Bonjour toi 😉

Marie-Sophie
Nous préparons les décorations de Noël. J’avais soumis quelques idées à Archibald pour la boulangerie. Il était d’accord ce qui ne m’étonna guère, il nous faisait entièrement confiance à moi et à Mélusine. Mon amie était à fond dans la fabrication de guirlandes, de Père-Noël, de boules, et j’en passe.
Un soir, Archibald me trouva en train de chercher de nouvelles recettes de brioche pour les fêtes. J’étais tombée par hasard sur les coquilles du nord de la France.
— Tu n’as pas envie d’essayer ?
Il se gratta la tête et me sourit.
— Crois-tu vraiment que les Basques vont accepter ce genre de brioche ? Elles ne sont pas de la région et tu les connais, ils sont très attachés à leurs traditions.
— Tu ne fais pas de gâteau basque, ils ne te le reprochent pas.
— Je suis boulanger pas pâtissier.
Il se tut et le silence s’installa ce qui n’était pas dans ses habitudes. Il est vrai que depuis quelques jours, il semblait perturbé. Or, Archibald ne l’était jamais. Il traitait les problèmes un par un, l’un après l’autre sans se poser de questions. Je l’avais toujours admiré pour ça et envié. Aussi, de le sentir ainsi, m’inquiéta.
— Tu as un souci mon cœur ?
Je savais qu’il appréciait ce petit nom. Ses yeux plongèrent dans les miens.
— J’ai revu la femme de l’autre histoire.
Je ne compris pas immédiatement ce qu’il me racontait.
— La motarde ? Angèle Merlin ?
— Non, celle avec la gamine.
Il se leva, saisit sa tasse dans le placard. Il devait être sacrément perdu pour se faire une tisane, il n’en buvait jamais. Il prit un deuxième Mug et sans me consulter m’en prépara une également. Je ne savais pas quoi dire. C’est lui qui continua :
— Elle était seule.
— Et ?
— Rien ! Je suis incapable de me souvenir de ce qui est arrivé ensuite et ça m’agace. J’ai comme la mauvaise impression qu’on m’a effacé la mémoire de cet instant.
Je faillis éclater de rire, mais devant sa mine, je me tus.
— Est-ce qu’Enzo te parle encore de la gamine ?
C’est vrai qu’il n’y faisait plus allusion.
— Non, il a dû oublier.
— Enzo ? Oublier ?
Nous nous sourîmes.
— Tu es certain que tu n’as pas rêvé ?
Je le taquinai et il prit le parti de faire comme si. Il se pencha sur mes recettes de coquille.
— D’accord, je tente le coup, je vous fais goûter et je le propose ensuite dans la boulangerie. Je vais en parler à Saverio.
Il saisit ma main, la porta à ses lèvres.
— J’ai pensé à quelque chose Marie-Sophie. Tu travailles pratiquement à temps plein avec moi quand tu fais le food truck, je vais te déclarer.
Je ne voyais pas le rapport avec ce qu’il venait de me raconter, mais je ne fis aucune réflexion. Archibald savait gérer son entreprise bien mieux que moi.
— D’autant plus que tu es ma compagne… avant de devenir ma femme.
Il me regarda, il n’avait pas lâché ma main.
— Veux-tu m’épouser Marie-Sophie ?
Les larmes me montèrent aussitôt aux yeux. Il les essuya délicatement de ses doigts si doux.
— Je ne voulais pas te faire pleurer, murmura-t-il. Tu ne penses pas que c’est une bonne idée ? Je suis idiot ? J’aurais peut-être dû faire ça autrement ?
Je lui fermai la bouche d’un baiser. Je ne m’attendais pas du tout à cette demande. Pour moi, c’était tout simple, nous étions ensemble, le reste m’importait peu, mais ce n’était pas ce que désirait Archibald. Au moment où j’allais lui répondre, on frappa à la porte. En soupirant, Archibald alla ouvrir et se trouva nez à nez avec Gabriel.

Archibald
Il y avait longtemps que cette idée tournait dans ma tête et je souhaitais faire ça dans les règles. Noël approchait et je désirais que Marie-Sophie et moi officialisions notre couple pour cette fête. J’avais réussi à l’entrainer faire les boutiques et tomber par hasard sur une bijouterie. Je ne suis pas très doué pour les cachotteries, j’avais donc profité de l’aide à Mélusine. Elle nous y avait retrouvés toujours par hasard avec Enzo. Mon filleul était un chef pour déjouer toutes les situations qui pour moi semblaient compliquées. Curieux, il s’était penché sur les bagues et avait demandé à sa marraine laquelle elle aimait. Je n’aurais pas fait mieux. Mélusine m’avait fait un clin d’œil et je connaissais ainsi les goûts de ma chérie. Ce qui est bien avec elle, c’est qu’elle n’a pas posé de questions. Je devais avouer que Mélusine en avait rajouté des tonnes en montrant différents bijoux, donnant son avis, juste pour rigoler comme elle disait. Notre complicité étant ce qu’elle était, Marie-Sophie n’y avait vu que du feu.
C’était pour ça que ce soir, je lui posais la question qui me taraudait depuis des jours, en fait, depuis que nous étions ensemble. Je voulais régulariser la situation et la protéger en même temps. Je gagnais bien ma vie, elle travaillait pour moi, normal qu’elle touche un salaire, d’autant plus que j’avais de l’argent de côté, Marie-Sophie n’était pas au courant et de toute façon, ce genre de choses lui passait au-dessus de la tête.
Je ne pensai pas qu’elle allait pleurer et j’attendais sa réponse avec appréhension, car avec elle, je devais m’attendre à tout, quand on avait frappé à la porte et que je me trouvai face à Gabriel. Lui avait vraiment le don d’arriver toujours au mauvais moment. Tout sourire, il me serra la main et comme Marie-Sophie s’approchait, il l’embrassa et la serra un peu trop fort à mon goût contre lui.
Enzo qui avait reconnu la voix de son père déboula alors dans la cuisine telle une tornade et se jeta contre lui, puis Mélusine se joignit à nous.
Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, je proposai une tournée de tisane, café ou chocolat. Gabriel éclata de rire :
— Tu n’as pas quelque chose de plus fort ?
— À quoi boirions-nous ? demanda Mélusine.
— À ma mutation définitive. Je reste à l’hôpital, j’ai accepté le poste vacant. Chef de service aux urgences.
Enzo qui ne comprenait pas tout se pendit à son cou :
— Tu vas rester ici pour toujours ? Je vais te voir souvent ? Tous les jours ?
Gabriel serra son fils dans ses bras ;
— Oui et je vais donc devoir me trouver une maison. Pas question que je reste locataire. Si vous avez des contacts, pensez à moi.
— Félicitations !
Marie-Sophie était ravie. Elle l’embrassa sur les deux joues. Mélusine fit de même. Gabriel me regarda et dit en riant :
— Pas d’alcool, je rigolai bien sûr. Un café si tu as.
Marie-Sophie s’empressa et tout en le préparant, elle me murmura à l’oreille :
— À ta question de tout à l’heure… c’est oui !
© Isabelle-Marie d’Angèle.


