J’aime un voyou au grand cœur

Bonjour toi 😉

Le thriller Un héritage empoisonné est terminé, tu peux le trouver ici où tu auras l’intégral . Te souviens-tu de mon histoire du voyou au grand cœur ? Tu retrouveras les 4 premiers chapitres ici. Je te propose de continuer leur histoire. C’est un challenge pour moi, mais j’aime les défis d’écriture parce qu’il est loin d’être terminé et surtout, je n’en connais pas l’issue 😂.

Alors c’est parti, je te propose donc le chapitre 5. J’ai écrit 9 chapitres qui ont l’air de tenir la route, j’ai fait quelques modifications. N’hésite pas à me dire ce que tu en penses.

Je te fais ci-dessous un récap des personnages en images.

Angèle Merlin, commandant
Son chat Pistole

Paco alias François Destrée
Son chien Tuck

Chapitre 5

Je me réveillai en sursaut et repoussai brutalement le bras de Luc qui reposait sur moi. Il avait débarqué la veille au soir, je n’avais pas eu le courage de le mettre dehors.

Le message de Kawas m’avertissait que Destrée avait eu un accident d’escalade.

Je m’habillai rapidement et le moteur de ma moto rugit. Je stoppai devant la salle de sport alors que l’ambulance l’emmenait déjà. Son collègue, Jordan Calamine répétait en boucle que ça devait arriver.

Je m’approchai de lui et lui demandai pourquoi il avait cette intuition. Il se tut aussitôt et bougonna :

— Faut pas m’écouter, je radote parfois. C’est que je l’aime bien ce gamin, je le connais depuis des années.

Kawas vint à ma rencontre et me glissa à l’oreille qu’il ne s’agissait pas d’un accident. Je m’éloignai pour l’interroger.

— François Destrée s’en serait rendu compte si sa corde avait été endommagée non ?

— Ce n’est pas elle, c’est le mousqueton.

— C’est robuste ces machins-là !

— À croire que celui-là était défectueux.

Je restai dubitative. L’habitué s’en serait aperçu. Je rejoignis Calamine.

— Excusez-moi, c’est vous qui préparez le matériel ?

— D’habitude oui.

Il se tordait les mains, il n’était pas à l’aise et ses yeux me fuyaient.

— Pas aujourd’hui ?

— Il ne m’avait pas prévenu qu’il viendrait s’entrainer. Nous nous étions engueulés hier.

Il baissa la tête. Il s’en voulait, c’était évident. Il reprit en me regardant droit dans les yeux.

— Je ne comprends pas qu’il ne se soit aperçu de rien. Il est tellement maniaque avec ses affaires. De plus, je ne les reconnais pas. Ce n’est pas celles qu’il utilise.

— Je crois que le mieux est de l’interroger, il pourra certainement nous expliquer les raisons de son choix.

L’homme haussa les épaules puis il reprit.

— Heureusement qu’il n’avait pas décidé de s’entrainer dans la forêt. La chute aurait pu être bien plus grave.

Je lui demandai de rester à notre disposition et l’invitai à rentrer chez lui. Nous n’avions plus besoin de lui.

— Savez-vous où ils l’ont emmené ? J’aimerais aller le voir.

Mon collègue lui donna les informations souhaitées et nous le regardâmes s’en aller la tête basse et les épaules voutées.

— Dès que ce sera possible, nous irons nous aussi l’interroger.

Un message de mon médecin légiste abandonné dans mon lit apparut et je compris qu’il n’était pas content de se retrouver tout seul chez moi. Je rangeai mon portable et n’y pensai plus.

François Destrée avait repris connaissance et il s’en tirait avec deux côtes cassées. Jordan était près de lui et lui racontait que la commandant Merlin l’avait interrogé.

— Je m’en doute et elle ne va pas tarder à rappliquer ici.

— Qu’est-ce que tu vas lui dire ?

— Rien ! C’était un accident.

— Tu sais bien que ce n’est pas vrai.

— Si j’avais vérifié mon équipement comme je le fais d’habitude, je l’aurais vu que ce mousqueton était bizarre. Je raconterai que je n’ai pas fait attention.

— Arrête François, elle ne te croira pas. Tu es fou d’escalade, jamais tu ne prendrais le risque d’avoir un matériel défectueux.

— Mais si elle me croira. Je sais être convaincant quand il le faut. Rentre chez toi et oublie tout ça.

— C’est facile, maugréa le pauvre homme.

Pourtant il s’en alla sans se retourner et croisa Merlin qui venait aux nouvelles. Elle n’avait pas perdu de temps. Il voulut l’intercepter pour lui conseiller de prendre soin de François parce que peut-être il était danger, mais il pensa qu’elle se moquerait de lui. Il lui fit alors un signe de tête et lui indiqua le numéro de sa chambre.

François la vit entrer et même si ses côtes cassées le faisaient souffrir, il afficha un léger sourire.

— Ce n’était pas la peine de vous déplacer, commandant.

Dans un lit d’hôpital, il était toujours aussi craquant.

— Je fais mon boulot. J’imagine que vous savez que votre matériel était défectueux et que quelqu’un souhaitait qu’il vous arrive un accident ?

Je le regardais afficher le même sourire. Je plissai les yeux et je me revis à neuf ans face à ce garçon qui me narguait avec ce rictus moqueur.

— Paco ?

Il sursauta, haussa les sourcils et murmura :

— Ah quand même, tu m’as enfin reconnu ? Moi, depuis le premier jour où tu es apparue dans mon bureau, j’ai su qui tu étais. Comment vas-tu depuis le temps ?

Cela faisait vingt-cinq ans que je n’avais pas eu de ses nouvelles, mais force est de constater que je n’avais jamais oublié mes vacances avec lui. Pourtant, je n’avais pas fait le rapprochement immédiatement avec ce gamin, amoureux des arbres et des forêts.

Je grondais :

— Ne me dis pas que c’est toi le Robin des Bois moderne dont tout le monde parle !

— Je ne te le dis pas.

Toujours ce sourire narquois sur ses lèvres. Je n’avais plus neuf ans et s’il m’agaçait à l’époque, aujourd’hui c’est un tout autre sentiment qui m’envahissait.

— Paco, tu…

— François, s’il te plait ! Paco c’est du passé.

— Quelqu’un t’en veut, tu le sais n’est-ce pas ?

— Mais non, c’est une erreur de débutant que j’ai commise.

J’éclatais de rire.

— Pas à moi François, tu n’as rien d’un débutant.

Il tenta de se redresser et grimaça.

— De toute façon, je ne suis pas près de regrimper, je ne risque rien.

— Tu peux m’expliquer ?

— Quoi ? Que je ne supporte pas qu’on abatte des arbres ?

— Tu sais que je suis commandant de police ?

— C’est ce que tu voulais faire. Souviens-toi quand on jouait aux gendarmes et aux voleurs, c’était moi le voleur, dit-il en riant.

— Je te courais après, je t’attrapais et te mettais en prison, lui rappelais-je.

— C’est parce que je me laissais faire, juste pour sentir tes mains sur les miennes.

Je secouais la tête.

— Pas de ça avec moi François, je suis flic, t’as oublié ?

— Et alors ? Tu vas m’enfermer ? Qu’est-ce que j’ai fait de mal à part prendre l’argent à ceux qui en ont trop et le redistribuer à ceux qui n’en ont pas assez ?

— Tu n’as pas le droit de faire ça et tu le sais très bien.

— Fais comme si tu n’étais pas au courant.

Je soupirai, alors il saisit ma main.

— Angèle, s’il te plait !

Ses yeux me fixèrent et tout comme à neuf ans, je me revis lui pardonner toutes ces bêtises comme lorsqu’il jetait des clous sous les roues des voitures sous prétexte que les propriétaires avaient laissé leur reste de pique-nique dans les bois.

Je tentais de gagner du temps.

— En attendant, une enquête va être ouverte. Quelqu’un a essayé de te tuer.

Il haussa les épaules.

— N’exagère pas, celui qui a fait ça souhaitait me faire peur, c’est tout. Il savait que je m’en sortirais.

— Pourquoi n’as-tu pas vérifié ton matériel ?

— Laisse tomber Angèle.

Le ton de sa voix m’alerta.

— Ne me dis pas que tu connais qui t’a fait ça !

— Je ne te le dis pas.

Une fois de plus, son regard enjôleur me chopa et je m’y laissais prendre.

— Tu ne souffres pas trop ?

— J’aime quand tu te préoccupes de moi.

Qu’il m’agaçait cet homme et j’étais furieuse parce que je sentais bien qu’un sentiment bizarre m’envahissait. Je n’avais pas l’envie d’y succomber.

Je quittai sa chambre.

À suivre

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite

Un héritage empoisonné

Bonjour toi 😉

Je me demande qui a écrit ce thriller, j’en ai des frissons dans le dos 😁.

Chapitre 23

— C’est d’ici que tu surveilles tout ce qui se passe chez eux ?

— Oui ! Ils ne se doutent rien.

— Pourtant, elle sait qu’il y a une pièce supplémentaire ?

— Elle y est venue, mais n’a rien vu de mon installation. Je ne suis pas fou.

Les deux hommes regardaient le couple assis dans le salon.

— Je n’ai pas compris pourquoi il a enlevé son alliance. Je vais avoir besoin de toi Joseph, pour mieux le surveiller. Je ne peux faire confiance qu’à toi, même si je sais que tu n’es pas d’accord avec toutes mes idées.

— Karl et Richard ?

— Tu les avais bien cernés. Ils ne pensent qu’à l’argent et ils ont la gâchette facile.

— Tu veux dire que je suis tout seul maintenant ?

— Pourquoi ? Aurais-tu peur ?

— Non, mais je suis surpris. J’ai du mal à te croire.

— Tu avais raison, j’ai eu tort.

— Tu vas laisser tomber ?

— Oui ! c’était ridicule et insensé. Coralie ne m’aimera jamais. Autant, la garder comme amie.

— Tu m’étonnes. Tu aurais monté toute cette machination pour rien ?

Il éteignit l’ordinateur.

— Viens partons d’ici !

Joseph ne se fit pas prier. Cet endroit lui faisait froid dans le dos.

— Je déclenche le passage secret.

Joseph commença à descendre l’escalier. Il faisait sombre et l’atmosphère humide. Cette maison comportait tellement de pièces inconnues qu’elles l’angoissaient. Il se retourna pour l’attendre. Il ouvrit la bouche. Le cri resta bloqué dans sa gorge.

Le premier coup sur la tête le fit chanceler. Il voulut se rattraper à la rampe. Il n’en eut pas le temps. Un coup de pied dans le ventre et il perdit l’équilibre. Il dévala la vingtaine de marches et stoppa sa course en bas. Une mare de sang s’écoulant sur le sol en terre battue.

Karl et Richard l’attendaient. Ils le poussèrent du pied pour vérifier qu’il était bien mort.

— Il a son compte patron !

— Emmenez-le et jetez-le dans l’eau.

— Mais son corps va remonter à la surface…

— Je voudrais bien voir la tête du commandant quand il s’en apercevra. 

— Tu n’as rien entendu ?

Le bruit de la chute dans l’escalier s’était répercuté dans la maison.

Coralie qui venait de recevoir un mail ne répondit pas à sa question.

— J’ai les résultats de ton analyse de sang. Il y a des substances illicites. Tu es drogué Daniel. C’est ça qui te donne mal à la tête. Tu peux aussi avoir des pertes de mémoire. Tu m’écoutes ?

— Oui ! Coralie ! Mais, je te dis que j’ai entendu du bruit.

Il saisit son arme.

— Pourquoi ne veux-tu pas garder Hubert avec toi ? Il aurait réagi.

— Je crains qu’il ne se fasse tuer par ce timbré !

Il regarda par la fenêtre et prit son portable.

— Ne bouge pas !

Il mit un doigt sur sa bouche et composa le numéro du commissariat.

— Je vais sortir par la porte du salon, tu refermes derrière moi.

Elle le vit disparaitre derrière les arbres du parc.

Il reconnut le bruit du corps qu’on balance dans l’eau. Il n’eut pas la patience d’attendre l’arrivée de ses collègues et fonça. Il allait le dégommer ce tordu qui se faisait passer pour lui.

Il aperçut les deux hommes qui se tenaient près de la mare, Karl et Richard. Il avança doucement, l’arme braquée sur eux.

Un coup de feu retentit.

Karl et Richard agirent vite. Ils soulevèrent Faventiny et le portèrent rapidement dans le coffre de la voiture cachée plus loin. Ils entendaient déjà les sirènes de police qui hurlaient. Elle démarra.

La substitution n’avait pris que quelques minutes.

Esteban et Hugo sautèrent de leur véhicule armes à la main. Hugo se pencha aussitôt sur son chef. Une tache rouge s’étalait autour de son épaule.

Esteban faisait le tour de la propriété. Coralie qui avait perçu le coup de feu accourait. Elle se jeta sur son mari qui ouvrait les yeux. Hugo appela les secours.

— Vous m’avez fichu une de ces trouilles Commandant ! La plaie ne paraît pas grave. Avez-vous vu quelque chose ?

— Là… dans la mare !

Faventiny se redressa difficilement. Coralie inspecta sa blessure.

— Montre ! Je déboutonne ta chemise !

Alors que l’équipe d’intervention arrivait, Hugo et Esteban remarquèrent un corps.

Ils revenaient quand Claude Darcin, le procureur freina brusquement devant eux. Hubert jaillit comme un fou de la voiture et pila face au Commandant. Il montra les dents et grogna. Daniel lui intima l’ordre de se coucher. Le chien ne l’écouta pas.

Coralie se recula aussitôt. Hugo et Esteban sortirent leurs armes.

— Hauts les mains !

— Mais… vous délirez !

Darcin prit Hubert par le cou et lui parla à l’oreille. Il réagit immédiatement et plaqua le commandant au sol.

— Mais c’est moi, mon chien, tu ne me reconnais pas ?

Il aboyait de plus belle et devenait de plus en plus menaçant.

— Alors chef ? Vous ne vous souvenez plus du nom de votre animal ?

Esteban le releva brutalement. Hugo lui passa les menottes.

— Vous perdez complètement la tête, je serais à votre place je réfléchirais à deux fois avant de me traiter de la sorte.

Coralie s’approcha de lui.

— Où est mon mari ?

Il n’eut pas le temps de répondre qu’une salve de balles balaya la scène. Le procureur tira brutalement par la main Coralie pour qu’elle se couche au sol. Esteban et Hugo se mirent à couvert pour riposter aux tirs. En un rien de temps, une voiture folle aux vitres teintées s’arrêta devant le pseudo commandant. Une portière s’ouvrit, il sauta à l’intérieur, encore menotté. Elle dérapa et envoya un nuage de poussière. Le moteur rugit et reprit sa course. Tout s’était déroulé en quelques instants toujours sous une pluie de balles qui empêchaient les policiers d’intervenir.

 Coralie se releva.

— Personne n’est blessé ?

Tous firent signe que non. L’équipe de secours retirait l’homme de la mare. Esteban et Hugo reconnurent aussitôt Joseph.

Le procureur se tourna vers eux et les interrogea. Esteban répondit.

— Le Commandant nous avait prévenus qu’il avait entendu un corps balancé à l’eau. Il est intervenu sans nous attendre. Quand nous sommes arrivés, ce n’était pas lui qui était à terre, mais nous ne nous sommes rendu compte de rien. Même pas sa femme apparemment.

Le procureur reprit :

— D’où venaient les tirs ? Pas de la voiture quand même ! Faites le tour. Je suis désolée Madame Faventiny, mais votre maison va être mise sous surveillance. Vous ne pouvez plus rester ici toute seule. Je vais dépêcher une équipe pour qu’elle soit fouillée de fond en comble.

— Vous l’avez déjà fait !

— Je sais et nous n’avions rien trouvé. Cette fois-ci, nous allons utiliser tous les moyens que nous avons à notre disposition.

Darcin regarda autour de lui, le silence était oppressant. Il cria :

— Où est Hubert ?

Le chien avait disparu.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À suivre…

Elsbeth Isobel, la petite sorcière

Bonjour toi 😉

J’espère que je ne t’ennuie pas trop avec ma petite sorcière dont voici la suite 😉(c’est bientôt terminé, la fin du mois approche 😂).

Je repris donc ma place au collège normalement sans que personne ne s’aperçoive de ma présence sauf Samy évidemment.

J’étais comme un peu comme à la maison.

En cours de math, le professeur s’inquiéta de mon absence. Mon amie répondit que j’étais malade. Il ne fit aucune réflexion, mais à la fin du cours, il interpella Samy quand elle passa devant lui.

— J’imagine que c’est toi qui lui donnes tes cours ? demanda-t-il.

Surprise par question à laquelle elle ne s’attendait pas, elle hocha la tête.

— Sais-tu où elle habite ta copine ?

Samy hésita à dire la vérité et il le sentit.

— Je trouverai facilement son adresse, j’aimerais rencontrer ses parents.

— Ah oui !

Je vis Samy rougir. Il insista :

— Il y a un problème ?

— Non, monsieur.

Samy n’attendit pas davantage et sortit de la classe. Le professeur Grincheux comme nous l’appelions en catimini ne chercha pas à la retenir.

Elle chuchota :

— Tu crois qu’il va aller chez toi ?

Je ne pouvais pas lui répondre n’ayant rien sous la main pour écrire.

Les autres cours se passèrent sans incident, mais à la sortie du collège, je suivis des yeux Grincheux qui partait en même temps que nous. Soudain, je me statufiais sur place. Il était interpellé par un homme que je reconnus sans peine, Straurius. Quelle classe ! En costume cravate, les cheveux retenus par un catogan noir, il ne laissait personne indifférent à en croire les élèves qui le croisaient. La plupart se retournaient sur son passage. Je m’approchai doucement et je compris qu’il m’avait vue, son regard me sourit. C’était notre petit secret, ses yeux verts étincelaient furtivement. Il fallait avoir le pouvoir aguerri d’une sorcière pour s’en rendre compte. J’entendis sa belle voix grave :

— Je me présente, je suis le père d’Elsbeth Isobel. Elle a contracté un vilain virus qui l’oblige à garder la chambre.

Mon prof de math qui aurait peut-être préféré voir où j’habitais s’agaça de rencontrer mon parent. Il n’avait plus d’excuses pour jouer au curieux.

Grincheux prit Straurius de haut.

— Bonjour, monsieur, mais il ne fallait pas vous déplacer. Le carnet de correspondance aurait tout à fait suffi pour expliquer son absence. Un appel au secrétariat pour l’informer c’était bien aussi.

Il ne savait pas à qui il s’adressait le pauvre homme. Je sentis immédiatement que Straurius allait lui faire ravaler sa cravate.

— Je ne suis pas né de la dernière pluie, monsieur. J’ai cru comprendre que vous désiriez me rencontrer ? Voilà qui est fait. Il y a un problème avec ma fille ?

Straurius s’était rapproché de Grincheux. Il le toisait de toute sa hauteur et mon prof de math ne put que répondre qu’il me souhaitait un bon rétablissement. Ils se saluèrent et mon père reprit son chemin. Je sus qu’il s’était envolé à l’éclair fugace qui traversa le ciel.

Je regardais Grincheux qui ne cessait d’éternuer et de se gratter en attendant son bus. Straurius avait laissé une trace de son passage. J’étais à peu près certaine que demain il serait absent et aurait de la fièvre, peut-être même des boutons.

Je rentrais chez moi et retrouvais Arthus. Samy était là aussi et lui faisait la conversation. Elle sentit mon parfum aussitôt et m’apostropha :

— Avec qui parlait Grincheux ?

Je saisis une feuille et lui racontai ce qu’il venait d’arriver.

— Tu crois que tu pourrais me faire visiter ton monde ? J’aimerais bien voir comment c’est ? Je l’ai rêvé.

Arthus feula et gronda en me regardant.

Je répondis par écrit Je ne sais pas si j’ai l’autorisation d’emmener une mortelle chez nous. Si je n’étais pas punie, j’aurai tenté, mais là, tu comprends bien que je ne me risque plus à faire des bêtises.

— S’il te plait, si c’est comme dans mon rêve, c’est magnifique.

Elle me raconta alors les fleurs multicolores qui grimpaient le long des murs, les oiseaux qui volaient avec des sorcières assises sur leur dos.

Effectivement, c’était un peu ça là-bas, Samy n’avait pourtant vu que le côté paradisiaque. Les rivalités entre enchanteurs et les guéguerre étaient légendaires aussi chez nous et mon père avait fort à faire pour régenter tout ce monde.

— N’insiste pas Samy, tu ne pourrais peut-être plus revenir chez toi. Tu imagines la peine de ta maman ?

— Pas longtemps ! Allez !

Arthus se hérissa. Il sentait que j’avais bien envie de braver l’interdit. Encore fallait-il que j’ai ce pouvoir. Je pensai aussitôt que je devais toujours l’avoir sinon je ne pourrais jamais repartir.

— Je vais aller demander la permission et je reviens.

C’était le seul moyen de connaître si je pouvais voler d’un monde à l’autre. Je lançai donc mon incantation et… rien ne se passa.

Je paniquai aussitôt alors que mon chat venait se frotter contre mes jambes. Je suis sûre qu’il le savait, le bougre !

N’allais-je plus pouvoir retrouver mes parents ? Étais-je condamnée à rester ici ? Personne ne me voyait, je ne communiquais que par écrit et avec une seule personne, c’était l’enfer !

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022).

À suivre…

À très vite…

Elsbeth Isobel, la petite sorcière

Bonjour toi 😉

Prête pour la suite ?

Je n’allais pas rester enfermée toute la journée, je décidai d’aller au collège. Je pouvais arriver en retard, personne ne me verrait de toute façon.

Arthus miaula et sauta sur un de mes grimoires. Il s’installa sur la page de garde dédicacée par mon parrain. Je l’avais reçu à ma naissance par le sorcier Elldalf, un grand ami de mon père.

Je ne comprenais pas pourquoi Arthus s’allongeait de tout son long sur cette page. Je partis en claquant la porte.

J’avais consulté auparavant mon emploi du temps, je savais en quelle classe je devais me rendre. Je m’installai à côté de Samy, la place était libre. Cours de français, je notai tout et emmagasinai les informations que je connaissais déjà, mais autant continuer à m’instruire.

Samy avait dû attraper un virus, elle ne cessait pas de renifler. Les mortels sont souvent malades, dans mon monde, à part les mauvais sorts jetés entre nous, je ne savais pas ce que ça faisait d’éternuer et d’avoir le nez qui coule.

Le cours était terminé, je trainais pour ranger mes affaires quand Samy s’approcha de moi à me toucher et chuchota :

— Tu es là Elsbeth Isobel ?

Comment savait-elle que j’étais assise près d’elle ? Mystère !

— J’ai reconnu ton parfum. En plus de mes dons particuliers, j’ai aussi un odorat très développé.

Elle n’était donc pas malade, elle me reniflait tout simplement. Malheureusement, je ne pouvais pas lui répondre.

Elle rangea ses affaires et m’invita à la suivre tout en continuant de chuchoter.

— On va en cours d’histoire Géo et ensuite c’est la cantine. Si tu veux, je zappe et on se retrouve chez moi. Ma mère n’est pas là.

Je refusai qu’elle ne prenne pas son déjeuner, mais comment lui dire ? Samy, jamais à court d’idée ajouta :

— Éloigne-toi si tu n’es pas d’accord, je ne sentirai plus ton parfum et j’aurai compris. Je vais te poser les questions et tu me répondras de cette manière.

Sceptique et en même temps heureuse de pouvoir communiquer, je fis ce qu’elle me demandait, je reculai de quelques pas. Samy reprit :

— Okay ! je vais déjeuner. On se retrouvera  pour les cours et après, tu viendras chez moi. De toute façon, personne ne te voit, alors si ma mère est rentrée, ce n’est pas grave.

À la maison, Arthus m’attendait. Je me penchai sur mes grimoires tout en lui racontant ma matinée et l’idée géniale de mon amie. Il se frotta contre moi et de nouveau il s’enroula sur la page de garde du livre de mon parrain.

— Il te plait tant que ça ce grimoire ?

Je riais en le caressant.

— Si tu as quelque chose à me dire, parle !

Il fit non de la tête.

— Tu as perdu ce pouvoir ?

À nouveau, il tourna la tête dans tous les sens.

— Je dois trouver toute seule, c’est ça ?

Il me lécha le bout du nez.

Je haussai les sourcils. Arthus était un chat sorcier à la botte de mon père, je le savais, mais souvent il détournait les ordres à sa façon. Il s’était déjà fait punir sans gravité aussi je ne comprenais pas pourquoi, aujourd’hui, il respectait les consignes. Peut-être qu’il connaissait la teneur de la colère de Straurius et qu’il n’avait pas envie qu’il la mette à exécution.

Je lisais dans tous les sens la dédicace de mon parrain, rien d’exceptionnel.

À la grande sorcière que tu vas devenir…

Je feuilletai le grimoire, mais je ne trouvai rien qui puisse m’aider à sortir de mon guêpier. De toute façon, Straurius était bien trop fort pour qu’un petit don puisse annuler le sien.

Après les cours, je suivis donc Samy chez elle. Nous n’étions que toutes les deux, elle m’invita dans sa chambre. C’était assez rigolo, elle parlait toute seule. Quelqu’un nous aurait vues, il se serait demandé si nous avions toute notre tête.

Elle s’assit à son bureau et moi j’en profitai pour regarder la pièce où elle dormait. Une vraie fille, du rose partout. Je ne l’imaginais pas du tout comme ça, je la trouvai même plutôt garçon manqué. Des poupées Barby, des vêtements de toutes sortes. Je n’en revenais pas. Curieuse, j’aurais bien aimé en savoir davantage sur ses goûts qui ne correspondaient pas du tout à l’image qu’elle rendait au collège.

— Je parie que tu te demandes pourquoi cette chambre est comme ça ? C’est ma mère ! Je te jure que lorsque je serai plus grande, je change toute la déco. J’ai réussi quand même à ce qu’elle accepte que je mette des jeans, parce que regarde un peu dans mon armoire.

Elle se leva et ouvrit la penderie.

Je devais avoir les yeux exorbités. Des robes, des jupes et des petits pulls col Claudine étaient accrochés. Du bleu marine, du blanc, du rose, du jaune pâle.

Samy aujourd’hui était en pantalon déchiré avec un sweatshirt, une casquette de base-ball vissée sur la tête. Rien à voir avec ce qu’il y avait dans l’armoire.

— C’est la faute à ma sœur ça !

J’aurais bien aimé lui demander où elle était sa frangine. Frustrée, je me laissai tomber sur la chaise face à son bureau et saisis sans m’en rendre compte un stylo. Je griffonnai sur une feuille qui trainait là, et, stupéfaite, je regardai apparaître mes mots.

Samy les vit aussi et se mit à gambader dans sa chambre comme un pantin.

— C’est merveilleux, on va pouvoir communiquer et tu vas m’expliquer ce qui t’est arrivé.

Je me rappelai alors ce qu’avait voulu me faire comprendre mon chat. Mon parrain à ma naissance m’avait fait cadeau en plus du grimoire de ce don. Il m’avait expliqué que si un jour, j’étais en galère, je pourrai toujours me débrouiller de cette façon et comme un cadeau fait par un sorcier ne peut pas disparaitre, mon père n’avait pas pu l’annuler. Arthus le savait et désespérément, il avait tenté d’attirer mon attention.

En quelques mots, je racontai ma punition.

— Mais c’est encore mieux, tu vas pouvoir m’aider sans qu’on s’en aperçoive.

Je n’étais pas certaine de regagner mes galons en faisant ce qu’elle me demandait, à moi de faire les bons choix. En tout cas, je n’étais plus seule.

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022).

À suivre…

A très vite…

Elsbeth Isobel, la petite sorcière

Bonjour toi 😉

Je te laisse à nouveau en compagnie de ma petite sorcière à qui il arrive de drôles d’aventures.

Je me fis toute petite devant Straurius. Il feuillettait un de mes grimoires. Je me demandai pourquoi vu qu’il savait déjà tout.

Je n’osai pas parler la première, hiérarchie oblige, j’attendis patiemment qu’il daigne m’adresser la parole.

Arthus s’installa sur mes grimoires et attendit lui aussi.

— Tu as passé une bonne nuit Isobel ?

Oh ! ça va mal quand Straurius m’appelait ainsi. Il faut dire qu’avec la grande sorcière Isaulya, ils n’avaient pas réussi à se mettre d’accord sur mon prénom. C’est pour ça que j’en avais deux. Elsbeth était celui choisi par la sorcière et Isobel par Straurius.

Ah, mais je ne vous avais pas dit… Straurius est mon père et évidemment sa compagne est Isaulya. Être la fille de deux grands sorciers, pas facile tous les jours.

— Ta mère est furieuse comme tu peux t’en douter. Tu as de la chance que ce soit moi qui m’occupe de toi.

Je ne sus pas quoi répondre parce que de toute façon, ça n’irait pas. J’avais foiré, c’est sûr !

— Je crois me rappeler que tu avais la permission de venir sur terre à une condition, t’en souviens-tu ?

Je murmurai d’une toute petite voix :

— Oui, je devais me comporter en mortelle.

— Tu ne devais pas utiliser tes pouvoirs.

— Je « n’ai rien fait de mal.

— Parce que je suis arrivé à temps, gronda Straurius. Tu auras donc la punition que tu mérites jusqu’à nouvel ordre.

— Je peux savoir laquelle ?

— Tu t’en rendras compte bien assez tôt. À toi de faire le nécessaire pour que tu puisses redevenir comme avant.

— Attends papa, je…

Il stoppa d’un geste ma question et disparut.

Arthus feula, il avait horreur des grandes envolées de Straurius, son poil se hérissait, ses oreilles se couchaient. Il faut dire qu’à chaque fois, mon père déclenchait un cataclysme quand il disparaissait d’un revers de cape.

Qu’avait-il bien pu me donner comme punition, je ne voyais rien de changé dans la maison. Je tentais de questionner Arthus.

— Tu en penses quoi, toi ?

De sa voix caverneuse, il ricana. Arthus avait donc gardé ses pouvoirs. Je m’attelais à croiser les doigts et à feuilleter mon grimoire sans le toucher. Je l’appelais pour qu’il vienne se poser sur mes genoux et il le fit aussitôt. J’avais aussi toutes mes facultés de sorcière.

Je me plantai devant le miroir et tentai de changer d’apparence. Je devins tour à tour, plus vieille, plus belle, plus laide. Je ne pus m’empêcher de rire en me voyant avec une verrue sur le nez face au miroir. Quel cliché ! Les sorcières de ce genre n’existaient plus.

— Elsbeth, tu es là ?

Samy avait osé revenir me voir. Elle n’avait vraiment peur de rien cette gamine. Vite, je reprenais mon apparence et j’allais à sa rencontre.

— Elsbeth ?

— Alors Samy ? Bien dormi ?

— Elsbeth, tu es là ?

Je vis avec stupeur Samy passer devant moi sans me voir et se mettre sur la pointe des pieds pour voir à travers les carreaux si elle m’apercevait à l’intérieur. Arthus sortit alors de la maison et à ma grande surprise, elle se pencha pour le caresser.

Le traître, lui, elle pouvait le voir, alors que moi j’étais devenue invisible aux yeux de mon amie.

— Tu es tout seul ? Où est ta maîtresse ?

Arthus se mit à ronronner en frottant son museau contre sa joue.

— Je suis bête, tu ne peux pas parler. Tant pis, je pars à l’école sans elle, je la retrouverai là-bas.

Elle posa mon chat au sol et s’en fut en sautillant.

Arthus sauta dans mes bras et me lécha le bout du nez. J’étais seule avec lui, j’avais certes encore tous mes pouvoirs, mais personne ne me voyait.

Je n’avais plus rien à faire ici autant rentrer dans mon monde. Je claquais des doigts et lançais mon incantation, mon chat sur mon épaule.

Rien ne se passa, Arthus miaula de détresse.

J’étais condamnée à rester ici, seule. Je filais dans ma chambre, m’assis sur mon lit, et saisis mes grimoires à la recherche d’une solution. Seulement, Straurius m’avait aussi enlevé la capacité de comprendre les incantations qui s’adressaient aux sorciers de plus de dix ans.

J’étais une petite sorcière, seule, avec les pouvoirs de mon âge. Terminés les passe-droits.

Je m’effondrai en larmes sur ma couette. Oui, même les sorcières pleuraient !

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022).

À suivre…

À très vite…

Elsbeth Isobel, la petite sorcière

Bonjour toi 😉

L’histoire continue mais comme c’est le jour de la poésie, j’ai écrit la suite en vers.

C’est bien la peine d’être une sorcière
Je ne peux que tourner en rond depuis hier. 
J’ai voulu jouer, je suis punie
Assise sur mon balai dans la nuit
Je m’ennuie. 

Comment demander pardon 
En m’agenouillant devant le grand patron ? 
Je vois que tu me regardes, mon chat,
Ah ! si je pouvais te serrer dans mes bras !

Mais je suis condamnée à errer
Dans ce ciel certes étoilé
Jusqu’au lever du jour
Certainement sans aucun secours. 

Ai-je rêvé ? c’est bien mon chat
Je descends plus bas
Il est debout sur deux pattes
Non, mais quel acrobate !

Il a réussi à sauter sur mon balai
Au moment où je passais tout près,
Nous sommes deux désormais
Dans le ciel à voler.

Soudain, mon balai pique du nez
Au sol brutalement, nous sommes projetés. 
Agacée pas blessée, mais surtout vexée
Je grimpe à l’arbre, le plus près. 

Arthus m’y rejoint les yeux exorbités, 
Foi de chat, jamais ça ne lui est arrivé !
Équilibriste dans l’âme, il n’a pas aimé
Qu’un coup en prenne sa fierté. 

Assis tous deux sur la branche
Je pense à ma revanche. 
Oublie ! crache mon chat
Où tu t’en mordras les doigts. 

Le soleil se lève à l’horizon
Allez moussaillon,
Quittons notre perchoir
Quelqu’un pourrait nous apercevoir. 

Je rentre à la maison
Accompagnée de ses ronrons. 
Je me laisse tomber sur mon fauteuil
Straurius m’attend, bonjour l’accueil.




© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022).

À suivre….

À très vite…

Elsbeth Isobel, la petite sorcière

Bonjour toi 😉

Je laisse la parole à ma petite sorcière à qui il arrive bien des misères 😁.

Pourquoi avions-nous cet homme en math ? Les autres classes avaient une professeure, ce vieux grincheux nous en faisait voir de toutes les couleurs, alors qu’elle, j’en étais certaine était rigolote. Je comprenais que Samy ait envie de lui faire une blague, de mauvais goût certes, mais qu’est-ce qu’on allait rire.

Une fois de plus, Samy fut envoyée au tableau. Je croisais les doigts derrière mon dos et grâce à moi, elle trouva facilement les réponses, ce qui eut le don d’étonner Einstein (oui, nous l’avions baptisé ainsi, j’avoue nous ne nous étions pas trop forcées et de plus, il n’était pas aussi intelligent, j’en savais quelque chose !).

Il se retourna brusquement vers moi comme s’il était sûr que je brandissais les réponses. J’affichai mon plus beau sourire ce qui l’agaça davantage. Je ne pus résister à l’envie de lui faire retomber sa mèche de cheveux devant les yeux, il n’en avait plus beaucoup et il devait passer du temps le matin face à son miroir avec une tonne de gel pour qu’elle se tienne bien, rien qu’à l’imaginer je souriais béatement. Toute la classe éclata de rire alors que lui ouvrait grands les yeux ne comprenant pas ce qui lui arrivait. Désespérément, il essayait de la remettre en place, mais elle n’en faisait qu’à sa tête.

C’est à ce moment-là qu’on frappa à la porte, le conseiller principal d’éducation entra. Le comble ! En découvrant la tête de ce pauvre professeur, il réfréna avec peine son hilarité, il s’en s’excusa. Il tenta de reprendre son sérieux et déposa sur le bureau un message qui apparemment était de la plus haute importance. Il quitta la salle aussi rapidement qu’il était apparu non sans pouffer, je l’avais entendu.

Je savais de quoi il s’agissait… Le timing était parfait, la sirène retentit, nous rangeâmes nos affaires avec fracas.

Nous n’avions plus cours, nous sortîmes en vitesse. Nous avions repéré où créchait Einstein, ce ne fut pas difficile d’arriver avant lui. Je saisis la main de Samy et en un claquement de doigts, nous nous retrouvâmes dans son jardin.

— À toi de jouer Elsbeth, mais j’ai la trouille quand même. Tu es certaine que je ne risque rien ?

— Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer.

Je ne la laissais pas réfléchir plus longtemps, plaçais mes doigts en V sous mes yeux, lançai l’incantation qu’Arthus m’avait soufflée et…

— Tu n’as pas honte ?

Je restai tétanisée alors que Samy, terrorisée mettait ses mains sur ses oreilles. Une tempête s’élevait courbant les pins, de gros nuages noirs s’amoncelaient au-dessus de nos têtes et une pluie torrentielle s’abattit d’un coup, nous fûmes trempées jusqu’aux os en peu de temps.

— Elsbeth Isobel !

Statufiée, je regardais Straurius apparu devant moi. Ses yeux lançaient des éclairs et quand il se redressa de toute sa hauteur, je réalisai qu’il touchait presque le ciel.

— N’as-tu pas honte ? Faire peur à un mortel de cette façon ? Tu trahis toutes nos conventions, n’as-tu donc aucun respect pour nous, les sorciers ?

Sa voix tremblait de colère et je me prosternai à ses pieds implorant son pardon.

Il détourna son regard et d’un coup d’un seul, je me retrouvai vieille et laide à tourner sur un balai dans la nuit noire.

Arthus, assis sur la fenêtre de ma chambre, me suivait des yeux tout en se léchant les pattes. Je le vis distinctement remuer la tête, d’un air de dire, je t’avais dit de faire attention. Je n’étais pas certaine de l’avoir entendu ou alors j’avais occulté ça de ma mémoire.

Que faire maintenant ? Implorer le pardon de Straurius était de la haute voltige. Je tentais d’appeler à l’aide Harow mais notre chef avait dû donner des consignes strictes, personne ne me répondit. J’étais donc condamnée à tourner en rond dans le ciel noir pendant la nuit. Même la lune restait indifférente à mon problème.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022)

À très vite…

Elsbeth Isobel – La petite sorcière

Bonjour toi 😉

Désolée pour la chronique littéraire du lundi, mais challenge oblige, je ne peux pas tout faire 😁. De plus, j’ai terminé les deux tomes dont je souhaitais vous parler, seulement je n’avais pas réalisé qu’il y en avait un 3ème. Quelle frustration quand je suis arrivée au bout de ma lecture et que j’ai compris que c’était loin d’être terminé. Bref, le temps de commander, de le recevoir et de le lire, patience ! Du coup, ma petite sorcière prend sa place, je suis certaine que ça te fait plaisir aussi 🙂.

Je te laisse avec elle …

Après le départ de Samy, je restais perplexe. Elle m’avait dit qu’elle reviendrait le soir même, transformée. J’avais hâte de voir ça, je ne pensais pas que c’était possible si jeune. Du coup, je me penchais sur mes grimoires, histoire de vérifier ce que je savais.

Arthus, mon chat noir me rejoignit et se planta sur le plus gros livre. Il commença à se lécher consciencieusement la patte puis me fixa de ses yeux vert-jaune.

Je l’apostrophai :

— Quoi ? Qu’est-ce que tu essayes de me dire ?

Il abandonna sa toilette et vint se frotter contre ma joue et son ronronnement s’enclencha.

L’obscurité emplit la pièce. Allons bon, j’allais recevoir de la visite, quand la nuit tombait d’un coup c’était que quelqu’un de l’autre monde toquait à ma porte. Je soupirai, pas moyen d’être tranquille même à dix ans.

— Ne t’inquiète pas, ce n’est que moi !

Je respirai mieux. Arthus avait pris la parole. Sa voix cavarneuse me faisait rire. Comme il n’avait pas l’habitude de parler, ses cordes vocales ne fonctionnaient pas toujours bien. J’avais bien tenté quelque chose, mais je m’étais fait vertement remettre en place par Straurius. Ce n’était pas dans mes compétences alors que j’en avais le pouvoir. Hiérarchie oblige, je devais la respecter, même si j’étais une sorcière très douée, je n’avais pas encore été promue au rang supérieur.

— Ta protégée ne peut pas se transformer. C’est son rêve le plus cher alors elle compte sur toi pour que tu l’exauces.

Ébahie et vexée parce que je n’avais pas prévu ça, je restais sans voix.

— Normal que tu n’aies pas compris son vœu, tu oublies toujours que lorsque tu as dix ans, tu as les dons de ton âge, même si parfois, tu parviens à tromper Straurius, enfin parce qu’il le veut bien.

Je me laissai tomber sur mon fauteuil crapaud préféré et fermais les yeux.

— Tu sais quoi, on va lui faire un blague.

Je sautais aussitôt sur mes pieds, le cœur en fête. J’avais dix ans et le droit de faire des bêtises.

— Je vais t’aider, grogna Arthus.

— Tu es certain que tu ne vas pas te faire prendre ? Straurius n’est pas toujours tendre et ce ne serait pas la première fois qu’il t’enfermerait avec Cerbère.

Notre chef avait appelé son chien comme celui de la mythologie, juste pour qu’on le craigne. Ce Cerbère-là n’avait pas trois têtes, certes il était énorme et il en imposait quand on se trouvait face à lui, mais ça s’arrêtait là. Arthus m’avait raconté qu’il avait joué avec lui aux cartes pendant qu’il était emprisonné, un autre chat était avec eux, Cerbère leur avait appris la belote. Maintenant, Arthus était imbattable. Je ne sais pas si tu as déjà entendu un chat dire Belote, ça valait le détour !

— Tu vas m’aider à me transformer en panthère. Ta nouvelle amie n’y verra que du feu.

Mes yeux brillèrent d’un éclat particulier, ils faisaient toujours ça quand l’excitation s’emparait de moi.

— Tu crois que je vais y arriver ? Tu viens de me rappeler que je n’avais que dix ans.

— Harow a fait ce qu’il fallait.

Je sentis mes joues s’empourprer. Même si je n’avais que dix ans, rien que le nom de mon chéri m’emplissait de joie.

Le soleil revint dans la pièce et Arthus reprit sa place sur le grimoire. Il continua de lécher sa patte comme s’il n’avait jamais cessé de le faire.

J’attendais avec impatience que la lune se lève et que Samy apparaisse chez moi. Le problème était que sa maman ne la laissait pas sortir aussi tard, j’aurais dû m’en douter, ces problèmes-là n’existaient pas dans mon monde.

Alors je décidais de me coucher. Je suis une petite sorcière et j’ai besoin de sommeil. C’est Arthus qui me réveilla en sursaut. Il avait sauté sur mon ventre le coquin. Les sens en éveil j’écoutais et j’entendis des cailloux cogner contre la vitre de ma chambre.

— J’ai fait le mur et me voilà.

Quelle rigolote cette Samy. Je descendis rapidement la rejoindre.

— Et alors ta transformation ? Lui demandais mi-figue mi-raisin.

Samy se mit à danser d’un pied sur l’autre et je ne fis rien pour l’aider à me confier ce qu’elle avait manigancé.

— En fait…

— Ouais, c’est du blabla tout ce que tu m’as raconté, juste pour que je t’avoue que j’étais une sorcière.

— Non non, je te jure que j’avais vu que tu étais une fille spéciale, c’est pour ça que j’avais pensé que tu pourrais m’aider.

— Non, tu n’as pas cru que j’allais pouvoir te changer en panthère ? m’horrifiais-je.

— Ben si ! Tu es une sorcière ou pas ? J’ai tellement envie qu’il ait la peur au ventre comme moi quand il arrive dans la classe.

Je la sondais et vis aussitôt ce qu’elle recherchait. Le professeur de Math lui en faisait voir de toutes les couleurs et elle souhaitait qu’il paye, mais à sa façon.

Je ne pus m’empêcher d’être d’accord avec elle, ce bonhomme avait besoin d’une bonne leçon.

Elle comprit immédiatement que je l’aiderais. Alors, nous échafaudâmes un plan.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022)

À très vite…

Elsbeth Isobel, la petite sorcière

Bonjour toi 😉

Comme promis, voici la suite des aventures de ma sorcière.

Samy était une drôle de gamine, elle m’intriguait et en même temps, je la craignais un peu. Je n’avais pas tort parce que si nous étions devenues des amies inséparables, nous faisions aussi pas mal de bêtises et je sentais que j’allais me faire rappeler à l’ordre.

— Avoue que tu es une sorcière, je le sais, je l’ai vu.

Quand Samy m’a débité ça, le premier jour où elle m’avait parlé, j’en étais restée baba. Nom d’une sorcière, jamais je n’avais été démasquée aussi vite et surtout par une mortelle. Et ce qui avait été déclenché ensuite, je m’en souviendrai toute ma vie d’immortelle, ça allait être long !

— Tu veux savoir pourquoi je l’ai deviné ?

— Je ne suis pas une sorcière, tu racontes n’importe quoi, les sorcières n’existent pas.

Un énorme coup de tonnerre avait alors retenti et le ciel s’était assombri d’un coup. J’avais oublié qu’il ne fallait jamais ô grand jamais dire que les sorcières n’existaient pas. Quel blasphème ! Banco, j’avais mis en colère le chef, j’ai nommé le sorcier Straurius.

Affolée, Samy avait posé ses mains sur ses oreilles pour ne rien entendre du bruit qui m’assourdissait. Je ne comprenais d’ailleurs pas pourquoi Samy l’entendait aussi, normalement je devais être la seule à subir la foudre de notre chef.

Le vacarme cessa d’un coup, mais j’avais bien compris le message. Je croisai les doigts derrière mon dos en signe de pardon et je perçus distinctement que ça passait pour cette fois, mais que si je recommençais à blasphémer de la sorte, je pouvais dire adieu à ma vie terrestre pour un bon bout de temps.

— Tu vois bien que tu es une sorcière, pas la peine de faire semblant, je le sais, j’ai vu et entendu, mais si tu ne veux pas devenir mon amie, libre à toi.

Elle me planta là, furieuse. Je la regardais marcher vite, ses cheveux volant derrière elle. Je pesai rapidement le pour et le contre et je la rattrapai. Je passai devant elle l’obligeant à s’arrêter.

— Tu marches bien trop vite pour être arrivée avant moi, donc, tu es n’es pas normale.

Effectivement, j’avais aussi le don de multiplier mes pas pour me déplacer, je ne m’en étais pas rendu compte, mais Samy si ! par contre, dire que je n’étais pas normale me vexa.

— Tu peux m’expliquer comment tu l’as compris, ronchonnais-je.

— Je vois les choses.

Je connaissais ce genre de trucs. Samy n’était donc pas une sorcière. D’ailleurs, je me demanderai bien pourquoi nous serions deux au même endroit. Straurius n’aimait pas ça, il avait bien trop peur que nous fassions un clan et que nous déclenchions un cataclysme.

Après, son adjoint Harow aurait très bien pu faire une bourde, il était tellement étourdi. C’était mon crunch lui, dans mon monde, nous étions ensemble et évidemment, je n’avais pas dix ans.

— Viens chez moi, tu me raconteras.

— Il faut d’abord que je prévienne ma mère.

Je la suivais donc chez elle. Curieuse, je passai en revue sa baraque avec mon œil de lynx. Normal, rien à dire !

Sa maman sortit pour me saluer et me demander si je m’habituais à ma nouvelle école, bref les questions habituelles. Je répondais gentiment zieutant sur Samy qui pouffait derrière elle.

Arrivée chez moi, Samy se planta devant la porte.

— Elle est chouette ta maison, elle ne ressemble pas du tout à l’idée que je m’en faisais.

Je croisais les doigts derrière mon dos et la bâtisse redevint comme elle était. Samy en siffla d’admiration et courut dans toutes les pièces. Elle déboula dans ma chambre et découvrit ma bibliothèque ainsi que tous mes chaudrons et mes fioles, bref, tout le matériel d’une véritable sorcière.

Je l’interrogeai, curieuse :

— Alors comme ça tu vois des choses ?

— Pas que ça, je me transforme aussi.

Je la fixai. Impossible, elle ne pouvait pas être un loup-garou, pas elle.

— Ça arrive à chaque pleine lune.

Je commençai à trembler et réalisai que c’était sans doute pour cette raison que le triangle avait résonné. Les sorcières et les loups-garous s’entendaient rarement.

Je croisai à nouveau les doigts derrière mon dos afin de conjurer le mauvais sort. Je jetai un œil à mon calendrier. La pleine lune c’était ce soir. J’en étais sûre, c’était pour ça qu’elle avait choisi d’être mon amie.

Je levai les bras pour appeler à moi toutes les forces de mon monde quand elle éclata de rire.

— Je ne suis pas un loup-garou t’inquiète. Je suis une panthère noire.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022)

À très vite…

Elsbeth Isobel, la petite sorcière

Bonjour toi 😉

Comme promis, première histoire de ma petite sorcière que tu retrouveras pendant tout le mois d’octobre.

Bonjour, j’ai dix ans et je m’appelle Elsbeth Isobel. Je suis en 6e au collège Rosora. Je suis une petite fille tout à fait normale qui habite dans une maison tout à fait normale. Je suis brune ou rousse, ça dépend de mon humeur. Aujourd’hui, on dira que j’ai les cheveux noirs.

Mais je suis une sorcière, voilà c’est dit et ça, ce n’est pas tout à fait normal !

Il est certain que ma maison ressemble à un château qui fout la trouille le soir, mais je t’assure que sous le soleil c’est une maison comme la tienne.

Enfin presque… Si tu entres à l’intérieur, tu risques d’être surpris par le désordre qui y règne si je ne suis pas prévenue de ta visite. Tu penses bien qu’en un tour de bras, les pièces seront rangées comme les tiennes, si tu aimes ça bien sûr. Parce qu’il faut bien l’avouer, vous, les mortels, ce n’est pas toujours nickel non plus chez vous.

Donc je suis en 6e et je viens de faire ma rentrée. Évidemment, personne ne sait qui je suis et que parfois, je me laisse aller à utiliser mes dons particuliers.

Je vis toute seule, mais personne n’est au courant. S’il prenait l’envie à des copines (que je n’ai pas encore) de venir chez moi, comme pour un anniversaire par exemple, il parait que vous aimez ça vous, les mortels, j’appellerais les sorciers à la rescousse et personne n’y verra que du feu. Un papa et une maman apparaitront comme par magie, je te garantis que pour ça nous sommes des champions.

En fait aujourd’hui, j’ai dix ans, mais demain suivant les circonstances, je pourrais en avoir 15 ou 20, ça t’en bouche un coin pas vrai ? Avoue que tu aimerais bien pouvoir le faire…

Figure-toi que j’ai eu mon premier cours de mathématiques. Je ne vais pas te le cacher, je suis une experte en la matière, depuis le temps que je fabrique mes mixtures, je sais compter. C’est pareil pour les cours de sciences, nul besoin de formation, j’en connais des trucs, et les formules n’ont pas de secret pour moi.

J’ai bien tenté de ne pas me faire remarquer, mais il a fallu que ce prof me prenne de haut dès qu’il a compris que j’étais la petite nouvelle. Tu penses bien qu’il n’a pas hésité à m’envoyer au tableau pour voir si j’avais compris la leçon. Évidemment que j’avais compris et j’ai tout de suite donné la solution. Il a commencé à me poser des questions, genre de quelle ville je venais, mes notes en primaire. Il m’a tellement saoulée que j’ai croisé les doigts derrière mon dos et d’un coup, il a perdu sa voix, enfin presque. Il en avait récupéré une de grenouille qui coassait, tu sais quand on a une sacrée laryngite. Toute la classe a éclaté de rire et moi, innocente, je lui ai demandé s’il allait bien. Il m’a renvoyée à ma place d’un geste et a écrit au tableau de prendre une feuille, interro surprise. Tu parles d’une surprise. Comme c’était de ma faute si toute la classe était punie, j’ai à nouveau croisé les doigts et les solutions sont apparues dans toutes les têtes des copains. Si bien que lorsque le prof s’est promené dans les rangs pour voir si chacun avait compris les questions, il n’en est pas revenu de lire que tout le monde avait la bonne réponse. En passant près de moi, il m’a lancé un regard furibond. Je pense que je ne m’en suis pas fait un ami. Ça ne me dérange pas, il est moche.

La sirène a retenti, nous sommes sortis et une gamine toute rousse s’est approchée de moi. Elle était trop mignonne avec ses cheveux bouclés en pagaille et ses taches de son sur le bout du nez.

Je dois t’avouer qu’en plus de tous mes dons de sorcellerie, je sais reconnaitre les bonnes et les méchantes personnes, celles qui me veulent du bien et les autres. Je suis certaine que toi aussi tu sais faire, mais tu te fais avoir parce que celles que tu crois gentilles t’entourloupent et quand tu l’as compris, c’est trop tard le mal est fait.

Cette gamine s’appelle Samy, dans mon monde, c’est un prénom masculin, mais là devant moi, j’ai bien une fille. Qu’est-ce qu’elle peut bien me vouloir ? Je la sonde discrètement et mon cœur fond de bonheur. Nous allons devenir les meilleures amies et ça va durer… je vois également qu’elle aura besoin de ma protection et de mon aide, mais pour l’instant, elle me fixe sacrément comme si elle voulait lire en moi.

Surprise et mal à l’aise, je ne sais plus quoi faire et c’est bien la première fois que ça m’arrive. J’entends au loin comme le bruit d’un triangle, je le connais bien ce son, il annonce souvent un danger ou une embrouille. Je me tiens aussitôt sur mes gardes.

— Tu n’es pas comme les autres toi ! Moi, c’est Samuelle, mais je préfère Samy.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022)

À très vite…