Agenda ironique de Juin – Les commères sont de sortie

Bonjour toi 😉

Déjà le nouvel agenda ironique ! il se passe chez Sabrina ici ou tout est bien expliqué 😁enfin je crois que j’ai compris 😂. Elle dit tout ça 👇

Je vous propose de mettre à l’honneur des gens ordinaires, (Normal people), leurs tracas, leurs tralalas, leurs tragédies comme il vous chante, un matin de changement ! Comédie musicale, extrait théâtral, composition florale… Vous choisissez la catégorie de votre épreuve !

Mais il faudra dans tous les cas, créer au moins une locution introuvable (à la manière de l’OULIPO) à partir d’expression et locutions déjà connues (ex : avoir la tête dans le guidon + la balle est dans ton camp = avoir la tête dans ton camp… ou la balle est dans le guidon…).

Et aussi 👇

Voici donc ma participation :

Les commères sont de sortie

— Dis-moi Germaine…

Voilà que ça recommençait ! Assises toutes les deux sur le banc de la place, face au bar-tabac presse et à la boulangerie, Alice et Germaine regardaient la vie des gens.

Non pas qu’elles n’en avaient pas, elles, de vies, mais dotées d’une langue de vipère indescriptible, enfin surtout Alice. Pour être de mauvaise foi, si si, de mauvaise foi, ça elles l’étaient. Il n’y en avait pas une pour rattraper l’autre et surtout rapporter n’importe quoi. Elles étaient les reines de la Rumeur, peut-être même que c’était elles qui avaient inventer le mot.

Que ce soit ici sur la place ou devant leur porte-fenêtre, elles ne cessaient de blablater. Elles étaient amies depuis… Houla, ma p’tite dame, depuis belle lurette. Quand on leur demandait, l’une, Germaine, répondait que c’était depuis le jour où le bouilleur de cru avait déballé son matériel devant l’église. Y a pas idée de distiller du whisky devant une église ! Mais si c’était du whisky, y avait qu’à voir l’Antoine qui rien qu’à le respirer, il était saoul comme une barrique.

L’autre, Alice, que ça datait de l’époque où elle avait le temps de bâiller aux chats, parce qu’y a pas à dire, les chiens ne font pas des corneilles, c’est bien connu !

— Dis-moi Germaine… c’est pas la femme d’Antoine là-bas ? Elle serait pas allée chez le coiffeur par hasard ?

Alice se penchait pour bien voir.

— Même qu’il va y avoir du rififi, regarde son homme, il a pas l’air d’aimer ça. A-t-on idée aussi de se faire couper les cheveux aussi courts et friser en plus, on dirait le caniche d’Albert, répondit Germaine.

— Tiens, le livreur qui porte des fleurs. Pour qui à ton avis ?

— Pas à toi en tout cas, ricana Germaine, ce qui eut le don d’agacer Alice.

— Toi non plus, tu n’as jamais reçu de fleurs que je sache, grinça-t-elle.

Ne jamais aborder ce sujet de discorde qui durait depuis des années. Depuis que… L’ Antoine avait choisi l’autre… Germaine et Alice étaient sur les rangs, mais il avait préféré la blonde, enfin elle était grise aujourd’hui… frisée, mais grise quand même.

— Quand même, il avait eu un sacré toupet d’offrir des perce-neiges, je savais pas qu’on pouvait en faire un bouquet. Et puis des perce-neiges en été, jamais vu ça !

— Normal, c’en était pas. C’était des narcisses.

— Ouais, ben il risque pas de tomber amoureux de son reflet, l’Antoine !

Elles s’esclaffèrent tant et si bien qu’elles faillirent tomber du banc. Elles ne virent pas débouler Antoine furieux, qui en avait ras le bol de voir tous les jours ces commères devant sa boutique. Il les apostropha :

— J’en suis reconnaissant, car je sais maintenant où regarder pour répondre à l’inévitable question […] ça va encore durer longtemps ?

Stupéfaites, les deux femmes dirent en même temps !

— Mais t’es pas tombé sur la tête toi ? C’est quoi cette phrase à dormir debout ? Fais pas ton malin, hein Antoine ! On le sait que t’es allé à l’école jusqu’au certificat !

© Isabelle-Marie d’Angèle (agenda ironique Juin 2024).

À très vite…

Agenda ironique de Mai

Bonjour toi 😉

Voici venu le temps de l’agenda ironique. Il se passe ce mois-ci chez JoBougon , voici un extrait du thème et vous trouverez tout bien expliqué ici.

Voici donc ma participation 👇

Lorsque Dame Liberté se trouva face à la prison de Nantes l’ann didou didou d’ann, les mains attachées, elle en fut fort marrie.

Le geôlier encore bien davantage, l’ann didou didou d’ann.

— Fichtre ! si je m’attendais ! Vous ici ? Mais qu’avez-vous donc fait pour vous trouver ainsi emprisonnée ?

 — Mon pauvre ami, sur le pont j’ai trop dansé, l’ann didou didou d’ann,.

— J’ai connu une Dame Cigale, corbleu ! elle avait trop chanté.

Tous deux avançaient vers la geôle attribuée à Dame Liberté. Il ne faisait pas très clair, l’air était froid et humide.

— Vous ne serez pas seule, deux femmes ont été amenées aux aurores. L’une clamait que nous étions tous égaux, l’autre que nous étions frères. Quel grabuge morbleu, sur la place publique. Elles n’ont pas été pendues, mais peu s’en fallut. Dame Constitution s’en est mêlée et les a mises au cachot. Elle devait réfléchir. Vous devriez peut-être la rencontrer.

Le geôlier sortit le trousseau de clefs. Le bruit de ferraille dans la serrure rouillée arracha des cris aux prisonnières qui sommeillaient.

— Entrez Dame Liberté, je vais de ce pas demander audience à Dame Constitution.

Dame Liberté se frotta les poignets, enfin détachés, et contempla ses comparses de prison.

— Liberté est votre nom ? demanda l’une. Moi, c’est Fraternité et voici ma cousine Égalité. Ne pensez-vous pas que nous pourrions nous allier ?

Dame Liberté réfléchit. Elle se voyait bien flottant au vent sur des banderoles ou gravé sur des murs.

— Liberté, Égalité, Fraternité, murmura-t-elle.

— Nous pourrions traverser les siècles, qu’en pensez-vous ? insista Dame Fraternité.

— Sans être bannies ? osa dire Dame Égalité qui était peu bavarde.

— Toujours respectées ? continua Dame Fraternité.

— Ce serait merveilleux, murmura Dame Égalité.

— L’une d’entre vous connait-elle Dame Constitution ? Espérons que notre bonhomme de tout à l’heure aura gain de cause.

C’était dans une prison de Nantes, l’ann didou didou d’ann, y avait trois prisonnières. 
Liberté, Égalité, Fraternité l’ann didou didou d’ann
Constitution vint les voir l’ann didou didou d’ann
Et les lia à jamais l’ann didou didou d’ann
Gravées sur le papier l’ann didou didou d’ann
Elles traversent les années l’ann didou didou d’ann.
On en parle encore aujourd’hui l’ann didou didou d’ann.

© Isabelle-Marie d’Angèle ( agenda ironique mai 2024)

Toutes les participations sont les bienvenues et n’hésite pas à aller lire les agendistesironiques ici.

À très vite…

Agenda ironique – Avril 2024

Bonjour toi 😉

C’est ici que ça se passe chez Carnets Paresseux . Les mots imposés sont :

Tu l’as compris, il va s’agir de poisson 😁 et puis il y aura une phrase au choix à glisser :

d’ici à là, y a quoi, tu crois ? juste assez, où presque…» qui pourra s’achever sur un ? ou un . ou un ; ou trois …
L’autre ? « Xénophon rapporte qu’Alexandre pleura quand il eut achevé la conquête du monde. Tamerlan et Attila, eux, pas une larme. »
les plus intrépides pourront placer les deux phrases, ou plusieurs fois l’une, ou plusieurs fois les deux. Mais sans exagérer.

Chez Carnets Paresseux tout est bien expliqué 😉 et même qu’il proposera chaque dimanche un petit truc en plus, pour s’il y a des amateurs qui voudraient tenter le feuilletonnage. Sinon, poème, recette, conte, épistolage, tout est formellement possible et attendu.

Voici donc ma participation 👇 et tu peux le faire toi aussi bien sûr, plus on est de fous plus on s’amuse 😉.

Gaston le petit poisson bleu tournait en rond dans son aquarium. Il ne pouvait pas se plaindre, il était magnifique. Des herbes par-ci, des cailloux par-là qui faisaient office de grotte, son eau changée régulièrement et sa nourriture distribuée à heure fixe.

Oui, mais voilà, il en avait ras le cocotier de tourner en rond dans sa boutique. Il était tout seul, il ne bavardait avec personne, à part à son double quand il se regardait dans sa vitre, tu parles d’une discussion. Il faisait les mêmes gestes que lui quand il remuait sa queue et de même lorsqu’il ouvrait la bouche, des bulles identiques en sortaient.

Il avait appris à s’asseoir comme un humain dans une roche qui ressemblait à un fauteuil. Si sa queue pouvait être plus longue, ce serait mieux, mais bon, il ne pouvait rien changer à sa vie.

Ce n’est pas parce qu’il habitait Vierzon qu’il ne pouvait pas rêver. D’ailleurs, une chanson l’avait rendue célèbre sa ville, la copine de Jacques Brel voulait le voir, alors ! OK, ce n’était pas Paris, mais quand même ! Il y avait un beau bassin dans lequel il aurait adoré s’y plonger.

Tiens… c’est bizarre, ce n’était pas Gaspard qui venait… ah non, c’était la femme de ménage, elle ne l’aimait pas celle-là ! Quand elle devait nettoyer sa maison, elle soufflait comme un bœuf et Gaston filait se cacher pour éviter ses grosses mains. Allons bon, c’est elle qui allait lui donner à manger, elle n’y connaissait rien. Et paf ! (pas le chien), la boite tomba dans l’aquarium et toutes les graines s’éparpillèrent. Elle rit, pas Gaston. D’ailleurs comment pourrait-il ? Ça rit un poisson ? Dans les dessins animés, oui, avec leurs énormes dents qui font peur, mais Gaspard était tout petit et il n’était pas représentant en dentifrice.

Gaston s’approcha de la boite.

– Vas-y, toi qui rêves de partir, je t’en offre la possibilité.

Ce ne fut pas ses dents à Gaspard qu’on vit, mais plutôt ses yeux qui s’élargirent grands comme des soucoupes. Une boite qui parlait, et dans l’eau en plus.

– Nom d’une rhubarbe, tu m’ouvres !

– C’est quoi une rhubarbe ?

Gaspard n’en croyait pas ses branchies, il parlait ! Il avait une jolie voix en plus !

– T’occupe ! ouvre, je te dis !

– Comment veux-tu que je fasse ? Tu as la notice ?

Et toc !

– Pas faux !

Prise d’une paresse subite, la boite souffla ! C’est que l’eau trempait son carton, elle ne se sentait pas bien. D’ici qu’il faille appeler les pompiers pour la ranimer ! Elle déraillait complètement, ils ne se dérangeront jamais pour elle. Alors, elle se tourna, retourna, se secoua et…

Gaston n’y crut pas. Son aquarium grandit grandit encore et… lui aussi. Il put passer la tête hors de l’eau, il put même respirer et ce n’était pas tout, une longue queue magnifique s’étalait. Impensable, il était devenu une sirène, lui, le petit poisson bleu. La boite avait disparu, et… la femme de ménage qui déboulait dans le salon hurla en voyant le carnage. Elle détala en criant qu’il y avait une sirène dans la maison de ses maîtres.

– Quelle sirène, s’étonna le voisin, je n’entends rien. Vous avez appelé les pompiers ? Il y a le feu ?

– Ce serait plutôt une inondation, réagit la voisine, regardez-moi ça, d’où vient toute cette eau ?

La femme de ménage se jeta sur le taxiphone au bout de la rue pour bigophoner à la police. Elle n’arrivait pas en placer une, et l’homme au bout du fil la prit pour une folle.

– Donnez-moi l’adresse s’il vous plait !

– Je pense que d’ici à là, y a quoi, tu crois ?

– On se connait, que vous me tutoyez ?

– Juste assez, où presque…

– On se connait ou pas ? Ou c’est oui, ou c’est…

– Je pense à un ou deux kilomètres. Mais, je ne sais pas nager. Vous devriez venir en canoë.

– C’est ça et vous apporter une bouée tant que j’y suis.

– Oui, ce serait gentil.

– Bon, ça suffit, madame, j’ai franchement autre chose à faire que de vous écouter.

Médusée, la femme de ménage resta avec son combiné à la main alors que l’eau montait de plus en plus. Allons bon, la sirène qui se mettait à chanter maintenant !

Ce qu’elle ne vit pas c’est le policier qui, envouté par la musique, se jeta par la fenêtre, croyant plonger dans l’océan.

© Isabelle-Marie d’Angèle (agenda ironique Avril)

Agenda ironique – Mars 2024

Bonjour toi 😉

L’agenda ironique de ce mois se passe ici. Il est question de créatures fantastiques et des mots pas faciles à placer 🤭


Voici donc ma participation, même si je ne suis pas certaine que ma créature fantastique en soit vraiment une 😁.

Le loup-garou de Claire

La famille De Marmaille habitait le château depuis des millénaires. Il avait traversé les siècles sans perdre de sa superbe et les villageois se demandaient toujours comment c’était possible. Certes, ils étaient riches et leur fortune ne leur avait jamais fait défaut. Certains prétendaient qu’ils descendaient des Dieux, d’autres qu’ils avaient trouvé la poule aux œufs d’or, d’autres encore qu’ils étaient sorciers.

La dernière-née de la famille prénommée Claire se moquait pas mal des ragots. Elle appartenait à la bande de jeunes qui squattait l’une des caves du château. Ils y faisaient de la musique. Totalement insonorisée, personne n’entendait ce qu’ils produisaient et tout le monde s’en désintéressait.

C’est par un soir de pleine lune, alors que ses amis avaient rejoint leurs pénates, que Claire perçut un bruit bizarre, elle remontait l’escalier qui menait à la grande cuisine. Nullement craintive, elle haussa la voix et demanda qui était là. Seul un souffle parvint jusqu’à elle.

La cave étant faiblement éclairée par l’astre jaune  qui se reflétait dans la fenêtre, elle appuya sur l’interrupteur.

— En voilà un drôle de costume, qui es-tu ?

Mi-homme, mi-animal, elle pencha pour un loup. Il ne lui répondit pas, mais la regarda de ses beaux yeux bleus.

Elle s’approcha de lui, il se colla au mur en grognant.

— Ah d’accord, tu viens chez moi et je ne peux pas savoir pourquoi. Tu pourrais au moins me dire comment tu as fait ce costume, il est magnifique. Tu es du village ?

Elle se contenta d’un battement de cil . Alors, elle alla vers lui faisant fi de son recul, et le caressa.

— Incroyable, ta fourrure… on dirait de la vraie.

Délicatement, il l’enlaça de ses pattes avant. Surprise, elle se laissa faire. Il la souleva et s’enfuit avec elle. Comment disait son père déjà ? Ah oui, tu es frappée de calenture, ma pauvre petite. Ce fut ses dernières pensées.

Lorsqu’elle se réveilla le lendemain matin, elle se trouvait dans son lit. Elle crut qu’elle avait rêvé, mais elle vit rapidement qu’il n’en était rien. Un mot était laissé sur les draps. Calenture flottait encore dans ses oreilles, mais en cherchant sur Wikipédia, elle comprit que ça n’avait rien à voir, à part peut-être le délire d’avoir galopé avec un loup-garou !

Chaque nuit de pleine lune, je reviendrai…

Et c’est ainsi que depuis des années, Claire, chaque nuit de pleine lune, chevauchait les contrées avec son loup-garou. Il agissait sur elle comme un dictame et personne ne se doutait de rien. Les années glissaient sur elle sans que personne ne s’aperçoive qu’elles n’avaient aucun impact sur elle.

Elle regardait la vie s’écouler à travers un Phénakistiscope et ne s’aperçut pas que son père puis sa mère disparurent de la circulation. Elle trouvait juste le temps long entre les cycles de pleine lune qui à son grand regret ne revenait qu’une fois par mois. L’histoire ne dit pas ce qu’elle faisait quand elle n’était pas avec son loup-garou. Peut-être faisait-elle de la musique avec ses amis dans la cave ? Bien sûr que non, certains étaient devenus sourds, d’autres se déplaçaient avec une canne et ne pouvaient plus descendre les marches irrégulières.

Claire attendait patiemment que l’astre apparaisse dans le ciel. Le temps n’avait pas de prise sur elle, ne l’avais-je pas déjà dit ?

© Isabelle-Marie d’Angèle (mars 2024)

À très vite…

Agenda ironique de Février – Les stories perdues de Louis et Marie

Bonjour toi 😉

C’est chez Photonanie que ça se passe ce mois-ci. En voici les consignes.

Photonanie souhaite que la forme du texte soit présentée en un acte ou plus d’une pièce de théâtre, qu’il y ait un zeugme et d’y glisser les mots suivants :

Je n’ai jamais écrit de pièce de théâtre, aussi je demande toute ton indulgence. Pour le coup, je suis sortie de ma zone de confort pour la présentation, mais je pense qu’on y retrouve tout de même ma plume quelque part 😏.

Voici donc le 1er acte de cette pièce.

Les stories perdues de Louis et Marie

Les 3 coups résonnent. Le rideau s’ouvre sous les applaudissements du public. Nous sommes en novembre 2023, quelque part là-haut dans un coin de paradis.

Un couple est en train de lire. Le décor, le ciel. Lui, debout sur un nuage gris, car il souffre de cathisophobie depuis qu’il s’est assis sur un cactus et en a gardé un souvenir piquant et très désagréable parcourt le journal. Elle, sur un autre en forme de canapé blanc fait défiler des articles sur son téléphone. Soudain, elle sursaute et laisse échapper un cri. Elle manque par là même chuter de plusieurs mètres. Lui, surpris, tourne la tête vers elle.

Elle : Sire, étiez-vous au courant que nous avions été tous deux guillotinés en 1793 ? Cela ferait exactement 400 ans.

Le Sire en question abandonne son journal qui s’envole et sa colère gronde à un point que son teint vire ponceau, lui si pâle de nature. Sa moitié retient un éclat rire tellement il est drôle.

Lui : Fichtre, ça fait un bail ! comment est-ce possible ? Moi, Louis XVI, le roi des Français, guillotiné ? La peine de mort n’est-elle pas abolie depuis longtemps ?

Elle : Vous dites n’importe quoi très cher, en 1789, rappelez-vous, la révolution, la prise de la Bastille… et blablabla. Vous radotez, permettez-moi de vous le faire remarquer.

Lui : Vous avez raison, ma reine, la situation était… délicate.

Elle : C’est le moins que l’on puisse dire, Sire.

Silence. Il la rejoint sur le canapé qui ploie sous son poids. Il manque de tomber, car il reste debout. Il reprend :

Lui : Cessez de m’appeler ainsi, vous savez bien que cela n’a plus lieu d’être.

Elle arque ses sourcils impeccablement dessinés et remarque :

Elle : Oui, nous sommes morts, mais j’aime vous donner ce titre. Vous êtes toujours mon roi préféré. Et puis vous êtes idiot de ne pas vous asseoir vous me donnez le vertige.

Il la contemple de toute sa hauteur et fredonne Vertige de l’amour.

Lui : Vous êtes quand même drôlement bien conservée et je vous aime comme au premier jour.

Elle : Il y a bien longtemps alors.

Elle rit.

Soudain, il quitte le nuage, il semble marcher ou voler c’est selon comme on l’imagine à grandes enjambées. Il soliloque.

Lui : Je n’étais pas un roi de médiocrité. Que sont devenus mes travaux de serrurerie ? vous rappelez-vous ma chère, comme j’étais fasciné par la mécanique, la chimie et…

Elle le stoppe d’un geste.

Elle : Grand Dieu oui.

Elle se passe la main sur le front. Elle a lâché son portable. Il le rattrape au vol, il pense à haute voix qu’il s’en est fallu de peu pour qu’il disparaisse dans les nuages plus bas. Pour le retrouver, il se voit déjà dans ce coton ouateux en train de fouiller. Elle fronce les sourcils et s’inquiète. Elle ne comprend rien à ce qu’il raconte, ne serait-ce pas les prémices de la sénilité ? Cela fait quand même 400 ans, ce n’est pas rien !

Lui : Quel beau travail de précision ? Vous dites qu’il est écrit là-dedans que nous avons été guillotinés ? Comment ce si petit appareil peut-il être au fait de cette situation ?

J’espère tout de même que la lame était désinfectée, imaginez que nous soyons contaminés ? Ce serait le bouquet. De plus d’être mort, nous serions malades. Quelle horreur ! Avec la médecine qui balbutiait et n’était pas au point pour trouver les causes et les aboutissements.

Elle : Vous avez encore raison.Quand je pense que je suis passée dessous sept mois après vous. Je n’avais pas dû aller chez le coiffeur. Cela aurait été dommage d’abimer le travail de ma camériste.

Un rire sardonique se fait entendre, les nuages virent au gris. Il souffle :

Lui : Allons bon, je sens que nous l’avons encore froissé. Il est pire que du papier, pour un rien, il se fripe.

Elle : Calmez-vous très cher, ce n’est pas bon pour votre cœur. Même si nous sommes déjà morts, faisons comme si…

Le rideau se baisse. Le public applaudit.

© Isabelle-Marie d’Angèle pour l’agenda ironique de Février 2024

N’hésite pas à aller découvrir les pièces de théâtres écrites par les agendaironistes ici.

À très vite…

Agenda Ironique – Votes

Bonjour toi 😉

N’hésite pas à aller lire toutes les participations à l’agenda ironique de janvier. C’est ici que ça se passe .

L’agenda ironique est ouvert à tous, n’hésite pas à participer si le cœur t’en dit pour celui de février (le sujet n’est pas encore tombé, vu qu’on ne sait pas encore chez qui ça va se passer 😂).

À très vite…

Agenda ironique – Janvier

Bonjour toi 😉

C’est chez Tiniak ici que ça se passe ce mois-ci. Les consignes ?

Voici donc ma participation 👇

Quel voisin !

Par la fenêtre ouverte,
Force est de constater
Que le voisin, l’oreille collée
À son bigophone, me rend verte.

Aucune discrétion chez lui,
De minuit à midi,
Il marche de long en large
Je sens pointer la rage.

Ne pourrait-il se taire ?
Ce drôle de mousquetaire.
Oh, je ne vous ai pas dit ?
Ce voisin joue la comédie.

Il se prend pour D’Artagnan
Sa flamberge battant son flanc.
Serait-il encore bon comédien,
Mais il n’en est rien.

J’entends souvent son jardin
Du soir au matin qui se plaint
Des coups d’épée sur ses marguerites
Qui tour à tour s’effritent.

Et je ne parle pas des pampres
Qui s’entourent autour de ses jambes
Pour éviter d’être fracassées
Et le retenir de les couper.

C’est pas Dieu possible
D’être aussi terrible.
Voilà que j’hallucine
Quelle drôle de trombine !

La chope à la main
Il fait le malin.
Je crie, Jean-Pierre
La mousse de ta bière
Couvre tes lèvres
Il rit et détale tel un lièvre.

Ce voisin je t’jure
Frise la caricature.
Il n’a rien d’un parangon
De modestie, ça non !

Devant sa Mégane
Il se pavane
Ce n’est qu’une Renault
Pauvre idiot !

Par la fenêtre ouverte
Force est de constater
Que le calme est revenu
Le voisin a disparu.




N'hésite pas à aller lire les textes des AgendistesIronistes 😂 ici .
À très vite…

Le calendrier de Juliette -Fin

Bonjour toi 😉🎄

Il y a quelque jours, j’ai publié les 8 premiers jours du calendrier de Juliette comme participation à l’agenda ironique de décembre ici . Je ne pouvais pas rester sur le 8 décembre quand même ! Voici donc la suite et fin de cette histoire.

Juliette sursauta, son grand-père lui touchait l’épaule. Les yeux embrumés, elle se rappela son rêve, il lui racontait ses Noëls à lui.

— Ce n’était pas un rêve Juliette…

Elle se redressa tout à fait.

— On continue alors. Je crois que tu t’étais arrêté au 8 décembre.

Elle s’assit en tailleur sur le tapis et écouta Grand-Pa qui replongea dans ses souvenirs.

— 9 décembre : Costume. C’était ma mère qui me l’avait confectionné. Qu’est-ce que j’étais fier, un costume rien que pour moi. Il était gris, et je crois même que mon père m’avait appris à faire un nœud de cravate.

— 10 décembre : Cire.

— C’est quoi ? l’interrompit Juliette.

Grand-Pa sourit.

— Figure-toi que les derniers jours d’école, nous devions faire briller nos bureaux dans la classe. Ils étaient en bois pas comme toi aujourd’hui, et il fallait les entretenir. Avec un chiffon, nous mettions ce produit, souvent de la cire d’abeille et…

— Je sais, je sais, l’interrompit à nouveau Juliette. C’est vrai que ça sent bon, Maman en met sur les meubles du salon et après ça brille.

— 11 décembre : Parfum.

— Encore ? souffla Juliette.

— Celui-là ce n’est pas pareil. Mon père avait offert un flacon à maman. Elle n’en mettait pas souvent pour l’économiser et le sortait pour les grandes occasions et Noël en était une. Quand elle venait m’embrasser, je le sentais et ce parfum-là, je ne l’ai jamais oublié.

— Grand-Ma aussi sent bon, c’est le même ?

Grand-Pa caressa les cheveux de sa petite-fille.

— Non, mais il est tout aussi agréable. Je peux continuer, si tu m’interromps chaque minute, jamais je n’arriverai au bout.

Juliette fit le geste de fermer sa bouche.

— 12 décembre — Neige. Je n’ai eu droit qu’à un seul Noël blanc. Elle ne tombe pas souvent par ici, mais je me rappelle comme si c’était hier du bonhomme de neige que j’avais fabriqué avec les voisins et de belles parties de boules de neige. Tes arrières-grands-parents avaient même participé et ils n’étaient pas les derniers à balancer des boules.

Juliette s’écria :

 — Sérieux ? Quand même, ils ne devaient pas être très jeunes pour jouer à ça.

Grand-Pa éclata de rire.

— Ils ont été jeunes aussi et n’ont pas toujours été des arrière-grands-parents.

La mimique de Juliette le renseigna aussitôt, elle n’y croyait pas du tout.

— 13 décembre — Chant. Mon préféré, Douce Nuit.

— Ah bon ? Pas Petit Papa Noël ?

Il éluda la question et continua.

— 14 décembre — Crèche. Ma mère y ajoutait chaque année un nouveau santon. Au fur et à mesure des années, la crèche prenait de plus en plus de place et s’étalait dans le salon. Nous faisions les marchés de Noël et nous trouvions toujours des personnages ou animaux qui manquaient.

Il attendit que Juliette fasse une réflexion, mais elle ne pipa mot. Pourtant, elle aurait pu lui rappeler qu’il l’avait déjà dit.

— Je sais ce que tu penses, mais ce n’est pas de la même crèche dont je te parle.

— Ouais ! accepté !

— 15 décembre — Pâté. Maman cuisinait à l’avance des terrines pour le réveillon et ça embaumait dans toute la maison. Ta grand-mère fait la même chose d’ailleurs.

Juliette fit oui de la tête.

— 16 décembre — Émile.

Grand-Pa se tut. Juliette attendit qu’il reprenne la parole. Il semblait triste tout à coup. Il sortit un grand mouchoir à carreaux de sa poche, Juliette se demandait toujours pourquoi il était si grand, il n’avait pourtant pas un si gros nez, il aurait bien pu convenir à celui de Pinocchio. Elle n’osa pas l’interroger.

— Émile était un garçon qui a passé quelques semaines chez nous avec sa famille. C’était pendant la guerre et mes parents les logeaient à la maison. Nous sommes devenus les meilleurs amis du monde. Un jour, il est reparti.

Grand-Pa soupira et reprit avec le sourire.

— 17 décembre — Machine à remonter le temps.

Juliette se leva d’un coup et le bombarda de questions :

— Comme dans Retour vers le futur ? Elle fonctionnait ? Tu as réussi à aller dans une autre époque ? C’était bien ? Raconte.

— Alors, non je n’ai pas réussi à aller dans une autre époque, juste dans l’atelier de mon père.

Déçue, Juliette se laissa tomber sur le tapis.

— Pfft, t’es pas drôle, à quoi ça sert alors ?

— Figure-toi que mon père était forgeron et j’aimais beaucoup bricoler dans son atelier. Je devais bien avoir 12 – 13 ans, j’étais curieux et je regardais ton arrière-grand-père avec envie. J’ai fait un plan de cette machine, j’ai récupéré des pièces et quand je rentrais de l’école, aussitôt je le retrouvais dans son atelier. Peu à peu, elle a pris forme. Mon père me regardait faire, me prêtait ses outils et j’ai aussi appris à souder. Mais… j’avais oublié une chose importante et il me l’a fait remarquer quand j’ai eu terminé. C’est bien beau de faire un plan, mais il faut toujours vérifier quelque chose… Comment sortir ma machine par le grand portail si elle ne peut pas passer ? Je n’avais rien mesuré et évidemment elle était bien trop large. Je compris alors les sourires goguenards des ouvriers qui travaillaient avec mon père. Celui-ci leur avait fait promettre de ne rien me dire, je devais comprendre tout seul. Ma machine a dû être démontée pour pouvoir sortir, mais j’étais tellement dégouté et vexé que je ne voulais plus parler à mon père.

— 18 décembre — Cirque ; Il y avait souvent un cirque de Noël qui s’installait sur la place. Mon père adorait la musique de la parade et de le voir si heureux me met encore aujourd’hui les larmes aux yeux quand j’entends cette musique.

— 19 décembre — Fiançailles. Là, on fait un grand saut dans le temps. C’est à Noël que je me suis fiancé avec ta grand-mère. Je me souviens encore du dessert, 2 colombes. J’étrennais un nouveau costume et ta grand-mère était habillée en couleur prune. C’est toujours ce qu’elle me dit, pas de violet chez elle.

— 20 décembre — Champagne. J’en ai bu pour la première fois, j’étais majeur, c’est-à-dire 21 ans. Pas d’alcool avant, mon père ne rigolait pas avec ça. D’ailleurs, je ne suis toujours pas un grand consommateur.

— Et tu aimes ? demanda Juliette.

— Bien sûr, mais pas souvent.

— 21 décembre — Marrons.

— Comme la dinde aux marrons ?

— Exactement.

— Je peux dire moi aussi ? 22 décembre — Bûche. Celle de Grand-Ma, au chocolat, elle est trop trop bonne.

Juliette continua sur sa lancée.

— 23 décembre — Père Noël. Je sais que je suis grande et que… bon… peut-être qu’il existe… peut-être pas… En plus, il y a des fois où il te ressemble beaucoup !

— 24 décembre — Réveillon.

Ils le dirent en même temps et Juliette se jeta dans les bras de son grand-père.

 © Isabelle-Marie d’Angèle (décembre 2023).

À très vite…

Agenda Ironique – Décembre

Bonjour toi 😉🎄

C’est chez La Licorne que ça se passe ce mois-ci.

Voici donc ma participation.

Le calendrier de Juliette

Juliette du haut de son mètre 40 fixait son grand-père.

Pourquoi tu dis que la mémoire est comme le dessus d’une cheminée, pleine de bibelots qu’il sied de ne pas casser, mais qu’on ne voit plus ?  Elle est trop belle et trop compliquée ta phrase, elle ne veut rien dire.

Grand-Pa sourit. Il aimait sortir ces citations devant sa petite-fille.

Alors qu’une clarté vespérale envahissait peu à peu la pièce, la gamine demanda

— Et si on jouait ? On pourrait faire un calendrier de l’avent avec des mots qui commencent par des objets de Noël qui te rappellent un souvenir. 24 mots à trouver, on devrait s’en sortir, surtout toi Grand-Pa, et ça fera travailler ta mémoire, et de surenchérir, en plus tu aimes les mots bizarres, alors ça sera du gâteau.

Grand-Pa se lança :

— 1erdécembre – Orange.

Juliette regarda son grand-père, attendrie. Il semblait se rappeler un beau souvenir, car un sourire fleurissait sur ses lèvres, mais elle pensa aussitôt qu’il ne s’était pas foulé. Orange, facile comme mot !

— C’était le cadeau que je recevais toujours à Noël. Toi, tu es gâtée avec des jouets ou des livres, moi c’était magique, cette orange. Elle était choisie parce qu’elle était la plus belle. Elle avait un goût sucré, tu ne peux même pas imaginer.

— 2 décembre — Guipure.

— C’est quoi ? demanda Juliette, curieuse.

Grand-Pa se leva et alla fouiller dans sa bibliothèque. Il sortit un album photos qu’il feuilleta.

— Voici ta grand-mère, elle était une dentellière renommée. Regarde un peu, c’est ça la guipure, une dentelle très ajourée.

— C’est elle qui faisait ça ? C’est magnifique. Tu crois qu’elle pourrait m’apprendre ?

Grand-Pa ne répondit pas et se replongea dans ses souvenirs.

— 3 décembre — Sapin. J’allais le couper avec ton arrière-grand-père dans la forêt. Quand nous le ramenions et l’installions dans la pièce, le parfum qu’il dégageait, je ne l’ai jamais oublié.

— 4 décembre — Bougies. Elles illuminaient la table décorée avec soin par ta grand-mère.

— 5 décembre — Crèche. Nous allions à la messe de minuit à pied. Il faisait froid, mais nous retrouvions en route les voisins qui s’y rendaient également. C’était l’occasion de bavarder et de donner des nouvelles de la famille.

— 6 décembre — Houx. Nous allions en ramasser un grand panier et nous en faisions des bouquets que nous placions autour des appliques murales.

— 7 décembre — Dinde. Elle était énorme et elle cuisait à la cheminée, accrochée à une ficelle. Je la surveillais tout comme ma mère qui l’arrosait régulièrement. Il n’était pas question qu’elle brûle.

— 8 décembre — Buissonnière. Le dernier jour avant les vacances de Noël, le maître disait que nous pouvions faire ce que nous voulions. J’avais donc décidé de ne pas me rendre à l’école et de faire l’école buissonnière, mais de nos jours, je ne te conseille pas de…

Il s’interrompit. Juliette, les coudes sur la table, s’était endormie. Sa dernière pensée était que son grand-père était un véritable péroreur quand il s’y mettait. Elle aussi connaissait de jolis mots, c’était lui qui lui avait appris. D’habitude, c’était elle, la péroreuse, elle avait cherché dans le dictionnaire ce que ça voulait dire, ça pouvait certainement se mettre aussi au masculin. Il n’y avait pas que les filles qui bavardaient.

Dans son sommeil, elle murmura que c’était rudement long d’attendre Noël tout comme Grand-Pa qui n’en était qu’au 8 décembre.

© Isabelle-Marie d’Angèle (décembre 2023).

N’hésite pas à aller te balader chez La Licorne, tu trouveras toutes les participations de l’agenda et tu verras qu’on attend Noël de toutes les façons.

À très vite…

Agenda ironique – Novembre

Bonjour toi 😉

L’agenda ironique se tenait chez Carnets paresseux ici. J’avoue que j’ai peut-être passé la date 😁mais je ne trouvais pas l’inspiration. Elle m’est venue ce matin. J’ai aussitôt couché sur le papier ce qui suit 👇. Il était question d’horoscope et de ces quelques mots à glisser ici et là : chevalparapluiesouquenillepingouintubéreuse et Vierzon.

Adélaïde arriva à la gare de Vierzon, 
Non sans réprimer un frisson. 
Quelle malchance ! Il pleuvait ! 
Elle descendit sur le quai.

Elle sortit son journal, 
Elle ne s’en tirait pas si mal,
Pour trouver l’adresse indiquée 
De cette madame Irma renommée. 

Elle ouvrit son parapluie
Et maudit cette Sophie. 
Elle n’aurait pas dû lui parler
De cet homme qu’elle aimait. 

Va donc voir cette Irma, 
Elle te rassurera. 
Mais pourquoi Vierzon ? 
J’avais haussé le ton. 
Pourquoi aller si loin
Habillée comme un pingouin ?

Parce qu’il faut que je vous dise,
Mon Dieu quelle sottise ! 
Je devais pour la rencontrer
Drôlement m’accoutrer !

Frac noir et chemise blanche
Habillée comme pour un dimanche
Était de mise pour cette voyante
Que j’espérais accueillante. 

Me voilà devant sa porte.
Elle créchait, rue Aigue-Morte. 
Pas besoin de frapper, 
Elle m’avait vue arriver. 

Entrez donc, gente demoiselle !
M’accueillit-elle en robe à bretelles. 
Où est donc votre cheval ? 
Serait-il en cavale ? 

Abasourdie, je ne comprenais rien,
Un parfum de tubéreuse sur ses mains
M’enivra au plus haut point !
C’était écrit, là, dans le coin !
D’un doigt accusateur, 
Elle montrait l’horodateur. 

Que venait-il faire ici ? 
Alors que je fermais mon parapluie,
À l’intérieur, ça portait malheur
Inquiète, je regardai l’heure. 
Avais-je fait tout ce chemin
Pour rien ? 
Mais non, m’assena-t-elle, 
Je m’assis face à elle. 

Vous êtes un beau pingouin,
Pour vous un bon point. 
Mais vous n’avez pas de cheval
Là c’est un peu bancal. 

J’étais venue… tentais-je
Ne m’interrompez pas, sacrilège !
Elle sortit sa boule de cristal
Je faillis me sentir mal.

Je me vis en souquenille
En vieille fille. 
Voilà ce qui vous attend
Vous perdrez tout votre argent
Si vous vivez avec cet homme
Je vois plutôt un Guillaume.

Ne cherchez pas si loin
Le bonheur est à portée de main. 
Demain ? Je le verrai demain ? 
Si je suis ici, c’est malin !

Je dois rentrer chez moi,
Devant moi, elle croisa les doigts. 
Vous n’avez pas compris,
Elle me sourit. 

Et le soleil apparut. 
Je me sentis mis à nue. 

Fermez les yeux, 
Je vis d’un coup tout en bleu. 
Moi et cet homme merveilleux. 
Pas beaucoup d’argent, 
Est-ce si important ? 
Une vie normale
Sur mes épaules un châle,
Un feu de cheminée
Comme je l’aimais. 
Une vie emplie de hauts de bas
Des enfants serrés dans mes bras.
Cela suffit à mon bonheur
J’ouvrais les yeux, c’était l’heure
De rentrer chez moi
Pour te trouver, toi ! 

© Isabelle -Marie d’Angèle (novembre 2023)


À très vite…