Bonjour toi 😉

Chapitre 11

Je refis le chemin en sens inverse. Je saluai au passage les collègues à l’accueil et m’enfermai dans mon bureau. Il en avait de bonnes Diego Destrio. Les conneries de son fils quand il était gamin ce n’était rien à côté de ce qu’il allait manigancer aujourd’hui. Je ne pouvais pas rester cloitrée ici, je consultai rapidement mes mails, rien d’urgent, mes hommes savaient gérer de toute façon. Je devais rencontrer Paco.

Je fus interceptée par le procureur qui me cueillit devant ma moto. Les nouvelles allaient très vite dans cette petite ville.

— Alors comme ça on déjeune avec Diego Destrio ? Vous partiez en mission pour lui ?

— Bonjour monsieur.

Je tentai de gagner du temps, mais c’était mal le connaitre.

— Qu’est-ce qu’il voulait ?

— Que je coffre le plus rapidement possible les personnes qui ont attaqué son fils.

Dire la vérité allait le calmer.

— Le banquier est son fils ? Si je m’attendais à ça.

Le procureur n’en revenait pas.

— Je parie qu’il vous a menacée. Si c’est le cas, n’hésitez pas à le mettre en garde à vue.

— Et pour quelles raisons ? Et puis non, il ne m’a pas menacée. Il a réagi simplement comme un père qui a eu peur pour son fils unique.

— J’imagine qu’il vous a donné un délai. Je connais l’énergumène.

— On peut dire ça comme ça. Justement, je partais à l’hôpital retrouver monsieur Destrée pour prendre sa déposition.

— Faites donc commandant. J’ai confiance en vous, depuis le temps que vous et vos collègues souhaitez mettre la main sur ce bandit, si vous trouvez n’importe quoi qui peut le faire tomber, vous avez carte blanche !

Il me salua d’un signe de tête et s’engouffra dans le commissariat. Le mot confiance résonnait bizarrement dans mon esprit.

François alias Paco était furieux. Il venait d’avoir son père au téléphone. Comment avait-il pu rencontrer Angèle ? De quoi se mêlait-il ? Il ne pouvait pas lui en vouloir. De loin, il l’avait toujours protégé même s’il menait ses affaires en solitaire. Paco était certain qu’il gardait un œil sur lui et qu’au moindre problème, il interviendrait et c’était ce qu’il avait fait avec le commandant Merlin.

Il devait sortir de cet hôpital et reprendre le cours normal de sa vie. Ce n’est pas un groupe de petits malfrats qui allait lui faire peur. Ils ne le connaissaient pas et surtout, il ne savait pas qui était son père. Dans le cas contraire, ils abandonneraient l’affaire.

Il repoussa ses draps et se leva. Certes, ses blessures le faisaient un peu souffrir et ses côtes cassées n’arrangeaient rien, mais il tenait debout.

L’infirmière entra alors qu’il terminait de s’habiller.

— Vous nous quittez ? J’apportais justement vos papiers. Vous êtes bien pressé. Quelqu’un vient vous chercher ?

— Je vais me débrouiller, ne vous inquiétez pas.

— Passez à l’accueil pour signer votre sortie.

Elle se heurta au commandant Merlin. Elle dit alors :

— Si vous repartez en moto, faites attention ! Bonne journée.

Angèle contempla son ami d’enfance qui était prêt à s’en aller.

— Tu me ramènes chez moi, je prendrai la voiture pour aller récupérer mon chien.

Ce n’était pas une demande, mais un ordre.

— Bonjour François.

Il grommela et l’entraina vers l’accueil. Angèle qui n’avait pas l’habitude qu’on lui parle ainsi se dégagea de son étreinte et l’apostropha :

— Je ne savais pas que tu sortais aujourd’hui. Au fait, j’ai eu la visite de ton père.

— Il m’a averti et je n’y suis pour rien. Angèle, si tu veux bien, tu me ramènes.

— Je suis à moto.

— Alors ? Tu ne me crois pas capable de grimper derrière toi ?

Elle haussa les épaules. Il remplit les papiers et la suivit. Elle tendit un casque. Il monta derrière elle, s’agrippa à sa taille non sans ébaucher un sourire qu’elle ne vit pas.

À peine arrivé devant chez lui, il l’enleva et la remercia.

— Je vais chercher Tuck.

Sans un regard, il prit son véhicule et disparut. Il était en colère. Il ne voulait pas mettre en danger Angèle. Son père l’avait prévenu, il ne tolérerait pas qu’elle lui fasse faux bond. Elle devait le protéger. Il tapa sur son volant, il n’était plus un gamin, il savait ce qu’il avait à faire. D’abord récupérer son chien, ensuite il aviserait.

Tuck allait bien et dès qu’il vit son maître, il se dressa dans sa cage. Le vétérinaire le délivra rapidement et il se jeta sur Paco qui faillit tomber et porta une main à ses côtes. Il rit.

— Doucement, mon beau.

L’animal le lécha avec bonheur puis il se coucha à ses pieds. Après avoir écouté les conseils préconisés, il sortit. Le berger australien grimpa dans la voiture dès qu’il put. Une fois arrivé chez lui, François fit entrer Tuck puis il appela son collaborateur Jordan.

Qu’est-ce qu’il pouvait l’agacer Paco. Furieuse, je suis repartie au commissariat et j’ai claqué la porte de mon bureau un peu fort.

Personne n’est venu me déranger, les collègues ont dû penser qu’il fallait attendre que la tempête passe. Je rallumais mon ordinateur et consultais les nouvelles.

Soudain, je poussai un juron et lus l’article qui datait de quelques semaines. La police ne s’était même pas rendu compte qu’un braquage avait eu lieu lors du transport de fonds. En fait, l’argent n’était jamais arrivé. Personne n’avait vu qui conduisait le fourgon, tout s’était déroulé normalement. C’est l’entreprise lésée qui les avait prévenus.

En lisant la presse, un article attira mon attention. Une association qui s’occupait des sans-abris avait été créditée par un donateur anonyme. Impossible de remonter à la source.

Je soupirai. J’étais certaine qu’il s’agissait de Paco, mais comment le prouver ? Pas de numéros de billets, juste un virement dont personne n’était parvenu à trouver d’où il venait. En parcourant les articles, je compris que tous les moyens avaient été mis pour hacker ce compte, mais le meilleur des hackeurs avait fait chou blanc.

Je me laissai aller sur mon fauteuil et posai mes pieds sur le bureau. S’il s’agissait de Paco, il était très fort.

J’appelai Kawas. Il entra sans frapper et s’assit face à moi. Je tournai l’écran vers lui. Il lut l’article et haussa les épaules.

— Vous étiez en formation quand c’est arrivé, ça a dû vous échapper.

— Non, je n’ai juste pas fait le rapprochement avec l’archer qui ouvrait les coffres.

— Ce n’est pas nous qui avions l’enquête. Et puis, il n’y a pas eu mort d’hommes. L’association est ravie et a pu garder l’argent, rien ne prouvait qu’il avait été dérobé.

— Nous devons ouvrir l’œil si d’autres évènements de cette sorte arrivent.

— Les transferts de fonds, il y en a tous les jours et jusqu’à présent, il ne s’est rien passé d’anormal.

— Y a-t-il eu des vols identiques ailleurs que par chez nous ?

— Pas que je sache.

— C’est donc une nouvelle façon de procéder. J’ai l’impression que ce Robin des Bois moderne prend l’argent pour le redistribuer.

— Il ne le fait pas avec celui des supermarchés, juste les banques. Vous avez entendu parler de la vente des tableaux du château de la ville d’à côté ?

— Arrête de me vouvoyer Kawas, tu m’agaces. Si tu as quelque chose à me reprocher, parles, vides ton sac une bonne fois pour toutes.

— Que voulait Destrio ?

— Que je protège son fils et que je coffre ceux qui l’ont tabassé, c’est ce que j’ai dit tout à l’heure au Proc. Rien de bien original, tu ferais pareil, si ton enfant s’était fait attaquer chez lui.

— Rien d’autre ? Tu me le promets ?

— Putain Théo, tu me connais quand même ! que veux-tu qu’il me demande ? Personne n’a jamais réussi à coincer Destrio, il ne va pas commencer aujourd’hui à faire des conneries.

— Pour ses gosses, on baisse la garde.

— Alors là, ça m’étonnerait, mais j’y avais pensé. Dans notre métier, nous en voyons des choses pas jolies, et des personnes à qui on donnerait le bon Dieu sans confession qui vrillent. On ouvre l’œil et on veille au grain. Au fait, François Destrée est sorti de l’hôpital. J’étais passé prendre de ses nouvelles tout à l’heure, c’est moi qui l’ai ramené. Il n’était pas de bon poil et était en colère que son père soit venu nous parler. Voilà, tu sais tout !

Je regardai dans les yeux mon capitaine, mais au fond de moi, je n’étais pas fière. Théo se leva, le sourire revenu. J’avais réussi à lui redonner confiance en moi, mais jusqu’à quand ?

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

4 réflexions sur “J’aime un voyou au grand coeur

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