Elsbeth -Isobel

Bonjour toi 😉.

C’est ici que tu retrouveras toute l’histoire de ma sorcière. Je la reprends alors que j’avais écrit le dernier épisode en octobre 2024, un an déjà ! Il s’en passe des choses en une année, pas pour mes personnages qui eux sont restés sagement dans leur monde. Ma Plume a-t-elle changé ? Va savoir ! Je sens de la colère dans mes écrits…

Shearah vêtue d’une cape grise avait relevé sa capuche afin de dissimuler visage et chevelure, elle avançait prudemment dans la forêt, espérant passer le plus longtemps possible inaperçue. Elle avait retrouvé avec joie Milo, le hibou que Straurius lui avait offert il y avait de nombreuses années. Ce jour-là, il lui avait dit : Lorsque tu seras dans la peine ou dans les difficultés, tu pourras toujours compter sur lui, quoi que tu fasses, quoi que tu dises, il sera là pour toi.

Quand elle avait décidé de venir ici alors qu’elle n’en avait pas le droit et qu’elle encourrait la foudre de Straurius, Milo était apparu dans le ciel. Elle avait entendu son cri avant de l’apercevoir. Elle avait compris que le grand sorcier savait. Cela ne voulait pas dire qu’il était d’accord hélas !

Posé sur son épaule, Milo surveillait la forêt. Il en était le maître, les animaux le respectaient et aucun n’aurait risqué le braver. Aussi, Shearah et lui marchaient dans le silence.

Elle était arrivée à destination, elle découvrit la cabane et le trait de fumée qui s’échappait de la cheminée. Le temps s’était arrêté ici. Milo s’envola et se percha sur la branche du chêne face à la porte qui s’ouvrit en grinçant.

— Je t’attendais !

Shearah se prosterna devant la dame. Celle-ci s’avança et la releva. Elles se firent face en silence.

Chalice n’avait rien perdu de sa beauté, malgré son grand âge. Ses cheveux gris tombaient en cascade dans son dos, mais il émanait d’eux une brillance qu’envieraient les mortelles. Ses yeux verts se plissaient en regardant la sorcière devant elle. Ils la sondaient.

Un corbeau se posa sur son épaule et lui becqua la joue. Elle lui tapa gentiment sur la tête et lui souffla qu’il n’avait rien à craindre, cette femme était une amie. Il s’envola et s’approcha de Milo qui accepta de partager sa place.

— J’imagine que tu viens pour ta fille ! Elle pourrait être une grande prêtresse si elle le voulait, mais elle ne le souhaite pas.

Shearah s’inclina.

— Tu sais aussi bien que moi que je n’ai plus le pouvoir de…

— Sauf votre respect, Madame, Straurius vous a bannie, mais il ne vous a rien enlevé, l’interrompit Shearah.

Chalice sourit et aussitôt la forêt s’illumina.

— Vois ce qui arrive depuis que tu là… j’avais oublié comme il fait bon sourire. Tu es toujours amoureuse de mon fils ?

La question prit Shearah au dépourvu. Elle ne répondit pas.

— Allons allons, je n’ai pas compris pourquoi il a choisi ta sœur, Isaulya est une très grande sorcière je le conçois. Ils semblent heureux ensemble, mais je sais que tu pourrais tout lui demander et c’est bien ça le problème. Finalement, je ne suis peut-être pas si forte que ça.

Elle soupira et reprit :

— C’est donc pour cela que tu veux que j’enlève à toi et à ta fille tous les pouvoirs et que vous deveniez toutes les deux simples mortelles. As-tu bien réfléchi ?

Milo hulula et vint se poser sur l’épaule de Shearah. Chalice rabattit sa capuche sur sa longue chevelure. Elle murmura :

— Négrim.

— Qui est Negrim ?

Chalice n’eut pas le temps de répondre qu’un homme apparut devant elles. Milo cria plus fort et le corbeau s’envola.

Shearah le dévisagea. Il émanait de lui une beauté sauvage et sur lui aussi l’âge glissait sans laisser de trace. Il s’inclina devant les deux femmes.

— Madame ! il saisit la main devenue gelée de Chalice et la baisa.

Tout sourire l’avait déserté et un masque de glace semblait s’étaler et effacer tout signe de vie.

Il voulut faire de même avec celle de Shearah, il n’en eut pas le temps. Le vent souffla, les arbres se plièrent en guise de révérence et Straurius apparut.

Si Shearah avait trouvé beau Negrim, Straurius l’était encore davantage. Ils s’affrontèrent du regard. Negrim l’apostropha :

— Je croyais mon frère que tu ne devais plus jamais venir ici au risque de te perdre et d’engendrer la colère de notre, ou plutôt de Ton devrais-je dire Maître, celui qu’on ne voit jamais, mais qui a préféré te nommer grand sorcier à ma place.

Shearah tenta de lire les pensées de Straurius, mais son esprit était verrouillé. Elle sentait juste la fureur bouillir en lui.

Il saisit la main de Shearah, mais Negrim s’interposa.

— Comment vas-tu depuis toutes ces années ? Tu ne me réponds pas ? Ah oui, tu es ici chez moi, l’aurais-tu oublié ? Et tu n’as pas droit à la parole au risque de perdre tous tes pouvoirs. D’ailleurs, pourquoi es-tu venu ? Pour sauver cette sorcière ? Il est vrai qu’elle est jolie ! Je me souviens que ton cœur battait pour elle, mais la belle a préféré rejoindre le monde des mortels. Quelle idiote ! Aujourd’hui encore, à cause d’elle, tu frôles la disgrâce.

Il éclata d’un rire guttural qui fit frissonner la forêt.

— Suffit Negrim !

Chalice se dressa devant ses fils.

— Partez Shearah et ne revenez jamais. Suivez Straurius. Croyez-moi, lui seul peut vous aider.

Negrim gifla sa mère.

— Silence !

Elle porta sa main à sa joue. Elle saignait. Elle recueillit le sang, leva les bras vers le ciel et la nuit tomba s’un coup, un noir opaque envahit la forêt.

— Fuyez ! Negrim n’y voit pas la nuit, disparaissez et ne revenez jamais.

Straurius s’avança vers elle pour l’aider, elle le repoussa avec violence.

— Je ne pourrais pas tenir le sort longtemps, va-t’en mon fils, murmura-t-elle d’une voix tremblante.

Elle allait s’écrouler, Straurius hésita. Il avait senti dans ses derniers mots toute la tendresse qu’elle lui vouait, il ne pouvait pas la laisser avec Negrim. Il connaissait sa fureur. Milo regarda alors le sorcier de ses grands yeux ronds. Il sembla l’envoûter. Il n’avait plus le choix, il devait repartir. Il saisit la main de Shearah et la ramena dans son monde. Il reviendrait, il s’en fit le serment.

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2025)

À très vite…

Elsbeth-Isobel

Bonjour toi 😉

Voici la suite de l’histoire de ma petite sorcière.

Isobel-Elsbeth n’en menait pas large lorsqu’elle parvint chez Straurius. Elle entrait rarement dans ses appartements.

Le bureau de mon père était sombre, même si la fenêtre ouverte sur le monde extérieur, d’où il pouvait tout voir à des lieux à la ronde, il restait inquétant. Lui-même avait revêtu son costume d’apparat et je ne pus m’empêcher de l’admirer.

J’avais dépêché Arthus mon fidèle compagnon à 4 pattes auprès de la grande prêtresse Isaulya. Il devait tout raconter sans rien omettre. Je pouvais lui faire confiance. J’espérais juste que ma mère n’était pas occupée ailleurs et qu’elle accepterait de l’écouter.

Quand mon père m’aperçut, il me tendit les bras. Les instants de tendresse étaient rares avec lui, il m’aimait et lorsque je sentais son cœur battre contre moi, j’étais au 7e ciel. Tout grand sorcier qu’il était, il avait un cœur lui aussi, j’étais bien placée pour le savoir.

J’avais bien pris garde de fermer mon esprit. Il se recula pour mieux me contempler et admirer ma tenue de future fée des eaux, je compris immédiatement qu’il me sondait et tendait de lire en moi.

Il me sourit et demanda :

— Qu’as-tu donc à me cacher que ton esprit est verrouillé à double tour ?

Comment ai-je pu imaginer une seconde que je pourrais le tromper ? J’allais répondre quand ma mère apparut, Arthus sur son épaule.

Elle me regarda avec fierté et je compris que mon chat avait bien rempli sa mission.

— Notre fille n’est-elle pas magnifique ?

Straurius lui saisit la main qu’il baisa tendrement.

— Tu as fait du beau travail et il ne saurait en être autrement.

J’aimais lorsqu’ils se tutoyaient. Je ne pouvais pas dire que ça les rendait plus humains, plus proches conviendrait mieux. Ils étaient tellement froids l’un envers l’autre quand Straurius présidait.

— Mais où est donc Héloïse ?

Il avait toujours le sourire et je m’en réjouis. C’est la grande prêtresse qui répondit et avec tout le respect qu’il lui devait, Straurius s’inclina.

— Elle était souffrante, Charlie, je veux dire Shearah se reprit ma mère viendra avec elle à la prochaine lune. Elle espère que tu comprendras.

Straurius se mit à marcher de long en large les mains derrière le dos en maugréant :

— Pourquoi ai-je l’impression que vous me cachez quelque chose ?

Il s’arrêta brutalement devant moi et posa sa main sur ma tête. Surprise, je n’eus pas le temps de verrouiller mon esprit, et je réalisais immédiatement qu’il avait tout compris. La fenêtre se ferma d’un coup sec.

— Comment avez-vous pu croire ne serait-ce une seule seconde que vous pourriez me tromper ? Vous me décevez Isaulya.

Les derniers mots s’adressaient à ma mère qui s’inclina devant lui.

— Shearah ne savait pas comment vous l’annoncer et…

Son poing s’abattit sur son bureau, son encrier se renversa sur son grimoire. D’un geste, il balaya la tache qui disparut, et le livre s’ouvrit à l’endroit que je redoutais tant.

— Approchez-vous et regardez… La grande sorcière Shearah n’a pas perdu de temps et surtout, elle n’a rien oublié.

Sa voix grondait, le vent s’était levé et les arbres se tordaient sous l’assaut de sa colère. Isaulya tenta de le calmer, mais d’un revers de cape, il disparut.

— Il va là-bas ? demandais-je d’une toute petite voix.

— Sans doute. Il perd tout contrôle quand il s’agit de ma sœur.

Une larme de diamant coula de sa paupière. Elle la cueillit sur sa joue. Subjuguée, je la vis l’embrasser et lui dire :

— Va et fais ce que tu dois faire.

La perle quitta sa main, s’éleva au-dessus du grimoire et se fondit dans la page ouverte… une femme s’y trouvait. Je n’aurais su dire son âge… elle n’en avait plus. Belle, elle l’était et serait condamnée à le rester à jamais. Elle avait failli, en trompant Straurius, son propre fils. Bannie pour l’éternité, elle devrait rester dans sa forêt et ne voir ni recevoir personne. Elle s’appelait Chalice. S’il était devenu le plus grand sorcier de tous les temps, il lui devait et pourtant, il n’avait pas hésité à la condamner quand il avait appris qu’elle avait accepté de perdre ses pouvoirs pour lui.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2024).

Elsbeth-Isobel

Bonjour toi 😉

C’est mercredi et pendant le mois d’octobre, tu retrouveras ma sorcière chaque semaine. Ici est le dernier épisode.

Héloïse était dans le jardin quand elle aperçut un chat noir qui venait vers elle. La queue bien droite, il avançait nonchalamment, ses yeux verts plissés. Elle tendit la main pour le caresser, ilse frotta contre ses jambes en ronronnant.

— Tu es toute seule ?

Héloïse tourna la tête et découvrit, posé sur une corolle de fleur, un papillon ou ce qu’elle crut en être un.

— C’est toi qui me parles ?

Héloïse se pencha sur l’insecte.

— Mais tu n’es pas un papillon, s’exclama-t-elle.

— Chut ! Tu vas me faire repérer. Prends le chat dans tes bras.

Celui-ci se laissa faire quand Héloïse se baissa pour l’attraper, elle se retrouva aussitôt ailleurs.

— Tu m’as flanqué une de ces frousses ! tu ne pouvais pas le dire que c’était toi Elsbeth ?

Celle-ci contemplait Héloïse. Elle avait bien grandi, il émanait d’elle un charme certain. C’était normal que Straurius souhaite qu’elle devienne une véritable sorcière. Il était temps qu’elle apprenne ce pour quoi elle était née.

— Il faut que tu viennes avec moi.

Seulement, si Héloïse abordait l’âge de l’adolescence plus tôt que chez les humains, elle avait aussi pris du caractère et les histoires de magie ne lui plaisaient plus autant que ça. Charlie avait fait du bon boulot, sa fille ses sentait très bien dans son monde et n’avait aucune envie d’en changer.

Elle venait d’avoir dix ans et l’amitié avec Stefano s’était intensifiée. Le garçon avait maintenant douze ans et ma foi, elle le trouvait très beau.

Elsbeth qui avait hérité des pouvoirs de ses parents découvrit tout ça en peu de temps, car elle lisait en Héloïse comme dans un grand livre ouvert.

Elsbeth-Isobel en fut très peinée et imaginait déjà la colère de son père. Une sorcière était une sorcière et ne devait jamais le renier. Charlie était vraiment un cas à part, mais comment avait-elle fait pour que sa fille oublie tout. Pourtant, à chaque pleine lune, la jeune femme passait de l’autre côté et accomplissait ses rituels. Elsbeth-Isobel n’y avait jamais vu Héloïse.

— Je le répète que tu dois venir avec moi. Tu as devant toi, la future fée des eaux, si tu découvrais mon costume, tu…

— Ça ne m’intéresse pas Elsbeth, tu peux retourner dans ton monde. Les histoires dans les livres, j’ai passé l’âge !

Si la petite sorcière s’était imaginé l’appâter, elle en fut pour ses frais. Héloïse s’en allait sans un regard en arrière. Arthus, car c’était lui le chat noir, commença à faire sa toilette et de sa voix rocailleuse dit :

— Nous n’avons plus qu’à repartir… je ne sens pas de bonnes ondes.

— Que fais-tu ici ?

Elle se doutait bien que Charlie l’avait repérée. Elle ouvrit son esprit pour que Shearah comprenne ce que Straurius voulait. Elle en avait assez de devoir toujours plaider sa cause. Après tout si Héloïse avait fait son choix, elle n’allait pas l’obliger.

— Héloïse n’a plus de pouvoir.

— Mais…

Elsbeth-Isobel n’en revenait pas, ce n’était pas possible et d’un coup, elle comprit. Shearah soupira.

— L’adolescence arrive tôt chez les petites sorcières…

— Mon père…

Elsbeth-Isobel s’interrompit. Shearah lui posa sa main sur son épaule.

— Tu seras une très jolie fée des eaux Elsbeth-Isobel.

— Mais… vous êtes une grande sorcière… et… avec tout le respect que je vous dois, vous pourriez faire quelque chose pour Héloïse, elle…

Elsbeth-Isobel ne comprenait pas. Jamais une telle chose ne s’était produite dans son monde.

— Ton père avait raison, Héloïse aurait dû aller beaucoup plus souvent le rencontrer et suivre les rituels.

Elsbeth-Isobel eut peur. Une sorcière qui perdait ses pouvoirs était bannie à jamais et… celle qui l’avait engendrée aussi.

— C’est pour ça que personne ne doit savoir. La nouvelle lune arrive bientôt. Je viendrais et j’irais parler à… qui tu sais.

— Vous connaissez les pouvoirs de mon père et…

— Oui, mais si tu fermes ton esprit, il ne verra rien. Je suis une grande sorcière, ne l’oublie jamais.

— Mais… bredouillait Elsbeth, la personne que vous allez voir, elle est bannie elle aussi et je ne sais pas si…

— Moi, je sais. Pars maintenant et ne t’inquiète pas, Straurius sait qu’Héloïse ne viendra pas avec toi.

— Vous bravez mon père ! Personne n’a jamais osé le faire.

Elsbeth ne savait plus si elle devait l’admirer ou lui en vouloir. Elle se rappela alors les liens qu’elle avait découverts entre Shearah et Straurius. Soudain, elle eut peur. Elle comprit ce qu’allait demander Shearah. Straurius acceptera-t-il ? Reniera-t-il ses croyances pour elle ?

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2024)

À très vite…

Elsbeth-Isobel

Bonjour toi 😉

Tu n’es pas sans savoir que nous sommes déjà le 2 octobre et de plus, c’est mercredi, jour des enfants. Comme chaque année, ce mois-ci, je raconte une histoire de petite sorcière. Je retrouve donc Elsbeth-Isobel. Tu peux lire toutes ses aventures ici et ici pour celles d’Héloïse et Stefano.

C’est parti !

Depuis que je connaissais le secret de mon père, je faisais très attention à fermer mon esprit dès que j’étais en sa présence. Il ne devait jamais savoir.

Je devais avouer que rien chez lui ne me rappelait sa détresse lorsque Shearah avait disparu emmenant sa fille. Ma mère et lui continuaient de s’aimer comme auparavant et j’en venais à douter de ce que j’avais entrevu. Après tout, peut-être avais-je pris mes rêves pour une réalité.

Arthus faisait sa toilette sur mon lit quand la porte s’ouvrit brutalement. Une chance qu’il ne soit pas apparu comme par enchantement !

— Bonjour Elsbeth-Isobel !

Je m’inclinais aussitôt. Même s’il était mon père, Straurius était notre grand sorcier et je lui devais le respect comme tout le monde ici. Arthus cessa également de se lécher. Je retins un sourire, il semblait s’être mis au garde à vous. Oui, ça ne rigolait pas chez nous concernant les règles !

Mais il restait avant tout mon papa et il me prit dans ses bras pour m’embrasser. J’aimais ces moments où je sentais contre moi son cœur battre. Ils étaient rares, alors je profitais pleinement de l’instant qui d’ailleurs ne dura pas.

— J’ai une mission pour toi !

J’aurais dû m’en douter. Straurius avait mille choses à faire, il ne venait jamais dans ma chambre sans raison valable.

Je m’approchais de lui et Arthus sauta sur mon épaule, attentif tout comme moi.

— Tu sais certainement que la fée des eaux, Nymphaïa, ne pourra plus remplir ce rôle.

En effet, celle-ci avait été transformée à tout jamais en grenouille. At-on idée aussi de braver mon père. Elle avait jeté son dévolu sur Joe, le compagnon de la sorcière Shearah alias Charlie, la maman d’Héloïse, cela avait bien failli réussir, quand elle était devenue sirène et…

— Tu m’écoutes Elsbeth ?

Sa voix tonna et les rideaux s’envolèrent. Mon père ne supportait pas mes rêveries surtout quand il me parlait. Je m’excusais aussitôt.

— Tu comprends bien que les rivières et les torrents ne peuvent pas se passer de quelqu’un qui veille sur eux. Ta mère et moi avons pensé que tu pourrais remplir ce rôle.

J’ouvrais de grands yeux. Moi, sorcière des eaux ?

— Mais… je ne sais pas si j’en suis capable, je n’y connais rien.

— Tu es ma fille, tonna Straurius, je ne fais rien au hasard. Tu seras parfaite. Je vais convoquer les fées qui suivaient Nymphaïa, elles t’expliqueront tout.

— Ne vont-elles pas m’en vouloir de prendre leur place ?

— Elsbeth, dans notre monde, ces sentiments de jalousie et d’envie n’existent pas, tu le sais et je veille à ce que ça n’arrive jamais.

— Ouais ! marmonnais-je, pas sûr !

— Autre chose… Héloïse sera avec toi.

Je ne fus pas assez rapide pour fermer mon esprit. Il tonna :

— Et ce n’est pas pour revoir Shearah, oublie immédiatement cette idée. Cette gamine est une grande sorcière, elle approche les dix ans, il est bien temps qu’elle vienne ici. Tiens-toi prête et habille-toi correctement, je t’attends dans une heure dans mes appartements.

Il disparut d’un revers de cape.

Je me laissais tomber sur le lit et fixais le plafond.

— Tu as entendu ça Arthus ? Moi, la fée des eaux ? Je n’ai rien comme vêtement qui convienne ?

Je n’eus pas le temps de m’interroger davantage que c’était au tour de ma mère, la grande prêtresse Isaulya d’apparaitre. Son parfum se répandit immédiatement dans la pièce et instantanément je repris confiance en moi et me sentis apaisée.

— Je t’ai apporté ta tenue.

En un tournemain, une robe tout en voile me couvrit, mes cheveux se couronnèrent de fleurs assorties. Très surprise, je compris que deux ailes légères poussaient dans mon dos. Arthus miaula et je l’entendis me murmurer que j’étais magnifique.

Je me contemplais dans ma psyché et eus du mal à me reconnaitre.

Ma mère sourit.

— Tu seras une fée des eaux parfaite et majestueuse. Sais-tu que tu es la fierté de ton père ?

Elle posa sa main sur ma tête. Immédiatement, je réalisais qu’elle me confiait tous les secrets que je devais connaitre pour remplir mon rôle à la perfection.

— Il ne te reste plus qu’à aller convaincre Héloïse et sa maman. N’oublie pas ! dans une heure, tu dois retrouver Straurius ! Il n’aime pas les retards.

Elle disparut et seul son parfum me rappela qu’elle était venue.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2024)

À suivre…

Héloïse et Stefano

Bonjour toi 😉

— C’est vrai que tu es une sorcière ?

Louis, un gamin aux yeux bleus regardait Héloïse avec admiration. Celle-ci haussa les épaules et répondit :

— Tu sais bien que ça n’existe pas, et puis d’abord qui t’a raconté ça ?

— Personne.

Il se dandinait d’une jambe sur l’autre comme s’il avait envie de dire quelque chose, mais qu’il n’en avait pas le droit.

Il était copain avec Stefano, il connaissait bien Charlie et il avait entendu au village des gens qui racontaient qu’il s’en passait des trucs bizarres chez eux. D’ailleurs, il parait que depuis quelque temps, Joe, n’était plus pareil. Là, c’était la boulangère qui l’avait affirmé, et elle, elle était toujours au courant de tout et se trompait rarement. Alors Louis se posait beaucoup de questions. Il savait bien que ce n’était pas possible, pourtant, il était allé fureter dans les livres de la bibliothèque et il avait trouvé un bouquin sur les lutins, les gnomes et les fées qui habitaient dans le jardin et qu’on pouvait presque les rencontrer si on y faisait attention, le petit peuple, c’était ainsi qu’on l’appelait. Il était persuadé qu’Héloïse était une fée ou alors une gentille sorcière.

Il n’avait pas osé en parler à ses parents, il se serait moqué de lui, d’autant plus que sa maman était pas mal occupée en ce moment avec le nouveau bébé qui allait bientôt naître. D’ailleurs, elle venait voir Charlie pour se détendre. Son père n’était pas toujours content, il disait qu’il faisait plus confiance au médecin, mais comme il connaissait Joe depuis longtemps, il fermait les yeux. Louis avait remarqué que lorsqu’elle revenait de chez Charlie, elle était encore plus jolie. Il ne comprenait pas pourquoi, mais peut-être que finalement, c’était parce qu’elle était aussi une sorcière.

Louis, perdu dans ses pensées, ne se rendait pas compte qu’Héloïse le fixait. Depuis quelque temps, elle avait compris qu’elle pouvait lire dans les pensées, elle devait se concentrer et ça ne marchait pas toujours, mais aujourd’hui, elle découvrait toutes les idées qui s’agglutinaient dans le cerveau de Louis.

Elle entendit alors une petite voix qui lui chuchotait dans l’oreille qu’elle n’avait pas le droit de faire ça, ce n’était pas bien de violer comme ça l’intimité des personnes. Elle détestait cette voix, elle était certaine que c’était Elsbeth Isobel qui lui parlait de son monde, mais elle n’en était pas sûre. Héloïse en avait ras la casquette de ne pas pouvoir faire comme elle le souhaitait, mais en même temps, elle comprenait qu’elle ne devait pas dévoiler son secret ainsi que celui de sa mère, du coup, elle sourit à Louis et affirma.

— Tu sais, maman a des dons pour guérir les gens, ça existe ça, elle n’est pas la seule, mais ce n’est pas pour ça qu’elle est une sorcière. Les médecins aussi guérissent.

Louis se rassura, Héloïse continua :

— Peut-être que je serais comme elle un jour. En attendant, je suis comme toi et quand je n’ai pas envie d’aller à l’école, je suis obligée d’y aller tout pareil que toi.

Elle rit.

— Tu as déjà vu des lutins et des fées dans ton jardin ?

Louis ne lâchait pas l’affaire aussi facilement. Elle entra alors dans son jeu.

— Oui, mais pas pour de vrai, je les invente, je n’en ai jamais aperçu.

Elle comprit qu’elle l’avait déçu. Stefano les rejoignit.

— Et toi tu en as déjà vu des lutins ?

Stefano soupira.

— Non, jamais.

— De toute façon, même s’ils existaient, on ne les verrait pas, reprit Héloïse. Ils sont bien trop farceurs et n’aiment pas qu’on les dérange.

Intéressé, Louis la buvait des yeux.

— Sois gentil avec eux, ils te le rendront bien.

Et voilà c’était reparti, pensa Stefano, Héloïse et ses drôles d’idées. Il les abandonna et rentra chez lui. Rien n’était plus comme avant, il était triste. Son père était souvent dans la lune et ça ne lui ressemblait pas du tout. Charlie n’avait plus le même sourire et Héloïse racontait des histoires à dormir debout.

Il ne vit pas qu’une gamine rouquine légèrement plus âgée que lui venait à sa rencontre. Elle s’arrêta près de lui. Il n’en crut pas ses yeux quand il reconnut Samy, celle du bouquin d’Héloïse.

© Isabelle-Marie d’Angèle (mai 2024).

(Samy, tu peux retrouver son histoire ici où c’est tout le premier épisode, pour connaitre la suite, il faut remonter dans la catégorie Elsbeth Isobel).

À très vite…

Elsbeth Isobel et Héloïse

Bonjour toi 😉

Voici la fin de l’histoire. Décembre avance à grands pas et je me devais d’être prête pour te préparer comme l’an dernier, mon calendrier de l’Avent dès le 1er décembre.

Arthus se hérissa et doubla de volume puis il sauta au sol pour aller se planquer sous un meuble. Le regard de Charlie étincela et un écran de glace se matérialisa autour d’elle. Stupéfait, Joe voulut s’en approcher, d’un geste, elle le statufia.

Arthus se coucha et posa ses pattes sur les oreilles.

Je vis le grand sorcier tendre les bras vers ciel et lever la tête et j’eus peur. La colère de Straurius était légendaire et je craignais pour Stefano et Héloïse, mais stupéfaite, je découvris mon père baisser les bras et un sourire se dessiner sur ses lèvres.

Je compris à son visage qu’il parlait avec quelqu’un, mais je ne pouvais pas entendre ses paroles.

— Enfin, tu acceptes de discuter, Shearah !

Charlie usait de tout son pouvoir pour forcer le sorcier à l’écouter. Elle réussit à franchir toutes les barrières de son esprit pour lui parler.

— Straurius, je t’en prie, tu ne peux pas me séparer de ma fille.

— Il n’en a jamais été question, Shearah, pour qui me prends-tu ?

Interdite, elle faillit perdre sa concentration. Elle l’entendit rire.

— Allons, allons, ne te donne pas autant de mal, si tu es parvenue à m’atteindre, c’est que j’étais d’accord. Te rappelles-tu notre connexion hors norme ? Tu es une très grande sorcière Shearah, c’est pour cette raison que je t’en ai autant voulu. Héloïse a les mêmes dons que toi, peut-être davantage, c’est une nouvelle génération qui arrive !

Voici ce que je te propose : Viens la rechercher, pas besoin de Senu pour la ramener, elle et son petit compagnon. Il aurait suffi que tu me fasses confiance et me le demandes, j’aurais accepté. Crois-tu que je sois devenu un monstre ?

— Me laisseras-tu repartir ?

— À une condition, Shearah.

— Laquelle ?

— Ne sois donc pas si inquiète ! Tu devais bien te douter qu’il y aurait un prix à payer, celui-ci ne sera pas difficile. À chaque pleine lune, tu devras quitter ton monde pour passer quelque temps dans le nôtre. J’espère que tu n’as pas oublié que tu es la fée des oiseaux ? Je ne peux pas pallier ton absence. J’ai fait ce que j’ai pu ainsi que mon adjoint Harow et…

Il s’interrompit et respira plus vite. Il venait de l’entendre rire. Qu’il lui avait manqué ce son cristallin qu’elle seule possédait. Il reprit :

— Pourquoi ris-tu ?

— Harow ? Ton adjoint ? Est-il toujours aussi étourdi ?

Straurius riait. Je n’arrivais pas à en détacher mes yeux. Il avait constamment un air impassible et grave avec nous. Qui donc avait un tel pouvoir ?

— Ta tante.

Je n’avais pas vu ma mère se matérialiser.

— Ma sœur a toujours eu une grande complicité avec son beau-frère. Elle seule parvenait à lui faire perdre cet air, d’ailleurs, elle s’en moquait ouvertement.

Je me demandai quel lien pouvait-il y avoir entre mon père et elle et pourquoi, s’ils étaient si complices, avait-il choisi sa sœur.

Je n’avais pas verrouillé mon esprit et je vis Isaulya sourire.

— Il n’a jamais été amoureux d’elle, c’est un beau roman d’amité entre eux. Il m’a préférée parce qu’il m’aimait tout simplement.

— Tu n’as jamais été jalouse d’elle ?

Elle arqua ses sourcils impeccablement dessinés.

— Quel horrible mot, Elsbeth Isobel ! Dois-je te rappeler que ce sentiment est banni de notre monde ? J’aime ma sœur et j’ai respecté son choix. J’espère qu’elle va accepter ce que va lui demander ton père.

Surprise, je compris qu’elle savait ce qu’ils se racontaient. Une fois de plus, elle répondit à ma place. Décidément, je devrai faire d’énormes progrès pour interdire l’intrusion dans mon esprit.

— Je les connais tous les deux et ils étaient très forts à ce jeu. Je me doutais bien qu’elle allait lui parler par ce biais.

— Tu n’as pas répondu à ma question ? Acceptes-tu ma demande ?

— Il semble que je n’ai pas le choix pour revoir ma fille.

— Shearah, suis-je donc si horrible ? C’est l’autre monde qui t’a rendue si négative ?

— C’est d’accord, je reviendrai à chaque pleine lune et assisterai à la grande célébration parce que j’imagine qu’elle existe toujours.

— Tu seras alors une sorcière chez les humains, je te l’accorde, mais jamais tu ne devras le révéler. Tu pourras continuer à pratiquer à chaque nouvelle lune et à chaque pleine lune, je t’attendrai. Concernant l’éducation d’Héloïse, je compte sur toi pour en faire une sorcière digne de ce nom. Nous patienterons jusuq’à ses 10 ans pour que tu l’emmènes avec toi. D’ici là, tu ne lui parles de rien et je souhaite qu’elle oublie tout ce qui s’est passé ces jours-ci. De même pour ton compagnon, fais le nécessaire pour qu’il ne sache plus qui tu es. Tu reprends ta vie normalement avant notre venue. Ah ! j’oubliais… concernant ce livre… je te laisse libre de ton choix pour le petit Enzo… Je sais que tu es une grande sorcière pleine de bon sens et de ressources. Autre chose, en tant que dame des oiseaux, tu aurais pu faire confiance à Senu.

Elle l’entendit rire. Elle crut que c’était terminé, mais il reprit :

— Je t’attends, viens donc chercher ta fille

Il ferma son esprit. Elle ne put lire à quel point il était heureux et le sentiment étrange qui l’habitait.

Arthus sortit de sa cachette et sauta sur son épaule. Dès lors, elle sut qu’il l’accompagnerait. L’écran de glace se brisa. Elle embrassa Joe longuement et tendrement. Il ne la vit pas disparaitre. Pour lui, c’était une journée comme les autres. Il rejoignit son tracteur et reprit ses activités comme si de rien n’était.

Heureusement que Stefano s’était effondré épuisé sur le lit, il ne vit pas apparaitre Shearah que lui appelait Charlie. Qu’elle était jolie avec cette robe de sorcière !

Je regardai ma mère lui tendre les bras et essuyer furtivement une perle de diamant. Héloïse ébahie de découvrir sa maman ainsi était subjuguée par sa beauté.

Je me tournai vers mon père.

Pas un muscle de son visage ne bougeait. Shearah s’inclina devant lui. Il restait le grand sorcier de notre monde, elle lui devait le respect.

Arthus sauta dans mes bras et se mit à ronronner de contentement. Machinalement, je le caressai.

Il devait être sacrément chamboulé Straurius pour laisser ainsi ouvert son esprit. Je captai aussitôt sa joie de retrouver Shearah… je sentis aussi leurs battements de cœur à l’unisson… ça ne dura qu’un instant, l’esprit se ferma à double tour. Je compris que c’était un secret et qu’il ne devrait jamais être dévoilé.

Shearah saisit sa fille, Stefano tombant de sommeil ne sut pas ce qu’il lui arrivait.

Straurius posa la main sur l’épaule de Shearah, leurs yeux se soudèrent, puis il murmura : va et n’oublie pas ta promesse. Nous t’attendrons.

Isaulya se joignit à son mari et Shearah disparut emmenant avec elle les enfants.

Je sentis la détresse de mon père, elle ne dura qu’un instant, mais assez pour que je la ressente. Il saisit les doigts de ma mère et les baisa.

FIN

© Isabelle-Marie d’Angèle (novembre 2023).

À très vite…

Elsbeth Isobel et Héloïse

Bonjour toi 😉

Je suivais avec appréhension l’arrivée de Senu. Arthus avait eu une merveilleuse idée. Il est vrai qu’il était ami avec l’aigle. Celui-ci ne pouvait rien lui refuser. Ce qui m’étonnait c’est que Straurius ne se soit aperçu de rien. Bizarre ! Rien ne lui échappait d’ordinaire.

Senu avait dit la vérité, les jours et les semaines s’étaient écoulés ici et Héloïse avait commencé son apprentissage de petite sorcière sous l’œil attentif de ma mère, sa tante. Une chose m’inquiétait pourtant, Héloïse n’avait plus dit un mot depuis son arrivée. Elle avait pleuré longtemps puis ses larmes s’étaient taries et elle était restée muette. Isaulya, toute grande prêtresse qu’elle était avait été très surprise de la résistance que lui présentait sa nièce, mais elle n’avait rien raconté à Straurius. Celui-ci suivait son éducation et j’étais certaine qu’il savait ce qu’on tentait de lui cacher, mais il se taisait.

À mon tour, j’avais fermé mon esprit à ma mère. Elle ignorait donc que Senu était en route. J’avais beaucoup progressé dans mes dons et je m’apercevais qu’Héloïse était plus forte que moi. À son âge, je n’aurais jamais pu dissimuler quoique ce soit à mes parents. Elle y réussissait à merveille.

Arthus et Charlie suivaient de la même façon le chemin de Senu. La sorcière Shearah avait réussi à fléchir Arthus. Joe devait savoir où était son fils, il était insoutenable à Charlie de le voir bloqué dans son espace-temps.

— Il ne souffre pas et ne se rend compte de rien, affirmait le chat.

Mais Charlie ne voulait plus rien lui cacher. Arthus avait dodeliné de la tête et avait cédé. Lui seul avait le pouvoir de casser l’envoutement, c’est ce qu’il fit.

Faire comprendre à Joe ce qui se passait ne fut pas une mince affaire. Lui qui ne croyait pas aux sorcières ni au surnaturel, fut obligé de se rendre à l’évidence en découvrant dans la boule de cristal de Charlie, son gamin sur le dos d’un aigle. Stefano ne semblait pas souffrir et son regard émerveillé devant les paysages de l’autre monde le rassurait un peu.

Ce qu’Arthus avait omis d’avouer à Joe c’est que Charlie était une très grande sorcière. Il lui suffit d’ouvrir à nouveau son esprit et elle retrouva rapidement l’incantation qui rendit muette sa fille. Elle réussissait ainsi à communiquer avec elle, faisant très attention à ce que Straurius ne se rende compte de rien. Lorsqu’elle était dans son monde, elle s’amusait souvent à le berner. Elle avait toujours admiré son beau-frère et c’était réciproque. Il n’y avait jamais eu d’équivoque entre eux, il était l’homme de sa sœur, mais leur complicité était connue de tous, ce qui expliquait sa colère quand elle avait choisi de partir. C’était lui qui l’avait instruit et donné de précieux conseils, Isaulya n’en avait jamais pris ombrage.

Charlie ferma les yeux et avertit Héloïse que Stefano était proche pour la ramener. Comme elle était muette, ce serait facile pour le petit garçon de ne pas lâcher un mot. Elle lui inculqua aussi comment faire pour parler à l’esprit de Stefano. Restait à savoir comment il réagirait. Elle ne pouvait malheureusement pas le prévenir. Senu pourrait s’en rendre compte et Charlie ne le connaissait pas assez pour lui faire confiance.

Senu était là, il s’arrêta sur le balcon de ma chambre. Je ne pouvais m’empêcher de l’admirer. Stefano posa les pieds au sol. J’ouvris la porte-fenêtre.

— C’est bien ce que je pensais !

Straurius, les bras croisés nous contemplaient.

À suivre …

© Isabelle-Marie d’Angèle (novembre 2023).

À très vite…

Elsbeth Isobel et Héloïse

Bonjour toi 😉

Le mois d’octobre est terminé mais pas l’histoire de mes sorcières 😁.

Elsbeth Isobel contemplait avec tristesse sa petite compagne affalée sur le lit qui pleurait à chaudes larmes. Elle ne cessait de répéter :

— Je veux maman. Où est ma maman ?

Toute sorcière qu’elle était Elsbeth Isobel ne savait que faire. Elle ne pouvait adoucir sa peine sans risquer de déclencher la colère de son père, Straurius. S’il ne tenait qu’à elle, elle la renverrait illico dans son monde, mais c’était impossible, ses pouvoirs seraient immédiatement contrecarrés par le sorcier.

Arthus qui était resté là-bas ne pouvait lui être d’aucun secours, lui qui avait toujours de bonnes idées aurait certainement pu la conseiller.

Mais soudain, la lumière se fit.

Elle fit apparaitre le livre qu’Héloïse lisait chez elle et dont son chat lui avait parlé.

— Pourquoi compliqué ? Un chat qui parle, dans mon monde, ça n’existe pas. Vous pouvez donc faire des choses bien plus complexes que nous envoyer près d’Héloïse non ? Je répète alors ma question : qu’attendez-vous pour nous envoyer là-bas ?

— Expliquez-lui, répondit nonchalamment Arthus, en regardant Charlie sans cesser de se lécher.

— Moi seule peux y retourner, toi et ton fils n’y avez pas votre place, vous êtes humains.

— Pourtant, Samy dans le livre y est bien allée, l’interrompit Stefano.

— C’est une histoire, ce n’est pas la réalité.

Joe haussa le ton :

— Parce qu’avoir une femme sorcière et un chat qui parle c’est la réalité peut-être ?

Arthus cessa sa toilette et les fixa de ses yeux verts, leur intimant de se taire. Assis bien droit sur la table de la cuisine, il semblait écouter. Soudain, il sauta sur le sol et sortit. Stupéfaits, Joe, Stefano et Charlie le suivirent. Le chat, le nez en l’air contemplait le ciel.

Stefano s’écria :

— Regarde papa, un aigle ! Il est magnifique !

Un superbe oiseau tournoyait très haut au-dessus d’eux en poussant son cri. Lentement, il amorça sa descente.

Stefano ne pouvait en détacher ses yeux et quand celui-ci se posa près de lui pour l’inviter à grimper sur son dos, il n’hésita pas une seconde.

—  Attends … Je m’appelle Senu, je vais t’emmener retrouver Héloïse et si tu me promets de garder le silence tout le long du voyage, tu pourras la ramener avec toi. Mais, souviens-toi, tu ne dois pas ouvrir la bouche, quoique tu vois. Notre monde est magnifique et tu vas découvrir le pays des fées, des lutins, des sorciers et une nature inconnue pour toi. Es-tu capable de respecter à la lettre ce que je te demande ? Pas un mot, pas un rire, pas même un oh ou ah de bonheur. Tu as juste le droit de respirer et de t’agripper à mon cou. Moi seul t’indiquerais les endroits que tu pourras admirer et surtout… quand tu apercevras Héloïse, n’oublie pas : tais-toi. Tu ne dois pas lui répondre, même pas lui demander de grimper avec toi. Seule, elle doit le comprendre. Chez nous, le temps n’est pas le même. Pour toi, il n’y a que quelques heures qu’elle est partie, pour elle, ça fait des semaines. Elle te semblera différente, mais dès qu’elle sera sur mon dos, elle redeviendra celle que tu connais. Tu es le seul qui puisse l’obliger à revenir ici, et crois-moi, la tâche ne sera pas facile, car notre monde est bien plus gai que le tien. N’oublie pas, pas un mot et tu n’as pas d’autre chance de te rattraper si tu échoues. Si tu acceptes, dès que tu seras sur mon dos, tu ne parleras plus. Tu n’auras ni faim ni soif ni froid ni chaud. Tu n’auras besoin de rien. Tu pourras à nouveau me parler quand je serai revenu ici au même endroit avec vous deux et que je me serai posé. Alors es-tu d’accord ?

Stefano regarda son père. Senu ajouta :

— Il ne me voit pas, seuls Arthus et Shearah ont suivi mes paroles et savent que je suis là.

Stefano sentit les larmes monter, il osa demander d’une voix tremblante :

— Papa va être malheureux, il ne va pas comprendre. Qui va lui expliquer ?

— Il ne saura pas que tu as disparu. Pour lui, le temps s’est arrêté. Alors ?

— Le voyage va durer longtemps ?

— Je te le répète, les heures, les minutes et les secondes n’existent pas chez nous, nous suivons le rythme des saisons.

Stefano prit une grande inspiration. Il regarda une dernière fois son père.

— Je peux l’embrasser ?

— C’est comme si c’était fait.

Stefano soupira, essuya d’un revers de main ses larmes et grimpa sur l’aigle. Celui-ci tourna la tête vers lui :

— Accroche-toi à mon cou et à partir de maintenant, plus un mot.

Arthus et Charlie les regardèrent disparaitre au loin. Seule, Charlie entendit le chat :

— C’était l’unique chance et Stefano est capable de réussir. Aie confiance en lui.

À suivre …

© Isabelle-Marie d’Angèle (novembre 2023).

À très vite…

Elsbeth Isobel et Héloïse

Bonjour toi 😉

Joe et Stefano se regardèrent abasourdis.

— Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Où est Héloïse ? demanda Joe, la voix tremblante.

Charlie était écroulée au sol. Il ne l’avait jamais vue ainsi. Il s’approcha d’elle et voulut la prendre dans ses bras. Elle le repoussa brutalement.

Surpris, il se tourna vers son garçon qui pleurait sans bruit recroquevillé dans un coin de la cuisine, le terre-neuve à ses pieds. Il s’accroupit près de son fils qui lui murmura à l’oreille :

— Ils l’ont emmenée dans leur monde. C’est un grand sorcier.

Puis, il cria sur Charlie :

— Dis-lui toi, c’est de ta faute avec ton livre. Je le savais que tu n’étais pas comme tout le monde, et Héloïse aussi. Montre le livre à papa.

Charlie se releva, les joues marbrées par les larmes. Elle jeta le livre sur la table. Joe le saisit et le parcourut rapidement. Effectivement, il crut reconnaitre les personnages qui étaient là, il y a quelques instants chez lui. Il se gratta la tête, il ne pouvait pas avaler ça. Pourtant, Héloïse avait bel et bien disparu. Il n’hésita pas une seconde et de sa voix grave, il demanda à Charlie :

— Comment fait-on pour aller là-bas ? Tu me raconteras tout plus tard Charlie, pour l’instant l’urgence c’est Héloïse.

Comme elle aimait cet homme ! comment lui dire qu’elle ne pouvait plus y retourner.

— Je vais vous aider !

Ils firent volte-face d’un bloc. Texas gronda, mais ne bougea pas. Arthus grimpa sur la table et s’y assit. Tout en se passant la patte par-dessus l’oreille, il continua :

— Ne me regardez pas comme ça ! Vous avez tous compris que des trucs bizarres arrivent aujourd’hui. Alors, oui je parle et je suis Arthus. Charlie est la sorcière Shearah et la sœur de la mère d’Elsbeth Isobel. Tout comme Héloïse, elle voulut connaître votre monde et elle tomba amoureuse. C’est une histoire toute simple, mais une sorcière ne peut pas rester dans le monde des humains. Par amour, elle choisit de rester ici, mais elle aurait pu revenir grâce à Isaulya. L’homme qu’elle aimait n’était malheureusement pas le gentil qu’il paraissait, mais il était trop tard. Shearah était enceinte, la colère de Straurius quand il l’apprit, fit qu’elle soit radiée à jamais. Grâce à Isaulya, sa sœur garda quelques pouvoirs qui lui permettaient de vivre heureuse ici. C’est aussi grâce à elle qu’elle fit votre rencontre. Ce que Isaulya ne savait pas c’est qu’Héloïse avait développé les dons de sa mère. Straurius refuse qu’une sorcière soit chez les humains, c’est pourquoi il a emmené votre fille. Il espère ainsi que vous reviendrez à la raison et nous rejoindrez. Il s’en est toujours voulu de vous avoir radié, vous êtes un cas unique.

Arthus se tut et continua de faire sa toilette comme tout chat qui se respecte.

La voix de Joe le fit sursauter :

— Et donc ? Qu’attendez-vous pour nous envoyer là-bas ?

Arthus se gratta l’oreille.

— En fait, c’est compliqué.

À suivre …

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2023).

À très vite…

Elsbeth Isobel et Héloïse

Bonjour toi 😉

Héloïse n’en revenait pas. La petite sorcière de son livre était là, elle allait entrer dans sa maison. Ce qu’elle n’avait pas prévu c’était que ses parents soient avec elle. À ce qu’elle en avait lu, le grand sorcier n’était pas facile. Elle réalisa alors que la tempête venait peut-être de lui.

Elle chercha sa mère des yeux, mais elle ne la trouva pas. Charlie avait disparu.

La porte s’ouvrit et elle entendit Joe les inviter à entrer.

—  Charlie ?

Stefano qui n’avait rien compris à l’attitude de la jeune femme, elle qui était toujours prête à aider les gens et ravie de recevoir, s’était éclipsée sans un mot, comme si elle connaissait ces personnes et ne voulait pas les rencontrer.

—  Elle doit être dans son atelier.

Joe fronça les sourcils, mais ne dit rien.

—  Je vous offre un café pour vous réchauffer ?

Un café ? Mes parents n’en consommaient pas, ça n’existait pas dans notre monde. Les seules boissons étaient le nectar des fleurs arrosées de différents parfums. Je regardais Héloïse. Qu’est-ce qu’elle était mignonne ! le garçon n’était pas mal non plus, mais il n’avait rien d’un sorcier. Je sentais en lui, une peur sourde. Son père, par contre, était très détendu. Les sorciers et les histoires surnaturelles lui passaient au-dessus de la tête et il n’y croyait pas du tout. J’espérais que Straurius en tiendrait compte.

Je pus m’approcher de la gamine grâce à Arthus qui m’échappa et alla se frotter contre ses jambes. Hélas, un énorme Terre-neuve déboula aussitôt et se planta devant lui en grognant. Mon chat se hérissa et doubla de volume en un clin d’œil.

J’eus la présence d’esprit d’éclater de rire, de saisir mon félin et de passer ma main sur le dos du chien, qui se calma immédiatement. Je captai alors le regard de ma mère qui me remerciait, j’avais évité le pire. Straurius ne tolérait aucun débordement dans le comportement des animaux. Chez nous, tous se côtoyaient sans haine.

Il prit d’ailleurs la parole de sa voix grave et posée.

— Nous n’allons pas vous déranger plus longtemps, merci de votre accueil. Elsbeth Isobel ?

Je n’eus pas le loisir de réagir, Stefano m’interrogeait et je sentis aussitôt sa peur.

— C’est ton prénom ? Comme dans le livre d’Héloïse ? Tu es la petite sorcière ?

Je vis sur son visage la stupeur puis la frayeur l’envahir. Il cria à son père :

— Vite, sauve — toi papa, ils vont nous faire du mal.

Heureusement que Joe eut la présence d’esprit d’expliquer aussitôt tout en attrapant son fils par le bras :

— Mon gamin a beaucoup trop d’imagination, excusez-le.

Il se tourna alors vers Héloïse.

— Ma compagne est arrivée dans nos vies avec sa petite Héloïse que voici et celle-ci adore raconter des histoires. Si vous n’habitez pas loin, Elsbeth Isobel pourrait venir partager un après-midi ?

— Ce serait une excellente idée en effet, mais je vous propose plutôt le contraire, Héloïse ? Veux-tu nous accompagner ? Je te promets de belles surprises.

Straurius avait changé de ton. Arthus coucha ses oreilles. Je vis Héloïse s’approcher du grand sorcier et saisir sa main, je compris qu’elle ne maîtrisait rien. En un quart de seconde, une magnifique femme apparut, les yeux horrifiés, elle tendait le bras pour la récupérer en hurlant, j’entendis le rire de mon père et… je me retrouvai dans mon monde, Héloïse à mes côtés.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2023).

À très vite…