Journal de Marie-Sophie

Bonjour toi 😉

Marie-Sophie continue de nous raconter sa vie au fil des jours…Je te présente les personnages tels que je les imagine 👇 et je te rappelle que tu peux trouver ici tout Marie-Sophie.

— Tu ne crois pas que tu vas un peu vite ?

Mélusine, assise face à moi dans la cuisine, nous buvons toutes deux notre premier café. Enzo dormait encore, il était tôt. Nous aimions bien nous retrouver alors que le jour pointait à peine. La fenêtre était ouverte et nous entendions au loin les cloches des vaches et des brebis qui attendaient leur départ pour le pré.

Mélusine, le nez dans son mug, leva les yeux vers moi. Elle en avait de la chance, mon amie, toujours jolie, même le matin au réveil, alors que moi, les cheveux étaient en bataille, elle, on dirait qu’elle sortait d’une gravure de mode.

— Quoi ? aboya-t-elle.

J’éclatai de rire. Sa mauvaise humeur avant le café restait légendaire.

— Je pensais justement que tu étais adorable.

Elle haussa les épaules et posa sa tasse.

— Tu n’as pas répondu à ma question MarieSophe. Cette… comment l’appelles-tu déjà ?

— Cybèle.

— Tu parles d’un nom ! Bref, je n’imagine pas du tout Archibald avec elle.

Jamais je n’aurais cru que ce serait Mélusine qui verrait ça d’un mauvais œil qu’enfin notre ami se case. Elle se resservit du café et m’en proposa. Je refusai.

— Je suis certaine qu’il va se passer quelque chose entre eux.

— Entre qui et qui ?

Nous n’avions pas entendu Morgan arriver. Il se pencha vers moi pour me piquer un baiser sur les lèvres. Jamais je ne me ferai à la manière qu’il a de se déplacer aussi discrètement. Je lui proposai du café qu’il accepta en souriant. Il ouvrit la porte du placard pour sortir sa tasse favorite. Quand il était là, j’avais l’impression que la pièce se rapetissait, il en imposait Morgan ! Il s’assit et m’invita à le rejoindre sur ses genoux. Mélusine murmura :

— Vous êtes mignons tous les deux. La belle et la bête !

Alors que je ne savais pas comment réagir, Morgan éclata de rire et Mélusine fit de même.

— Je parie que vous parliez de Cybèle Iraola, reprit Morgan, une fois leur crise d’hilarité terminée.

— MarieSophe pense qu’il se passe quelque chose entre Archibald et elle.

Il reposa sa tasse et tout en me caressant les cheveux répondit :

— Avant que ça n’arrive, il coulera de l’eau sous les ponts.

— Et pourquoi donc ?

— Archibald n’est pas basque, grommela-t-il.

— Et ?

Mélusine plongea son nez dans son mug, je suis certaine de l’avoir vu sourire comme si elle était ravie.

Morgan me poussa gentiment et se leva éludant la question.

— Je vais au marché et je vais en profiter pour acheter le pain. D’ailleurs, tu n’y vas pas aujourd’hui MarieSophe, à la boulangerie ?

Mélusine et moi haussâmes les sourcils en même temps.

— Ah d’accord c’est à moi d’être derrière le comptoir ?

Il rit.

— Alors à plus tard !

À nouveau, il m’embrassa et s’en fut par le jardin. Mélusine se leva et lava son mug. Elle se tourna ensuite vers moi.

— Je suis très heureuse pour toi, il est vraiment gentil Morgan. J’imagine que tu ne penses toujours pas t’installer chez lui ?

— Je viens d’emménager… à moins que tu veuilles la maison pour toi toute seule, lui glissais-je en lui faisant un clin d’œil.

— Pas du tout !

— Peut-être as-tu d’autres projets ?

Je voulais la faire réagir et l’inviter à se confier, mais elle répondit en soupirant :

— Si tu penses à François, tu fais fausse route. Décidément, c’est à croire que tu as vraiment envie de nous caser Archi et moi. Ce n’est pas parce que tu as trouvé chaussure à ton pied qu’il faut que cela soit pareil pour nous.

Je la rattrapais par le bras alors qu’elle allait m’abandonner dans la cuisine.

— Mélusine, excuse-moi si j’ai été indiscrète ou maladroite.

Elle me saisit la main.

— MarieSophe, je crois que je ne suis pas prête à laisser un homme entrer dans notre vie à Enzo et moi. Nous ne sommes pas bien comme ça ? Et je pense que pour Archibald c’est pareil.

Je dressai l’oreille. Saurait-elle quelque chose qui m’aurait échappé.

— Vous en avez parlé ?

— Pas besoin. Archi est dans son truc, il n’a pas la tête pour autre chose.

— Oui, mais ça peut changer.

— Enfin, MarieSophe qu’est-ce qu’il t’arrive ? Je vais me doucher et réveiller Enzo et nous partirons pour la crèche, c’est notre tour d’animer la matinée.

Elle a raison, pourquoi me suis-je mis ça dans la tête ? Je me secouai, après tout, ça ne me regardait pas.

Le village n’était pas grand, il avait l’avantage que nous pouvions nous déplacer à pied. Il y avait du monde à la boulangerie. Je fis signe à Morgan qui avait la côte derrière le comptoir, je reconnus son rire et sa voix. Il semblait très à l’aise avec chacun. Je remarquai qu’il y avait des gens des communes voisines. J’étais heureuse pour Archibald. Mélusine tenait la main d’Enzo et celui-ci ne put s’empêcher de lui échapper pour aller embrasser son parrain. Il commençait à être connu ce gamin et son arrivée dans la boutique ne passa pas inaperçue. Poli, il dit bonjour et s’empressa de passer derrière pour retrouver Archibald.

Évidemment, celui-ci nous rejoignit après avoir serré les mains des clients qui maintenant lui faisaient confiance.

Il nous embrassa, nous demanda des nouvelles, ce qui nous fit rire car nous nous voyions tous les jours, nous habitions ensemble.

— À ce soir.

Il repartait déjà abandonnant Enzo qui tenait une poche de croissants tout chauds.

— Il a dit que c’était pour les autres enfants.

Quand nous arrivâmes chez François qui nous accueillait avec un grand sourire, nous eûmes la surprise d’y trouver Cybèle.

— Je crois que vous vous connaissez, s’empressa d’annoncer le père d’Héloïse. Cybèle Iraola et son fils Bixente.

Médusées, Mélusine et moi saluâmes la jeune femme et découvrîmes son gamin en fauteuil roulant.

© Isabelle-Marie d’Angèle (septembre 2022).

À très vite…