Bonjour toi 😉

C’était la pleine Lune et comme elle l’avait promis, Charlie alias la sorcière Shearah, repartait dans son monde. D’ordinaire tout se passait bien. Elle faisait en sorte que les enfants et Joe soient allés se coucher.
Ce soir-là, les deux garçons participaient à un concours de belote. Joe avait initié son fils à ce jeu de cartes et le gamin aimait profiter de son père. Aussi, dès qu’au village cett manifestation avait lieu, ils y allaient. Charlie n’avait pu les empêcher de partir et du coup, elle n’avait pu les endormir pour qu’elle puisse s’envoler sans éveiller leurs soupçons.
Rien ne se passait comme prévu, Héloïse avait mal au ventre et ne voulait pas aller se coucher. Elle ronchonnait quand Joe et Stefano sortaient tous les deux, elle était un peu jalouse de la complicité entre le père et le fils. Depuis quelque temps, elle avait l’impression d’être mise à l’écart des jeux avec Stefano. Elle avait bien tenté d’en parler à sa mère, mais celle-ci lui avait répliqué qu’elle se faisait des idées, qu’elle n’avait rien remarqué d’anormal. Ce qui était faux. Charlie sentait bien que quelque chose clochait.
Charlie savait que si elle ne respectait pas sa promesse, elle pourrait provoquer la colère de Straurius. Aussi, elle ferma les yeux et l’invoqua. Elle espérait qu’il l’entendrait.
— Qu’est-ce que tu fais maman ?
Charlie sursauta. Héloïse s’était glissée près d’elle et la regardait. Elle n’eut pas le temps de fermebloquer son esprit et Straurius s’imposa à elle lui intimant de le rejoindre. Rapidement, elle répondit qu’elle ne pouvait pas laisser sa fille. Elle espérait qu’il comprendrait.
— Rien, je me reposais un peu les yeux, répondit-elle à sa fille.
— Tu étais toute drôle !
Charlie ne releva pas. Un vent s’était levé.
— C’est quoi ce bruit ?
Charlie réalisa immédiatement que Straurius n’était pas content qu’elle rompe son serment. La voix de stentor du sorcier résonna dans son esprit :
— Une promesse doit être respectée, tu connais les règles. Ta fille dormira jusqu’à ce que tu reviennes.
Charlie n’eut pas le temps de réagir qu’Héloïse s’envolait pour s’installer dans son lit. La jeune femme ne put que revêtir sa tenue d’apparat et disparaitre.
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— Tu as vu ? s’exclama Stefano.
Le père et le fils avaient prétexté un concours de belotte, mais il n’en était rien. Cela faisait plusieurs jours que tous deux surveillaient Charlie et Héloïse et ils n’avaient rien remarqué d’anormal jusqu’à ce soir.
Joe entra en trombe dans la chambre d’Héloïse. Celle-ci dormait paisiblement. Il n’osa pas la réveiller, il retrouva Stefano qui l’attendait dans la cuisine.
— Je t’avais dit que c’était une sorcière !
Joe se gratta la tête, il ne croyait pas en ces choses-là. Pourtant, ce qu’il venait de voir dépassait l’entendement.
— Tu penses que ça a un rapport avec la pleine lune ?
Stefano était planté devant la fenêtre et contemplait l’astre qui s’étalait dans un ciel bien dégagé. Son père faillit éclater de rire. Un coup d’œil jeté à son fils le retint.
— Demain, nous irons tous les deux à la bibliothèque et chercherons un bouquin sur les sorcières et leurs rituels.
— Je ne te dis pas la tête que va faire la dame à l’accueil, tu n’y mets jamais les pieds et en plus quand tu t’y pointes c’est pour parler de sorcière. Elle va se moquer de nous. Je vais retrouver le livre d’Héloïse et…
— Ce n’est pas la peine !

Ils sursautèrent tous les deux. Un chat noir les regardait. D’où arrivait-il ? Est-ce lui qu’ils avaient entendu ?
— Je vais tout vous expliquer puisque vous êtes bien curieux !
Il leva sa patte et en un éclair, Joe et Stefano virent défiler le monde de Charlie, qui elle était réellement, ce qui s’était passé il y a quelques mois, la promesse faite à Straurius, la formation d’Héloïse qui était elle aussi une sorcière.
— Si je suis ici, c’est parce que la prêtresse Isaulya me l’a permis. Vous devez toutefois prêter serment sur ce livre, jamais vous ne devrez révéler ce que vous avez appris. Isaulya a pensé que tous deux en étaient capables.
— Si elle est sorcière, elle le comprendra immédiatement, murmura Joe qui sentait le mal de tête le gagner.
— Héloïse pareil ! renchérit Stefano.
— Fermez votre esprit, répliqua Arthus.
Il réalisa aussitôt que ça ne voulait rien dire pour les deux mortels à voir leurs sourcils se froncer.
— D’accord d’accord, je vous aiderai. Je vais vous envoyer un ami à moi, vous le découvrirez bien assez tôt, qui saura vous guider.
— Charlie le connait et Héloïse ? demanda le garçon.
Stefano et Joe jurèrent que le chat riait.
— Faites-moi confiance.
Il leva sa patte vers eux et disparut.
© Isabelle-Marie d’Angèle (janvier 2024).
