Journal de Marie-Sophie

Bonjour toi 😉

Tous les épisodes précédents sont ici 😉

Lorsque je repensais à la colère de Gabriel ce jour de janvier où il avait déboulé chez nous, j’en étais encore toute chamboulée. Tout d’abord, je n’avais pas compris comment il avait pu être au courant, le secret semblait être bien gardé. C’était sans compter sans Enzo qui avait la langue bien pendue et discutait souvent avec son père et racontait tout ce qui se passait à la maison.

Heureusement que Pépé Charles entendant les éclats de voix depuis chez lui était venu aux nouvelles. C’était lui qui avait calmé Gabriel en grondant comme un lion. Il lui avait intimé de se taire même s’il ne comprenait pas un traitre mot de ce qu’il disait. Notre vieil ami n’était au courant de rien et il ne savait pas de quel mariage Gabriel parlait. Quand il réalisa que c’était du nôtre, il comprit rapidement la situation et avait entrainé Gabriel chez lui. Celui-ci n’avait pas osé refuser, on ne refusait rien à un vieux monsieur pas vrai ? Charles m’avait fait un clin d’œil, mais j’avais compris qu’il avait été déçu de ne pas avoir été mis dans la confidence. D’ailleurs, une fois Gabriel parti, il était revenu dans ma cuisine et m’en avait fait la remarque.

— Tu ne me fais plus confiance ma petiote ? Je sais pourtant tenir ma langue.

Il s’était assis à ma table et m’avait invité à venir le rejoindre.

— Alors comme ça tu vas enfin te marier avec Archibald ? Je suis bien content. C’est qu’il t’aime depuis longtemps ce garçon.

Il se tut et reprit :

— Gabriel aussi et ce depuis qu’il habitait en face de chez toi. Pour une femme qui s’imagine que personne ne la remarque, tu as deux hommes qui ont le cœur qui bat pour toi.

Je m’assis à côté de lui et soupirai.

— Je croyais que c’était oublié tout ça. En plus, il a quand même eu un fils avec ma meilleure amie.

Il bougonna.

— Ouais… et toi tu as été amoureuse de Morgan et tu as même attendu un petit de lui.

Je repense à ce qui aurait pu être si je n’avais pas fait de fausse couche et si Morgan n’avait pas eu cet accident.

— Je sais ce que tu te dis, reprit Charles. Archibald ne t’aurait jamais avoué ses sentiments.

Il posa sa main sur la mienne.

Et tout s’enchaina, Saverio qui frappait à fenêtre en criant que je devais venir rapidement, il y avait un problème à la boulangerie.

Nous nous levâmes en vitesse, j’ouvrai la porte à la volée et tout en montant dans la voiture de Saverio, j’écoutais, horrifiée ce qu’il me racontait et là, la colère me submergea.

À peine arrivée sur la place, j’je sautai au bas du véhicule alors que Saverio n’était pas encore arrêté, je faillis m’étaler puis j’entrai en courant dans la boutique. Ce que je découvris dépassait l’entendement.

Gabriel, furieux tenait Archibald par le col de son tablier et répétait qu’il n’avait pas le droit de m’épouser. Le calme d’Archi me stupéfia. Il ne répondait pas et se laissait faire, mais dès qu’il m’aperçut, il voulut faire un geste et Gabriel pensant qu’il allait le frapper, lui envoya son poing dans la figure. Archibald s’écroula.

— Tu es complètement fou !

Je le bousculai pour m’occuper d’Archibald, qui sonné, peinait à se remettre debout. Il avait la lèvre fendue et saignait.

Dégrisé et son âme de médecin reprenant le dessus, il s’approcha et voulut regarder la plaie. Archibald détourna la tête et repoussa la main tendue.

Les clients présents dans la boulangerie discutaient entre eux, stupéfaits devant la scène à laquelle ils venaient d’assister. Ce n’était pas tous les jours qu’il y avait une bagarre dans le village. Les Basques ont le sang chaud certes, mais ils ne comprenaient pas ce qui avait provoqué la colère de cet homme qui était le père d’Enzo, filleul du boulanger. Une crise de jalousie ?

Archibald, royal, sourit à la cantonade.

— Rien de grave, vous n’avez pas aimé mon pain ? Je vous en offre un autre si vous le souhaitez. Vous avez le sang chaud ici !

Je ne reconnus pas sa voix. Ses yeux restaient froids, mais jamais il n’aurait avoué devant ses clients qu’il connaissait très bien Gabriel et que celui-ci était amoureux de moi. Il passa derrière le comptoir, refusa que je me penche sur sa plaie, et s’excusa pour le dérangement. Il annonça qu’il allait se laver les mains. Les Basques regardaient de travers Gabriel. Une femme s’avança vers lui et l’interrogea :

— Je vous reconnais, vous travaillez au service des urgences non ? Pour un médecin, je ne vous félicite pas !

Gabriel voulut s’en aller, mais les hommes présents dans la boulangerie firent bloc pour l’empêcher de sortir.

— Laissez-le passer !

Archibald était de retour et comme si de rien n’était, il demanda :

— À qui le tour ?

Les clients s’écartèrent, Gabriel sortit. Je voulus le suivre.

— N’y pense même pas, Marie-Sophie.

La voix d’Archibald resonna comme un coup de tonnerre. S’il y avait bien une chose dont j’avais horreur était qu’on me dise ce que je devais faire et Archibald le savait. Nous nous affrontâmes du regard. Saverio qui était face à moi, me retint par l’épaule et me murmura de laisser tomber. Je ne voulus pas me donner en spectacle, je passais dans l’arrière-boutique. Malheureusement pour moi, Gabriel avait eu la même idée. Il attendait devant la porte qui était ouverte. Personne ne pouvait le voir, mais il ne fallait pas qu’Archibald vienne.

J’étais furieuse, je l’entrainais à l’extérieur.

— Tu as complètement perdu la tête ? Tu as réfléchi à ta réputation ? Et Enzo ? C’est un petit village, il va vite être au courant, que vas-tu lui raconter pour expliquer que tu as frappé son parrain ?

— Je n’ai aucune excuse sauf d’être amoureux de toi. Quand je pense que j’en ai parlé à Archibald et que je lui ai même demandé si tu avais quelqu’un et qu’il m’a dit de tenter ma chance.

J’hallucinais. Gabriel comprit que je ne le croyais pas, il enfonça le clou, un sourire au coin des lèvres.

— Tu n’étais pas au courant ? Demande-le-lui, tu verras bien.

— Qu’est-ce qu’elle doit me demander ? Qu’est-ce que tu fiches encore ici ?

Nous n’avions pas entendu Archibald arriver. Sans réfléchir, j’attaquai bille en tête.

— Il parait que tu lui avais donné le feu vert pour tenter sa chance avec moi. C’est vrai ?

Gabriel affichait un sourire narquois et sûr de lui, il croisa les bras et dit :

— Alors ?

Le ridicule de la situation me sauta aux yeux. J’avais face à moi deux coqs en colère et l’idée que la poule c’était moi faillit me faire éclater de rire, mais au lieu de ça, j’aperçus Enzo qui déboulait dans la petite rue. Il pleurait et se jeta dans les bras de son parrain.

— C’est vrai que mon père t’a frappé ? C’est grave ? T’as mal ?

Il n’avait même pas remarqué que Gabriel était là. Les nouvelles allaient décidément très vite, à croire que comme il ne se passait pas grand-chose dans le village, une bagarre dans la boulangerie, c’était croustillant.

© Isabelle-Marie d’Angle (février 2024).

À très vite…

Elsbeth Isobel et Héloïse

Bonjour toi 😉

Je suivais avec appréhension l’arrivée de Senu. Arthus avait eu une merveilleuse idée. Il est vrai qu’il était ami avec l’aigle. Celui-ci ne pouvait rien lui refuser. Ce qui m’étonnait c’est que Straurius ne se soit aperçu de rien. Bizarre ! Rien ne lui échappait d’ordinaire.

Senu avait dit la vérité, les jours et les semaines s’étaient écoulés ici et Héloïse avait commencé son apprentissage de petite sorcière sous l’œil attentif de ma mère, sa tante. Une chose m’inquiétait pourtant, Héloïse n’avait plus dit un mot depuis son arrivée. Elle avait pleuré longtemps puis ses larmes s’étaient taries et elle était restée muette. Isaulya, toute grande prêtresse qu’elle était avait été très surprise de la résistance que lui présentait sa nièce, mais elle n’avait rien raconté à Straurius. Celui-ci suivait son éducation et j’étais certaine qu’il savait ce qu’on tentait de lui cacher, mais il se taisait.

À mon tour, j’avais fermé mon esprit à ma mère. Elle ignorait donc que Senu était en route. J’avais beaucoup progressé dans mes dons et je m’apercevais qu’Héloïse était plus forte que moi. À son âge, je n’aurais jamais pu dissimuler quoique ce soit à mes parents. Elle y réussissait à merveille.

Arthus et Charlie suivaient de la même façon le chemin de Senu. La sorcière Shearah avait réussi à fléchir Arthus. Joe devait savoir où était son fils, il était insoutenable à Charlie de le voir bloqué dans son espace-temps.

— Il ne souffre pas et ne se rend compte de rien, affirmait le chat.

Mais Charlie ne voulait plus rien lui cacher. Arthus avait dodeliné de la tête et avait cédé. Lui seul avait le pouvoir de casser l’envoutement, c’est ce qu’il fit.

Faire comprendre à Joe ce qui se passait ne fut pas une mince affaire. Lui qui ne croyait pas aux sorcières ni au surnaturel, fut obligé de se rendre à l’évidence en découvrant dans la boule de cristal de Charlie, son gamin sur le dos d’un aigle. Stefano ne semblait pas souffrir et son regard émerveillé devant les paysages de l’autre monde le rassurait un peu.

Ce qu’Arthus avait omis d’avouer à Joe c’est que Charlie était une très grande sorcière. Il lui suffit d’ouvrir à nouveau son esprit et elle retrouva rapidement l’incantation qui rendit muette sa fille. Elle réussissait ainsi à communiquer avec elle, faisant très attention à ce que Straurius ne se rende compte de rien. Lorsqu’elle était dans son monde, elle s’amusait souvent à le berner. Elle avait toujours admiré son beau-frère et c’était réciproque. Il n’y avait jamais eu d’équivoque entre eux, il était l’homme de sa sœur, mais leur complicité était connue de tous, ce qui expliquait sa colère quand elle avait choisi de partir. C’était lui qui l’avait instruit et donné de précieux conseils, Isaulya n’en avait jamais pris ombrage.

Charlie ferma les yeux et avertit Héloïse que Stefano était proche pour la ramener. Comme elle était muette, ce serait facile pour le petit garçon de ne pas lâcher un mot. Elle lui inculqua aussi comment faire pour parler à l’esprit de Stefano. Restait à savoir comment il réagirait. Elle ne pouvait malheureusement pas le prévenir. Senu pourrait s’en rendre compte et Charlie ne le connaissait pas assez pour lui faire confiance.

Senu était là, il s’arrêta sur le balcon de ma chambre. Je ne pouvais m’empêcher de l’admirer. Stefano posa les pieds au sol. J’ouvris la porte-fenêtre.

— C’est bien ce que je pensais !

Straurius, les bras croisés nous contemplaient.

À suivre …

© Isabelle-Marie d’Angèle (novembre 2023).

À très vite…

Elsbeth Isobel et Héloïse

Bonjour toi 😉

Héloïse n’en revenait pas. La petite sorcière de son livre était là, elle allait entrer dans sa maison. Ce qu’elle n’avait pas prévu c’était que ses parents soient avec elle. À ce qu’elle en avait lu, le grand sorcier n’était pas facile. Elle réalisa alors que la tempête venait peut-être de lui.

Elle chercha sa mère des yeux, mais elle ne la trouva pas. Charlie avait disparu.

La porte s’ouvrit et elle entendit Joe les inviter à entrer.

—  Charlie ?

Stefano qui n’avait rien compris à l’attitude de la jeune femme, elle qui était toujours prête à aider les gens et ravie de recevoir, s’était éclipsée sans un mot, comme si elle connaissait ces personnes et ne voulait pas les rencontrer.

—  Elle doit être dans son atelier.

Joe fronça les sourcils, mais ne dit rien.

—  Je vous offre un café pour vous réchauffer ?

Un café ? Mes parents n’en consommaient pas, ça n’existait pas dans notre monde. Les seules boissons étaient le nectar des fleurs arrosées de différents parfums. Je regardais Héloïse. Qu’est-ce qu’elle était mignonne ! le garçon n’était pas mal non plus, mais il n’avait rien d’un sorcier. Je sentais en lui, une peur sourde. Son père, par contre, était très détendu. Les sorciers et les histoires surnaturelles lui passaient au-dessus de la tête et il n’y croyait pas du tout. J’espérais que Straurius en tiendrait compte.

Je pus m’approcher de la gamine grâce à Arthus qui m’échappa et alla se frotter contre ses jambes. Hélas, un énorme Terre-neuve déboula aussitôt et se planta devant lui en grognant. Mon chat se hérissa et doubla de volume en un clin d’œil.

J’eus la présence d’esprit d’éclater de rire, de saisir mon félin et de passer ma main sur le dos du chien, qui se calma immédiatement. Je captai alors le regard de ma mère qui me remerciait, j’avais évité le pire. Straurius ne tolérait aucun débordement dans le comportement des animaux. Chez nous, tous se côtoyaient sans haine.

Il prit d’ailleurs la parole de sa voix grave et posée.

— Nous n’allons pas vous déranger plus longtemps, merci de votre accueil. Elsbeth Isobel ?

Je n’eus pas le loisir de réagir, Stefano m’interrogeait et je sentis aussitôt sa peur.

— C’est ton prénom ? Comme dans le livre d’Héloïse ? Tu es la petite sorcière ?

Je vis sur son visage la stupeur puis la frayeur l’envahir. Il cria à son père :

— Vite, sauve — toi papa, ils vont nous faire du mal.

Heureusement que Joe eut la présence d’esprit d’expliquer aussitôt tout en attrapant son fils par le bras :

— Mon gamin a beaucoup trop d’imagination, excusez-le.

Il se tourna alors vers Héloïse.

— Ma compagne est arrivée dans nos vies avec sa petite Héloïse que voici et celle-ci adore raconter des histoires. Si vous n’habitez pas loin, Elsbeth Isobel pourrait venir partager un après-midi ?

— Ce serait une excellente idée en effet, mais je vous propose plutôt le contraire, Héloïse ? Veux-tu nous accompagner ? Je te promets de belles surprises.

Straurius avait changé de ton. Arthus coucha ses oreilles. Je vis Héloïse s’approcher du grand sorcier et saisir sa main, je compris qu’elle ne maîtrisait rien. En un quart de seconde, une magnifique femme apparut, les yeux horrifiés, elle tendait le bras pour la récupérer en hurlant, j’entendis le rire de mon père et… je me retrouvai dans mon monde, Héloïse à mes côtés.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2023).

À très vite…

Elsbeth Isobel et Héloïse

Bonjour toi 😉

Je n’en revenais pas, Charlie la mère d’Héloïse était en vérité la sœur de la mienne.

— Mais comment est-ce possible ? Une mortelle  dans le monde des humains ?

Isaulya me fit taire d’un geste. Straurius nous rejoignit. Je me doutais bien que le cri d’Isaulya, lui, il l’avait entendu. Il n’y avait qu’à voir son regard et ses sourcils froncés pour comprendre qu’il allait l’interroger. Toute prêtresse qu’elle était, elle n’avait pas le droit d’invoquer notre Dieu.

Je ne bronchais pas. Isaulya sourit.

— C’est idiot, j’ai eu peur, ce mot m’a échappé.

Je faillis éclater de rire. Nulle, sa réponse, elle aurait pu trouver mieux. C’était quand même au grand sorcier Straurius qu’elle s’adressait. Il la sonda en un quart de seconde et il ne m’en fallut guère plus pour me recroqueviller sous ma couette. Arthus m’y rejoignit en feulant.

— Vous m’expliquez ?

Hou ! Ils se vouvoyaient, l’heure était grave. Je n’osais même plus respirer et c’est alors qu’en croisant les doigts, je me dis que je devais retrouver Héloïse, elle aurait peut-être la réponse. Arthus s’agrippa à moi, comme s’il voulait me prévenir de quelque chose, mais il était trop tard, je fus projetée dans l’autre monde sous un ciel noir où les arbres se tordaient sous la fureur du vent.

Joe avait attrapé Stefano par la main et l’entrainait aussi vite qu’il le pouvait vers la maison. Elle lui semblait bien loin, il choisit de s’abriter dans la grange. Il referma aussitôt la porte et s’adossa contre elle. Stefano n’en menait pas large. C’est alors qu’ils la virent.

— Qu’est-ce que tu fais là ? Remarque tu as eu raison d’entre ici, tu ne risques rien.

Joe s’approchait d’Elsbeth Isobel.

— D’où viens-tu ?

Stefano aperçut alors Arthus qui passait la tête de dessous la veste d’Elsbeth Isobel.

— Oh ! regarde papa, le chat ! Il est trop beau.

Arthus sortit tout à fait de sa cachette et se frotta contre ses jambes. Aussitôt, Stefano le prit dans ses bras et serra sa joue contre lui, ce qui déclencha chez Arthus un ronronnement des plus sonores.

Elsbeth Isobel ne savait pas quoi dire. Le vent s’était calmé.

Héloïse, le nez contre la vitre regardait le ciel. Les nuages se dispersaient et un peu de bleu apparaissait. Elle fronça les sourcils et remarqua dans le jardin, un couple. Elle n’eut pas le temps de les montrer à Charlie que celle-ci était déjà près d’elle, un doigt sur les lèvres.

— Pas un mot sur le livre.

Elle le fit disparaitre prestement.

— Mais… on dirait les parents de…

— Tais-toi Héloïse, je t’en supplie.

Devant l’air implorant de sa mère, elle comprit qu’en effet, l’heure était grave. Toutes deux virent la porte de la grange s’ouvrir.

Joe en sortit le premier, suivi de Stefano. Le gamin fila vers la maison alors que Joe apercevait les inconnus dans son jardin.

Tout sourire et la main tendue, il s’avança vers eux :

— Je parie que vous êtes venu chercher votre fille ? Vous aussi, vous avez été surpris par cette tempête ?

Joe ne reconnaissait pas l’homme et la femme, mais peu importait, sa porte leur était grande ouverte. Il remarqua la prestance du couple. Lui, un grand manteau, ses cheveux retenus par un catogan. Elle, une longue veste, les cheveux relevés en chignon.

Arthus qui avait rejoint Elsbeth Isobel, lui glissa :

— Straurius et Isaulya sont là, ça va barder. Il vaut mieux que tu te montres.

— Ils ne feront rien dans le monde des humains, tu le sais aussi bien que moi.

— Ah oui ? La tempête ce n’était rien peut-être ?

Joe venait la chercher.

— Sors donc de ta cachette, tes parents te cherchent. Tu n’as plus rien à craindre.

Straurius sourit à Joe.

— Je vous remercie, notre gamine est en effet, un feu-follet. Elle est partie à toute allure et nous n’avons pas pu la suivre. Heureusement, elle n’a rien.

Joe les invita alors à entrer chez lui.

À suivre …

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2023).

À très vite…

J’aime un voyou au grand cœur

Bonjour toi 😉

On reprend les bonnes habitudes et je retrouve mes personnages et le chapitre 11.

Tu te rappelles quand même que mes personnages étaient partis se promener dans d’autres cahiers… voir ici.

J’ai réintégré mon cahier et je reprends le fil de mon enquête, un peu nostalgique de ma rencontre avec Marie-Sophie. Peut-être qu’un jour, elle viendra me rendre visite…

Je retrouvai mon portable et compris que mon capitaine était en panique à en croire les messages de plus en plus affolés laissés sur ma messagerie. Je l’appelai et le rassurai immédiatement. Une urgence familiale lui assenais-je, sans lui laisser le temps de me poser de questions. Je suis son supérieur, il ne me demandera rien, même si nous sommes quand même assez proches. Quand j’aurai le temps, je lui raconterai ce qui m’était arrivé, mais je doutai qu’il me comprenne et je pensai même qu’il doutera de ma santé mentale.

Je me souvenais de mon rendez-vous avec Destrio et la fuite du capitaine…

Chapitre 11

Je refis le chemin en sens inverse. Je saluai au passage les collègues à l’accueil et m’enfermai dans mon bureau. Il en avait de bonnes Diego Destrio. Les conneries de son fils quand il était gamin ce n’était rien à côté de ce qu’il allait manigancer aujourd’hui. Je ne pouvais pas rester cloitrée ici, je consultai rapidement mes mails, rien d’urgent, mes hommes savaient gérer de toute façon. Je devais rencontrer Paco.

Je fus interceptée par le procureur qui me cueillit devant ma moto. Les nouvelles allaient très vite dans cette petite ville.

— Alors comme ça on déjeune avec Diego Destrio ? Vous partiez en mission pour lui ?

— Bonjour monsieur.

Je tentai de gagner du temps, mais c’était mal le connaitre.

— Qu’est-ce qu’il voulait ?

— Que je coffre le plus rapidement possible les personnes qui ont attaqué son fils.

Dire la vérité allait le calmer.

— Le banquier est son fils ? Si je m’attendais à ça.

Le procureur n’en revenait pas.

— Je parie qu’il vous a menacée. Si c’est le cas, n’hésitez pas à le mettre en garde à vue.

— Et pour quelles raisons ? Et puis non, il ne m’a pas menacée. Il a réagi simplement comme un père qui a eu peur pour son fils unique.

— J’imagine qu’il vous a donné un délai. Je connais l’énergumène.

— On peut dire ça comme ça. Justement, je partais à l’hôpital retrouver monsieur Destrée pour prendre sa déposition.

— Faites donc commandant. J’ai confiance en vous, depuis le temps que vous et vos collègues souhaitez mettre la main sur ce bandit, si vous trouvez n’importe quoi qui peut le faire tomber, vous avez carte blanche !

Il me salua d’un signe de tête et s’engouffra dans le commissariat. Le mot confiance résonnait bizarrement dans mon esprit.

François alias Paco était furieux. Il venait d’avoir son père au téléphone. Comment avait-il pu rencontrer Angèle ? De quoi se mêlait-il ? Il ne pouvait pas lui en vouloir. De loin, il l’avait toujours protégé même s’il menait ses affaires en solitaire. Paco était certain qu’il gardait un œil sur lui et qu’au moindre problème, il interviendrait et c’était ce qu’il avait fait avec le commandant Merlin.

Il devait sortir de cet hôpital et reprendre le cours normal de sa vie. Ce n’est pas un groupe de petits malfrats qui allait lui faire peur. Ils ne le connaissaient pas et surtout, il ne savait pas qui était son père. Dans le cas contraire, ils abandonneraient l’affaire.

Il repoussa ses draps et se leva. Certes, ses blessures le faisaient un peu souffrir et ses côtes cassées n’arrangeaient rien, mais il tenait debout.

L’infirmière entra alors qu’il terminait de s’habiller.

— Vous nous quittez ? J’apportais justement vos papiers. Vous êtes bien pressé. Quelqu’un vient vous chercher ?

— Je vais me débrouiller, ne vous inquiétez pas.

— Passez à l’accueil pour signer votre sortie.

Elle se heurta au commandant Merlin. Elle dit alors :

— Si vous repartez en moto, faites attention ! Bonne journée.

Angèle contempla son ami d’enfance qui était prêt à s’en aller.

— Tu me ramènes chez moi, je prendrai la voiture pour aller récupérer mon chien.

Ce n’était pas une demande, mais un ordre.

— Bonjour François.

Il grommela et l’entraina vers l’accueil. Angèle qui n’avait pas l’habitude qu’on lui parle ainsi se dégagea de son étreinte et l’apostropha :

— Je ne savais pas que tu sortais aujourd’hui. Au fait, j’ai eu la visite de ton père.

— Il m’a averti et je n’y suis pour rien. Angèle, si tu veux bien, tu me ramènes.

— Je suis à moto.

— Alors ? Tu ne me crois pas capable de grimper derrière toi ?

Elle haussa les épaules. Il remplit les papiers et la suivit. Elle tendit un casque. Il monta derrière elle, s’agrippa à sa taille non sans ébaucher un sourire qu’elle ne vit pas.

À peine arrivé devant chez lui, il l’enleva et la remercia.

— Je vais chercher Tuck.

Sans un regard, il prit son véhicule et disparut. Il était en colère. Il ne voulait pas mettre en danger Angèle. Son père l’avait prévenu, il ne tolérerait pas qu’elle lui fasse faux bond. Elle devait le protéger. Il tapa sur son volant, il n’était plus un gamin, il savait ce qu’il avait à faire. D’abord récupérer son chien, ensuite il aviserait.

Tuck allait bien et dès qu’il vit son maître, il se dressa dans sa cage. Le vétérinaire le délivra rapidement et il se jeta sur Paco qui faillit tomber et porta une main à ses côtes. Il rit.

— Doucement, mon beau.

L’animal le lécha avec bonheur puis il se coucha à ses pieds. Après avoir écouté les conseils préconisés, il sortit. Le berger australien grimpa dans la voiture dès qu’il put. Une fois arrivé chez lui, François fit entrer Tuck puis il appela son collaborateur Jordan.

Qu’est-ce qu’il pouvait l’agacer Paco. Furieuse, je suis repartie au commissariat et j’ai claqué la porte de mon bureau un peu fort.

Personne n’est venu me déranger, les collègues ont dû penser qu’il fallait attendre que la tempête passe. Je rallumais mon ordinateur et consultais les nouvelles.

Soudain, je poussai un juron et lus l’article qui datait de quelques semaines. La police ne s’était même pas rendu compte qu’un braquage avait eu lieu lors du transport de fonds. En fait, l’argent n’était jamais arrivé. Personne n’avait vu qui conduisait le fourgon, tout s’était déroulé normalement. C’est l’entreprise lésée qui les avait prévenus.

En lisant la presse, un article attira mon attention. Une association qui s’occupait des sans-abris avait été créditée par un donateur anonyme. Impossible de remonter à la source.

Je soupirai. J’étais certaine qu’il s’agissait de Paco, mais comment le prouver ? Pas de numéros de billets, juste un virement dont personne n’était parvenu à trouver d’où il venait. En parcourant les articles, je compris que tous les moyens avaient été mis pour hacker ce compte, mais le meilleur des hackeurs avait fait chou blanc.

Je me laissai aller sur mon fauteuil et posai mes pieds sur le bureau. S’il s’agissait de Paco, il était très fort.

J’appelai Kawas. Il entra sans frapper et s’assit face à moi. Je tournai l’écran vers lui. Il lut l’article et haussa les épaules.

— Vous étiez en formation quand c’est arrivé, ça a dû vous échapper.

— Non, je n’ai juste pas fait le rapprochement avec l’archer qui ouvrait les coffres.

— Ce n’est pas nous qui avions l’enquête. Et puis, il n’y a pas eu mort d’hommes. L’association est ravie et a pu garder l’argent, rien ne prouvait qu’il avait été dérobé.

— Nous devons ouvrir l’œil si d’autres évènements de cette sorte arrivent.

— Les transferts de fonds, il y en a tous les jours et jusqu’à présent, il ne s’est rien passé d’anormal.

— Y a-t-il eu des vols identiques ailleurs que par chez nous ?

— Pas que je sache.

— C’est donc une nouvelle façon de procéder. J’ai l’impression que ce Robin des Bois moderne prend l’argent pour le redistribuer.

— Il ne le fait pas avec celui des supermarchés, juste les banques. Vous avez entendu parler de la vente des tableaux du château de la ville d’à côté ?

— Arrête de me vouvoyer Kawas, tu m’agaces. Si tu as quelque chose à me reprocher, parles, vides ton sac une bonne fois pour toutes.

— Que voulait Destrio ?

— Que je protège son fils et que je coffre ceux qui l’ont tabassé, c’est ce que j’ai dit tout à l’heure au Proc. Rien de bien original, tu ferais pareil, si ton enfant s’était fait attaquer chez lui.

— Rien d’autre ? Tu me le promets ?

— Putain Théo, tu me connais quand même ! que veux-tu qu’il me demande ? Personne n’a jamais réussi à coincer Destrio, il ne va pas commencer aujourd’hui à faire des conneries.

— Pour ses gosses, on baisse la garde.

— Alors là, ça m’étonnerait, mais j’y avais pensé. Dans notre métier, nous en voyons des choses pas jolies, et des personnes à qui on donnerait le bon Dieu sans confession qui vrillent. On ouvre l’œil et on veille au grain. Au fait, François Destrée est sorti de l’hôpital. J’étais passé prendre de ses nouvelles tout à l’heure, c’est moi qui l’ai ramené. Il n’était pas de bon poil et était en colère que son père soit venu nous parler. Voilà, tu sais tout !

Je regardai dans les yeux mon capitaine, mais au fond de moi, je n’étais pas fière. Théo se leva, le sourire revenu. J’avais réussi à lui redonner confiance en moi, mais jusqu’à quand ?

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

J’aime un voyou au grand cœur

Bonjour toi 😉

Le thriller Un héritage empoisonné est terminé, tu peux le trouver ici où tu auras l’intégral . Te souviens-tu de mon histoire du voyou au grand cœur ? Tu retrouveras les 4 premiers chapitres ici. Je te propose de continuer leur histoire. C’est un challenge pour moi, mais j’aime les défis d’écriture parce qu’il est loin d’être terminé et surtout, je n’en connais pas l’issue 😂.

Alors c’est parti, je te propose donc le chapitre 5. J’ai écrit 9 chapitres qui ont l’air de tenir la route, j’ai fait quelques modifications. N’hésite pas à me dire ce que tu en penses.

Je te fais ci-dessous un récap des personnages en images.

Angèle Merlin, commandant
Son chat Pistole

Paco alias François Destrée
Son chien Tuck

Chapitre 5

Je me réveillai en sursaut et repoussai brutalement le bras de Luc qui reposait sur moi. Il avait débarqué la veille au soir, je n’avais pas eu le courage de le mettre dehors.

Le message de Kawas m’avertissait que Destrée avait eu un accident d’escalade.

Je m’habillai rapidement et le moteur de ma moto rugit. Je stoppai devant la salle de sport alors que l’ambulance l’emmenait déjà. Son collègue, Jordan Calamine répétait en boucle que ça devait arriver.

Je m’approchai de lui et lui demandai pourquoi il avait cette intuition. Il se tut aussitôt et bougonna :

— Faut pas m’écouter, je radote parfois. C’est que je l’aime bien ce gamin, je le connais depuis des années.

Kawas vint à ma rencontre et me glissa à l’oreille qu’il ne s’agissait pas d’un accident. Je m’éloignai pour l’interroger.

— François Destrée s’en serait rendu compte si sa corde avait été endommagée non ?

— Ce n’est pas elle, c’est le mousqueton.

— C’est robuste ces machins-là !

— À croire que celui-là était défectueux.

Je restai dubitative. L’habitué s’en serait aperçu. Je rejoignis Calamine.

— Excusez-moi, c’est vous qui préparez le matériel ?

— D’habitude oui.

Il se tordait les mains, il n’était pas à l’aise et ses yeux me fuyaient.

— Pas aujourd’hui ?

— Il ne m’avait pas prévenu qu’il viendrait s’entrainer. Nous nous étions engueulés hier.

Il baissa la tête. Il s’en voulait, c’était évident. Il reprit en me regardant droit dans les yeux.

— Je ne comprends pas qu’il ne se soit aperçu de rien. Il est tellement maniaque avec ses affaires. De plus, je ne les reconnais pas. Ce n’est pas celles qu’il utilise.

— Je crois que le mieux est de l’interroger, il pourra certainement nous expliquer les raisons de son choix.

L’homme haussa les épaules puis il reprit.

— Heureusement qu’il n’avait pas décidé de s’entrainer dans la forêt. La chute aurait pu être bien plus grave.

Je lui demandai de rester à notre disposition et l’invitai à rentrer chez lui. Nous n’avions plus besoin de lui.

— Savez-vous où ils l’ont emmené ? J’aimerais aller le voir.

Mon collègue lui donna les informations souhaitées et nous le regardâmes s’en aller la tête basse et les épaules voutées.

— Dès que ce sera possible, nous irons nous aussi l’interroger.

Un message de mon médecin légiste abandonné dans mon lit apparut et je compris qu’il n’était pas content de se retrouver tout seul chez moi. Je rangeai mon portable et n’y pensai plus.

François Destrée avait repris connaissance et il s’en tirait avec deux côtes cassées. Jordan était près de lui et lui racontait que la commandant Merlin l’avait interrogé.

— Je m’en doute et elle ne va pas tarder à rappliquer ici.

— Qu’est-ce que tu vas lui dire ?

— Rien ! C’était un accident.

— Tu sais bien que ce n’est pas vrai.

— Si j’avais vérifié mon équipement comme je le fais d’habitude, je l’aurais vu que ce mousqueton était bizarre. Je raconterai que je n’ai pas fait attention.

— Arrête François, elle ne te croira pas. Tu es fou d’escalade, jamais tu ne prendrais le risque d’avoir un matériel défectueux.

— Mais si elle me croira. Je sais être convaincant quand il le faut. Rentre chez toi et oublie tout ça.

— C’est facile, maugréa le pauvre homme.

Pourtant il s’en alla sans se retourner et croisa Merlin qui venait aux nouvelles. Elle n’avait pas perdu de temps. Il voulut l’intercepter pour lui conseiller de prendre soin de François parce que peut-être il était danger, mais il pensa qu’elle se moquerait de lui. Il lui fit alors un signe de tête et lui indiqua le numéro de sa chambre.

François la vit entrer et même si ses côtes cassées le faisaient souffrir, il afficha un léger sourire.

— Ce n’était pas la peine de vous déplacer, commandant.

Dans un lit d’hôpital, il était toujours aussi craquant.

— Je fais mon boulot. J’imagine que vous savez que votre matériel était défectueux et que quelqu’un souhaitait qu’il vous arrive un accident ?

Je le regardais afficher le même sourire. Je plissai les yeux et je me revis à neuf ans face à ce garçon qui me narguait avec ce rictus moqueur.

— Paco ?

Il sursauta, haussa les sourcils et murmura :

— Ah quand même, tu m’as enfin reconnu ? Moi, depuis le premier jour où tu es apparue dans mon bureau, j’ai su qui tu étais. Comment vas-tu depuis le temps ?

Cela faisait vingt-cinq ans que je n’avais pas eu de ses nouvelles, mais force est de constater que je n’avais jamais oublié mes vacances avec lui. Pourtant, je n’avais pas fait le rapprochement immédiatement avec ce gamin, amoureux des arbres et des forêts.

Je grondais :

— Ne me dis pas que c’est toi le Robin des Bois moderne dont tout le monde parle !

— Je ne te le dis pas.

Toujours ce sourire narquois sur ses lèvres. Je n’avais plus neuf ans et s’il m’agaçait à l’époque, aujourd’hui c’est un tout autre sentiment qui m’envahissait.

— Paco, tu…

— François, s’il te plait ! Paco c’est du passé.

— Quelqu’un t’en veut, tu le sais n’est-ce pas ?

— Mais non, c’est une erreur de débutant que j’ai commise.

J’éclatais de rire.

— Pas à moi François, tu n’as rien d’un débutant.

Il tenta de se redresser et grimaça.

— De toute façon, je ne suis pas près de regrimper, je ne risque rien.

— Tu peux m’expliquer ?

— Quoi ? Que je ne supporte pas qu’on abatte des arbres ?

— Tu sais que je suis commandant de police ?

— C’est ce que tu voulais faire. Souviens-toi quand on jouait aux gendarmes et aux voleurs, c’était moi le voleur, dit-il en riant.

— Je te courais après, je t’attrapais et te mettais en prison, lui rappelais-je.

— C’est parce que je me laissais faire, juste pour sentir tes mains sur les miennes.

Je secouais la tête.

— Pas de ça avec moi François, je suis flic, t’as oublié ?

— Et alors ? Tu vas m’enfermer ? Qu’est-ce que j’ai fait de mal à part prendre l’argent à ceux qui en ont trop et le redistribuer à ceux qui n’en ont pas assez ?

— Tu n’as pas le droit de faire ça et tu le sais très bien.

— Fais comme si tu n’étais pas au courant.

Je soupirai, alors il saisit ma main.

— Angèle, s’il te plait !

Ses yeux me fixèrent et tout comme à neuf ans, je me revis lui pardonner toutes ces bêtises comme lorsqu’il jetait des clous sous les roues des voitures sous prétexte que les propriétaires avaient laissé leur reste de pique-nique dans les bois.

Je tentais de gagner du temps.

— En attendant, une enquête va être ouverte. Quelqu’un a essayé de te tuer.

Il haussa les épaules.

— N’exagère pas, celui qui a fait ça souhaitait me faire peur, c’est tout. Il savait que je m’en sortirais.

— Pourquoi n’as-tu pas vérifié ton matériel ?

— Laisse tomber Angèle.

Le ton de sa voix m’alerta.

— Ne me dis pas que tu connais qui t’a fait ça !

— Je ne te le dis pas.

Une fois de plus, son regard enjôleur me chopa et je m’y laissais prendre.

— Tu ne souffres pas trop ?

— J’aime quand tu te préoccupes de moi.

Qu’il m’agaçait cet homme et j’étais furieuse parce que je sentais bien qu’un sentiment bizarre m’envahissait. Je n’avais pas l’envie d’y succomber.

Je quittai sa chambre.

À suivre

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite

Un héritage empoisonné

Bonjour toi 😉

Je me demande qui a écrit ce thriller, j’en ai des frissons dans le dos 😁.

Chapitre 23

— C’est d’ici que tu surveilles tout ce qui se passe chez eux ?

— Oui ! Ils ne se doutent rien.

— Pourtant, elle sait qu’il y a une pièce supplémentaire ?

— Elle y est venue, mais n’a rien vu de mon installation. Je ne suis pas fou.

Les deux hommes regardaient le couple assis dans le salon.

— Je n’ai pas compris pourquoi il a enlevé son alliance. Je vais avoir besoin de toi Joseph, pour mieux le surveiller. Je ne peux faire confiance qu’à toi, même si je sais que tu n’es pas d’accord avec toutes mes idées.

— Karl et Richard ?

— Tu les avais bien cernés. Ils ne pensent qu’à l’argent et ils ont la gâchette facile.

— Tu veux dire que je suis tout seul maintenant ?

— Pourquoi ? Aurais-tu peur ?

— Non, mais je suis surpris. J’ai du mal à te croire.

— Tu avais raison, j’ai eu tort.

— Tu vas laisser tomber ?

— Oui ! c’était ridicule et insensé. Coralie ne m’aimera jamais. Autant, la garder comme amie.

— Tu m’étonnes. Tu aurais monté toute cette machination pour rien ?

Il éteignit l’ordinateur.

— Viens partons d’ici !

Joseph ne se fit pas prier. Cet endroit lui faisait froid dans le dos.

— Je déclenche le passage secret.

Joseph commença à descendre l’escalier. Il faisait sombre et l’atmosphère humide. Cette maison comportait tellement de pièces inconnues qu’elles l’angoissaient. Il se retourna pour l’attendre. Il ouvrit la bouche. Le cri resta bloqué dans sa gorge.

Le premier coup sur la tête le fit chanceler. Il voulut se rattraper à la rampe. Il n’en eut pas le temps. Un coup de pied dans le ventre et il perdit l’équilibre. Il dévala la vingtaine de marches et stoppa sa course en bas. Une mare de sang s’écoulant sur le sol en terre battue.

Karl et Richard l’attendaient. Ils le poussèrent du pied pour vérifier qu’il était bien mort.

— Il a son compte patron !

— Emmenez-le et jetez-le dans l’eau.

— Mais son corps va remonter à la surface…

— Je voudrais bien voir la tête du commandant quand il s’en apercevra. 

— Tu n’as rien entendu ?

Le bruit de la chute dans l’escalier s’était répercuté dans la maison.

Coralie qui venait de recevoir un mail ne répondit pas à sa question.

— J’ai les résultats de ton analyse de sang. Il y a des substances illicites. Tu es drogué Daniel. C’est ça qui te donne mal à la tête. Tu peux aussi avoir des pertes de mémoire. Tu m’écoutes ?

— Oui ! Coralie ! Mais, je te dis que j’ai entendu du bruit.

Il saisit son arme.

— Pourquoi ne veux-tu pas garder Hubert avec toi ? Il aurait réagi.

— Je crains qu’il ne se fasse tuer par ce timbré !

Il regarda par la fenêtre et prit son portable.

— Ne bouge pas !

Il mit un doigt sur sa bouche et composa le numéro du commissariat.

— Je vais sortir par la porte du salon, tu refermes derrière moi.

Elle le vit disparaitre derrière les arbres du parc.

Il reconnut le bruit du corps qu’on balance dans l’eau. Il n’eut pas la patience d’attendre l’arrivée de ses collègues et fonça. Il allait le dégommer ce tordu qui se faisait passer pour lui.

Il aperçut les deux hommes qui se tenaient près de la mare, Karl et Richard. Il avança doucement, l’arme braquée sur eux.

Un coup de feu retentit.

Karl et Richard agirent vite. Ils soulevèrent Faventiny et le portèrent rapidement dans le coffre de la voiture cachée plus loin. Ils entendaient déjà les sirènes de police qui hurlaient. Elle démarra.

La substitution n’avait pris que quelques minutes.

Esteban et Hugo sautèrent de leur véhicule armes à la main. Hugo se pencha aussitôt sur son chef. Une tache rouge s’étalait autour de son épaule.

Esteban faisait le tour de la propriété. Coralie qui avait perçu le coup de feu accourait. Elle se jeta sur son mari qui ouvrait les yeux. Hugo appela les secours.

— Vous m’avez fichu une de ces trouilles Commandant ! La plaie ne paraît pas grave. Avez-vous vu quelque chose ?

— Là… dans la mare !

Faventiny se redressa difficilement. Coralie inspecta sa blessure.

— Montre ! Je déboutonne ta chemise !

Alors que l’équipe d’intervention arrivait, Hugo et Esteban remarquèrent un corps.

Ils revenaient quand Claude Darcin, le procureur freina brusquement devant eux. Hubert jaillit comme un fou de la voiture et pila face au Commandant. Il montra les dents et grogna. Daniel lui intima l’ordre de se coucher. Le chien ne l’écouta pas.

Coralie se recula aussitôt. Hugo et Esteban sortirent leurs armes.

— Hauts les mains !

— Mais… vous délirez !

Darcin prit Hubert par le cou et lui parla à l’oreille. Il réagit immédiatement et plaqua le commandant au sol.

— Mais c’est moi, mon chien, tu ne me reconnais pas ?

Il aboyait de plus belle et devenait de plus en plus menaçant.

— Alors chef ? Vous ne vous souvenez plus du nom de votre animal ?

Esteban le releva brutalement. Hugo lui passa les menottes.

— Vous perdez complètement la tête, je serais à votre place je réfléchirais à deux fois avant de me traiter de la sorte.

Coralie s’approcha de lui.

— Où est mon mari ?

Il n’eut pas le temps de répondre qu’une salve de balles balaya la scène. Le procureur tira brutalement par la main Coralie pour qu’elle se couche au sol. Esteban et Hugo se mirent à couvert pour riposter aux tirs. En un rien de temps, une voiture folle aux vitres teintées s’arrêta devant le pseudo commandant. Une portière s’ouvrit, il sauta à l’intérieur, encore menotté. Elle dérapa et envoya un nuage de poussière. Le moteur rugit et reprit sa course. Tout s’était déroulé en quelques instants toujours sous une pluie de balles qui empêchaient les policiers d’intervenir.

 Coralie se releva.

— Personne n’est blessé ?

Tous firent signe que non. L’équipe de secours retirait l’homme de la mare. Esteban et Hugo reconnurent aussitôt Joseph.

Le procureur se tourna vers eux et les interrogea. Esteban répondit.

— Le Commandant nous avait prévenus qu’il avait entendu un corps balancé à l’eau. Il est intervenu sans nous attendre. Quand nous sommes arrivés, ce n’était pas lui qui était à terre, mais nous ne nous sommes rendu compte de rien. Même pas sa femme apparemment.

Le procureur reprit :

— D’où venaient les tirs ? Pas de la voiture quand même ! Faites le tour. Je suis désolée Madame Faventiny, mais votre maison va être mise sous surveillance. Vous ne pouvez plus rester ici toute seule. Je vais dépêcher une équipe pour qu’elle soit fouillée de fond en comble.

— Vous l’avez déjà fait !

— Je sais et nous n’avions rien trouvé. Cette fois-ci, nous allons utiliser tous les moyens que nous avons à notre disposition.

Darcin regarda autour de lui, le silence était oppressant. Il cria :

— Où est Hubert ?

Le chien avait disparu.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À suivre…

Elsbeth Isobel, la petite sorcière

Bonjour toi 😉

J’espère que je ne t’ennuie pas trop avec ma petite sorcière dont voici la suite 😉(c’est bientôt terminé, la fin du mois approche 😂).

Je repris donc ma place au collège normalement sans que personne ne s’aperçoive de ma présence sauf Samy évidemment.

J’étais comme un peu comme à la maison.

En cours de math, le professeur s’inquiéta de mon absence. Mon amie répondit que j’étais malade. Il ne fit aucune réflexion, mais à la fin du cours, il interpella Samy quand elle passa devant lui.

— J’imagine que c’est toi qui lui donnes tes cours ? demanda-t-il.

Surprise par question à laquelle elle ne s’attendait pas, elle hocha la tête.

— Sais-tu où elle habite ta copine ?

Samy hésita à dire la vérité et il le sentit.

— Je trouverai facilement son adresse, j’aimerais rencontrer ses parents.

— Ah oui !

Je vis Samy rougir. Il insista :

— Il y a un problème ?

— Non, monsieur.

Samy n’attendit pas davantage et sortit de la classe. Le professeur Grincheux comme nous l’appelions en catimini ne chercha pas à la retenir.

Elle chuchota :

— Tu crois qu’il va aller chez toi ?

Je ne pouvais pas lui répondre n’ayant rien sous la main pour écrire.

Les autres cours se passèrent sans incident, mais à la sortie du collège, je suivis des yeux Grincheux qui partait en même temps que nous. Soudain, je me statufiais sur place. Il était interpellé par un homme que je reconnus sans peine, Straurius. Quelle classe ! En costume cravate, les cheveux retenus par un catogan noir, il ne laissait personne indifférent à en croire les élèves qui le croisaient. La plupart se retournaient sur son passage. Je m’approchai doucement et je compris qu’il m’avait vue, son regard me sourit. C’était notre petit secret, ses yeux verts étincelaient furtivement. Il fallait avoir le pouvoir aguerri d’une sorcière pour s’en rendre compte. J’entendis sa belle voix grave :

— Je me présente, je suis le père d’Elsbeth Isobel. Elle a contracté un vilain virus qui l’oblige à garder la chambre.

Mon prof de math qui aurait peut-être préféré voir où j’habitais s’agaça de rencontrer mon parent. Il n’avait plus d’excuses pour jouer au curieux.

Grincheux prit Straurius de haut.

— Bonjour, monsieur, mais il ne fallait pas vous déplacer. Le carnet de correspondance aurait tout à fait suffi pour expliquer son absence. Un appel au secrétariat pour l’informer c’était bien aussi.

Il ne savait pas à qui il s’adressait le pauvre homme. Je sentis immédiatement que Straurius allait lui faire ravaler sa cravate.

— Je ne suis pas né de la dernière pluie, monsieur. J’ai cru comprendre que vous désiriez me rencontrer ? Voilà qui est fait. Il y a un problème avec ma fille ?

Straurius s’était rapproché de Grincheux. Il le toisait de toute sa hauteur et mon prof de math ne put que répondre qu’il me souhaitait un bon rétablissement. Ils se saluèrent et mon père reprit son chemin. Je sus qu’il s’était envolé à l’éclair fugace qui traversa le ciel.

Je regardais Grincheux qui ne cessait d’éternuer et de se gratter en attendant son bus. Straurius avait laissé une trace de son passage. J’étais à peu près certaine que demain il serait absent et aurait de la fièvre, peut-être même des boutons.

Je rentrais chez moi et retrouvais Arthus. Samy était là aussi et lui faisait la conversation. Elle sentit mon parfum aussitôt et m’apostropha :

— Avec qui parlait Grincheux ?

Je saisis une feuille et lui racontai ce qu’il venait d’arriver.

— Tu crois que tu pourrais me faire visiter ton monde ? J’aimerais bien voir comment c’est ? Je l’ai rêvé.

Arthus feula et gronda en me regardant.

Je répondis par écrit Je ne sais pas si j’ai l’autorisation d’emmener une mortelle chez nous. Si je n’étais pas punie, j’aurai tenté, mais là, tu comprends bien que je ne me risque plus à faire des bêtises.

— S’il te plait, si c’est comme dans mon rêve, c’est magnifique.

Elle me raconta alors les fleurs multicolores qui grimpaient le long des murs, les oiseaux qui volaient avec des sorcières assises sur leur dos.

Effectivement, c’était un peu ça là-bas, Samy n’avait pourtant vu que le côté paradisiaque. Les rivalités entre enchanteurs et les guéguerre étaient légendaires aussi chez nous et mon père avait fort à faire pour régenter tout ce monde.

— N’insiste pas Samy, tu ne pourrais peut-être plus revenir chez toi. Tu imagines la peine de ta maman ?

— Pas longtemps ! Allez !

Arthus se hérissa. Il sentait que j’avais bien envie de braver l’interdit. Encore fallait-il que j’ai ce pouvoir. Je pensai aussitôt que je devais toujours l’avoir sinon je ne pourrais jamais repartir.

— Je vais aller demander la permission et je reviens.

C’était le seul moyen de connaître si je pouvais voler d’un monde à l’autre. Je lançai donc mon incantation et… rien ne se passa.

Je paniquai aussitôt alors que mon chat venait se frotter contre mes jambes. Je suis sûre qu’il le savait, le bougre !

N’allais-je plus pouvoir retrouver mes parents ? Étais-je condamnée à rester ici ? Personne ne me voyait, je ne communiquais que par écrit et avec une seule personne, c’était l’enfer !

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022).

À suivre…

À très vite…

Elsbeth Isobel, la petite sorcière

Bonjour toi 😉

Prête pour la suite ?

Je n’allais pas rester enfermée toute la journée, je décidai d’aller au collège. Je pouvais arriver en retard, personne ne me verrait de toute façon.

Arthus miaula et sauta sur un de mes grimoires. Il s’installa sur la page de garde dédicacée par mon parrain. Je l’avais reçu à ma naissance par le sorcier Elldalf, un grand ami de mon père.

Je ne comprenais pas pourquoi Arthus s’allongeait de tout son long sur cette page. Je partis en claquant la porte.

J’avais consulté auparavant mon emploi du temps, je savais en quelle classe je devais me rendre. Je m’installai à côté de Samy, la place était libre. Cours de français, je notai tout et emmagasinai les informations que je connaissais déjà, mais autant continuer à m’instruire.

Samy avait dû attraper un virus, elle ne cessait pas de renifler. Les mortels sont souvent malades, dans mon monde, à part les mauvais sorts jetés entre nous, je ne savais pas ce que ça faisait d’éternuer et d’avoir le nez qui coule.

Le cours était terminé, je trainais pour ranger mes affaires quand Samy s’approcha de moi à me toucher et chuchota :

— Tu es là Elsbeth Isobel ?

Comment savait-elle que j’étais assise près d’elle ? Mystère !

— J’ai reconnu ton parfum. En plus de mes dons particuliers, j’ai aussi un odorat très développé.

Elle n’était donc pas malade, elle me reniflait tout simplement. Malheureusement, je ne pouvais pas lui répondre.

Elle rangea ses affaires et m’invita à la suivre tout en continuant de chuchoter.

— On va en cours d’histoire Géo et ensuite c’est la cantine. Si tu veux, je zappe et on se retrouve chez moi. Ma mère n’est pas là.

Je refusai qu’elle ne prenne pas son déjeuner, mais comment lui dire ? Samy, jamais à court d’idée ajouta :

— Éloigne-toi si tu n’es pas d’accord, je ne sentirai plus ton parfum et j’aurai compris. Je vais te poser les questions et tu me répondras de cette manière.

Sceptique et en même temps heureuse de pouvoir communiquer, je fis ce qu’elle me demandait, je reculai de quelques pas. Samy reprit :

— Okay ! je vais déjeuner. On se retrouvera  pour les cours et après, tu viendras chez moi. De toute façon, personne ne te voit, alors si ma mère est rentrée, ce n’est pas grave.

À la maison, Arthus m’attendait. Je me penchai sur mes grimoires tout en lui racontant ma matinée et l’idée géniale de mon amie. Il se frotta contre moi et de nouveau il s’enroula sur la page de garde du livre de mon parrain.

— Il te plait tant que ça ce grimoire ?

Je riais en le caressant.

— Si tu as quelque chose à me dire, parle !

Il fit non de la tête.

— Tu as perdu ce pouvoir ?

À nouveau, il tourna la tête dans tous les sens.

— Je dois trouver toute seule, c’est ça ?

Il me lécha le bout du nez.

Je haussai les sourcils. Arthus était un chat sorcier à la botte de mon père, je le savais, mais souvent il détournait les ordres à sa façon. Il s’était déjà fait punir sans gravité aussi je ne comprenais pas pourquoi, aujourd’hui, il respectait les consignes. Peut-être qu’il connaissait la teneur de la colère de Straurius et qu’il n’avait pas envie qu’il la mette à exécution.

Je lisais dans tous les sens la dédicace de mon parrain, rien d’exceptionnel.

À la grande sorcière que tu vas devenir…

Je feuilletai le grimoire, mais je ne trouvai rien qui puisse m’aider à sortir de mon guêpier. De toute façon, Straurius était bien trop fort pour qu’un petit don puisse annuler le sien.

Après les cours, je suivis donc Samy chez elle. Nous n’étions que toutes les deux, elle m’invita dans sa chambre. C’était assez rigolo, elle parlait toute seule. Quelqu’un nous aurait vues, il se serait demandé si nous avions toute notre tête.

Elle s’assit à son bureau et moi j’en profitai pour regarder la pièce où elle dormait. Une vraie fille, du rose partout. Je ne l’imaginais pas du tout comme ça, je la trouvai même plutôt garçon manqué. Des poupées Barby, des vêtements de toutes sortes. Je n’en revenais pas. Curieuse, j’aurais bien aimé en savoir davantage sur ses goûts qui ne correspondaient pas du tout à l’image qu’elle rendait au collège.

— Je parie que tu te demandes pourquoi cette chambre est comme ça ? C’est ma mère ! Je te jure que lorsque je serai plus grande, je change toute la déco. J’ai réussi quand même à ce qu’elle accepte que je mette des jeans, parce que regarde un peu dans mon armoire.

Elle se leva et ouvrit la penderie.

Je devais avoir les yeux exorbités. Des robes, des jupes et des petits pulls col Claudine étaient accrochés. Du bleu marine, du blanc, du rose, du jaune pâle.

Samy aujourd’hui était en pantalon déchiré avec un sweatshirt, une casquette de base-ball vissée sur la tête. Rien à voir avec ce qu’il y avait dans l’armoire.

— C’est la faute à ma sœur ça !

J’aurais bien aimé lui demander où elle était sa frangine. Frustrée, je me laissai tomber sur la chaise face à son bureau et saisis sans m’en rendre compte un stylo. Je griffonnai sur une feuille qui trainait là, et, stupéfaite, je regardai apparaître mes mots.

Samy les vit aussi et se mit à gambader dans sa chambre comme un pantin.

— C’est merveilleux, on va pouvoir communiquer et tu vas m’expliquer ce qui t’est arrivé.

Je me rappelai alors ce qu’avait voulu me faire comprendre mon chat. Mon parrain à ma naissance m’avait fait cadeau en plus du grimoire de ce don. Il m’avait expliqué que si un jour, j’étais en galère, je pourrai toujours me débrouiller de cette façon et comme un cadeau fait par un sorcier ne peut pas disparaitre, mon père n’avait pas pu l’annuler. Arthus le savait et désespérément, il avait tenté d’attirer mon attention.

En quelques mots, je racontai ma punition.

— Mais c’est encore mieux, tu vas pouvoir m’aider sans qu’on s’en aperçoive.

Je n’étais pas certaine de regagner mes galons en faisant ce qu’elle me demandait, à moi de faire les bons choix. En tout cas, je n’étais plus seule.

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022).

À suivre…

A très vite…

Elsbeth Isobel, la petite sorcière

Bonjour toi 😉

Je te laisse à nouveau en compagnie de ma petite sorcière à qui il arrive de drôles d’aventures.

Je me fis toute petite devant Straurius. Il feuillettait un de mes grimoires. Je me demandai pourquoi vu qu’il savait déjà tout.

Je n’osai pas parler la première, hiérarchie oblige, j’attendis patiemment qu’il daigne m’adresser la parole.

Arthus s’installa sur mes grimoires et attendit lui aussi.

— Tu as passé une bonne nuit Isobel ?

Oh ! ça va mal quand Straurius m’appelait ainsi. Il faut dire qu’avec la grande sorcière Isaulya, ils n’avaient pas réussi à se mettre d’accord sur mon prénom. C’est pour ça que j’en avais deux. Elsbeth était celui choisi par la sorcière et Isobel par Straurius.

Ah, mais je ne vous avais pas dit… Straurius est mon père et évidemment sa compagne est Isaulya. Être la fille de deux grands sorciers, pas facile tous les jours.

— Ta mère est furieuse comme tu peux t’en douter. Tu as de la chance que ce soit moi qui m’occupe de toi.

Je ne sus pas quoi répondre parce que de toute façon, ça n’irait pas. J’avais foiré, c’est sûr !

— Je crois me rappeler que tu avais la permission de venir sur terre à une condition, t’en souviens-tu ?

Je murmurai d’une toute petite voix :

— Oui, je devais me comporter en mortelle.

— Tu ne devais pas utiliser tes pouvoirs.

— Je « n’ai rien fait de mal.

— Parce que je suis arrivé à temps, gronda Straurius. Tu auras donc la punition que tu mérites jusqu’à nouvel ordre.

— Je peux savoir laquelle ?

— Tu t’en rendras compte bien assez tôt. À toi de faire le nécessaire pour que tu puisses redevenir comme avant.

— Attends papa, je…

Il stoppa d’un geste ma question et disparut.

Arthus feula, il avait horreur des grandes envolées de Straurius, son poil se hérissait, ses oreilles se couchaient. Il faut dire qu’à chaque fois, mon père déclenchait un cataclysme quand il disparaissait d’un revers de cape.

Qu’avait-il bien pu me donner comme punition, je ne voyais rien de changé dans la maison. Je tentais de questionner Arthus.

— Tu en penses quoi, toi ?

De sa voix caverneuse, il ricana. Arthus avait donc gardé ses pouvoirs. Je m’attelais à croiser les doigts et à feuilleter mon grimoire sans le toucher. Je l’appelais pour qu’il vienne se poser sur mes genoux et il le fit aussitôt. J’avais aussi toutes mes facultés de sorcière.

Je me plantai devant le miroir et tentai de changer d’apparence. Je devins tour à tour, plus vieille, plus belle, plus laide. Je ne pus m’empêcher de rire en me voyant avec une verrue sur le nez face au miroir. Quel cliché ! Les sorcières de ce genre n’existaient plus.

— Elsbeth, tu es là ?

Samy avait osé revenir me voir. Elle n’avait vraiment peur de rien cette gamine. Vite, je reprenais mon apparence et j’allais à sa rencontre.

— Elsbeth ?

— Alors Samy ? Bien dormi ?

— Elsbeth, tu es là ?

Je vis avec stupeur Samy passer devant moi sans me voir et se mettre sur la pointe des pieds pour voir à travers les carreaux si elle m’apercevait à l’intérieur. Arthus sortit alors de la maison et à ma grande surprise, elle se pencha pour le caresser.

Le traître, lui, elle pouvait le voir, alors que moi j’étais devenue invisible aux yeux de mon amie.

— Tu es tout seul ? Où est ta maîtresse ?

Arthus se mit à ronronner en frottant son museau contre sa joue.

— Je suis bête, tu ne peux pas parler. Tant pis, je pars à l’école sans elle, je la retrouverai là-bas.

Elle posa mon chat au sol et s’en fut en sautillant.

Arthus sauta dans mes bras et me lécha le bout du nez. J’étais seule avec lui, j’avais certes encore tous mes pouvoirs, mais personne ne me voyait.

Je n’avais plus rien à faire ici autant rentrer dans mon monde. Je claquais des doigts et lançais mon incantation, mon chat sur mon épaule.

Rien ne se passa, Arthus miaula de détresse.

J’étais condamnée à rester ici, seule. Je filais dans ma chambre, m’assis sur mon lit, et saisis mes grimoires à la recherche d’une solution. Seulement, Straurius m’avait aussi enlevé la capacité de comprendre les incantations qui s’adressaient aux sorciers de plus de dix ans.

J’étais une petite sorcière, seule, avec les pouvoirs de mon âge. Terminés les passe-droits.

Je m’effondrai en larmes sur ma couette. Oui, même les sorcières pleuraient !

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022).

À suivre…

À très vite…