Bonjour toi 😉
Si tu as suivi Marie-Sophie, tu as dû te rendre compte qu’il manquait un personnage … Le voici, Saverio, l’homme qui tient le café sur la place. Te rappelles-tu ? Avant qu’elle ne déménage, Marie-Sophie et Charles allaient chez Clovis…(Cette partie de tarot était sur mon autre blog, je te mets le lien ici . Je le rapatrierai rapidement).


S’il y a bien un truc qui me manque ici, c’est le café de Clovis. Il me connaissait depuis que j’étais toute petite et j’avais appris à jouer au tarot chez lui. Pépé Charles y retrouvait ses copains et souvent je l’accompagnais.
Aujourd’hui que je suis bien installée et que Charles est maintenant à demeure dans la chaumière avec Célestine, je vais lui en dire deux mots. Ses partenaires de jeux ne lui manquent-ils pas ? Sa maison est en vente et il ne semble avoir aucun regret.
Charles est dans le jardin, je ne serai pas allée loin pour lui parler.
— Comment vas-tu petite ?
Il m’embrasse. Pépé Charles se parfume tous les jours. Je ne sais pas qu’elle est son eau de toilette, mais je suis certaine qu’elle sera toujours liée à lui, un mélange de senteurs boisées que j’aime beaucoup.
J’attaque bille en tête.
— Dis-moi, tu ne vas plus jouer au tarot ? Tes amis ne te font pas défaut ? Ils ont dû être tristes que tu les abandonnes non ?
Il se gratte la tête.
— Figure-toi que j’en ai trouvé d’autres ici.
Stupéfaite, j’ouvre la bouche et la referme. Décidément, il m’étonnera toujours. Qui a dit que les seniors avaient du mal à s’adapter et qu’ils n’aimaient pas le changement ?
— Ne fais pas cette tête ! Je ne suis pas comme toi, une vraie sauvage. Viens donc chez Saverio.
— Qui est-ce ?
Il éclate de rire.
— Je te reconnais bien là. C’est le propriétaire du bar sur la place. Je te l’accorde, c’est petit, mais il a ses habitués. Figure-toi que tous les vendredis soir, ils se retrouvent pour jouer.
— Sérieux ? Et tu as réussi à t’intégrer ?
— Pas facile les Basques pour entrer dans leur groupe, mais grâce à Morgan, j’ai fait connaissance. Et puis Archibald y passe souvent chez Saverio, il a même proposé de lui faire des sandwichs pour le déjeuner.
Devant ma mine ahurie, Charles pose sa main sur mon épaule.
— Viens avec moi, je vais te présenter si tu veux. Nous pourrions faire une partie ensemble vendredi soir, il suffit de trouver d’autres participants.
— Morgan joue ?
— Demande-lui.
Depuis qu’il a osé poser ses lèvres sur les miennes, je l’évite. Du coup, il ne sait plus comment se comporter avec moi et ça nous met dans une ambiance pesante. Je n’ai pas osé en parler à Mélusine de peur qu’elle m’enguirlande copieusement. Depuis le temps qu’elle me tarabuste pour que je me décide. Elle est marrante, elle ! Elle a bien fait un bébé toute seule !
— Vous êtes fâchés ?
Charles me fixe et attend une réponse. Pas question que je me débine, il insistera.
— Non !
— Tu m’en diras tant. Peux-tu m’expliquer alors pourquoi il a perdu son sourire et qu’il ne passe plus par le jardin pour venir te voir ?
— Il m’a embrassé.
— Quoi ? Et tu ne m’as rien raconté ?
Je n’ai pas entendu Mélusine arriver. Elle me prend dans ses bras et me félicite.
— Enfin tu t’es décidée, ce n’est pas trop tôt.
Je baisse les yeux et murmure.
— Ce n’est pas tout à fait ça.
Elle m’interroge du regard et je tape en touche.
— Plus tard. Connais-tu le bar de Saverio ?
— Pas du tout.
— Alors les filles, je vous y emmène.
Mélusine me glisse à l’oreille que je ne perds rien pour attendre et que je devrais tout lui révéler en détail.
Effectivement, c’est petit, mais sympa. Un homme à la moustache fournie, le béret sur la tête nous accueille avec le sourire.
— Depuis le temps que j’entends parler de vous, je suis ravi de faire votre connaissance. Faut pas croire ce qu’on raconte sur les Basques, c’est vrai que parfois, on passe pour des sauvages parce qu’on aime bien être en nous, mais nous savons aussi recevoir les nouveaux.
Il me tend la main par-dessus le comptoir. Saverio est grand et mince. Son sourire atteint ses yeux foncés.
— Qu’est-ce que je vous sers ? Un café ?
— Je préférerai un chocolat, c’est possible, murmurais-je.
— Mais oui ma p’tite dame. Et vous ? Vous êtes Mélusine, François m’a parlé de vous.
Mélusine rougit. Y aurait-il anguille sous roche avec le papa d’Héloïse ? C’est fou comme ça va vite chez les autres. J’ai l’impression de mettre des plombes à m’habituer à tout.
— Alors comme ça, c’est vous, la petite amie de Morgan.
Éberluée, je ne sus quoi répondre. Ce n’était même pas une question.
— Ah ! vous êtes là ?
Archibald entra dans le café et salua Saverio. Il m’embrassa ainsi que Mélusine, puis serra la main de Charles.
Avait-il entendu la réflexion du barman ? En tout cas, il n’en montra rien.
— Serais-tu partant pour jouer avec nous vendredi soir au tarot ?
Saverio, mine réjouie, se frotta les mains.
— Sérieux ? Vous jouez ? Si nous avons assez de monde, nous pourrons peut-être aller rencontrer les équipes de Biarritz. Je vous préviens, ils sont forts et raflent tous les prix.
— Pas si vite, déclare pépé Charles. Nous sommes trois, Archi ?
— Morgan sera partant, j’en suis sûr. Et toi, Mélusine ?
Elle acquiesça. Elle demanderait à Célestine de garder Enzo. Une fois de plus, je n’ai rien décidé et je me retrouve à jouer au tarot dans un bar que je ne connais pas.
— Tenez, votre chocolat !
Je grimpe sur le tabouret et pose mes coudes sur le comptoir. Archibald en profite pour commander un café et s’installer à côté de moi. Mélusine repart récupérer Enzo qui est chez Héloïse, tiens donc. Quant à Charles, il apostrophe Archibald :
— Demande à la petite ce qui la tracasse, moi j’ai à faire.
J’essaie d’imaginer de quoi il parle et ce qu’il peut bien avoir à faire. Saverio pose la tasse de café devant Archibald et nous abandonne.
— Tu me racontes ?
— Ils avancent bien tes travaux ? As-tu arrêté une date pour l’ouverture ?
Mon ami éclate de rire.
— MarieSophe, s’il te plait, ne joue pas à ça avec moi.
— Dis-moi pourquoi tu n’as pas de petite copine.
Son rire s’éteint et il tourne sa cuillère dans son café alors qu’il n’a pas mis de sucre, sans me regarder.
Saverio revient vers nous.
— Je vous garderai une table pour vendredi soir.
Il me regarde et me sourit.
— Revenez ici quand vous voulez Marie-Sophie.
Archibald dit :
— Tu l’as mis dans ta poche comme à chaque fois que tu apparais. Il n’y a vraiment que toi pour ne pas te rendre compte de l’effet que tu as sur les gens.
— Tu n’as pas répondu à ma question. Depuis le temps que je te connais, je ne t’ai jamais vu avec une fille.
— Ni toi avec un garçon, je te rappelle.
Il me regarde et je suis heureuse de retrouver son sourire.
— Je ne veux pas dire que c’est à cause de toi MarieSophe, tu le sais bien. Nous ne serons jamais amoureux, je préfère de loin notre amitié. Je serais toujours là pour toi, n’oublie jamais. Pour répondre à ta question, je n’ai pas encore trouvé celle qui pourra m’accompagner. C’est tout. Je te laisse, l’ouverture c’est dans une quinzaine. Tu as pensé à ce que je t’ai demandé ?
Ah oui tenir sa boulangerie et vendre son pain.
— Je te signale que Mélusine voulait aussi que je l’aide pour les activités des petits.
— Ce n’est pas tous les jours qu’elle aura besoin de toi. Nous nous arrangerons.
Il termine son café, m’embrasse sur les cheveux et m’abandonne.
Comme s’il n’attendait que ça, Saverio se plante devant moi et se met à parler doucement.
— Je connais Morgan depuis longtemps et quand vous êtes apparue dans sa vie, un été, il s’est métamorphosé du jour au lendemain. Un matin, il est venu avaler son café avant de faire son marché et il m’a glissé à l’oreille Je crois que je l’ai enfin trouvée. Je l’ai retenu par le bras alors qu’il s’enfuyait déjà et lui ai demandé de quoi il voulait parler. Il m’a répondu d’un ton laconique tu comprendras quand tu la verras.
J’en oublie de boire mon chocolat, c’est plutôt les paroles de Saverio que je bois.
— Quand vous êtes entrée dans mon bar tout à l’heure, il avait raison, vous êtes celle qu’il attendait.
Il enlève ma tasse et m’en verse un autre.
— Celui-là sera chaud.
