Elsbeth Isobel, la petite sorcière

Bonjour toi 😉

L’histoire continue mais comme c’est le jour de la poésie, j’ai écrit la suite en vers.

C’est bien la peine d’être une sorcière
Je ne peux que tourner en rond depuis hier. 
J’ai voulu jouer, je suis punie
Assise sur mon balai dans la nuit
Je m’ennuie. 

Comment demander pardon 
En m’agenouillant devant le grand patron ? 
Je vois que tu me regardes, mon chat,
Ah ! si je pouvais te serrer dans mes bras !

Mais je suis condamnée à errer
Dans ce ciel certes étoilé
Jusqu’au lever du jour
Certainement sans aucun secours. 

Ai-je rêvé ? c’est bien mon chat
Je descends plus bas
Il est debout sur deux pattes
Non, mais quel acrobate !

Il a réussi à sauter sur mon balai
Au moment où je passais tout près,
Nous sommes deux désormais
Dans le ciel à voler.

Soudain, mon balai pique du nez
Au sol brutalement, nous sommes projetés. 
Agacée pas blessée, mais surtout vexée
Je grimpe à l’arbre, le plus près. 

Arthus m’y rejoint les yeux exorbités, 
Foi de chat, jamais ça ne lui est arrivé !
Équilibriste dans l’âme, il n’a pas aimé
Qu’un coup en prenne sa fierté. 

Assis tous deux sur la branche
Je pense à ma revanche. 
Oublie ! crache mon chat
Où tu t’en mordras les doigts. 

Le soleil se lève à l’horizon
Allez moussaillon,
Quittons notre perchoir
Quelqu’un pourrait nous apercevoir. 

Je rentre à la maison
Accompagnée de ses ronrons. 
Je me laisse tomber sur mon fauteuil
Straurius m’attend, bonjour l’accueil.




© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022).

À suivre….

À très vite…

Elsbeth Isobel, la petite sorcière

Bonjour toi 😉

Je laisse la parole à ma petite sorcière à qui il arrive bien des misères 😁.

Pourquoi avions-nous cet homme en math ? Les autres classes avaient une professeure, ce vieux grincheux nous en faisait voir de toutes les couleurs, alors qu’elle, j’en étais certaine était rigolote. Je comprenais que Samy ait envie de lui faire une blague, de mauvais goût certes, mais qu’est-ce qu’on allait rire.

Une fois de plus, Samy fut envoyée au tableau. Je croisais les doigts derrière mon dos et grâce à moi, elle trouva facilement les réponses, ce qui eut le don d’étonner Einstein (oui, nous l’avions baptisé ainsi, j’avoue nous ne nous étions pas trop forcées et de plus, il n’était pas aussi intelligent, j’en savais quelque chose !).

Il se retourna brusquement vers moi comme s’il était sûr que je brandissais les réponses. J’affichai mon plus beau sourire ce qui l’agaça davantage. Je ne pus résister à l’envie de lui faire retomber sa mèche de cheveux devant les yeux, il n’en avait plus beaucoup et il devait passer du temps le matin face à son miroir avec une tonne de gel pour qu’elle se tienne bien, rien qu’à l’imaginer je souriais béatement. Toute la classe éclata de rire alors que lui ouvrait grands les yeux ne comprenant pas ce qui lui arrivait. Désespérément, il essayait de la remettre en place, mais elle n’en faisait qu’à sa tête.

C’est à ce moment-là qu’on frappa à la porte, le conseiller principal d’éducation entra. Le comble ! En découvrant la tête de ce pauvre professeur, il réfréna avec peine son hilarité, il s’en s’excusa. Il tenta de reprendre son sérieux et déposa sur le bureau un message qui apparemment était de la plus haute importance. Il quitta la salle aussi rapidement qu’il était apparu non sans pouffer, je l’avais entendu.

Je savais de quoi il s’agissait… Le timing était parfait, la sirène retentit, nous rangeâmes nos affaires avec fracas.

Nous n’avions plus cours, nous sortîmes en vitesse. Nous avions repéré où créchait Einstein, ce ne fut pas difficile d’arriver avant lui. Je saisis la main de Samy et en un claquement de doigts, nous nous retrouvâmes dans son jardin.

— À toi de jouer Elsbeth, mais j’ai la trouille quand même. Tu es certaine que je ne risque rien ?

— Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer.

Je ne la laissais pas réfléchir plus longtemps, plaçais mes doigts en V sous mes yeux, lançai l’incantation qu’Arthus m’avait soufflée et…

— Tu n’as pas honte ?

Je restai tétanisée alors que Samy, terrorisée mettait ses mains sur ses oreilles. Une tempête s’élevait courbant les pins, de gros nuages noirs s’amoncelaient au-dessus de nos têtes et une pluie torrentielle s’abattit d’un coup, nous fûmes trempées jusqu’aux os en peu de temps.

— Elsbeth Isobel !

Statufiée, je regardais Straurius apparu devant moi. Ses yeux lançaient des éclairs et quand il se redressa de toute sa hauteur, je réalisai qu’il touchait presque le ciel.

— N’as-tu pas honte ? Faire peur à un mortel de cette façon ? Tu trahis toutes nos conventions, n’as-tu donc aucun respect pour nous, les sorciers ?

Sa voix tremblait de colère et je me prosternai à ses pieds implorant son pardon.

Il détourna son regard et d’un coup d’un seul, je me retrouvai vieille et laide à tourner sur un balai dans la nuit noire.

Arthus, assis sur la fenêtre de ma chambre, me suivait des yeux tout en se léchant les pattes. Je le vis distinctement remuer la tête, d’un air de dire, je t’avais dit de faire attention. Je n’étais pas certaine de l’avoir entendu ou alors j’avais occulté ça de ma mémoire.

Que faire maintenant ? Implorer le pardon de Straurius était de la haute voltige. Je tentais d’appeler à l’aide Harow mais notre chef avait dû donner des consignes strictes, personne ne me répondit. J’étais donc condamnée à tourner en rond dans le ciel noir pendant la nuit. Même la lune restait indifférente à mon problème.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022)

À très vite…

Elsbeth Isobel – La petite sorcière

Bonjour toi 😉

Désolée pour la chronique littéraire du lundi, mais challenge oblige, je ne peux pas tout faire 😁. De plus, j’ai terminé les deux tomes dont je souhaitais vous parler, seulement je n’avais pas réalisé qu’il y en avait un 3ème. Quelle frustration quand je suis arrivée au bout de ma lecture et que j’ai compris que c’était loin d’être terminé. Bref, le temps de commander, de le recevoir et de le lire, patience ! Du coup, ma petite sorcière prend sa place, je suis certaine que ça te fait plaisir aussi 🙂.

Je te laisse avec elle …

Après le départ de Samy, je restais perplexe. Elle m’avait dit qu’elle reviendrait le soir même, transformée. J’avais hâte de voir ça, je ne pensais pas que c’était possible si jeune. Du coup, je me penchais sur mes grimoires, histoire de vérifier ce que je savais.

Arthus, mon chat noir me rejoignit et se planta sur le plus gros livre. Il commença à se lécher consciencieusement la patte puis me fixa de ses yeux vert-jaune.

Je l’apostrophai :

— Quoi ? Qu’est-ce que tu essayes de me dire ?

Il abandonna sa toilette et vint se frotter contre ma joue et son ronronnement s’enclencha.

L’obscurité emplit la pièce. Allons bon, j’allais recevoir de la visite, quand la nuit tombait d’un coup c’était que quelqu’un de l’autre monde toquait à ma porte. Je soupirai, pas moyen d’être tranquille même à dix ans.

— Ne t’inquiète pas, ce n’est que moi !

Je respirai mieux. Arthus avait pris la parole. Sa voix cavarneuse me faisait rire. Comme il n’avait pas l’habitude de parler, ses cordes vocales ne fonctionnaient pas toujours bien. J’avais bien tenté quelque chose, mais je m’étais fait vertement remettre en place par Straurius. Ce n’était pas dans mes compétences alors que j’en avais le pouvoir. Hiérarchie oblige, je devais la respecter, même si j’étais une sorcière très douée, je n’avais pas encore été promue au rang supérieur.

— Ta protégée ne peut pas se transformer. C’est son rêve le plus cher alors elle compte sur toi pour que tu l’exauces.

Ébahie et vexée parce que je n’avais pas prévu ça, je restais sans voix.

— Normal que tu n’aies pas compris son vœu, tu oublies toujours que lorsque tu as dix ans, tu as les dons de ton âge, même si parfois, tu parviens à tromper Straurius, enfin parce qu’il le veut bien.

Je me laissai tomber sur mon fauteuil crapaud préféré et fermais les yeux.

— Tu sais quoi, on va lui faire un blague.

Je sautais aussitôt sur mes pieds, le cœur en fête. J’avais dix ans et le droit de faire des bêtises.

— Je vais t’aider, grogna Arthus.

— Tu es certain que tu ne vas pas te faire prendre ? Straurius n’est pas toujours tendre et ce ne serait pas la première fois qu’il t’enfermerait avec Cerbère.

Notre chef avait appelé son chien comme celui de la mythologie, juste pour qu’on le craigne. Ce Cerbère-là n’avait pas trois têtes, certes il était énorme et il en imposait quand on se trouvait face à lui, mais ça s’arrêtait là. Arthus m’avait raconté qu’il avait joué avec lui aux cartes pendant qu’il était emprisonné, un autre chat était avec eux, Cerbère leur avait appris la belote. Maintenant, Arthus était imbattable. Je ne sais pas si tu as déjà entendu un chat dire Belote, ça valait le détour !

— Tu vas m’aider à me transformer en panthère. Ta nouvelle amie n’y verra que du feu.

Mes yeux brillèrent d’un éclat particulier, ils faisaient toujours ça quand l’excitation s’emparait de moi.

— Tu crois que je vais y arriver ? Tu viens de me rappeler que je n’avais que dix ans.

— Harow a fait ce qu’il fallait.

Je sentis mes joues s’empourprer. Même si je n’avais que dix ans, rien que le nom de mon chéri m’emplissait de joie.

Le soleil revint dans la pièce et Arthus reprit sa place sur le grimoire. Il continua de lécher sa patte comme s’il n’avait jamais cessé de le faire.

J’attendais avec impatience que la lune se lève et que Samy apparaisse chez moi. Le problème était que sa maman ne la laissait pas sortir aussi tard, j’aurais dû m’en douter, ces problèmes-là n’existaient pas dans mon monde.

Alors je décidais de me coucher. Je suis une petite sorcière et j’ai besoin de sommeil. C’est Arthus qui me réveilla en sursaut. Il avait sauté sur mon ventre le coquin. Les sens en éveil j’écoutais et j’entendis des cailloux cogner contre la vitre de ma chambre.

— J’ai fait le mur et me voilà.

Quelle rigolote cette Samy. Je descendis rapidement la rejoindre.

— Et alors ta transformation ? Lui demandais mi-figue mi-raisin.

Samy se mit à danser d’un pied sur l’autre et je ne fis rien pour l’aider à me confier ce qu’elle avait manigancé.

— En fait…

— Ouais, c’est du blabla tout ce que tu m’as raconté, juste pour que je t’avoue que j’étais une sorcière.

— Non non, je te jure que j’avais vu que tu étais une fille spéciale, c’est pour ça que j’avais pensé que tu pourrais m’aider.

— Non, tu n’as pas cru que j’allais pouvoir te changer en panthère ? m’horrifiais-je.

— Ben si ! Tu es une sorcière ou pas ? J’ai tellement envie qu’il ait la peur au ventre comme moi quand il arrive dans la classe.

Je la sondais et vis aussitôt ce qu’elle recherchait. Le professeur de Math lui en faisait voir de toutes les couleurs et elle souhaitait qu’il paye, mais à sa façon.

Je ne pus m’empêcher d’être d’accord avec elle, ce bonhomme avait besoin d’une bonne leçon.

Elle comprit immédiatement que je l’aiderais. Alors, nous échafaudâmes un plan.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022)

À très vite…

Elsbeth Isobel, la petite sorcière

Bonjour toi 😉

Comme promis, voici la suite des aventures de ma sorcière.

Samy était une drôle de gamine, elle m’intriguait et en même temps, je la craignais un peu. Je n’avais pas tort parce que si nous étions devenues des amies inséparables, nous faisions aussi pas mal de bêtises et je sentais que j’allais me faire rappeler à l’ordre.

— Avoue que tu es une sorcière, je le sais, je l’ai vu.

Quand Samy m’a débité ça, le premier jour où elle m’avait parlé, j’en étais restée baba. Nom d’une sorcière, jamais je n’avais été démasquée aussi vite et surtout par une mortelle. Et ce qui avait été déclenché ensuite, je m’en souviendrai toute ma vie d’immortelle, ça allait être long !

— Tu veux savoir pourquoi je l’ai deviné ?

— Je ne suis pas une sorcière, tu racontes n’importe quoi, les sorcières n’existent pas.

Un énorme coup de tonnerre avait alors retenti et le ciel s’était assombri d’un coup. J’avais oublié qu’il ne fallait jamais ô grand jamais dire que les sorcières n’existaient pas. Quel blasphème ! Banco, j’avais mis en colère le chef, j’ai nommé le sorcier Straurius.

Affolée, Samy avait posé ses mains sur ses oreilles pour ne rien entendre du bruit qui m’assourdissait. Je ne comprenais d’ailleurs pas pourquoi Samy l’entendait aussi, normalement je devais être la seule à subir la foudre de notre chef.

Le vacarme cessa d’un coup, mais j’avais bien compris le message. Je croisai les doigts derrière mon dos en signe de pardon et je perçus distinctement que ça passait pour cette fois, mais que si je recommençais à blasphémer de la sorte, je pouvais dire adieu à ma vie terrestre pour un bon bout de temps.

— Tu vois bien que tu es une sorcière, pas la peine de faire semblant, je le sais, j’ai vu et entendu, mais si tu ne veux pas devenir mon amie, libre à toi.

Elle me planta là, furieuse. Je la regardais marcher vite, ses cheveux volant derrière elle. Je pesai rapidement le pour et le contre et je la rattrapai. Je passai devant elle l’obligeant à s’arrêter.

— Tu marches bien trop vite pour être arrivée avant moi, donc, tu es n’es pas normale.

Effectivement, j’avais aussi le don de multiplier mes pas pour me déplacer, je ne m’en étais pas rendu compte, mais Samy si ! par contre, dire que je n’étais pas normale me vexa.

— Tu peux m’expliquer comment tu l’as compris, ronchonnais-je.

— Je vois les choses.

Je connaissais ce genre de trucs. Samy n’était donc pas une sorcière. D’ailleurs, je me demanderai bien pourquoi nous serions deux au même endroit. Straurius n’aimait pas ça, il avait bien trop peur que nous fassions un clan et que nous déclenchions un cataclysme.

Après, son adjoint Harow aurait très bien pu faire une bourde, il était tellement étourdi. C’était mon crunch lui, dans mon monde, nous étions ensemble et évidemment, je n’avais pas dix ans.

— Viens chez moi, tu me raconteras.

— Il faut d’abord que je prévienne ma mère.

Je la suivais donc chez elle. Curieuse, je passai en revue sa baraque avec mon œil de lynx. Normal, rien à dire !

Sa maman sortit pour me saluer et me demander si je m’habituais à ma nouvelle école, bref les questions habituelles. Je répondais gentiment zieutant sur Samy qui pouffait derrière elle.

Arrivée chez moi, Samy se planta devant la porte.

— Elle est chouette ta maison, elle ne ressemble pas du tout à l’idée que je m’en faisais.

Je croisais les doigts derrière mon dos et la bâtisse redevint comme elle était. Samy en siffla d’admiration et courut dans toutes les pièces. Elle déboula dans ma chambre et découvrit ma bibliothèque ainsi que tous mes chaudrons et mes fioles, bref, tout le matériel d’une véritable sorcière.

Je l’interrogeai, curieuse :

— Alors comme ça tu vois des choses ?

— Pas que ça, je me transforme aussi.

Je la fixai. Impossible, elle ne pouvait pas être un loup-garou, pas elle.

— Ça arrive à chaque pleine lune.

Je commençai à trembler et réalisai que c’était sans doute pour cette raison que le triangle avait résonné. Les sorcières et les loups-garous s’entendaient rarement.

Je croisai à nouveau les doigts derrière mon dos afin de conjurer le mauvais sort. Je jetai un œil à mon calendrier. La pleine lune c’était ce soir. J’en étais sûre, c’était pour ça qu’elle avait choisi d’être mon amie.

Je levai les bras pour appeler à moi toutes les forces de mon monde quand elle éclata de rire.

— Je ne suis pas un loup-garou t’inquiète. Je suis une panthère noire.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022)

À très vite…

Elsbeth Isobel, la petite sorcière

Bonjour toi 😉

Comme promis, première histoire de ma petite sorcière que tu retrouveras pendant tout le mois d’octobre.

Bonjour, j’ai dix ans et je m’appelle Elsbeth Isobel. Je suis en 6e au collège Rosora. Je suis une petite fille tout à fait normale qui habite dans une maison tout à fait normale. Je suis brune ou rousse, ça dépend de mon humeur. Aujourd’hui, on dira que j’ai les cheveux noirs.

Mais je suis une sorcière, voilà c’est dit et ça, ce n’est pas tout à fait normal !

Il est certain que ma maison ressemble à un château qui fout la trouille le soir, mais je t’assure que sous le soleil c’est une maison comme la tienne.

Enfin presque… Si tu entres à l’intérieur, tu risques d’être surpris par le désordre qui y règne si je ne suis pas prévenue de ta visite. Tu penses bien qu’en un tour de bras, les pièces seront rangées comme les tiennes, si tu aimes ça bien sûr. Parce qu’il faut bien l’avouer, vous, les mortels, ce n’est pas toujours nickel non plus chez vous.

Donc je suis en 6e et je viens de faire ma rentrée. Évidemment, personne ne sait qui je suis et que parfois, je me laisse aller à utiliser mes dons particuliers.

Je vis toute seule, mais personne n’est au courant. S’il prenait l’envie à des copines (que je n’ai pas encore) de venir chez moi, comme pour un anniversaire par exemple, il parait que vous aimez ça vous, les mortels, j’appellerais les sorciers à la rescousse et personne n’y verra que du feu. Un papa et une maman apparaitront comme par magie, je te garantis que pour ça nous sommes des champions.

En fait aujourd’hui, j’ai dix ans, mais demain suivant les circonstances, je pourrais en avoir 15 ou 20, ça t’en bouche un coin pas vrai ? Avoue que tu aimerais bien pouvoir le faire…

Figure-toi que j’ai eu mon premier cours de mathématiques. Je ne vais pas te le cacher, je suis une experte en la matière, depuis le temps que je fabrique mes mixtures, je sais compter. C’est pareil pour les cours de sciences, nul besoin de formation, j’en connais des trucs, et les formules n’ont pas de secret pour moi.

J’ai bien tenté de ne pas me faire remarquer, mais il a fallu que ce prof me prenne de haut dès qu’il a compris que j’étais la petite nouvelle. Tu penses bien qu’il n’a pas hésité à m’envoyer au tableau pour voir si j’avais compris la leçon. Évidemment que j’avais compris et j’ai tout de suite donné la solution. Il a commencé à me poser des questions, genre de quelle ville je venais, mes notes en primaire. Il m’a tellement saoulée que j’ai croisé les doigts derrière mon dos et d’un coup, il a perdu sa voix, enfin presque. Il en avait récupéré une de grenouille qui coassait, tu sais quand on a une sacrée laryngite. Toute la classe a éclaté de rire et moi, innocente, je lui ai demandé s’il allait bien. Il m’a renvoyée à ma place d’un geste et a écrit au tableau de prendre une feuille, interro surprise. Tu parles d’une surprise. Comme c’était de ma faute si toute la classe était punie, j’ai à nouveau croisé les doigts et les solutions sont apparues dans toutes les têtes des copains. Si bien que lorsque le prof s’est promené dans les rangs pour voir si chacun avait compris les questions, il n’en est pas revenu de lire que tout le monde avait la bonne réponse. En passant près de moi, il m’a lancé un regard furibond. Je pense que je ne m’en suis pas fait un ami. Ça ne me dérange pas, il est moche.

La sirène a retenti, nous sommes sortis et une gamine toute rousse s’est approchée de moi. Elle était trop mignonne avec ses cheveux bouclés en pagaille et ses taches de son sur le bout du nez.

Je dois t’avouer qu’en plus de tous mes dons de sorcellerie, je sais reconnaitre les bonnes et les méchantes personnes, celles qui me veulent du bien et les autres. Je suis certaine que toi aussi tu sais faire, mais tu te fais avoir parce que celles que tu crois gentilles t’entourloupent et quand tu l’as compris, c’est trop tard le mal est fait.

Cette gamine s’appelle Samy, dans mon monde, c’est un prénom masculin, mais là devant moi, j’ai bien une fille. Qu’est-ce qu’elle peut bien me vouloir ? Je la sonde discrètement et mon cœur fond de bonheur. Nous allons devenir les meilleures amies et ça va durer… je vois également qu’elle aura besoin de ma protection et de mon aide, mais pour l’instant, elle me fixe sacrément comme si elle voulait lire en moi.

Surprise et mal à l’aise, je ne sais plus quoi faire et c’est bien la première fois que ça m’arrive. J’entends au loin comme le bruit d’un triangle, je le connais bien ce son, il annonce souvent un danger ou une embrouille. Je me tiens aussitôt sur mes gardes.

— Tu n’es pas comme les autres toi ! Moi, c’est Samuelle, mais je préfère Samy.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022)

À très vite…

Journal de Marie-Sophie

Bonjour toi 😉

Tu as vu ? J’ai décidé de nommer l’histoire de Marie-Sophie Le journal de Marie-Sophie. C’est un peu ça puisqu’elle raconte sa vie. Alors c’est parti pour un nouvel épisode. Tu vas découvrir aujourd’hui, une nouvelle venue. Cybèle Iraola dont je présente l’image qui m’a inspiré pour le personnage.

Cybèle Iraola

La boulangerie d’Archibald est ouverte et je suis derrière le comptoir en bois. J’ai le cœur qui bat à 1000 à l’heure. Les habitants se pressent dans la boutique qui sent bon le pain frais, mais aussi celui du local neuf.

J’avoue, elle en jette avec ses corbeilles accrochées derrière moi emplies des pains que mon meilleur ami a fabriqués cette nuit. Il est debout depuis trois heures du matin, je l’ai entendu partir.

Il a retrouvé sa tenue blanche et il est beau Archi. Les clients sont curieux. Archibald souhaitait qu’il y ait des morceaux de ses différents pains disposés dans des petites panières sur le comptoir. Je l’ai aidé à les préparer et je les ai goûtés. Au fur et à mesure que je disais qu’ils étaient bons, Archibald riait en m’assurant qu’il n’en doutait pas une seconde.

Je reconnais Mélusine avec Enzo qui viennent chercher la baguette d’Archi. Elle était renommée dans notre village d’avant. Va-t-elle avoir le même succès ici ?

Saverio arrive en trombe pour récupérer sa commande et il le crie bien haut de manière à ce que tout le monde l’entende. Tout est prêt et il embarque sa marchandise en prenant bien soin de passer devant les clients. Le parfum du pain chaud envahit la boutique. Certains se penchent sur les panières qu’il emporte et d’autres l’interpellent :

— Alors Saverio, c’est pour ton bar ?

— Tu as choisi lesquels pour tes sandwichs ?

Saverio les regarde en souriant et les invite à venir les découvrir au déjeuner. Il propose une réduction pour les premiers clients arrivés. Et ça marche ! Les habitants achètent la baguette qu’ils trouvent craquante et se laissent tenter par celles aux céréales. Archibald passe la tête et il est applaudi par les villageois. J’en rougis pour lui. Il est très à l’aise. Un moulin avec un meunier authentique produit la farine, il a décidé d’aller la goûter et si elle lui convient, c’est avec elle qu’il fabriquera son pain. Il m’avait demandé de l’accompagner et j’ai rencontré le bonhomme. Je ne savais pas que les meuniers existaient encore. C’est un métier ancien et Gérard avec qui nous avons discuté fait partie de ces artisans qui exercent ces métiers d’autrefois. J’ai adoré son moulin. L’endroit est magnifique. Il ne manquait plus que les ânes avec les paniers et l’image aurait été complète. Gérard a ri quand je lui en ai fait la remarque, il m’a montré les animaux qu’il avait dans son pré. Un couple de bourriquets dressait leurs oreilles dans ma direction. Il m’a rassurée, ils ne portaient pas la farine sur leurs dos et lui non plus d’ailleurs. Les sacs étaient acheminés dans sa camionnette. Oui, les temps changent quand même !

— Excusez-moi !

Perdue dans mes pensées, je sursaute en découvrant une jeune femme, grandes lunettes rondes chaussées sur le nez et une casquette à la gavroche vissée sur la tête. Une cascade de cheveux châtains méchés de..  Je dirais de gris, s’en échappe. J’accroche ses yeux bleus magnifiques et lui souris instantanément.

 — Oui ? Je peux vous aider dans votre choix peut-être ?

Elle répond à mon sourire.

— Je ne viens pas pour acheter du pain, mais pour rencontrer Archibald Letrady.

Je reste bouche bée. Il y a bien longtemps que je n’ai pas entendu le nom de famille de mon meilleur ami. Il me faut quelques minutes pour réaliser qu’il s’agit d’ailleurs bien de lui. Devant mon mutisme, elle explique :

— Je suis là pour le Food Truck.

Au même instant, Archibald rentra dans la boutique après en avoir terminé avec Saverio.

— Ah mademoiselle Iraola.

Il s’avança vers elle pour lui serrer la main. Je ne sais pas pourquoi j’ai eu l’impression qu’entre ces deux-là, il pourrait se passer quelque chose. Il l’entraîna vers l’extérieur pour qu’elle lui montre le véhicule qu’il souhaitait acheter.

Je servis les autres clients et l’oubliais.

— Qu’est-ce que tu en penses ?

La boulangerie s’était vidée et Archibald m’invitait à découvrir le Food Truck qui bientôt lui servirait à présenter sa marchandise ailleurs qu’au village.

— Pourquoi le vend-elle ?

— Elle ne le vend pas. J’ai pensé que nous pourrions collaborer. C’est encore une idée de Morgan. Cybèle fait des bruschettas, pourquoi ne pas les faire avec mon pain ?

— Cybèle ?

— C’est un prénom original, je te l’accorde. Alors qu’est-ce que tu en dis ? Je pourrais faire les marchés les jeudis et samedis dans les petits villages voisins. Cybèle a déjà sa clientèle, elle veut bien tenter l’expérience de travailler avec moi. Elle va goûter mes pains pour voir lesquels se marieront le mieux avec ses recettes.

— Tu m’étonnes ! murmurais-je.

— Qu’est-ce que tu dis ?

— Rien du tout. En fait, c’est une collaboration ? Comme ça, tu n’auras pas d’argent à débourser encore pour l’achat du véhicule.

— Voilà ! Tu as tout compris.

Il se tait quelques instants et demande :

— Alors comment l’as-tu trouvée ?

— Jolie et sympathique.

Il hausse les sourcils.

— Je te parle de ce début de journée. Il y avait du monde non ? Raconte.

— Je pense que tu vas cartonner et je suis sincère.

— En tout cas, je te remercie de m’aider. Les autres jours, je vais me débrouiller pour ne pas trop te solliciter.

— Finalement, ça m’a plu. Tant que je peux, je t’aide. Lorsque Mélusine aura besoin de moi, tu trouveras une solution. Je crois que Morgan est partant pour prendre ma place.

— Alors c’est vendu. Merci MarieSophe.

Il me colla deux baisers sur les joues et me prit dans ses bras.

— Merci ma belle.

Il me lâcha lorsque Cybèle Iraola s’approcha de son food truck.

— Je te présente Marie-Sophie, ma meilleure amie.

Comme ça c’était clair, Archibald avait mis les points sur les i immédiatement. Je souris à la jeune femme. Voilà donc celle qui allait peut-être s’intégrer dans notre trio. Il s’agrandit peu à peu si on compte aussi François qui fait rougir Mélusine dès qu’elle l’aperçoit.

© Isabelle-Marie d’Angèle (Juillet 2022) 

À très vite…