MaLou et Millie, bavardages

Bonjour toi 😉

— Dis MaLou, tu aimerais aller sur la lune toi ?

Pourquoi cette question ? Millie a montré son cahier d’écrivain à MaLou, oui c’est comme ça qu’il s’appelle son cahier de production d’écrits.

Millie a dû y répondre, dire pourquoi et ce qu’elle imaginerait là-bas.

MaLou feuillette et parcourt les mots de Millie et en oublie de répondre à la question. Elle est rapidement rappelée à l’ordre.

— C’est vrai que t’es jamais montée en avion, alors une fusée !

Éclats de rire des deux protagonistes.

— Oui imagine un peu la trouille que j’aurais.

— D’accord, mais fais comme si tu y allais.

MaLou imagine le paysage lunaire qui ne l’inspire pas du tout. Millie reprend :

— Tu pourrais en écrire des choses.

— Ah oui ? Avec ma combinaison de cosmonaute et mon crayon qui s’envolerait dans l’univers ?

MaLou imagine la scène et se met à rire aussitôt imitée par Millie.

— Ce serait trop drôle !

— Pauvre crayon perdu à jamais. Il tournerait en rond sans jamais plus pouvoir écrire un mot. Franchement Millie, même avec beaucoup d’imagination, je n’arrive pas à me projeter aussi loin.

— Ce serait extraordinaire quand même ! Surtout quand on reviendra et qu’on racontera tout ce qu’on a vu.

Millie en parle comme d’un voyage tout à fait normal en voiture ou en train, en avion ou en bateau.

— Après tout, ce n’est qu’une fusée.

— C’est vrai ça ! Pense un peu, il n’y aurait pas d’embouteillage là-haut.

— Je verrais les étoiles de près, peut-être que je pourrais en décrocher une.

— Alors là, je ne sais pas trop, je crois que plus on s’approche, plus elles s’éloignent.

— Si tu ne viens pas, je te verrais d’en haut, tu serais toute petite.

— Pour le coup, oui, je serai minuscule, peut-être que tu ne me reconnaitras même pas. Tu sais quoi ? Je crois que ce qui me plairait bien sur la lune, c’est qu’on ne pèse pas lourd et qu’on marche en sautant.

— Tu crois qu’on pourrait se donner la main ?

— Bien sûr, mais avec nos combinaisons, ce ne serait pas trop pratique.

— Tu saurais la conduire toi, la fusée ?

— Heu… Déjà que je me perds quand les panneaux changent de place alors…

— Ouais, ben on n’est pas arrivé alors !

Elles éclatent de rire.

À très vite…

MaLou, Lou, Pilou et Venise

Bonjour toi 😉

Vive les vacances, Pilou et Lou sont parties à Venise.

Hormis les photos envoyées par les parents à MaLou et PaLou, où ils ont admiré la place Saint-Marc, le palais des Doges, le pont Rialto, les pâtes dévorées par Lou qui se moquaient pas mal de prendre la pause pour immortaliser l’instant 😂, la traversée en vaporetto, les maisons de couleur de Burano, la bibliothèque où l’on monte sur des tas de livres (si c’est vrai), les ruelles en labyrinthes, MaLou avait bien envie de connaître l’avis de Pilou et Lou.

De vraies globe-trotters les gamines, elles s’envolent en avion comme si elles partaient en voiture alors que MaLou n’est jamais montée dedans.

— C’est vrai MaLou t’as jamais pris l’avion ? Pourtant c’est rudement bien !

Cris horrifiés des petites filles.

Bref, MaLou, à l’occasion de la fête des grands-mères, (elle se demande toujours d’ailleurs pourquoi au téléphone, Pilou et Lou s’exclament Bonne Fête MaLou, elle croit toujours qu’elles se trompent de numéro 😏, ça fait quand même 10 ans que ça dure cette histoire de grand-mère 😂) reçoit un coup de fil, enfin de smartphone 😂 (ça se dit ça ?). Après le traditionnel  Bonne fête MaLou, celle-ci en profite pour connaître comment s’est passé le voyage, elles ont certainement plein de choses à raconter, Venise c’est magnifique, pense-t-elle. Elle imagine déjà les bavardages sans fin sur les livres de la bibliothèque, les maisons de couleurs, le…

— Ben tu sais quoi ? Y a une mouette qui m’a piqué mon gâteau ! Même que j’ai pas pu finir mon goûter, il était au chocolat en plus ! J’te passe papa !

😂😂😂

À très vite…

Journal de Marie-Sophie

Bonjour toi 😉

Je ne m’attendais pas à la tournure qu’allait prendre la vie de Marie-Sophie, bon, mes personnages n’en font qu’à leur tête de toute façon 😏.

Je suis enceinte ! voilà une nouvelle à laquelle je ne m’attendais pas du tout.

C’est Gabriel qui m’a fait la prise de sang. Il ne m’a pas trouvée en forme quand il était venu diner à la maison et je n’ai pas compris pas ce qui l’avait alerté, peut-être son flair de toubib. Il faut dire que depuis ma tentative d’en finir, je suis surveillée comme le lait sur le feu.

Le jour où je ne travaillais pas à la boulangerie, j’étais allée à l’hôpital où le résultat était tombé rapidement. Je revois la tête de Gabriel quand il m’a tendu la feuille.

— Tu as lu ? lui demandais-je innocemment. À voir ta tête, je crois que oui.

J’avais baissé les yeux et il m’avait fallu quelques minutes pour réaliser. Lorsque je rencontrai son regard, je bafouillai un ce n’est pas possible auquel il avait répondu :

— Tu n’es pas heureuse ? Si je comprends bien ce n’était pas prévu.

Je n’avais pas réagi. Il me parla alors des futurs examens à faire, des rendez-vous à programmer pour le suivi de ma grossesse, mais je n’avais rien enregistré.

Depuis, je ne savais pas quoi faire. Les mots tournaient en rond dans ma tête. Je devrais annoncer la nouvelle à Morgan, c’était la première chose à faire sauf que je n’y arrivais pas et je ne comprenais pas pourquoi. Je posais régulièrement la main sur mon ventre en imaginant ce petit être qui grandissait en moi, oui je crois que j’étais heureuse, mais je réalisais que j’avais envie de l’avoir toute seule ce bébé. C’était malin d’avoir tant critiqué Mélusine, je ne valais pas mieux qu’elle surtout que là, il y avait bien un papa.

Je devais bien me l’avouer, le retour de Gabriel avait tout chamboulé. Que faire si ce n’est me tourner vers mon ami de toujours ? Il serait de bon conseil j’en étais certaine.

Un soir, quand nous nous étions retrouvés tous les deux pour fermer la boulangerie, je parlais à Archibald. Je ne m’attendais pas à voir ses yeux se remplir de larmes et qu’il me serre dans ses bras.

— C’est merveilleux MarieSophe, tu vas avoir un bébé. Quelle bonne nouvelle, je suis tellement heureux pour toi.

Il me fixait la mine réjouie et ajouta en riant :

— Quel cachottier Morgan, je l’ai encore vu ce matin et il ne m’a rien dit le bougre ! Ah ! il sait tenir sa langue le coquin !

— Il n’est pas au courant.

Stupéfait, Archibald se recula pour mieux me regarder.

— Attends, pourquoi ne lui as-tu rien dit ? Je ne sais pas moi, mais dans tes films de romance, la fille profite d’un moment de complicité pour annoncer la nouvelle avec des petits chaussons enrubannés dans une boîte, un truc comme ça, tu vois. Toi, la plus romantique des nanas que je connaisse, tu n’as pas fait ça ? Il faut que tu m’expliques là !

— C’est Gabriel qui…

Archibald s’éloigna de moi et gronda :

— Décidément, il est revenu pour foutre le bordel, lui ! 

Mon ami arpentait la boulangerie, les mains dans les poches. Il fulminait.

— Pourquoi est-ce lui qui est courant MarieSophe ? Ne me dis pas que tu craques pour lui ? Morgan ne mérite pas ça, je l’aime vraiment ce type.

— Mais que vas-tu t’imaginer ? C’est Gabriel le médecin qui est au courant. Il ne m’a pas vue bien, il a voulu me faire une prise de sang, c’est tout.

— Comme par hasard pour savoir si tu étais enceinte ? Tu sais qu’un test en pharmacie aurait pu faire l’affaire ? De quoi se mêle-t-il ? Il est revenu te tourner autour MarieSophe et toi tu le laisses faire. C’est sûr qu’apprendre qu’Enzo était son fils a dû changer ses plans.

Archibald bougonnait, il était furieux. Je me souvenais du temps où Gabriel était apparu dans ma vie et qu’il habitait en face de chez moi, Archibald ne l’aimait pas. Je pensais que c’était du passé, il semblerait que ce ne soit pas le cas.

— Je vais lui parler !

— Tu ne vas rien faire du tout Archi !

— Alors tu annonces illico presto la nouvelle à Morgan.

Je grondai à mon tour :

— Est-ce que je me mêle de ton histoire avec Cybèle ?

Il fronça les sourcils et se campa devant moi, les mains sur les hanches.

— Quel est le rapport ?

— Toi aussi tu pourrais lui parler et lui dire que tu en pinces pour elle !

— Je l’ai fait.

— Et tu ne m’as rien dit ?

Je sens la colère monter, il ne m’avait jamais rien caché.

— Pour la bonne raison que je me suis pris une fin de non-recevoir. Se prendre un vent à mon âge, pas de quoi en faire des histoires.

Je m’approchai de lui et posai ma main sur son bras.

— Tu es triste ?

— Même pas ! Je crois que je suis condamné à rester célibataire.

Il saisit mon visage et me regarda droit dans les yeux.

— MarieSophe, dis-moi pourquoi tu ne veux pas en parler à Morgan ? Tu n’es pas heureuse ? Rassure-moi, tu le désires ce bébé ?

Je baissai la tête, il me la releva aussitôt. Je murmurai :

— Laisse-moi un peu de temps. C’est tout nouveau de toute façon.

— Et si tu en discutais avec Mélusine ?

Je soupirais. Ce n’était plus comme avant avec elle et je n’avais pas envie d’écouter ses conseils. Archibald le comprit. Il me prit par les épaules.

— Allez viens, rentrons, je garderai ton secret le temps qu’il te faudra. Mais, tel que je connais Morgan, il ne sera pas long à le découvrir.

© Isabelle-Marie d’Angèle (janvier 2023).

À très vite…

Journal de Marie-Sophie

Bonjour toi 😉

Les journées à la boulangerie passent toujours très vite. Morgan vient souvent me faire un petit coucou. Il en profite pour ramener du pain pour le repas du soir. C’est bientôt la fermeture, il ne reste pratiquement rien sur les étagères. Pour en avoir discuté avec Archibald, il est ravi. Si ça continue comme ça, ce qu’il a investi sera récupéré. Il a toujours l’idée de son food truck. Il ne parle guère de Cybèle Iraola, et j’avoue qu’avec l’histoire de Gabriel et Mélusine, la jeune femme m’est complètement sortie de la tête. Mais quand on parle du loup, la voilà qui entre dans la boutique.

Elle me sourit puis regarde, navrée, l’étal vide.

— Je crois que je suis encore arrivée trop tard.

— Il reste une baguette aux céréales, c’est tout, je suis désolée. Mais pourquoi ne réservez-vous pas le matin, ainsi ça vous éviterait de vous déplacer pour rien.

Sur ces entrefaites, Archibald nous rejoint, souvent nous fermons la boutique ensemble et repartons tous les deux.

— Bonsoir Cybèle.

Il lui fait la bise.

— Je vais prendre la baguette et pour demain vous me gardez le pain spécial, c’est d’accord ?

Je note sur le grand cahier ce qu’elle souhaite. Elle paie et s’en va.

Surprise, j’interroge mon ami du regard.

— Elle ne devait pas avoir envie de discuter, grommelle Archibald. On ferme, je t’aide à ranger.

J’avais déjà fait le plus gros, il restait le coup de balai à passer. La caisse était faite. Ce n’est pas l’argent de la baguette qui allait changer grand-chose.

— Saverio m’a parlé d’une femme qui pour quelques heures accepterait de faire le ménage ici. C’est celle qui s’occupe des chambres d’hôtes de François, ainsi tu pourrais repartir plus tôt le soir.

— C’est toi le patron.

Archibald tire les stores et descend le volet roulant, nous sortirons par-derrière. Je le vois qui suspend son geste, il ouvre la porte et Mélusine apparait, seule.

— J’ai laissé Enzo avec Morgan, nous rassure-t-elle. Je voulais te parler, tu veux bien MarieSophe ?

Archibald fait mine de s’en aller, mais elle le retient par la main. Il nous entraine alors dans son fournil où l’odeur de pain distille toujours une ambiance de zénitude.

Elle ne s’embarrasse pas de préambule et attaque d’entrée. Je la reconnais bien là, elle va droit au but.

— Je suis désolée Marie-Sophie si je t’ai blessée. C’est vrai que je n’ai pas réfléchi aux conséquences, j’étais complètement obnubilée par cette envie d’avoir un bébé et Gabriel m’a semblé l’homme de la situation.

— L’homme de la situation ?

Je suis stupéfaite.

— Oui enfin… il était le seul que je connaissais et en qui j’avais confiance.

— Et si j’étais amoureuse de lui ? Tu y as pensé ?

D’un coup, la situation m’échappe. Je n’ai plus envie de savoir ni de comprendre, comme l’a dit Archibald c’est son histoire. C’est elle qui s’en dépatouillera quand Enzo posera des questions. Je la regarde dans les yeux, hausse les épaules et grommelle :

— Laisse tomber, tout ça n’a plus d’importance. Enzo est là, tu es heureuse avec lui, il l’est aussi parce qu’il a trouvé un papa. C’est toi seule qui géreras la situation quand le moment sera venu.

— Je ne voudrais pas que notre amitié en pâtisse, murmure-t-elle.

— Tu ne crois pas qu’il fallait y penser avant ?

— Que dois-je faire ?

Comme toujours, elle a le don de m’émouvoir. Archibald qui n’a rien dit, passe un bras autour de mes épaules et répond à ma place.

— Rien. Laisse le temps faire son œuvre, on verra bien.

— Marie-Sophie ?

Je ne sais même plus quoi dire. Cette situation me dépasse, je soupire.

— On rentre ? Je suis un peu fatiguée.

Archibald nous entraine, ferme la porte derrière lui et nous faisons le chemin en silence. J’entends au loin les bêlements des brebis, je respire l’air vif de la soirée. J’aperçois vite les lumières de notre maison.

Nous arrivons et Enzo se jette dans les bras de sa mère comme s’il ne l’avait pas vue depuis longtemps, ce qui fait éclater de rire Morgan. Il a préparé le dîner et ça sent rudement bon. Il a dû faire une soupe avec tous les légumes qu’il n’avait sans doute pas vendus au marché. Je passe à la salle de bains pour me laver les mains et c’est alors qu’une nausée me prend par surprise. Je n’ai rien avalé depuis le midi, pourtant ce n’est pas ce qui manque chez Archibald. Pas question d’alerter mes amis, ils en feraient tout un fromage. Je retourne dans la cuisine où je les retrouve qui papotent joyeusement. Mélusine emmène Enzo pour qu’il prenne son bain, je commence à mettre la table. On frappe au carreau, c’est Gabriel.

Enzo qui a reconnu sa voix quand il nous a salués, descend en trombe l’escalier, torse nu, et se jette dans ses bras. Son bonheur fait plaisir à voir. Gabriel l’embrasse.

— Maman m’a dit que c’était bientôt les inscriptions pour la maternelle. Tu m’y amèneras avec elle ?

Mélusine est revenue chercher son fils, l’eau du bain étant prête. Elle a entendu la question, elle répond à la place de Gabriel.

— Ce n’est pas encore la rentrée, tu as bien le temps d’y penser.

Il n’écoute pas et prend la tête de son père dans ses mains l’obligeant à le regarder bien face.

— Tu viendras ?

— Si je ne suis pas de garde, oui, je viendrai. D’ailleurs, Mélusine, ça tombe bien que tout le monde soit là. J’aimerais régulariser la situation à la mairie. 

Un silence de plomb s’installe dans la cuisine, seul Enzo qui ne comprend pas demande :

— Tu veux dire quoi papa ? C’est quoi régula…riser ?

C’est la première fois qu’il l’appelle comme ça. Gabriel et Mélusine pâlissent en même temps.

Morgan répond aussitôt :

— Gabriel va écrire sur un papier qu’il est ton papa, vu qu’il n’a pas pu le faire quand tu es né.

Enzo va avoir trois ans, il se contente de l’explication.

Je regarde Mélusine. Elle qui voulait avoir un enfant toute seule, c’est raté. Gabriel a bien l’intention de faire valoir ses droits et je suis tout à fait d’accord avec lui. Il ne perd pas de temps et je vois au froncement de sourcils de mon amie qu’elle n’avait pas prévu ça. Je ne peux m’empêcher de penser comme une gamine bien fait ! non mais qu’est-ce qu’elle a cru elle ! Je te fais un gosse dans le dos et basta ? Je connais un peu Gabriel, c’est un mec bien, il ne va pas fuir ses responsabilités, d’autant plus qu’avec la situation qu’il a, Mélusine aura moins de soucis à se faire pour l’éducation de son fils. Mes pensées vagabondent et je ne peux m’empêcher d’en vouloir à Mélusine. Je chasse ces idées aussitôt.

— Je rajoute un couvert, lui demandais-je en souriant.

— Je m’assois à côté de toi après que j’ai mis mon pyjama.

Enzo fait un clin d’œil à son père et rejoint sa mère qui n’a toujours pas bougé. Elle suit enfin son fils qui a grimpé les marches à toute vitesse.

Gabriel s’approche alors de Morgan et je l’entends lui dire :

— Tu as bien de la chance !

Leurs regards se croisent. Je ne comprends pas ce qu’il veut dire, je romps un bout de pain pour me donner une contenance et parce que j’ai faim. Pourtant, je le trouve bien fade.

© Isabelle-Marie d’Angèle (Janvier 2023).

À très vite…

Je dis Poésie

Bonjour toi 😉

Mon merle est revenu et il fanfaronne devant ma fenêtre. Pris en flagrant délit de grignotage, je lui dédie cette poésie. Je crois bien qu’il n’est pas vraiment parti mais il se faisait rare autour de la maison. Il a joué l’équilibriste et j’en ai profité pour capturer ses exploits, les clichés où il battait des ailes pour garder l’équilibre sont trop floues pour que je les partage.

Qui vois-je là ?
Jack, le merle noir 
Qui a pris pour abreuvoir
La boule de graisse
À grignoter, il s’empresse !

C’est bien la première fois
Qu’ici je te vois
Picorer ça et là
Tu es bien maladroit. 
Mésanges et tourterelles
Ont l’habitude, elles,
De se balancer au gré du vent
Sans se casser les dents. 

Elles n’ont pas de dents
Me siffles-tu, 
Je le sais bien chenapan, 
C’était pour la rime, vois-tu !
Te voilà déjà retour parmi nous, 
Annoncerais-tu le printemps ? 
Bien sûr que non mille Diou !
Mais comme j’avais du temps
Je suis venu chez toi 
J’ai trouvé par hasard
Cette boule de choix
Je ne suis pas froussard !
J’ai tenté ma chance,
Il n’y avait pas affluence,
J’en ai profité 
Pour goûter 
Ce nouveau met et j’avoue
L’avoir trouvé à mon goût. 

Promis je reviendrai 
Et cette fois je tenterai
D’être plus adroit
De moi tu ne te moqueras pas. 


© Isabelle-Marie d’Angèle (janvier 2023).
À très vite…

Mot phare de l’année

Bonjour toi 😉

C’est en me promenant sur les blogs d’amis, que j’ai découvert celui de Josée . Comme c’est lundi et que je n’aime pas le lundi, pourquoi ne pas démarrer la semaine avec elle, histoire de la commencer de bonne humeur, avec entrain et bonheur 😉.

Son article sur le mot phare m’a interpellée, il est celui que tu auras choisi pour t’accompagner toute l’année.

Je n’ai pas cherché longtemps parce que ce mot m’est apparu rapidement comment une évidence. C’est Rire.

J’ai constaté que je ne riais plus aussi souvent qu’avant. Même si sur ce blog, tu me trouves amusante et rigolote, dans la vraie vie, mes éclats de rire se font plus rares.

Du coup, ce mot m’accompagnera toute cette année 2023. Qu’elle soit donc éclairée de sourires, de joie, gaieté, bonheur, et que chaque jour, un éclat de rire égaye la maison. Il parait que c’est très bon pour la santé, que ça fait travailler tout un tas de muscles et qu’une franche partie de rigolade équivaut à manger un steak 😂.

Merci Josée pour cette belle idée et toi qui passes ici, n’hésite pas à aller sur son blog, Josée distribue du bonheur à tout va 💖.

Toujours chez elle, elle nous fait part de ses 23 intentions et non pas résolutions pour cette année 2023 (d’où le chiffre 23). J’y réfléchis encore 😉et je reviendrai t’en parler 💖.

Et toi quel est ton mot phare ?

Bon début de semaine 💖

À très vite…

Journal de Marie-Sophie

Bonjour toi 😉

Marie-Sophie continue de tenir son journal et elle va de surprise en déconvenue. Comment sa meilleure amie a-t-elle pu faire ça ? Mais qu’a-t-elle donc fait ?

Noël est passé ! L’année est terminée, enfin !

Je regarde par la fenêtre, il fait gris. Je me sens patraque.

J’entends la machine à coudre de Mélusine. Elle est déjà au boulot. Elle a eu de nombreuses commandes, elle est ravie.

Enzo dort encore.

Le premier levé est toujours Archibald. Il a rejoint sa boulangerie et je ne vais pas tarder à aller le retrouver. Finalement, tenir sa boutique me plait bien.

Morgan est parti au marché.

L’année s’est terminée avec la découverte que le papa d’Enzo était Gabriel. C’est Archibald qui m’a expliqué. Notre amie voulait un enfant, je m’étais enfuie au Pays basque, nous ne pouvions pas en discuter ensemble. C’est vraiment par hasard qu’elle en avait parlé à Gabriel, un jour qu’il était venu lui demander où je me trouvais. Archibald était présent. Gabriel avait proposé l’adoption, Mélusine avait refusé. C’était trop long. Elle voulait avoir un bébé tout de suite, seulement, elle n’avait pas d’homme. Archi m’avait raconté qu’en riant, il s’était mis sur les rangs, mais quand il avait réalisé qu’elle serait d’accord, il s’était mis en colère et était parti en claquant la porte. L’envie d’avoir un enfant tournait en boucle dans la tête de Mélusine, elle n’avait que Gabriel sous la main. C’est là où je ne comprends pas comment il a pu accepter de coucher avec elle, oui, parce qu’ils avaient couché ensemble, une seule fois. Lorsque Archibald l’avait appris, il avait déboulé furieux chez Gabriel. Heureusement que Charles était là, il lui aurait cassé la gueule tellement il était fou de rage. Gabriel a toujours affirmé qu’il n’avait pas accepté la demande de Mélusine. Alors ?

Mélusine avait donc avoué qu’elle avait drogué Gabriel. Pour un toubib, bravo, il s’était fait avoir comme un bleu.

Gabriel venait d’apprendre en même temps que moi qu’Enzo était son fils. Pour le bien de notre filleul et pour qu’il passe de bonnes fêtes de Noël, nous n’avons rien dit. Mais en début d’année, nous avons fait promettre à Mélusine de lui dire qui était son père. C’est chose faite. Elle n’a pas reculé. Elle a convié Gabriel chez Saverio, Enzo l’accompagnait. Lorsqu’ils sont revenus, Enzo m’a dit qu’il avait un papa maintenant et qu’il allait le voir souvent parce qu’il travaillait à l’hôpital voisin. Je ne veux même pas connaître ce qu’a raconté mon amie. Tout est clair dans la tête d’Enzo, il est heureux. Quant à Gabriel, effectivement, il essaie de rattraper le temps perdu avec son fils. Mais lorsque Mélusine est présente, il ne croise jamais son regard. Je pense qu’il ne lui pardonnera pas de sitôt. De même, Archibald et moi avons du mal à accepter, mais Mélusine est notre amie depuis de nombreuses années, ça n’excuse rien, je sais bien.

Il est temps de me préparer pour partir à la boulangerie.

Je rencontre François en route. Héloïse est chez ses grands-parents. Il m’embrasse et demande des nouvelles de Mélusine. Ah si elle avait été plus patiente, elle aurait trouvé avec lui, un père formidable. Il craque complètement pour elle.

— J’ai appris pour Enzo.

Stupéfaite, je fais les yeux ronds.

— Je comprends ta surprise, mais il devait avoir envie d’en parler. Il s’est confié à Héloïse.

François hésite à m’interroger, je le vois à sa manière de mettre ses mains dans les poches puis de les enlever. Nous continuons notre chemin en silence et soudain il se décide et s’arrête.

— Ils sont ensemble ?

Je reste à sa hauteur et le contemple. Pour gagner du temps, je demande :

— Tu parles de Mélusine et Gabriel ?

Il hoche la tête et son regard s’évade au loin. Cet homme est amoureux et malheureux, car il sait que ses sentiments ne sont pas partagés.

— Je ne crois pas non !

— Pourquoi est-il revenu alors ?

Comment lui dire qu’à la base Gabriel revenait pour moi et qu’il venait d’apprendre qu’il était papa.

— Tu devrais en parler avec Mélusine. Pourquoi ne lui avoues-tu pas ce que tu ressens ?

— Je l’ai fait et je me suis pris un râteau. Elle m’a répondu qu’elle avait souhaité avoir un enfant toute seule et que sa vie de célibataire lui convenait tout à fait. Je ne comprends pas alors pourquoi cet homme est là. J’avais cru qu’elle avait eu recours à une insémination artificielle.

Nous sommes arrivés, nous entrons ensemble. Archibald me sourit. Je passe dans l’arrière-boutique pour me laver les mains et me changer. Archibald a décidé que je devais avoir une blouse au logo de sa boulangerie. Il sert François et retourne dans son laboratoire.

Avant de sortir, sa baguette à la main, François me demande :

— Je n’ai vraiment aucune chance ?

C’est à ce moment-là que je prends ma décision. Je ne peux pas laisser Mélusine s’en tirer comme ça, sans rien dire. Elle a beau être mon amie, elle a fait n’importe quoi. Elle s’est servie de Gabriel, c’est le moins qu’on puisse dire et quand je vois les yeux tristes de cocker de François, je pense que la vie est vraiment mal faite. Si elle avait rencontré cet homme plus tôt… elle n’a même pas imaginé que je pouvais être amoureuse de Gabriel. Je regarde s’éloigner François.

Furibarde, je retrouve Archibald.

— Tu te rends compte que Mélusine n’a pas pensé une seconde à moi ? Et si j’étais revenue du Pays basque avec la ferme intention de me laisser séduire par Gabriel ?

Mon ami hausse les épaules.

— Tu ne dis rien ?

— Que vas-tu faire ? Briser une amitié de plus de vingt ans ? C’est sa vie, son choix. Je ne cautionne pas du tout, mais ça la regarde.

— Et si Enzo pose des questions sur son père ? Si en grandissant il demande pourquoi il n’aime plus sa maman ? Si c’est à cause de lui ? Et Gabriel tu y as pensé ?

J’en attrapai la nausée. J’ai dû pâlir, Archibald me soutint et me fit assoir.

La cloche de l’entrée retentit, je me redressai et retournai derrière mon comptoir, affichant mon plus beau sourire. Si on m’avait dit à quel point je pouvais être si bonne comédienne, je ne l’aurais pas cru.

© Isabelle -Marie d’Angèle (janvier 2023)

A très vite…

Le foot et moi ou moi et le foot

Bonjour toi 😉

Je ne vais rien t’apprendre, il n’y a que du football à la télé. Exit, les feuilletons, les films et toutes les émissions habituelles, il n’y en a que pour le ballon rond.

– Ça n’arrive que tous les 4 ans, roumèguent fils et mari, je pense que tu vas pouvoir survivre pendant 1 mois.

Évidemment que je vais survivre. Tu vas me dire que je pourrais tout à fait aller regarder d’autres programmes sur des plateformes payantes dont les abonnements sont payés, soit par moi, soit par mon fils. C’est sans compter la flemme, comme on dit dans le Sud, pour aller me connecter, trouver le mot de passe, chercher une série, etc…

Donc, je regarde le foot, distraite par mon téléphone, mon jeu ou les messages. Et puis je commente et ça donne ça, s’entend bien sûr avec une préférence pour la France où je gère un peu quand même 😁. Je te balance en vrac mes réactions sur les différents matchs et ne me demande pas de qui il s’agissait, à part le nôtre, les autres bah… tu as compris !

– Je n’aime pas la tenue du goal (Hugo Lloris) violette, d’habitude il n’est pas en jaune ? Ah, mais c’est parce que les autres sont en jaune. (Tu remarqueras que je me fais les demandes et les réponses toute seule). N’empêche, le violet, c’est la couleur du deuil, ça va leur porter la poisse.

Réaction très vive

– Ah, mais tais-toi ! Et puis pourquoi ce serait la couleur du deuil ?

– Les chrysanthèmes à grosse tête sont souvent violet et je ne les aime pas. Il y en plein les cimetières, c’est pour ça que je les choisis plutôt orange ou rouge moi !

– On s’en fout !

Et paf but ! 1 à 1

– Tu ne pouvais pas te taire, c’est de ta faute, fulmine mon fils.

J’imagine les joueurs en colère non, mais qui a dit que le violet allait nous porter la poisse, réclamation : Je serais ravie qu’ils pensent à moi, mais quand même à ce moment clé du match, ils ont autre chose à penser qu’à cette phrase dite par moi 🤣. Je ris in petto en les imaginant à nouveau s’agglutiner autour de l’arbitre pour dire que ce n’est pas de leur faute s’ils ont pris un but. (je te jure quand mon imagination se met en branle, c’est la cata 🤐).

Je me tais et reprends mon jeu tout en surveillant le match.

– J’aime bien leurs chaussettes rouges. Tu as vu comme elles montent bien haut ?

Je ne peux pas me taire ? Je ris en découvrant les regards furibonds de monsieur et fils.

– Pour ce que j’en dis après tout ! D’accord je me tais.

– Hors-jeu ! crie monsieur.

– C’est quoi hors-jeu ! (moi, mais t’avais compris)

– Je te l’ai déjà expliqué, l’arbitre va demander la Visio.

J’entends les journalistes dire que c’est à l’arbitre de décider. Il faut évidemment que je m’en mêle 😉

– Bah s’il y a hors-jeu, l’arbitre va dire qu’il y a hors-jeu et voilà. Il n’y a pas grand-chose à décider.

– Oui bon, t’y comprends rien de toute façon.

But refusé.

– Ben voilà, c’est normal, dis-je en reprenant mon téléphone.

Regards appuyés et soupirs de mes hommes.

– Ben quoi c’est pas vrai ? Vous êtes pour qui à la fin ?

Je suis scotchée par la réponse :

– N’importe !

(Il ne s’agissait pas de la France, tu as deviné).

– Et tout ce pataquès pour ça, il y a hors-jeu, il y a hors-jeu ! répétais-je.

J’aurai mieux fait de me taire, je crois !

🤣🤣 🤣

– Mais quelqu’un pourrait-il m’expliquer ce que c’est quand même ? Parce que montrer qu’il y a juste une épaule qui était là dans la surface de réparation et qu’elle n’aurait pas dû y être, c’est un peu léger.

– Tu es irrécupérable maman !

🤣🤣 🤣

© Isabelle-marie d’Angèle (29 novembre 2022)

À très vite…

Lundi de bonne humeur

Bonjour toi 😉

Tu le sais maintenant que je n’aime pas le lundi 🙄 et va savoir pourquoi 😏. Donc, comme je n’aime pas le lundi, je vais bavarder avec toi et faire en sorte qu’il soit comme un autre jour.

Il pleut ! ça n’arrange pas mes affaires ☂🌧surtout quand je regarde par la fenêtre en face de moi. Que vais-je pouvoir raconter pour que cette ambiance tristounette change de bord 🤔.

Ouais, je répète c’est lundi et j’ai la patate 😏 bof !

Même pas vrai 😁 et en plus, c’est un peu comme si j’étais toujours en vacances 🤐 mais chut !

Heu … après tout pourquoi pas ! Je me vois bien te souhaiter un bon week-end, imagine un peu ta tête, tu vas penser illico, non mais elle a fumé la moquette ou quoi ! ou si tu es beaucoup plus diplomate excuse-moi mais tu vas bien ? 😁

C’est vrai ça ! au pire 🤣

Bref ! Nous sommes lundi, ça tu l’as compris ! mais nous sommes aussi surtout le 28 novembre et dans … attends je compte 29, 30 …2 jours, nous sommes le 1er décembre. Et qui dit 1er décembre, dit calendrier de l’Avent.

Et tu sais quoi ? Je t’en ai préparé un que je trouve super joli !… Si c’est vrai qu’il est beau ! Chaque jour du mois de décembre, tu pourras le découvrir ! Regarde, j’ai déjà les mugs 💖.

De plus, je vais pouvoir écouter les chansons de Noël que je pourrai te partager. D’ailleurs, pendant le mois de décembre, note bien que tu vas passer en mode Noël.

Alors, elle n’est pas belle la vie ? Il pleut, il fait pas chaud, c’est lundi, mais c’est bientôt décembre 💖.

Bon lundi et tu sais quoi ? J’ai la patate 💖🤣 tu vois que ça marche !

À très vite…

Journal de Marie-Sophie

Bonjour toi 😉

S’il y a bien quelque chose que Marie-Sophie déteste, c’est bien la trahison et le mensonge 🙄.

Je ne voulais pas ouvrir les yeux. J’étais bien dans mon cocon. Je savais que dès que je bougerais, les questions fuseraient de toute part et je n’avais ni l’envie ni la force d’y répondre. Tout allait recommencer, la boule au ventre, la peur de sortir et de parler à mes amis. Je n’avais plus le courage. Pourquoi Saverio était-il passé par là ?

Parce que ce n’était pas ton heure ! Tu as encore tellement de choses à vivre.

Je ne pouvais plus retenir mes larmes. C’était la voix de maman que j’entendais. Je serrai les yeux, peut-être allais-je l’apercevoir ? Je la cherchais désespérément, mais la voix s’était tue et je ne vis personne. Mes paupières se relevèrent lentement. J’étais dans ma chambre. Tournée vers la fenêtre, je reconnus aussitôt l’érable pourpre dont les feuilles balayaient la vitre. Je compris aussi que j’étais seule, mais j’entendais des chuchotements en bas. Soudain, un léger bruit me fit tourner la tête vers la porte. Enzo me regardait. Il n’osait pas entrer. Il me fit un petit signe de la main, je lui fis aussitôt chut en mettant mon doigt sur mes lèvres puis l’invitais à me rejoindre. Il n’hésita pas et s’assit sur mon lit.

— Tu m’as fait peur marraine, tu sais bien que l’eau est froide en ce moment, tu allais tomber malade.

Il chuchotait. Mélusine avait certainement édulcoré la situation. Pour lui, j’avais juste eu envie de prendre un bain.

— Tu as raison, je suis un peu bête parfois.

Je parlais doucement. Il se blottit contre moi.

— Dis… heureusement que le chien de Saverio t’a vue, j’aurais été trop triste si…

Bravache, il essuya en douce une larme.

— Tu sais, Morgan depuis trois jours, il ne mange plus et ne dort plus.

Surprise, je l’interrogeai :

— Trois jours ? Ça fait si longtemps que je dors comme une marmotte ?

— Oui même que parrain et lui se relayaient à côté de toi pour te surveiller. Le médecin est passé, mais il a dit qu’il fallait te laisser te reposer. Ils n’ont pas voulu que tu ailles à l’hôpital. Gabriel était très inquiet et pas d’accord, mais ils disaient que c’était de sa faute tout ça. Morgan l’a même fichu à la porte et s’est mis en colère contre maman. C’est parrain qui a réussi à le calmer. Il est bien mon parrain, je suis allé dormir avec lui dans sa chambre quand il ne te surveillait pas. Maman était trop triste, je ne l’ai jamais vue comme ça. Quand t’es pas là marraine, rien n’est pareil. C’est ce que parrain n’arrêtait pas de répéter à Mélusine. Il s’est fâché aussi contre elle. J’ai voulu prendre sa défense, mais il m’a pris dans ses bras et m’a dit que c’était des histoires de grande personne. Du coup, Morgan m’a emmené et c’est François qui m’a gardé avec Héloïse.

Il se tut, Morgan venait d’entrer dans ma chambre. Lorsqu’il réalisa que j’étais réveillée, un sourire éclaira aussitôt son visage, mais il n’atteignit pas ses yeux. Il avait mauvaise mine, je ne l’avais jamais vu ainsi.

Je lui tendis les bras, il s’y blottit. Enzo toujours contre moi ne bougeait pas. Du coup, je les entourai tous les deux et les serrai contre moi.

— Je te demande pardon ! murmura Morgan à mon oreille.

Pourquoi s’excusait-il ? Ce serait plutôt à moi de le faire, mais je le sentis sangloter contre moi. Puis il se releva et saisit son portable.

— Je reviens, j’ai promis d’appeler Archibald dès que tu serais réveillée, Mélusine tient la boulangerie, il la préviendra et j’imagine qu’il va rappliquer aussitôt.

Il se tourna vers Enzo et lui demanda de rester avec moi.

— Tu veux boire quelque chose ? Manger un gâteau ?

Il avait dû recevoir des consignes et il prenait son rôle très au sérieux. Je repoussai la couette et découvris que j’étais en pyjama. Je ne me souvenais pas l’avoir enfilé.

Je posais délicatement les pieds par terre lorsque Morgan réapparut.

— Je vais t’aider.

Il attrapa ma main et je me levai. Un léger vertige me saisit, mais il ne dura pas. Je me blottis dans ses bras.

— J’ai prévenu aussi le médecin, enfin… Gabriel.

Il avait hésité sur le prénom, mais il me regarda dans les yeux.

— À moins que tu ne veuilles pas qu’il s’occupe de toi.

Je secouai la tête, rien n’avait d’importance. J’entendis une cavalcade dans l’escalier et Archibald déboula dans la chambre. Lui aussi avait mauvaise mine. Morgan se détacha de moi pour lui laisser la place.

— Tu m’as fait tellement peur MarieSophe !

Lui aussi essuya furtivement une larme.

— Pleure pas parrain, elle va bien marraine. Elle a fait un sacré gros dodo. Tu viens avec nous ?

Morgan me passa un pull par-dessus la tête pour que je ne prenne pas froid et tenue par lui d’un côté et par Archibald de l’autre, je descendis l’escalier.

Charles avait dû aussi être prévenu, il arrivait accompagné de Célestine. Aucun ne me posa de questions, mais je sentis que Pépé Charles avait eu du chagrin, ses yeux étaient rougis. Morgan mit en route la cafetière, Archibald avait amené du pain frais et une brioche. La vie semblait reprendre son cours.

Et Gabriel entra à son tour, il me regarda et je compris en un éclair. Ces yeux-là, je venais de les croiser il y a quelques minutes, c’était ceux d’Enzo. Comment mon amie avait-elle pu me cacher ça ? Je n’arrivais pas à réfléchir et calculer quand elle avait couché avec Gabriel, alors qu’elle savait que j’en pinçais pour lui. Enzo était-il au courant ? Et Archi ? C’est ce qui expliquerait peut-être sa colère contre Mélusine.

Perdue dans mes pensées, je n’avais pas dû entendre la question que me posait Gabriel, car il se pencha vers moi et déjà il me prenait mon pouls.

— Comment te sens-tu ? Te souviens-tu quelle année nous sommes ? Comment t’appelles-tu ?

Ah si j’avais pu tout oublier…

— Je m’appelle Marie-Sophie et toi tu t’appelles Gabriel.

Je me tournai vers Morgan.

— Lui c’est mon amour et lui, je désignai Archibald, mon meilleur ami, et puis, là c’est Charles et Célestine.

Rassuré Gabriel me lâcha. Qu’est-ce que j’avais mal ! Y avait-il un remède pour calmer ce sentiment de trahison que je ressentais ? Les questions tournaient en boucle et les souvenirs affluèrent. C’est quand j’étais revenue du Pays basque que j’avais découvert qu’elle était enceinte. Elle avait donc profité de mon absence. Je me rappelais aussi que lors de mon déménagement, les lèvres de Gabriel s’étaient égarées sur les miennes. Je n’avais alors pas fait encore mon choix à ce moment-là. Apparemment, pour lui et Mélusine c’était consommé. Et puis les paroles de Mélusine s’imprimèrent dans mon esprit, elle ne voulait pas d’homme. Elle répétait qu’elle avait fait son bébé toute seule.

Morgan s’approcha de moi.

— Cesse de te poser des questions, tu auras les réponses rapidement. Mélusine a promis.

Comme toujours, il avait compris, mais moi je me demandais s’il était au courant et depuis combien de temps. Même à lui, je ne pouvais pas faire confiance ? J’avais horreur d’être tenue à l’écart sous le prétexte qu’il faille me protéger. Et qu’avait-elle promis Mélusine ? Me dire la vérité ou encore m’édulcorer l’histoire ? Tout ça tourne dans ma tête et l’envie de repartir me coucher, m’endormir et ne plus me réveiller revint me titiller.

— Viens avec moi !

Archibald m’attira vers lui et sans demander l’avis de qui que ce soit, il m’entraîna à l’extérieur. Il me fit grimper dans son Foodtruck et démarra. Je savais que lui ne me trahirait pas, jamais.

© Isabelle-Marie d’Angèle (22 novembre 2022).

À très vite…