Bonjour toi 😉.
C’est ici que tu retrouveras toute l’histoire de ma sorcière. Je la reprends alors que j’avais écrit le dernier épisode en octobre 2024, un an déjà ! Il s’en passe des choses en une année, pas pour mes personnages qui eux sont restés sagement dans leur monde. Ma Plume a-t-elle changé ? Va savoir ! Je sens de la colère dans mes écrits…

Shearah vêtue d’une cape grise avait relevé sa capuche afin de dissimuler visage et chevelure, elle avançait prudemment dans la forêt, espérant passer le plus longtemps possible inaperçue. Elle avait retrouvé avec joie Milo, le hibou que Straurius lui avait offert il y avait de nombreuses années. Ce jour-là, il lui avait dit : Lorsque tu seras dans la peine ou dans les difficultés, tu pourras toujours compter sur lui, quoi que tu fasses, quoi que tu dises, il sera là pour toi.
Quand elle avait décidé de venir ici alors qu’elle n’en avait pas le droit et qu’elle encourrait la foudre de Straurius, Milo était apparu dans le ciel. Elle avait entendu son cri avant de l’apercevoir. Elle avait compris que le grand sorcier savait. Cela ne voulait pas dire qu’il était d’accord hélas !
Posé sur son épaule, Milo surveillait la forêt. Il en était le maître, les animaux le respectaient et aucun n’aurait risqué le braver. Aussi, Shearah et lui marchaient dans le silence.
Elle était arrivée à destination, elle découvrit la cabane et le trait de fumée qui s’échappait de la cheminée. Le temps s’était arrêté ici. Milo s’envola et se percha sur la branche du chêne face à la porte qui s’ouvrit en grinçant.
— Je t’attendais !
Shearah se prosterna devant la dame. Celle-ci s’avança et la releva. Elles se firent face en silence.
Chalice n’avait rien perdu de sa beauté, malgré son grand âge. Ses cheveux gris tombaient en cascade dans son dos, mais il émanait d’eux une brillance qu’envieraient les mortelles. Ses yeux verts se plissaient en regardant la sorcière devant elle. Ils la sondaient.
Un corbeau se posa sur son épaule et lui becqua la joue. Elle lui tapa gentiment sur la tête et lui souffla qu’il n’avait rien à craindre, cette femme était une amie. Il s’envola et s’approcha de Milo qui accepta de partager sa place.
— J’imagine que tu viens pour ta fille ! Elle pourrait être une grande prêtresse si elle le voulait, mais elle ne le souhaite pas.
Shearah s’inclina.
— Tu sais aussi bien que moi que je n’ai plus le pouvoir de…
— Sauf votre respect, Madame, Straurius vous a bannie, mais il ne vous a rien enlevé, l’interrompit Shearah.
Chalice sourit et aussitôt la forêt s’illumina.
— Vois ce qui arrive depuis que tu là… j’avais oublié comme il fait bon sourire. Tu es toujours amoureuse de mon fils ?
La question prit Shearah au dépourvu. Elle ne répondit pas.
— Allons allons, je n’ai pas compris pourquoi il a choisi ta sœur, Isaulya est une très grande sorcière je le conçois. Ils semblent heureux ensemble, mais je sais que tu pourrais tout lui demander et c’est bien ça le problème. Finalement, je ne suis peut-être pas si forte que ça.
Elle soupira et reprit :
— C’est donc pour cela que tu veux que j’enlève à toi et à ta fille tous les pouvoirs et que vous deveniez toutes les deux simples mortelles. As-tu bien réfléchi ?
Milo hulula et vint se poser sur l’épaule de Shearah. Chalice rabattit sa capuche sur sa longue chevelure. Elle murmura :
— Négrim.
— Qui est Negrim ?
Chalice n’eut pas le temps de répondre qu’un homme apparut devant elles. Milo cria plus fort et le corbeau s’envola.
Shearah le dévisagea. Il émanait de lui une beauté sauvage et sur lui aussi l’âge glissait sans laisser de trace. Il s’inclina devant les deux femmes.
— Madame ! il saisit la main devenue gelée de Chalice et la baisa.
Tout sourire l’avait déserté et un masque de glace semblait s’étaler et effacer tout signe de vie.
Il voulut faire de même avec celle de Shearah, il n’en eut pas le temps. Le vent souffla, les arbres se plièrent en guise de révérence et Straurius apparut.
Si Shearah avait trouvé beau Negrim, Straurius l’était encore davantage. Ils s’affrontèrent du regard. Negrim l’apostropha :
— Je croyais mon frère que tu ne devais plus jamais venir ici au risque de te perdre et d’engendrer la colère de notre, ou plutôt de Ton devrais-je dire Maître, celui qu’on ne voit jamais, mais qui a préféré te nommer grand sorcier à ma place.
Shearah tenta de lire les pensées de Straurius, mais son esprit était verrouillé. Elle sentait juste la fureur bouillir en lui.
Il saisit la main de Shearah, mais Negrim s’interposa.
— Comment vas-tu depuis toutes ces années ? Tu ne me réponds pas ? Ah oui, tu es ici chez moi, l’aurais-tu oublié ? Et tu n’as pas droit à la parole au risque de perdre tous tes pouvoirs. D’ailleurs, pourquoi es-tu venu ? Pour sauver cette sorcière ? Il est vrai qu’elle est jolie ! Je me souviens que ton cœur battait pour elle, mais la belle a préféré rejoindre le monde des mortels. Quelle idiote ! Aujourd’hui encore, à cause d’elle, tu frôles la disgrâce.
Il éclata d’un rire guttural qui fit frissonner la forêt.
— Suffit Negrim !
Chalice se dressa devant ses fils.
— Partez Shearah et ne revenez jamais. Suivez Straurius. Croyez-moi, lui seul peut vous aider.
Negrim gifla sa mère.
— Silence !
Elle porta sa main à sa joue. Elle saignait. Elle recueillit le sang, leva les bras vers le ciel et la nuit tomba s’un coup, un noir opaque envahit la forêt.
— Fuyez ! Negrim n’y voit pas la nuit, disparaissez et ne revenez jamais.
Straurius s’avança vers elle pour l’aider, elle le repoussa avec violence.
— Je ne pourrais pas tenir le sort longtemps, va-t’en mon fils, murmura-t-elle d’une voix tremblante.
Elle allait s’écrouler, Straurius hésita. Il avait senti dans ses derniers mots toute la tendresse qu’elle lui vouait, il ne pouvait pas la laisser avec Negrim. Il connaissait sa fureur. Milo regarda alors le sorcier de ses grands yeux ronds. Il sembla l’envoûter. Il n’avait plus le choix, il devait repartir. Il saisit la main de Shearah et la ramena dans son monde. Il reviendrait, il s’en fit le serment.
© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2025)

































