Jules et les 3 portes

Bonjour toi 😉.

La curiosité est un vilain défaut Jules, et connaître l’avenir n’est pas franchement une bonne idée 😄.

La maman de Jules est jolie et très gentille, du moins c’est ce que pense son gamin, mais il n’est pas très objectif. Il adore son parfum. Son prénom ? Emmeline. Ils habitent une grande maison, le château, comme l’appellent les gens.

Jules, à l’école, s’y sent bien. Il a cinq ans. Il est en avance pour son âge et ses copains lui font bien comprendre qu’il est différent. Il sait lire, écrire son prénom et celui de sa maman. Son papa ? Il n’en a pas. Emmeline ne lui en parle jamais et ne répond pas à ses questions. Grave erreur pour Jules, qui est têtu et très curieux.

Dans son château, il y a à l’étage où Emmeline travaille, trois portes. C’est très étrange ce qu’il y a d’inscrit dessus. Sur la première Hier brille de mille feux. Jules adore y entrer. Il peut y choisir les moments préférés qu’il a déjà vécus. Dans sa courte vie, il a des souvenirs qu’il aime bien se rappeler comme la pêche avec grand-père, ses premiers pas avec les éclats de rire de maman, la course en vélo sans les petites roues (la chute où il s’est déchiré le menton, il évite de regarder, il semble encore avoir mal !). C’est bien dans cette pièce, mais c’est le passé.

Sur la deuxième, pas amusante du tout, Maintenant   le nargue et ne lui apprend rien du tout, vu que dès qu’il pousse la porte, la salle est vide. Oui, il a bien compris que maintenant, c’est le présent, donc il est là, la main sur la poignée, instant du moment, point !

Cette pièce est moche et n’a pas d’âme, enfin c’est ce qu’il croit. Jules veut pousser la porte Demain, mais sa maman le lui a fortement interdit.

— Tu ne peux pas connaitre de quoi l’avenir est fait, impossible de le voir !

Jules argumenta à sa manière :

— Je ne ferai pas de bêtises si je sais que si je la fais il va m’arriver quelque chose de mal.

— Non Jules, je te défends formellement d’ouvrir cette porte.

Il n’a pas reconnu sa voix ni son regard qui semblait flamboyer. Même si ce n’est pas possible, hein, d’avoir des flammes dans les yeux. D’ailleurs maman a vite retrouvé son sourire et d’une caresse sur le nez l’a renvoyé à ses jouets.

C’est sans compter que Jules est têtu comme une mule et curieux comme une fouine. Il a donc décidé qu’aujourd’hui mercredi, il désobéirait et entrebâillerait juste celle de  Demain.

Emmeline, occupée dans sa cuisine à confectionner un gâteau au chocolat fredonne, il en profite pour rejoindre l’étage, il n’en aura pas pour longtemps. Il grimpe les marches quatre à quatre et arrive le cœur battant devant la porte qu’il pousse. Elle résiste. Jules se laisse glisser au sol en soupirant, découragé. Puis il rampe vers Maintenant. Bien sûr, il n’apprend rien de plus. Alors il entre dans hier et il se voit courir dans l’escalier, parvenir face à demain. Non, il n’avait pas réussi à débloquer la porte.

— Jules ?

Il sursaute, il n’a pas entendu Emmeline approcher.

— Tu ne sens pas l’odeur du gâteau ?

Emmeline regarde son petit garçon dans les yeux.

— Je n’ai pas faim !

— Jules ?

Il n’a jamais compris comment sa maman lit en lui comme dans un livre ouvert.

— Aurais-tu envie de me désobéir ?

— Non, mais…

— Viens goûter s’il te plait !

La tête basse, il la suit. Même pas l’odeur du chocolat ne réussit à lui redonner le sourire. C’est un comble !

La lune toute ronde le nargue à travers les rideaux. Jules bien réveillé veut absolument savoir ce qui se cache derrière cette porte. Il se lève et se dirige à pas de loup vers Demain. Surpris qu’il n’y ait pas de résistance il la pousse, le cœur battant.

Tout d’abord, il ne voit rien. Il avance un peu plus dans la pièce qui s’éclaire davantage. Jules ne distingue pas grand-chose et ne reconnait rien. Il essaye de même que dans celle de  Hier de se rappeler un souvenir, sauf que dans le futur, il n’y en a pas. Ce n’est pas drôle se dit Jules, en fait, c’est comme dans le présent. Si je reste planté, ça n’avance pas. Donc, il s’approche d’une grande porte qu’il n’a pas distinguée. Il la pousse.

— Salut, Jules, alors tu l’as enfin prise ta décision ? Tu vas te marier ?

Jules recule, effrayé. Se marier ? Avec qui à cinq ans se marier ? Il entrebâille à nouveau la porte et ne reconnait personne sauf… Étienne, son meilleur copain. Heureusement qu’il a toujours les mêmes lunettes rondes, qu’est-ce qu’il fait vieux ! Mais… le garçon là, c’est lui Jules, il sait que c’est lui avec sa mèche qui lui tombe dans les yeux. Il ne fait plus un bruit et écoute.

— Il paraît que oui !

— Félicitations, mon pote, Valentine et toi formez vraiment un chouette couple !

Valentine ? La rouquine ? Jules referme la porte.

Il en aperçoit une autre, plus petite.

— Ah mon pauvre Jules !

Pauvre ? Jules s’approche pour écouter.

— Je t’avais dit qu’il ne fallait pas goûter ces vers de terre, c’est franchement… tu vas avoir mal au ventre ! Regarde Valentine…

Beurk ! Jules retire la porte vers lui. Manger des vers de terre ? Encore avec Valentine ? Elle ne me lâche pas celle-là !

Il s’assoit par terre et réfléchit. La porte  Demain est le futur. Bon, il n’a pas envie d’apprendre qu’il va être malade s’il avale ces sales bestioles, par contre, se marier avec Valentine, ça…

Ses yeux commencent à se fermer, il décide de regagner sa chambre où il s’endort aussitôt.

C’est l’odeur du pain grillé et du chocolat chaud qui le tire du lit. Quand il rejoint sa maman dans la cuisine, elle l’attend avec une tartine de confiture à la main.

— Bien dormi mon bonhomme ?

Il ronchonne un oui et s’assoit à table.

— Tu penseras quand même à t’habiller, l’école c’est dans une heure.

Emmeline fredonne et lui ébouriffe les cheveux en passant près de lui.

Quand on sonne à la porte, surprise, elle regarde son fils.

— Bien matinal ! qui cela peut-il être ?

Quand Jules aperçoit Valentine accompagnée de Juliette, sa mère, entrant dans la cuisine, il manque s’étrangler avec sa tartine.

— Bonjour Emmeline. Désolée de te déranger si tôt, mais Valentine a mal au ventre, si tu pouvais…

Emmeline est médecin, et à la campagne, on n’attend pas forcément que le cabinet médical ouvre. Elle soupire.

— Qu’est-ce qu’il se passe, ma pitchounette ?

Jules devant sa tartine devient tout rouge.

— Elle a mangé des vers de terre.

Les deux femmes se regardent surprises. Valentine furibonde réplique :

— Menteur ! et puis d’abord comment tu le sais ?  

— Je t’ai vue.

Emmeline fixe Jules, pendant que Juliette interroge sa fille.

— C’est vrai ?

Valentine hoche la tête.

— Alors tu ne dois pas t’étonner pas d’avoir mal au ventre, lui murmure Emmeline en lui massant doucement l’abdomen. La douleur disparut et la gamine retrouva le sourire.

— Voilà, elle est guérie, mais ne t’avise pas de recommencer.

 Juliette remercia et emmena sa fille.

C’était chose courante de débarquer ainsi à l’improviste chez Emmeline. Un peu sorcière, comme l’appelaient les habitants du village, ils n’hésitaient pas à venir frapper au carreau au moindre bobo. Pourtant, la jeune femme était véritablement médecin, mais de même que sa mère et sa grand-mère avant elle, elle possédait un don.

— Dis-moi Jules, comment tu étais au parfum pour Valentine ?

Jules ne ment pas parce qu’il a horreur de ça.

– J’ai ouvert la porte de  Demain et tu sais quoi ? Je vais me marier avec elle. Jamais je ne serai d’accord, elle m’énerve. Moi, je veux toujours rester avec toi. Mais je n’ai pas compris, je ne les ai pas encore mangés, moi, les vers de terre, pourtant je me suis vu.

Emmeline interrompit son fils :

— Si je réfléchis bien, tu m’as désobéi ?

Il rougit de plus belle.

— As-tu vu aussi que j’allais te flanquer une jolie punition ? Par exemple, t’interdire d’aller à la pêche ce week-end.

— Maman, s’il te plait, non !

Jules fondit en larmes.

— Je ne recommencerai plus, je te le jure. Et puis d’abord, ça me fait trop peur de connaitre  Demain. Je préfère que ça arrive tout seul sans que je sache. Dis maman, je ne vais pas me marier avec Valentine hein ? Et puis, j’étais vieux, et il y avait aussi Étienne, je ne l’avais pas reconnu, sauf qu’il avait toujours ses lunettes. Moi, je ne veux pas devenir comme grand-père.

— Bon Jules, va t’habiller, tu vas finir par être en retard, ça ce n’est pas demain, c’est maintenant !

— Dis, tu crois que je pourrais changer le futur ?

En marchant vers l’école tous les deux, main dans la main, Jules n’en démord pas :

— Je ne veux pas épouser Valentine et devenir comme grand-père…

Emmeline sourit.

— Tu as bien le temps, peut-être changeras-tu d’avis ?

— Ah non ! moi, je vais le changer le futur, tu vas voir. Et avant qu’Emmeline réagisse, Jules partit à la rencontre de Valentine qui arrivait avec Juliette.

— Tu sais quoi Valentine ? Je ne vais pas me marier avec toi !

La petite fille le regarda de ses grands yeux couleur d’océan :

— Ben pourquoi ? Je ne suis pas fâchée pour les vers de terre.

La question surprit tellement Jules qu’il resta planté sur le trottoir.

C’est ainsi qu’Emmeline le retrouva.

— Tu sais, dit Jules, finalement, peut-être que ce n’est pas une mauvaise idée.

— Que veux-tu dire Jules ?

— Elle a vraiment de jolis yeux Valentine !

Il remit sa main dans celle de sa maman et continua sa route pour aller à l’école.

À très vite…

Marie-Sophie, entre les deux son cœur balance

Bonjour toi 😉

Je partage avec toi la suite de Marie-Sophie.

Je n’en reviens toujours pas. Archibald a dégoté un four à pain à bois et le local qu’il est en train de remettre en état. La boulangerie qui va ouvrir fait la une de la gazette. Les habitants sont ravis de ne plus avoir de kilomètres à faire pour avoir leur baguette fraîche.

Il n’y avait pas eu de repreneur lorsque le propriétaire était parti à la retraite. Pourtant, il avait publié une annonce sur TF1et SOS village, mais ça n’avait pas trouvé grâce aux yeux de quelqu’un. Finalement, ça tombe bien pour Archibald. Celui-ci remet tout à neuf et il arrive avec toutes ses idées. J’espère de tout mon cœur que ça va marcher. Mon ami n’est pas basque et parfois, ce n’est pas facile de s’intégrer. Archibald pourra compter sur Morgan, connu comme le loup blanc.

Le boulanger, Gérard, est venu lui donner un coup de main et discuter avec lui. Il est en admiration devant Archibald qu’il trouve bien courageux. Jamais, il n’aurait pensé qu’il aurait pu quitter une affaire qui marche pour s’installer dans un endroit, certes sympathique, mais dont il ignore les coutumes et les habitudes.

Il a assuré à mon ami qu’il lui ferait sa publicité. Il était apprécié de ses clients, il pouvait compter sur lui pour parler de lui à des kilomètres à la ronde. L’expression m’a fait rire parce que pendant des kilomètres, il y a des prés verts et des vaches.

Archibald ne compte pas s’arrêter là, il a décidé plus tard de faire aussi une tournée pour les habitants qui ne pourraient pas se déplacer. Il y a un certain nombre de personnes âgées ici. Pépé Charles a approuvé cette idée. Il lui a même dit qu’il pouvait compter sur lui pour conduire son camion. Je ne savais pas que Charles avait son permis pour ce genre de véhicule. Il parait que le B ça suffit s’il ne pèse pas plus de 3,5 t. Je pensais juste à une fourgonnette, mais Archibald parlait d’un Food truck.

Mélusine a aussi réussi à convaincre d’autres mamans de se retrouver avec leurs enfants non scolarisés. Elle a fait la connaissance de Madeleine et Julia. Toutes deux ont une petite Juliette pour la première et un Alexandre de l’âge d’Enzo pour la seconde. François, lui, est seul pour élever sa petite Héloïse.

Pour l’instant, c’est la mairie qui met à leur disposition une salle. J’y suis allée faire un tour, elle est bien tristounette cette pièce. Avec Mélusine, nous avons demandé au maire s’il était possible de la repeindre avec des couleurs plus gaies. Il a refusé ! Elle peut servir à d’autres associations.

François qui tient une maison et table d’hôtes a proposé que ça se fasse chez lui une fois par semaine. La pièce qu’il offre est très cosy avec une petite banquette vieux rose et des rideaux assortis aux fenêtres, le mur en lambris réchauffe le tout. Quand nous y sommes allées, Mélusine et moi, nous avons été frappées toutes les deux par l’ambiance zen qui y régnait. C’est un endroit parfait pour les enfants.

Aujourd’hui, j’accompagne Morgan au marché. Il vend régulièrement son miel et les légumes qu’il cultive dans son jardin. Je charge les cagettes dans sa camionnette et en me retournant, je me trouve face à lui et contre lui.

Je ne sais toujours pas ce que je ressens pour lui et Archibald qui s’installe ici n’arrange rien. Je crois que je les aime tous les deux, certainement pas de la même façon, mais je ne veux pas faire de peine ni à l’un ni à l’autre.

Morgan me relève le menton et plonge ses yeux dans les miens. Sans crier gare, il pose ses lèvres sur les miennes. Puis, il repart chercher la dernière cagette de légumes. Ce fut tellement rapide que j’ai pensé avoir rêvé. Je reste plantée devant le coffre ouvert. C’est lorsque je le vois revenir que je me bouge.

— On y va ?

Morgan s’installe au volant et démarre. Je grimpe à côté de lui et je ne peux m’empêcher de lui demander :

— Pourquoi tu as fait ça ?

— J’en avais envie depuis longtemps et si je ne fais rien, tu ne vas rien tenter. Tu m’en veux ?

Je suis tellement surprise par sa réponse que je ne sais pas quoi dire. Est-ce que je lui en veux ? Un peu quand même. De quoi se mêle-t-il ?

Je lui jette un regard en coin. Il fixe la route.

— C’est vrai quoi ! ajoute-t-il.

Je n’ose pas lui demander ce qui est vrai. Me voilà bien.

Nous arrivons sur la place du marché et j’aperçois Archibald devant son local qui commence à prendre une belle allure. Son enseigne Au fournil d’Archi écrit sur une baguette en fer forgé, style girouette, lui ressemble, simple et efficace.

Dès qu’il nous aperçoit, il vient à notre rencontre. Suis-je amoureuse de mon meilleur ami ?

Jeux d’écriture

Bonjour toi 😉

Ici la consigne était celle -ci : je vous propose d’écrire un poème ou un récit à partir de la célèbre strophe suivante “Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne” en partant sur un style complètement différent de celui du poème initial.

Voici ma participation 👇

Pierre et Louise étaient prêts. Comme chaque année à cette période, ils quittaient la vallée pour grimper dans les alpages.

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, tout le village entendra les cloches de leur troupeau.

Pour l’heure, ils vérifiaient que leurs bêtes étaient toutes en pleine forme. D’ailleurs, les animaux sentaient qu’ils allaient partir. Une ambiance de fête régnait dans la chèvrerie. Même le berger des Pyrénées savait que bientôt, il serait le gardien de toutes ces bêtes et gare à celle qui dévierait de sa route, il la remettrait dans le droit chemin.

La nuit fut courte et le soleil pointait à peine son nez que déjà les biquettes étaient prêtes. La cheffe, noire et rousse à la barbichette rebelle portait la cloche au cou. Elle annoncerait son passage dans les rues du village. Boule, le chien était à pied d’œuvre, il leur tournait autour afin qu’elles ne s’éloignent pas et restent en troupeau. Une chèvre, c’est curieux, un rien peut lui donner l’envie de quitter la route et de grimper…

Demain, dès l’aube à l’heure où blanchit la campagne, tout ce petit monde sera dans les montagnes et retrouvera la ferme où pendant quelques mois, chacun vivra au rythme du soleil, des animaux, sans connexion autre que la nature.

À très vite

Il faut toujours viser la lune

Bonjour toi 😏

C’est Jules aujourd’hui qui partage son mercredi avec toi 💖.

Il faut toujours viser la lune
Car même en cas d’échec
On atterrit dans les étoiles
(Oscar WILDE)

Jules, comme chaque soir après l’école, lunettes sur le nez regardait l’immeuble d’en face. Il réfléchissait. Comment faire pour qu’elle le remarque.

Elle, c’est Clémentine, la petite brune avec ses couettes qui volent dans tous les sens et qui lui met le cœur à l’envers.

— Tu veux que je t’aide ?

Jules sursauta. Il était seul dans sa chambre.

— C’est moi qui te parle.

— Qui ?

— Moi la lune, là dans le ciel, devant toi. Je suis pourtant pleine ce soir, tu n’arrêtes pas de me regarder !

— Heu non ! je regardais l’imm…

— Ta ta ta, c’est moi que tu regardais.

Jules gronda :

— Je te dis que non ! Je regarde la fenêtre de Clémentine.

— Pfft… de toute façon tu ne l’intéresses pas !

— Comment tu le sais d’abord ?

— Trop petit !

— Pas vrai ! regarde, je peux presque te toucher.

Debout sur le rebord, il levait les bras pour toucher la belle boule jaune, il vacilla.

— Attention Jules, tu vas tomber !

Une petite brunette affolée, faisait des grands gestes à la fenêtre d’en face.

Jules se rattrapa de justesse et maugréa :

— J’ai l’air malin !

— Il n’empêche qu’elle t’a repéré. Tu pourrais me remercier, la prochaine fois que tu ne sais pas comment faire. Pense à viser la lune ….

Jules sourit, des étoiles plein les yeux. Clémentine, elle aussi, ouvrait sa fenêtre, elle était vraiment trop belle avec ses couettes….

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

J’aime un voyou au grand cœur

Bonjour toi 😏

Pas de Marie-Sophie aujourd’hui, je partage avec toi une nouvelle histoire qui participe à un nouveau concours. Tu vas faire connaissance avec deux nouveaux personnages, Paco et Angèle. Pourquoi cette illustration ? J’adore titiller votre curiosité…

Chapitre 1

Août 1991 — quelque part en France, un coin de campagne.

Paco surveillait la route. Il vivait avec son grand-père depuis l’âge de huit ans. Ses parents avaient eu un accident de voiture, ils étaient morts tous les deux. Il n’avait pas eu le temps de leur dire au revoir. Il avait douze ans.

La chambre d’hôtes que son grand-père tenait était réputée au village et dans les alentours. Paco était curieux de connaitre les nouveaux arrivants. Les précédents étaient nuls, des Parisiens. Rien que leur accent lui avait mis le cœur à l’envers. Si ce n’était que ça ! Rien qu’à voir la voiture qu’ils avaient, Paco savait qu’ils gagnaient bien leur vie et qu’ils allaient le faire savoir. Le gamin n’aimait pas du tout ce genre de personnages, imbus de leurs personnes. Son grand-père avait bien tenté de lui faire entendre raison, mais Paco avait décrété qu’ils n’étaient pas intéressants et il s’était fait rare pendant leur séjour.

D’ordinaire, il aimait bien aider son grand-père. Il préparait avec lui les petits-déjeuners et menait la conversation avec les clients. Il proposait les sites à visiter et même d’être leur guide s’ils en avaient envie. C’est ainsi qu’il se faisait son argent de poche. Agréable à regarder, toujours de bonne humeur, les clients aimaient bien son bavardage. Il connaissait le village et ses alentours comme sa poche, il était connu des habitants comme le loup blanc.

Perché sur le tilleul, il entendit la voiture avant qu’elle ne surgisse au bout du chemin. Il se pencha davantage et l’aperçut enfin. Une Clio rouge. Il pensa aussitôt que ces hôtes-là allaient lui plaire. Et quand il vit surgir de l’arrière, un lutin aux longs cheveux qui avait un rire en cascade, il sourit.

Angèle leva la tête. Intriguée par le bruissement des feuilles du tilleul, elle se demandait s’il n’y avait pas quelqu’un. Alors que ses parents étaient accueillis par un monsieur aux cheveux blancs, elle se posta sous l’arbre gigantesque.

— Ce n’est pas la peine de te cacher, je t’ai vu.

Elle n’hésita pas une seconde. Même si elle n’était pas très grande, elle était agile. Elle attrapa la première branche à sa portée et comme un petit singe, elle se hissa dessus et se trouva face à face avec le garçon aux cheveux mi-longs, aux yeux rieurs.

— Moi c’est Angèle et toi ?

Elle n’avait pas froid aux yeux la gamine. Il sut à ce moment précis qu’il ne l’oublierait jamais. Il grava dans son esprit son minois de souris et murmura :

— Paco.

— Tu te caches souvent ?

— Tout le temps pour surveiller les clients de mon grand-père.

— Pourquoi ? Tu as peur qu’ils lui fassent du mal ?

Surpris par la question, il ne répondit pas.

— Du coup, tu me trouves comment ?

Il rougit. Elle éclata de rire.

— Ben oui, tu nous surveilles. On te plait ? Tu as vu mon père et ma mère.

Il haussa les épaules et sauta en bas de l’arbre. Elle siffla d’admiration. C’était haut quand même.

Il la regarda d’un air goguenard.

— Alors ? Tu as peur ?

— Tu parles !

Elle sauta et s’écroula sur le gravier.

— Tu t’es fait mal ?

Il voulut la relever. Vexée, elle le fit toute seule.

— Ce n’est pas parce que je suis une fille que je vais pleurnicher. Je suis une guerrière moi !

Il sourit. Décidément, cette gamine lui plaisait. Il ne comprit pas pourquoi son cœur battait la chamade et pourquoi il avait envie qu’elle reste longtemps en vacances chez son grand-père.

Dis-moi si tu aimes cette nouvelle histoire. Je pense que la suite te surprendra…Je ne t’ai pas mis le résumé exprès pour attiser ta curiosité 😄.

À très vite…

Amis pour la vie

Bonjour toi 😉

Voici la suite de Marie-Sophie. L’histoire prend un tour inattendu.

Je n’arrive pas à y imaginer qu’Archibald puisse penser quitter son village et venir habiter ici. Je suis certaine que ça fait trop de bonheur d’un coup et que je vais le payer un jour ou l’autre.

Je suis installée dans ma nouvelle maison avec ma meilleure amie et mon filleul. Pépé Charles fait des aller-retour et amène petit à petit son bric-à-brac. Lui qui a toujours revendiqué sa liberté, le voilà souvent acoquiné avec Célestine. Trop de joie d’un coup, j’ai la frousse que tout s’écroule.

J’agace tout le monde avec mon pessimisme et le pire c’est que je m’en rends compte. Bien sûr, j’ai payé le prix fort en perdant mes parents d’un coup, mais ça ne veut pas dire que c’est fini, que je ne vais plus avoir de catastrophes qui vont me tomber dessus. La vie, c’est comme ça, un coup c’est tout beau et le lendemain c’est la grisaille.

La petite chaumière comme je l’appelais, prend petit à petit une tout autre allure. Le chien de Charles fait ami-ami avec celui de Morgan, ainsi que son chat. Je n’arrive toujours pas à comprendre comment Célestine, la dame si distinguée du château, va vivre ici dans un 100 m2 avec Charles en plus.

J’ai eu le malheur de faire cette réflexion à haute voix et son rire cristallin en cascade m’a remis en place.

— Mais enfin Marie-Sophie, comment m’imaginiez-vous ? Le château appartenait à mon mari décédé. Je n’ai jamais été une châtelaine. Demandez donc à Morgan.

Je ne m’y suis pas risquée. Mélusine m’a glissé à l’oreille que j’avais trop d’idées bien arrêtées.

Archibald est revenu. Il faut que je lui parle. Dès son arrivée, il vient m’embrasser et me serre dans ses bras.

— Attends un peu toi ! Tu me caches des trucs et je veux savoir quoi !

Il se met à rire.

— Moi, te cacher des choses ? Comment oserais-je ?

Je le bouscule. Il rit de plus belle. Mélusine à son tour arrive dans la cuisine et le taquine, Enzo se jette contre lui. Son parrain l’attrape et le fait tournoyer. Le petit garçon pousse des cris de joie.

S’il n’était pas mon meilleur ami, je craquerais bien pour Archibald. Il est beau, il est gentil, il…

— À quoi tu penses ?

Il est devant moi et me fixe.

— Je me disais que si tu n’étais pas mon meilleur ami, tu pourrais devenir mon amoureux.

Il s’étrangle alors que Mélusine éclate de rire.

— C’est quoi un namoureux ? demande Enzo toujours dans les bras de son parrain.

— C’est quelqu’un qu’on aime beaucoup, répond sa mère.

— Alors tu es mon namoureux et toi aussi et toi aussi.

Enzo nous désigne tour à tour puis descend des bras d’Archibald. Le petit bonhomme me regarde et demande innocemment ?

— Morgan aussi est ton namoureux ?

Évidemment, c’est à moment là qu’il arrive. Je rougis comme une pivoine alors que le chenapan se pend au cou du nouveau venu. Il clame :

— Tu veux être le namoureux de marraine ?

— On dit amoureux, le reprend Morgan, le plus sérieusement du monde.

— Alors tu veux être amoureux de MarieSophe ?

Mélusine est morte de rire, Archibald lui serre la main et moi… je remue la tête dans tous les sens et lève les yeux au ciel. Mais je n’en oublie pas pour autant ma requête et redemande le plus sérieusement du monde :

— Alors Archi, il parait que tu vas t’installer ici ?

Mélusine et Morgan lèvent les mains en faisant non de la tête. Je les apostrophe :

— Quoi ? C’est un secret.

— En fait…

Archibald se rapproche de moi, m’entoure les épaules et se fait cajoleur. Je n’aime pas ça du tout, ça sent l’entourloupe à plein nez.

— Peut-être… mais il faudrait que tu acceptes de vendre le pain.

Stupéfaite, j’ouvre mes yeux en grand, mais ne dis rien. J’attends.

Archibald se lance.

— Il y a un local à louer au village et comme il n’y a pas de boulangerie…

— Et ton matériel ? Tu n’as rien ici.

— Je vais me renseigner t’inquiète. Mais si je me lance, je veux que tu fasses partie de l’aventure. Tu ne vas pas rester sans rien faire, avec Mélusine on a pensé que ce serait chouette que tu sois derrière le comptoir.

— Moi vendeuse ? Je n’ai jamais fait ça !

— Et alors, tu débrouilleras très bien, dit Mélusine.

— D’autant plus que lorsque tu faisais les marchés avec moi, tout se passait bien.

Morgan me regarde, le sourire en coin.

— Tu es d’accord ? demande Archibald plein d’espoir.

Il ressemble à un gamin devant un cadeau de Noël.

— Tu vas abandonner tout ce que tu as créé pour tout recommencer ici ?

— Je le laisse à mon employé. Ce n’est pas comme si je vendais tout. Et puis, si je ne le fais pas aujourd’hui, je ne le ferais jamais.

— Tu fais ça pour moi ?

Je ne peux pas y croire. Il doit y avoir une autre raison. Pourtant, il acquiesce.

— Oui je n’arrive pas à me faire à l’idée d’être séparé de Mélusine et toi. Et puis, il y a Enzo maintenant. J’ai envie de le voir grandir ce petit bonhomme.

— Où vas-tu habiter ?

Ma maison est vaste, la vie en communauté ne me dérange pas, ce serait trop beau si Archibald venait avec nous.

Il élude la question.

— Je vais y réfléchir, une chose à la fois.

Revoilà les trois mousquetaires. Mélusine tend la main, Archibald la saisit et prend la mienne. Morgan nous regarde alors que Enzo tape des mains.

À très vite…

Des projets pour Marie-Sophie

Bonjour toi 😉

L’histoire de Marie-Sophie continue pour mon plus grand bonheur à moi 😉

Je ne pensais pas que mon déménagement se passerait si bien et aussi vite. Chaque objet a trouvé sa place et j’ai l’impression que cette maison m’attendait et était faite pour moi.

Mélusine et Enzo semblent être du même avis. Ils se sont adaptés à cette nouvelle vie sans problème. Mon amie s’est rapidement créé un réseau sa boutique en ligne. Je suis scotchée par son humeur joyeuse et sa capacité à envisager toujours la vie du bon côté.

Au village, il n’y a pas de crèche, il faut parcourir une dizaine de kilomètres. Elle aimerait qu’Enzo connaisse d’autres enfants, alors elle s’est renseignée à la mairie pour savoir si des mamans étaient dans le même cas. Elle a eu la chance de trouver trois familles, dont un papa célibataire et veuf. Lorsque j’ai souri à cette nouvelle, elle a aussitôt levé la main :

— Stop MarieSophe ! Pas de plan sur la comète. Je suis très bien toute seule.

J’ai tiré un trait sur mes lèvres. Morgan est arrivé à ce moment-là et Mélusine lui a demandé s’il connaissait ces familles.

— Tout le monde se côtoie ici, tu sais.

Mélusine me regarde.

— Tu as bien une formation pour t’occuper des enfants, MarieSophe ?

— Oui, mais si tu penses à créer une petite structure d’accueil, il va te falloir d’autres agréments et…

— On pourrait juste se rencontrer une fois par semaine pour démarrer.

— Pourquoi ne pas faire une association alors ? Suggère Morgan.

— Avec les statuts et tout le tintouin ? Commençons d’abord par voir comment ça se passe. J’ai le nom des familles et leurs coordonnées.

— Tu les trouveras facilement, ils travaillent chez eux. Ici, Madeleine a un métier à tisser, son mari est potier. François tient une table d’hôtes et c’est lui qui cuisine. Je crois qu’il a engagé une assistante maternelle pour son gamin. Julia et Gérard gavent des canards. Je pense qu’Enzo est le plus jeune de tous ces enfants. Je peux te conduire chez eux si tu veux quand tu l’auras décidé.

Mélusine se tourne à nouveau vers moi.

— Tu leur proposeras des petites activités ?

Je hausse les épaules.

— Mais oui je trouverais bien de quoi les amuser. Les enfants, ça a toujours été mon truc.

— Alors je m’occupe de tout ça. Dès que j’ai besoin de toi, je t’appelle.

Elle disparait.

— Tu veux un café ?

Le tutoiement entre Morgan et moi est venu naturellement. Nous nous voyons tous les jours, c’est lui qui passe chez nous. Je n’ai pas encore osé faire la même chose alors que Mélusine et Enzo ne se gênent pas.

Il accepte.

— J’ai peut-être un truc pour Archibald !

Surprise, je l’interroge du regard.

— Le boulanger du village voisin va prendre sa retraite. C’est lui qui nous livre ici.

— Archibald ne quittera jamais sa boutique. Il a tout créé de ses mains. Il a formé son personnel. Il connait tout le monde, il ne va pas tout recommencer.

Morgan sourit et ne répond pas.

— Quoi ? Tu sais quelque chose ?

Vous complotez tous les deux derrière mon dos ?

Morgan éclate de rire, pose sa tasse.

— Merci pour le café. Je vais au village. Tu n’as besoin de rien ?

Je fais non de la tête.

Il s’en va.

— Quand vas-tu te décider à lui dire que tu en pinces pour lui MarieSophe ?

Mélusine, Enzo dans les bras, me regarde malicieusement.

J’élude la question et lui réponds par une autre :

— Tu es courant de ce que mijote Archibald ?

À très vite…

Marie-Sophie s’installe

Bonjour toi 😉

Je partage la suite de Marie-Sophie…

Le camion de déménagement est reparti et mes meubles ont pris leur place. La maison est spacieuse et je m’y sens bien. J’ai l’impression immédiate que j’ai trouvé mon chez-moi.

Morgan est venu nous aider. Il m’a saluée comme si de rien n’était et que nous nous étions quittés la veille. Enzo et lui ont fait ami-ami aussitôt. Mélusine l’a embrassé puis s’est affairée à ranger son bazar dans la pièce qu’elle s’était choisie.

Je me pose et regarde autour de moi. Morgan s’approche. Il avait apporté du miel. La fenêtre de la cuisine est ouverte et j’entends les oiseaux chanter. Le parfum de la nature m’envahit.

— Je fais chauffer de l’eau pour un thé ? Tu as ça dans tes placards ?

Mélusine qui apparait comme par magie ouvre une porte et lui désigne la boite. Il s’active sans dire un mot.

Mon amie s’approche de moi, son fils dans les bras. Il suce sa tétine et ne va pas tarder à s’endormir.

— Tu as tout ce qu’il te faut pour sa chambre, m’inquiétais-je ?

— Du moment qu’il a son doudou, tout va bien, me rassura-t-elle.

— Tu ne regrettes rien ?

— Du tout.

— Même pas Archibald ?

Elle éluda la question et répondit :

— Je vais coucher Enzo.

J’entendis l’eau qui tremblotait dans la bouilloire, Morgan qui attrapait les mugs et touillait le miel. Je ne le regardais pas, mais tous les bruits me parvenaient comme au ralenti. Je le sentis s’approcher de moi. Je me tournais vers lui, il me tendit ma tasse.

— Nous fêterons votre arrivée plus dignement plus tard.

Toujours ce vouvoiement qui mettait une barrière entre nous. Ses yeux ne me lâchaient pas.

— Merci.

Mélusine revenait. Elle prit le mug préparé pour elle sur la table et se joignit à nous. C’est ainsi que nous découvrirent Célestine et Charles.

— Alors ?

Charles s’approcha de moi et m’embrassa.

— Bien installée ?

Il fixa sur la tasse et haussa les sourcils.

— De l’eau chaude ? Tu n’as rien de mieux à offrir mon garçon ?

Morgan sourit.

— Plus tard.

Mais Charles ne voulut rien savoir. Il se tourna vers Célestine.

— Vous ne dites rien à votre fils ? Vous n’êtes pas d’accord ?

Ils m’attendrissaient tous les deux. Elle distinguée dans sa robe parme et ses petites chaussures assorties, lui avec sa salopette en jeans et sa chemise à carreaux. J’entendis pour la première fois sa voix, douce comme une caresse.

— Morgan ?

Je contemplais la mère et le fils et je compris en un instant l’amour qui les unissait et le respect qu’ils avaient l’un pour l’autre.

Il s’inclina, s’excusa et repartit vers sa maison.

— Ne t’inquiète pas, petite, il n’a pas loin à aller.

Charles avait posé sa main sur mon épaule. Mélusine s’approcha de moi et passa un bras autour de ma taille. C’est alors qu’un bruit de voiture retentit.

J’entendis Morgan parler. Je sentis que Charles pressait davantage mon épaule et Mélusine se dégager puis me prendre la main. Morgan n’était pas seul, il discutait avec quelqu’un.

Je les vis apparaitre tous les deux au fond de mon jardin, ils poussèrent le portail en bois.

— Regardez qui j’ai trouvé !

Archibald tout sourire me tendait les bras.

— Tu n’as quand même pas imaginé que tu allais partir sans m’embrasser ?

Stupéfaite, je me laissais câliner par mon meilleur ami.

— Alors ? On l’a boit, cette bouteille. Tu as bien des verres quelque part, petite ?

A très vite…

Jeux d’écriture

Bonjour toi 😉

Tu l’as bien compris, j’aime me promener au fil des blogs et je découvre l’atelier d’écriture de la bulle atmosphérique ici .

Avec les mots vacances, soupape, discours, horloge, soupir, zone, accumuler, procession, candeur, rente et l’ajout de 5 mots ayant pour terminaison – aire, j’ai inventé une petite histoire. J’ai corsé la chose en les mettant dans l’ordre de suggestion. Voici ce que ça donne 👎

Aglaé et Casimir partaient en vacances. Ils chargeaient avec méthode la voiture. Tout était classé comme dans Tetris. Rien ne dépassait et chacun tirait un point d’honneur à être le meilleur. Ils n’étaient pas adversaires, non, plutôt exemplaires.

Les jumeaux, Alex et Aline, les regardaient avec admiration.

— Papa c’est quand qu’on part ?

Casimir pour les faire patienter, se mit au volant et tourna la clé de contact. Rien.

Consternés, ils se regardèrent en silence. Aglaé murmura.

— Je parie que c’est la soupape de sécurité, le garagiste t’avait prévenu. Mais tu as voulu en faire uneaffaire personnelle. Tu as décidé toi-même que tu allais réparer ça tout seul. Nous voilà bien.

— Du coup, on sera quand même à la mer pour mon anniversaire ? demanda Aline, remplie d’espoir.

Casimir se lança dans un discours dont il avait le secret pour se disculper. Sa femme et les enfants jetèrent un œil discrètement sur l’horloge du tableau de bord et lâchèrent en même temps un soupir de lassitude. Il parla de sa zone de confort qu’il avait voulu quitter. Il expliqua qu’il ne désirait pas accumuler les factures en allant encore chez le réparateur. En procession devant lui, femme et enfants l’écoutaient religieusement un sourire aux lèvres.

Ils connaissaient par cœur ce discours qu’il récitait toujours avec candeur quand il était en faute. En attendant, l’heure tournait et les envies de baignade au bord de la mer s’éloignaient à vue d’œil.

Aglaé prit le taureau par les cornes et appela leur sauveur. Malheureusement, en plein inventaire, il ne put les dépanner.

Ils s’assirent en rond devant le véhicule. Puis Casimir se tapa le front de sa main.

— Et si je demandais de l’aide à Tante Agathe ? Sa voiture toute neuve dort dans son garage depuis belle lurette. J’ai refusé qu’elle me verse une rente, ce serait extraordinaire qu’elle me fasse faux bond. Ils se levèrent en même temps. Les enfants reprirent du poil de la bête et Aline se projeta immédiatement dans les vagues bleues.

À très vite…

Marie-Sophie, Un nouveau départ (suite)

Bonjour toi 😉

Je suis certaine que tu attendais la suite de Marie-Sophie 😉. La voici 👇

Effectivement, Morgan était le fils de Célestine. Comment aurais-je pu le savoir ?

Alors Marie-Sophie, comme dirait Mélusine Si tu avais demandé son nom de famille, tu aurais fait le rapprochement.

Et bien non ma vieille, je ne l’aurais pas fait, tout simplement parce que je ne connaissais pas le nom de Célestine, l’amie de pépé Charles.

Je me suis trouvée bête et je suis restée un long moment la feuille à la main. Lorsque j’ai enfin réalisé, j’ai couru retrouver Charles qui m’a accueillie d’un sévère Tu en as mis du temps !

J’ai roumégué et j’ai même eu le culot de lui demander pourquoi il ne m’avait rien dit. Il a haussé les épaules et a répondu À ton avis ?

Je suis repartie tête basse chez moi et j’ai appelé Mélusine. Mon amie s’est esclaffée. Elle était au courant. J’ai imaginé qu’Archibald était au parfum lui aussi et ça m’a été confirmé rapidement par Mélusine qui m’a avoué que tous les deux s’en voulaient de me cacher ça. J’étais vraiment mal apparemment !

Résultat des courses, tout s’est enchainé très vite. La maison de mes parents s’est vendue illico presto et j’ai commencé à réfléchir. Oui ça m’arrive.

Je ne pouvais pas rester à côté et voir de nouvelles personnes envahir l’endroit où j’avais grandi était au-dessus de mes forces. C’est encore Mélusine qui m’a soufflé l’idée de partir rejoindre Morgan. J’ai rétorqué aussitôt :

— Tu en as de bonnes toi ! ça ne te ferait rien que je m’en aille toute seule, que je t’abandonne Enzo et toi. Quant à Archibald tu y as pensé ? Nous n’avons jamais été séparés nous trois.

Sa réponse m’avait scotchée.

— Qui te dit que je ne veux pas partir avec toi ? Tu n’as qu’un mot à prononcer et j’emballe mes rubans, mes tissus et mes boutons et je te suis. Enzo sera ravi. Il ne va pas encore à l’école, il se créera des copains n’importe où.

— Mais tes clients ?

— Je m’en ferais d’autres.

Elle balaya d’un revers de main toutes mes réflexions.

— Alors ?

Voilà comment je me retrouve aujourd’hui à terminer ma valise. Ma maison est vide. Je regarde avec mélancolie mes pièces démunies. Qu’est-ce que ça résonne ! Il n’y a plus que les murs, l’âme de la bâtisse s’en va avec moi.

C’est Morgan qui a trouvé l’endroit de mes rêves. Caché derrière la sienne, je ne l’avais jamais vu, mais lui, il savait que c’était à vendre et en bon état. Quelques coups de peinture et un rafraichissement global des pièces suffiraient pour que je puisse m’installer rapidement.

Je n’ai pas compris comment Mélusine s’était débrouillée, mais elle a réussi à garder sa clientèle d’ici. Avec les réseaux sociaux et sa boutique en ligne, elle a déjà préparé le terrain. Bien sûr, ses habituées ont tiré un peu la tête, parce qu’elles ne pourront plus venir bavarder avec elle, mais Mélusine a su les rassurer. Elles papoteraient autrement et ce ne serait pas vraiment du virtuel puisqu’elles se connaissaient.

Là où le bât blesse, c’est Archibald. Il a accueilli la nouvelle sans broncher. Il perd pourtant ses deux amies d’un coup ainsi que son filleul. Si Mélusine pouvait facilement vendre ses tissus en ligne, je voyais mal Archibald faire de même avec son pain.

Quant à Charles, il est ravi de la situation parce qu’il va lui aussi, quitter sa maison et venir habiter avec Célestine dans la petite chaumière que Morgan gardait comme chambre d’hôtes.

Il s’est séparé de son bric-à-brac sans un remords. Le fait de me suivre lui fait tellement chaud au cœur qu’il balaie lui aussi d’un revers de main tout ce qu’il a vécu dans sa maison. Je l’admire. À son âge, il repart à zéro et sans aucun état d’âme. Je ne sais pas s’il m’aurait suivie si Célestine était restée ici. Je n’ai pas osé lui poser la question. J’imagine quand même assez mal la chaumière envahie par Charles et son bricolage. J’espère sincèrement qu’il s’adaptera facilement et qu’il ne regrettra pas son choix.

Parfois, je me dis que tout ça est trop beau pour être vrai. J’ai quand même payé le prix fort. Je n’ai plus de travail et je me demande comment je vais faire. J’aurais pu garder le télétravail, mais mon chef souhaitait que je passe au moins deux jours par semaine au bureau. La séparation s’est toutefois bien déroulée, mais je me retrouve sans boulot, sans mari, sans enfant à plus de trente ans.

Mélusine, avec son optimisme à rude épreuve, me serine que Morgan n’attend qu’un mot de moi pour qu’il devienne mon homme. Je ne suis pas prête parce qu’il y a un truc dont je ne vous ai pas parlé, c’est Gabriel. Il serait ravi d’être comparé à un truc.

J’ai le cœur en vrac quand j’y pense. Il habite toujours en face de chez moi. Lorsqu’il a appris que maison était en vente, il a accouru, catastrophé.

Quand je repense à ce moment, j’en ai encore le cœur qui bat la chamade. Il m’avait prise aussitôt dans ses bras et m’avait murmuré à l’oreille qu’il m’aimait. Sa bouche s’était égarée sur mes lèvres et moi, je ne savais plus quoi faire. Pourquoi me disait-il ça maintenant ? Pourquoi l’avais-je laissé faire ? Parce que sa bouche était douce, que son parfum m’enivrait, et que… j’avoue, ça me faisait du bien. Enfin, un homme m’aimait, moi, Marie-Sophie.

Je n’en ai parlé à personne. Mélusine et Archibald ne savent rien. Gabriel a promis qu’il viendrait me rendre visite et qu’il attendrait le temps qu’il faudrait. Je n’ai pas eu le courage de le détromper, mais au moment où il me disait ça, j’ai revu le visage de Morgan. Je me suis détestée aussitôt. J’aurais dû lui avouer, mais je me suis tue. Pourquoi ? L’idée que Morgan ne souhaitait pas construire sa vie avec moi m’a effleurée et… qu’ai-je imaginé alors ? Que j’avais Gabriel en réserve. Je ne suis pas fière de moi.

— Tu es prête ?

Mélusine et Enzo m’attendent. Tout à mes pensées, je ne les ai pas entendus arriver. Mon filleul se jette dans mes bras. Je ferme ma valise. Le camion de déménagement est déjà en route. Ce soir, je serais dans ma nouvelle maison. Archibald n’est pas venu nous dire au revoir.

À très vite…