Jeux d’écriture

Bonjour toi 😉

Je te mets la musique du moment ainsi nous sommes connectés 🎶

C’est le jour de l’atelier d’écriture chez Marie ici et voici la consigne à laquelle je me suis attelée 😊 : Je vous invite à écrire un texte avec 5 mots commençants par “par” et les mots suivants : allié, hémisphère, impact, taxi, héliotrope, chance, envol, affirmatif, créole.

le parapluie rouge à pois blancs

Il était une fois un parapluie, rouge à pois blancs (pas noirs, parce qu’on aurait pu le prendre pour une coccinelle) qui s’ennuyait, accroché au paravent de la chambre de Lou parce qu’il faisait toujours soleil comme on dit dans le midi.

– Ne te plains pas se lamenta le parasol, je sors tous les jours et regarde mes couleurs, elles sont toutes passées à force de rester pendant des heures en plein cagnard.

Décidément, la vie était mal faite. Entre l’un qui ne pouvait pas respirer le bon air et l’autre qui était souvent en promenade.

Le parapluie se tortilla dans tous les sens et finit par tomber au sol. Il se redressa et s’ébroua. Il avança en clopinant vers la fenêtre et constata que le ciel était plus nuageux que d’habitude.

– Tu sais quoi ? Cache-toi, aujourd’hui c’est moi qui te remplace. Pour une fois, nous serons alliés au lieu d’être rival.

– Affirmatif, répondit en riant son acolyte et il rampa jusque sous l’armoire où il se glissa.

Lou entra en trombe dans sa chambre. Elle avait appelé un taxi, pas question d’être en retard. Elle saisit sa liste de courses et murmura :

– D’abord la parapharmacie, j’ai besoin de crème solaire.

Un tantinet maniaque, elle ramassa le parapluie sur lequel, elle avait failli marcher. Elle voulut le raccrocher à sa place, mais il se contorsionna et gémit :

– J’ai envie de sortir moi aussi. S’il te plait, fais-moi prendre l’air !

Cartésienne au possible, Lou se massa le front. La musique du voisin vint alors parasiter ses idées. Elle devait être fatiguée ou c’était encore un tour de son cerveau. Quel hémisphère déjà la guidait en premier ? Son prof lui avait dit, mais elle n’avait pas écouté. Pas de chance !

Elle chercha son parasol. Le pauvre, avec l’impact des rayons du soleil dardé sur lui, il avait perdu sa belle couleur rouge.

– Il est sous ton lit, il m’a laissé sa place pour aujourd’hui. Te souviens-tu de Mary Poppins ? Je te propose de prendre ton envol avec moi. Ouvre la fenêtre, accroche-toi à mon manche, n’aie pas peur il est solide, et je t’emmène avec moi. Nous passerons dans le jardin au-dessus des massifs que tu aimes, comme celui des héliotropes et des roses.

– Et ma parapharmacie ?

Lou secoua la tête. Elle parlait à son parapluie.

– Je t’y déposerai, je serai discret. Il y a le parc derrière, tu pourras arriver délicatement sur le banc et t’y asseoir comme si de rien n’était.

Comme si un parapluie avec une nana accrochée à son manche pouvait faire discret ! pourtant, elle répondit :

– Après tout pourquoi pas ?

Un regard dans le miroir, un coup de peigne pour discipliner sa chevelure, un trait de khôl, un soupçon de rose à lèvres et ses créoles aux oreilles pour accentuer son côté fille des îles et elle empoigna son parapluie rouge et blancs.

– Ouvre la fenêtre, je ne sais pas le faire.

– Mais oui bien sûr, j’oubliais tu n’es qu’un parapluie.

Pourtant, elle s’exécuta. Au pire, elle se réveillerait dans son lit et elle penserait que c’était un drôle de rêve, au mieux… Elle n’en crut pas ses yeux quand ses pieds décolèrent.

© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2022)

Et pour terminer en musique, celle qui passe sur mon flow 🎶

À très vite…

Histoire de couteaux et de fourchettes

Bonjour toi 😉

J’aime faire parler les objets alors j’ai imaginé ce que peuvent se raconter les couteaux et les fourchettes dans un tiroir. Pour corser un peu le travail d’écriture, j’ai lancé le jukebox qui m’a dressé quelques titres et je les ai insérés dans l’histoire.

Voici la playlist : Ne me quitte pas (Jacques Brel) – La recette (Slimane) – Ce soir (Amir) – Ps Je t’aime (Christophe Willem) – Sans moi (La Zarra) – Elle danse encore (Shym) – C’est bon (Emma Peters) – Coup de vieux (Bigflo et Oli). – On a pris le temps (grands corps malade) – Message personnel (Françoise Hardy) – Laisse aller (Claudio Capéo) – Encore et encore (Francis Cabrel) – C’est ma vie (Adamo).

Voici l’histoire 👇

– Je m’ennuie, soupire P’titedent

– Elle danse encore, répond en baillant L’Éplucheur, tu n’es pas près de sortir de ton tiroir, Laisse aller.

Il en avait assez d’éplucher encore et encore. Parfois les légumes étaient moches et flétris alors il s’échinait pour rien. Elle suivait pourtant la recette, mais elle n’était vraiment pas douée et souvent parce qu’elle était très occupée, elle oubliait ses carottes et patates dans un coin.

– On n’est pas bien tous les deux murmura L’Éplucheur en se rapprochant de P’titedent. Le tiroir est bien rangé et…

– Pas si bien que ça, rit P’tite dent, qu’est-ce que tu fais dans ma rangée ? Tu ne devrais pas être avec tes potes ?

– Elle s’est encore trompée et puis je ne les aime pas trop les autres, trop pointus parfois ils me piquent quant à CoupePain avec ses dents de requin, il fait le malin.

– Tu as pris Un coup de vieux l’ami, clama Opinel du fin fond de l’armoire, tu radotes. Un jour Elle va te mettre à la poubelle. Avec un peu de chance, tu seras recyclé.

– Parle pour toi, regarde où elle t’a fourré, rugit L’Éplucheur.

– Je suis avec le Laguiole tandis que toi, allez avoue, t’es où ? Nulle part. En fait, tu n’as pas ta place ici. Je me demande où elle t’a dégoté d’ailleurs, Elle qui est fan de couteaux. Tu ne ressembles à rien, tu es tout petit et racorni.

L’Éplucheur se regarda. Effectivement, il n’avait aucun poinçon qui attestait sa notoriété. P’titedent se rapprocha.

– Ne les écoute pas, ils font les malins parce qu’ils sont jaloux.

– N’empêche, tu pars souvent Sans moi et à chaque fois, je crie dans ma tête Ne me quitte pas mais tu t’en moques.

– Est-ce ma faute si Lui, préfère son Opinel ?

– Ouais, mais tu fais ta belle, d’ailleurs, tu te maries avec tous, toi ! Tandis que moi, je sers pour éplucher les carottes, les pommes de terre… Je ne suis jamais astiqué. Toi, tu brilles comme les autres.

– Et c’est reparti ronchonna Opinel. On n’est pas de la même classe que veux-tu que je te dise ! On a pris le temps de te l’expliquer quand même !

– Vous faîtes les malins, mais s’il n’était pas là, réagit p’tite dent, vous ne sortiriez pas beaucoup de votre tiroir. Il faut bien que les légumes soient déshabillés pour que vous puissiez entrer en action.

– Regarde-la protéger son amoureux, ricana Opinel, c’est un vrai message personnel que tu lui envoies là ! Comme s’il ne pouvait pas se défendre tout seul.

L’Éplucheur commençait à s’agacer. La musique s’était arrêtée. Il entendit qu’Elle s’approchait de l’armoire en chantonnant. La lumière se fit d’un coup et le tiroir fut tiré d’un coup sec, ils se cognèrent les uns contre les autres mettant ainsi la pagaille.

L’Éplucheur se retrouva collé contre P’titedent qui murmura :

— Ps Je t’aime.

Il l’entendit à peine, il fut enlevé dans les airs et se retrouva près d’une feuille de papier journal et de quelques courgettes. Saisi par une main adroite, il se mit à chantonner en épluchant : C’est bon de faire ce travail, si je n’étais pas là, qui le ferait ? Les autres couteaux ne savaient pas faire comme moi.

Les pelures des légumes tombaient régulières et L’Éplucheur se sentait fier. Bien sûr, il n’était jamais à l’honneur sur la table décorée, il n’accompagnait jamais P’titedent et il restait souvent sur l’évier, attendant qu’on le nettoie avant d’être rangé alors que les autres partaient. C’est ma vie pensa-t-il et finalement il en était fier.

© Isabelle-Marie d’Angèle (septembre 2022).

À très vite…

Léon, Oscar, et les panneaux

Bonjour toi 😉.

T’étais-tu déjà posé la question pourquoi les panneaux savaient ? Mais savaient quoi ? Léon et Oscar ont compris eux !

Léon et Oscar, deux lascars de six ans, copains depuis la maternelle, voisins de surcroit et ayant déjà fait pas mal de bêtises ensemble, ont fait leur entrée en primaire et sont fiers de savoir lire ou à peu près.

En promenade avec leurs parents respectifs, ils s’amusaient à déchiffrer les panneaux d’affichage et les signalisations diverses.

Léon, le premier arrivé devant l’un d’eux, s’arrêta tout excité. Il cria à son compère qui courait derrière lui les joues cramoisies et essoufflé :

– Tu as vu le panneau, il est super intelligent, il sait qu’on est là !

– Pourquoi ?

Oscar reprenait son souffle.

– C’est écrit : vous… êtes… ici.

Léon déchiffrait mot à mot et il était fier de lire la phrase en entier.

– Vous êtes ici !

Oscar ne comprenait pas comment un panneau pouvait savoir qu’il était là. Il le contourna, s’accroupit, le toucha, et repartit à toute vitesse vers ses parents qui s’étaient attardés.

– Papa, maman, le panneau, il est drôlement fort, il sait qu’on est là !

– Ce n’est pas la peine de hurler Oscar, commenta son père en souriant, mais voyons voir ce panneau !

– Dépêche-toi.

Oscar attrapa sa main et l’entraîna.

– Ne cours pas si vite, il ne va pas s’envoler ton panneau.

Maman préféra rester sur place avec les parents de Léon. Celui-ci était campé devant le tableau d’affichage.

– Vous êtes ici !

– C’est vrai que vous êtes là, dit papa, parfait.

– Comment il le sait ?

– Mystère !

Papa fit un clin d’œil à son fils.

– Allez les garçons, on continue.

Les voilà repartis gambadant de plus belle et Papa attendit les retardataires surveillant du coin de l’œil les deux gamins.

– Regarde un autre !

Oscar et Léon n’en revenaient pas. Vous êtes ici les narguait à nouveau.

– On est suivi, c’est sûr !

Ils se retournèrent, inquiets.

– Personne ! Tu sais quoi Léon, tu vas retourner à l’autre panneau et tu me diras ce qui est écrit.

Le voilà qui détala, dépassa ses parents interloqués et se planta devant.

– Vous êtes ici ! hurla Léon.

Oscar le rejoignit.

– On va demander à papa et maman si sur l’autre c’est encore écrit.

Ils repartirent en sens inverse, interrompant les adultes en grande conversation.

– Dis papa, tu veux pas aller voir sur le panneau là-bas, si c’est écrit vous êtes ici et…

– Léon, combien de fois faudra-t-il te dire de ne pas nous interrompre !

– Mais c’est important, vite, il faut que tu ailles voir le panneau ! S’te-plait !

Les parents des deux compères se regardèrent en riant et acceptèrent de jouer le jeu, ils allongèrent donc le pas et se retrouvèrent devant un panneau qui indiquait effectivement vous êtes ici.

Léon et Oscar plus loin, leur faisaient de grands signes et hurlaient à qui mieux mieux :

– Nous aussi, c’est écrit vous êtes ici !

– Vous allez vous casser la voix à crier comme ça !

Un vieux monsieur appuyé sur sa canne, les contemplait sourcils froncés.

– Bien sûr que vous êtes ici, vous faites assez de bruit pour qu’on s’en rende compte vous avez même affolé mon chien !

Les deux petits n’étaient pas rassurés, mais Oscar plus bravache que son copain relèva le menton, frondeur.

– Et comment qu’il peut le savoir le panneau qu’on est là ?

– Parce que je lui ai dit !

Le papy toujours appuyé sur sa canne, les regarda dans les yeux. Oscar imperturbable continua :

– Ah oui, et à l’autre panneau aussi, tu lui as dit  ?

C’est à ce moment-là que leurs parents les rejoignirent. Ils’excusèrent auprès de l’inconnu du bavardage des deux garçonnets.

– Vous devriez leur expliquer.

– Quoi donc ? demanda le papa d’Oscar

– Que c’est moi qui renseigne les panneaux.

– Pardon ?

– Oui, dit Oscar, c’est lui tu vois, qui leur dit vous êtes ici, c’est gentil quand même, comme ça on n’est pas perdu ! Toi qui répète toujours de faire attention de ne pas se perdre, ben tu vois, le monsieur lui, il le dit au panneau.

Les parents sourirent avec indulgence, se demandant déjà, comment ils allaient expliquer à leurs garnements, que ce n’était pas tout à fait vrai cette histoire, mais Léon plus pragmatique interrogea :

– Tu fais comment avec ta canne, pour aller assez vite pour prévenir les panneaux ?

© Isabelle-Marie d’Angèle (septembre 2022)

À très vite…

Lulu et la cueillette de champignons

Bonjour toi 😏

Je n’ai pas oublié que c’est mercredi, le jour des enfants. Je partage avec toi, une petite histoire écrite, il y a quelques temps…

Quand Lulu ouvre les yeux ce matin-là, il est tout excité. C’est aujourd’hui qu’il va faire la cueillette des champignons avec son grand-père. Au début, il pensait qu’il allait ramasser des pommes. En effet, il avait bien regardé son livre Gaston le hérisson qu’il connaissait par cœur, et Gaston avait un panier rempli de ces beaux fruits rouges, mais Papy avait décrété que c’était la saison des cèpes et qu’il fallait réapprovisionner la réserve de Mamy.

Le gamin n’y connait rien en champignons encore moins en cèpes. Pourtant, fort de son savoir grâce à Gaston, il est plein d’espoir pour garnir son panier presque aussi grand que lui.

Après un solide petit déjeuner (lait au chocolat et deux tartines de confiture), Papy disant qu’il devait prendre des forces parce qu’il allait beaucoup marcher, il enfile ses bottes, son bonnet et son manteau à capuche parce qu’il fait frais dans la forêt (il en sait des choses Papy).

Enfin prêt, il saisit la main à son grand-père, envoie un bisou à sa grand-mère et tout guilleret il attend le top départ.

C’est le silence dans les bois qui l’impressionne tout d’abord. Bien sûr, de temps en temps il entend un oiseau piailler. Papy donne son nom. Admiratif, Lulu ne pipe mot. Comment il peut savoir Papy que c’est le rougequeue noir qui émet ce chant ? Il lui a demandé ses papiers ? Lulu en reste baba. Et le parfum ! il le respire à pleins poumons, ça sent tellement bon dans les bois !

— Tu as perdu ta langue ?

Le gamin sursaute pris en flagrant délit de rêvasseries. Son grand-père le contemple en souriant. Il tient un bâton à la main et délicatement soulève les feuilles. Le miracle surgit devant les yeux ébahis de son petit-fils.

— Regarde !

Lulu aperçoit un chapeau couleur marron clair. Il demande :

— C’est quoi ?

— Un champignon pardi ! Lulu réveille-toi, rappelle-moi pourquoi on est là ? Donne-moi le panier et vois comment je fais pour le ramasser.

Lulu fixe son papy qui sort son couteau de sa poche et coupedélicatement la queue du cèpe, l’époussette avec son mouchoir et le range au fond de la panière.

— Le premier d’une grande cueillette ! se réjouit-il.

Lulu ne dit rien. Il regarde le champignon et essaie désespérément de se rappeler si Gaston le Hérisson en avait trouvé de pareils, mais il a beau chercher dans sa mémoire, ils n’étaient pas de cette couleur, ils étaient rouges à pois blancs et bien plus énormes que celui-là. Le voilà bien ! Et si son grand-père se trompait. Malheur ! Lulu a entendu des trucs horribles sur les champignons venimeux qui peuvent faire mourir, c’est comme les vipères c’est dangereux. Il n’ose pas le dire à son papy qui sait tellement de choses, il va le vexer c’est certain ! Il reste immobile et ses yeux se garnissent de larmes.

Son grand-père ne se rend compte de rien, il avance doucement et petit à petit son panier se remplit. On dirait que les champignons grandissent devant lui. Lulu n’en revient pas, c’est la catastrophe. Et sa grand-mère qui va en faire des conserves, on va tous mourir c’est sûr ! il sent déjà son ventre se serrer. Pourtant il ne l’a pas touché, non, car il sait aussi qu’on peut devenir tout bleu si on est empoisonné. Il court après son papy et essaie de regarder ses mains. Il a l’air en pleine forme et il siffle, très fier de lui.

— Écoute la fauvette ! oh regarde, un rouge-gorge, ne fais pas de bruit !

Lulu ne comprend pas comment son grand-père qui reconnaît tous les oiseaux, n’est pas au courant qu’il est train de ramasser des champignons empoisonnés.

Lulu réfléchit et trouve la solution : il va détourner son attention puis il renversera tout. Tant pis, s’il se fait gronder, c’est toujours mieux que de tous mourir.

— Dis Papy, comment tu sais tous les noms des oiseaux ?

— J’ai appris avec mon papa quand j’étais petit ! Comme toi, je le suivais dans les bois. Fais attention Lulu, tu vas renverser le panier. Quel maladroit !

Son grand-père se baissa pour ramasser les champignons, mais son petit-fils plus rapide que lui, donna un coup de pied dedans et pire, se mit à écraser les belles têtes à la couleur marron clair !

— Sacrebleu ! tonna le vieil homme, rouge de colère.

Il attrapa le bras de Lulu pour le retenir.

— Je ne veux pas que tu meures, criait Lulu.

De grosses larmes à présent coulaient sur ses joues et les bras ballants, il restait face à son papy qui le regardait d’un air furieux. Toute la récolte était fichue, c’était malin, lui qui se vantait toujours devant ses copains de connaître les meilleurs endroits, il allait rentrer les mains vides. Mais le cri de son petit-fils et ses larmes qui n’arrêtaient pas de dégringoler sur ses joues l’interpelèrent.

— Viens t’asseoir sur mes genoux, et raconte-moi.

Lulu s’approcha de son papy qui faisait de la place sur une souche d’arbre.

— C’est dans mon livre… hoquetait le petit garçon.

— Qu’est-ce qu’il raconte ?

— C’est Gaston

Papy était perdu. Qui était Gaston ?

— Tu sais bien Gaston le hérisson, reprenait Lulu.

— Ah oui évidemment !

Il fit celui qui comprenait ne voulant pas passer pour un nul aux yeux de son petit-fils.

— Ben, ses champignons sont rouges à pois blancs et plus grands que les tiens. Toi, c’est des venimeux.

— Vénéneux Lulu, on dit vénéneux.

— C’est pareil ! toi, tu vas empoisonner Mamy et mes parents, puis toi, et moi je n’ai pas envie qu’on meure tous et qu’on devienne tout bleu…

Lulu se remit à pleurer plus fort.

Papy se retint de rire. Ah il aurait dû savoir que Lulu allait se documenter avant de venir avec lui, mais avec ses livres à lui.

— Je te remercie Lulu de m’avoir évité de passer l’arme à gauche. Il faudra que tu me fasses rencontrer ton Gaston.

— Vrai, tu n’es pas fâché ?

Lulu reprenait du poil de la bête et redressait la tête.

— Je ne savais pas comment te le dire, toi qui connais tout Papy, quand même, t’allais faire une grosse bêtise, heureusement que j’étais là. Tu as rudement bien fait de m’emmener, hein ? Ah et Gaston, ben tu ne peux pas le rencontrer, c’est dans mon livre. Tu sais pas tout en fait, Papy, mais c’est pas grave, je vais t’apprendre.

— Dis Papy, ça veut dire quoi, passer l’arme à gauche ?

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

Bavardages au jardin

Bonjour toi 😉. Je te propose aujourd’hui, comme c’est mardi et que le mardi c’est le jour de l’histoire 😊, de partager avec toi ce que j’ai retrouvé dans mes notes et que je n’avais jamais publié. Je l’avais écrit pendant le tout premier confinement. J’avais donné la parole aux animaux.

Rita et Phil le couple de mésanges habitué de la cabane dans le jardin de Jean et Minouche, est revenu. Quand l’un est à la recherche de brindilles et de plumes, l’autre zinzinule pour prévenir si tout est calme et qu’il n’y a pas de danger. Tous les deux posés sur une branche, ils discutent et s’interrogent parce qu’ils se rendent bien compte que ce n’est pas comme d’habitude.

— Rita, c’est bizarre quand même, regarde il n’y a pas une voiture sur la route.

— Demande à Alfred, il doit savoir lui !

Alfred c’est le chien de Jean.

— Oui Rita, il se passe des trucs inhabituels. Mon maître, qui fait toujours du vélo, ne sort plus. Il en fait dans son garage sur une drôle de machine et je n’ai pas le droit de l’approcher, il dit que c’est dangereux si je me prends les pattes dans ses roues. Il a même mis un carton devant la porte pour bien me faire comprendre que je ne dois pas aller l’ennuyer. Tu parles, je pourrais sauter au-dessus si je le voulais, mais je respecte son ordre. 

Marquise la chatte du voisin, curieuse comme ce n’est pas permis, s’est installée sur le mur et écoute la conversation. Elle ne peut pas s’empêcher d’y ajouter son grain de sel.

— C’est rudement bien, je trouve ! Plus de voitures et je ne risque pas de me faire écrabouiller par des fous qui accélèrent quand j’ai le malheur de traverser la route.

— Mais c’est pour ça que je respire mieux alors ?

— Ben c’est sûr, plus de fumée qui s’échappe des camions, des bus, des machins qui roulent à toute berzingue. Ma fourrure est toute soyeuse.

Marquise est une chatte blanche qui se la joue diva.

— N’empêche, il doit se passer un truc grave, car mon maître reste souvent planté devant la télé à écouter. D’habitude, il n’a pas cette tête. Là, je le trouve bien soucieux.

— Oui, et vous savez quoi ? reprend Marquise. Il faut que je fasse attention à ne pas manger trop vite mes croquettes. J’ai entendu que ce n’était pas facile pour sortir en acheter. Du coup, je suis moins gourmande. Ma maîtresse est revenue chercher un papier obligatoire pour aller au magasin. Elle me répète que je ne dois pas l’abandonner, elle n’a plus que moi pour parler.

— En tout cas, pour nous, les oiseaux, le ciel est dégagé. Plus d’avions, plus de trainées blanches. Seuls les nuages nous font des coucous, et encore, il n’y en a pas trop en ce moment.

— Vous croyez qu’il y aura quand même des cerises ?

Voilà Gus le merle. Quel gourmand ! il s’en fiche lui, du moment que les beaux fruits rouges mûrissent comme chaque année.

— Tu sais, répond Phil, rien d’anormal pour ça. Les fleurs naissent de la même façon, les amis tourterelles continuent à roucouler, les coqs à chanter. Rita et moi avons trouvé facilement pour construire notre nid.

— La seule différence c’est que nous entendons davantage nos copains siffler.

— Moi qui surveille toujours devant le portail pour voir si quelqu’un arrive, je n’ai pas grand-chose à faire. Les enfants de Jean ne viennent plus. J’ai cru qu’ils étaient fâchés et j’ai imaginé que c’était à cause de moi, que j’avais peut-être fait une bêtise. Mais non, je les ai entendus parler avec un drôle de truc. J’ai passé la tête, j’en ai profité pour recevoir une caresse de ma maîtresse et j’ai reconnu leurs visages comme à la télé. Tu penses qu’ils vont se voir que sur un écran maintenant ? Ce n’est pas rigolo parce que pour jouer au ballon, ce n’est pas pratique. Mais ce que je préfère, c’est que Jean et Minouche ont bien le temps de s’occuper de moi. J’ai encore plus des caresses qu’avant. Alors, je les regarde avec mes grands yeux d’amour et je fais le pitre pour les faire rire.

— Tu as de la chance, dit Marquise, j’en connais qui ont été abandonnés. Ils ont cru que c’était à cause de nous le truc qui les empêche de sortir.

— Un virus qu’ils disent.

— Mais nous on ne risque rien.

— Vous savez, Paulo, son maître l’a attrapé…

— Et alors ?

— Ben… Paulo est tout seul maintenant. Enfin, il a encore sa maîtresse, mais elle pleure tout le temps. Il n’a même pas pu lui dire au revoir. Il y a aussi Jojo, lui c’est le contraire, il a tous les gosses avec lui. Il y a des fois, il voudrait se cacher pour avoir la paix. Ils ne vont plus à l’école les enfants.

— Bon ce n’est pas tout ça, les amis, le mot d’ordre, c’est qu’il faut leur remonter le moral à tous. Ils nous aiment, à nous de leur montrer que nous aussi on peut les aider.

— Moi je chante.

— Moi je siffle et je m’égosille.

— Moi je ronronne.

— Moi je lèche.

On est là, nous !

— Vous croyez qu’ils vont changer leurs habitudes après ?

— Ça…

J’avais écrit ça en mars 2020. Est-ce que nous avons changé nos habitudes ?

Qu’en penses-tu toi ?

see you soonish
Oui, à très vite…