Bonjour toi 😉
Le thriller Un héritage empoisonné est terminé, tu peux le trouver ici où tu auras l’intégral . Te souviens-tu de mon histoire du voyou au grand cœur ? Tu retrouveras les 4 premiers chapitres ici. Je te propose de continuer leur histoire. C’est un challenge pour moi, mais j’aime les défis d’écriture parce qu’il est loin d’être terminé et surtout, je n’en connais pas l’issue 😂.
Alors c’est parti, je te propose donc le chapitre 5. J’ai écrit 9 chapitres qui ont l’air de tenir la route, j’ai fait quelques modifications. N’hésite pas à me dire ce que tu en penses.

Je te fais ci-dessous un récap des personnages en images.




Chapitre 5
Je me réveillai en sursaut et repoussai brutalement le bras de Luc qui reposait sur moi. Il avait débarqué la veille au soir, je n’avais pas eu le courage de le mettre dehors.
Le message de Kawas m’avertissait que Destrée avait eu un accident d’escalade.
Je m’habillai rapidement et le moteur de ma moto rugit. Je stoppai devant la salle de sport alors que l’ambulance l’emmenait déjà. Son collègue, Jordan Calamine répétait en boucle que ça devait arriver.
Je m’approchai de lui et lui demandai pourquoi il avait cette intuition. Il se tut aussitôt et bougonna :
— Faut pas m’écouter, je radote parfois. C’est que je l’aime bien ce gamin, je le connais depuis des années.
Kawas vint à ma rencontre et me glissa à l’oreille qu’il ne s’agissait pas d’un accident. Je m’éloignai pour l’interroger.
— François Destrée s’en serait rendu compte si sa corde avait été endommagée non ?
— Ce n’est pas elle, c’est le mousqueton.
— C’est robuste ces machins-là !
— À croire que celui-là était défectueux.
Je restai dubitative. L’habitué s’en serait aperçu. Je rejoignis Calamine.
— Excusez-moi, c’est vous qui préparez le matériel ?
— D’habitude oui.
Il se tordait les mains, il n’était pas à l’aise et ses yeux me fuyaient.
— Pas aujourd’hui ?
— Il ne m’avait pas prévenu qu’il viendrait s’entrainer. Nous nous étions engueulés hier.
Il baissa la tête. Il s’en voulait, c’était évident. Il reprit en me regardant droit dans les yeux.
— Je ne comprends pas qu’il ne se soit aperçu de rien. Il est tellement maniaque avec ses affaires. De plus, je ne les reconnais pas. Ce n’est pas celles qu’il utilise.
— Je crois que le mieux est de l’interroger, il pourra certainement nous expliquer les raisons de son choix.
L’homme haussa les épaules puis il reprit.
— Heureusement qu’il n’avait pas décidé de s’entrainer dans la forêt. La chute aurait pu être bien plus grave.
Je lui demandai de rester à notre disposition et l’invitai à rentrer chez lui. Nous n’avions plus besoin de lui.
— Savez-vous où ils l’ont emmené ? J’aimerais aller le voir.
Mon collègue lui donna les informations souhaitées et nous le regardâmes s’en aller la tête basse et les épaules voutées.
— Dès que ce sera possible, nous irons nous aussi l’interroger.
Un message de mon médecin légiste abandonné dans mon lit apparut et je compris qu’il n’était pas content de se retrouver tout seul chez moi. Je rangeai mon portable et n’y pensai plus.
François Destrée avait repris connaissance et il s’en tirait avec deux côtes cassées. Jordan était près de lui et lui racontait que la commandant Merlin l’avait interrogé.
— Je m’en doute et elle ne va pas tarder à rappliquer ici.
— Qu’est-ce que tu vas lui dire ?
— Rien ! C’était un accident.
— Tu sais bien que ce n’est pas vrai.
— Si j’avais vérifié mon équipement comme je le fais d’habitude, je l’aurais vu que ce mousqueton était bizarre. Je raconterai que je n’ai pas fait attention.
— Arrête François, elle ne te croira pas. Tu es fou d’escalade, jamais tu ne prendrais le risque d’avoir un matériel défectueux.
— Mais si elle me croira. Je sais être convaincant quand il le faut. Rentre chez toi et oublie tout ça.
— C’est facile, maugréa le pauvre homme.
Pourtant il s’en alla sans se retourner et croisa Merlin qui venait aux nouvelles. Elle n’avait pas perdu de temps. Il voulut l’intercepter pour lui conseiller de prendre soin de François parce que peut-être il était danger, mais il pensa qu’elle se moquerait de lui. Il lui fit alors un signe de tête et lui indiqua le numéro de sa chambre.
François la vit entrer et même si ses côtes cassées le faisaient souffrir, il afficha un léger sourire.
— Ce n’était pas la peine de vous déplacer, commandant.
Dans un lit d’hôpital, il était toujours aussi craquant.
— Je fais mon boulot. J’imagine que vous savez que votre matériel était défectueux et que quelqu’un souhaitait qu’il vous arrive un accident ?
Je le regardais afficher le même sourire. Je plissai les yeux et je me revis à neuf ans face à ce garçon qui me narguait avec ce rictus moqueur.
— Paco ?
Il sursauta, haussa les sourcils et murmura :
— Ah quand même, tu m’as enfin reconnu ? Moi, depuis le premier jour où tu es apparue dans mon bureau, j’ai su qui tu étais. Comment vas-tu depuis le temps ?
Cela faisait vingt-cinq ans que je n’avais pas eu de ses nouvelles, mais force est de constater que je n’avais jamais oublié mes vacances avec lui. Pourtant, je n’avais pas fait le rapprochement immédiatement avec ce gamin, amoureux des arbres et des forêts.
Je grondais :
— Ne me dis pas que c’est toi le Robin des Bois moderne dont tout le monde parle !
— Je ne te le dis pas.
Toujours ce sourire narquois sur ses lèvres. Je n’avais plus neuf ans et s’il m’agaçait à l’époque, aujourd’hui c’est un tout autre sentiment qui m’envahissait.
— Paco, tu…
— François, s’il te plait ! Paco c’est du passé.
— Quelqu’un t’en veut, tu le sais n’est-ce pas ?
— Mais non, c’est une erreur de débutant que j’ai commise.
J’éclatais de rire.
— Pas à moi François, tu n’as rien d’un débutant.
Il tenta de se redresser et grimaça.
— De toute façon, je ne suis pas près de regrimper, je ne risque rien.
— Tu peux m’expliquer ?
— Quoi ? Que je ne supporte pas qu’on abatte des arbres ?
— Tu sais que je suis commandant de police ?
— C’est ce que tu voulais faire. Souviens-toi quand on jouait aux gendarmes et aux voleurs, c’était moi le voleur, dit-il en riant.
— Je te courais après, je t’attrapais et te mettais en prison, lui rappelais-je.
— C’est parce que je me laissais faire, juste pour sentir tes mains sur les miennes.
Je secouais la tête.
— Pas de ça avec moi François, je suis flic, t’as oublié ?
— Et alors ? Tu vas m’enfermer ? Qu’est-ce que j’ai fait de mal à part prendre l’argent à ceux qui en ont trop et le redistribuer à ceux qui n’en ont pas assez ?
— Tu n’as pas le droit de faire ça et tu le sais très bien.
— Fais comme si tu n’étais pas au courant.
Je soupirai, alors il saisit ma main.
— Angèle, s’il te plait !
Ses yeux me fixèrent et tout comme à neuf ans, je me revis lui pardonner toutes ces bêtises comme lorsqu’il jetait des clous sous les roues des voitures sous prétexte que les propriétaires avaient laissé leur reste de pique-nique dans les bois.
Je tentais de gagner du temps.
— En attendant, une enquête va être ouverte. Quelqu’un a essayé de te tuer.
Il haussa les épaules.
— N’exagère pas, celui qui a fait ça souhaitait me faire peur, c’est tout. Il savait que je m’en sortirais.
— Pourquoi n’as-tu pas vérifié ton matériel ?
— Laisse tomber Angèle.
Le ton de sa voix m’alerta.
— Ne me dis pas que tu connais qui t’a fait ça !
— Je ne te le dis pas.
Une fois de plus, son regard enjôleur me chopa et je m’y laissais prendre.
— Tu ne souffres pas trop ?
— J’aime quand tu te préoccupes de moi.
Qu’il m’agaçait cet homme et j’étais furieuse parce que je sentais bien qu’un sentiment bizarre m’envahissait. Je n’avais pas l’envie d’y succomber.
Je quittai sa chambre.
À suivre
© Isabelle-Marie d’Angèle
