Bonjour toi 😉
C’est mercredi et pendant le mois d’octobre, tu retrouveras ma sorcière chaque semaine. Ici est le dernier épisode.

Héloïse était dans le jardin quand elle aperçut un chat noir qui venait vers elle. La queue bien droite, il avançait nonchalamment, ses yeux verts plissés. Elle tendit la main pour le caresser, ilse frotta contre ses jambes en ronronnant.
— Tu es toute seule ?
Héloïse tourna la tête et découvrit, posé sur une corolle de fleur, un papillon ou ce qu’elle crut en être un.
— C’est toi qui me parles ?
Héloïse se pencha sur l’insecte.
— Mais tu n’es pas un papillon, s’exclama-t-elle.
— Chut ! Tu vas me faire repérer. Prends le chat dans tes bras.
Celui-ci se laissa faire quand Héloïse se baissa pour l’attraper, elle se retrouva aussitôt ailleurs.
— Tu m’as flanqué une de ces frousses ! tu ne pouvais pas le dire que c’était toi Elsbeth ?
Celle-ci contemplait Héloïse. Elle avait bien grandi, il émanait d’elle un charme certain. C’était normal que Straurius souhaite qu’elle devienne une véritable sorcière. Il était temps qu’elle apprenne ce pour quoi elle était née.
— Il faut que tu viennes avec moi.
Seulement, si Héloïse abordait l’âge de l’adolescence plus tôt que chez les humains, elle avait aussi pris du caractère et les histoires de magie ne lui plaisaient plus autant que ça. Charlie avait fait du bon boulot, sa fille ses sentait très bien dans son monde et n’avait aucune envie d’en changer.
Elle venait d’avoir dix ans et l’amitié avec Stefano s’était intensifiée. Le garçon avait maintenant douze ans et ma foi, elle le trouvait très beau.
Elsbeth qui avait hérité des pouvoirs de ses parents découvrit tout ça en peu de temps, car elle lisait en Héloïse comme dans un grand livre ouvert.
Elsbeth-Isobel en fut très peinée et imaginait déjà la colère de son père. Une sorcière était une sorcière et ne devait jamais le renier. Charlie était vraiment un cas à part, mais comment avait-elle fait pour que sa fille oublie tout. Pourtant, à chaque pleine lune, la jeune femme passait de l’autre côté et accomplissait ses rituels. Elsbeth-Isobel n’y avait jamais vu Héloïse.
— Je le répète que tu dois venir avec moi. Tu as devant toi, la future fée des eaux, si tu découvrais mon costume, tu…
— Ça ne m’intéresse pas Elsbeth, tu peux retourner dans ton monde. Les histoires dans les livres, j’ai passé l’âge !
Si la petite sorcière s’était imaginé l’appâter, elle en fut pour ses frais. Héloïse s’en allait sans un regard en arrière. Arthus, car c’était lui le chat noir, commença à faire sa toilette et de sa voix rocailleuse dit :
— Nous n’avons plus qu’à repartir… je ne sens pas de bonnes ondes.
— Que fais-tu ici ?
Elle se doutait bien que Charlie l’avait repérée. Elle ouvrit son esprit pour que Shearah comprenne ce que Straurius voulait. Elle en avait assez de devoir toujours plaider sa cause. Après tout si Héloïse avait fait son choix, elle n’allait pas l’obliger.
— Héloïse n’a plus de pouvoir.
— Mais…
Elsbeth-Isobel n’en revenait pas, ce n’était pas possible et d’un coup, elle comprit. Shearah soupira.
— L’adolescence arrive tôt chez les petites sorcières…
— Mon père…
Elsbeth-Isobel s’interrompit. Shearah lui posa sa main sur son épaule.
— Tu seras une très jolie fée des eaux Elsbeth-Isobel.
— Mais… vous êtes une grande sorcière… et… avec tout le respect que je vous dois, vous pourriez faire quelque chose pour Héloïse, elle…
Elsbeth-Isobel ne comprenait pas. Jamais une telle chose ne s’était produite dans son monde.
— Ton père avait raison, Héloïse aurait dû aller beaucoup plus souvent le rencontrer et suivre les rituels.
Elsbeth-Isobel eut peur. Une sorcière qui perdait ses pouvoirs était bannie à jamais et… celle qui l’avait engendrée aussi.
— C’est pour ça que personne ne doit savoir. La nouvelle lune arrive bientôt. Je viendrais et j’irais parler à… qui tu sais.

— Vous connaissez les pouvoirs de mon père et…
— Oui, mais si tu fermes ton esprit, il ne verra rien. Je suis une grande sorcière, ne l’oublie jamais.
— Mais… bredouillait Elsbeth, la personne que vous allez voir, elle est bannie elle aussi et je ne sais pas si…
— Moi, je sais. Pars maintenant et ne t’inquiète pas, Straurius sait qu’Héloïse ne viendra pas avec toi.
— Vous bravez mon père ! Personne n’a jamais osé le faire.

Elsbeth ne savait plus si elle devait l’admirer ou lui en vouloir. Elle se rappela alors les liens qu’elle avait découverts entre Shearah et Straurius. Soudain, elle eut peur. Elle comprit ce qu’allait demander Shearah. Straurius acceptera-t-il ? Reniera-t-il ses croyances pour elle ?
À suivre…
© Isabelle-Marie d’Angèle (octobre 2024)
