Héloïse et Stefano

Bonjour toi 😉

C’est fou comme mon imagination s’est mise en route dès que j’ai commencé à retrouver mes personnages. Me voilà partie dans le monde imaginaire de la grenouille…

Héloïse n’en croyait pas ses oreilles. Charlie lui avait raconté une drôle d’histoire. Elle se demandait même si elle n’avait pas rêvé.

La grenouille serait une sorcière des rivières ! Il n’en fallait pas plus pour que la petite fille s’imagine dans l’eau entourée de batraciens.

Gertrude s’appellerait Nymphaïa et serait étourdie, distraite et ferait pas mal de bêtises, ce qui plaisait bien à Héloïse.

Le problème était que Nymphaïa avait la responsabilité de respecter la pureté de l’eau et à cause de sa distraction, elle oublia la poudre de sorcière qui devait traiter les rivières. Celles-ci empoisonnèrent peu à peu les poissons et les plantes aquatiques.

Fort heureusement, Straurius, alerté par les foisonnements des mauvaises herbes, des plaintes des fées et lutins et le manque de floraison comprit rapidement la faute commise.

Il réussit à rétablir l’ordre de la nature ce qui prit un certain temps et occasionna des retards et engendra une baisse de moral générale dans le petit monde.

En punition, il obligea Nymphaïa à plonger dans l’eau croupie. Pour se faire pardonner de cette négligence qui avait rendu furieux le roi des océans, il autorisa celui-ci à la baptiser de ce prénom de Gertrude et la transformer en grenouille.

Straurius, pour ne pas la punir à tout jamais, l’informa qu’elle retrouverait sa forme normale à condition qu’elle embrasse un humain, ce qui n’était pas chose aisée.

Grâce à Arthus qui avait pitié d’elle, elle eut la chance d’aller dans l’autre monde, mais le chat n’avait jamais pensé qu’elle voudrait embrasser Joe.

Charlie, persuadée que Straurius avait imaginé ce plan dans le but qu’elle revienne pour toujours dans son monde était très en colère. Voilà pourquoi, elle avait tout raconté à sa fille, afin de briser la promesse faite au grand sorcier.

Sans faire de bruit, alors que la lune n’en était qu’à son premier quartier, Héloïse sortit de la maison. Elle avait bien fait attention que la porte ne grince pas. Elle se dirigea vers la grange. Les chèvres levèrent la tête et les deux vaches couchées cessèrent de mâchonner, surprises de voir quelqu’un débouler chez elle à cette heure de la nuit.

Héloïse appela doucement la grenouille, mais celle-ci n’apparut pas.

— Ce n’est pas la peine de te cacher, dit plus fort Héloïse. Maman m’a dit qui tu es et je suis certaine que tu m’entends de là où tu es.

— Ne fais pas autant de bruit, tu fais peur à tout le monde.

Gertrude arriva en sautant devant la gamine en pyjama.

— Alors comme ça, tu sais qui je suis. Génial, tu vas pouvoir m’aider.

— C’est vrai que tu ne fais que des bêtises ?

Héloïse se laissa tomber près de la grenouille.

— Moi, aussi, je suis distraite et étourdie. Heureusement que maman n’est pas autant méchante que ton sorcier. Tu sais, je l’ai déjà vu. Il est beau.

— Hum ! comment vas-tu m’aider ?

— Je vais parler de toi à Stefano, je suis certaine qu’il voudra.

Gertrude sauta sur une botte de paille et toisa la gamine.

— C’est ton frère ?

— Presque, si tu l’embrasses, ça va le faire ?

— Moi, je préférerai ton père.

— Papa Joe n’est pas mon père.

— Pourquoi tu l’appelles papa alors ?

— Parce que Joe tout court, ça faisait drôle. C’est presque mon papa.

— Vous êtes bien compliqué vous les humains.

— Tu ne crois pas que tu l’es aussi ? Quelle idée d’être en grenouille alors que tu es une sorcière des rivières ! Je serai à ta place, je ne la ramènerai pas. Donc, tu es d’accord ?

— Va pour le gamin en espérant que ça marche !

— Comment ça tu veux que j’embrasse la grenouille ? Ça ne va pas dans ta tête ?

Le lendemain matin, sur le chemin de l’école, Stefano n’en croyait pas ses oreilles.

© Isabelle-Marie d’Angèle (avril 2024).

À très vite…

Une histoire sortie du tirage de dès

Bonjour toi 😉

Mots à placer : Cochon à la broche, diable, maison, carafe, coffre, bateau, puits, homme à la lanterne, funambule.

La fête au village

C’était la fête au village comme chaque année. Sur la place décorée pour l’occasion, de longues tables étaient installées. Les fenêtres des maisons qui l’entouraient étaient ouvertes et le parfum du cochon qui rôtissait à la broche depuis tôt le matin, embaumait les cuisines.

Chacun apportait sa vaisselle et ses nappes sorties des coffres qui renfermaient des trésors d’antan. De belles carafes attendaient qu’on les remplisse de vin et en l’honneur de ce banquet, le puits qui trônait au centre avait fait peau neuve. Sa margelle poncée et nettoyée accueillait aujourd’hui de grandes jardinières de géraniums.

Cette année, le comité des fêtes s’était démené pour  distribuer du bonheur et de la joie dans les yeux des enfants. Il avait décidé que les habitants devaient se costumer. C’est pourquoi on pouvait voir déambuler au milieu des tables, un homme avec une lanterne qui ressemblait étrangement à un nain du conte de Blanche-Neige. Un diable rouge tournait autour des braises et un marin cherchait désespérément son bateau. Un fil était tendu entre deux réverbères. Un funambule s’y entrainait avant le spectacle prévu dans la soirée.

Gageons que la fête sera belle et que chacun en gardera un souvenir inoubliable.

© Isabelle-Marie d’Angèle (mars 2024).

À très vite…

Héloïse et Stefano

Bonjour toi 😉

Les épisodes précédents sont ici

— Non mais j’te jure, tu ne pouvais pas faire attention !

Arthus perché sur le rebord de la fenêtre fixait Gertrude.

— C’est qu’elle est très forte la petite sorcière, grommela de sa voix rocailleuse la grenouille. Et puis, je ne suis plus toute jeune et je n’avais pas mes lunettes, je ne l’ai pas aperçue tout de suite. Elle m’a surprise.

Le chat se fendait la poire en deux.

— Des lunettes ? Tu m’en diras tant ! tu es une sorcière toi aussi, tu es donc immortelle et le temps n’a pas de prise sur toi. Dis plutôt que tu es restée sous le charme de Joe.

La grenouille ne répondit pas et s’en alla clopin-clopant près du nénuphar qui était sa maison.

Arthus la rejoignit sur la rive et entreprit de faire sa toilette. Ils étaient tous deux dans l’autre monde et le chat qui avait suivi toute la scène depuis en haut, commençait à se demander s’il n’avait pas fait le mauvais choix.

— Ce n’est pas de ma faute si Straurius m’a jeté ce sort. Je suis condamnée à être cet animal jusqu’à ce…

— Un humain t’embrasse et évidemment tu as pensé à Joe. Quel crétin je suis ! Mais je n’avais que toi sous la main et j’imaginais que tu étais assez petite pour ne pas te faire remarquer. Je n’allais quand même pas envoyer Auguste.

Tous deux ricanèrent. Le dénommé Auguste était un âne, mais comme tous ceux de son espèce, il n’en faisait qu’à sa tête.

Héloïse tournait autour de Charlie qui faisait celle qui n’entendait rien.

— Puisque je te dis que j’ai vu une grenouille et qu’elle discutait avec papa Joe.

Charlie soupira. Elle ne devait absolument pas entrer dans le jeu de sa fille et surtout il fallait qu’elle oublie cette histoire idiote.

— Tu sais bien Héloïse que ces animaux ne parlent pas, à part leurs coassements ridicules qui me font peur.

— Je sais que tu en peur maman, mais je te promets que c’est la vérité. Peut-être que c’est une princesse qui attend le baiser d’un prince charmant pour redevenir une humaine.

Charlie qui dessinait stoppa son geste. Impossible ! il ne pouvait pas avoir fait ça ! Aussitôt, elle ferma son esprit, il ne devait pas savoir.

— Alors, tu me crois ?

Héloïse ne lâchait pas prise. Charlie capitula et demanda à aller voir cette petite bête.

— Elle a disparu, je n’arrive pas à la retrouver. Elle était dans la grange avec les chèvres, Papa Joe ne l’a pas revue.

— Lui a-t-il parlé ?

— Je crois que oui.

Charlie sourit à sa fille et abandonna ses dessins.

— Viens donc me montrer cette grenouille.

Gertrude quitta son nénuphar d’un bond.

— Alerte, Shearah m’a reconnue.

Arthus continua sa toilette comme si de rien n’était.

© Isabelle-Marie d’Angèle (mars 2024).

À très vite…

Héloïse et Stefano

Bonjour toi 😉

Jour des enfants, que se passe-t-il chez Héloïse et Stefano ? Ici tu retrouveras les épisodes précédents 😊.

Héloïse et Stefano partaient toujours tous les deux à l’école et ils revenaient ensemble. Alors que la petite fille ne cessait de bavarder, Stefano répondait par monosyllabe. Depuis qu’il avait découvert qui était vraiment Charlie et Héloïse et qu’en plus, il devait tenir sa langue, c’était compliqué pour le gamin de rester naturel en présence d’elles deux. Aussi, de peur de se laisser emporter par les questions, il parlait peu.

— Tu es fâché après moi ?

Héloïse s’était arrêtée au milieu du chemin et les poings sur les hanches, elle regardait le garçon.

Aussitôt, il répondit :

— Pourquoi tu dis ça ? Je réfléchissais aux devoirs que je vais avoir à faire, c’est tout.

Elle se contenta de la réponse et se remit en route. Ils étaient arrivés, l’une rejoignit sa maman et l’autre son père qui s’occupait de ses chèvres. Le chevreau né il y quelques jours se portait bien.

Alors que Joe embrassait son fils et demandait si tout s’était bien passé à l’école, une voix rocailleuse les surprit.

— Quand même, j’arrive à vous trouver tous les deux.

Ils se retournèrent en même temps, mais ne virent personne.

Un éclat de rire résonna dans la grange.

— Je suis à vos pieds et toute petite.

Sur le sol, une grenouille les contemplait de ses yeux globuleux.

— Je m’appelle Gertrude et je viens de la part d’Arthus.

Jo sourit. Charlie avait une peur bleue de ces batraciens, elle ne s’en approcherait pas.

— Ohé, où êtes-vous ?

Héloïse déboula en courant et stoppa net devant Stefano et Joe.

— Vous parliez avec qui ? J’ai entendu une drôle de voix.

Joe haussa les épaules.

— Peut-être le chevreau qui bêlait pour appeler sa mère

Aussitôt, un cri rauque retentit.

— Il est trop mignon.

Héloïse s’approcha de l’endroit où se tenait l’animal qui cherchait à téter.

Joe baissa les yeux et rencontra ceux de la grenouille qui à sa grande surprise lui fit un clin d’œil. Stefano faillit éclater de rire.

C’était sans compter sur les pouvoirs d’Héloïse qui même si elle était encore jeune, avait ressenti une présence magique.

— Où te caches-tu ? Je sais que tu es là. Qui es-tu ?

Gertrude disparut. Joe et Stefano regardèrent Héloïse fouiller partout.

— Je suis sûre qu’il y avait un animal que vous ne voulez pas me montrer.

Elle allait taper du pied quand un chat gris se faufila entre ses jambes.

— Mais d’où viens-tu toi ?

Il ronronna contre elle. Elle allait le prendre dans ses bras, mais il ne se laissa pas faire et s’enfuit.

— Encore le chat du voisin sans doute, ronchonna Joe. Il se cache souvent ici.

Héloïse courut après lui.

Les deux complices se regardèrent.

— Ouf, on a eu chaud, dit Stefano.

— Oui, heureusement que j’ai plus d’un tour dans mon sac.

Gertrude était réapparue.

— Ah ! je savais bien !

Ils n’avaient pas vu revenir Héloïse qui contemplait la grenouille.

— C’est toi qui parles avec cette voix bizarre ? Tu es trop mignonne. De quel monde viens-tu ? Es-tu un prince charmant ou une princesse ?

Elle voulut attraper Gertrude, mais celle-ci disparut à nouveau.

— Maman maman, il y a une grenouille qui parle !

Elle partit en courant.

— Et ben ça commence bien ! murmura Stefano.

© Isabelle-Marie d’Angèle (février 2024).

À très vite…

Une histoire sortie du tirage de dès

Bonjour toi 😉

Nouveau tirage 👇

Texte à créer avec les mots château, appareil photo, sac, singe, lasso, tête de morts, loup, bécher, hache.

Urbex

Megan, adepte de l’urbex et globe-trotteuse dans l’âme ne partait jamais sans son appareil photo pendu à son cou.

Avec Rémi, ils s’étaient donné rendez-vous devant le château, prestige du petit village.Grâce à lui, l’été, des groupes débarquaient d’un bus pour le visiter.

Rémi l’ayant rejointe, les sacs à dos remisés dans le coffre de la vieille 4L, ils se mirent en route, lui au volant.

Ils avaient repéré à quelques kilomètres de là, une bâtisse en ruines. Quand ils descendirent du véhicule, ils remarquèrent aussitôt le panneau représentant une tête de mort. Ils se concertèrent du regard et après quelques hésitations, ils entrèrent dans une pièce qui devait servir de laboratoire. Sur un vieux plan de travail, des béchers les narguaient. Ils avaient gardé un liquide noirâtre dans leur fond. Sans aucun doute, les personnes qui travaillaient là devaient s’adonner à des expériences sur des animaux, à en croire les photos de petits singes ressemblant à des capucins, accrochés sur des portes. Une en particulier retint leur attention, le regard de la petite bête semblait leur demander de l’aide.

Écœurés et toute bonne humeur envolée, ils firent demi-tour. Leur virée tournait au cauchemar. Ils remontèrent dans la vielle 4L, mais un homme sur la route se mit en travers et leur fit signe. Il tenait un lasso et une hache dépassait de son sac accroché à son épaule. Intrigué, Rémi baissa la vitre.

— C’est interdit d’aller là-bas. Vous avez eu la frousse hein ? Je le vois dans vos yeux. C’est connu comme le loup blanc qu’il se passait des trucs bizarres là-dedans, mais… je suis sûr que si vous y retourniez maintenant, vous ne verriez plus la même chose.

Il éclata de rire et continua son chemin.

Rémi regarda son amie. Ni une ni deux, ils firent demi-tour. La pièce était telle qu’il l’avait vue auparavant. Ils entendirent alors l’éclat de rire de l’homme.

Ils prirent leurs jambes à leur cou et sans demander leurs restes reprirent la 4 L et foncèrent aussi vite qu’elle le pouvait.

© Isabelle-Marie d’Angèle (février 2024)

À très vite…

Une histoire sortie du tirage de dés

Bonjour toi 😉

Je lance les dès du jeu Story Cubes.

Je raconte l’histoire 😉.

À très vite…

Héloïse et Stefano

Bonjour toi 😉

C’était la pleine Lune et comme elle l’avait promis, Charlie alias la sorcière Shearah, repartait dans son monde. D’ordinaire tout se passait bien. Elle faisait en sorte que les enfants et Joe soient allés se coucher.

Ce soir-là, les deux garçons participaient à un concours de belote. Joe avait initié son fils à ce jeu de cartes et le gamin aimait profiter de son père. Aussi, dès qu’au village cett manifestation avait lieu, ils y allaient. Charlie n’avait pu les empêcher de partir et du coup, elle n’avait pu les endormir pour qu’elle puisse s’envoler sans éveiller leurs soupçons.

Rien ne se passait comme prévu, Héloïse avait mal au ventre et ne voulait pas aller se coucher. Elle ronchonnait quand Joe et Stefano sortaient tous les deux, elle était un peu jalouse de la complicité entre le père et le fils. Depuis quelque temps, elle avait l’impression d’être mise à l’écart des jeux avec Stefano. Elle avait bien tenté d’en parler à sa mère, mais celle-ci lui avait répliqué qu’elle se faisait des idées, qu’elle n’avait rien remarqué d’anormal. Ce qui était faux. Charlie sentait bien que quelque chose clochait.

Charlie savait que si elle ne respectait pas sa promesse, elle pourrait provoquer la colère de Straurius. Aussi, elle ferma les yeux et l’invoqua. Elle espérait qu’il l’entendrait.

— Qu’est-ce que tu fais maman ?

Charlie sursauta. Héloïse s’était glissée près d’elle et la regardait. Elle n’eut pas le temps de fermebloquer son esprit et Straurius s’imposa à elle lui intimant de le rejoindre. Rapidement, elle répondit qu’elle ne pouvait pas laisser sa fille. Elle espérait qu’il comprendrait.  

— Rien, je me reposais un peu les yeux, répondit-elle à sa fille.

— Tu étais toute drôle !

Charlie ne releva pas. Un vent s’était levé.

— C’est quoi ce bruit ?

Charlie réalisa immédiatement que Straurius n’était pas content qu’elle rompe son serment. La voix de stentor du sorcier résonna dans son esprit :

— Une promesse doit être respectée, tu connais les règles. Ta fille dormira jusqu’à ce que tu reviennes.

Charlie n’eut pas le temps de réagir qu’Héloïse s’envolait pour s’installer dans son lit. La jeune femme ne put que revêtir sa tenue d’apparat et disparaitre.

**********

— Tu as vu ? s’exclama Stefano.

Le père et le fils avaient prétexté un concours de belotte, mais il n’en était rien. Cela faisait plusieurs jours que tous deux surveillaient Charlie et Héloïse et ils n’avaient rien remarqué d’anormal jusqu’à ce soir.

Joe entra en trombe dans la chambre d’Héloïse. Celle-ci dormait paisiblement. Il n’osa pas la réveiller, il retrouva Stefano qui l’attendait dans la cuisine.

— Je t’avais dit que c’était une sorcière !

Joe se gratta la tête, il ne croyait pas en ces choses-là. Pourtant, ce qu’il venait de voir dépassait l’entendement.

— Tu penses que ça a un rapport avec la pleine lune ?

Stefano était planté devant la fenêtre et contemplait l’astre qui s’étalait dans un ciel bien dégagé. Son père faillit éclater de rire. Un coup d’œil jeté à son fils le retint.

— Demain, nous irons tous les deux à la bibliothèque et chercherons un bouquin sur les sorcières et leurs rituels.

— Je ne te dis pas la tête que va faire la dame à l’accueil, tu n’y mets jamais les pieds et en plus quand tu t’y pointes c’est pour parler de sorcière. Elle va se moquer de nous. Je vais retrouver le livre d’Héloïse et…

— Ce n’est pas la peine !

Ils sursautèrent tous les deux. Un chat noir les regardait. D’où arrivait-il ? Est-ce lui qu’ils avaient entendu ?

— Je vais tout vous expliquer puisque vous êtes bien curieux !

Il leva sa patte et en un éclair, Joe et Stefano virent défiler le monde de Charlie, qui elle était réellement, ce qui s’était passé il y a quelques mois, la promesse faite à Straurius, la formation d’Héloïse qui était elle aussi une sorcière.

— Si je suis ici, c’est parce que la prêtresse Isaulya me l’a permis. Vous devez toutefois prêter serment sur ce livre, jamais vous ne devrez révéler ce que vous avez appris. Isaulya a pensé que tous deux en étaient capables.

— Si elle est sorcière, elle le comprendra immédiatement, murmura Joe qui sentait le mal de tête le gagner.

— Héloïse pareil ! renchérit Stefano.

— Fermez votre esprit, répliqua Arthus.

Il réalisa aussitôt que ça ne voulait rien dire pour les deux mortels à voir leurs sourcils se froncer.

— D’accord d’accord, je vous aiderai. Je vais vous envoyer un ami à moi, vous le découvrirez bien assez tôt, qui saura vous guider.

— Charlie le connait et Héloïse ? demanda le garçon.

Stefano et Joe jurèrent que le chat riait.

— Faites-moi confiance.

Il leva sa patte vers eux et disparut.

© Isabelle-Marie d’Angèle (janvier 2024).

À très vite…

Elsbeth Isobel et Héloïse

Bonjour toi 😉

Voici la fin de l’histoire. Décembre avance à grands pas et je me devais d’être prête pour te préparer comme l’an dernier, mon calendrier de l’Avent dès le 1er décembre.

Arthus se hérissa et doubla de volume puis il sauta au sol pour aller se planquer sous un meuble. Le regard de Charlie étincela et un écran de glace se matérialisa autour d’elle. Stupéfait, Joe voulut s’en approcher, d’un geste, elle le statufia.

Arthus se coucha et posa ses pattes sur les oreilles.

Je vis le grand sorcier tendre les bras vers ciel et lever la tête et j’eus peur. La colère de Straurius était légendaire et je craignais pour Stefano et Héloïse, mais stupéfaite, je découvris mon père baisser les bras et un sourire se dessiner sur ses lèvres.

Je compris à son visage qu’il parlait avec quelqu’un, mais je ne pouvais pas entendre ses paroles.

— Enfin, tu acceptes de discuter, Shearah !

Charlie usait de tout son pouvoir pour forcer le sorcier à l’écouter. Elle réussit à franchir toutes les barrières de son esprit pour lui parler.

— Straurius, je t’en prie, tu ne peux pas me séparer de ma fille.

— Il n’en a jamais été question, Shearah, pour qui me prends-tu ?

Interdite, elle faillit perdre sa concentration. Elle l’entendit rire.

— Allons, allons, ne te donne pas autant de mal, si tu es parvenue à m’atteindre, c’est que j’étais d’accord. Te rappelles-tu notre connexion hors norme ? Tu es une très grande sorcière Shearah, c’est pour cette raison que je t’en ai autant voulu. Héloïse a les mêmes dons que toi, peut-être davantage, c’est une nouvelle génération qui arrive !

Voici ce que je te propose : Viens la rechercher, pas besoin de Senu pour la ramener, elle et son petit compagnon. Il aurait suffi que tu me fasses confiance et me le demandes, j’aurais accepté. Crois-tu que je sois devenu un monstre ?

— Me laisseras-tu repartir ?

— À une condition, Shearah.

— Laquelle ?

— Ne sois donc pas si inquiète ! Tu devais bien te douter qu’il y aurait un prix à payer, celui-ci ne sera pas difficile. À chaque pleine lune, tu devras quitter ton monde pour passer quelque temps dans le nôtre. J’espère que tu n’as pas oublié que tu es la fée des oiseaux ? Je ne peux pas pallier ton absence. J’ai fait ce que j’ai pu ainsi que mon adjoint Harow et…

Il s’interrompit et respira plus vite. Il venait de l’entendre rire. Qu’il lui avait manqué ce son cristallin qu’elle seule possédait. Il reprit :

— Pourquoi ris-tu ?

— Harow ? Ton adjoint ? Est-il toujours aussi étourdi ?

Straurius riait. Je n’arrivais pas à en détacher mes yeux. Il avait constamment un air impassible et grave avec nous. Qui donc avait un tel pouvoir ?

— Ta tante.

Je n’avais pas vu ma mère se matérialiser.

— Ma sœur a toujours eu une grande complicité avec son beau-frère. Elle seule parvenait à lui faire perdre cet air, d’ailleurs, elle s’en moquait ouvertement.

Je me demandai quel lien pouvait-il y avoir entre mon père et elle et pourquoi, s’ils étaient si complices, avait-il choisi sa sœur.

Je n’avais pas verrouillé mon esprit et je vis Isaulya sourire.

— Il n’a jamais été amoureux d’elle, c’est un beau roman d’amité entre eux. Il m’a préférée parce qu’il m’aimait tout simplement.

— Tu n’as jamais été jalouse d’elle ?

Elle arqua ses sourcils impeccablement dessinés.

— Quel horrible mot, Elsbeth Isobel ! Dois-je te rappeler que ce sentiment est banni de notre monde ? J’aime ma sœur et j’ai respecté son choix. J’espère qu’elle va accepter ce que va lui demander ton père.

Surprise, je compris qu’elle savait ce qu’ils se racontaient. Une fois de plus, elle répondit à ma place. Décidément, je devrai faire d’énormes progrès pour interdire l’intrusion dans mon esprit.

— Je les connais tous les deux et ils étaient très forts à ce jeu. Je me doutais bien qu’elle allait lui parler par ce biais.

— Tu n’as pas répondu à ma question ? Acceptes-tu ma demande ?

— Il semble que je n’ai pas le choix pour revoir ma fille.

— Shearah, suis-je donc si horrible ? C’est l’autre monde qui t’a rendue si négative ?

— C’est d’accord, je reviendrai à chaque pleine lune et assisterai à la grande célébration parce que j’imagine qu’elle existe toujours.

— Tu seras alors une sorcière chez les humains, je te l’accorde, mais jamais tu ne devras le révéler. Tu pourras continuer à pratiquer à chaque nouvelle lune et à chaque pleine lune, je t’attendrai. Concernant l’éducation d’Héloïse, je compte sur toi pour en faire une sorcière digne de ce nom. Nous patienterons jusuq’à ses 10 ans pour que tu l’emmènes avec toi. D’ici là, tu ne lui parles de rien et je souhaite qu’elle oublie tout ce qui s’est passé ces jours-ci. De même pour ton compagnon, fais le nécessaire pour qu’il ne sache plus qui tu es. Tu reprends ta vie normalement avant notre venue. Ah ! j’oubliais… concernant ce livre… je te laisse libre de ton choix pour le petit Enzo… Je sais que tu es une grande sorcière pleine de bon sens et de ressources. Autre chose, en tant que dame des oiseaux, tu aurais pu faire confiance à Senu.

Elle l’entendit rire. Elle crut que c’était terminé, mais il reprit :

— Je t’attends, viens donc chercher ta fille

Il ferma son esprit. Elle ne put lire à quel point il était heureux et le sentiment étrange qui l’habitait.

Arthus sortit de sa cachette et sauta sur son épaule. Dès lors, elle sut qu’il l’accompagnerait. L’écran de glace se brisa. Elle embrassa Joe longuement et tendrement. Il ne la vit pas disparaitre. Pour lui, c’était une journée comme les autres. Il rejoignit son tracteur et reprit ses activités comme si de rien n’était.

Heureusement que Stefano s’était effondré épuisé sur le lit, il ne vit pas apparaitre Shearah que lui appelait Charlie. Qu’elle était jolie avec cette robe de sorcière !

Je regardai ma mère lui tendre les bras et essuyer furtivement une perle de diamant. Héloïse ébahie de découvrir sa maman ainsi était subjuguée par sa beauté.

Je me tournai vers mon père.

Pas un muscle de son visage ne bougeait. Shearah s’inclina devant lui. Il restait le grand sorcier de notre monde, elle lui devait le respect.

Arthus sauta dans mes bras et se mit à ronronner de contentement. Machinalement, je le caressai.

Il devait être sacrément chamboulé Straurius pour laisser ainsi ouvert son esprit. Je captai aussitôt sa joie de retrouver Shearah… je sentis aussi leurs battements de cœur à l’unisson… ça ne dura qu’un instant, l’esprit se ferma à double tour. Je compris que c’était un secret et qu’il ne devrait jamais être dévoilé.

Shearah saisit sa fille, Stefano tombant de sommeil ne sut pas ce qu’il lui arrivait.

Straurius posa la main sur l’épaule de Shearah, leurs yeux se soudèrent, puis il murmura : va et n’oublie pas ta promesse. Nous t’attendrons.

Isaulya se joignit à son mari et Shearah disparut emmenant avec elle les enfants.

Je sentis la détresse de mon père, elle ne dura qu’un instant, mais assez pour que je la ressente. Il saisit les doigts de ma mère et les baisa.

FIN

© Isabelle-Marie d’Angèle (novembre 2023).

À très vite…

Elsbeth Isobel et Héloïse

Bonjour toi 😉

Héloïse n’en revenait pas. La petite sorcière de son livre était là, elle allait entrer dans sa maison. Ce qu’elle n’avait pas prévu c’était que ses parents soient avec elle. À ce qu’elle en avait lu, le grand sorcier n’était pas facile. Elle réalisa alors que la tempête venait peut-être de lui.

Elle chercha sa mère des yeux, mais elle ne la trouva pas. Charlie avait disparu.

La porte s’ouvrit et elle entendit Joe les inviter à entrer.

—  Charlie ?

Stefano qui n’avait rien compris à l’attitude de la jeune femme, elle qui était toujours prête à aider les gens et ravie de recevoir, s’était éclipsée sans un mot, comme si elle connaissait ces personnes et ne voulait pas les rencontrer.

—  Elle doit être dans son atelier.

Joe fronça les sourcils, mais ne dit rien.

—  Je vous offre un café pour vous réchauffer ?

Un café ? Mes parents n’en consommaient pas, ça n’existait pas dans notre monde. Les seules boissons étaient le nectar des fleurs arrosées de différents parfums. Je regardais Héloïse. Qu’est-ce qu’elle était mignonne ! le garçon n’était pas mal non plus, mais il n’avait rien d’un sorcier. Je sentais en lui, une peur sourde. Son père, par contre, était très détendu. Les sorciers et les histoires surnaturelles lui passaient au-dessus de la tête et il n’y croyait pas du tout. J’espérais que Straurius en tiendrait compte.

Je pus m’approcher de la gamine grâce à Arthus qui m’échappa et alla se frotter contre ses jambes. Hélas, un énorme Terre-neuve déboula aussitôt et se planta devant lui en grognant. Mon chat se hérissa et doubla de volume en un clin d’œil.

J’eus la présence d’esprit d’éclater de rire, de saisir mon félin et de passer ma main sur le dos du chien, qui se calma immédiatement. Je captai alors le regard de ma mère qui me remerciait, j’avais évité le pire. Straurius ne tolérait aucun débordement dans le comportement des animaux. Chez nous, tous se côtoyaient sans haine.

Il prit d’ailleurs la parole de sa voix grave et posée.

— Nous n’allons pas vous déranger plus longtemps, merci de votre accueil. Elsbeth Isobel ?

Je n’eus pas le loisir de réagir, Stefano m’interrogeait et je sentis aussitôt sa peur.

— C’est ton prénom ? Comme dans le livre d’Héloïse ? Tu es la petite sorcière ?

Je vis sur son visage la stupeur puis la frayeur l’envahir. Il cria à son père :

— Vite, sauve — toi papa, ils vont nous faire du mal.

Heureusement que Joe eut la présence d’esprit d’expliquer aussitôt tout en attrapant son fils par le bras :

— Mon gamin a beaucoup trop d’imagination, excusez-le.

Il se tourna alors vers Héloïse.

— Ma compagne est arrivée dans nos vies avec sa petite Héloïse que voici et celle-ci adore raconter des histoires. Si vous n’habitez pas loin, Elsbeth Isobel pourrait venir partager un après-midi ?

— Ce serait une excellente idée en effet, mais je vous propose plutôt le contraire, Héloïse ? Veux-tu nous accompagner ? Je te promets de belles surprises.

Straurius avait changé de ton. Arthus coucha ses oreilles. Je vis Héloïse s’approcher du grand sorcier et saisir sa main, je compris qu’elle ne maîtrisait rien. En un quart de seconde, une magnifique femme apparut, les yeux horrifiés, elle tendait le bras pour la récupérer en hurlant, j’entendis le rire de mon père et… je me retrouvai dans mon monde, Héloïse à mes côtés.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2023).

À très vite…

Héloïse n’aime pas l’école

Bonjour toi 😉

Les enfants différents, ça existe. Ici, c’est une histoire magique que j’ai voulu écrire. Héloïse a des dons particuliers comme sa maman Charlie. Il est évident que dans notre monde, c’est un peu compliqué…

Je prépare ainsi la venue du mois d’octobre avec mes petites sorcières.

— Je ne veux pas retourner à l’école. Les autres se moquent de moi, même la maitresse ne comprend rien.

Le mois de septembre était à peine commencé qu’Héloïse ne cessait de dire qu’elle n’aimait pas l’école. Les années précédentes, tout s’était relativement bien passé même si les maitresses signalaient régulièrement son inattention, son étourderie, sa tendance à rêvasser. Stefano entrait en CE1, Héloïse était en grande section de maternelle, elle s’y ennuyait. Elle déchiffrait les livres, elle soufflait quand il lui était demandé d’écrire son prénom, on croyait toujours qu’elle n’y arriverait pas, elle savait très bien le former en lettre attachée alors que les autres élèves peinaient à réussir la consigne.

Les deux établissements étant voisins, les deux enfants rentraient ensemble à pied. Les jours où il pleuvait, Joe ou Charlie venaient les récupérer.

Stefano avait donc l’habitude d’entendre sa sœur d’adoption se plaindre de tout. Lui, qui finalement avait retrouvé ses copains avec plaisir et oublié son vœu de ne plus retourner à l’école, ne la comprenait pas.

— Tu veux que je te raconte ? Aujourd’hui, j’ai dessiné un papillon. Il était vraiment joli et comme je ne voulais pas qu’il reste prisonnier sur ma feuille, je me suis levée et suis allée ouvrit la fenêtre. La maitresse m’a disputée parce qu’on ne doit pas faire ça dans la classe sans demander la permission, je lui ai expliqué. Elle s’est fâchée et m’a dit que je racontais n’importe quoi. Regarde, il est encore dans mon cahier, on le libère maintenant ?

Stefano n’osa pas la contredire, il arrivait souvent que la petite fille l’embrouille avec ses fantaisies. Parfois, il se faisait du souci pour elle, il pensait que peut-être elle était malade. Ce n’était pas normal d’avoir des idées comme ça.

Ils n’étaient pas loin de la maison, aussi le gamin proposa qu’elle fasse ça dans la cuisine avec Charlie.

Héloïse courut en criant :

— Maman, viens voir ! Tu vas comprendre pourquoi je ne veux pas retourner à l’école.

Charlie, occupée à dessiner pour une commande d’illustrés pour enfants, leva pourtant la tête et abandonna ses crayons.

Héloïse sortit son cahier et chercha le papillon.

— Tu sais bien que je ne peux pas le laisser prisonnier ?

Joe qui venait de les rejoindre regarda Stefano qui haussait les épaules.

— Tu ne dis rien Maman ?

Charlie éluda la question.

— Si tu veux bien ma chérie, nous ferons ça tout à l’heure, j’ai un travail à terminer. Vous n’avez pas envie de goûter ?

La jeune femme se leva et prépara en un tour de main, pain et confitures. Les enfants s’attablèrent, elle reprit son dessin et Joe après lui avoir piqué un baiser, s’en retourna dans le jardin.

C’est bien plus tard, au moment du câlin du soir, que Charlie serra sa petite fille dans les bras et murmura à son oreille :

— Tu veux bien que je regarde ton papillon ?

Aussitôt Héloïse sortit son cahier puis alla ouvrir la fenêtre.

Charlie s’approcha avec Héloïse et le tendit vers le ciel… L’insecte prit son envol d’un coup d’aile. Héloïse applaudit et se blottit contre sa maman.

— J’avais raison tu vois, la maitresse ne comprend rien.

Charlie posa la main sur la tête de sa fille et soupira. Ces pouvoirs venaient de la grand-mère de la jeune femme. Charlie ne pensait pas qu’Héloïse en aurait hérité aussi tôt…

© Isabelle-Marie d’Angèle (septembre 2023)

À très vite…