Bonjour toi 😉
C’est ici que tu peux trouver les épisodes précédents et je te partage ce que j’ai prévu pour la robe de mariée de Marie-Sophie ainsi que sa coiffure. Idem pour la tenue de Mélusine.



— C’est une très mauvaise idée !
Mélusine fronçait les sourcils et faisait non de la tête en soupirant. J’avais pensé que je pouvais essayer ma robe dans la maison des parents d’Archibald, il n’en saurait rien.
— Tu parles ! grogna-t-elle. Parce que tu imagines que personne ne te verra rentrer avec ton paquet sous le bras ? Nous ne sommes plus qu’à quelques jours de votre mariage, le village vous surveille, toi et Archi, ils sont à l’affût de la moindre information pour la galvauder à qui mieux mieux et tu vas débarquer chez les nouveaux propriétaires de la grande bâtisse sans que personne ne le remarque ? Laisse-moi rire !
Elle croisa les bras.
— Je refuse que tu te mettes dans un tel bourbier. Archibald ne te le pardonnera pas. Avoue que c’est idiot ! Le jeu en vaut-il la chandelle ?
Je soupirais.
— Je n’ai plus mes parents Mélusine et ils vont terriblement me manquer ce jour-là, alors…
— Mais ils ne sont pas tes parents, MarieSophe ! Tu ne les connais pas, tu ne sais pas ce qui s’est vraiment passé, je t’en prie, ne gâche pas tout !
— Charles dit qu’ils voulaient revoir leur fils.
— Ils en auront mis du temps, remarqua-t-elle.
Ce n’était pas faux et je repensais à Candice m’interrogeant du regard chaque fois que j’allais m’installer sur la place avec le food truck. Mélusine ne m’accompagnait pas toujours et je ne lui racontais pas tout. Archibald ne me questionnait jamais et je n’osais plus amener le sujet sur le tapis.
J’eus alors l’idée d’emmener ma robe avec moi et peut-être que l’occasion se présenterait. Je pourrais livrer chez eux un pain ou autre chose.
Je n’en parlais plus. Ce matin-là, sur la place, il y avait les habitués et comme d’ordinaire, je ne vis pas le temps passer. Je m’aperçus alors que les parents d’Archibald n’étaient pas venus. Peut-être étaient-ils souffrants ? Je n’osais pas poser la question. J’eus l’idée d’aller chez eux une fois que j’aurai tout remballé. Avec un peu de chance, les habitants seraient occupés à préparer le déjeuner et ils ne se rendraient compte de rien. Et puis après tout, j’avais le droit d’aller livrer des clients.
Je sonnais donc à la grille. Je fus étonnée de voir arriver Candice en personne. Même si je fus rassurée, je ne pus m’empêcher de me poser des questions.
— Bonjour Marie-Sophie ! Je ne suis pas venue parce que je voulais vous faire la surprise et que j’avais peur de vous la dévoiler, mais puisque vous êtes là…
Elle m’invita à entrer. Je ne vis pas la camionnette d’Archibald arriver sur la place. Je n’avais pas entendu mon téléphone biper, il m’avertissait qu’il faisait une livraison au village.
Je n’avais pas fait trois pas dans leur salon que la sonnette tintait. Candice regarda par la porte-fenêtre.
— Vous aviez prévenu Archibald de votre visite ?
Mon cœur s’emballa. Elle sortit, moi juste derrière elle. Je compris immédiatement au regard d’Archibald qu’il était furieux. Il tendit la main vers moi. Je ne savais plus quoi faire et j’allais le suivre pour ne pas envenimer la situation, mais son père qui avait dû nous apercevoir nous rejoignit à grandes enjambées. Il attaqua d’emblée.
— Archibald, ça suffit ces bêtises ! Ta mère n’en dort plus et je ne suis pas loin de vivre la même chose. C’est complètement stupide ces fâcheries, tu ne m’as jamais laissé t’expliquer.
— Tu as raison et j’aurais dû en parler à Marie-Sophie depuis longtemps. J’ai eu tort, mais puisqu’elle est venue chez vous, j’aurais dû m’en douter d’ailleurs, elle est bien trop gentille. Vous avez dû lui demander d’assister à notre mariage.
Avant que je dise un mot, il enchaina :
— Mes parents sont riches ! Ils ont gagné au loto. Je reconnais que mon père a bien su gérer son argent et qu’il l’a fait fructifier ce qui le met à l’abri pour le reste de sa vie. Seulement, cet argent, il l’a volé et…
— Mais non ! ce ticket n’est pas celui qui était dans ton tiroir, j’avais bel et bien joué, mais tu n’as jamais voulu me croire. Tu n’as même pas cherché à comprendre où était passé ce billet. Tu n’étais pas le seul apprenti, rappelle-toi et pas le seul non plus à ouvrir ce tiroir.
Mon amoureux fronça les sourcils, mais il ne répondit pas. Son père continua.
— Figure-toi que j’ai mené mon enquête, c’est cet abruti de Mathéo qui avait ramassé le ticket. Jaloux de toi comme il était, tu penses bien qu’il n’a jamais rien dit, il était bien trop content de te voir fâché avec tes parents, toi qui réussissais tout et qui avais une famille.
— Tu mens, pourquoi ne m’as-tu rien dit ?
C’est Candice qui intervint :
— Une vraie tête de pioche, ton père, tu l’avais vexé. Il n’a pas voulu faire le premier pas, il répétait à qui mieux mieux que c’était à toi de t’excuser. Il n’a jamais accepté d’être traité de voleur.
— Personne n’a rien su ?
— Non, tu penses bien qu’il n’allait pas se vanter de cette histoire.
— Et Mathéo ? Il ne pouvait pas venir me voir et me parler ?
— Comme ton père l’a dit, il était bien trop content et puis… il est mort dans un accident de voiture, tu ne pourras pas vérifier ce qu’on te raconte.
— Comme c’est facile !
Je m’approchais d’Archibald et glissai ma main dans la sienne. Nous allions partir quand Victorien ajouta :
— N’empêche que si je n’avais pas gagné tout cet argent, tu n’aurais jamais pu t’installer ici.
Je sentis Archibald se raidir. Il se tourna vers son père.
— Que veux-tu dire ?
— Comment crois-tu que tu aies aussi facilement obtenu ton prêt pour pouvoir faire tous les travaux ? Tu sais très bien que la vente de ta boulangerie ne couvrait pas tous les frais, et tu ne t’es pas posé de questions ? Tu as sincèrement pensé que le banquier qui ne te connaissait pas te faisait confiance parce que tu étais un bon artisan ?
Le sourire affiché de Victorien ne me plut pas. Le père et le fils s’affrontèrent du regard, ce fut Victorien qui baissa les siens en premier.
Archibald tourna les talons et sans un mot m’entraina avec lui. La grille se referma sans un bruit. Archi me serrait si fort la main que je sentais toute sa détresse. Ce n’est qu’à l’abri du food truck, qu’il s’effondra. Je ne l’avais jamais vu pleurer.
© Isabelle-Marie d’Angèle — septembre 2024).



















