Un héritage empoisonné

Bonjour toi 😉

C’est reparti 😉

Je sais que tu l’attendais… voilà un nouvel épisode.. peut-être 2 😂

Chapitre 18

Le psychiatre Antoine Mercy avait noté tout ce qu’avait raconté Cécilia Joly. Il n’avait montré aucun signe de surprise pour ne pas la déstabiliser et l’empêcher de continuer. Il l’avait écoutée jusqu’au bout.

— Vous comprenez qu’il est vraiment malade ?

— Vous devriez en parler à la police, je vous le répète.

— Vous avez promis Docteur.

Il enregistra son dossier et le fit glisser sur une clé USB, puis il l’effaça de son ordinateur. Il la regarda s’en aller ne sachant que faire. Il y a des jours où il regrettait ce que représentait le secret médical.

— Qu’est-ce que c’est que ça ?

Hubert fit sensation à son arrivée au commissariat.

Hugo et Esteban trouvèrent le chien superbe et l’idée du procureur géniale.

— Je n’ai plus qu’à espérer que Coralie soit d’accord.

— Pour l’instant, faites-lui faire le tour du pâté de maisons qu’il prenne ses marques.

— Commandant, Marteau est à l’accueil. Vous pouvez le recevoir ? 

— Emmenez l’animal, qu’il ne le voit pas ici. Je t’appellerai quand il sera parti.

— Pourquoi ne voulez-vous pas qu’il le rencontre ?

— Je préfère qu’il fasse d’abord connaissance avec les gens qu’il doit protéger, travailler et aimer. Par la suite, j’aviserai.

Esteban s’empara de la laisse et sortit par la porte de secours.

— Tu as déjà bossé avec les chiens ?

— Oui, et le Proc. le savait. Va chercher le toubib, je suis curieux d’apprendre ce qu’il va me raconter.

Marteau entra dans le bureau de Faventiny en pays conquis, ce qui eut le don de mettre immédiatement de mauvaise humeur Daniel. Son mal de tête empira. Avec tout ça, il n’avait pas encore pris de médicament.

— Quand comptiez-vous me l’annoncer que la femme assassinée chez moi n’était pas ma compagne, mais sa sœur jumelle ?

Daniel se massa les tempes. Décidément, il avait l’impression d’avoir toujours un métro de retard avec ce toubib. Son mal de tête le rendait nerveux. Marteau s’en aperçut.

— Vous avez une migraine où je me trompe ? J’emporte régulièrement du paracétamol dans ma sacoche, prenez-en un !

Il sortit un cachet de son emballage et le tendit à Faventiny.

— Merci, je le prendrai tout à l’heure. Pour répondre à votre question… je…

Faventiny s’excusa, il devait respirer à l’extérieur.

Frédéric Marteau regarda Hugo.

 — Il n’avait pas l’air bien. Je repasserai. J’imagine que vous n’avez rien à m’annoncer de plus et que sans la présence de votre commandant, vous n’allez pas parler ?

Cortilla hocha la tête. Le chirurgien se leva et le salua.

— À bientôt.

Daniel respirait à fond. Sa migraine à l’air libre se calmait un peu. Il marchait de long en large sur le trottoir face au commissariat. Il vit sortir Marteau. Il ne le sentait pas ce type. Il saisit son portable. Il afficha le numéro de sa femme et appuya sur la touche.

— Excusez-moi vous avez du feu ?

Un homme moustachu le regardait en souriant.

— Désolé, je ne fume pas.

— Vous pouvez me suivre s’il vous plait ?

Faventiny éclata de rire.

— En général, c’est moi qui dis ça. On s’est déjà vus ?

— Ne faites pas d’histoire Commandant et faites comme si nous étions deux amis.

Daniel n’eut pas le temps de saisir son arme. Il avait toujours son téléphone à la main.

— Suivez-moi Faventiny si vous souhaitez rencontrer celui qui vous ressemble tant.

Une voiture s’arrêta près d’eux. L’inconnu le poussa à l’intérieur, le véhicule démarra.

— Daniel ?

Coralie entendait la conversation. Le portable était tombé dans le caniveau. Elle comprit que le moteur accélérait et plus rien.

Affolée, elle appela son bureau.

Esteban rentrait avec le chien.

— Il n’est pas là, le Commandant ?

— Dehors sans doute. Marteau était là, il est au courant que sa femme avait une jumelle et que c’est elle qui a été assassinée.

— Et alors ?

— Rien, le chef avait très mal à la tête, il est sorti prendre l’air.

Hugo saisit le combiné téléphonique tandis que Esteban toujours accompagné du chien partait à la recherche de son supérieur.

— Hugo Cortilla à l’appareil.

Esteban était à peine sur le trottoir que le Malinois se mit à tirer sur sa laisse. Il eut de la peine à le suivre. Ils traversèrent la route à vive allure. Soudain, Hubert se baissa et attrapa dans sa gueule le portable de Faventiny.

Hugo parvenait à l’entrée quand Esteban revenait, le chien Hubert courant devant lui.

Essoufflé, il tendit le téléphone à son collègue.

— C’est… Hubert… qui l’a trouvé… Le Commandant a…

— Été enlevé oui ! Je sais. Sa femme était avec lui en ligne quand c’est arrivé !

Faventiny était assis dans une pièce relativement agréable. L’inconnu qui l’avait embarqué était face à lui.

— Soyez patient Faventiny, vous allez bientôt être mis au parfum.

Daniel pensa qu’il avait de la chance que sa migraine eut disparu. Il devait être au top de ses capacités pour comprendre ce qui allait se passer. La porte s’ouvrit.

— Alors Commandant ? Quelle surprise de se retrouver se trouver face à son double ?

Daniel écarquilla les yeux, stupéfait. L’effet était bluffant. Il avait face à lui son jumeau. La forme du visage, la coupe de cheveux, la tenue identique et la voix, c’était lui. Il avait eu affaire à des tordus dans sa carrière, mais aujourd’hui, il sentit que c’était différent. Il ne fit aucun commentaire et attendit.

— Vous avez perdu votre langue ?

Comme Faventiny ne répondait toujours pas, son double reprit :

— Vous avez raison, c’est moi qui vais vous parler.

Il désigna l’inconnu qui l’avait emmené.

— Je vous présente Joseph, voici Karl et Richard. Mon équipe, JOKARI. Vous avez certainement dû y jouer n’est-ce pas ? Vous lancez la balle, elle revient… bref je ne vais pas vous expliquer les règles. En gros, tout ce que vous ferez, direz, me sera directement commenté, raconté. Ils seront toujours devant, derrière ou autour de vous. Vous ne les apercevrez pas, ils sont très discrets et se fondront dans les décors. Ils seront informés de tout, vous ne devrez alors pas faire de bêtises, sinon… un gage !

Trois hommes de taille et de morphologies différentes se présentèrent à lui.

— Je vous explique. J’adore jouer. Vous avez dû vous rendre compte que votre femme, vos parents, vos équipes n’ont rien vu. Je sais parfaitement tout de vous. Nous allons donc nous interchanger au gré de mes envies. Je dis bien MES envies. Par exemple, vous irez déjeuner avec vos collègues, vous vous absenterez quelques minutes et je prendrais votre place. Ne froncez pas les sourcils, cela va être très amusant. Évidemment, je n’y connais rien en matière de police, alors… peut-être que vos confrères penseront que vous devenez fou… Par contre avec la gent féminine, je me débrouille assez bien… D’accord, vous m’avez compris, rien qu’à voir votre tête. J’ai cru entendre qu’en ce moment vous avez une drôle d’enquête sur les bras, un double qui veut prendre votre place, une femme de chirurgien assassinée…

Chapitre 19

Il éclata de rire.

— À partir de maintenant, nous sommes deux, vous et moi, mais nous ne sommes qu’un pour les autres. Au fait, je suis heureux que votre migraine ait disparu. Ne vous inquiétez pas, ce médicament a fait ses preuves. Toujours muet ?

Faventiny le regarda.

— C’est dans quel but tout ça ?

— Patience commandant ! Ah ! j’oubliais… votre maison… c’était la mienne auparavant. Je la connais par cœur. Vous aviez aimé mon accueil avec vos draps ? Les sels de bain ? Le chauffage ? Vous pouvez chercher, les voisins qui m’avaient aperçu ont disparu… D’ailleurs, votre jardin est un superbe cimetière, la mare également.

Il se frotta les mains.

— Ne vous avisez pas d’aller faire des fouilles… sinon, le gage qui vous tombera dessus, ne vous fera pas plaisir. Pensez à votre femme, vos parents ! Ce serait dommage qu’il leur arrive malheur non ?

Une fois de plus, il éclata de rire. Mais le silence et le sang-froid dont faisait preuve le Commandant commencèrent à l’agacer.

— Vous n’avez toujours rien à me dire ?

— On se connait ? Je vous ai fait coffrer ?

Son double haussa les épaules.

— Peu importe. Maintenant, vous allez repartir tranquillement chez vous. Je vous abandonne le choix d’inventer votre histoire. N’oubliez pas… JOKARI vous surveille.

À nouveau, il laissa éclata sa joie puis il le quitta. Son rire résonnera longtemps à ses oreilles.

Joseph lui fit signe de se lever.

— Allez commandant, je vous ramène.

Hubert sentit l’arrivée de son maître avant qu’il n’apparaisse. Alors que Hugo Cortilla et Esteban Blaviso étaient au téléphone, ils virent démarrer le chien.

— Tout doux mon beau !

Le malinois le léchait heureux de le revoir. Il le reniflait en poussant de légers gémissements.

— Commandant ? Vous nous avez flanqué une de ces frousses !

Ses deux acolytes se précipitèrent vers lui pour lui serrer la main.

— Calmez-vous, je n’étais pas loin.

— Ta femme ! Appelle — là, elle est aux quatre cents coups ! Tiens, ton téléphone, c’est ton chien qui l’a retrouvé dans le caniveau.

Faventiny le prit et le remit dans sa poche.

— C’est dingue comme ta bestiole est folle de toi. Depuis que tu es parti, elle est couchée à nos pieds. Elle t’a senti arriver bien avant nous.

Daniel caressait Hubert. Celui-ci le buvait des yeux.

— Alors Commandant ? On avait envie d’une petite virée comme ça sans nous ?

Esteban riait alors qu’un homme en blouse bleue entrait dans le bureau.

— Ah pardon !

— Depuis quand le ménage est-il fait dans la journée ?

Hugo allait le pousser hors de la pièce quand son supérieur l’arrêta d’un geste.

— Laisse ! Il vient juste vider les poubelles non ?

Il avait reconnu Joseph. Hubert grogna aussitôt, mais Joseph le regarda. Il approcha sa main et le caressa. Le Malinois se tut. Joseph murmura :

— Tu es bien beau toi, ce serait dommage qu’il t’arrive quelque chose. Je veillerai à ce que ça ne soit jamais le cas, tu as ma parole.

Il leva les yeux vers le Commandant.

— Désolé, de vous avoir dérangé. Je reviendrai plus tard.

Il fit demi-tour et ajouta avant de s’en aller pour de bon :

— Je n’aime pas qu’on fasse mal aux animaux.

Daniel le suivit dans le couloir à la grande surprise de ses collègues.

— Joseph ? Que voulez-vous dire ?

Il se retourna et soupira.

— Commandant, faites gaffe. Tant que vous aurez affaire à moi… Enfin… comprenez que je suis le moins méchant des trois. Mais j’ai besoin d’argent, ma gosse doit subir une opération et…

Il se reprit rapidement, mais murmura tellement bas que Faventiny dut se pencher pour entendre.

— Il n’aime pas les chiens, ce serait une catastrophe…

Il s’en alla.

— Depuis quand discutez-vous avec ceux qui font le ménage, Commandant ?

Esteban le regardait surpris, la porte du bureau ouverte.

Daniel haussa les épaules et répondit :

— Etre gentil avec les animaux ça ne peut pas faire de mal, pas vrai ? Ce n’est pas un boulot facile tous les jours.

Il poussa Esteban dans la pièce et tout en continuant de parler écrivit sur un post-it On nous observe, je ne sais pas comment, mais ne parlez pas boulot ou alors rien d’important. Répondez juste à mes questions.

Esteban fit glisser le papier devant Hugo.

— Je vais appeler ma femme pour la rassurer.

****

— Déconne pas Joseph ! Tu connais les ordres. Moi, je n’ai pas d’état d’âme !

Karl, le plus petit des trois, tout en rondeur, fumait une cigarette sur le balcon. Richard le grisonnant à lunettes, hocha la tête.

— Ouais ! Jo pense à ta fille. Il a raison Karl !

— Vous ne trouvez pas complètement tordue cette histoire ?

— Moi je m’en fous ! J’ai besoin de sous, je prends et je ne me pose pas de questions.

— Et si ça vire au vinaigre ?

— Ce ne sera pas de notre faute. Fais ce que le boss a dit. Tu surveilles. Il dérape, tu balances. D’ailleurs, tu ne devrais pas y être ?

— Non, c’est son tour.

— Regarde bien ton planning, sinon… fais gaffe de ne pas te retrouver entre quatre planches !

Coralie était rentrée chez elle et fut surprise de trouver son mari déjà là.

— Comme ça tu es rassurée ma chérie.

— Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ?

— Rien de bien important. Un indic qui devait me rendre un service.

Elle se pendit à ses lèvres.

— J’ai eu une de ces frousses !

Il savoura le baiser et la serra plus fort dans ses bras.

— J’ai un truc à régler, je suis dans mon bureau.

Le téléphone de Coralie sonna.

— Chérie, je vais arriver. J’ai une surprise pour toi. Je t’envoie un message quand je suis à l’embranchement pour entrer chez nous. Tu pourras m’y rejoindre ?

Coralie s’essuya la bouche avec dégoût !

— Je te présente Hubert !

Coralie caressa le chien qui la lécha aussitôt.

— Chérie, tu vas bien écouter ce que je vais te dire, sans m’interrompre. Si je t’ai fait venir ici c’est pour que nous ne soyons pas dans la maison avec Hubert. Esteban va arriver le chercher d’ici quelques minutes. Lui et Hugo vont s’installer dans une bicoque abandonnée à côté. Ils seront près de nous en cas de besoin. Non, ne t’affole pas. Nous sommes en train de monter un plan. Tu vas continuer ta vie comme d’habitude comme si de rien n’était. Quoiqu’il se passe, tu restes la même. Je sais, ça va être difficile, mais fais-moi confiance, je t’en prie. Je ne serais jamais loin de toi.

Elle se serra contre lui puis trouva ses lèvres. Comment pouvait-il avoir les mêmes ? Elle sentit la nausée monter. 

Coralie rentra seule chez elle.

— Je t’ai cherchée partout, où étais-tu ?

Elle sourit malgré la peur qui l’envahissait. Elle s’imagina face à un cadavre qu’elle ouvrait et garda son sang-froid.

— J’étais dans le jardin. Je pensais que nous pourrions planter des fleurs. Nous avons la chance d’avoir de l’espace maintenant, profitons-en ! Quand nous étions en appartement, nous ne pouvions pas le faire. Tu es d’accord ?

Elle sursauta quand elle entendit un bruit bizarre.

— N’aie pas peur ma chérie ! Avec ce tordu qui peut entrer et sortir comme il veut dans la maison, j’ai trouvé qu’installer la fermeture automatique des portes était une belle idée.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…