouvions faire ce que nous voulions. J’avais donc décidé de ne pas me rendre à l’école et de faire l’école buissonnière, mais de nos jours, je ne te conseille pas de…

Il s’interrompit. Juliette, les coudes sur la table, s’était endormie. Sa dernière pensée était que son grand-père était un véritable péroreur quand il s’y mettait. Elle aussi connaissait de jolis mots, c’était lui qui lui avait appris. D’habitude, c’était elle, la péroreuse, elle avait cherché dans le dictionnaire ce que ça voulait dire, ça pouvait certainement se mettre aussi au masculin. Il n’y avait pas que les filles qui bavardaient.

Dans son sommeil, elle murmura que c’était rudement long d’attendre Noël tout comme Grand-Pa qui n’en était qu’au 8 décembre.

© Isabelle-Marie d’Angèle (décembre 2023).

N’hésite pas à aller te balader chez La Licorne, tu trouveras toutes les participations de l’agenda et tu verras qu’on attend Noël de toutes les façons.

À très vite…

Agenda ironique – Novembre

Bonjour toi 😉

L’agenda ironique se tenait chez Carnets paresseux ici. J’avoue que j’ai peut-être passé la date 😁mais je ne trouvais pas l’inspiration. Elle m’est venue ce matin. J’ai aussitôt couché sur le papier ce qui suit 👇. Il était question d’horoscope et de ces quelques mots à glisser ici et là : chevalparapluiesouquenillepingouintubéreuse et Vierzon.

Adélaïde arriva à la gare de Vierzon, 
Non sans réprimer un frisson. 
Quelle malchance ! Il pleuvait ! 
Elle descendit sur le quai.

Elle sortit son journal, 
Elle ne s’en tirait pas si mal,
Pour trouver l’adresse indiquée 
De cette madame Irma renommée. 

Elle ouvrit son parapluie
Et maudit cette Sophie. 
Elle n’aurait pas dû lui parler
De cet homme qu’elle aimait. 

Va donc voir cette Irma, 
Elle te rassurera. 
Mais pourquoi Vierzon ? 
J’avais haussé le ton. 
Pourquoi aller si loin
Habillée comme un pingouin ?

Parce qu’il faut que je vous dise,
Mon Dieu quelle sottise ! 
Je devais pour la rencontrer
Drôlement m’accoutrer !

Frac noir et chemise blanche
Habillée comme pour un dimanche
Était de mise pour cette voyante
Que j’espérais accueillante. 

Me voilà devant sa porte.
Elle créchait, rue Aigue-Morte. 
Pas besoin de frapper, 
Elle m’avait vue arriver. 

Entrez donc, gente demoiselle !
M’accueillit-elle en robe à bretelles. 
Où est donc votre cheval ? 
Serait-il en cavale ? 

Abasourdie, je ne comprenais rien,
Un parfum de tubéreuse sur ses mains
M’enivra au plus haut point !
C’était écrit, là, dans le coin !
D’un doigt accusateur, 
Elle montrait l’horodateur. 

Que venait-il faire ici ? 
Alors que je fermais mon parapluie,
À l’intérieur, ça portait malheur
Inquiète, je regardai l’heure. 
Avais-je fait tout ce chemin
Pour rien ? 
Mais non, m’assena-t-elle, 
Je m’assis face à elle. 

Vous êtes un beau pingouin,
Pour vous un bon point. 
Mais vous n’avez pas de cheval
Là c’est un peu bancal. 

J’étais venue… tentais-je
Ne m’interrompez pas, sacrilège !
Elle sortit sa boule de cristal
Je faillis me sentir mal.

Je me vis en souquenille
En vieille fille. 
Voilà ce qui vous attend
Vous perdrez tout votre argent
Si vous vivez avec cet homme
Je vois plutôt un Guillaume.

Ne cherchez pas si loin
Le bonheur est à portée de main. 
Demain ? Je le verrai demain ? 
Si je suis ici, c’est malin !

Je dois rentrer chez moi,
Devant moi, elle croisa les doigts. 
Vous n’avez pas compris,
Elle me sourit. 

Et le soleil apparut. 
Je me sentis mis à nue. 

Fermez les yeux, 
Je vis d’un coup tout en bleu. 
Moi et cet homme merveilleux. 
Pas beaucoup d’argent, 
Est-ce si important ? 
Une vie normale
Sur mes épaules un châle,
Un feu de cheminée
Comme je l’aimais. 
Une vie emplie de hauts de bas
Des enfants serrés dans mes bras.
Cela suffit à mon bonheur
J’ouvrais les yeux, c’était l’heure
De rentrer chez moi
Pour te trouver, toi ! 

© Isabelle -Marie d’Angèle (novembre 2023)


À très vite…

Samedi Dessine

Bonjour toi 😉

Je te partage aujourd’hui les quelques dessins dont je suis fière 😁. Je demande toute ton indulgence, si tu es illustratrice, peintre (si si j’en connais 😉)ou très habile de tes mains 😁.

J’ai classé dans la catégorie défis-Challenges parce que pour moi c’est un sacré défi de dessiner, je pars de loin 😊.

Ici, je m’en tire assez bien 😁

Ci-dessous, le bisou est plus facile à faire qu’à dessiner 😂.

Celle-là, je l’aime bien 💖👇

Pas mal non plus non ? Je ne dois pas avoir le bon matériel pour les cheveux 😁.

Bon samedi et dis-moi ce que tu en penses, je prends les commentaires, les critiques et les félicitations aussi 😂.

À très vite…

BIC pour l’Agenda Ironique

Bonjour toi 😉

Me revoilà avec le nouveau sujet de l’Agenda Ironique qui se passe chez Sabri Na . En bref, Sabri Na nous propose et ce jusqu’au 26 septembre de parler d’un souvenir d’école réel, inventé, fictif, douloureux, absurde, drôle… Tout est écrit chez Sabrin NA et c’est là aussi que tous les textes seront partagés.

Voici donc ma participation :

Je m’appelle BIC. Je sais que tu penses que je suis un stylo. Oui, mais pas n’importe lequel et surtout pas comme celui qui est jaune avec un capuchon bleu. Moi je suis beau, rouge et brillant avec une plume (j’aurais pu m’appeler Geronimo, mais BIC c’est plus court). Je ne tombe jamais en panne, pas comme les autres qui d’un coup coupe le rythme de l’écriture et se retrouve direct à la poubelle après d’infructueux essais pour le faire redémarrer, en le grattant sous le pied, en soufflant sur la mine, en gribouillant de plus en plus fort sur le papier quitte à tout déchirer, bref ! Non, moi elle me recharge dès qu’elle sent que je vais être à sec, d’une belle encre turquoise que tous m’envient.

Elle m’a eu en cadeau parce qu’elle avait réussi son BEPC, traduis Bic En Pleine Course. Elle m’aime et je ne la quitte jamais, même si j’avoisine les crayons qu’elle utilise parfois. Je fais ami-ami avec eux, mais j’avoue faire le rapporteur quand l’un deux, bave. Quelle horreur !

Les années passent et j’en ai assisté à des cours de toutes sortes. J’en ai écrit des lignes et des mots que même elle ne comprenait pas toujours. Je me souviens du mot HELP que j’avais écrit alors que c’était LP, elle m’a tellement raturé que j’en ai fait une tâche. Quelle vexation ! J’entendais déjà les crayons qui blablataient sur mon dos. De colère, j’ai fait en sorte que le tube de colle se renverse sur eux. Malin ! Il fallait les voir tous agglutinés les uns contre les autres, j’en ris encore. Elle beaucoup moins !

Je me souviens d’un jour où j’ai eu la CROUS de ma vie. Je tressautais dans son sac, elle courait tellement vite parce que la grille allait fermer. Le pion lui avait fait remarquer que la prochaine fois elle resterait dans la rue. C’était l’année de son Bonbon Tout Sucré. Elle avait la fâcheuse habitude de me glisser derrière son oreille comme un vulgaire crayon à papier. Je craignais de mettre de l’encre partout, mais elle s’en moquait. Elle me reprenait, parfois me mordillait le bouchon, j’adorais ça !

Et le jour où tout content, j’ai écrit ZEP, j’espérais rencontrer l’auteur de Titeuf. Ah tu parles, il s’agissait d’une Zone Éducation Prioritaire, j’en suis restée comme deux ronds de flan. Non, mais je te jure, ça ne se fait pas des trucs pareils ! Quelle idée, il devrait râler pour usurpation d’identité.

Aujourd’hui, je suis vieux. Je trône sur son bureau et c’est encore moi qui signe tous les papiers. J’ai malheureusement dû changer la couleur de mon encre, et passer au noir, c’est plus administratif, parait-il !

Elle m’appelle toujours BIC, diminutif de Bichou. Un petit nouveau est venu me rejoindre, il s’appelle PILOT et fait du roller, il n’a pas de plume, il ne se recharge pas mais change tout le temps, je n’arrive pas à savoir si c’est lui ou un autre. Aucune personnalité le gonze !

À très vite…