Journal de Marie-Sophie

Bonjour toi 😉

Nous étions toutes les deux, Mélusine et moi. Elle m’avait accompagnée dans le food truck, ce qui lui permettait de montrer ce qu’elle confectionnait, avec tous ces bouts de tissus multicolores elle avait du succès. Elle avait des mains de fée mon amie, elle portait bien son prénom, une vraie sorcière.

Entre la vente du pain et ses bavardages, nous n’avons pas vu passer la matinée. Elle avait distribué ses adresses sur les réseaux sociaux et non, elle n’avait pas de boutique physique, juste virtuelle. Il avait fallu qu’elle explique tout ça aux mamies qui ne comprenaient pas toujours, mais dans l’ensemble avec le sourire, elle réussissait à convaincre.

Ravie mon amie, je la regardais noter sur son cahier toutes les commandes qu’elle avait pu faire. Je crois que son plus gros succès était les Tote bags en coton qu’elle fabriquait. Chacune y allait de sa personnalisation, j’étais heureuse pour elle.

Je profitai du calme revenu, midi n’étant pas loin et nous allions remballer, pour faire ma curieuse.

— Comment ça va avec François ?

Elle rit.

 — Je me demandais quand tu allais m’en parler, plutôt bien. Je crois que finalement, je vais en tomber amoureuse, mais je te rassure tout de suite, pas question de vivre ensemble. Je tiens trop à mon indépendance et à notre vie en communauté avec Archibald.

Nous n’avions pas vu un petit groupe de personnes qui s’approchaient avec table de pique-nique et fauteuils. L’un d’eux me demanda :

— Est-ce que ça pose problème si on s’installe ici pour manger vos spécialités ?

Je le reconnaissais. Il avait acheté des sandwichs au fromage de chèvre et au miel.

— Ce serait sympa de déjeuner entre nous, il n’y a pas de bar, ça nous manque un peu de nous retrouver entre amis. Vous n’y voyez pas d’inconvénients ?

Mélusine et moi, nous nous sommes regardées. L’idée ne nous était pas venue, mais pourquoi pas après tout ? Par contre, si nous devions rester plus longtemps que prévu, il faudrait prévenir Archibald que je ne pourrais pas être à l’heure à la boulangerie.

Je contemplai ces personnes d’un certain âge qui s’installaient tranquillement sur la place, devant notre food truck. Nous n’avions que de l’eau à leur offrir, mais ils s’étaient organisés et avaient apporté un petit barricot de vin.

— Vous avez d’autres sandwichs ?

Mélusine s’en occupa, avec le fromage de chèvre et le miel de Morgan, nous pouvions encore un peu assurer, mais bientôt, nous n’aurions plus rien. Je réfléchissais à ce que nous pourrions imaginer pour les prochaines fois.

J’appelai Archibald pour le tenir au courant. Il n’était jamais à court d’idée, il me dit qu’il allait voir avec Saverio. Il avait toujours du jambon basque et du fromage en réserve, pourquoi ne pas lui en acheter ou même utiliser les recettes qu’il proposait à ses clients. Si nous étions en retard, Archibald serait derrière le comptoir et si ça devait se reproduire souvent, il penserait à embaucher quelqu’un à mi-temps.

Le groupe bavardait à qui mieux, riait, et Mélusine et moi voyions bien qu’ils étaient heureux de prendre l’air sur la place tous ensemble.

J’en profitai pour relancer la conversation sur François.

— Il est d’accord François pour vivre séparé ?

— Nous n’avons pas vraiment abordé le sujet, mais je crois qu’il a compris qu’il ne devait pas m’obliger à déménager chez lui. De toute façon, avec ses chambres d’hôtes, il est assez occupé.

— Donc tu n’as pas l’idée de fonder une famille avec lui ?

Elle haussa les sourcils.

— En voilà une drôle de question. Non, je suis bien avec Enzo et la vie que je mène avec toi et Archibald me convient tout à fait. Je ne crois pas que j’arriverai à me détacher de vous deux.

— Et si Archibald tombait amoureux et s’en allait ?

Elle éclata de rire.

— Alors là, ce n’est pas demain la veille qu’il s’en aille.

Je notais qu’elle n’avait pas relevé s’il tombait amoureux. Elle baissa la voix et demanda :

— Et toi MarieSophe ? Tu as oublié Morgan ? Ton cœur est à nouveau libre pour sentir ce qu’il se passe autour de toi ?

— Tu parles de Gabriel ?

— Pas du tout. Lui, ça se voit qu’il en pince pour toi, mais pas toi.

Elle se tourna vers le groupe qui remballait leur table et leurs chaises et qui nous remerciait avec grand sourire de leur avoir permis de s’installer.

— À la semaine prochaine, nous crièrent-ils.

Mélusine les regarda s’en aller et me dit :

— Tu crois que nous devrions faire des frites la prochaine fois ?

— Je ne suis pas sûre que ça marcherait et le food truck n’est pas équipé pour ça. Il faudrait certainement d’autres autorisations.

Nous commençâmes à remballer et sans la regarder je lui racontai la rencontre faite avec le jeune couple Philippine et Georges.  

— Tu te rends compte, ils étaient meilleurs amis, et ils sont devenus mari et femme.

Mélusine ne répondit pas, mais je la vis sourire. Le silence s’installa. C’est elle qui la première reprit :

— Jamais Archibald n’avouera que ses sentiments pour toi ont évolué. Il a bien trop peur de casser quelque chose entre vous.

Ce fut mon tour de rester muette. Je n’avais donc pas rêvé. Archibald ne voyait pas en moi une amie, mais bien plus.

Mélusine posa sa main sur mon bras.

— Et toi MarieSophe ? Ne crois-tu pas que si tu n’as jamais voulu t’installer chez Morgan, c’est aussi à cause des sentiments que tu as pour Archi ? Réfléchis bien, sonde ton cœur, je suis certaine que tu as déjà la réponse. Rien que le fait d’avoir tenté de l’embrasser pour rigoler est une moitié de solution.

— Et si ça ne marchait pas ? Je le connais depuis tellement longtemps ?

— Et alors ?

— Tu ne penses pas que ça changerait quelque chose dans notre fonctionnement à tous les trois ?

— Je serai toujours votre amie, juste vous serez un couple, mais tu sais, tu vas devoir ramer pour qu’Archibald accepter de voir en toi autre chose qu’une amie. Il est fou amoureux de toi, ça se voit comme le nez au milieu de la figure, mais il ne tentera rien.

Nous avions terminé de ranger, nous pouvions repartir. Le retour se fit en silence. Quand nous arrivâmes devant la maison, Clémentine devait nous guetter derrière sa fenêtre. Elle sortit et je compris aussitôt qu’il se passait quelque chose.

— Charles a disparu. Il m’a dit qu’il allait chercher le pain comme d’habitude, Archibald ne l’a pas vu et personne du village non plus.

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

Héloïse et le petit chaperon rouge

Bonjour toi 😉

Rödluvan (little red riding hood), illustration by Sofia Gregersen Cardell

Le plaisir d’Héloïse était lorsqu’on lui racontait une histoire, c’était de tout changer et d’inventer autre chose.

Elle connaissait par cœur celle du Petit Chaperon rouge, mais Héloïse avait beaucoup d’imagination. Voici ce qu’elle lu à Stefano.

Il était une fois une petite fille qui aimait bien s’habiller en rouge. Sa maman lui avait cousu un manteau et un bonnet de cette couleur. Comme elle avait fait de la confiture, elle lui proposa d’en porter à sa grand-mère.

— Tu ne parleras pas à des inconnus, dit maman. Et passe à la boulangerie prendre une baguette, ça fera plaisir à Mamie.

Le petit chaperon rouge fit ce que sa maman lui dit. Mais, le pain frais lui faisait tellement envie que pendant le chemin, elle en grignota le crouton, puis un autre bout. Elle pensa qu’avec de la confiture ce serait encore meilleur, elle s’assit sur le bord du trottoir et ouvrit le pot. C’est alors que des petits oiseaux se groupèrent autour d’elle pour manger les miettes.

— Bon appétit petite fille, dit un monsieur qui s’arrêta devant elle.

Elle ne répondit pas parce que sa maman lui avait défendu de parler à des inconnus.

— Tu veux bien me faire goûter ta confiture ? C’est quel parfum ?

Le petit chaperon rouge tendit le bout de pain qu’elle allait mettre à la bouche. Stupéfaite, elle regarda l’homme se transformer en loup.

— Ah ben ça alors ! qu’est-ce qu’elle était bonne ta confiture, mais que vais-je devenir en loup moi !

— Tu es gentil ou méchant ? demanda-t-elle.

— Je n’en sais rien. Normalement, je suis gentil, mais là, mystère !

— Viens avec moi dans le bois, je vais te montrer la maison de ma grand-mère, tu verras bien si tu as envie de la manger ou pas.

— Je crois avoir lu cette histoire et ça finit mal, je ne veux pas perdre ma peau.

— C’est mon histoire, tu ne peux pas connaitre la fin, c’est moi qui décide.

— Tu sais, les animaux comme moi, les hommes ne les aiment pas trop. Et ta grand-mère va avoir peur de moi.

Le petit chaperon rouge enleva le foulard de la même couleur qu’elle avait autour du cou et entoura celui du loup.

— Avec ça, tu es comme un chien apprivoisé. Viens avec moi.

C’est alors qu’un garçon s’approcha d’eux.

— Tu n’aurais pas vu mon grand-père ? Il devait m’attendre ici pendant que j’achetais du pain. C’est la première fois que je fais les courses tout seul.

Le petit chaperon rouge se gratta la tête. Elle ne savait pas trop comment elle allait se sortir de ce guêpier.

— C’est moi ton grand-père, murmura le loup.

Le gamin se mit à pleurer et ses larmes faisaient de grosses billes qui coulaient sur la patte de l’animal. Il redevint alors normal.

Le petit chaperon rouge se leva puis essuya les miettes qui collaient à ses lèvres et elle se rendit compte qu’elle avait mangé tout le pain et la confiture.

Stefano éclata de rire :

— Sacrée gourmande, ça ne m’étonne pas de toi. Mais ça n’a plus rien à voir avec l’histoire.

— C’est grave ? Moi, j’aime pas trop quand les loups sont méchants et dévorent les mamies, et puis ils ont dit à la télé qu’il fallait tout changer les mots dans les livres. Alors voilà, c’est fait !

© Isabelle-Marie d’Angèle (mai 2023)

À très vite…

J’aime un voyou au grand coeur

Bonjour toi 😉

Chapitre 9



Il m’embrassait, je répondais à son baiser. Je me délectais de son parfum. Je passais ma main dans son dos et caressais son tatouage. J’adorais ses muscles. Il fourrageait dans mes cheveux, me léchait le creux de l’oreille. Sa langue était râpeuse et…

Je me réveillais en sursaut. Pistole ronronnait à qui mieux mieux dans mon cou. Putain, mais qu’est-ce que c’est que ce rêve, plutôt un cauchemar. Je repoussai gentiment mon chat qui sauta du lit et s’enfuit en miaulant vers la cuisine.

Je me levai et repensai aussitôt à la soirée de la veille. François n’était pas resté bien longtemps. Il m’avait promis que dès qu’il saurait qu’un nouveau braquage se préparait, il me préviendrait. C’était le deal que nous avions passé pour que j’accepte de ne pas le dénoncer. Il était parti frôlant une fois de plus mes lèvres.

Je ne savais pas encore comme j’allais me sortir de ce guêpier. J’étais certaine que le capitaine Kawas fleurerait rapidement l’entourloupe. Je pouvais lui faire confiance, mais jusqu’à quel point ?

Dans la cuisine, je préparai mon café. Vivre seule avait du bon, je n’avais de compte à rendre à personne. Je pris une douche et m’habillais avec mon sempiternel Jeans et une chemise propre.

J’allumai l’ordinateur et ma tasse d’espresso à la main, je m’asseyais au bar. Mon portable vibra, c’était Paco. J’avais du mal à l’appeler François, ça l’avait fait rire.

— Bien dormi ?

Je trouvai sa voix sexy dès le matin et je rougis en repensant à mon rêve.

— Hum !

— Je te dérange ?

— J’allais partir.

— Je voulais juste te dire que j’avais aimé le baiser sur ta bouche. Tu crois que nous pourrions avoir une histoire tous les deux ?

La surprise me cloua le bec. Je me revis gamine juchée en haut de l’arbre où nous étions cachés par les feuilles.

— Un jour on se mariera, disait Paco. Je te le promets.

— Mais ça va pas dans ta tête ? Comment tu peux savoir ?

— Tu verras que c’est vrai, je ne raconte jamais de mensonges.

— Je n’habite pas à côté, tu feras comment ?

— Je te retrouverai, foi de Paco.

Le portable à la main, j’écoutais ce qu’il me disait.

— Quand tu es entrée la première fois dans mon bureau, je t’ai immédiatement reconnue, mais j’ai fait semblant. Je ne t’ai jamais oubliée Angèle. Je vais t’avouer quelque chose… tu m’écoutes ?

Je répondis d’une petite voix oui. Je n’étais plus le commandant Merlin qui dirigeait une équipe d’hommes, j’étais la petite fille qui regardait avec admiration ce garçon qui me faisait passer de merveilleuses vacances dans les arbres.

Il reprenait :

— Quand j’ai su que tu étais commandant ici, j’ai tout fait pour avoir ma mutation dans la même ville que toi.

Stupéfaite, je haussai les sourcils et remarquai qu’il en avait mis du temps.

— Les mutations ne se font pas du jour au lendemain. D’autant plus que pour attirer ton attention, il fallait bien que je trouve une solution.

— Tu es en train de me dire que tes vols ne servent qu’à me faire intervenir ?

J’étais furieuse, mais il réfuta aussitôt cette accusation.

— Bien sûr que non, mais ça m’a aidé.

— Paco, ça ne va pas le faire entre nous. Je suis flic, t’as oublié ? 

Je raccrochai le cœur en déroute, avalai mon café et attrapai blouson et arme et sortis en claquant la porte.

J’éteignis ma moto et allais enlever mon casque lorsque deux hommes surgirent devant moi. Casquettes vissées sur la tête, lunettes sur le nez, je les scannai rapidement de mon regard de lynx.

— Vous êtes la copine de Destrée ? demanda l’un d’eux.

Surprise, je ne répondis pas immédiatement. Le second m’attrapa le bras tandis que son acolyte me murmurait à l’oreille :

— Laissez tomber, sinon votre ami aura de sérieux problèmes.

J’aperçus Joe le collègue de garde, qui s’approchait.

— Un problème commandant ?

— Ah parce qu’en plus t’es flic ? ajouta-t-il très bas.

Il me lâcha, releva la tête et répondit.

— Du tout, nous regardions sa bécane.

J’enlevai mon casque et fis signe à Joe de laisser tomber et le suivis sans me retourner. Mais il me semblait avoir reconnu l’un deux.

— Vous êtes sûre commandant ? Celui qui vous parlait, je l’ai déjà vu.

— Il a dû repérer ma moto.

Joe n’était pas convaincu. Théo Kawas qui était arrivé tôt me salua et Joe lui raconta ce qui venait de se passer.

— En tout cas, commandant, je serais vous, je ne la laisserais pas trainer devant le commissariat, même avec son antivol. Je vous apporte votre café.

Le capitaine m’accompagna dans mon bureau. J’attachai mes cheveux et lui demandai les nouvelles.

— Toujours les mêmes jeunes qui s’amusent avec leur mobylette sur la route, un braquage de voiture et un SDF complètement saoul qu’on a dû emmener à l’hôpital.

— Tu racontes ? Un problème avec ta moto ?

Je me levai pour fermer la porte.

— C’est si grave que ça ?

Mon portable vibra. Un SMS apparut.

Je suis désolé de t’avoir embarqué dans cette histoire. Fais ce que tu as à faire. Paco.

Je tentais de l’appeler. Il ne répondit pas.

— Viens Théo, il y a un problème chez François.

Il ne posa pas de question et me suivit en courant. Il prit le volant et nous partîmes en flèche chez mon ami d’enfance. Théo stoppa devant la porte ouverte. Je sautai au bas du véhicule, mon arme à la main.

Dans l’entrée, Tuck était allongé, il avait dû recevoir une balle, le sang coulait d’une blessure à la patte. Il gémissait.

— Où est ton maître ?

Théo l’avait trouvé. Il était roulé en boule dans son salon, roué de coups, mais vivant. Sa première question fut pour son chien et il voulut se lever pour aller le rassurer.

— Je vais l’emmener chez un vétérinaire et toi à l’hôpital. Tu nous raconteras tout ensuite.

— Tu es en danger Angèle.

Le capitaine Kawas l’entendit et m’interrogea du regard. Il demanda :

— C’est en rapport avec les hommes de ce matin ? Qu’est-ce qu’il se passe commandant ?

Les secours arrivèrent rapidement. Tuck et son maître furent embarqués, le premier pour la clinique vétérinaire, le second pour les urgences.

Une fois dans la voiture qui nous ramenait au commissariat, mon collègue se mit en colère.

— Tu vas me parler Angèle ? Qu’est-ce qu’il y a avec ce Paco de pacotille ?

Je regardais mon complice depuis des années. Jamais, il ne s’était mis dans cet état.

— Vous y allez fort Capitaine !

Je tentais de sourire, mais il ne s’en laissa pas conter.

— Ah tu veux du vous ! D’accord, alors Commandant, vous me décevez beaucoup.

À suivre…

© Isabelle-Marie d’Angèle

À très vite…

La famille

Bonjour toi 😉

En l’honneur de la journée internationale des familles, je me souviens…

* des week-ends où mes parents recevaient mes frères et sœurs. J’allais acheter à la boulangerie en face de la maison, la fameuse tarte au libouli spécialité du Nord.

* des grandes vacances où la maison pas du tout adaptée pour recevoir 15 personnes… recevait quand même 15 personnes. Repas sur la terrasse (heureusement il faisait toujours beau) du petit déjeuner au dîner.

* des petits déjeuners pantagruéliques de l’été avec la spécialité de la Lise faite que le mercredi. Je ne connais pas la recette, le boulanger n’a jamais voulu donner sa recette. Ici, c’est une photo de la brioche vendéenne qui ressemble un peu… mais de loin 😉. En tout cas, c’était rudement bon, si tu connais la recette, n’hésite pas à me le dire en commentaires.

* les grandes fêtes Noël, Pâques, la Pentecôte, l’Ascension. Les fêtes religieuses étaient particulièrement célébrées chez nous. Sans oublier, tous les baptêmes, communions et les mariages.

* les repas tout simplement sans qu’on ait quelque chose à fêter, juste pour le plaisir de se retrouver.

Parfois, je me demande comment mes parents faisaient pour réussir à réunir tout le monde. Il est vrai que nous avions une grande maison, ça facilitait les couchages.

Aujourd’hui, c’est d’un compliqué tout ça. Je n’ai pas réussi à recréer ces ambiances familiales, les emplois du temps sont toujours archi-bookés. La maison peut accueillir les familles mais une journée ensemble c’est déjà le bout du monde, les caractères sont tellement forts, dirais-je ! 😉. Et puis, il y a tellement de sujets de conversation à éviter que Monsieur Chéri et moi finissons par comprendre pourquoi les Anciens parlaient du temps, c’est neutre ! Mais avoue que ça restreint beaucoup la conversation. Il ne faut jamais grand-chose pour qu’une mèche soit allumée sans que tu t’en rendes comptes. Drôle de vie !

Pour terminer je partage ce texte qui reflète bien l’ambiance familiale dont je me souviens.

Placée au centre de la pièce, au centre de la vie, je trône. Je suis parfois petite et sers de route au tout petit qui fait glisser ses voitures. Je sais devenir très grande et très longue, c’est lorsque je revêts mes habits de fête. Je me pare alors de mille feux avec mes verres en cristal, mes serviettes brodées en forme de chapeau, et mes couverts d’argenterie. Des bougies scintillent sur moi et j’adore quand le monde est autour de moi et me complimente. Ils me touchent, s’exclament, m’admirent, et je suis la plus heureuse du monde. Sans moi, elle serait bien vide la pièce. C’est moi qui l’accueille quand il déploie son journal et qu’elle, elle ouvre son courrier. C’est encore moi qui me fais toute petite quand elle pose ses coudes sur moi, qu’elle prend appui pour se relever ou quand elle pose sa tête entre ses bras et qu’elle pleure.

Qui suis-je ? En bois, en fer forgé, en plastique, je m’adapte à toutes les situations. Qu’il fasse beau, qu’il pleuve, qu’il neige, je suis là. Parfois ronde, rectangulaire, hexagonale, ou carrée, je participe à tout, même sur des roulettes. Quelques fois bancale, abîmée ou retapée, je suis là. Je peux être colorée ou brute de décoffrage. Pour un pique-nique ou un mariage, je suis là.

Tu as deviné ? Regarde bien, je ne suis jamais loin de toi.

© Isabelle-Marie d’Angèle (mai 2023)

À très vite…

Journal de Marie-Sophie

Bonjour toi 😉

Voici la suite du journal de Marie-Sophie. La voilà en Food truck et ça a l’air de bien marcher. Petite surprise ! J’ai invité deux de mes personnages d’une autre histoire, Philippine et Georges de la romance de Noël Noël à la maison des coeurs blessés.

Voilà, c’est fait, le Food-truck était à nous et Cybèle Iraola s’était envolée retrouver son homme. Nous sommes seuls maitres à bord.

Le planning établi par Archibald était tellement ultracarré que j’avais la frousse de me louper. Je n’étais pas fichue de respecter un plan, et il le savait le bougre. Quelle partie de rigolade nous avions eue lorsque j’avais pris le volant pour la première fois, histoire d’avoir l’engin bien en main. Archibald assis à la place du passager me guidait. Finalement, pas trop compliqué la conduite.

Jamais je n’aurai imaginé que nous aurions un tel succès. Évidemment, il n’y avait pas foule devant le comptoir, mais il n’était jamais resté vide et la curiosité des gens faisait plaisir à voir. Les personnes âgées étaient ravies d’avoir de la compagnie et les autres voulaient goûter à tout. En peu de temps, l’étal des fromages de chèvre avait été dévalisé, les baguettes d’Archibald étaient parties rapidement. Heureusement qu’il avait prévu des corbeilles remplies qu’il n’avait pas exposées pour pouvoir faire des sandwichs à la demande. À un moment donné, je voyais les Basques sortir de leur maison tout d’abord pour regarder. Nous étions sur la place du village, bien en vue. Archibald s’était occupé des autorisations, il ne voulait pas d’histoire avec d’éventuels collègues. Il avait bien vérifié qu’il n’y avait pas de boulangerie à qui il pourrait faire du tort sans le vouloir. Si bien que les gens étaient heureux de goûter son pain sans avoir à courir au supermarché qui était le plus prés.

Les habitants désiraient tout connaitre et surtout quand nous repasserions. Archibald avait établi un calendrier. Nous ne devions faire la tournée que 3 jours par semaine dans 3 villages. Ravis de savoir que nous reviendrons la semaine suivante, les clients s’interrogeaient, pouvaient-ils passer commande ? Pourquoi pas ? Comme j’avais l’habitude d’emporter un cahier pour des remarques glanées ici et là, je n’hésitais pas à noter les noms et les demandes. J’écrivis en rouge d’acheter un agenda, sinon j’allais m’emmêler les pinceaux.

Archibald avait affiché son adresse avec une photo de la boulangerie où il y avait ses coordonnées.

Lorsque je vis arriver le couple main dans la main, je pensais immédiatement qu’il faisait chic et je les enviais aussitôt. Archibald me fila un coup de coude et murmura à mon oreille :

— Des touristes, j’en mets ma main à couper.

— Pari tenu !

Nous regardions en souriant l’homme et la femme qui s’avançaient vers nous. Il était plus âgé qu’elle, mais qu’est-ce qu’il dégageait comme classe. Il ôta ses lunettes de soleil pour nous parler. Heureusement que j’étais dans le food truck parce qu’il devait au moins mesurer 1 m 90, Archibald devait être de la même taille.

Instantanément, je fus charmée par sa voix. Archibald fut plus rapide que lui :

— Bonjour, vous connaissez un peu mes produits ?

C’est elle qui répondit, avec ses yeux verts rieurs, elle était à croquer.

— Pas du tout, nous sommes en vacances.

En riant, Archibald et moi nous nous tapâmes dans la main en criant :

— Gagné !

Et tout aussitôt, mon ami s’excusa :

— Nous avions fait le pari que vous étiez des touristes !

Le couple éclata de rire également. Lui, dit en la prenant par les épaules :

— Philippine et moi, adorons aussi faire ce petit jeu.

— Oui, depuis le temps… depuis combien de temps on se connait, mon cœur ?

Surprise, mais ne pouvant pas être trop curieuse, je l’interrogeai :

— Pas des dizaines d’années quand même !

Il rit.

— Oh, ma Philippe, je l’ai vue grandir.

— Nous étions les meilleurs amis du monde avant de nous rendre compte qu’en fait, nous nous aimions d’amour.

Elle piqua un baiser sur les lèvres de son compagnon. Le silence s’installa. Elle dit alors :

— C’est Georges qui vous a surpris pour que vous restiez muets comme des carpes ?

Archibald retrouva aussitôt la parole et éluda la question en leur tendant une assiette avec des morceaux de pain.

— Goûtez-moi ça et dites-moi ce que vous en pensez.

Je les regardais avec envie. Ils semblaient si amoureux l’un de l’autre.

Ils bavardaient avec Archibald et lui demandèrent où se situait sa boulangerie. Ils étaient sur Biarritz au grand hôtel. Ils étaient d’une simplicité à couper le souffle et pourtant j’étais certaine qu’ils étaient pleins aux as. Il n’y avait qu’à voir la voiture garer sur la place. Une Porsche noire qui en jetait, on ne voyait qu’elle.

— Vous êtes là pour longtemps ? demandais-je

— Hélas non, Georges ne peut pas s’éloigner beaucoup à cause de son travail. N’est-ce pas mon cœur ?

Il lui fit un clin d’œil. Leur complicité n’était pas factice. J’étais sous le charme. Je regardais ce qu’ils avaient pris, les encaissais et leur souhaitais de belles vacances. Ils repartirent main dans la main. Archibald passa un bras autour de mes épaules.

— On s’est pas mal débrouillé non ? On remballe ?

J’acquiesçais de la tête. Il était temps de plier bagage, je tenais la boulangerie l’après-midi.

En faisant la route, assise à côté d’Archibald, je repensais à ce couple. Je me tournais vers Archi, j’ouvris la bouche pour lui en parler, mais il me coupa le sifflet par un :

— Oublie ! Ce serait une très mauvaise idée.

Est-ce qu’il penserait à la même chose que moi ? Cette Philippine et ce Georges étaient bien des amis d’enfance apparemment. J’aurais bien aimé les revoir et discuter avec elle et puis je haussai les épaules, je ne la connaissais pas après tout, elle n’allait pas me raconter sa vie. Je tentai de les oublier et me repassai la superbe matinée que nous venions de vivre.

© Isabelle-Marie d’Angèle (mai 2023).

À très vite…

Stefano et son papa

Bonjour toi 😉

Je retrouve avec plaisir mes petits personnages et je te partage le bavardage de Stefano avec son papa.

Stefano aidait son papa à installer un récupérateur d’eau. Ils étaient seuls, les filles étaient parties faire du shopping comme disait Charlie. Celle-ci avait décidé de rhabiller sa fille, Héloïse ravie ne s’était pas fait prier. Charlie aurait bien voulu entrainer avec elles Stefano, car ce n’est pas Joe qui allait s’en charger, mais le gamin avait préféré rester bricoler avec son père.

— On ira tous les deux, hein papa, je préfère quand on est entre hommes pour m’habiller.

Joe qui tenait en équilibre sur son échelle, un tournevis dans la bouche, grommela un vague oui.

— Hein t’es d’accord ? Un jean et un sweat ça me suffit. Avec Charlie, il faut toujours trouver une chemise assortie, puis un tee-shirt et un autre pantalon, et j’en ai marre d’essayer.

Joe descendit et regarda son gamin.

— Il y a un problème avec Charlie ?

C’était bien la première fois que Stefano parlait ainsi de la jeune femme.

— Mais non !

Il connaissait bien son fils qui commençait à se dandiner d’un pied sur l’autre, les mains dans le dos.

— Tu es sûr ? Tu peux m’en parler, je sais garder un secret.

— Ouais mais t’es amoureux et quand on est amoureux on est neuneu.

Joe éclata de rire.

— Tu as l’air de bien t’y connaitre ma foi ! Alors comme ça, je suis neuneu et tu entends quoi par-là ?

Il ne répondit pas puis il fixa son père dans les yeux.

— Dis, tu vas te marier avec Charlie ? Je te préviens, je ne veux pas porter de costume ni de cravate.

Stupéfait, Joe s’assit à même le sol et invita le petit garçon à venir le rejoindre. Il passa un bras autour de ses épaules et le serra contre lui.

— Raconte-moi ce qui te tracasse et je te rassure tout de suite, il n’est pas question de mariage pour le moment. Charlie et moi n’avons jamais abordé le sujet.

— Oui mais tu sais bien qu’avec elle, d’un coup de baguette magique, elle nous retourne comme une crêpe.

— Pas contre notre volonté, jamais, tu le sais bien.

— C’est bien ce que je dis, tu vois rien, t’es amoureux.

— Tu trouves que j’ai changé ? Je ne suis plus le même avec toi ? Pas assez présent ? Tu penses que je la laisse trop s’occuper de toi ? Je n’en ai pourtant pas l’impression et Charlie ne se permet jamais de te faire de réflexions.

Stefano soupira. Joe se recula pour le regarder.

— De quoi as-tu peur ? L’histoire du costume n’est qu’un prétexte. Je n’oublierai jamais ta maman, je te l’ai déjà dit, et Charlie ne la remplacera pas. Alors de quoi as-tu peur ? Que je t’aime moins ?

Au soupir du petit garçon, il comprit qu’il avait touché un point sensible.

— Tu sais trésor, un cœur c’est grand comme ça, reprit Joe en étirant les bras, et le mien, tu as vu comme il peut être énorme. Alors, j’aime Charlie oui mais d’un amour différent de celui dont j’ai aimé ta maman, puis toi, je t’aime fort autrement, et puis j’aime aussi encore différemment Héloïse. Il y a de la place pour tout le monde dans mon cœur, mais tu sais… toi, tu auras toujours la première place.

Stefano se jeta dans les bras de son père.

— Tu promets ?

— Croix de bois croix de fer, si je mens je vais en enfer.

Stefano ajouta tout bas

— Pour le reste aussi tu promets ? Pas de costume hein, si jamais tu changeais d’avis pour le mariage.

Joe éclata de rire et embrassa tendrement son fils

— Alors, on la continue cette installation de récupérateur d’eau ?

© Isabelle-Marie d’Angèle (mai 2023)

À très vite…