Bonjour toi 😉
Prête pour le chapitre 13 ?

Chapitre 13
— Monsieur Destrée est en réunion. Je peux prendre un message ?
— Dites-lui que c’est la police !
Mon capitaine n’était pas de bon poil et je dus le retenir par le bras alors qu’il allait entrer de force dans le bureau de François.
La jeune femme à l’accueil n’en menait pas large, mais elle n’y était pour rien. Je la rassurai d’un sourire et lui demandai de prévenir son directeur que nous devions l’interroger rapidement.
Elle n’eut pas à le faire, la porte s’ouvrit face à deux hommes, l’un d’eux était Diego Destrio. Il me fit un signe de tête et passa devant nous sans rien dire, suivi de son acolyte.
Nous entrâmes dans le bureau. Paco ne nous laissa pas parler.
— Bonjour Commandant, Capitaine, si vous venez pour la mort de Philippe Peton, comme vous avez pu le constater, mon père sort d’ici. Nous n’y sommes pour rien ni l’un ni l’autre.
Il se planta devant sa fenêtre et se tut. Il nous tournait le dos, je ne pouvais donc pas voir son visage. Mon collègue qui n’était pas d’une nature patiente lui demanda de nous regarder, il voulait lui poser quelques questions. François s’assit et nous invita à prendre place face à lui.
Théo l’interrogea :
— Les nouvelles se propagent à vitesse grand V ici ! Connaissiez-vous cet homme ?
Paco soupira et plantant ses yeux dans les miens, répondit :
— Je vais nous faire gagner du temps. Oui, c’est même lui qui m’avait cambriolé et tabassé, je l’avais reconnu à son tatouage. J’avais promis à ses parents d’accueil de ne rien dire. Laissez tranquilles ces braves gens, ils n’ont rien à voir dans toute cette histoire. Je vous le répète, je n’y suis pour rien.
— Pouvez-vous me donner votre emploi du temps depuis hier soir, monsieur Destrée ?
— Seul, mon chien pourra vous confirmer que j’étais chez moi jusqu’à 20 heures. Ensuite, mon collaborateur Jordan Calamine m’a téléphoné, mais j’imagine que vous allez dire qu’avec mon portable, je peux répondre de n’importe où, n’est-ce pas ? Vous n’aurez pas cette joie, parce que Jordan préfère toujours m’appeler sur mon fixe. Je suis allé le rejoindre à la salle de sports. Je suis allé m’entrainer jusqu’à 23 heures, Jordan était avec moi. Nous sommes repartis ensemble, mais il est rentré chez lui et moi chez moi. Si vous voulez vérifier mon alarme, elle pourra vous indiquer l’heure exacte à laquelle je l’ai désactivée. J’ai pris une douche et me suis couché. Je suis arrivé ici vers 8 heures 30, ma secrétaire pourra vous le confirmer, elle était déjà là. Je vous signale aussi que la banque est ouverte le samedi matin, une fois tous les quinze jours, vous avez eu de la chance de me trouver.
— Vous récitez votre emploi du temps comme si vous saviez que vous alliez être interrogé, nota mon capitaine.
Je souris intérieurement et les souvenirs affluèrent :
— Tu m’étonneras toujours toi avec ta mémoire, comment tu peux te rappeler les voitures qui sont passées devant chez toi ?
— Pas difficile, il n’en passe pas non plus des masses, mais depuis tout petit, j’aime bien me répéter comme dans un film, tout ce que j’ai fait ou vu dans la journée.
— Tu te souviens de ce que tu as fait, il y a une semaine ? J’y crois pas.
Paco m’avait tout raconté comme aujourd’hui, avec une voix de robot, sans bafouiller et sans se tromper. Je me souviens pourtant lui avait fait remarquer qu’il pouvait me dire n’importe quoi, je ne pourrai pas vérifier. Alors, pour me prouver qu’il n’avait pas menti, il sortit un cahier, je vois encore sa couverture, c’était un paysage africain avec un éléphant qui levait sa trompe. Une bulle au-dessus de lui disait : je te mets au défi d’avoir une meilleure mémoire que moi. Tout y était noté. Je serais curieuse aujourd’hui de savoir si François avait toujours cette manie.
Je rencontrai son regard. Il ouvrit un tiroir et prit un ordinateur portable.
— Vous aurez mon emploi du temps depuis des mois là-dessus.
Le cahier avec le pachyderme avec disparu pour faire place à la nouvelle technologie. François n’avait donc pas changé. Il avait gardé cette manie de tout noter.
Sans mot dire, Théo le saisit.
— Vous le récupérez rapidement, monsieur Destrée. Merci pour votre collaboration.
Nous nous levâmes de concert et François reprit sa place devant sa fenêtre. Au moment où j’enfourchai ma moto, je remarquai que Diego Destrio était garé non loin de là et qu’il me regardait. Il me fit un signe et son chauffeur démarra, il passa près de moi au ralenti puis accéléra.
Arrivée au commissariat, j’avais déjà le premier rapport de Luc Grégoras. Je reconnaissais que c’était un bon légiste, rapide et efficace. Il confirmait l’heure de la mort de Philippe Peton, tôt dans la matinée, ainsi qu’une bagarre. L’homme s’était défendu, à en croire les coups sur les mains. Il était possible qu’il ait trébuché et qu’il soit mal tombé.
Théo avait cherché dans les comptes-rendus du cambriolage de François s’il y avait d’autres empreintes connues et moi, je me plongeai dans les photos. Je me souvenais parfaitement du visage du copain de Peton. Il n’était malheureusement dans nos fichiers, je décidai de repartir chez la famille qui accueillait la victime. Simone avait peut-être son nom.
Cette fois-ci, je n’y allais pas en moto. Je ne voulais pas que les voisins soient au courant de ma visite. J’empruntai donc une voiture banalisée.
Simone m’ouvrit la porte et j’entrai. Elle avait les yeux rouges, signe qu’elle avait dû pleurer.
Elle m’invita à m’asseoir autour de la table du salon et prit place en face de moi. Son compagnon nous rejoignit aussitôt. Je ne tergiversai pas longtemps pour poser la question qui me brulait les lèvres et je ne souhaitais pas qu’il se tracassent inutilement.
— Vous m’avez parlé ce matin d’un copain qui accompagnait Philippe, connaissez-vous son nom ?
— Il l’appelait Joseph, répondit son mari.
— T’es sûr Henri ? C’était peut-être l’autre et pas celui qui était venu ici.
Elle ajouta en se tournant vers moi.
— Philippe avait deux amis avec qui il avait sympathisé en foyer. Philippe était le seul à avoir été placé en famille d’accueil, pas eux, ça se passait toujours mal. Vous pourriez peut-être connaitre leur nom avec le directeur qui s’occupait d’eux. Je vous donne l’adresse.
Je comprenais bien que le couple voulait vraiment m’aider et ne pas avoir maille avec la police. Je pris donc le papier où elle avait noté les coordonnées.
Son mari, Henri, n’en démordait pas, c’était Joseph qui était venu chez eux.
— Vous connaissez son nom de famille ?
— Non, mais le réparateur de motos oui. C’était un fou de ces engins, mais il n’avait pas les moyens de s’en offrir, s’il avait pu en voler une, il ne se serait pas gêné. Il était tout le temps fourré chez le mécanicien, dans l’espoir qu’il lui trouve une bécane pour presque rien.
C’était certainement lui que j’avais vu tourner auprès de la mienne au commissariat. Je les remerciai pour leur aide et quittai leur maison.
Je me garai devant le hangar où différentes motos s’alignaient. Au moment, où j’ouvrai la portière, un homme sortait en courant et le patron de l’entreprise l’invectivait furieusement :
— Ne remets plus jamais les pieds ici Gardon, sinon je te signale à la police.
Il m’aperçut et me prit à partie.
— Désolé, mais il ne cesse de tourner autour de mon matériel. Vous désiriez quelque chose ?
— Vous avez de la chance, je suis Angèle Merlin, commandante de police. Un problème ?
— Je ne veux pas lui faire de tort, mais ce Joseph Gardon vient tous les jours me demander si je n’ai pas une moto à lui donner, comme si je pouvais me permettre de donner ! Et puis, j’ai entendu ce matin que Philippe Peton était mort. Ils étaient tout le temps ensemble. Je ne veux pas être mêlé à leurs histoires. Imaginez qu’il prenne une bécane pour s’échapper d’ici ?
À suivre …
© Isabelle -Marie d’Angèle
