Sur le blog de Jérome Daquin ici l’idée était d’offrir un cadeau pas comme les autres, la consigne était qu’il fallait que ce soit un humain mais pas un un animal. Il fallait écrire le mode d’emploi pour utiliser ce cadeau. Voici donc mon texte :

Quand la sonnette tintinnabula, Jules terminait de se raser. Un coup d’œil dans le miroir de l’entrée avant d’ouvrir la porte le rassura, il n’avait plus de mousse blanche sur le visage.

— Mais qu’est-ce que ?

— J’ai un colis pour vous. Vous êtes bien Jules CESAREZ ?

— Oui c’est bien moi, mais je n’ai rien commandé.

Le transporteur n’écoutait même plus. Pressé de terminer sa tournée, il déchargeait le carton, l’amenait dans le hall à l’aide d’un chariot, lui faisait signer le bon de livraison. Jules n’avait pas encore réagi qu’il était parti.

Heureusement qu’il était à l’endroit, parce qu’il n’était pas facile à remuer. Jules tourna autour. Les étiquettes « haut » « bas » « fragile » le rassuraient à moitié.

Curieux, il inspecta l’adresse. C’était bien lui. Jules CESAREZ, impasse des arènes.

Il alla chercher une paire de ciseaux dans le tiroir de son bureau et commença à enlever le papier qui enroulait le carton.

Pas un mot, pas une carte, rien ne le renseigna sur la provenance du cadeau. Sauf un post-it jaune où « Joyeux Noël » le narguait.

— Mais…

Jules n’en crut pas ses yeux surtout quand il se trouva face à une deux billes noires qui le fixaient.

— Mais…

— Ce n’est pas le mois de mai…

Il sursauta. Le cadeau parlait.

— Il va falloir que tu me programmes sinon, ça va vite tourner en rond et je n’aurais pas de conversation. 

Il arracha le carton et une femme de sa taille, de son âge, jolie, le regardait.

Jules était veuf depuis longtemps. Ses enfants ne cessaient de lui répéter de refaire sa vie, mais il n’y parvenait pas. Clothilde lui manquait trop.

Une notice d’explication était scotchée.

Pourquoi faire ? Il n’avait pas envie de ce cadeau bien trop encombrant. Ce n’était pas son truc tout ça. Un engin connecté ? Il avait internet parce que ses gosses lui avaient payé et insisté lourdement. Ils allaient l’entendre.

Il déploya quand même le papier. Il avait de la chance, il le français était en premier.

Tout d’abord, il devait trouver la clé pour la déverrouiller. Il chercha l’endroit pour l’introduire. Elle était si petite qu’une fois à sa place, il ne la voyait plus.

Aussitôt, les yeux de la dame battirent, comme si elle se réveillait d’un long sommeil.

Il parcourut le deuxième paragraphe. Il devait converser avec elle de manière à ce qu’elle enregistre ce qu’il aimait. Ainsi, elle pourrait dialoguer avec lui. Mais, ce qu’il n’avait pas lu c’est qu’il devait lui donner un prénom, auquel elle répondrait à chaque fois qu’il l’appellerait ou lui parlerait. C’était normal, quand même.

Jules se gratta la tête signe de profonde réflexion. Clothilde ? Impossible. Sa femme adorée allait se retourner dans sa tombe. Totalement immobile, l’inconnue ne bronchait pas, mais son regard semblait le suivre.

Julia, voilà ! comme ça, il ne l’oublierait pas. Jules et Julia. Donc, il devait le dire à haute voix et voir ce qu’il se passe.

Jules hésitait à parler à cette femme. Pourtant, il le murmura. Rien ne se produisit. Évidemment, il n’avait pas dû le dire assez fort.

— Julia !

Rien.

Il reprit la notice.

Si vous ne constatez aucune réaction, c’est que le prénom ne lui convient pas.

Jules jeta le papier sur la table et bougonna qu’elle aille se faire voir ailleurs. Il allait tout mettre à la poubelle et voilà. Sauf que… on ne jette pas une femme aux ordures. Comment allait-il expliquer ça à ses voisins s’il était aperçu. Il regarda à nouveau son cadeau et surpris, il découvrit une larme couler. Elle avait donc un cœur. Mais comment allait-il la nommer bonté divine ! comment savoir ce qui lui plaisait.

Comme il en avait l’habitude, il appela son épouse à l’aide.

— Si tu voyais ce qu’il m’arrive Clothilde !

Aussitôt, la dame s’agita. Stupéfait, il la contempla sortir de son carton, se secouer la robe, lisser ses cheveux et… lui sourire.

Il récupéra la notice et lut le troisième paragraphe.

— Parlez-lui comme à une personne, présentez-vous, elle enregistrera tout et saura ce qui vous fait plaisir au fur et à mesure de ce que vous lui raconterez, lui montrerez et lui apprendrez.

Jules se prit au jeu.

— Bonjour, je m’appelle Jules.

Ébahi, il l’entendit lui répondre.

— Enchantée, moi c’est Clothilde.

Et comme s’il la recevait comme une invitée, il lui offrit un café. Il alla chercher les tasses dans le buffet, mit en route la cafetière. Clothilde le suivait, enregistrait tous ses gestes et au moment où il allait la servir, elle lui désigna son fauteuil.

— Je vais le faire.

Il la regarda lui verser le liquide noir puis se diriger vers le placard. Elle y trouva une petite boite de biscuits qu’elle lui rapporta aussitôt.

Il lui saisit la main et chercha de l’autre la notice.

Le dernier paragraphe indiquait comment l’arrêter si elle devenait trop bavarde, trop active, bref si un bug survenait dans le programme.

Il froissa le papier.

2 réflexions sur “Un cadeau pas comme les autres

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