Voilà pourquoi tu n’as plus la suite de « C’est à cause de la clé ». J’ai été retenue pour participer à la Finisher Race sur Fyctia. Quezaco ?
Pour faire simple, c’est terminer ton roman dans les dates exigées. Donc, j’ai encore jusqu’à fin janvier pour terminer C’est à cause de la clé 😊.
J’en suis à 73 781 mots 😏ce qui fait 423 712 caractères 🙂 et pour l’instant 59 chapitres. Mon objectif de la semaine étant de terminer mon premier jet, c’est à dire que je pourrais dire que j’ai réussi le challenge et j’obtiendrai le diplôme de la Finisher Race.
Mais le travail n’est pas fini pour autant, je dirais même qu’il ne fait que commencer. Bonjour la relecture, la correction, les chapitres rajoutés ou supprimés. Chasse à la faute d’orthographe, de grammaire, de concordance de temps, d’incohérence (un prénom qui a changé, un maillot de bain en plein hiver ou un bonnet et une écharpe en plein été) de chronologie, d’anachronisme. Retrouver un personnage oublié, résoudre une intrigue qui est passée aux oubliettes, faire le lien entre les scènes, exploiter les intrigues secondaires…Mais tout ça c’est après le 31 janvier… ouf !
Et ce n’est pas fini …
Bienvenue le Wordcamp spécial Finisher. Il pointera son nez pour que j’arrive au bout de l’aventure, le but suprême ...La Publication 😂.
Oui, enfin, avant d’en arriver là, il y en a encore du travail ! Mais n’est-ce pas une belle aventure ?
Je te raconterai dans un autre article, toutes mes galères et mes doutes, les challenges et les coachs d’écriture, la peur de ne pas y arriver, mes personnages qui n’en font qu’à leur tête, le plan qui ne ressemble plus à rien, les chapitres qui s’enchainent et m’entrainent tellement loin que je ne vois plus le bout de mon histoire. C’est bien beau la cohérence et la logique, mais faut l’écrire tout ça !
Qu’en penses-tu toi ? Raconte moi tout en commentaire.
Voilà une bonne question à laquelle je me dois de répondre.
❤ Je suis une incorrigible romantique. Je m’installe devant un film de Noël, qui finit toujours bien, il ne faut pas se mentir, je pleure. Je regarde Sissi (version Romy Schneider) je ne m’en lasse pas, parce qu’il y a les belles robes, l’empereur, la valse, le château. Je visionne Cendrillon, je vais encore m’agacer avec la belle-mère et m’émouvoir avec les oiseaux et les souris. Je craque devant Pretty Woman ou Dirty Dancing et The Holidays et j’en passe. Si mon chéri me propose un film ou une série à découvrir, ma première phrase est : Ce n’est pas un film de guerre, il y a une fille et un amoureux ? …Je ne te raconte pas comment est la réaction entre soupirs et C’est toujours pareil avec toi…
❤ Alors j’écris ce que j’aime lire. J’imagine une rencontre improbable entre un homme et une femme à une fenêtre, dans un parc, un musée, un café… Et ça finit toujours bien. Je suis qualifiée de fleur bleue . J’avoue c’est parfois difficile dans notre monde. Mon monde à moi c’est un peu celui des Bisounours, bisesnounours comme disaient mes enfants (ils sont grands maintenant 😉).
❤ Un peu naïve, mes personnages ne sont pas souvent méchants. Pourtant, j’y travaille. Je n’arrive pas à les faire mourir parce que ça me fait trop mal au cœur de m’en séparer et ça va rendre malheureux celui qui va se retrouver abandonné 😊. Une vraie romantique, je te dis. Tu ajoutes, que je suis une sentimentale vraie de vraie. Donc, une fleur bleue, (et dire que je n’aime pas le bleu… sauf le bleu marine, pour le marin peut-être ? C’est vrai qu’il y a de l’histoire à raconter sur les marins … mais je m’éloigne de mon sujet). Pourtant, la femme qui attend le marin sur le bord de la plage …
❤ Ne t’y trompe pas, écrire de la romance, c’est analyser pas mal de sentiments. Ce n’est pas dire je t’aime à chaque phrase. L’amour ça se gagne, ça se perd aussi, ça s’étiole s’il n’est pas entretenu. C’est comme une flamme, il ne faut pas la laisser s’éteindre. Il faut l’écrire tout ça et faire passer les sentiments avec sa plume et ce n’est pas aussi facile que ça en l’air. Je ne te parle pas de sexe ici, mes scènes d’amour, sont toujours suggérées. Une vraie romantique, je te dis ! Tu te souviens de ton premier baiser ? Du premier amour, celui qui a fait battre ton cœur et ressentir ces papillons dans le ventre ? Tu crois que c’est facile à écrire ça mais pas du tout. Voilà pourquoi, pour moi la romance c’est de la douceur et de la suggestion.
❤ Le bonheur ne se raconte pas, il se vit. C’est fragile le bonheur et si le couple est trop heureux, le lecteur se lasse vite et s’ennuie. La romance, c’est aussi la jalousie, la colère, la remise en question, les disputes et le pardon. De multiples sentiments s’entrechoquent, se croisent, se mélangent, se heurtent. C’est pour ça aussi que j’aime écrire sur ce sujet, il y a tant de choses à raconter sur les couples qui se forment et se déforment parfois.
❤ Dans Cupidonetmoi.com c’est l’application qui forme des couples à sa manière. Elle se trompe, elle tatillonne. En fait, en l’écrivant, je me suis rendu compte que ces couples avaient besoin d’un coup de pouce au départ, ensuite ils faisaient leur proche choix. C’est un peu ça la vie, un rendez-vous, voilà commence une histoire. Comme pour faire une mayonnaise, il suffit de mélanger les bons ingrédients, elle prend ou pas.
❤ Pour terminer, je te dirais qu’écrire de la romance est surtout du pur bonheur. Je vis tellement avec mes personnages, c’est de la guimauve, du plaisir, et comme j’aime les histoires qui font du bien, pourquoi m’en priver ?
Et toi, aimes-tu la romance ? Raconte-moi tout en commentaires.
C’est en publiant sur Instagram que j’ai pensé faire un billet ici. Je peux raconter davantage (tu as oublié ? je suis bavarde 😉).
Tu ne remarques rien d’étrange ? Regarde mieux …
Voilà, Léonie a un visage pas Léandre. Pourquoi ? Tout simplement parce que je ne l’ai pas trouvé comme je le voulais. Tu vas me dire, Léonie est exactement comme tu la voyais ?
Non, évidemment, mais je m’en suis inspirée, tout comme de Léandre. La jeune femme est coiffeuse, lui est agriculteur d’où la chemise à carreaux (Oh le cliché 😂) je n’allais pas le mettre en costume 3 pièces quand même, il travaille au milieux de 40 vaches. D’accord, elle est plus classe, plus citadine ajouterais-je.
Chaque histoire commence ainsi, par la recherche de mes personnages. Ensuite, le prénom et le nom, l’âge, le caractère, la profession et la situation familiale. Là où ça se complique, c’est l’endroit où je les installe. Je me rends compte qu’ils sont souvent dans le sud de la France. Pourtant, je n’en suis pas originaire.
Ici, vous ne voyez que les personnages principaux, il y a tous les autres qui se greffent au fur et mesure. Je les vois, je les entends, ils ont parfois, voire souvent, un accent. Certains sont grognons, d’autres préfèrent rigoler. Dans Cupidon, les villageois se déchainent en commérages chez le coiffeur et au bar.
Il m’est arrivé pour l’histoire de Muguette de trouver que le chéri de mon héroïne avait un drôle de caractère qui ne me plaisait pas et pourtant, je l’ai laissé parler, c’était sa vie et son comportement collait.
Dans Noël à la maison des coeurs blessés, toutes les lectrices ont craqué pour Georges. C’est vrai qu’il est gentil, il me fait penser à quelqu’un 😉. Il est même plus que gentil surtout avec Philippine, pas en affaires, où ce n’est pas le même homme. Philippine, par contre, en a agacé plus d’une avec son caractère d’enfant gâté. Je me suis beaucoup inspiré de la série Dallas et Revenge pour le travail de Georges.
Si toi aussi, tu écris, dis-moi en commentaires, comment tu procèdes et si tu n’est que lecteur, raconte-moi comment tu imagines les personnages des livres.
Je viens te parler un peu des mes romances. Déjà 3 quand même ! Mine de rien, ça en fait des mots écrits rien que pour le dernier 423 987 caractères 😎. Je vais te dire un secret, je suis en train d’en écrire un autre. Si si ….mais chut 🤐 j’en parlerai une autre fois. Mais parlons d’abord de mes » bébés ».
Cupidonetmoi.com une application malicieuse qui met un village sens dessus dessous.
Mon décor : un village du Sud-Ouest que je connais bien, avec une ferme, rappel de toutes mes vacances.
Mes personnages font tous partie de la vie d’un village, du boucher en passant par le bar-tabac-presse, l’épicerie, le boulanger et la coiffeuse où toutes les dames du village s’y retrouvent pour bavarder.
Mes héros ? Léandre et Léonie qui n’auraient jamais dû se rencontrer.
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Une vraie romance de Noël avec tous les ingrédients, du chocolat à la magie, en pensant par la famille.
Philippine et Georges, le couple phare mais aussi Victorien, vous feront passer un Noël à la maison des coeurs blessés où ils se retrouveront pour panser leurs plaies et retrouver le bonheur.
À consommer sans modération, un plaid sur les genoux un chocolat chaud à côté.
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Muguette ! Une héroïne aussi attachante qu’attachiante. Elle croque la vie et aime à sa manière. Elle s’est mis en tête de tomber amoureuse d’un homme qui porte un prénom de fleur comme elle. Jasmin de la Rochefleurie va en faire les frais et être pris dans ses filets.
Et si malgré tout, il aimait bien être pris dans ses filets ?
Arsène Maestro avait mal dormi comme chaque fois qu’il commençait un tournage. Dès 6 heures du matin, il était sur le pied de guerre.
Claudio dégustait déjà un café quand il déboula dans la pièce qui servait de réfectoire. Il s’attabla près de lui.
— Tu as ta tête des mauvais jours. Arrête, tu vas nous porter la poisse. Bois ton café, avale un croissant et respire.
— C’est un sacré risque que je prends quand même ! Jamais, de toute ma carrière, je n’ai basé un film sur une actrice inconnue, si on peut l’appeler comme ça. Rien que le producteur me fout la frousse.
— Tu es en plein doute, c’est normal. Au pire, tu le produiras toi-même !
— Si ce client n’avait pas perdu ses clés, s’il n’y avait pas eu cette histoire de bijoux volés, je suis certain que Cléo n’aurait jamais accepté.
— C’est une sacrée coïncidence, j’avoue !
— C’est trop beau pour être vrai, je sens que je vais galérer !
Il regarda son ami.
— Promets-moi que tu n’y es pour rien !
Claudio s’étouffa avec son pain. Il toussa, cracha, pleura. Arsène lui tapa dans le dos, se traitant de con. Enfin, le scénariste, reprit son souffle, repoussa sa chaise bruyamment et froidement lui dit.
— Pour qui me prends-tu ? On se connait depuis longtemps, t’as oublié ?
Il le planta là sans se retourner. Il croisa Marjorie et l’a prévint sans s’arrêter.
— J’espère que tu as une bonne nouvelle, il est d’une humeur de chien !
Marjorie fit demi-tour, mais Maestro l’avait aperçue. Il vint la rejoindre. N’était pas actrice qui veut et dans ce rôle, Marjorie était minable. Le réalisateur se rendit compte immédiatement que quelque chose clochait. Il attaqua aussitôt.
— Un problème ?
Elle éluda et passa devant lui pour prendre un plateau. Elle espérait qu’il rebrousse son chemin, mais c’était mal le connaitre. Elle aperçut alors Ulysse, elle lui fit signe pour détourner son attention. Le styliste vint vers eux. Il les salua.
— Alors ? Prêts ? Je suis curieux de voir comment Cléo va se comporter. Je suis vraiment content pour elle.
Son sourire et sa bonne humeur eurent le don de détendre l’atmosphère. Marjorie l’invita à sa table. Maestro préféra les laisser seuls. La directrice de casting poussa un soupir de soulagement. Elle murmura.
— Ulysse, Cléo a perdu sa voix.
Il ne fut pas surpris à la grande stupéfaction de Marjorie. Il expliqua.
— C’est tout Cléo ! Mais ne vous inquiétez pas, elle aura sa belle voix voilée pour déclamer son texte. Rassurez-vous.
— Vous êtes sûr ?
— Certain ! Elle a un don. Mais chut ! ne le dites pas à Maestro. Lorsqu’il va l’entendre, il va être très surpris. Cléo a la faculté de changer de voix selon ce qu’elle ressent. Gamine, elle cartonnait quand elle jouait dans les pièces de théâtre.
— Ce n’est pas l’impression qu’elle m’a montrée ce matin. Elle était en panique totale !
— Cléo est toujours en panique. Elle n’a pas confiance en elle. C’est une sacrée opportunité que Maestro lui offre. Elle saura ce qu’elle vaut vraiment. Elle ne l’a pas encore compris et n’y croit pas de toute façon. Je vous assure que même si elle rafle un prix d’interprétation, elle pensera qu’il n’est pas pour elle. Elle est très agaçante et fatigante à toujours tout refuser. Où est-elle ? Elle ne devrait pas prendre son petit-déj ?
— Tonio démêle ses boucles. Il va falloir trouver une solution pour ça aussi, il n’a pas qu’elle à s’occuper.
Ulysse éclata de rire.
— Ne me racontez pas qu’elle est la seule dans ce cas-là ! Allons allons Marjorie, tout va bien se passer. Tenez, regardez, la voilà.
Il se leva pour l’accueillir. Tonio la suivait de prés. Il en profita pour plaquer deux bises sur les joues d’Ulysse.
— Dis-moi Tonio ? Tu as galéré pour coiffer l’héroïne du jour ?
— Pas plus que d’habitude chéri !
Ulysse entoura des bras son amie et lui chuchota à l’oreille.
— Alors cette voix te joue encore des tours ?
Elle acquiesça sans répondre. Il l’entraîna vers le buffet. Elle se servit un chocolat chaud. Perrette la cuisinière, lui donna du pain frais avec de la confiture, glissa aussi quelques amandes sur son plateau et un yaourt nature. Cléo remercia en souriant. Comment avait-elle sur ce qu’elle aimait ? Un coup d’œil vers Ulysse la renseigna. C’était lui ! Il se souvenait de tout. Elle mit sa main dans la sienne.
— Je suis heureuse que tu sois là.
Sa voix voilée l’attendrit.
— Pour le coup, elle est trop sexy, Maestro va craquer.
Elle ne répondit pas et s’installa à table. Tonio prit place en face d’elle, près d’Ulysse. Clémentine vint les rejoindre. Chrono en main, Cléo avait une petite demi-heure.
Elle n’en pouvait plus. Entre la robe, le maquillage, les retouches de coiffure, elle avait le cœur qui battait la chamade. Elle était enfin prête et attendait son tour. Elle regardait Arsène derrière sa caméra. Il avait noué négligemment autour du cou une écharpe noire, sa chemise blanche était largement ouverte. Très concentré, il la fixait et ne se laissait pas distraire. Un calme olympien régnait sur le plateau. Elle entendit le sacro-saint Silence on tourne et le clap exécuté par un machiniste. Elle savait que dans quelques minutes, ce serait pour elle. Ça ne dura pas longtemps, Arsène criait déjà Coupez. Claudio applaudit. À chaque fois, il était ému de voir son texte joué.
— C’est bon pour moi ! Prochaine scène !
Dans un ballet réglé comme du papier à musique, caméraman, scripte, se mirent en place pour le changement de décor. Claudio s’approcha de Cléo et lui donna quelques conseils pour la scène qu’elle allait tourner.
— Ne sois pas surprise par la caméra qui va te filmer de très près. Le spectateur doit te connaitre, t’aimer ou te détester. Reste naturelle, mais n’oublie pas que tu deviens Ludivine de Montgomery. Exit Cléo Rose. Pour cette scène, tu es face à ton père. Vous allez vous disputer. Alors, tu imagines. Tu te mets à la place de Ludivine, ce n’est pas Cléo qui parle.
Jean Reno s’approcha d’elle.
— On va s’engueuler ? Je sens que je vais adorer.
Il eut le don de la faire sourire.
— Allez, on y go !
Claudio pressa son épaule et lui fit un clin d’œil. Arsène leva les yeux et découvrit Cléo dans sa robe jaune et prune comme il l’avait souhaité. Son foulard dans les cheveux était noué comme il le voulait. Parfait. Il lui sourit.
— Prête ?
Elle connaissait son texte, savait où elle devait se mettre. Son père était face à elle. Elle le regarda. Les micros étaient au-dessus d’eux. Les voyants des caméras étaient rouges. Claudio croisa les bras et s’installa derrière Arsène. Il découvrirait les images en même temps que lui. Arsène leva la main, le machiniste arriva avec son clap qu’il mit devant les deux acteurs. Cléo sentit le trac monter et ses mains devenir moites. Son père de fiction lui sourit avant de prendre un air sévère comme le voulait la scène.
Silence on tourne ! Les voyants des caméras passèrent au vert.
Toujours aussi brun, les cheveux plus longs que dans son souvenir, elle retrouva sa fossette quand il souriait.
— Cléo ? C’est bien toi ?
Elle se jeta dans ses bras.
— Ulysse ? Mais qu’est-ce que tu fais là ?
— Maestro m’a appelé pour que je sois ton styliste. Figure-toi que ma boîte s’occupe des costumes d’époque, ça tombe bien.
Un peu plus âgé qu’elle, il assumait déjà quelques cheveux blancs et quelques rides au coin des yeux. Cléo n’en revenait pas de la chance qu’elle avait.
Marjorie, Tonio et Clémentine regardaient le couple. Voilà une belle équipe qui allait fonctionner, pensa la directrice de casting.
— Raconte ! Tu es marié ? Tu as des enfants ?
Il éclata de rire.
— Ton père m’aimerait encore moins Cléo. Je ne suis pas trop attirée par les femmes.
Tonio s’approcha du styliste, lui mit la main sur l’épaule et dit :
— Bienvenue dans le monde gay chéri !
— Sérieux ? reprit Cléo. Pourtant, je me rappelle qu’elles ne te laissaient pas indifférent.
Il éluda.
— Et toi ?
— Bof moi, rien de spécial. Un BTS tourisme en poche et un poste au Majistic. Rien d’original.
— Tu oublies le rôle dans le nouveau film de Maestro !
Elle avait une journée pour apprendre son texte. Elle tournait le lendemain et le trac la paralysait. Première scène ! ça commençait mal. Elle s’engueulait avec son père. Jamais, elle n’oserait élever la voix contre lui.
La veille au soir, elle avait rencontré toute l’équipe d’acteurs. Arsène l’avait présentée comme la petite nouvelle. Même si elle était la tête d’affiche, il n’avait pas pris de risques. Jean Reno jouait son père. Il avait été très gentil avec elle et l’avait félicitée avant de savoir si elle allait être à la hauteur.
— Ne jamais douter de soi, lui avait-il dit en mettant sa main sur son épaule.
Elle aurait dû immortaliser l’instant.
En regardant le script entier, elle comprit qu’elle avait peu de scène avec lui. Elle ne voyait que Ludivine s’étaler et c’était elle. À Partir de demain, elle deviendrait Ludivine de Montgomery. Elle réalisa rapidement que Jean Reno n’aurait son nom au générique que pour une brève apparition, il disparaissait dans un tragique accident de voiture.
Pierre Niney jouait son frère. Elle n’aurait pas à l’embrasser. C’est la première chose qu’elle avait vérifiée en feuilletant les pages. Elle n’aurait pas pu, impossible !
Elle entendait le brouhaha à l’extérieur et elle, elle était seule avec son texte. Elle se plongea dedans et marcha de long en large en répétant ses phrases. Elle se regarda dans le miroir pour voir la tête qu’elle avait en parlant. Elle fit des grimaces, se mit en colère. Elle se filma avec son téléphone en prenant la pause. Elle passa ses mains dans ses cheveux et chanta.
— Tu as toujours une très jolie voix !
Ulysse était appuyé contre la porte et l’écoutait depuis quelques minutes.
— Je t’ai apporté cette robe. Tonio va arriver pour te coiffer.
Elle saisit le costume.
— C’est vachement décolleté !
— Essaie avant de faire tes commentaires.
Tonio entra avec ses brosses et ses peignes.
— Alors, ma belle rouquine, comment vas-tu ? Et toi ? Ulysse le magnifique, sais-tu que pour toi je serais une jolie Pénélope ?
Il en profita pour battre des cils et minauder devant le styliste. Cléo éclata de rire.
— Ah ! je suis gâtée avec vous deux !
— Passe ta robe que je puisse la retoucher si besoin. Pendant un certain nombre de scènes, c’est celle-là que tu dois porter. Maestro y tient.
La robe jaune et prune s’étalait sur un fauteuil. Le coiffeur ajouta :
— Il souhaite aussi que tu gardes tes cheveux détachés, bouclés, avec un foulard.
— Avec un bandana quoi ! comme il m’a vue sur la plage.
— Tu lui as tapé dans l’œil comme ça !
— Heureusement que je n’étais pas à poil !
Elle saisit la robe et se cacha derrière un paravent. Les deux hommes éclatèrent de rire.
— Tu n’as vraiment pas changé, remarqua Ulysse.
— Tu n’aurais pas eu trop de travail Ulysse.
Tonio lui fit une chiquenaude sur la main.
— Alors cette robe ?
Elle apparut devant eux. Ils sifflèrent de concert d’admiration.
— Parfait ! Je te laisse la coiffer Tonio.
Arsène était sur le pied de guerre. Comme toujours, quand il commençait un film, il était tendu à l’extrême. Les décors étaient sublimes, le matériel était prêt, il s’installa derrière sa caméra. C’est là que Claudio le rejoignit. Tout semblait au point, mais il n’était jamais à l’abri du grain de sable qui vienne tout enrayer.
— Comment te sens-tu ?
— Angoissé ! As-tu vu Cléo ?
— Elle essaie sa robe avec Ulysse. Je l’ai trouvée timide et réservée hier soir et c’est normal.
— Sais-tu si elle a appris son texte ?
Claudio, surpris, contempla son ami.
— Depuis quand t’intéresses-tu à ça ? Ce n’est pas la première fois que tu lances un nouvel acteur ? Qu’est-ce qu’il t’arrive ?
— Mauvais pressentiment.
Il se leva.
— Je vais voir Marjorie.
Mais au lieu d’aller la retrouver, il changea d’avis et se dirigea vers la pièce allouée à Cléo. Ulysse en sortait. Arsène l’intercepta.
— Tout va bien ?
— Pas de problème, monsieur Maestro. Tonio est en train de coiffer Cléo. Elle en profite pour réciter son texte avec lui.
— Très bien, très bien.
Il fit demi-tour.
Cléo assista au repas avec l’équipe. Elle fit connaissance de la cuisinière qui lui glissa que si elle avait des envies particulières, elle devait lui faire savoir. Elle retrouva sa chambre rapidement pour continuer d’apprendre son rôle.
Elle s’y exerça jusqu’à une heure avancée de la nuit. Elle n’avait aucun problème de mémoire. Elle s’endormit ses feuilles à la main.
C’est Clémentine qui vint frapper à sa porte suivie de Tonio. Il était 7 h du matin.
— Debout Cléo ! Dans une heure et demie, tu dois être prête sur le tournage. Tu dois prendre un petit déjeuner. Impossible de travailler le ventre vide, crois-moi, ton cerveau a besoin de forces.
Cléo sursauta, repoussa la couette. La coiffeuse et le styliste entrèrent en trombe. Tonio s’exclama en contemplant les boucles emmêlées :
— My God !
Il mit ses mains sur ses hanches et fronça les sourcils.
— Debout ! Chérie, il y a du boulot. Tout le monde est déjà sur le pied de guerre. Enfile un truc, Maestro n’aime pas le retard.
Cléo ouvrit la bouche pour s’excuser :
— Je ne me suis… coassa Cléo.
Surprise, elle se tut et mit sa main devant la bouche. C’était quoi cette voix éraillée ? Ils s’exclamèrent en même temps ?
— Tu as pris froid ?
Elle remua la tête en signe de négation.
— Parle nom de Dieu ! cria Tonio.
— J’ai peur !
Clémentine saisit son portable et appela Marjorie. Elle déboula dans la minute qui suivit.
— C’est le trac ! Cléo, tu vas venir prendre un thé chaud avec du miel et…
— J’aime pas le miel.
— Si Maestro entend ça, il va nous faire un malaise, c’est sûr ! se lamenta Tonio. Un début de tournage qui commence comme ça, c’est la galère pour tout le film.
— Tais-toi, oiseau de mauvais augure, grogna Clémentine.