Bonjour toi 😉
Faventiny a perdu la mémoire ! il ne manquait plus que ça !

Chapitre 28
Hubert, le malinois, grimpa à toute vitesse l’escalier et se planta devant la porte du bureau. Il gémit, se mit debout, et comme personne ne lui répondait, il aboya de plus en plus fort, grattant de toutes ses forces contre le battant.
Coralie appela son chien. Il descendit à toute allure et remonta aussitôt tout en se retournant, pour l’inviter à la suivre.
Le colonel Gérard Faventiny se pointa en bas des marches.
— Qu’est-ce qu’il a ?
— On dirait qu’il veut me montrer quelque chose.
— Suivons-le alors.
Il lui emboita le pas. Le chien, heureux qu’ils aient enfin compris, les emmena devant le bureau au 2e étage et recommença son manège.
Coralie lui ouvrit la porte. Il y entra en trombe et gratta le fond de la bibliothèque.
— Ton maître est derrière ?
Elle appela son mari de plus en plus fort.
— Mais qu’est-ce que tu fais Coralie ?
— Il y a une autre pièce, mais je ne sais pas comment y aller, Hubert doit sentir Daniel.
— Mais qu’est-ce que tu racontes ?
Coralie saisit son téléphone et appela Esteban. Elle lui expliqua la situation, puis dit à son beau-père après avoir raccroché :
— J’y suis entrée avec le double de Daniel croyant que c’était lui. Il doit avoir une télécommande, j’ai eu beau chercher ici dans les étagères, je n’ai pas pu retrouver le mécanisme.
— Laisse-moi faire.
Gérard se colla contre les étagères, passa ses mains doucement et soudain le mur bascula.
Le chien le bouscula et entra dans la pièce.
— Vous êtes merveilleux Gérard.
Ils le suivirent ensemble et ne virent personne. Hubert gémissait et posait son museau sur le fauteuil face au bureau.
— Il était là, j’en suis certaine, regardez son chien.
Le colonel chercha un indice qui pourrait l’aiguiller, mais ne trouva rien. Ils entendirent une cavalcade dans l’escalier et les deux collègues de Daniel apparurent dans l’encadrement de la porte.
— Vous avez réussi à l’ouvrir ?
— C’est mon beau-père ! Voyez Hubert, Daniel devait être ici, j’en suis sûre.
— C’est une histoire de fous. Si près de nous et nous n’avons rien remarqué.
Coralie s’approcha de la fenêtre.
— S’il était là, il a dû forcément nous laisser quelque chose. Cherche mon chien.
Hubert posa son museau sur le bureau. Un verre le narguait.
— N’y touchez pas, dit Esteban, faisons-le analyser, nous saurons si le commandant était ici.
— Faventiny ? Réveillez-vous !
Daniel ouvrit les yeux d’un coup. Il se trouvait face à Frédéric Marteau. Seul.
— Je vais prévenir Coralie, elle doit être morte d’inquiétude. Quelqu’un m’a appelé et m’a demandé de venir vous chercher dans une voiture. J’ai cru à une blague, mais quand la personne m’a dit de ne pas alerter la police, je n’ai pas réfléchi plus loin.
Le commandant ne répondit pas, l’esprit encore embrumé.
— Je vais vous examiner avant de prévenir votre femme. Si je devais vous garder ici, je ne voudrais pas lui faire de fausse joie.
— Qui êtes-vous ?
Le chirurgien surpris, l’interrogea.
— Frédéric Marteau.
Daniel se leva brusquement et se pencha vers lui, attrapant le col de sa blouse blanche.
— L’autre taré m’a appris que vous aviez été l’amant de ma femme. C’est vrai ?
— Qui ? Mais de quoi parlez-vous ?
— J’ai perdu la mémoire, mais je me souviens de ce que mon double m’a raconté. D’ailleurs où est-il ?
— Mais qui ? Je ne comprends rien à ce que vous dites. Vous êtes amnésique ? Depuis quand ?
— En voilà une bonne question ! Je viens de vous informer que j’ai perdu la mémoire et triple buse, vous me demandez depuis quand ? Vous avez fait l’école du rire ou celle de la médecine ?
Marteau ne releva pas l’allusion et lui apprit qu’il s’appelait Daniel Faventiny et qu’il était commandant à la brigade criminelle.
— Coralie est votre femme. Nous étions effectivement amis de fac, mais nous n’avons jamais été amants. Vous avez vu ma tête ?
Daniel ne répondit pas. Il reprit :
— Vous étiez donc avec votre double ? C’est lui qui vous avait séquestré ?
— Séquestré ?
— Oui, vous avez été enlevé. Votre famille et vos collègues vous cherchent partout. Ils vont être heureux de vous retrouver. Je vais quand même vous faire passer un scanner et j’appelle votre femme.
L’infirmier qui emmenait Daniel était Karl, l’un deux sbires qu’il avait rencontrés. Alors qu’il poussait le fauteuil roulant dans le couloir, ils se trouvèrent nez à nez avec Esteban et Coralie.
— Daniel ?
— Commandant ? Comment vous sentez-vous ?
Esteban regarda mieux le soignant. Il était certain de l’avoir déjà vu. Il leur demandait d’ailleurs de les laisser avancer. Ils se reculèrent.
Frédéric Marteau ouvrit la porte de son bureau à ce moment.
— Ne t’inquiète pas Coralie, ton mari va passer un scanner. J’aurais les résultats rapidement et si tout va bien, il repartira avec vous.
— Vous pouvez m’expliquer qui est le type avec le commandant ?
Esteban venait de se souvenir que l’homme était un repris de justice qu’il avait vu en compagnie du chirurgien et qu’il avait pris en photo.
— Un infirmier sans doute. Pourquoi ?
Esteban ne répondit pas et Coralie en profita pour interroger son ancien copain de fac.
— Raconte-moi ! Comment est-il arrivé ici.
Marteau répéta ce qu’il avait appris au commandant.
— Il a perdu la mémoire, c’est pour ça qu’il passe cet examen. Apparemment, il était avec son double. Il ne vous reste plus qu’à attendre.
Daniel revint une heure plus tard avec les résultats qu’il tendit au chirurgien.
— Tout m’a l’air parfait. Je vous laisse rentrer chez vous, mais vous devrez vous faire suivre. Je vous donne l’adresse d’un confrère.
Coralie saisit la main de son mari. Il la retira. Marteau qui avait vu le geste, tenta de réconforter son amie.
— Il ne se souvient pas de toi.
Daniel prit la parole.
— L’autre débile m’a montré une femme qui était la mienne quand j’étais dans le bureau. Ce n’était pas vous. En fait, vous pouvez me raconter n’importe quoi.
— Quel bureau ? demanda Coralie.
— Il paraît que c’est chez moi.
— Hubert l’avait bien senti. Tu étais là.
— Qui est Hubert ?
— Ton chien !
— Alors comme ça vous êtes ma femme ? Bella !
Coralie le regarda. Leurs yeux se trouvèrent et ne se lâchèrent pas pendant deux secondes. Il baissa la tête le premier.
— Je ne vous retiens pas plus longtemps.
Daniel suivit sa femme et son collègue. Ils montèrent dans la voiture. Le portable de Coralie était resté sur le siège passager. Il s’en empara et écrivit :
Il veut jouer ? On va jouer ! et je vais gagner !
Le message lu par Coralie et Esteban, il l’effaça.
À suivre…
© Isabelle-Marie d’Angèle
